Milgram dans la salle d’accouchement

Mon billet précédent « des femmes accouchent même sous la torture » a suscité des réactions de différentes provenances. En effet, le parallèle que j’établissais entre les pratiques obstétricales pendant l’accouchement et les différentes formes de torture a provoqué un certain malaise auprès de beaucoup de personnes, y compris parmi celles qui partagent mes opinions sur le sujet. Si les actes sont exactement les mêmes dans la salle d’accouchement et dans la salle de torture, une différence fondamentale se situe au niveau du caractère intentionnel de la personne qui les pose. Un tortionnaire inflige des tortures de façon volontaire, dans le but premier de faire souffrir son supplicié, afin d’obtenir des aveux ou avec un objectif de soumission ou de punition. Un médecin est au contraire une personne animée de nobles intentions, qui a généralement choisi sa profession dans un but altruiste, pour sauver des gens, pour leur apporter soin, secours et soutien, et qui n’a donc, si on excepte les rares cas de sadisme, aucune volonté de faire souffrir ses patientes.

La question qui me taraude depuis maintenant deux ans que je creuse le sujet en profondeur, c’est pourquoi le monde médical se comporte avec une telle violence lorsqu’il s’agit de l’accouchement ? Pourquoi tous les hôpitaux n’ont-ils pas adopté les recommandations de l’OMS en vigueur depuis 15 ans ? Pourquoi l’ensemble des sages-femmes et des obstétriciens n’intègrent-ils pas dans leurs pratiques les résultats des nombreuses études existantes depuis les années 1980, qui démontrent l’effet cascade des actes médicaux sur les parturientes, les complications engendrées par les interventions  et les traumatismes profonds causés à bon nombre de femmes ? Qu’est-ce qui explique cette résistance face aux changements et l’incapacité à prendre en compte les résultats de l’ensemble des recherches médicales sur le sujet qui sont pourtant très simples à mettre en œuvre et ne nécessitent presque pas de moyens financiers ? Pourquoi le département d’obstétrique des hôpitaux diffère tant des autres domaines médicaux en ne déployant pas la même réactivité face aux dernières découvertes de la recherche ?

Ensuite, qu’est-ce qui explique le consensus social autour de ces pratiques ? Pourquoi la société tout entière considère normal que bon nombre de femmes sortent de la maternité avec des séquelles physiques importantes (douleurs abdominales et vaginales, fuites urinaires parfois à vie, souffrance pendant les relations sexuelles…) et des traumatismes psychiques qui perdurent parfois pendant plusieurs années ? Pourquoi les nombreux témoignages de femmes ayant subi des violences obstétricales extrêmes pendant leur accouchement ne débouchent que sur une écoute polie, un peu gênée, ou simplement résignée, mais de soulèvent pas de vagues d’indignation ? Pourquoi une majorité de la population fait-elle corps avec les médecins en volant à leur secours malgré les preuves flagrantes de défaillance ? Et finalement pourquoi, à côté des nombreuses manifestations de soutien de femmes ayant accouché et se reconnaissant dans mes propos, mon blog suscite-t-il des réactions de rejets parce que je vise spécifiquement le monde médical qui serait, semble-t-il, intouchable ?

Pour illustrer mon propos, voici un exemple réel tout récent. Le mois dernier, une Mexicaine est parvenue à faire condamner l’État américain parce que, durant sa détention, elle a été forcée d’accoucher en étant menottée à la table. Elle a été arrêtée parce qu’elle n’avait pas de papiers en règle alors qu’elle était enceinte de neuf mois, et a dû mettre son enfant au monde dans ces conditions. Elle a finalement obtenu gain de cause puisque, depuis 2008, il existe aux États-Unis une interdiction d’entraver les femmes enceintes en détention. Comme tous les défenseurs des droits humains, je ne peux évidemment qu’être satisfaite de cette condamnation. Mais ce qui est paradoxal, c’est que durant cette même période, dans un certain nombre d’hôpitaux européens, des femmes étaient obligées (et le sont toujours) de mettre au monde leur bébé en étant attachées à la table d’accouchement, et ce dans l’indifférence générale. Dans les deux situations, il s’agit exactement du même acte, de la même entrave, qui ont les mêmes conséquences douloureuses pour la femme, le même impact délétère sur le bon déroulement de la naissance, et qui causent un même traumatisme à la parturiente. Quand cette situation se passe dans une prison, l’opinion publique et les défenseurs des droits humains s’indignent, et à juste titre. Quant cette situation se passe dans un hôpital, un consensus social se met en place pour la considérer comme normale, non discutable et non interpelante. Pourquoi cette différence ?

« L’expérience de Milgram », m’a soufflé Blandine qui intervient dans les commentaires du blog.

