Le déclenchement de l’accouchement et du parachute

Parmi les nombreuses interventions médicales auxquelles les femmes, pourtant en pleine santé, sont soumises pendant leur accouchement, une des plus courantes est le déclenchement. Cette pratique, généralement inutile et dangereuse, consiste à brutaliser le corps des femmes au nom d’un fétichisme de la date ou pour préserver l’agenda de l’obstétricien.

Toutes les femmes enceintes connaissent le rituel de la première consultation gynécologique confirmant la grossesse : le praticien brandit un carton rond et demande la date des dernières règles. Si la femme est consciencieuse et organisée, elle la connait avec précision. Mais elle peut tout autant donner une date erronée, confondue avec une autre. Voire tout simplement ne pas la connaître, et en citer une approximative. Cette date sert à déterminer le jour de l’ovulation qui est lui-même dépendant de la durée du cycle menstruel, ce dernier pouvant être régulier, mais aussi capricieux ou fantaisiste, voire également inconnu. D’ailleurs bon nombre de praticiens ne prennent même pas en compte la durée du cycle pour effectuer le calcul. Qu’à cela ne tienne, sur base de ces nombreuses incertitudes, et en un tour de main, le gynécologue détermine le jour présumé de la naissance. Ce jour varie en plus selon le pays puisqu’une grossesse compte 40 semaines d’aménorrhée en Belgique, pour 41 semaines en France.

Comme l’obstétrique ne repose ni sur la science, ni sur la logique, cette discipline ne voit aucun inconvénient à ce qu’un jour déterminé à partir d’un événement incertain assorti d’une durée arbitraire, devienne ensuite une date gravée dans le marbre. Peu importe que ce jour présumé d’accouchement soit entaché d’une erreur d’une semaine, cette date sera figée dans l’agenda et dans tous les documents qui accompagnent la grossesse. Cette date, fixée de façon si cavalière, sera ensuite brandie pour déclencher l’accouchement si la femme a l’insolence de ne pas avoir mis son enfant au monde plus tôt. Cette date demeurera non discutable, non modulable, non négociable. Sauf bien sûr si elle tombe un weekend ou un jour férié.

L’accouchement reste encore un vaste sujet d’émerveillement pour la science. Le déclic qui entraîne le début du travail fait partie des phénomènes encore inexpliqués. Est-ce la femme qui décide du moment de la naissance ? On l’ignore. Est-ce le fœtus qui se sent pousser les ailes ? Peut-être. Est-ce les deux ensemble, en symbiose comme ils l’ont été pendant neuf mois, qui donnent le signal de la séparation ? Cette étincelle qui lance la puissance démiurgique aboutissant à la naissance demeure une énigme. Mais comme l’obstétricien est moins sensible aux mystères de la vie qu’à la tenue de son agenda, il a peu d’état d’âme à décoller des membranes à 7h du matin, puis assurer la dilatation du col de l’utérus par l’injections d’ocytocine artificielle durant toute la matinée, afin que l’expulsion, au besoin accéléré par épisiotomie et forceps, ait lieu entre 12h et 14h, ce qui préserve ses consultations de l’après-midi.

Lorsqu’ils ne sont pas obsédés par leur agenda, les médecins font pression pour déclencher l’accouchement sur base de superstitions. Passer sous une échelle porte malheur. Franchir cette fameuse date présumée d’accouchement en ayant toujours un ventre rond attire les mauvais sorts qui mettent la femme et son fœtus en danger. A cette croyance, s’ajoute la conception misogyne de l’obstétrique qui considère que le corps des femmes est non seulement inadapté à l’accouchement, mais qu’il constitue en plus un milieu hostile pour l’enfant qu’il faut extraire du ventre dès que possible.

Mais revenons à la rigueur scientifique. Une étude constate que pour les femmes de type européen, la durée moyenne d’une grossesse est de 41 semaines et un jour pour un premier enfant, et de seulement 40 semaines et deux jours pour les suivants. Cette étude confirme l’expérience de bon nombre de femmes qui ont attendu leur ainé quelques jours de plus. La durée normale d’une première grossesse dépasse donc la date théorique d’accouchement, indépendamment du fait qu’elle soit en plus calculée à l’emporte-pièce, ce qui rend malheureusement le déclenchement d’autant plus probable chez les primipares.

Provoquer artificiellement la naissance n’est pas un acte anodin et peut avoir un impact psychologique important. L’accouchement, c’est comme un saut en parachute. La grossesse correspond à l’avion qui décolle. Pendant la prise d’altitude, la candidate au saut ressent de l’excitation, de la joie, mais aussi des phases de doute, des moments de craintes. Au fur et à mesure que l’appareil prend de la hauteur, la femme éprouve des sentiments ambivalents, à la fois un grand bonheur de vivre une expérience parfois longtemps attendue, mais aussi de l’angoisse face à l’inconnu et à l’intensité de ce qu’elle va expérimenter. A un moment donné, la porte de l’avion s’ouvre. La parachutiste en herbe est alors invitée à s’approcher du vide. Bien que les gestes aient été préparés et répétés, elle éprouve des émotions intenses face aux milliers de mètres qui séparent le bout de ses chaussures de la terre ferme. Pour son premier saut, il est très probable qu’elle ait un moment d’hésitation. Elle sait qu’elle va vivre des sensations extrêmes. Elle sait qu’à partir du moment où elle va sauter, il ne sera plus possible de revenir en arrière et retrouver le confort de son siège pour la ramener au point de départ. A l’échelle d’une grossesse, ces quelques secondes d’hésitation sur le bord de la carlingue correspondent aux quelques dizaines d’heures qui précèdent le début de l’accouchement. Puis, au moment exact où elle l’aura décidé, elle va s’élancer dans le vide. Sur base de sa propre volonté. Dans une forme d’adéquation complète entre le corps et l’esprit. Dans une unité parfaite entre l’âme et la matière. Ce qui va lui permettre de traverser l’épreuve du saut de bout en bout, jusqu’à arriver saine et sauve au sol, en pleine extase, dopée aux hormones, dans un bonheur presque délirant qui l’incite à vouloir recommencer.

