Débat sur les maltraitances médicales sur France Inter : les propos problématiques de la gynécologue Odile Buisson

Odile Buisson – copie d’écran de la vidéo “le clitoris, cet inconnu”

Lundi dernier, France Inter m’a invitée à participer à un débat sur les maltraitances médicales « La violence médicale est-elle une exception et comment faire évoluer les pratiques de certains soignants ? » avec le médecin généraliste Dominique Dupagne et le président du CNGOF Israël Nisand.

Le matin même de l’émission, le Pr Nisand a décliné l’invitation en arguant qu’il refusait de débattre avec moi. J’étais déçue parce que j’envisageais de lui demander où en étaient ses coups de fil auprès des 552 établissements de soin où avaient eu lieu des expressions abdominales (voir mon billet précédent). Je voulais aussi lui remettre les 82 témoignages supplémentaires récoltés en quelques heures par Béatrice Kammerer suite à ses déclarations, afin que son action téléphonique soit la plus efficace possible pour mettre fin à ces pratiques dangereuses. J’éprouvais néanmoins une certaine jubilation à l’idée que je lui faisais si peur, au point qu’il préférait la lâcheté à la discussion.

France Inter m’a ensuite informée qu’Israël Nisand serait remplacé par Odile Buisson. Je me réjouissais de rencontrer cette obstétricienne que j’ai admirée pour avoir découvert l’anatomie exacte du clitoris.

Je suis arrivée à l’avance dans les bâtiments de France Inter avec l’espoir de parler, avec cette spécialiste, de la fonction que le clitoris pourrait jouer dans l’accouchement. En effet, lorsqu’il est stimulé, le clitoris entraîne une modification des organes sexuels féminins, dont l’assouplissement et la lubrification du vagin, ce qui facilite l’introduction du pénis et le plaisir lié à l’acte sexuel, et donc, pourquoi pas le passage du bébé. A l’inverse, les femmes ayant subi une excision sont non seulement privées de plaisir sexuel, mais sont également exposées à plus de risques de complications pendant l’accouchement (cf OMS). J’émets dès lors l’hypothèse que le clitoris joue également un rôle important dans l’accouchement et j’aurais sincèrement voulu la lui soumettre. Je connaissais l’hostilité d’Odile Buisson à l’accouchement naturel et son mépris pour les sages-femmes, mais comme il s’agit d’un point de vue largement partagé par les gynécologues obstétriciens, je pensais qu’il ne ferait pas obstacle à un échange intéressant sur le clitoris.

J’ai eu tort. Après les salutations d’usage, elle m’a lancé un « alors vous, vous êtes pour l’accouchement naturel ? ». J’ai répondu que j’étais féministe, que j’étais pour la liberté des femmes de choisir leurs conditions d’accouchement et pour le respect de celles-ci pendant la naissance de leur enfant. Elle m’a répondu sèchement « et moi, je suis pour l’irrespect des femmes pendant l’accouchement ! », avant de se lancer dans un monologue agressif consistant à marteler des idées décousues, sans la moindre envie de dialogue, alors que nous n’étions même pas encore arrivées au studio. J’ai aussitôt rangé mes questions sur le clitoris. Il m’est rarement arrivé d’être déçue en rencontrant en vrai une personne que j’admirais. C’était pourtant le cas lundi.

Les propos problématiques d’Odile Buisson

Alors que Dominique Dupagne et moi-même tentions d’apporter des éléments de réflexion au débat, Odile Buisson a incarné à la perfection la violence médicale en tenant des propos problématiques tant sur le fond que sur la forme, dont voici quelques extraits.

Mme Buisson commence fort en considérant que les critiques envers les médecins relèvent « de l’antisémitisme envers les juifs », phrase dont je vous laisse apprécier la portée. Elle dira également que les étudiants en médecine « entrent au goulag », en ignorant manifestement que les personnes envoyées au goulag sous l’ère soviétique ne le faisaient pas de façon volontaire.

Pour principale réponse aux maltraitances subies par les patientes, Odile Buisson va à plusieurs reprises évoquer la violence envers les internes dans les hôpitaux, y compris les suicides de futurs médecins qui sont une réalité révoltante. A aucun moment, elle n’a pourtant mentionné le fait que les auteurs de ces violences sont généralement des médecins. Selon elle, une solution pour diminuer les violences contre les internes seraient de les exempter de tâches administratives. Elle ne supporte pas que ces internes soient « réduits à faire du boulot d’infirmière… euh, de secrétaire », démontrant par là un beau mépris de classe.

Elle va d’ailleurs être dans le déni des violences, notamment en les réduisant à « un manque de tact », ou en considérant que « la violence est partout dans la société ». Concernant les nombreuses femmes qui lisent mon blog et y témoignent de violences, elle rétorque que si j’avais ouvert un blog qui dénonçait le montant des impôts, j’aurais aussi eu du succès. Face à l’absurdité de ses propos, je ne résiste pas à l’envie de vous citer le tweet de Marine Atréides.

Dans ses attaques tous azimuts, elle s’en prend à Martin Winckler, lui reprochant « de ne poser que des stérilets dans les plannings familiaux et de s’être planqué au Canada », en dévoilant avec insistance son vrai nom à l’antenne, ce qui est un procédé odieux. Elle lui reproche en outre de ne plus pratiquer des accouchements, sans même s’apercevoir de l’incongruité de ses propos puisqu’elle a elle-même précisé dès le début de l’émission se limiter à faire des échographies. Martin Winckler va d’ailleurs se fendre d’un excellent billet en réponse à ses attaques : Confessions d’un planqué – par Martin Winckler, pseudonyme de l’innommable Docteur Marc Zaffran.

Concernant l’épisiotomie, Odile Buisson ignore les recommandations du CNGOF de 2005 en continuant à répandre l’idée que cette mutilation sexuelle préviendrait les déchirures. Face à ma remise au point, elle s’est recroquevillée en expliquant que les femmes qui avaient une déchirure lui reprochaient de ne pas avoir eu d’épisiotomie, et a affirmé que « quand on fait une épisiotomie, on nous critique ; quand on n’en fait pas, on nous critique aussi ; quoi qu’on fasse, on nous critique ». Elle ne s’intéresse donc ni à la justification scientifique qui sous-tend tout acte médical, ni au consentement des patients, encore moins aux méthodes permettant d’augmenter le nombre de périnées intacts lors des accouchements. Alors que Dominique Dupagne et moi-même expliquions qu’une épisiotomie est une mutilation sexuelle, elle s’est insurgée en rétorquant qu’ « une mutilation sexuelle ne concerne que le clitoris ». Son ignorance semble sans limite sur la réalité anatomique du sexe féminin qui est composé, en plus du clitoris, de grandes lèvres, de petites lèvres, de l’urètre et d’un vagin.

L’aspect le plus étrange de son intervention est probablement son insistance à avouer qu’elle a été maltraitante. Lorsque la journaliste Dorothée Barba lui demande si elle a été maltraitante quand elle était jeune puis a en pris conscience avec l’expérience, Odile Buisson répond qu’elle a été maltraitante « bien plus longtemps ». Elle expliquait en début d’émission qu’« il y a trois forces souterraines qui détestent les médecins : le néo-libéralisme, le courant écologiste et le courant ultra-religieux ». A ce moment, j’avais pourtant le sentiment qu’elle transformait le studio de France Inter en un confessionnal.

Enfin, concernant la forme, Odile Buisson s’est montrée agressive, notamment en me coupant la parole à plusieurs reprises. Elle n’a pas eu cette attitude envers Dominique Dupagne qui, pourtant, partage bon nombre de mes idées et a aussi contesté certains de ses propos. La sage-femme 10 Lunes pointe, quant à elle, son obstination à m’appeler par mon prénom, alors qu’elle n’a jamais abrégé l’identité du docteur (voir son billet Le diable se cache dans les détails qui renvoie aussi vers plusieurs analyses de l’ouvrage d’Odile Buisson). Cette attitude résume à elle seule sa posture empreinte de condescendance envers les non-médecins et sa volonté de faire taire par tous les moyens une personne extérieure à la profession dénonçant des pratiques médicales violentes.

Son comportement et ses propos durant tout le débat sont une illustration parfaite des violences infligées aux femmes par des gynécologues.

Un pas de plus vers le changement des pratiques

Le débat sur France Inter a néanmoins été très positif. Le fait que les violences obstétricales soient évoquées sur une radio de grande audience est une avancée considérable pour placer cette question en sujet de société.

En outre, les interventions posées et pertinentes du Dr Dominique Dupagne et du Dr Amina Yamgnane qui est intervenue par téléphone, montrent qu’une prise de conscience s’est déjà opérée auprès d’un certain nombre de professionnels. Le changement est initié.