Pour rappel, Milgram a mené dans les années 1960 une expérience destinée à comprendre les mécanismes d’obéissance à l’autorité. Dans ce contexte d’après-guerre, ce chercheur a voulu comprendre comment des personnes a priori normales et saines d’esprit ont pu commettre les pires atrocités en appliquant les ordres reçus. Pour l’expérience, deux volontaires étaient invités à adopter respectivement un rôle de moniteur et un rôle d’élève. Il leur a été expliqué que le but de l’expérience était d’évaluer l’efficacité de la punition sur l’apprentissage. Le volontaire-moniteur était installé devant un panneau électrique composés d’interrupteurs à augmentation graduelle de 15 volts jusqu’à 450 volts, tandis que l’élève s’asseyait sur une chaise raccordée à ce tableau électrique. Un examinateur, portant une blouse blanche, était présent dans la pièce et veillait au bon déroulement de l’expérience. Depuis son panneau électrique, le moniteur lisait une liste d’association de mots que l’élève était sensé retenir. Puis il prononçait un mot, et l’élève devait répondre par celui correspondant. Chaque erreur était sanctionnée par une décharge électrique de plus en plus forte, les dernières étant mortelles. Ce que le moniteur ne savait pas, c’est que l’élève était un comédien et qu’aucun courant électrique n’était envoyé vers la chaise. Alors que les estimations préalables des psychiatres étaient qu’un individu sur mille allait poursuivre les ordres jusqu’à la décharge maximale, Milgram a été consterné en observant que 60 % des quidams étaient capables de torturer jusqu’à la mort une personne inconnue, qui ne leur avait rien fait, et dont la seule faute était de se tromper dans un test de mémoire, simplement en exécutant les ordres d’une autorité. Cette expérience a été mise en scène dans le film I comme Icare dont l’extrait est disponible ici.

Ce qui m’interpelle dans cette expérience par rapport au sujet qui nous occupe, c’est la blouse blanche de l’examinateur. La blouse blanche qui incarne l’autorité. De nombreuses variantes de cette expérience ont été menées afin d’affiner le degré d’adhésion à l’autorité mais aucune recherche n’a porté sur différentes représentations de l’autorité. Les résultats auraient-ils été identiques si au lieu d’un homme ayant les attributs d’un médecin, les ordres avaient été donnés par un patron, un homme politique, un professeur ou un responsable religieux ? Je l’ignore. Quoi qu’il en soit, dans notre société, le pouvoir conféré symboliquement par la blouse blanche est particulièrement puissant.

L’expérience de Milgram peut-elle expliquer la violence exercée par l’équipe médicale lors des accouchements ? Bon nombre d’obstétriciens et de sages-femmes justifient leurs gestes invasifs par le respect des protocoles médicaux qui, s’ils n’étaient pas suivis, entraîneraient un défaut de prise en charge par les assurances en cas d’erreur médicale ou les mettraient en difficulté par rapport à leur hiérarchie hospitalière. Le médecin est donc soumis à une autorité institutionnelle, plutôt désincarnée, voire diffuse, dont les ordres sont détaillés dans un document écrit. Une autorité somme toute assez éloignée des conditions expérimentales de Milgram. Ensuite, ces protocoles médicaux, si précis soient-ils, n’interdisent pas un minimum de bienveillance, d’empathie ni l’usage des règles les plus élémentaires de politesse, et doivent de toutes façons se conformer aux lois garantissant le consentement libre et éclairé du patient pour chaque acte médical. De plus, dans les témoignages de femmes détaillant les sévices subis, il est souvent fait mention d’interposition d’un membre de l’équipe face à la brutalité d’un collègue, telle une sage-femme détournant le bras d’une obstétricienne voulant pratiquer une épisiotomie sans anesthésie ou une infirmière portant réconfort à une parturiente humiliée. La soumission totale de l’équipe hospitalière à une autorité supérieure qui l’inciterait à torturer ne semble pas être de mise, et ne peut donc pas trouver son explication dans les conclusions de Milgram.

Par contre, la soumission extrême des patients et du grand public aux personnes vêtues d’une blouse blanche pourrait se rapprocher de l’expérience de Milgram. Si 60 % de la population est capable de torturer à mort une personne inconnue en obéissant aux ordres, il n’est pas inconcevable de penser d’un pourcentage de la population est prête à se soumettre elle-même à des actes violents commis par l’autorité. La plupart des femmes qui arrivent à l’hôpital en travail sont animées d’un a priori positif à l’égard du personnel qui les accueille, et lui accordent estime et confiance. Ce n’est qu’au fur et à mesure de la progression de leur accouchement qu’elles prennent conscience de la violence qui leur est infligée. S’en suit un conflit intérieur qui est le résultat de la contradiction entre la haute considération qu’elles portent à la médecine et les brutalités obstétricales qu’elles sont en train de vivre. Exactement comme le conflit intérieur que ressent le volontaire-moniteur de Milgram entre ses valeurs morales et les ordres reçus, qui précède généralement l’arrêt de la torture chez les 40 % des sujets n’allant pas jusqu’à infliger la mort à leur élève. Face à la violence subie dans la salle d’accouchement, les réactions des parturientes peuvent être variables. Certaines en prennent vite conscience et se révoltent, ce qui généralement aggrave leur cas puisqu’elles heurtent de plein fouet l’équipe médicale qui aura d’autant moins de scrupules à leur imposer des contraintes supplémentaires. D’autres subissent les actes sans en identifier clairement le caractère destructeur, ce qui est tout à fait compréhensible vu l’intensité émotionnelle vécue lors de l’accouchement et l’importance de mettre son intellect en veille dans ce moment si particulier, mais elles ressentent de la colère, de la haine ou de l’amertume à l’issue de la naissance. D’autres enfin n’identifient à aucun moment le caractère violent des actes subis, tant elles sont convaincues de la normalité de ceux-ci, de la bienveillance inconditionnelle de l’autorité en blouse blanche, et de l’idée qu’elles ont été sauvées d’une mort certaine.