L’expérience du saut serait radicalement différente si, au moment où la porte s’ouvre, on ne permet pas à la parachutiste de vivre ce moment d’hésitation. Le saut devient une torture si la femme est empoignée au fond de l’appareil, puis jetée dans le vide parce que le pilote ne veut pas manquer le début de sa partie de golf. Il tourne à l’horreur si elle est poussée hors de la carlingue contre sa volonté, parce que les professionnels qui l’entourent ont décidé que son moment était venu. Pendant toute la chute, elle ne pourra que se débattre pour trouver, dans la panique et la douleur, le moyen de rester en vie jusqu’à l’arrivée. Et même si un professionnel parvenait à l’anesthésier pendant la chute pour la soulager, et même en touchant le sol en échappant aux blessures, il est probable qu’elle ressorte de cette expérience avec souffrances et traumatismes.

L’obstétrique, qui repose sur une conception sexiste en réduisant les femmes à leur ventre et à leur sexe, est incapable prendre en compte l’état d’esprit de la parturiente. L’équipe médicale n’imagine pas un instant pas qu’elle peut transformer une expérience unique, initiatique, voire extatique de la vie d’une femme, en un traumatisme profond.

Même s’il est inconcevable pour un obstétricien qu’une personne dotée d’un utérus possède aussi un cerveau, on pourrait néanmoins attendre de lui qu’il exerce sa profession en prenant en compte les résultats de la recherche, et que, face à une femme et un fœtus en pleine santé, il ne pose d’actes médicaux qu’avec une extrême prudence. Or le déclenchement artificiel reste courant malgré l’avalanche d’études démontrant ses effets délétères. En vrac, le déclenchement multiplie par deux le risque de césarienne pour un premier accouchement et par cinq le risque de césarienne lorsque le col de l’utérus n’est pas mûr; il augmente le nombre d’extraction instrumentale, aggrave le risque de prolapsus du cordon, de mauvais positionnement du fœtus et d’hyperstimulation utérine entraînant des souffrances fœtales et maternelles. De plus, cette technique décuple la douleur pour la femme, ce qui l’oblige à opter pour la péridurale en priant pour qu’elle fonctionne. En ce qui concerne le bébé, certaines études vont jusqu’à démontrer un corolaire entre le déclenchement et le risque d’autisme.

Au vu de ces conséquences connues depuis de nombreuses années, le respect du serment d’Hippocrate voudrait que la santé des femmes prime sur l’emploi du temps des praticiens et sur les superstitions autour de la date présumée d’accouchement, et que les déclenchements ne soient donc pratiqués qu’en cas de risques médicaux réels de la future mère ou de son fœtus. Certains obstétriciens, tels que Michel Odent, vont même jusqu’à totalement bannir cette technique en considérant qu’il est dans tous les cas préférable d’attendre la mise en route naturelle de l’accouchement, tout en organisant un monitoring quotidien de la femme enceinte. Si des signes de souffrances fœtales ou de risques médicaux devaient apparaitre, une césarienne serait alors plus judicieuse.

Malheureusement, une femme sur cinq voit son accouchement artificiellement déclenché, malgré la cascade d’actes médicaux que ce geste entraîne, malgré la souffrance physique et psychique qu’il peut induire, malgré ses effets dommageables sur la santé de la mère et de son enfant. Malgré le fait que certaines études vont jusqu’à démontrer ses risques accrus dans les hémorragies de la délivrance, une des principales causes de décès maternel en occident. En effet, lorsqu’on jette une personne d’un avion contre sa volonté, la probabilité est plus grande que le parachute ne s’ouvre pas.

Sources:
Cour des Comptes, « Le rôle des sages-femmes dans le système de soin », rapport sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale , chapitre VI, septembre 2011, p. 185.
Gregory S., Anthopolos R., Osgood C., Grotegut C., Miranda M., « Association of Autism With Induced or Augmented Childbirth in North Carolina Birth Record (1990-1998) and Education Research (1997-2007) Databases », JAMA Pediatrics, vol. 167, no. 10, October 2013.
Haute Autorité de Santé, « Hémorragie du post-partum immédiat », recommandations pour la pratique clinique, novembre 2004, p. 4S29.
Valérie Josse, « Sage-femme: Quel beau métier! L’envers du décor », Editions Bénévent, 2011, pp. 119-122.
McCarthy F., Kenny L., « Induction of labour », Obstetrics, Gynaecology & Reproductive Medecine, volume 21, issue 1, January 2011, pp. 1–6.
Mittendorf R. et al. « The length of uncomplicated human gestation », OB/GYN. Vol. 75, No., 6 June, 1990, pp. 907-932.
Michel Odent, « La naissance à l’âge des plastiques », Editions du Hêtre, 2011, pp. 43-47.
Peggy Peck, « Preinduction Cervical Ripening Significantly Increases Risk of Cesarean », Medscape, 30 April 2003.
Premières rencontres nationales de la programmation de l’accouchement, « Techniques et protocoles de programmation de l’accouchement », 1999.
Yeast J., Jones A., Poskin M, « Induction of labor and the relationship to cesarean delivery: A review of 7001 consecutive inductions », American Journal of Obstetrics & Gynecology, volume 180, Issue 3, March 1999, pp. 628-633.

 

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36 Responses to Le déclenchement de l’accouchement et du parachute

  1. La sorcière says:

    Je suis à chaque fois sidérée quand je lis tes textes, de me dire que c’est vrai et que pourtant, ça ne m’est jamais venu à l’esprit. Par exemple, là je viens de comprendre pourquoi l’obstétrique est par bien des aspects, extrêmement sexiste. L’idée de l’incapacité naturelle à enfanter, et celle du danger que représenterait le corps féminin pour l’enfant porté, que tu évoques plusieurs fois.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Oui, pour moi c’est flagrant que l’obstétrique repose totalement sur l’image de la femme passive, couchée, face à un obstétricien actif, debout, et qu’elle ne peut mettre son enfant au monde que grâce à lui.
      Combien de gens sont convaincus qu’accoucher est un acte technique, compliqué, qui demande l’assistance d’experts, où la femme ne peut s’en sortir qu’en suivant les ordres de pousser, et même de respirer ? C’est une image mentale fortement imprégnée dans l’ensemble de la population occidentale.