 

Pour réécouter le débat:

« La violence médicale est-elle une exception et comment faire évoluer les pratiques de certains soignants ? »

 

 

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40 Responses to Débat sur les maltraitances médicales sur France Inter : les propos problématiques de la gynécologue Odile Buisson

  1. Vous vous en tirez bien, elle a failli vous appeler Brigitte…

  2. Jane says:

    J’ai écouté l’émission attentivement, très intéressée de voir que vous étiez invitée avec D Dupagne. Je suis votre Blog et le sujet de l’accouchement respecté depuis ma grossesse. Alors oui, je suis très rassurée d’avoir choisis l’hôpital et l’équipe extrêmement bienveillante où je suis allé accoucher. Car malgré la violence des contractions (je la fait courte mais en tout ça aura duré 18h, très intense et régulier dès la première contarction), c’est bien l’impuissance sur la table d’opération et l’angoisse horrible de savoir qu’on va m’ouvrir le ventre qui m’ont dévasté. Donc heureusement que je n’ai as eu la condescendance en plus. Je ne sais pas où j’en serai aujourd’hui sans cet accompagnement respectueux.
    Ce témoignage étant seulement là pour situer mon expérience, je souhaite réagir à l’attitude de Odile Buisson. Je ne veux pas la défendre. Sûrement pas. L’encourager oui, comme il semble qu’elle ait été remuée par le débat, la réflexions sur les maltraitances qu’elle reconnaît avoir infligé, sur celles que des membres de sa famille ont subi, la prise de conscience qu’elle semble avoir prise, et c’est vrai, le courage qu’elle a eu de venir débattre en sachant qu’elle représentait la partie qui allait être critiquée. Parce que ce n’est jamais facile de venir en sachant qu’on va prendre des critiques virulentes (mais légitimes! ).
    Alors madame Buisson continuez sur cette lancée, le premier contact est pris, les réflexions sur le respect de la femme, l’intégrité de son corps et l’accompagnement bienveillant durant l’accouchement sont indispensables. Continuez, il y a du boulot, mais vous inquiétez pas, il y a plein de monde, d’association, de collectifs, de bogue uses et Blogger, pour pour vous accompagner et porter ces questions devant le CNGOF, dont il serait bien que les recommandations commencent par être respectées.
    Marie Hélène et Dominique, un grand merci pour votre intervention!
    Jane

  3. Jane says:

    Je voulais dire blogueuses et blogueurs, bien sûr.
    Jane

  4. Marie Moreau says:

    Merci pour votre présence pertinente, ouverte et respectueuse de vos interlocuteurs lors de cette discussion.
    J’ai plusieurs fois manqué de tomber de ma chaise en soulignant les réflexions mal à propos de Mme La gynécologue dont vous faites extrait ici.
    Ceux qui sont passés à proximité de moi à ce moment là auront eu l’opportunité de m’entendre râler “Mais laisse là finir de parler !”, ce qui dénote pleinement l’ampleur du chemin encore à parcourir. Et par votre (et vos) présence(s), je ne peux que constater que même si le chemin est encore long, nous sommes dessus, chaussures de randonnées solidement lacées.

    Je vous lis depuis 3 ans. Je ne vous remercierai jamais assez. Votre travail est d’une valeur inestimable à mes yeux.
    Merci.

  5. Bernard Bel says:

    Merci pour ce billet qui met en perspective le contenu du débat !
    Il est très difficile de tout dire, ou même d’en dire assez pour faire preuve de cohérence auprès de personnes peu informées, sur un sujet aussi vaste qui était supposé couvrir la maltraitance médicale en général. (J’aurais aimé parler des cardiologues…)
    C’est encore plus difficile quand une des invitées débarque avec un tombereau de préjugés qu’elle déballe dans le plus grand désordre. Le point Godwin a été atteint rapidement avec l’antisémitisme comme image du bashing anti-médecins !
    Vous vous en êtes bien sortie et Dominique Dupagne a remis la couche qu’il fallait… Il fallait le faire dans un tel climat !
    Pour le prochain débat, préparer un dossier “épisio” plus étoffé (cf définition OMS des mutilations génitales) car ça reviendra inévitablement. Depuis nos campagnes lancées en 2004 et une bibliographie toujours plus conséquente (http://afar.info/sujet=épisiotomie) on entend encore les mêmes âneries…

  6. ANNETTE LEXA says:

    Bravo et merci à vous ! la prochaine fois, ne tolérez plus de vous faire appeler par votre prénom. Les médecins de ce genre (Nisand, Buisson) doivent descendre de leur piedestal, ou alors, ils n’ont pas compris que le monde était en train de changer et que les certitudes et vérités d’hier ont vécues. Ne vous inquiétez pas, c’est vous qui êtes le monde qui advient , pas Buisson ou Nizand.

  7. Maud says:

    Bonjour,
    Merci pour vos interventions constructives et pertinentes lors de ce débat.
    Je rejoins vos observations concernant la.violence des propos de cette gynécologue, qui m’ont choqué tant d’un point de vue de femme que de professionnelle de santé. Il y a encore du chemin à faire pour que les mentalités évoluent et que le dogme de la médicalisation se lève autour de la naissance, afin de permettre aux femmes de choisir en connaissance de cause leur accouchement et que ces choix soient respectés… Votre action y contribue, surtout poursuivez en ce sens!

  8. Pauline H. says:

    Bonjour,
    J’ai trouvé cette émission très intéressante du point de vue des positions adoptées par les participants (particulièrement Mme Buisson qui a bien tenu son rôle caricatural). J’ai seulement quelques regrets sur les sujets abordés…. Tout d’abord, j’ai été étonné d’entendre parler uniquement de médecins gynécologues en lieu et place du personnel soignant ou sages-femmes et médecins à propos de l’accouchement. Comme si la place de la SF avait été mis sous silence (autant pour la bienveillance que pour les violences qu’elles aussi engendrent parfois). J’eusse également apprécié que soit cité une liste (non-exhaustive mais fournie) des formes de violences médicales relevées lors de la grossesse et l’accouchement. Car cela aurait permis de mieux se figurer l’ampleur des dégâts et des réponses à apporter, mais aussi peut-être de faire prendre conscience à certaines et certains d’avoir été violentés (tant de personnes se sentent mal après des actes médicaux sans arriver à mettre des mots sur l’origine de leur mal-être) et d’autres de leur maltraitance. Il y a un réel abus de pouvoir pratiqué par quelques uns dans la profession médicale qui est odieux. Merci à vous Marie-Hélène d’avoir abordé ce débat avec le respect que vous défendez, c’est notre meilleur “arme” pour nous faire entendre. Et merci à France Inter de laisser encore une place à des débats si importants !

  9. Odile Fillod says:

    Bonjour,
    Pour info, Odile Buisson n’a pas “découvert l’anatomie exacte du clitoris”, et elle ne le prétend d’ailleurs pas. L’anatomie du clitoris et des bulbes qui lui sont rattachés a été parfaitement décrite en 1844 par Kobelt, et c’est Helen O’Connell qui a publié pour la première fois dans la littérature scientifique moderne (en 1998) un compte rendu d’étude anatomique validant les écrits de Kobelt.

  10. Odile Fillod says:

    Je voudrais également signaler deux autres idées erronées qui figurent dans votre texte :
    – “lorsqu’il est stimulé, le clitoris entraîne une modification des organes sexuels féminins, dont l’assouplissement et la lubrification du vagin” : ces phénomènes résultent de l’excitation sexuelle, elle-même déclenchable par des stimuli extrêmement divers, et non nécessairement par la stimulation du clitoris en particulier ;
    – “les femmes ayant subi une excision sont […] privées de plaisir sexuel” : c’est faux ; nombre de femmes excisées déclarent avoir malgré tout du plaisir sexuel, même s’il est clair que l’excision handicape généralement la sexualité des femmes.
    Tout indique que si les femmes excisées sont exposées à plus de risques de complications pendant l’accouchement, c’est à cause des cicatrices laissées par l’excision et le cas échéant de l’infibulation associée, et non parce qu’une partie de leur clitoris a été coupée.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Merci pour ces infos et précisions.
      Je pense que le rôle du clitoris pendant l’accouchement mérite d’être encore explorer.

  11. Dassonville-leroy says:

    Bonjour et bravo pour votre repartie et vos connaissances, vous nous avez bien défendues
    Je suis femme, sage femme et féministe et je ne me reconnais en rien dans les propos d’Odile.
    Pour exemple une femme allait accouché de son enfant dcd, elle ne pouvait pas avoir de Péri, nous l’avons accompagné, et elle nous a remercié car cet naissance ne serait pas qu’un mauvais souvenir.
    Alors oui un accouchement peut être violent, mais oui notre rôle de soignant peut exacerber ou atténuer cette violence.
    Et que dire de ses propos sur l’episio, elle n’a aucunes compétences en la matière, et malheureusement je trouve qu’on en fait toujours beaucoup trop.
    Alors merci pour votre courage et pour avoir ridiculiser ce médecin qui passe son temps à dévaloriser les professionnels qui sont plus que nécessaire à la santé!