L’expérience de Milgram pourrait également expliquer la forte adhésion de la population en général au monde médical, et en particulier la difficulté d’identifier comme violence ou torture des actes qui sont pourtant qualifiés comme tels en dehors du contexte hospitalier. Si une personne en blouse blanche peut forcer deux tiers de la population à martyriser des inconnus, il est probable qu’une partie de la population trouve des raisons valables à cette même personne en blouse blanche lorsqu’elle commet directement ces actes.

Il ne s’agit ici bien sûr que d’hypothèses basées sur l’extrapolation de l’expérience de Milgram qui permettrait de répondre en partie aux questions « pourquoi tant de violence obstétricale sur les femmes qui accouchent ? », et « pourquoi une telle acceptation sociale de ces violences ? » et que je soumets à tout chercheur qui voudrait s’en emparer. Cette violence est très complexe et ne peut être appréhendée qu’en croisant de nombreuses disciplines (j’entends d’ailleurs qu’on me souffle « Foucault et ses analyses des institutions sociales »). Quoi qu’il en soit, il n’est pas nécessaire d’attendre la compréhension complète et exhaustive des mécanismes qui entraînent ces violences dans les maternités pour mettre fin à celles-ci.

En tant que féministe, j’ai une méthode simple pour identifier le sexisme dans une situation donnée, qui consiste à me représenter cette situation en remplaçant l’homme par un blanc et la femme par un noir. Si dans ce cas le racisme saute aux yeux, c’est que la situation est sexiste. Cette méthode permet d’éliminer le biais lié aux représentations mentales de la normalité ou de l’habitude. L’exemple cité plus haut de la Mexicaine ayant fait condamner l’État américain peut offrir une méthode permettant de vérifier le respect des droits humains fondamentaux dans les hôpitaux. Pour éviter le biais lié au taux d’adhésion important à une personne en blouse blanche, il suffit de s’interroger sur le caractère acceptable de chaque acte médical et des conditions dans lequel il est posé, en imaginant qu’il soit non pas pratiqué dans un hôpital, mais infligé à une détenue accouchant dans une prison.

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20 Responses to Milgram dans la salle d’accouchement

  1. Hélène says:

    Suite très intéressante de ton billet précédent.

    Juste, pour Milgram, si vous avez l’occasion de voir les vidéos originales de l’expérience, elles sont absolument bouleversantes. Il ne faut pas croire que les cobayes se soumettent à l’autorité sans souffrance, certains sont réellement au supplice – et je me souviens que, quand j’ai regardé ce film, j’étais tendue et oppressée. Quand, tout à coup, un cobaye se rebelle et refuse de se soumettre, le soulagement ressenti était physique. C’est vraiment très instructif à regarder – et la scène dans I comme Icare est moins percutante à ce niveau-là.
    (ce qui est instructif, aussi, même si ça n’a rien à voir avec le sujet traité ici, c’est que, quelque part, l’expérience de Milgram fait exactement ce qu’elle dénonce, à savoir infliger des mauvais traitements au nom de la science)

  2. Louna says:

    J’ai adoré votre billet précédent “http://marieaccouchela.blog.lemonde.fr/2013/11/13/des-femmes-accouchent-meme-sous-la-torture/”. Sans doute les personnes comme moi auraient du vous faire savoir combien ça fait du bien d’avoir lu ce billet, combien il est percutant et tout à fait juste. Si des personnes vous ont critiquée violemment c’est justement parce que vous avez pointé ce qu’ils refusent de voir, ce qu’ils cautionnent. Je pense aussi que la violence qui s’exerce sur les femmes avec l’approbation de la société est lié au sexisme qui est profondément enraciné dans les mentalités. Bref continuez à dénoncer tout ça, et tous ceux qui comme moi sont tout à fait d’accord continueront à diffuser pour que progressivement les mentalités changent et que les femmes prennent conscience qu’elles peuvent refuser d’être traitées ainsi.