  2. mariejo says:

    Je trouve ta façon d’écrire juste, incisive et cependant assez légère pour être entendue, alors que je suis toujours épouvantée par ce genre de sujet! Il faut dire qu’après une formation d’infirmière, j’ai passé quelques mois dans une consultation périnatale et vu tout ce beau monde à l’œuvre! Pourtant on était en 1972 ! J’ai vu cette misogynie dont tu parles et était horrifiée par les propos tenus par certains obstétriciens à des jeunes femmes étrangères présentés à eux sur une table d’examen! Par ailleurs, Je continue à être pantoise devant la force de la soi-disant “connaissance” médicale! Mais quand nous prendrons-nous par la main pour écouter nos ressentis et chercher les soins et l’accouchement que nous souhaitons pour nous et nos enfants?
    Merci de témoigner ainsi que tu le fais pour poursuivre sans relâche cette information
    sur ce qui est vrai, simple, bon et beau! Heureusement j’ai choisi pour mes accouchements et en suis toujours reconnaissante pour ces délicieux moments si forts et si intimes! merci encore à Michel Odent pour son engagement et aux sages-femmes pour leur accompagnement si précieux. Et merci à toi pour ce beau texte serveur de vérité!

  3. michel v says:

    Je vous trouve bien cavalière, à décréter au sujet de l’autisme que corrélation = causalité.

    Cette étude ne tient pas compte de nombreux facteurs comme la santé et l’environnement de la mère avant/pendant la grossesse, ou l’âge des parents.
    Autant faire une étude sur la couleur de la peinture de la chambre de bébé par rapport à diverses pathologies, ça donnera la même chose.

    Mais en attendant, c’est le deuxième article que je lis chez vous où vous menacez des risques terribles sur la santé des mères comme argument contre une pratique obstétrique, le premier étant celui sur la péridurale et la menace de finir paralysée. Continuez comme ça, c’est super.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Ca fait deux fois que vous intervenez dans ce blog, et ça fait deux fois que vous montrez que vous ne savez manifestement pas lire.

      Concernant le billet sur la péridurale, mon propos était de dire que certaines femmes la refusaient parce qu’elles avaient la phobie d’être paralysées des jambes. Je répète les mots importants et à lire: “certaines” – “phobie”. Vous lisez “le premier étant celui sur la péridurale et la menace de finir paralysée.” Où ai-je menacé qui que ce soit de quoi que ce soit ? Nulle part. Suite à vos messages, plusieurs femmes ont confirmé qu’elles avaient été paralysées sous l’effet de la péridurale.

      Dans ce billet, je suis strictement factuelle: “certaines études vont jusqu’à démontrer un corolaire entre le déclenchement et le risque d’autisme.”. Je répète les mots importants: “certaines” “études” “vont jusqu’à démontrer” “une corolaire” “risque”. Vous lisez pourtant “c’est le deuxième article que je lis chez vous où vous menacez des risques terribles sur la santé des mères comme argument contre une pratique obstétrique,”

      Toutes les études sont critiquables. Absolument toutes. C’est grâce à cette critique permanente qu’on fait évoluer la science. Mais vos propos ne sont pas ceux-là. Vos propos consistent à m’attaquer parce que j’ose critiquer l’obstétrique, ce qui est inadmissible à vos yeux. Mais libre à vous de considérer les médecins comme des dieux intouchables. En attendant, je continue effectivement à dénoncer les violences extrêmes que subissent bon nombre de femmes dans les hôpitaux au moment de leur accouchement.

      • michel v says:

        “Vos propos consistent à m’attaquer parce que j’ose critiquer l’obstétrique, ce qui est inadmissible à vos yeux. Mais libre à vous de considérer les médecins comme des dieux intouchables.”

        OK, si c’est ce qui ressort de mes propos, j’admets un certain emportement.

        Je ne considère pas les médecins comme “des dieux intouchables”, s’ils l’étaient ils auraient évité à une connaissance de perdre son enfant parce que la date de conception avait été mal estimée et l’accouchement par conséquent n’avait pas été déclenché. (Des examens auraient peut-être évité ce drame, mais l’heure est aux économies de budget médical et comme d’habitude ce sont les femmes et les pauvres qui prennent.)

        Par contre je trouve un peu irresponsable de balancer de mauvaises études sur l’autisme pour appuyer votre propos. Les mots ont un sens, et vous savez que mentionner un risque (même infime) d’autisme va influer sur la vision qu’on aura du déclenchement (en plus de créer de la culpabilité chez les mères d’enfants autistes si elles ont dû faire déclencher leur accouchement).
        À ce sujet d’ailleurs : http://www.forbes.com/sites/emilywillingham/2013/08/14/autism-risk-and-labor-induction-follow-the-money-instead/

        • Marie-Hélène Lahaye says:

          Je trouve au contraire irresponsable que l’obstétrique continue à appliquer des gestes médicaux inutiles et dangereux sur des femmes et des fœtus en bonne santé, sans tenir compte des études qui prouvent la nocivité de ces actes. Je trouve irresponsable que des déclenchements de complaisance aient toujours lieu pour respecter l’agenda des praticiens, malgré les risques médicaux qu’ils font courir. Je trouve irresponsable que le monde médical ne fasse pas preuve de la prudence la plus élémentaire lorsqu’une femme arrive à la maternité.

          Le but de mon billet est précisément d’influencer la vision qu’on aura du déclenchement, justement en raison des risques qu’il implique et qu’il faut cesser de taire. Ce n’est pas la première erreur médicale qui a conduit à des traumatismes physiques et psychiques chez des femmes, et à des handicaps parfois lourds chez des enfants. Il est temps que l’obstétrique sorte de ses croyances et de ses dogmes, et que les praticiens développent une humilité et une prudence par rapport au processus physiologique de l’accouchement, surtout lorsque celui-ci se déroule normalement ce qui est le cas pour la majorité des naissances.

          Quant aux études, je préfère choisir celles référencées sur les sites médicaux, plutôt que celles sur les sites financiers. Parce que derrière tous ces actes qui portent atteinte au corps des femmes, il y a des enjeux financiers importants. Mutiler une femme rapporte une somme d’argent qui permet de financer l’hôpital (souvent aux frais du contribuable). Injecter des produits dans ses veines rapporte aussi de l’argent. Transformer un accouchement qui démarrait bien en une cascade d’actes médicaux qui termine en cauchemars et en traumatismes pour la parturiente, constitue un jackpot pour l’institution hospitalière. Par contre, assurer une présence bienveillante à une femme qui accouche ne rapporte rien. Alors, quand Forbes publie un article qui critique une étude visant à plus de modération dans l’utilisation des produits de synthèse d’entreprises pharmaceutiques, je ne me précipite pas pour remettre en question les résultats pointant les risques pour la santé de ces pratiques.