  12. Vervaine says:

    Un immense merci, supplémentaire mais sincère, pour ton implication, ton courage et ta solidité face aux idées nauséabondes à et celles et ceux qui les tiennent !

  13. Marie-Hélène Lahaye says:

    Merci à vous toutes et tous pour vos commentaires. Ils sont très encourageants.

    A mon avis, il va y avoir de plus en plus d’émissions sur ce sujet dans les prochains mois. Ce sera autant d’occasions de préciser la notion de violence obstétricale et de donner des information au grand public sur ce sujet. Nous n’en sommes qu’au début, mais nous sommes sur le bon chemin ! 🙂

  14. Claude says:

    Bonjour,
    Le monde est divisé en deux, il y a toujours ceux qui se prennent pour une classe supérieure en se permettant tout et n’importe quoi sur les plus désavantagés.
    OUI, il y a bien un gros problème sur de nombreux sujets sensibles et ils en profitent parce que les petites gens ne peuvent s’organiser pour se défendre.
    RESISTONS

  15. Claude says:

    Bonjour,
    OUI, on abuse toujours sur ceux qui ne savent pas, ils profitent de l’ignorance
    de personnes qui ne peuvent pas se défendre, ne laissant pas le choix.
    OUI, il existe bien un chiffre noir sur les abus commis dans tous les secteurs d’activités.
    OUI, il y a bien deux mondes entre ceux ou l’argent coule à flots avec d’énormes gaspillages et l’austérité pour les autres malmenés, maltraités… à l’Hôpital, dans les Maisons de retraite, dans les Administrations, les Services publics…
    OUI, le droit ne profite pas à tout le monde.

  16. Elsagaertner says:

    Je partage le point de vue du Dr Yamgnane, qui est intervenue en calmant le jeu du Dr Buisson lors de ce débat radio, Et Que vous, ainsi que certains internautes, avez lâchement lapidé : votre discours incisif, agressif, votre excès d’utilisation de l’évidence base medicine (plutôt que l’évidence based practice) pour justifier “OH combien” les médecins français ne sont que des incultes, têtus, mal attentionnés,…. tout Ca dessert complètement le fond du problème Que vous soulevez et soutenez depuis tant d’années : les violences en milieu médical….
    Moi-même, victime de violence lors d’une hospitalisation de plusieurs jours en réanimation ; moi-meme, sage femme en faveur de l’AAD et depuis sensibilisée à ce concept de violence, je suis écœurée de vous lire dire qu’il vaut mieux appeler un taxi plutôt que d’appeler le SAMU en cas de procidence ; Que l’ocytocine (certes utilisée larga Manu depuis plusieurs années… Avec revirement de situations en France au vue de ces conséquences) est létale, qu’il n’existe pas d’urgence vitale obstétricale (menace d’accouchement prématuré, rupture utérine, embolie amniotique, hématome rétro placentaire, éclampsie…) Et Que l’anesthésie péridurale est une escroquerie, combine entre l’anesthésiste et la SF afin que cette derniere puisse se débarrasser légitimement de sa patiente

    Paradoxalement, alors que vous citez régulièrement des articles scientifiques qui servent à appuyer vos propos, je trouve que vous faites de la désinformation ( au même titre que les anti vaccins en ce moment). À vous entendre, il faudrait ne rien dire aux femmes sur les risques potentiels d’un accouchement (cf vos critiques sur la théorie de l’anticipation du Dr Yamgnane), Et en meme temps, la loi Kouchner que vous citez régulièrement impose de le faire. Beaucoup de plaintes des patients sont liés à un manque d’information sur les complications potentielles d’une chirurgie, techniques ou actes de santé, rarement à la complication en elle même….

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Où ai-je dit qu’il fallait appeler le taxi plutôt que le SAMU? J’ai dit que dans certains cas, quand on a une voiture (et pas appeler un taxi), il est plus rapide et plus sûr de se rendre à l’hôpital en voiture avec la sage-femme aux côtés de la femme, que d’attendre un SAMU qui peut mettre beaucoup plus de temps à arriver et où les secouristes ne sont pas spécialisés dans l’accouchement (moins qu’une sage-femme). La situation est à estimer au cas par cas.

      Les témoignages de femmes qui ont été confrontées à une procidence du cordon lors d’un AAD montrent quand dans le cas d’une conduite en voiture, la SF a maintenu le cordon à l’intérieur de l’utérus en gardant sa main dans le vagin de la parturiente. Dans un autre témoignage où la SAMU a été appelé, les secouristes ont demandé à la parturiente de se lever et de marcher jusqu’au véhicule, ce qui est une mauvaise prise en charge.

      Je ne comprends pas non plus où j’ai dit qu’il n’y a pas d’urgence vitale. Ni où la péridurale est une escroquerie. J’ai chaque fois analysé chaque acte avec toutes les nuances nécessaires.

      Quant à prévenir les futures mères de tous les risques potentiels, ce n’est pas ce que dit la loi kouchner ! Il y a une différence entre donner des informatisations sur le déroulement physiologique d’un accouchement et sur les actes médicaux envisagés, et créer un climat anxiogène en expliquant toutes les complications possibles et imaginables. Ce que je dénonce, c’est le fait qu’il est difficile pour une femme enceinte d’échapper au climat anxiogène, mais qu’il n’est pas du tout certain qu’elle ait reçu des informations sur le fonctionnement physiologique de son corps.

      Cette situation se reflète dans les livres d’accompagnement de la grossesse.
      Comparez ces deux livres:
      – “attendre un enfant” de l’obstétricien René Frydmann
      – “une naissance heureuse” de la sage-femme Isabelle Brabant.

      Le premier explique toutes les complications possibles, raconte par le menu détail les malformations qui peuvent être détectées lors des échographies, et abonde d’informations sur l’intérêt de tous les actes médicaux pour identifier et prévenir des pathologies. Pourtant, René Frydmann fait partie des obstétriciens pour lesquels j’ai beaucoup d’estime, et qui est aussi critique à l’égard des dérives de la médicalisation. Même lui n’échappe pas à ce biais lié à la pathologie.

      Le deuxième, écrit par une sage-femme, apporte beaucoup d’informations sur le fonctionnement physiologique de la grossesse et l’accouchement, pour permettre aux femmes d’aborder leur grossesse et leur accouchement avec plus de sérénité et de confiance en elles. Il invite aussi les femmes à se poser des questions, et à interroger la SF ou l’obstétricien qui les suit. Les complications et pathologies sont abordés, mais de façon marginale, non anxiogène, et en invitant les femmes à en discuter plus amplement avec leur soignants si ça les inquiète.

      Ce sont deux approches radicalement opposées. La première approche est celle qui domine. A la fois en nombre d’ouvrages d’accompagnement de la grossesse (le livre d’isabelle Brabant est quasi tout le temps en rupture de stock et difficilement trouvable dans les librairies, contrairement à celui de Frydmann), et dans la société en générale où les femmes sont abreuvées de discours sur la dangerosité de leur état et de l’accouchement.

      Quant à moi, je préfère la deuxième approche.

    • Amina Yamgnane, Gynécologue et mère de famille says:

      ah ben OUF ! Elsa, merci pour vos encouragements !!! je me croyais seule à partager ma pensée !
      Oui j’ai débattu âprement avec Myriam et Marie Hélène, à qui je dis que la façon dont la discussion est engagée sera totalement infertile à mon point de vue, et c’est dommage de dépenser une si belle énergie, d’avoir autant d’avance sur le corps médical, pour ne rien en faire d’autre que de régler des mécomptes, à mauvais pris.
      Ni l’une, ni l’autre ne partage mon point de vue, je le déplore mais, en digne démocrate je le respecte. Néanmoins, je ne baisserais pas la garde, moi plus, il n’y a que dans la co construction que nous nous grandirons.
      à bientôt
      Amina

      • Myriam says:

        Je vais vous renvoyer la question autrement, que proposez-vous pour convaincre vos collègues ? L’affirmation positive personnellement pour avoir militer avec rigueur jusqu’à déposer un mémoire en commission parlementaire dans le but de changer une loi, nous avons toujours été posé et de ton m’a foi irréprochable, ça n’a absolument rien changé. C’est un tout autre sujet, qui n’a rien à voir avec l’obstétrique. Ma question est comment les amener à discuter avec nous, à faire équipe? Je vous assure que c’était mon souhait et que j’étais stupéfaite de voir un si maigre appuie des genecologues et si peu de remise en question… et je vous accorde que c’est en grande partie les protocoles qui créent la maltraitances, ce qui me rend cynique c’est de constater que si peu le.remet en question et si conforment. Je voulais simplement rajouter que je pense que nous sommes toujours au stade de la dénonciation il y a encore un grand travail de sensibilisation à faire. Vous le dîtes vous-même que vos collègues vous “ridiculise”. Bien avant que je milite sur ce sujet , quand j’étais enceinte de mon 1 er, je me suis tellement fait ridiculisé et traité d’arriérée par un proche qui fait partie du monde médical. Un homme très intelligent très ouveet sur pleins de sujets et d’aspects dans la vie, je n’ai jamais eu d’agressivité dans mes propos à ce moment là. Tout ça pour dire il y a je pense un certain aveu d’échec vis-à-vis les technologies modernes qui je pense est très difficile à accepter… Je pense que la médecine a parfois de la difficulté à accepter qu’elle n’a pas le contrôle et la solution à tout.