  3. Frédéric says:

    Pour ceux qui croient que les mentalités et les rapports à l’autorité ont changés depuis les années 60 l’expérience a été remise en scène à l’occasion d’un documentaire de France 2:
    http://www.youtube.com/watch?v=pau7aDYrxFw

    Merci pour ces billets très instructifs.

  4. Frédéric says:

    dans ce cas de figure Milgram ne permet vraiment de répondre qu’à la question “pourquoi est ce que les femmes ne disent généralement rien” (une personne à qui elle donne de l’autorité leur demande d’être une victime), et pas complètement à la question “pourquoi est ce que les médecins pratiquent cette torture sur les patientes”? Est ce une méconnaissance des traumatismes liés à ce genre de pratiques? Est un effet du pouvoir qu’ont les médecins sur les patientes qui les rends incapables de se mettre à leur place (le pouvoir a un effet négatif sur l’empathie (http://4emesinge.com/etude-sur-linfluence-du-pouvoir-sur-lempathie/))? La peur de pratiquer d’une façon qu’ils ne maîtrisent pas et donc de se retrouver en “position de faiblesse” (et de perdre ce pouvoir)?

    • Sandra says:

      Frédéric, je vous cite :
      “La peur de pratiquer d’une façon qu’ils ne maîtrisent pas et donc de se retrouver en « position de faiblesse » (et de perdre ce pouvoir) ?”
      Ce cas de figure a effectivement été admis par quelques obstétriciens : ils savent que certaines pratiques peuvent largement être améliorées/changées par un modèle donnant de meilleurs résultats, mais dans un même temps ils le craignent car ils ne maîtrisent pas ces “nouveautés”…ils choisissent donc de continuer à appliquer des protocoles qu’ils savent être moins bons, simplement parce que ça les rassure.

  5. Laurène oum Aïssatou says:

    Très bonne suite. Ça me renvoie à des discussions sur internet tournant autour de la violence obstétricale. Beaucoup d’entre nous rapportent ce qu’elles ont entendu de la part d’une soeur, d’une mère, d’une amie: d’innombrables “s’ils ne m’avaient pas fait une épisio, le bébé n’aurait jamais pu sortir” et autres “le bébé ne descendait pas au bout de X minutes, heureusement qu’ils ont pu le sortir avec les forceps”… ou comment être satisfaite d’avoir subi une violence, parce qu’on la croit nécessaire et vitale, et qu’elle est infligée par “une personne qui sait”…

  6. Marie-J says:

    Bonjour,
    cette semaine j’ai lu votre blog et j’en ai aussi découvert un autre. Je vous mets le lien qui m’a fait rapprocher vos deux blogs et aussi mettre un lien du vôtre sur le sien (vous me suivez jusque là?)
    http://www.alorsvoila.com/le-stakhanoviste-du-toucher-vaginal#comment-6631
    un exemple “milgramesque”, un peu, je trouve.
    Le blog en question vise à une réconciliation entre les soignants et les soigner, et rien que ça montre une prise de conscience de l’auteur (fraichement estampillé “Docteur”) sur le fait qu’il y a un souci à la base. Pour ma part j’ai décider d’alterner des lectures me confortant dans l’idée que, non je n’ai pas été victime de délire paranoïaque lors de mes derniers séjours à l’hôpital et que non ce n’est pas que dans ma tête qu’on maltraite les patients à l’hosto, et les lectures qui me permette de croire encore aux humains qui se cachent sous la blouse blanche et surtout en leurs âmes et consciences résiduelles qui pourraient simplement être réveillées par un : non! je refuse qu’on me fasse une épisiotomie d’office! car il n’y a aucun danger de mort et donc rien qui justifie qu’on me mutile sans me demander mon avis ni prendre le temps de m’exposer le bien fonder de cette pratique.

  7. ViviSF says:

    Les réflexions sont intéressantes. Nous avons tous je crois, à un moment où un autre, obéi à un représentant de l’autorité (prof, employeur, etc…) en hurlant en notre for intérieur. Et puis on trouve la force de ne pas vendre son âme.

    Par contre, au-delà des réflexions qui me parlent, votre discours reste très manichéen et préjugent (ou en tout cas c’est cela que l’on ressent à la lecture) que la majorité des femmes ont subi des violences pendant leur accouchement, et gardent des séquelles de ce traumatisme.
    J’entends et j’adhère tout à fait au fait que le syndrome de Munchausen est récurrent (oui la sf/l’obstétricien a fait cela mais c’était pour mon bien) qui est aussi une façon de se protéger (si ce qu’on a vécu est “normal”, le psychisme sera peut-être protégé ? pour éviter de faire traumatisme ?). Mais j’ose espérer que beaucoup, beaucoup de femmes se sont senti respectées à leur accouchement, et qu’elles peuvent dire, avec un vrai sourire, que cela s’est bien passé. Y compris dans certaines situations de forceps ou ventouse.
    Bref je suis d’accord avec beaucoup de choses que vous dites, mais vous brossez un portrait décidément trop noir. A titre d’exemple, dans la dizaine de salles d’accouchements dans lesquelles je me suis trouvée (stagiaire ou diplômée), dans des lieux très variables, je n’ai pas une seule fois vu une contention de la femme accouchant. Les rares fois où quelqu’un est venu en renfort, c’était face à des femmes accouchant mais paniquant car l’accouchement n’était pas comme prévu (pas de péridurale salvatrice alors qu’elles ne se voyaient pas accoucher sans) et que là elles avaient besoin de nous pour se raccrocher à nous.