  4. Poulpy says:

    A ce propos, je me demande encore si le déclenchement de mon accouchement était pertinent ou non : fissure légère de la poche, liquide encore assez abondant, dilatée à 3 et quelques contractions qui commençaient à chatouiller. Mais comme la fissure datait de 12 heures, la sage-femme ne m’a pas proposé d’autre alternative que la perf d’ocytocine. Etait-ce vraiment si urgent? Sachant que cela m’a empêchée de me mobiliser autant que j’aurais voulu (va marcher avec une perf d’un coté et un monito de l’autre….), qu’il a fallu percer artificiellement la poche des eaux plus tard,et que la douleur a été trop rapide pour la supporter sans péri, que le tout a trainé en longueur 13 heures et s’est fini en forceps/épisio…
    Bref j’étais si paniquée à l’idée que le travail avait commencé et que c’était pour là, maintenant, que je n’ai pas questionné cette décision de déclenchement alors que j’étais prête à batailler pour ne pas être déclenchée/décollement de membranes sous prétexte d’agenda et de petite roulette.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      N’étant pas médecin ni sage-femme, je me garderais bien de poser un diagnostique sur ton cas, surtout par forum interposé. Mais ce qui me frappe toujours dans les témoignages tels que le tien, c’est deux choses:

      – le manque d’explication fourni à la parturiente (puisque l’obstétrique ne s’intéresse qu’à l’utérus et pas à la personne, et puis, une femme c’est un peu bête par définition, n’est-ce pas…). Du coup, les femmes sortent de leur accouchement pleine de doutes, en ayant l’impression de s’être faites avoir, et parfois avec une culpabilité très grande “si j’avais pu me battre, si j’avais su…”.

      – l’arbitraire. Dans ce que tu dis, la décision du déclenchement (ou du moins l’accélération des contractions par injection d’ocytocine de synthèse) n’a pas été prise sur base d’un diagnostique précis, qui démontrerait des signes de souffrance fœtale, de danger pour la mère ou pour l’enfant. La décision a été pris sur base d’une donnée arbitraire: une fissure qui date de 12h. Pourquoi 12h ? Et pourquoi par 11h ? Ou 13h? ou 15h34 ? Mystère. On est en plein dans la superstition.

      • Poulpy says:

        Aucune souffrance foetale, non, elle continuait à danser la gigue comme d’habitude. Et je n’ai pas eu d’explication, juste un “c’est une petite fissure, c’est bon” “je peux rentrer chez moi alors?”, “non, c’est bon on vous garde”
        Et effectivement, j’en suis sortie avec un grand regret, si j’avais pu réaliser qu’on me mettait en position gynéco classique (d’où expulsion qui traine, d’où ralentissement du coeur, d’où forceps, d’où épisio, d’où léger état de choc qui a fait que quand on a posé le bébé sur moi, j’en avais un peu rien à faire, j’attendais juste la prochaine douleur déchirante, je n’ai pas compris de suite que c’était fini), si la sage-femme s’était souvenue que je voulais essayer n’importe quelle position avant d’en arriver à ça (ce qui à la base avait semblé possible quand j’en ai parlé en début de travail)…
        Enfin, tout ceci me prouve qu’on a beau être informée et prête dans sa tête, le jour J on reste sidérée (effet blouse blanche, peur de l’inconnu, fatigue après X heures sans sommeil et d’efforts douloureux…) et qu’on est à la merci du personnel, tout bienveillant soit-il.

  5. Ana64 says:

    C’est un soulagement de lire ce post !
    C’est tellement ce que j’ai ressenti ! A tel point que lorsque je le racontais jusqu’ici, j’employais aussi la métaphore du saut en parachute !
    Oui cet accouchement (qui a été tellement parfait aux yeux du personnel médical) reste un traumatisme pour moi. Ah je n’ai pas eu une seule petite douleur et mon bébé est arrivé sans que je fasse le moindre petit effort. Mais ce qui s’est passé dans ma tête et dans mon corps.. ça…! “L’essentiel est que tout se soit bien passé et que ton bébé aille bien!” Tout se soit bien passé? Pour qui? Sur quels critères s’appuie-t-on pour dire que ça s’est bien passé ? Deuxième salve de violence: outre le fait de n’avoir pas été écoutée pendant la grossesse et de n’avoir pas osé exprimer mes questionnements le jour J, les ressentis négatifs d’un tel accouchement ne sont pas entendus/entendables/compris/compréhensibles par la suite..
    Lire ce post est donc un soulagement car je constate que mes ressentis sont peut-être tout de même bien fondés et partagés (j’ai eu une expérience très similaire à celle de Poulpy!).

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Merci pour ton témoignage Ana64. Ce que tu mets en évidence, c’est le processus de déshumanisation de l’accouchement. Pour le monde médical (et pour la société en général), un accouchement s’est bien passé lorsque la femme et le bébé en sortent vivant, sans trop de séquelles apparentes. Les traumatismes psychiques (depuis le stress post-traumatique, en passant par le baby-blues, jusqu’au goût amer laissé aux mères qui ressentent au plus profond d’elles-mêmes que quelque chose n’a pas été faite correctement) ne sont pas pris en considération.

  6. emilie says:

    J’ai subi deux déclenchements pour cause de terme dépassé et je me reconnais totalement dans votre discours. J’aurais aimé accoucher sans péridurale , sans toute cette médicalisation qui me terrifie. Raté. Alors quelles solutions pour celles qui gambergent trop ? Accoucher seules a la maison ? A vrai dire , si j’étais un peu plus sure de moi , je le ferai bien pour le troisième. Je regrette profondément de n’avoir pas le choix d’être accompagnée a domicile par une sage femme.

  7. Emmanuelle says:

    Enceinte de 8 mois, l’accouchement se rapproche sérieusement, et bien que je n’ai aucune peur ni appréhension de l’accouchement en lui même, je suis terrorisée à l’idée d’être déclenchée, d’être obligée de prendre la péri pour un risque d’épisio, et qu’on finisse au final en césarienne …
    C’est dire combien cet article me touche !

    J’espère être assez…. “bien” le jour J pour m’opposer à certaines pratiques médicales qui me révulsent (genre les pressions sur l’abdomen pour accélérer la sortie, non mais je vous jure ….)