        • yamgnane amina says:

          chère Myriam,
          je vous ai fait une très longue réponse avant hier, sur la façon dont je pense qu’il ne faut pas faire, et pourquoi. Elle a bizarrement disparu après être restée quelques heures en ligne. Un mystère de la technologie numérique certainement.
          Je demandais en particulier comment c’était pensable d’échanger dans un blog qui se dit féministe, écologique et politique, sur le ton de l’invective, comment accepter d’échanger sur des bases aussi violentes quand on annonce avoir été victime de la violence. Comment peut on sérieusement amener la naissance des girafons en réponse à la question de comment obtenir un consentement éclairé de la part d’une femme ? j’affirmais aussi que qqs internautes de ce blog confondent le XVIII eme et le XXI ème siècle, ils se croient chez le Mormons et s’adonnent à des théories totalement paranoïaques. Et garder un fil compétent dans ce contexte n’est tout simplement pas raisonnable. Que je comprends votre colère et votre amertume mais que vient elle faire dans un blog écologiste, féministe et politique ? Vous affirmez que ça explique votre réflexe de réponse abrupte à vos interlocuteurs médecins. Je vous informais que moi aussi y a des patientes qui me gavent, m’hystérisent, me blessent et m’insultent… est ce que pour autant je réponds sur un mode violent à toutes les femmes qui m’interpellent ? Et c’est moi qui vous demandais comment on pouvait faire pour élaborer ensemble dans ces conditions ? en tous cas, moi je ne vois pas. C’est au delà de mes capacités, alors que je suis pourtant avant gardiste ouverte pour vous citer, de le faire dans un tel contexte. Je vous demandais enfin, comment sur base de votre expérience vous pouviez vous permettre de conseiller sans connaitre un traite morceau de sa situation médicale, à une future mère de fuir la Maternité où elle est inscrite pour accoucher à la maison. Je vous faisais remarquer que : vous accouchez la première fois à l’hôpital , un carnage à vous comprendre. Vous accouchez la 2 ème fois à la maison : le rêve, et vous concluez : il faut accoucher à la maison. Moi j’ai accouché une première fois avec péri d’une fille de 3,8kg, pas d’épisio, je croyais le lendemain qu’un 35 Tonnes m’avait roulé dessus. 2 ans plus tard j’accouchais d’un fils de 4,4kg avec péri , aussi à l’hôpital, comme une rose. je conclue : la naissance du 2 ème enfant est plus facile que celle du 2 ème. je vous grâce de mon expérience de gyneco sur le sujet. Pourquoi votre conclusion vaudrait elle lus que la mienne. Pourquoi vous envoyez bouler un blogueur qui vous dit que la naissance du 2 ème enfant est plus simple que celle du premier ? tout en maintenant, la votre de conclusion, que vous érigez en forme de conclusion dogmatique… Je concluais en disant, que votre expérience était assez redoutable en effet et appelait des conclusions sans appel : vous avez rencontré , au bas et consécutivement 7 professionnels de la santé : un gynéco borné, un échographiste borné, une sage femme douteuse, certainement un anesthésiste connard, une puéricultrice neuneu une aide soignante tarée… en effet nous sommes tous graves et pourris…

          • Sevestre says:

            Bonjour,

            J’aurais une question au sujet de la méthode à choisir pour accoucher. Je me suis pas mal renseignée sur ce sujet et je dois avouer que ce qui me fait le plus peur serait que mes choix ne soient pas respectés. Un tiers de femmes subissent une épisiotomie, souvent sans avoir été informées ou sans l’avoir demandée. Comment faire pour ne pas tomber sur un praticien ayant la main un peu lourde et ayant tendance à pratiquer à outrance cette technique? Comment peut-on réussir à combiner nos volontés de grossesse avec les pratiques du corps médical de manière à éviter la médicalisation à outrance? J’entends bien que l’épisiotomie peut être bénéfique, mais cela dans de très rares cas de déchirures graves (3e et 4e degré) seulement. Dans les autres cas, elle ne sert qu’à empirer les déchirures possibles. Concernant l’accouchement allongée sur le dos aussi, ce n’est pas une position naturelle et instinctive, mais elle permet, de facto, au praticien d’avoir plus la main mise sur le corps de la femme (plus simple pour le praticien de gérer l’accouchement si la femme est allongée avec les jambes écartées, deplus, si on choisit la péridurale, là on ne peut plus faire autrement). De base, la position naturelle serait d’être accroupie (ensuite c’est au cas par cas selon les femmes), cela permet, de plus, à ce que le poids du bébé (puisque orienté de manière à descendre par gravité) aide et facilite naturellement l’accouchement. Certaines articles mentionnent aussi le fait que de déclencher l’accouchement par injection hormonale engendrerait un plus fort taux de déchirures et donc de recours à l’épisiotomie. Par ailleurs, en France, on considère que la durée d’un accouchement ne doit pas dépasser les 30 min alors que dans les pays anglo saxon cette durée est largement dépassée est s’approche plus des 1h-2h. Sachant que les pays anglo saxon n’ont pas plus de mortalité lors d’un accouchement que nous autres français. J’aurais donc aimé savoir si vous ne pensez pas que la médicalisation à outrance, le fait aussi de vouloir absolument tout contrôler pour un accouchement ainsi que le fait de vouloir imposer un même modèle type d’accouchement chez les femmes ne serait pas néfaste finalement car chaque femme est différente? Ne vaudrait-il pas mieux respecter le rythme de chacune? Ne pas imposer d’hormones sauf nécessité extrêmes, ne pas pratiquer l’épisiotomie sauf si la grossesse est considérée à risque, ne pas vouloir accélérer les choses afin que l’accouchement soit de courte durée. J’ai bien compris que toutes ces applications médicales sont un mal nécessaire au bon fonctionnement d’un hôpital, mais il est dommage tout de même de considérer des patients comme un pur produit de rentabilité. Ce sont nos corps qui en patissent par la suite, et dont les douleurs sont niées… Alors je sais que dans l’absolu, c’est l’état qui devrait donner plus de moyen au monde médical, mais l’état est une pute radasse en ce qui concerne la santé des femmes (et plus). Pour reprendre ma question du début, comment puis-je faire pour que mes choix ne sont pas ignorés simplement pour des questions de temps, de budget, de fatigue, de surcharge de travail ou simplement par je m’en foutisme?

  17. amina yamgnane says:

    Mais j’ai pas répondu à votre question fort pertinente au demeurant. “que proposez-vous pour convaincre vos collègues ?”
    La question n’est pas de convaincre les gynécos, ni les insulter, ni les renvoyer à leur médiocrité, ni d’ appeler à les fuir…LA question est de faire apprendre à accoucher les femmes sans épisio. LA question pour les professionnels de santé, est d’apprendre à dire, apprendre à être, d’apprendre à écouter les femmes. Même la Maternité de Besançon a mis 7 ans pour arriver à un taux de 0,5 % d’épisio ( moyennant quoi, l’équipe s’exerce sur des mannequins pour continuer de savoir à les suturer ! Et c’est pas en invectivant ses troupes que le chef de service en est arrivé là. Et il vous dira même que le plus compliqué fut avec les Sages femmes ( figurez vous :-). Et figurez vous que ces lieux d’apprentissage existent, ils sont certainement trop peu fréquentés, ils mettent sans doute certainement longtemps à produire leurs effets, mais ça avance. Alors , de grâce, si vous pouviez réagir avec discernement, et sans généralisation ça ne rendrait pas les choses plus complexes.

  18. Myriam says:

    Bonjour Amina,
    J’essaie de comprendre pourquoi le message n’est pas compris. J’arrive à un postulat qui n’est pas encore une conclusion et je souhaite que ce ne soit pas vu comme de la “haine”. Je comprends une chose en discutant avec vous et plusieurs obstétriciens: nous avons deux modes de pensée, voir cultures différentes…

    Alors je vais commencer mon intervention en y allant points par points.
    Vous avez écrit: ”
    Comment peut on sérieusement amener la naissance des girafons en réponse à la question de comment obtenir un consentement éclairé de la part d’une femme ? ”

    Je vous l’accorde dit comme cela oui ça fait très ridicule. ☺Je suis allée revoir mon intervention pour voir où j’ai dit ça je ne l’ai pas vu. En fait ce que je voulais avancer c’est plutôt que vos interventions devraient être rares… Pour ce qui est du consentement de la patiente, je pense que si ce ne serait que des interventions nécessaires, il s’obtienderait facilement. Tout est dans la définition du nécessaire pour vous et pour “moi” et plusieurs bloggeuses. Je voulais soulever le point par cette vidéo du décalage incroyable entre la mentalité vétérinaire et celle de l’obstétrique en général. Je pourrais élaborer mon point de vue en soulignant qu’il est admis qu’elles savent mieux qu’eux comment donner naissance et comment s’interférer en intervenant inutilement mettait même en danger la femelle. Je ne pense pas que ce soit pertinent dans cette discussion.