    • Viollette says:

      Lorsque j’ai accouché, je me suis globalement sentie respectée. Et pour avoir séjourné ensuite à ce même hôpital pour un autre problème je peux dire que les patients y sont plutôt bien traités, on nous explique ce qu’on va nous faire et pourquoi, ce qui n’est pas le cas partout.
      Pourtant, j’aurais aimé être libre de mes mouvements dans le temps qui précède, pour accompagner les contractions et permettre à mon enfant de descendre. Mais les électrodes du monitoring ne tenaient pas lorsque je me plaçais sur le ballon, et je suis donc restée allongée sur le côté pendant des heures qui auraient pu, me semble-t-il, être moins longues. Parce que le monitoring, c’est le protocole, même quand tout va bien.
      Pourtant, j’aurais aimé qu’on me prévienne avant de me faire une épisiotomie, qu’on me demande mon avis, même si on nous en parle durant la préparation, et que l’acceptation semble tacite. Les contractions, ce n’était pas agréable mais ça ne faisait pas vraiment mal. L’incision en revanche, m’a surprise et fait hurler de douleur, je n’étais pas capable de pousser en sentant cela.
      Alors certes, les situations où tout ressemble à de la torture ne sont peut-être pas majoritaires, mais celles où aucun geste n’est fait sans prévenir ni demander l’accord de la parturientes sont à mon avis assez rares en maternité.

  8. Marie-Hélène Lahaye says:

    Merci pour vos différents liens, réflexions et encouragements.

    ViviSF, quel est le pourcentage de femmes ayant subi une forme de violence pendant leur accouchement ? Je l’ignore. A ma connaissance, aucune étude épidémiologique a été menée sur cette question, ni même une simple enquête. Ce qui me frappe, c’est le succès que rencontre mon blog avec certains billets qui sont partagés plus de 1000 fois sur les réseaux sociaux, ce sont les nombreux témoignages que je reçois, et les encouragement à continuer. Je ne pense pas que les violences soient des situations très minoritaires. Moi-même, qui ai pourtant eu la chance d’accoucher en étant pleinement respectée (avec une sage-femme libérale en plateau technique dans un hôpital réputé pour son humanité et son ouverture d’esprit, et où travaillent de sympathiques sages-femmes pleines de tact), j’y ai eu trois altercations assez violentes avec deux obstétriciens avant mon accouchement et avec un pédiatre après la naissance. J’y ai ressenti pour la première fois toute la violence du pouvoir médical. Comme j’ai les ressources culturelles en terme de niveau de diplôme et de profession, je n’étais pas impressionnée et j’ai pu sans problème y faire face. Ce qui m’a révoltée, c’est de savoir que bon nombre de femmes, plus jeunes, moins diplômées, qui n’ont pas un métier de direction, n’ont pas la possibilité de se défendre. C’est là que commencent la domination, les abus de pouvoir et les violences.

    Quant à la contention, auriez-vous des informations sur ce sujet ? Plusieurs personnes issues de différents pays européens me transmettent l’information que des femmes accouchent en étant attachées, mais cette pratique est peu documentée.

  9. camille says:

    Complètement d’accord, que ça soit cet article et celui d’avant.
    Bravo! Merci de mettre les mots sur cette violence!
    Et oui c’est normal qu’il y ait des polémiques, puisque les femmes pensent encore “et si ils n’avaient pas été là…”

  10. Marie Beuteltier says:

    Bonjour!
    Merci pour cette suite au billet sur l’accouchement et la torture. Je fais partie de ceux qui sont en désaccord avec votre analogie, précisément pour la raison que vous citez en début du présent billet.

    La référence à l’expérience de Milgram me semble pertinente pour comprendre pourquoi on se soumet à l’autorité de la blouse blanche.

    Cependant, je ne partage pas votre conclusion que je reformule ainsi: transposons tel acte dans un contexte où l’abus/le crime est évident, et le voile qui cache, qui fausse, qui rend acceptable et légitime sera levé.
    Le contexte peut, je pense, changer le sens d’un acte.
    – Quand j’introduis un thermomètre dans le derrière de mon enfant malade, contre sa volonté, est-ce que je le viole?
    – Quand je lui lave les narines en injectant du sérum [“laver au karcher” comme on dit aussi], et que nous devons, à deux, lui tenir les quatre membres et la tête car il se débat, est-ce ça tombe sous la torture?
    – Quand, dans mon enfance, ma maman me mettait en hiver des collants en laine et que je [souffrais le martyr] toute la journée, est-ce cela aussi tombe sous la torture?
    Je mets certains mots entre crochets parce que je suis consciente pour certains, le contexte n’y changera effectivement rien et que cela relèvera de la torture ou du viol. Et vous, qu’en pensez-vous?