    En faite, j’en viens, et c’est dingue !! à espérer accoucher en avance pour ne pas risquer le déclenchement …

    Au final, je rajoute juste ceci :

    La gestation d’un lama est d’un an. Celle d’une jument 11 mois. Les deux bêtes peuvent influencer la date de naissance jusqu’à UN MOIS avant, ou après, la date “prévue”, simplement si elles se sentent menacées, ou s’il fait trop chaud, trop froid, si les jours sont encore trop court (fin d’hiver). Pour preuve, dans certains élevages de chevaux, des lumières artificielles sont mises en place, en augmentent progressivement la durée journalière, dans le but de “faire croire” à la jument que les jours rallongent, ca y ai c’est le printemps ! et permettre de faire naître les poulains plus tôt, pour qu’ils rentrent mieux dans les catégories d’âge pour les courses …
    Alors une femme qui à deux ou trois jours de “retard” ? Par rapport à une date approximative ?? Pfffff….. n’importe quoi !!!!!!!!!!

  8. emilie says:

    Je peux comprendre que mon message ne collait pas avec vos convictions , mais de là a l’effacer , quand même , çà me déçoit. Je suis un peu en colère d’avoir passer du temps a composer un message pour rien. Alors qu’avec deux enfants en bas age , j’en manque déjà. Mais çà me tenais a coeur de le faire. Et puis je ne comprends pas la censure. Mon propos etait juste qu’il vaut mieux accepter l’echec pour survivre a un accouchement qui ne correspond pas a nos attentes. Il y a bien assez de lutte au quotidien quand on vient d’avoir un bébé pour s’en vouloir a soi meme .

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Je ne comprends pas, je n’ai effacé aucun message. Je viens d’aller voir dans la corbeille du blog où certains messages arrivent automatiquement (notamment quand ils contiennent beaucoup de liens) mais je ne vois aucun message de votre part. Mystère.
      Peux-être y a-t-il eu une mauvaise manipulation ?

  9. YnisWitrin says:

    Bonjour,

    Merci pour cet article, très bien écrit et citant des sources sérieuses.
    Je me trouve pile dans ce cas de menace de déclenchement car mon terme est dépassé depuis… Hier !
    Après examen (monitoring + écho pour vérifier le liquide amniotique + vérification du col), il s’avére que bébé va très bien mais que mon col est à peine ouvert d’un doigt.
    Du coup, je dois revenir demain puis samedi pour les mêmes examens et si samedi rien n’a bougé, déclenchement.
    Grâce à vous, je sais maintenant que je pourrais refuser le déclenchement si mon fils ne montre aucun signe de détresse et les risques d’un déclenchement sur col non favorable.
    Auriez-vous par hasard des sources encore plus récentes à me conseiller que je pourrais consulter d’ici les prochains examens ?
    Je vous remercie par avance et merci encore de ce blog que toute femme (et homme) se devrait de consulter.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Bonjour,

      Je viens de jeter un oeil dans la littérature scientifique et je ne trouve rien de significatif plus récent.

      L’essentiel est de faire ces monitoring et de ne déclencher que s’il y a réellement des indices de risque ou de post-maturité. Si tout va bien, il peut juste s’agir d’une erreur de date.

      Mais bon, d’ici samedi, il reste encore quelques jours. Tout peut arriver…

      Belle rencontre avec votre petit !

    • Zab says:

      Dites SPÉCIFIQUEMENT que vous refusez tout geste de déclenchement, y compris le décollement des membranes, souvent pratiqué “par surprise” pendant un toucher vaginal.
      Si vous pouvez refuser le TV, c’est plus sûr pour éviter qu’on ne passe outre vos souhaits.

  10. YnisWitrin says:

    Bonjour,

    Tout d’abord, merci pour la réponse rapide à mon message.
    J’ai pu discuter avec la gynécologue qui pratiquait les examens ce jour-là et effectivement, si demain les examens sont tous aussi bons, elle me dit que l’on peut pousser jusqu’à lundi, à condition que je refasse un monitoring dimanche aussi (ce qui je me pose pas de problème).
    Et il y a effectivement une erreur de date, puisque le gynécologue qui m’a suivit s’est basé sur la date estimée par la première écho, alors que je connaissais les dates exactes de mon cycle et de la conception (quand on a décidé d’avoir un enfant, je surveillaismoncycle suite à des problèmes liès à la pilule – encore une grande histoire- et donc j’avais noté les dates). C’est la seule chose que j’aurais à lui reprocher, le reste du suivi ayant été très bien.
    Normalement, mon terme était hier ! Deux jours de différence donc, importante pour des accrocs au planning tels que les gynécologues !
    Donc je me tiens à l’idée que tant que le bébé va bien et a assez de liquide, on ne fait rien.
    Zab : je leur ai spécifiquement signifié mon refus ; concernant le décollement, mon col n’est pas assez ouvert mais ils m’ont bien dit qu’il ne feraient rien sans mon autorisation et me parler des alternatives possibles. J’ai confiance car jusqu’à présent, leur comportement a été très respectueux et empreint d’écoute (mais on verra demain si c’est toujours le cas avec ce fameux J+4 atteint).

  11. bobo says:

    OK, laissons faire la nature et dépassons le terme allègrement pour accoucher physiologiquement. Voici ce que la littérature dit à ce sujet:

    Conséquences materno-foetales (de l’accouchement après 42 SA)

