Communiqué de presse: Touchers vaginaux sans consentement

Communiqué de presse

Touchers vaginaux sans consentement : les auteurs de la pétition se félicitent des annonces de la Ministre et réclament des engagements concrets aux organisations professionnelles.

30 octobre 2015

Depuis plusieurs mois nous alarmons les autorités sur les conditions d’enseignement pratiques des gestes médicaux, et affirmons notre désaccord avec une conception de la médecine, et de l’enseignement de la médecine, qui ferait fi du consentement des patients.

Face à l’accumulation d’indices relevés dans des documents pédagogiques, de témoignages crédibles d’étudiants ou d’anciens étudiants, de prises de position confuses, ambivalentes voire franchement déviantes de médecins et d’enseignants, nous avons acquis la certitude de ce que certains droits fondamentaux des patients n’ont pas encore trouvé leur place dans la pratique médicale et pédagogique quotidienne dans notre pays.

Les auteurs de la tribune sur les touchers vaginaux ont appris avec satisfaction qu’un rapport a été commandé au Président de la conférence des doyens et constatent que les résultats de cette première enquête viennent corroborer leurs craintes. Ils se félicitent des mesures prises par la Ministre, et en particulier de la mission IGAS IGAENR qui permettra d’évaluer précisément ce que les institutions mettent en œuvre pour garantir des conditions d’enseignement respectueuses des droits.

Ces décisions ministérielles nécessaires étant prises, il appartient désormais aux organisations professionnelles de prendre leurs responsabilités et de se mobiliser concrètement à leur tour en faveur d’une médecine respectueuse de la loi et bientraitante, prenant en compte la vulnérabilité toute particulière des patients touchés dans leur intimité.

Nous demandons ainsi :

– à la Conférence des Doyens de Facultés de Médecine de participer activement et en toute transparence à la mission IGAS IGAENR, en menant une large enquête auprès des étudiants sur le modèle de celle réalisée par la faculté de médecine de Nantes

– au Président du Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français d’inscrire officiellement ce point à l’ordre du jour de son congrès de décembre

– au Président de la Fédération des Spécialités Médicales de réunir les représentants de toutes les spécialités médicales concernées par l’abord de la sphère intime (gynécologie, obstétrique, mais aussi urologie et chirurgie viscérale), pour qu’elles définissent ensemble un programme d’élaboration de règles de bonnes pratiques professionnelles

– à l’Académie de Médecine et à l’Académie de Chirurgie de prendre position officielle sur le respect du consentement et la bientraitance dans la pratique médicale

– à l’Ordre des Médecins de rappeler une nouvelle fois les règles de déontologie, leur caractère non négociable, et poursuivre les auteurs d’infractions caractérisées.

Le recours à la simulation ne saurait constituer une réponse à nos revendications. La simulation est utile dans la formation du médecin pour lui permettre de s’exercer sur les actes dangereux ou douloureux sans mettre en danger le patient, mais un mannequin n’apprendra jamais à l’étudiant à recueillir un consentement. Nous ne sommes pas opposés à ce que les étudiants se forment sur nous, nous exigeons simplement le respect de nos droits à savoir que notre consentement soit recueilli, et que nous puissions le retirer à tout moment librement.

Nous soulignons par ailleurs que les citoyens, patients actuels et à venir, observent la façon dont les organisations professionnelles écoutent et réagissent. Certains d’entre eux ont commencé à élaborer des listes de soignants bientraitants. Si les organisations professionnelles ne s’emparent pas vigoureusement de ce sujet, restent dans le déni, la minimisation, le silence complice, il est à craindre qu’apparaissent, à terme, de véritables listes noires.

Contact : Contacts :

Clara de BORT, directrice d’hôpital, auteure du blog http://enjupe.com / clara.debort@gmail.com / 06.30.90.50.34

Béatrice KAMMERER, présidente et fondatrice de l’association d’éducation populaire Les Vendredis Intellos www.lesvendredisintellos.com / beatricekammerer@hotmail.com / 06 84 12 92 66

Marie-Hélène LAHAYE, juriste, féministe, auteure du blog “Marie accouche là” http://marieaccouchela.blog.lemonde.fr/ mhlahaye@gmail.com 06 95 42 58 19

Karim IBAZATENE, pharmacien, auteur du blog https://lacoupedhygie.wordpress.com/

 

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5 Responses to Communiqué de presse: Touchers vaginaux sans consentement

  1. Mich60 says:

    Bravo pour le contenu de ce communiqué de presse. Il n’y a rien à retirer ni à ajouter.

  2. L3a says:

    Salut Marie-Hélène,
    Je viens de terminer mon stage de gynécologie et j’ai bien vu que c’est la réalité.
    J’ai rencontré une femme gynécologue super qui, en consultation, demandait aux femmes si cela les dérangeait que j’effectue un toucher vaginal. Sur les 4 femmes, aucune n’a refusé. Je suis très reconnaissante envers ces femmes. Certains médecins n’ont pas compris le fait que je puisse pratiquer un toucher vaginal sur une patiente en consultation, et donc consciente, car celle-ci subissait deux fois le TV (la gynéco et moi) et me conseillait vivement de faire ça en salle d’opération!! Je comprends que nous devions être formés, mais je ne comprends pas qu’on puisse prendre les patients comme juste de la chair humaine en salle d’opération (et pas que là d’ailleurs) … triste médecine… 🙁

    • Louis says:

      Ces médecins, si nombreux soient-ils, ne devraient pas avoir le droit d’exercer ni d’enseigner. Entre les touchers au bloc et le GHB en boite de nuit, la différence n’existe pas, il s’agit juste au fond de minables incapables de demander et de respecter leur prochain voire pire, de moutons lobotomisés capables de détruire des vies sans y prendre garde, juste parce qu’on leur a dit de faire comme ça ou pour faire ou savoir faire comme les autres.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Merci pour ton témoignage L3a.

      C’est effectivement grâce à des étudiants en médecine (choqués par ce qu’on leur demandait de faire) que ces pratiques ont été mises à jours. Surtout garde ton sens de l’éthique et du respect des femmes. La médecine a besoin d’une révolution dans ce domaine.

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