    J’ai donné naissance deux fois, une fois par césarienne, une autre fois par voie basse, mais à chaque fois ligotée, bras attachés. Bien sûr que j’en ai souffert. Et pourtant je pense que si je disais à cette maman mexicaine: Moi aussi, comme toi! elle rirait avec amertume de tant d’empathie malplacée. Elle a accouchée attachée, mais il y avait sa condition: elle était détenue. Et si je me sentais à la merci du personnel hospitalier, je n’étais pas pour autant une détenue, une paria de la société, dans une TELLE détresse et sans filet de sauvetage AUCUN.

    C’est tout le problème des comparaisons. Elles permettent de voir les similitudes … et les différences.

    Merci pour vos articles, pour ce blog qui permet de réfléchir et qui défend nos droits.
    Bonne journée.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Merci Marie pour tes réflexions et je comprends ton malaise par rapport à la comparaison avec la torture (mais c’est très bien, ça permet de creuser le débat).

      Par rapport à tes trois exemples, j’ai deux remarques:
      – tu mentionnes des exemples avec des enfants. Or, dans le cas de l’accouchement, il s’agit de femmes. D’adultes. Le principe de base est de demander leur consentement éclairé pour chaque acte. Comme tous les autres actes médicaux. Or de nombreux témoignages mettent en lumière des actes posés sans consentement préalable, voire même en dépit de l’opposition formelle de la femme. Un enjeu féministe a été pendant très longtemps de faire reconnaître les femmes comme des adultes doués de raison et de discernement, capables de poser des choix librement consentis (d’où les combats pour le droit de vote, le droit d’ouvrir un compte bancaire, l’accès au travail, etc). L’autre enjeu féministe encore actuel, c’est de reconnaitre la valeur du consentement des femmes. Je vise ici la question du viol où l’ensemble de la société n’admet pas encore qu’un homme ayant une relation sexuelle avec une femme qui lui dit “non” commet un viol (sur mode “c’est un non qui veut dire oui”, “en forçant un peu, elle dira oui”, etc). Donc illustrer tes propos par des exemples qui concernent les enfants ne me semble pas adéquat.

      – Par rapport aux exemples de violence que tu cites, la démarche que je prône est de s’interroger sur la pertinence des actes posés et des alternatives moins violentes qui peuvent exister. Pour ma part, avec mon petit, j’utilise un thermomètre auriculaire ou frontal, précisément pour ne pas lui infliger la violence d’un thermomètre rectal. La précision est certes moins bonne, mais à quelques dixièmes de degrés près, le diagnostique reste le même. Dans le monde réel, peu importe que l’enfant ait à un moment donné 38,7 ou 39,2 C° pour prendre les mesures adéquates. L’essentiel est d’éviter une violence. Par rapport aux vêtements, j’attache une grande importance à son confort, donc je ne lui mets pas de vêtements trop serrés, qui le démangent ou qui l’empêche de bouger comme il le souhaite. Il n’y a pas de fatalité aux bas qui grattent. Donc ici aussi, des alternatives non violentes existent. La seule chose qui constitue une violence est le rinçage du nez. J’en suis bien consciente et j’ai chaque fois un pincement de coeur quand je dois lui infliger ce traitement. J’ai hâte qu’il puisse se moucher seul. Et en attendant, je reste attentive à toute alternative moins violente que j’adopterai sur le champ.

      C’est dans cette optique-là que je veux qu’on interroge les actes posés par le pouvoir médical pendant l’accouchement. Cet acte violent est-il nécessaire ? (en général non). Et s’il est nécessaire, y a-t-il une alternative moins violente ? (en général oui). C’est dans cette optique-là que je suis interpelée par le fait que, malgré l’existence d’alternatives moins violentes et plus bénéfiques à la fois pour la mère et le bébé, le monde médical continue à appliquer des méthodes inventées au 19ème siècle, voire bien avant.

      Concernant l’empathie par rapport à la Mexicaine. Comme je le comprends (mais détrompe-moi si j’interprète mal), il s’agit plus d’une thérapie. Après avoir enduré la même souffrance, ça peut faire du bien d’en rire ensemble. Ou ça permettrait de rassurer cette femme et de dédramatiser ce qu’elle a vécu en lui disant “moi aussi j’ai accouché attachée même si je n’étais pas en détention”. Cette démarche est très utile. Mais mon propos porte plus sur le bien fondé de l’acte. Il est inadmissible qu’une femme soit attachée pendant son accouchement. Rien ne le justifie. Et tout démontre que cet acte rend l’accouchement très douloureux, et peut entraîner des complications. A partir du moment où cet acte est inadmissible, il doit l’être partout. En prison comme à l’hôpital.