    Conséquences maternelles :
    Certains travaux (9–11) retrouvent un taux de césariennes multiplié par 1,5 en situation de terme dépassé. De la même façon, le taux d’extractions instrumentales (anomalies du RCF pendant l’expulsion, défaut de progression du mobile fœtal) est augmenté durant cette période.
    D’après l’étude de Caughey et al. (12), il existerait une augmen­tation du taux de déchirures périnéales du 3ème et 4ème degré au-delà de 42 SA avec un taux de 9,1% contre 6,7% entre 41 SA et 41 SA + 6 jours (p<0,001).
    D’autres auteurs ont retrouvé une augmentation du taux d’hémorragie de la délivrance à partir de 41 SA (9; 11; 12) ; Olesen et al. (9) ont estimé ce risque à 5% après 42 SA con­tre 3,6% avant (OR = 1,37 ; [IC95% : 1,28-1,46]), ce risque étant ajusté à l’âge maternel et à la parité.
    D’après une cohorte rétrospective monocentrique sur plus de 45 000 femmes incluses dès 37 SA (11), le taux d’infections du péri-partum (chorioamniotites, endométrites du post-partum) serait plus élevé en cas de dépassement de terme, soit après 42 SA.
    Conséquences périnatales :
    La fréquence du syndrome de post-maturité augmente avec la prolongation de la grossesse : 2% à 40 SA, 10 à 12% à 42 SA (13; 14). Arias et al. ont retrouvé une élévation du taux de macrosomes avec l’âge gestationnel : 10% d’enfants macrosomes lorsque l’accouchement a lieu entre 38 et 40 SA, 20% entre 40 et 42 SA, et plus de 40% entre 43 et 44 SA (14).
    L’asphyxie périnatale et l’inhalation méconiale sont les principales causes de morbidité périnatale en cas de dépassement de terme.
    Ces résultats sont confirmés par l’étude de Caughey et al. (11) qui retrouve une présence de liquide amniotique méconial au moment de la naissance plus fréquente à 42 SA qu’à 39 SA (OR = 2,28 ; [IC95% : 1,89-2,75]). D’après la méta-analyse de Gülmezoglu et al., le risque d’inhalation méconiale augmenterait avec la prolongation de la grossesse, multiplié par 2 entre 41 et 42 SA (15).
    Le risque d’hypoxie fœtale augmente progressivement à partir de 40 SA et peut être d’évolution très rapide, pouvant aboutir à la mort fœtale in utéro. La pathogénie de cette hypoxie peut s’expliquer par les phénomènes de sénescence placentaire physiologiques ou par compression funiculaire liée à l’oligoamnios qui en est la conséquence. D’après la méta-analyse de Gülmezoglu et al., la proportion de scores d’Apgar inférieurs à 7 à 5 minutes de vie augmente avec le dépassement de terme, ainsi que le nombre de pH ombilicaux inférieurs à 7,15 et le nombre de “base excess” supérieurs à 12 mmol/l (15). Heimstad et al. ont retrouvé également une diminution du pH artériel au cordon de manière continue de 37 SA à 42 SA (16).
    Alexander et al. dans un travail mené de 1988 à 1998 sur des grossesses de déroulement physiologique, ont montré que la survenue d’un sepsis néonatal (définit par une hémoculture ou une culture de liquide céphalo-rachidien positive) est plus fréquente chez les enfants nés à 42 SA par rapport à ceux nés à 40 SA ou 41 SA, avec une augmentation du taux d’admissions en unité de soins continus (17).
    La fréquence des signes neurologiques semble augmentée chez les enfants nés après terme. On retrouve essentiellement des convulsions voire l’apparition d’une épilepsie, des encéphalopathies anoxo-ischémiques souvent liées à une asphyxie périnatale, avec l’insuffisance motrice cérébrale comme principale conséquence. Certains auteurs pensent que la diminution du liquide amniotique retrouvée dans 33% des cas en fin de grossesse peut être la cause d’une hypoxie fœtale engendrant des dommages du système nerveux central (18).
    D’autre part, la morbidité et la mortalité fœtale augmentent également après 42 SA, avec un taux mortalité de 1,8/1000 naissances. Ce taux passe de 0,4 à 37 SA à 2,5 à 43 SA. La mortalité périnatale double entre 40 et 42 SA avec 2-3 à 4-7 morts périnatales pour 1000 naissances (19). Au niveau international, le nombre de décès fœtaux à partir de 42 SA est estimé à 1,6 à 3,5 pour 1000 naissances vivantes (9; 11; 19; 20).

  12. Marie-Hélène Lahaye says:

    “Conséquences materno-foetales (de l’accouchement après 42 SA)”
    Merci pour toutes ces explications. Mon billet parle de déclenchement à 40 SA ou 41 SA, sans motifs médicaux.

  13. Louis says:

    @bobo

    En situation de terme dépassé, le travail est souvent plus long car le bébé plus gros. Ce qui détermine le taux de césariennes plus élevé est en très grande partie l’interventionnisme (bien qu’il soit évident que dans certains cas, grossesse prolongée => macrosomie => césa). 1,5 reflète plus un certain interventionnisme qu’une réalité épidémiologique. Le défaut de progression est de même en très grande partie attribuable au défaut de mobilité de la parturiente (ce qui explique en grande partie les extractions instrumentales, lesquelles augmentent les taux d’hémorragie, et les risques infectieux et de déchirures (pour rappel, risque = coefficient d’exposition à un danger))
    Le liquide méconial n’est problématique qu’en cas d’inhalation et je serais curieux de savoir ce que donne ce doublement en valeur absolue…
    LE principal facteur d’hypoxie fœtale est le stress maternel, rien d’étonnant à ce que les chiffres explosent dès le terme dépassé. Entendons nous bien, il reste quand-même une part de l’augmentation des cas d’origine “naturelle” mais elle reste à déterminer.
    Pour ce qui est des IMC, celles-ci sont corrélées au taux d’extractions instrumentales bien plus qu’au terme de naissance.
    Pour finir, il est évident qu’un terme de 43 semaines a plus de chances de relever du pathologique qu’un terme de 40 semaines. Cela dit, en cumulant les facteurs de risque, même les plus pessimistes n’arrivent pas à dépasser les 1 % de mortalité c’est à dire :
    “Madame, si on vous déclenche à terme, vous avez 99% de chances que tout rentre dans l’ordre et si on attend jusqu’à 44 semaines vous avez 98% de chances que tout se finisse bien”. Serait une expression plus honnête que “Si on ne vous déclenche pas dès le terme, vous avez DEUX FOIS PLUS de chances de perdre votre bébé et X fois plus de chances des complications A, B, C, …” ou “il faut vous déclencher, plus on attend, plus c’est dangereux”.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Merci Louis pour toutes ces précisions.

    • Pasta Farienne says:

      Bonjour Louis,

      Serait-il possible de nous transmettre la/ les source(s) où il est montré que le stress maternel est le principal facteur d’hypoxie foetale ? Il me serait d’un grand secours, je suis lasse des individus qui ressassent les dogmes périnataux dénoncés par Madame Lahaye, autant que des femmes s’imaginant que leur accouchement, plaisant ou non, s’impose comme seule vécu unique à toute autre future mère… D’avance merci, en espérant que mon message, rédigé quelques temps après le vôtre, ne passera pas inaperçu.
      PS : et évidemment un immense merci pour toutes vos contributions à ce blog

  14. Louis says:

    Ce n’est pas une source à proprement parler, c’est une réaction universelle : la sécrétion de catécholamines induit la vasoconstriction l’hypoxie puis l’acidose chez la mère au bout de quelques heures. Il ne faut pas oublier que le principal effet du stress est de faire consommer beaucoup plus d’oxygène à l’organisme qu’en temps normal. Le bébé étant directement tributaire de l’oxygène de la mère, son oxygénation en prend un GROS coup si cette dernière stresse. Je crois avoir lu ça sourcé quelque part dans les travaux d’Odent mais sans certitudes ; c’est tellement évident comme relation : stress=>acidose/hypoxie que ça n’a pas l’air d’avoir de place dans la formation de gynéco, dommage…
    Ce n’est peut-être pas LE principal facteur, la position “j’écrase mon placenta et mes veines utérines” est sympa dans son genre.
    Je m’en va chercher dans mes lectures des trucs chiffrés, je sais que chez l’animal c’est assez bien documenté, chez la femme-bétail ça devrait pas manquer ( du moment que ce n’est pas étiqueté iatrogène).