    Mon mode de pensée à moi est le suivant : ” La nature fait mieux sont travail et on doit la laisser suivre son court jusqu’à ce que le contraire soit démontré.” Alors qu’on dirait que pour vous les actes médicaux sont une nécessité voir une fatalité. Attention je ne dis pas que l’on ne peut pas déroger un peu de notre mode de pensée, je ne suis pas entrain de vous étiqueter, simplement qu’à la suite de la lecture de votre poste hier je me sentais lamentablement incomprise et déçue de cela. Je cherchais pourquoi et je pense que c’est au fond un peu pour cette raison.

    Dans la même discussion que celle du girafeau, un paragraphe plus haut dont j’écrivais sur pourquoi même si le génelécologue qui a fait mon echographie était gentil je ne lui faisais pas confiance. J’élaborais par ce que j’ai compris par votre affirmation :” il est difficile de faire autrement que ce que l’on a apprit”. Moi je le comprends ainsi: ” Il est dur de ne pas intervenir, de ne pas prendre un certain contrôle sur l’accouchement de la femme”…

    Ensuite, je laisse le soin des internaudes concernés de se défendre. Que vient faire la colère dans cette discussion, ce n’est pas justement la colère qui a fait sortir de l’ombre le phénomène de violence obstétricale ? La colère est une émotion qui existe pour se défendre, elle est dans le quotidien un système d’alarme que quelque chose ne va pas. La rage oui c’est une autre histoire c’est mauvais je vous l’accorde. Une colère bien dosée ne donne que la force de continuer. Je pense que les émotions ont leur place dans ce débat.

    “Je vous demandais enfin, comment sur base de votre expérience vous pouviez vous permettre de conseiller sans connaitre un traite morceau de sa situation médicale, à une future mère de fuir la Maternité où elle est inscrite pour accoucher à la maison. ”

    Elle est assez grande et intelligente pour faire ce qu’elle veut avec mon conseil? Je crois qu’elle fait partie de la majorité qui n’ont pas besoin a priori de soins. Je me permets de lui proposer cela car elle n’a pas confiance, car faudrait m’expliquer pourquoi mon premier accouchement semble effectivement la norme, parce que je suis convaincue qu’elle sera mieux respectée et satisfaite et ne vivra pas des mois de souffrance à pleurer et avoir une certaine mort intérieure. Un sentiment de deuil, de profonde échec, une rage comme la mienne si vous voulez. Car je ne leur faisais moi-même pas confiance et que ce n’était pas mon premier choix d’aller à l’hôpital et que je me trouve “lâche” à quelque part de ne pas m’être battue pour obtenir une naissance respectée.

    Ensuite concernant pourquoi je “m’enrage” puisqu’à vos yeux c’est ce que j’ai fait, quand on me dit qu’un premier accouchement est plus difficile qu’un deuxième, parce que je trouve cela un déni effroyable en gros. C’est une si belle façon d’annuler un ressenti partagé par beaucoup de femmes sous le seul postulat: c’était ton premier. Même pire, j’ai souvent l’impression que l’on utilise cet argument pour cautionner toutes les violences que l’on a infligé, c’était un premier. D’abord je l’ai dit a plusieurs fois, ce n’est pas la douleur qui m’a le plus traumatisée. Il y a deux points à cela, on est tous d’accord que l’ocytocine donne des contractions insupportables, pas besoins d’argumenter, mais pourquoi faire subir cela? C’était INUTILE, je peux ré-éloborer sur ce point que je pense avoir souvent argumenté aur ce blog. Encore une fois les deux modes de pensée qui s’affrontent. L’autre point que je dois vous avouer que je n’ai pas bien développer c’est la souffrance psychologique qui pour moi a rendu cette expérience si pénible. On m’a volé mon premier accouchement n’en déplaise à personne. On ne m’a interdit de : 1. Débuter un vrai travail naturel sous l’injonction des 41sem, je me suis sentie condamnée et le mot est juste à être déclenché. 2 De bouger, ce qui m’a rendu totalement impuissante et on m’a empêcher de trouver une solution à ma douleur, te confrontant à un sentiment d’ incompétence absolue. 3 Je me suis sentie dépossédé de mon corps lors de la péridurale, et j’eprouvais des souffrances physique qui je pense était engendré par mon état mental. 4 Je me suis sentie humilié à maintes reprises. 5 J’ai eu terriblement peur, j’ai pleurée comme jamais, j’ai pensée mourrir, j’ai tremblée de tout mon corps et ce n’est pas une métaphore, des frissons de froyeure d’adrénaline lorsque banalement on voulait m’envoyer en césarienne car on a déclenché un travail trop tôt. Je remercie encore une fois mon amoureux d’avoir refuser. Toutes ces choses que j’énumère n’ont pas lieu d’être, ni même exister et ce n’est pas parce que c’était mon premier que j’ai vécu tout cela mais bien à cause des injonctions médicales. Oui un 1er accouchement est plus long et difficile je ne l’ai jamais nié. Je reste convaincue que si les choses auraient été faites dans “les règles de l’art” comme mon corps et mon bébé l’avait prévu, avec le plein contrôle de cette naissance et un respect j’aurais réussi malgré tout. Et je pense que vous comprenez pourquoi se faire annuler c’est dénigrer le ressentie profond de la personne. Et tout ce que je viens de dénoncer ça aurait sans doute été semblable pour un 2 ème accouchement induit artificiellement, moins long mais semblable…

    Et pour conclure sur le dernier point, vous trouvez normal que 17 personnes ce soient occupé de mon accouchement? De quelque chose d’aussi intime? J’ai beaucoup de difficulté à savoir à qui en vouloir sincèrement. Les gens ont suivi le protocole. Ce qui m’a traumatisée c’est en fait d’être reduite à une machine. C’est l’absence d’émotions et de sentiments dans le processus de naissance qui déshumanise l’obstétrique. Et même de nier que ça se passe beaucoup dans la tête. Ce que je crois c’est le protocole qu’il faut abolir, oui j’irais jusque là pour se servir du gros bon sens.
    Je pense que sur ce point l’on devrait faire équipe. Maintenant que je me suis expliquer ma première question est toujours ouverte. Comment ces deux modes de pensée peuvent se rejoindre en faisant référence à cette question

  19. amina Yamgnane says:

    Merci Myriam, Merci beaucoup.
    Voilà , il me semble que votre propos dit très bien les choses, et qu’il en devient lisible. Et avec ça vous imposez à n’importe quel gynéco, y compris le plus récalcitrant et rétrograde, de réfléchir. Et c’est en faisant cela, de mon point de vu, que vos légitimes revendications vont nécessairement s’imposer.
    C’est aussi en faisant cela que vous permettez à des gynécos comme moi, qui pratiquent désormais de façon extrêmement différente, de soutenir nos actions, qui sont , de fait, très difficile à mettre en oeuvre, à rester crédibles, et à s’imposer comme des nouvelles façons de travailler. Je ne déclenche aucune femme, je ne fais que rarement des épisio, je n’examine jamais une femme pendant un suivi de grossesse, je n’examine jamais une femme jeune qui vient demander une contraception, je ne mets jamais une femme à poil, je ne vais jamais entre les cuisses d’une patiente pour faire un toucher vaginal, je ne pèse aucune femme… Je m’explique de ce que je vais faire quand je m’apprête à faire une écho endovaginale (la patiente me dit très généralement ” ah d’accord ! ” ou bien très rarement ” ah non , pas d’accord”) mais je me rends compte que je ne demande pas de consentement formel pour faire une écho endovaginale. Je vais donc encore m’améliorer.
    Je ne pars jamais à la conquête du consentement pendant l’accouchement, car je crois que même obtenu, à ce moment là, il ne peut pas être libre. J’ai réglé les questionnements les plus courants en consultation, et voilà pourquoi il ne m’intéresse plus de travailler à l’ Hôpital public où les cadences et l’organisation sont telles que nous accouchons des femmes que nous n’avons jamais vu, dont nous ne connaissons pas l’ histoire, les besoins, ni même le nom. J’en ai fini avec ces pratiques, qui relèvent des accouchoirs, comme le disait très justement Odile Buisson, et pas du soin à porter à une femme et son bébé et son ( sa) partenaire.
    Mais quand je commence à raconter cela par le menu à mes petits camarades , autant vous dire que je suis la risée de service !!! En revanche, avec un texte comme le votre, ou l’article à sortir dans Libé demain, personne ne rigole plus quand on commence à en parler.
    C’est parce que les médias, les femmes, les blogs etc… vont commencer à dire : les gynécos qui font des révisions utérines systématiques sont dans les mauvaises pratiques et nous les femmes nous n’acceptons plus cela qu’ils vont s’arrêter. C’est quand les hôpitaux vont devoir afficher leur nombre d’épisio, être comparé à l’hôpital d’en face, être boudés par les femmes, qu’ils vont changer, car leur financement dépend du nombre de femmes. En revanche, si on vient leur argumenter que telle la girafe, il faut laisser les femmes tranquilles et donc ne pas leur faire de révision utérine, ni d’épisio, alors vous êtes certaine, mais absolument certaine que rien ne changera. Et moi, je ne peux pas plus échanger avec mes collègues sur la nécessité qu’ils changent leurs pratiques, si je m’appuie sur votre témoignage quand celui ci nous ramène à la naissance de girafons, que l’ Hôpital c’est toujours et systématiquement l’enfer, et pour tout le monde, et que seul l’accouchement à la maison prévaudrait. C’est cela que je tentais de vous expliquer, et je pense que ça y est nous sommes parvenues à nous comprendre.