  11. Marie Beuteltier says:

    Je me permets de poster une seconde fois pour préciser ma pensée.

    Pour qu’une analogie marche, il faut qu’elle marche dans les deux sens, n’est-ce pas? Surtout quand il s’agit d’expérience humaine.

    Ramener l’expérience d’une femme qui accouche à l’hôpital dans les conditions que nous connaissons (soumission, déni, violence etc.) à l’expérience d’une personne torturée, cela “”profitera”” à la première. Mais ça ne profitera pas à la seconde, dont le vécu unique sera nié, banalisé, dilué dans ce qui est en réalité de la violence. On ne peut pas “ramener” l’expérience de la torture “à” celle de l’accouchement à l’hôpital.
    La différence entre violence et torture peut vous sembler ténue, mais elle est bien là, et ceux qui l’ont vécu pourront vous dire qu’elle est tangible, que cette différence là s’est fait chair dans leur corps.

    Je suis un peu pointilleuse, parce que ce sujet – l’expérience de la torture – a été mon sujet d’étude pendant plusieurs années et que j’y suis donc sensible.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Je comprends ton soucis. Ce que tu crains, c’est qu’on dédramatise la torture au sens strict du terme (infligée par des tortionnaires) en disant “bah, c’est pas bien grave, c’est pas pire que les femmes qui accouchent”. Donc plus besoin de lutter contre la torture, circulez, il n’y a rien à voir.

      Je comprends ton soucis, mais je ne partage pas tes craintes. La lutte contre la torture est bien ancrée chez les défenseurs des droits humains. Elle est bétonnée dans les textes, défendue par bon nombre d’associations, d’Etats, d’organisations internationales, et par l’opinion publique occidentale en générale. Je n’ai aucune crainte qu’elle soit remise en cause par mes propos (sinon je serai très étonnée de mon pouvoir). Par contre, l’enjeu est de lutter contre les violences obstétricales. Une des pistes que je propose avec mon billet, c’est de les faire reconnaitre comme torture et donc mobiliser aussi les défenseurs des droits humains sur cette cause. Amnesty international a élargi son champ de compétence aux violences faites aux femmes. Cette ONG pourrait très bien y intégrer les violences faites aux femmes dans le cadre de l’accouchement. Le tout est de sortir cette violence du silence dans laquelle elle se trouve.

  12. caroline livingston says:

    Bonjour,
    La violence obstétricale, est une forme de violence. Et la violence est une réaction à la peur. Peur de l’autre, peur de mal faire, peur de ne pas obéir, de ne pas suivre les règles etc… Dans le cas de l’accouchement, il y a une autre dimension.
    Même le plus ignorant ne peut passer à coté de la force immense, lié à une forme d’abandon à quelque chose de mystérieux, d’inconnu, une forme de transcendance, que vit la femme au moment où elle donne la vie.
    Cette force, ce pouvoir, fait peur. Il faut à tout prix, l’attacher, le soumettre etc…
    Je me souviens d’une stage que j’avais suivi en Californie, donné par Birthing from Within, où deux d’entres nous avaient du enfiler un pull à col roulé mais en ne passant pas la tête et en gardant les bras le long du corps. Donc on ne voyait pas leur visage, caché dans le pull avec le col juste au dessus de la tête. L’exercice était que ces deux femmes devaient sortir la tête du col, sans s’aider de leur bras où de leurs mains et que nous, qui observions, ne devions pas les aider.
    J’étais la seule française et mon premier sentiment fût un grand malaise car ces deux femmes agenouillées sur la moquette de mon salon avec ce col roulé noir sur la tête me faisaient penser aux images d’otages pris en photos lors d’enlèvements.
    Elles se sont contorsionnées, ont gigoté, pendant quelques très longues minutes et ont fini par sortir leur tête des pulls. Et là , notre instructrice a dit très solennellement : Vous voyez comme il est difficile de ne pas intervenir.
    Comme cette petite phrase m’a fait réfléchir ! Pendant toute la durée de l’exercice, j’étais super mal, j’ai eu beaucoup de mal à supporter d’être là, assise à ne rien faire, au lieu d’aider ces deux femmes. Cela aurait si simple de tirer sur le pull, ou de le couper, pour la tête passe plus vite !
    Je pense qu’on fait un lavage de cerveaux aux blouses blanches, on leur fait peur pendant toutes leurs études (puisqu’ils apprennent surtout les pathologies) et on leur demande de toujours INTERVENIR ! Merci à Michel Odent qui a eu le courage de dire qu’un obstétricien devrait tricoter dans une chambre où une femme accouche !

    Pour en revenir à la violence, il me semble que la naissance et la mort font peur à l’humanité. Les deux sont des portes d’entrée et de sortie très mystérieuses et dans les deux cas, l’accompagnement est violent.