    En tout cas, les spaghettis au basilic c’est le mieux et c’est magique (sauf quand il reste des écailles) .

  15. Myriam says:

    Je découvre maintenant ce billet je n’ai qu’un mot à dire excellent ! Je me reconnais tellement. Ayant des règles irrégulières, de plus de 44jours ( aux dires des médecins c’est impossible) et ayant prit 6ans la pilule, je n’ai eu que 4 fois des règles avant de tomber enceinte, selon le médecin en question j’ai des kystes ovairiens et normalement les femmes dans mon cas doivent avoir recours à la procréation assistée…bref des conneries prétentieuses. Surtout, que je n’essayais pas de tomber enceinte je laissais le hasard décider de quand. Je suis arrivée au rendez-vous en disant selon mes recherches et mes syndromes et ma vie sexuelle je crois être dans ma 6 ème semaine, il m’a demandé mes dernières règles malgré mes explications et à inscrit 10sem 4j…j’ai dit spontanément impossible! Il m’a dit l’échographie va nous le dire. Je fais quelques semaines plus tard la fameuse échographie au moment où selon la roulette j’ai 15sem, la technicienne en échographie observe le foetus et nous dit il n’a pas plus de 12sem. On effectue l’échographie de plusieurs minutes et elle me dit:” Selon moi, plus je le regarde il a 11 semaines ” Pourtant le calcul de l’ordinateur sort 12 sem… Je regarde sur Google des echos de 12sem et trouve le visage du bébé peu formé mais croyant à l’infaillibilité de leur technologies je n’allume pas… Deuxièmement écho à 19 sem les organes de ma fille sont âgées de seulement 18sem même 17 sem 6j, mais sa grandeur de 20sem 3j et l’ossature 20sem. Je n’allume toujours pas. Pourtant je me suis rendu à 41sem 1j et là on m’a artificiellement accouché. J’adore votre métaphore du parachute.

    Je croyais en leur supériorité qu’il vende leur frime etc, après coup j’ai réalisé une chose, ils ne savaient pas mieux que moi ! Puis qu’en réalité ils sont vraiment très nuls pour savoir reconnaître les cas pathologique de ceux qui ne le sont pas.

    Le jour du monitoring et de l’échographie le médecin n’a même pas ouvert mon dossier tenu compte de l’aspect nébuleux autour de la date. Non en 2 minutes elle a décidé pour moi ballonnet et ocytocine sans demander mon avis, m’expliquer la procédure me laisser le temps de poser des questions de refuser. Ma fille était le bébé avec le meilleur monitoring de la semaine aux dires des infirmières, c’est incompréhensible, j’étais pétillante d’énergie signe vitaux impeccables… j’ai compris que c’était du planning bureautique.

    Je regrette ce jour tellement ! Au final ma fille était très grande 54cm avait plein de vermix pour 41sem (c’est curieux ? ) et est depuis sa naissance au dessus de la courbe de croissance!

    Toutes les femmes de ma famille sont en retard, c’est comme si inconsciemment je savais que ma date était erronée et que j’allais être en retard et j’essayais de me convaincre que non. Dans le fond c’était trop dur à concevoir pour moi qu’à 41sem on provoque peu importe, et qu’il devait avoir une raison médical à cela et que c’était seulement les femmes en mauvaise santé qui se rendaient là. J’avais peur de ça, quand ma mère naïvement me disait le premier c’est toujours plus long, je répondais froidement maintenant on ne peut pas se rendre plus de 10j après car on déclenche tout le monde! Deux jours avant ma date d’expiration j’ai pleurée toute la journée, j’avais tellement peur, je me sentais condamnée à être provoqué et d’avoir un accouchement de marde. Mes parents dans leurs naïveté et leur égaux de professionnels de la santé m’ont appelé le soir et m’ont dit : “non là tu te fais du mal t’invente des scénarios, ils ne feront pas ça pour rien ils vont essayer des méthodes douces avant.” Après d’accoucher à l’hôpital et de ne pas faire de démarches auprès de sage-femmes( c’était mon désir ), c’est le plus mauvais conseil qu’ils m’ont donné. À la base et tout au long de cette grossesse je n’avais pas confiance en l’hôpital, et si j’avais essayer de comprendre et d’écouter ces émotions cette journée là, je pense que j’aurais pu refuser ou ne pas y aller tout court à ce rendez-vous.

    Mais ce qui m’a donné la conviction profonde que date était évaluée à la baisse fut une conversation avec une tante qui a un garçon de 10 ans. Elle me mentionnait qu’elle savait précisément quand elle était enceinte le 4 janvier. Selon la roulette la date prévue était le 21 septembre, mais elle avait calculé le 28 septembre et tenait à cette date. Selon la “precise” échographie la date devenait le 15 septembre. Elle a tenu sont bout impossible je n’ai eu qu’und relation sexuelle et c’était vrai. Bien vous savez quoi, curieusement son fils est né naturellement le 27 septembre à 22h spres 8h de travail! Et surprise lui aussi était grand… dommage que j’ailles discuté de ça une fois les faits accomplis. Là ça été le déclic et je me suis longtemps sentie terriblement conne.

    Desolé pour ce long texte mais ça me fait plaisir d’en parler.