    J’ai pas dit que vous avez rencontré 17 professionnels mais 7. Oui là aussi, le fantasme ( y compris le votre) des femmes doit tomber, une seule personne ( une sage femme, une doula, un gynéco peut importe) ne peut accompagner dans l’enfantement une parturiente. Le mythe DU gynécologue ou de LA sage femme formidable doit définitivement tomber. Nous avons le devoir de nous appuyer les uns , les autres, sur une équipe pluridisciplinaire, c’est en faisant cela que la femme gagnera le plus en autonomie et qu’elle sera à même de faire le gros du chemin seule. En revanche , là où vous avez raison, c’est que cette affaire touche à l’intime de chaque femme, chaque patiente, et qu’il s’agit pour nous professionnels d’avoir des techniques de transmissions des contenus des dossiers qui soient respectueux des femmes. C’est toute la question du ” contenu des transmissions entre professionnels” qui est un champs très particulier de notre métier, et qu’il sait de maîtrise là aussi, sous peine de faire exploser les familles et les femmes.
    Si vous ne croisez jamais d’échographiste sur votre chemin, vous allez accoucher, comme il y a 30 ans, angoisse chevillée au corps de savoir si l’enfant est normal ou malformé. Et je vous garantis que lorsque cette question reste sans réponse, vous n’avez pas bcp de place pour savoir si l’ épisio est plus acceptable avec consentement ou sans. Si vous ne croisez pas d’anesthésiste, vous ne savez pas si vous aurez ( le cas échéant) une anesthésie générale ou pas, si vous serez en état de rencontrer votre bébé à la naissance, vous n’aurez aucun antalgique adapté à vos besoins, vous vivrez dans l’angoisse de savoir si vous n’intoxiquez pas votre bébé avec tous ces médicaments en cas de césarienne ( 20 % des femmes) et votre démarrage avec votre bébé sera un vrai cauchemar. Sans puéricultrice, sans sage femmes, sans auxiliaire de puériculture, point d’information sur l’allaitement, les compétences de votre bébé à téter, à vous entendre, à vous écouter, à vous regarder ; point d’information sur sa jaunisse éventuelle etc… sans pédiatre pas d’information, pas de prévention sur rien, la croissance, la prise de poids etc… Donc oui, vous avez rencontré au moins 7 professionnels tous différents dans leur fonction, et heureusement pour vous. Nos grands mères et arrières grands mères n’ont pas eu cette chance, interrogez les femmes âgées sur leurs enfantements, vous seriez édifiée. Même moi qui suit de la partie, j’en reste régulièrement sur mon cul.
    Pour aller au bout de mon raisonnement, je suis certaine, en tous cas l’ Histoire de la Médecine le démontre, que les médecins ne sont jamais le moteur des changements qui relèvent du confort des patients. Ce sont les femmes qui ont exigé et obtenu le droit d’avorter dans de dignes conditions, ce sont les femmes qui ont exigé de rencontrer leur bébé mort à l’issu d’une d’ IMG… ce sont les usagers qui réclament de mourir dans la dignité etc… Nous, notre vie professionnelle est organisée pour servir notre intérêt, notre sécurité, notre confort professionnel, sans ignorer ceux des usagers, mais quand même : c’est nous AVANT. C’est pour cela que personne n’est gêné dans les hôpitaux de continuer de réveiller des patients à 6h du matin pour vérifier la tension et la fréquence cardiaque. Parce que c’est l’infirmière de la nuit qui s’y colle, celle du jour ayant d’autres tâches dévolues. Personne ne s’arrête de faire cela, alors que toutes les études démontrent que réveiller un patient, le priver de sommeil relève du champs de la torture… Cela va s’arrêter quand les usagers vont dire : Merde, Stop ça suffit, nous exigeons que les choses se fassent autrement ! ça ne va pas s’arrêter parce que les patients vont dire, bon vous êtes des cons, et des tortionnaires… des mutilateurs sexuels donc je reste accoucher chez moi. L’effet pourrait même être contraire à celui recherché : un certain nombre de femmes qui ne devraient pas, vont rester à la maison et l’on va voir les emmerdements s’accumuler ( pour les femmes et leurs bébés en premier, là encore, nous , ça ne nous changera pas le quotidien). Les femmes qui seront venues à l’ hôpital , en revendiquant d’y être bien traitées, vont se faire envoyer bouler ; genre “ben faîtes comme vos petites copines, restez accoucher à la maison ! si vous venez ici Mme Vous me subissez, sinon vous n’avez qu’à rester chez vous” (Ce ne sera jamais comme cela textuellement, mais c’est bien cela qu’il faudra comprendre) . Et les plus fragiles des médecins, irrités par ce bashing brutal et bruyant, se vengeront sur les pauvres qui continuerons de fréquenter les hôpitaux. Car, hélas, en dépit de la place très particulière que nous occupons, nous ( les médecins) ne sommes jamais que des hommes, sujet aux 7 pêchers capitaux de la médecine : la curiosité malsaine, la prise de pouvoir, le paternalisme, le sexisme, le défaut d’information, et le mensonge, et le règlement de compte entre praticiens ( je vous invite à déterrer les archives – pcq vous êtes nécessairement jeune- à Poitiers dans les années 80, la rivalité entre 2 anesthésistes à fait que l’un des 2 a tué le patient de l’autre pour se venger, de ce jour là, on a changer toutes les prises de gaz dans toutes les salles d’opération de France, voire du monde ! c’est vous dire).

