Comme beaucoup d’entre vous, j’ai passé la journée d’hier collée aux informations et agrippée aux réseaux sociaux. D’abord incrédule, découvrant peu à peu tant l’horreur que le nom des victimes, je mesurais la gorge serrée et les larmes aux yeux cette atteinte à nos libertés fondamentales et au socle de notre démocratie.
Malheureusement, j’ai très vite été confrontée à des propos qui ont aggravé mon indignation. Face à cette tuerie, certaines personnes de mon entourage ont réagi en balayant l’événement d’un « ce n’est pas étonnant avec ce qu’ils publiaient », parfois même complété à demi-mot par un « ils l’ont bien cherché ». Comme si la simple expression d’idées, si choquantes soient-elles, pouvait expliquer, voire justifier, la mort de personnes. Comme si de simples crayonnages, si révoltants soient-ils, étaient à mettre sur le même plan qu’une attaque à l’arme de guerre.
Au fil de la journée, alors le monde entier se ralliait à ces valeurs de liberté au cri de « je suis Charlie », mon indignation s’est amplifiée face à certains commentateurs en quête d’originalité sur le mode « je ne suis pas Charlie ». Cherchant à s’extraire de cette communion probablement jugée trop moutonnière, ils se sont mis à disserter sur le contenu de Charlie Hebdo, arguant que puisqu’ils n’ont jamais apprécié le ton ni la ligne éditoriale du journal, ils ne pouvaient s’associer pleinement à cette dénonciation unanime. Ils font malheureusement preuve du même aveuglement que les précédents en bradant le respect de la vie humaine au nom de l’affirmation de leurs opinions particulières, si pertinentes soient-elles. Moi non plus je n’aimais pas énormément Charlie Hebdo. Moi aussi je trouvais la teneur du journal parfois raciste, sexiste et homophobe. Pour moi également, les caricatures étaient souvent teintées de mauvais goût, de provocation simpliste et d’une pertinence moyenne. Mais qu’importent mes idées sur ce contenu, qu’importe la qualité intrinsèque ou subjective de ces pages, je préfère irrévocablement voir leurs auteurs en vie plutôt que morts.
J’espère que ce terrible événement renforcera nos valeurs de liberté et de respect de l’être humain. Je ne suis pas surprise qu’au lendemain de ces assassinats se mettent à circuler des propos haineux visant à diviser l’humanité en bons et méchants, à polariser notre société entre les communautés respectables et celles à combattre. Il n’aura pas fallu bien longtemps pour que surgissent des appels à la peine de mort, cette pulsion vengeresse d’anéantissement de l’Autre, cette obstination macabre à ce que les morts fassent des petits. Des défenseurs acharnés de la liberté de presse et de la liberté d’expression ont été tués. Mais aussi un policier musulman, au service de l’État de Droit, dont la mission était de les protéger. Face aux fanatismes, notre plus grand rempart est l’affirmation sans concession de notre humanisme, de nos libertés, de notre démocratie. Face aux terroristes, notre plus beau bouclier est de continuer à célébrer la vie par la joie, par le bonheur et par le rire. Que nos claviers, nos stylos et nos crayons puissent en être les meilleures armes.
Je laisse le lien de mon dernier billet de blog en guise de commentaire.
http://blondepulpeuse.wordpress.com/2015/01/09/moi-aussi-je-suis-charlie/
Bonne lecture !
Très bon billet. Belle critique du dessin sur la couverture de Charlie Hebdo que je partage évidemment entièrement.