  16. Louis says:

    Il est évident que fixer un déclenchement à neuf mois et quelques jours de manière systématique en population générale sans tenir compte des antécédents familiaux est aussi sérieux que de calculer la taille moyenne d’un groupe de pygmées et de hollandais qui jouent au basket, filer ensuite des hormones de croissance aux pygmées et raboter les jambes des basketteurs pour arriver à la moyenne : c’est n’importe quoi, sans parler de leur “laisser” ou non le choix…

  17. Ouplala says:

    Bonjour
    Faites vous rentrer le “seul” décollement de membranes dans les méthodes de déclenchement?
    Je pose la question car il y a eu des débats sur mon terme (à une semaine près) pendant toute ma grossesse et selon les différents échographistes (je n’avais pas d’avis car toutes les dates etaient possibles)
    Au milieu de cette semaine flottante, on m’a proposé un décollement que j’ai accepté car 1.je n’avais pas compris sa dimension intrusive; 2. J’avais peur, compte tenu de ce débat sur le terme, d’être déclenchée pour rien ou au contraire de ne pas être déclenchée à temps.
    J’ai finalement accouché 2 jours 1/2 après ce décollement de membrane, accouchement express en deux heures sans péri ni episio (ce qui a été le bonheur pour moi après un premier accouchement avec peri et episio qui ne voulait pas cicatriser…
    Mais la lecture de votre post me fait me poser des questions !
    Merci pour vos lumières !

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Je mets le décollement des membranes dans le déclenchement. Je trouve cette pratique très violente. Il s’agit d’une atteinte directe à la grossesse en vue d’y mettre fin. Si cette pratique avait lieu plus tôt dans la grossesse (par exemple de façon accidentelle), la femme aurait une fausse couche. En fin de grossesse, le bébé a suffisamment de maturité pour survivre à cette fausse couche. Mais le geste est hyper violent tant pour le corps de la femme que pour la fin de la grossesse.

  18. Anne-Laure says:

    Bonjour,
    je tombe sur votre article et mon histoire va, j’en ai bien peur, dans votre sens.

    Enceinte de 36 sa et quelques jours, décrétée en diabète gestationnel parce que je dépassais un chouille mais test glycémie passé avec succès, le corps médical m’a demandé de continuer mon régime et l’auto surveillance. J’en arrive donc aujourd’hui avec une glycémie toujours bonne, pas d’insuline. Par contre bébé est estimé macrosome, un peu au dessus de la courbe (ce sont les mots du gynéco ayant fait ma 4ème echo), monsieur est né macrosome (5.4kg à terme et par voie basse); le gynéco me conseil (je dis bien conseil) un déclenchement en semaine 38 mais sans être catégorique et me disant que je verrais avec les sages femmes.

    Je rencontre une sage femme spécialisée dans le diabète, qui me confirme aux vues de mes mesures et de mon HGPO que je ne fais pas de diabète et qu’hormis un beau bébé, pas d’inquiétude.
    Elle propose cependant de soumettre mon dossier pour avis médical sur un déclenchement et me confirme que celà ne m’engage à rien et qu’on décidera tout lors de ma consultation le 16 Août prochain. Je repart sereine de cette consultation pendant laquelle nous n’avons que rapidement évoqué le décollement des membranes, la perf d’ocytocine et en dernier dernier recours le tampon mais nous n’entrons pas dans les détails puisqu’elle me confirme que je verrais tout le 16 Août et qu’on m’appelleras juste pour me donner l’avis du conseil.

    Ce matin, je reçoit un appel très succin me disant, mot pour mot : “bonjour, je suis une sage femme de la maternité, nous avons revu votre dossier et vous déclenchons le 12 Août, venez aux urgences à 8h du matin”.

    A aucun moment il n’est question d’un choix, d’un motif, d’un endroit où rappeler pour confirmer ou pas, d’une possibilité de discuter du déroulement, des méthodes, des risques, bref rien… j’imagine que je dois considérer que si on me parle de déclenchement aux urgences j’emmène mes affaires comme ci j’allais accoucher naturellement.

    N’étant pas pour un déclenchement (j’aimerais que la nature fasse son travail sauf s’il y a risque pour bébé ou moi), je rappel pour en savoir plus et surtout sur le pourquoi on m’impose le déclenchement.

    Je tombe sur une sage femme ne m’en disant pas plus, elle ne connaissait pas mon dossier, me demande si je fais du diabète gesta (je dis que non mais elle a du prendre mon dossier entre temps et me repose la question, je lui explique donc que j’ai dépassé au début mais plus jamais ensuite, ce qui me met sur une sacré piste) et me dit juste que je peut tout à fait refuser.
    Toujours aucune explication ou proposition d’un rendez vous pour avoir plus d’info, elle me demande juste mon numéro pour se renseigner et me rappeler (étant en fin d’après midi, je ne pense pas que j’aurais un retour aujourd’hui).

    Je ne suis pas fermée au déclenchement s’il est médical mais votre article me confirme mon mauvais pressentiment : un éventuel diabète, un surpoids de base, un bébé déjà un peu gros mais surtout grand, un conjoint macrosome = déclenchement de convenance (mais pas pour moi).
    Mais où est la raison médicale réelle sachant que la veille on m’explique que dans mon cas on peut tout à fait faire un accouchement naturel et que si on voit qu’il y a un quelconque risque on fera une césarienne.
    Si mon bébé et tout ces facteurs étaient si risqués pourquoi ne pas faire une césarienne directement?

    Pour moi qui n’y connaît rien, j’ai vraiment ce sentiment qu’on me met dans une case par convenance (que ce soit un éventuel risque de blocage des épaules, un diabète finalement inexistant ou même des dates qui ne les arrangent pas – le 15 août en l’occurrence) et non par risque médical.

    Je trouve choquant que dans le même établissement, le personnel n’ait pas le même discours et surtout alors que le déclenchement semble, pour beaucoup, bien plus douloureux et difficile à supporter, pourquoi l’imposer.

    Je suis du coup rassurée de lire ce genre d’article, oui il y a bien des déclenchements sans raisons médicales et si nous étions mieux informées, le nombre serait surement réduit, alors merci.

    • Myriam says:

      Bonjour je ne vous connais pas mais je vous dis simplement que ma grand-mère maternelle avait de très gros bébés dont un de presque 12 lbs ( 5,3kg env) puis elle a eu 13 enfants nés tous naturellement et en bonne santé sans complications, elle mesurait 1m60 elle était donc relativement petite. Bien à vous

  19. Dou says:

    Je confirme que le processus de déclenchement de l’accouchement est un véritable traumatisme par sa violence psychologique et physique.Plus de deux ans après,ces quelques jours sont toujours loin d’être digérés et continuent de me révolter sans que mon entourage ne comprenne pourquoi (?) Merci pour votre article,je me sens moins seule!Autres violences faites aux femmes dans la même lignée: l’hypocrisie totale du corps médical, le manque d’informations concrètes et le parcours du combattant que représente l’accès à l’IVG,le manque de personnel compétent en maternité pour l’accompagnement à l’allaitement.
    Merci pour votre engagement.

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