    Mais pour répondre à votre question fondamentale, non je ne pense pas qu’un médecin ait besoin d’intervenir à chaque accouchement, loin s’en faut. En terme d’accouchements les femmes ont besoin de notre intervention dans 20 % des cas, pas plus. C’est le taux d’enfants qui ne peuvent sortir seuls, sans césarienne du ventre de sa mère. ET ce chiffre pourrait peut être diminuer si les femmes avaient plus confiance en elle, charge du professionnel de santé.
    En terme d’instrumentation ( forceps , ventouse), j’affirme aussi, que dans le cadre d’un suivi bien fait, avec des femmes en confiance, leur usage reste anecdotique. En revanche, oui et là est un des travers de l’ Obstétrique dite moderne, quand vous commencez à déclencher le travail… le taux d’instrumentation avoisine les 20 % avec autant d’ épisio. La formation des médecins est en cause bien entendu. L’organisation des salles de naissance aussi : quand vous êtes le chef d’un Service de 4000 naissances par an, vous devez faire naitre en moyenne 11 enfants par jour, voire 15 sur les jours ouvrés si on tient en compte que samedi et dimanche c’est relâche à cause de la réduction d’effectif. Pour ces Maternités, le chef de service dispose de 15 salles de naissance en général. Faire naitre 11 enfants par jour, si vous laisser faire la nature, vous avez des jours à 5 naissances et des jours à 22 naissances. ça ne rentre pas dans les murs, pas besoin d’avoir fait polytechnique pour comprendre cela. Donc vous êtes acculés à pratiquer une politique de déclenchements… parce que sur le plan juridique, quand une femme franchit la porte de la Maternité, le chef de service engage sa responsabilité. Donc aujourd’hui les poids lourds de l’ Obstétrique française en sont rendus à donner le conseil de ne déclencher que un nombre N-1 de femmes par rapport au nombre de salles de naissance. Si vus avez 15 salles de naissance, vous ne déclencherez JAMAIS plus de 14 femmes, sinon vous n’êtes pas en mesure d’accueillir une femme qui viendrait en travail spontané. Imaginez à quoi les gars en sont rendus. Eux aussi, plaident comme ils peuvent la cause de leur Maternité, en pure perte à ma connaissance. On nous bassine avec le trou de la sécu. Et de cela aussi, les femmes devraient être bien informées. Pas de santé publique de qualité sans politique de santé solide. Du côté des femmes c’est une véritable lutte pour faire admettre et comprendre à certaines femmes (assez nombreuses d’ailleurs) que on peut atteindre voire dépasser son terme et qu’il faut savoir patienter. Elle sont nombreuses, même si elles sont formées et informées à vous scier les côtes pour avoir un déclenchement. Tous les motifs sont bons : naitre avant le 31 décembre à cause des impôts,à cause de l’inscription à l’ école, à cause des places de crèches, pour pouvoir être à la communion du neveu, pour ne pas annuler les billets de train de la belle mère, la canicule, les hémorroïdes etc… Alors il est vrai, que je règle la question du dépassement de terme dès que la période de risque potentiel de fausse couche est passé. Comme ça, les familles ont le temps d’anticiper, et ça apaise le débat une fois le terme atteint, le cas échéant.
    En terme d ‘évaluation du bien être physique et psychique des mères et des bébés, 100 % des femmes enceintes a besoin de rencontrer un professionnel de la santé. Parce que , nonobstant l’importante question de la naissance, il y a bcp d’autres choses auxquelles porter attention : risques de dépression du post natal, des conditions de travail et de transport, l’arrivée du bébé dans la famille, l’état de la fratrie, des sujets complexes des familles recomposées. alors quand je raconte ça à mes collègues, certains me répondent, ” ah ouais ? mais là non ! ” Or à mon sens, c’est là que prend réellement toute la puissance de la dimension du soin, en gynéco en tout cas ( je ne cause que de ce que je connais). Je ne vois pas comment je peux accompagner une femme qui me choisit pour l’aider à mettre au monde un enfant, sans me soucier de avec qui elle le fait ( au sens est ce que tout colle bien entre vous), et je tombe, par définition statistique sur 10 % de femmes qui subissent les violences conjugales, comment elle l’ a fait ( et je tombe sur les 10 % de femmes qui ont subit les violences sexuelles), comment elles vont ( et je tombe sur les 15 à 20 % de femmes qui ont de sérieux facteurs de risque de faire une dépression post natale)… etc , et donc changer nos pratiques, à la fois concernant le vagin des femmes, mais pour tout le reste aussi, relève d’un effort colossal que les gynécos ne consentiront jamais à produire sous le coup de l’insulte ou l’invective. Ils ne le feront que, acculés par le ridicule dénoncé de certaines et pas si rares, situations actuelles. J’espère avoir répondu à votre question : “Comment ces deux modes de pensée peuvent se rejoindre”.
    Mon métier est passionnant, harassant, et gratifiant. Les 3 à la fois, sans distinction.

    • Anne says:

      @ Amina: votre commentaire est très intéressant notamment sur la façon dont vous faites évoluer vos pratiques. Et rassurant, bien entendu.
      Sur la forme de la communication toutefois, la revendication est nécessairement chargée de colère, je ne vous l’apprends pas. Colère parce qu’intimité bafouée, parce que peur, parce que douleur, parce que pas d’écoute, parce que pas d’empathie. Colère parce que trop de choses tues, laissées de côté, cachées, masquées, étouffantes, parce que la pression de la cocotte est devenue insupportable: la colère n’est pas toujours malsaine, elle est souvent nécessaire. Quand on se sent prisonnier d’un système, c’est un réflexe de survie que d’essayer de briser les vitres à la force des poignets et de s’y heurter les ongles. Penser qu’il suffit de dire que les choses doivent s’apaiser pour qu’elles s’apaisent est une hérésie, ce serait comme fermer de force la bouche des femmes: que les médecins apprennent à faire avec, cela fait partie de leur métier, comme toute profession qui touche au social et à la santé. Cela ne fait pas plaisir, mais c’est ainsi.
      Bien entendu, la colère n’est pas éternelle, elle n’est qu’une étape: mais le mieux pour moi est encore de la laisser passer.

      • amina yamgnane says:

        Bonjour Anne,
        oui je partage votre avis : le temps de la colère est un, et est indispensable et j’ai écrit qe en cela, l’initiative qui permet aux femmes de dire est salvatrice et je la salue.
        Et par ailleurs, je demandais à Myriam et Marie Hélène, une fois ce temps passé, que fait on ? alors on s’entend, la colère de la dame qui entrain de se faire maltraiter pdt que nous échangeons va sortir dans 2 ou 10 mois. Mais ici, dans ce blog, je pense que l’on devrait pouvoir passer à l’étape 2, celui d’une co construction.Mais notre discussion est celle que bcp on eu avant nous. je compare toujours la lutte pour les droits des femmes, à celle pour les droits des Noirs. Il y a eu les tenants de la lutte violente et les tenants de la lutte pacifique. Chacun a fait des parcours différents, certains ont viré de bord, dans un sens ou dans un autre d’ailleurs. Ici nous ne sommes pas entrain de ré inventer l’eau tiède, nous sommes aux prises avec les mêmes contingence. C’est à dire que clairement je partage sans équivoque la nécessité de mener ce combat. Aujourd’hui je suis une tenante d’une lutte non violente, on va dire non agressive pour être précise, des femmes dans ce combat ( on s’entend, violence verbale) . Mais bon, la une de Libé ce matin est réjouissante, ça va finir par décoincer, j’en suis certaine ! haut les coeurs

    • Myriam says:

      Bonjour Amina,
      Je suis très contente que l’on se rejoint de plus en plus. C’est très positif j’en suis egalement ravie. J’ose parler au nous, nous avons fait un beau travail de compréhension.

      Vous savez militer est épuisant ,usant et difficile. Je fais du mieux que je peux pour parvenir à exprimer clairement mon opinion, parfois je prends des raccourcis peut-être trop court en essayant de resumer ma pensée, puisque ce que je vous ai écrit hier, je l’ai répèter à maintes reprises sur ce blog. Autrement dit, mon histoire a été élaborée ardemment, je le fréquente depuis 1 an et demie, normal. Mais je comprends tout à fait que pour de nouveaux internaudes il faut réexpliquer. Surtout que ce blog est bourré de contenu et de temoignages, le parcourir de long en large serait quasiment un travail universitaire. Marie-Hélène doit en savoir quelque chose de cette usure du militantisme. Je crois par ailleurs que le contenu “scientifique” argumentaire sur le sujet commence à saturer, le sujet ( pas les témoignages) commence à être épuisé je trouve.

      Votre commentaire est très intéressant, je suis assez en accord avec vous. Je vous invite à lire le commentaire de CMA dans le sujet le plus récent du blog , il vous prendra probablement beaucoup de temps à répondre. De mon côté j’ai dit pas mal ce que je pensais, je vais lire ce que les autres ont a dire avant d’intervenir. J’ai également très hâte que la principale intéressé et la “directrice” ☺ du blog intervienne et constate que malgré une certaine morosité ces derniers jours la conversation semble avancée.

      Je vais apporter une rectification. La question que je vous posais sur les 17 personnes, je parlais de mon cas… J’ai été “manipulé” lors de cet accouchement par 17 personnes… 3 équipes une de jour une de nuit et une nouvelle le lendemain matin pour la poussée, et lorsque je disais que ce genre d’accouchement durait entre 18 et21h, j’étais standard il a duré 22h on m a fait attendre un peu plus de 2h pour la poussée. Pas besoin de dire combien c’est inhumain et traumatisant en soi déjà. Et étant donné que j’étais standard, c’est la norme pour les femmes subissant ce genre d’accouchement. Alors j’ai de la difficulté à mettre un visage sur mon traumatisme.

      Je suis une Québécoise “canadienne” , qui vit maintenant au Maroc et qui a donné naissance il y 2 mois au Maroc. Je m’implique beaucoup sur ce blog car je sens que ça bouge en France. Je souhaite éventuellement ramener le sujet au Québec ou peut-être au Maroc, nous n’avons pas encore tranchée la question d’où allons nous vivre. Marie-Hélène fait un travail admirable, j’apprends comment militer sur ce sujet. Je tiens à dire que oui j’ai une certaine lâcheté à m’être sauvé comme ça pour vivre une grossesse et un accouchement serein et à mon goût. C’était trop pour moi d’affronter le monde médical
      ,les remarques des proches et de la société et même d’espéré avoir une place avec une sage-femme (2000 demandes rejetés seulement à Montréal par année). Je sais c’est dangereux mais j’ai tellement pas confiance que je préférais dans le cas échéant accoucher seule à la maison. Alors j’étais mieux d’ être au Maroc. Je suis tombée enceinte une semaine avant notre départ par pur hasard, c’était plus ou moins un accident. Je pense que mon expérience mérite tout de même de s’y attarder, et qu’elle aura un certain tournant dans ma vie…

    • sevestre says:

      Je voulais juste vous dire que j’apprécie énormément votre point de vue et analyse concernant la situation en France dans les cliniques, hôpitaux et l’impact que cela a sur la prise en charge des femmes lors de leurs accouchements. J’aimerais beaucoup que tous vos confrères soient comme vous, et quand je vous lis dire que la plupart du temps ils vous moquent et critiquent vos méthodes je suis extrêmement déçue. J’espère que cela changera.