  13. Barmar says:

    Article très intéressant, je me sens en accord avec votre analyse, et après un premier accouchement en milieu hospitalier, j’ai souhaité accoucher à la maison. Ma fille est donc née chez nous mais elle a malheureusement du être hospitalisée à 2 mois et là nous avons subit de plein fouet les tentatives de contrôle du personnel médical : “ici ce n’est pas vous qui menez la barque c’est nous”… Et je suis de ceux qui ne se soumettent pas, alors ça a été le clash! Depuis je continue a m’intéresser aux causes du contrôle et de la soumission. Pour moi l’expérience de Milgram est un constat, l’explication je la trouve dans les écrits d’Alice Miller (par exemple) : les enfants sont habitués dès le plus jeune âge à se soumettre, arrivés à l’âge adulte ils ne peuvent pour la plupart que reproduire ce jeu de dominant/dominé. La solution je la trouve dans les écrits d’Inbal Kashtan (Marshall Rosenberg en tant qu’inventeur de la CNV est aussi une référence incontournable) respecter ses enfants c’est leur laisser leur libre arbitre et ça! Quand les militants pour la justice et la défense des nobles causes (accouchement respecté, droits des minorités, environnement…) auront compris que le “combat” n’en est pas un et commence chez eux, par leurs pratiques éducatives, alors nous seront vraiment en marche vers un monde meilleur 🙂 Merci de me contacter si vous souhaitez que nous échangions à ce sujet, je pense qu’il y a beaucoup à écrire la dessus pour que la prise de conscience, la recherche d’un monde meilleur continue et fasse un énorme bond en avant!

  14. Marie-Hélène Lahaye says:

    Je poste ici quelques liens intéressants en rapport avec la condamnation à 8 ans de prison de l’ex-gynécologue André Hazout pour viols sur ses patientes.

    Il est évident qu’il faut faire la différence entre cet homme qui a délibérément commis des actes délictueux dans le cadre de sa profession, et les praticiens qui, avec les meilleures intentions du monde, commettent des violences obstétricales en respectant aveuglément les protocoles hospitaliers et les « bonnes pratiques » de l’obstétrique.

    Ces articles sont néanmoins intéressants pour comprendre le mécanisme d’emprise du praticien sur ses patientes et celui de la fragilité/vulnérabilité de celles-ci face à leur médecin.

    Un billet général sur cette question d’emprise :
    « Ce lien particulier, inégal, entre des patientes fragilisées et le gynécologue dont elles espéraient tant est au cœur de l’acte d’accusation qui a retenu contre lui la circonstance aggravante de “viols et agressions sexuelles sur personne vulnérable par personne abusant de l’autorité conférée par ses fonctions”. »
    http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2014/02/04/trust-me-im-a-doctor/

    Un billet sur la déposition de René Frydman :
    « Le gynécologue est au coeur de l’intime « , « l’infertilité, les questions qu’elle soulève, les traitements qu’elle impose pour la combattre, sont une épreuve qui place les couples “en situation de fragilité”. »
    http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2014/02/15/proces-hazout-la-deposition-chirurgicale-du-professeur-frydman/

    Un billet sur les stéréotypes de genre qui ont surgi pendant le procès :
    « D’un côté, l’homme, le médecin, le “sachant”, le Pygmalion, le “magicien”, le “bon Dieu”, seul capable d’aider ses patientes à procréer. De l’autre, des femmes qui se sentaient diminuées, amoindries dans leur féminité, coupables même, parce qu’elles ne parvenaient pas à être mères. »
    http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2014/02/20/affaire-hazout-le-proces-de-tous-les-stereotypes/

  15. griffu says:

    Heureusement, il existe des soignants conscients… comme cette sage-femme qui organisait les cours de préparation à l’accouchement dans la maternité où je suis passée, et qui nous mettait en garde. Elle nous disait par exemple de ne pas rester allongée quand un soignant entrait. Effectivement, lors de l’un de mes accouchements, deux blouses blanches (hommes, mais ambulanciers ? infirmiers ? internes ? ils ne se sont pas présentés !) entrent et l’un d’entre eux se met un gant. Moi : “j’aime bien que les gens se présentent avant de me mettre un doigt dans le cul. La vulgarité, c’est pour que vous compreniez” blanc… ils repartent sans rien dire… je n’ai jamais su qui ils étaient !

    Et cet entraînement est utile pour toute la vie. En particulier quand vous atteignez l’âge de la mammographie. Comme ce spécialiste (mais pas du contact humain) que j’ai dû consulter dans un contexte inquiétant et douloureux, et qui m’a dit “j’aime bien vos nichons”. Est ce qu’un homme consultant pour un chancre sur le gland et s’inquiétant d’une possible syphilis s’entendrait dire “j’aime bien votre bite” ? C’est ce que je lui ai expliqué. Mais je suis toujours en colère.

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