  20. amina says:

    Myriam
    au sujet des 17 personnes qui vous ont manipulées comme vous dites…
    la naissance du petit d’homme est longue et suppose respect, en tous cas, c’est votre revendication et elle est juste. Votre accouchement aura duré 22h… je ne connais pas bcp de professionnels qui bossent durant 22h d’affilée ! et heureusement, bonjour la compétence avec une telle fatigue.
    Et surtout, pensez bien que si l’équipe qui vous prend en charge à H0 reste avec vous durant 22H, vous savez bien que à H14, une autre parturiente est arrivée elle aussi, et peut être aussi pour 22h comme vous. Que fait l’équipe ? elle reste 365 /365 sur le pont, histoire de garantir la continuité absolue des praticiens à chaque femme ? Je suis d’accord qu’il nous faut accepter de voir les besoins des femmes. Et vice versa… Si Mélenchon connaissait vos rêves secrets. Il serait vert… Et à l’entendre il vous faudra renoncer à accoucher les dimanches et les fériés, hein 😉 ET c’est aussi pour cela que je dis, que l’anticipation des femmes quant à l’aventure qu’elles vont vivre est indispensable. Oui vous allez rencontrer des gens nombreux et très divers, et oui cela suppose de votre part une certaine souplesse. Oui je vais commencer à aider une femme en début de travail et ne jamais l’accoucher. Ça me demande aussi de renoncer à accoucher la super femme avec qui je m’entends à merveille, et me contenter d’une autre, avec qui je n’ai aucun atome crochu. C’est ainsi, vous comme moi, ne sommes jamais que des hommes doués d’émotions et de sentiments. Ni notre système actuel, ni aucun système, pas même une sage-femme ou un GO à domicile ne peut offrir à chacune des 800 000 femmes qui accouchent chaque année, 22 h ou 75 h (comme le relate Louis dans son expérience) à chaque parturiente. Imaginer le contraire suppose un sacré nombrilisme. Pour votre information, en France, chaque jour 3500 femmes terminent leur grossesse : par une FC, une IVG ou une naissance d’un enfant mort, vivant, en bonne santé ou handicapé.

    • Myriam says:

      Au Québec,
      Lorsque nous avons la chance d’avoir une sage-femme, on nous attribue deux sage-femmes. Une principale qui sera en théorie présente le jour J et une deuxième au cas où celle-ci ne serait pas sur rappel ou disponible. Je trouve ce jumelage judicieux et cette façon de faire humaine et adaptée aux besoins de la patiente et de la sage-femme. Il n’est pas rare dans les récits d’accouchement à domicile que la sage-femme laisse la place à une consoeur ou se retire tout en étant de garde pour se reposer ou dormir. C’est nettement mieux que 17 parfaits inconnus

  21. philippe says:

    Je suis tombé par hasard sur le débat de France Inter, et j´ai apprécié comment le Docteur Odile Buisson a fermement démonté tous les arguments stupides que vous essayez obstinément d´aligner. La lutte contre l´obscurantisme, c´est un combat millénaire, on ne vous laissera jamais tranquille, soyez en sure. Et sur le long terme, vous perdrez ce combat, comme vous avez perdu tous les autres depuis l´aube de l´humanité.

    Je ne suis pas étonné de lire dans ce billet une tentative de ré-écriture de l´histoire, en une sorte de plaidoyer pro-domo pathétique, fielleux et mensonger. Ca plaira à vos affidés et ca ne trompera pas les autres. Parce que le podcast permettra à tout ceux qui veulent vraiment savoir de constater que le 17 juillet, ca ne s´est pas du tout passé comme ca.

    • Louis says:

      Bonjour Philippe,

      la lutte contre l’obscurantisme passe par l’accès à l’information : voulez-vous bien détailler l’obscur fourbi argumentaire fortement para logique et haineux que vous nous avez servi ? à moins que vous n’ayez pas la clarté d’esprit nécessaire, auquel cas, bon courage dans votre lutte, mais ce n’est pas chez les autres que vous la gagnerez.

    • Maryline says:

      @Philippe : Qui a perdu tous les combats depuis l’aube de l’humanité ? Les femmes ?
      Et qui est obscurantiste ? La femme qui pose des questions sur ce qui la concerne au premier chef, afin d’être éclairée enfin ? La femme qui refuse d’être maintenue dans l’ignorance, qui refuse d’être infantilisée, d’être parfois maltraitée ?
      Quand j’entends ma grand-tante me dire qu’elle est partie accoucher sans aucune information sur ce qui aller se passer, je suis peinée pour elle. Dans le domaine de l’accouchement, nous avons gagné certains combats. Il y a eu la mise en place des cours de préparation par exemple (même si c’est bien insuffisant, mais c’est un bon début, qui nous permet de nous approprier un peu notre corps, notre vécu – à améliorer), il y a eu la gratuité pour toutes de la péridurale, même si c’est vrai que cela a entraîné une systématisation que certaines trouvent délétère. Mais sur ce point, nous avons gagné le droit (pour la plupart d’entre nous, si nous le souhaitons) d’être soulagées de cette terrible douleur de l’enfantement promise. Pour celles qui ont décidé de ne pas souffrir ou le moins possible. Nous avons gagné le droit de ne plus mourir en couches, ou le moins possible. Et ne vous en déplaise, nous gagnerons d’autres combats, même si cela doit prendre encore plusieurs siècles.
      Les femmes (dont j’ai l’honneur de faire partie) ont certainement beaucoup à nous apprendre, pour peu qu’on les laisse s’exprimer, qu’on les écoute sans les traiter de menteuses quand ce qu’elles disent parait à peine croyable d’horreur, quand notamment elles parlent des violences obstétricales et ont l’immense courage de dénoncer.
      Pour moi, l’obscurantisme, c’est continuer à mentir aux femmes (et aux hommes aussi d’ailleurs), les laisser ignorantes de leur condition, ne pas interroger certaines pratiques en cours, ne surtout pas essayer de remettre en question la médecine de l’accouchement, l’accompagnement tel qu’il est réalisé.
      Visiblement, même si le temps où l’on allait chercher l’enfant mal positionné à la tenaille dans le ventre de sa mère est révolu, il reste des pratiques délétères, des souffrances infligées inutilement et parfois malheureusement des actes barbares (césarienne à froid… vous en voudriez, vous ?), donc nous pouvons encore nous interroger et faire progresser les choses, améliorer encore la condition féminine. C’est de toute façon nécessaire, et on ne peut pas attendre des femmes qu’elles continuent à se taire et à faire comme si. Et laisser les choses en l’état. Le XXIème siècle ne signe heureusement pas la fin du progrès, pas plus que le XXème, ou le XVème. Il y aura d’autres siècles, et de nouvelles évolutions, et de nouvelles pratiques. L’Humanité ne s’arrête pas.
      Là où je vous rejoins un peu, c’est qu’étant homme visiblement, on ne peut pas vous demander de comprendre. Car comme le disait un ancien collègue “c’est toujours plus facile de relativiser quand on ne vit pas les choses dans son corps”. Ceci dit, comme la violence existe de toutes façons malheureusement en milieu hospitalier, vous penserez à nous le jour où l’aide-soignant de garde vous dira alors que vous gémissez de douleur dans votre fauteuil : “Monsieur, il faut arrêter de chouiner pour rien” (fracture du bassin). Et ce jour là, vous comprendrez mieux les revendications des parturientes… Ce jour là, vous saurez que très probablement nous disons vrai, qu’il est tout à fait possible que les violences obstétricales existent sous toutes sortes de formes, et qu’il est essentiel de faire évoluer les pratiques, changer les mentalités…

  22. Emma says:

    Merci, merci, je peux rassurer quelques unes de celles qui ont eu une ou deux épisiotomies – mon cas -, cela n’enlève pas les sensations , mais il vaut mieux attendre un délai raisonnable avant le prochain rapport -mon mari a patienté toute la période des saignements du retour de couche. Par contre maintenant depuis ma ménopause j’ai l’impression que c’est plus compliqué. Vous avez surtout des témoignages de jeunes femmes mais il vous faut aussi des témoignages de mamies. D’autre part, j’ai vu la série “call the midwife” traduction “appelez la sage femme”, dans laquel on voit des positions plus intelligentes pour accoucher, j’ai toujours pensé que c’est une abbhération de nous mettre sur le dos les pieds dans les étrillé, pour le confort du medecin en nous appuyant sur le ventre alors qu’il y a la gravité qui peut faire descendre le bébè, et cela c’est pas compliqué. Cette série est géniale.

  23. hasnae says:

    Très bel article bonne continuation.

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