Etre une femme, c’est avoir mal

« On ne nait pas femme, on le devient », disait Simone de Beauvoir. Une façon de devenir femme, c’est avoir mal. Dans l’imaginaire collectif, la douleur est associée à l’ensemble des phénomènes physiologiques qui touchent spécifiquement les femmes : menstruations, premières relations sexuelles, grossesse et, bien sûr, accouchement. La moindre conversation entre copines ou collègues autours de ces questions fait inlassablement surgir ce mal, avec une complaisance tranquille, comme s’il est évident pour tous que la douleur est intrinsèque à la nature féminine. Pourtant, en y regardant de plus près, beaucoup d’indices démontrent qu’il s’agit avant tout d’une construction culturelle et sociale.

Dès le début de leur adolescence, les jeunes filles subissent un matraquage de la part d’adultes bien intentionnés sur tous les aspects douloureux de leur condition. La moindre fiche pédagogique destinée aux jeunes sur la puberté et la sexualité contient le mot « douleur » associé exclusivement à la physiologie féminine.

Internet regorge de pages détaillant toutes les afflictions liées aux menstruations. A titre d’exemple, la première occurrence sur Google mène vers le site Topsanté où l’article « Premières règles : que lui dire à 10 ans ou à 13 ans » donne le ton en commençant par les mots « Les règles ça fait mal ». S’en suit « Premières règles : c’est douloureux et ça saigne beaucoup ? », avec comme sous-titre « C’est douloureux au début ? », en enchaînant directement sur le « mal de ventre » et la « douleur qui n’est pas liée aux ovaires mais aux prostaglandines ». L’article se veut bon conseilleur en affirmant que « plus la jeune fille a peur d’avoir mal, plus elle aura mal ». L’adolescente de 10 ans est alors invitée à prendre des anti-inflammatoires « dès qu’elle a mal », tandis que celle de 13 ans peut envisager la pilule « pour faire disparaitre les douleurs ». Que la jeune fille se rassure toutefois : poser un tampon « ne fait pas mal ». En conclusion, elle peut aller nager, mais « l’eau froide de la piscine peut augmenter la douleur liée aux règles ». Ne cherchez pas un aspect positif ou valorisant sur les menstruations dans l’article, vous n’en trouverez pas. Avec de tels messages, une adolescente ne souffrant pas pendant ses règles ne peut que douter de sa normalité et guetter le moindre tiraillement qui la rassurerait sur la conformité de son anatomie.

Quand bien même elle échapperait à ces maux, elle replongera dans un dolorisme institutionnel en feuilletant les brochures sur la sexualité des jeunes. Si le clitoris apparaît depuis peu sur les planches anatomiques destinées à la jeunesse et que le mot « plaisir » n’est plus réservé aux seuls garçons, les modules éducatifs les plus progressistes et égalitaires continuent à associer la souffrance exclusivement à la sexualité féminine. Dans un livret officiel français, le mot « douleur » est accolé au premier rapport sexuel chez la fille, en laissant supposer que les garçons ne vivent jamais de première fois. La douleur est ensuite évoquée pour l’adolescente en cas de sécrétions vaginales insuffisantes, sur la même page expliquant l’inoffensive érection matinale côté garçon. Après l’énumération des contraintes liées à la contraception, l’avortement est présenté comme une « situation douloureuse » juste avant d’aborder maladies sexuellement transmissibles. Il n’est dès lors pas étonnant que bon nombre d’adolescentes soient persuadées qu’ « être une fille c’est avoir mal ».

Aucun répit ne leur sera laissé lorsqu’elles deviendront adultes. Elles seront alors abreuvées d’informations médicales et officielles sur tous les maux de la grossesse, puis, bien évidemment, sur les incommensurables souffrances qu’elles subiront lors de l’enfantement.

L’association entre la douleur et la féminité se manifeste également par les conventions sociales, par les propos admis ou non en société. Il est de bon ton qu’une jeune fille ayant ses règles demande une dispense du cours de gymnastique en évoquant les souffrances liées à son état. Il serait en revanche malvenu qu’elle s’extasie avec enthousiasme sur ses pertes sanguines en y voyant un symbole d’appartenance au monde supérieur des adultes. Il est attendu qu’une adolescente confie ses craintes face aux douleurs des premières relations sexuelles, mais il est inconvenant qu’elle révèle ses désirs brûlants de rapprochement charnel avec les garçons de sa classe. Il est normal pour une femme enceinte de s’épancher auprès de ses collègues sur ses maux de dos, mais il est indécent qu’elle leur raconte l’excitation sexuelle produite par les mouvements du fœtus dans le bas de son ventre. Et lorsqu’il s’agit de décrire leur accouchement, il est bienséant que les femmes narrent, sans la moindre gêne et à grand renfort de détails et de superlatifs, toutes les tortures qu’elles ont endurées, mais il serait incongru qu’elles décrivent les sensations de puissance et les vagues de plaisirs qu’elles ont ressenties à cette occasion.

Tout concourt par les normes sociales à ce que la douleur soit associée au genre féminin. Alors que la société occidentale impose aux hommes la capacité à résister à la souffrance comme signe de virilité, elle enjoint les femmes, par effet miroir, à se complaire dans la douleur pour affirmer leur féminité. Devenir un homme, c’est pouvoir dire « même pas mal !». Devenir une femme, c’est pouvoir dire « ça fait mal ! ».

Plus précisément encore, être un homme, c’est pouvoir accomplir de grandes ambitions et gagner moult combats en considérant la douleur comme anecdotique. Être une femme, c’est faire passer la douleur au premier plan, comme l’élément essentiel de la vie, supplantant toute autre considération, au point d’annihiler toute entreprise et prétention. En effet, la douleur des menstruations empêcherait les femmes d’accéder aux fonctions supérieures et à un salaire égal à celui des hommes en raison de leur prétendue indisposition pendant plusieurs jours par mois. Les maux divers  expliqueraient le moindre intérêt des femmes pour la sexualité. Les indispositions masquent toute considération sur la magie et l’émerveillement du processus de la grossesse. La souffrance devient la question centrale de l’accouchement, au point de nier la capacité intrinsèque des femmes à mettre leur enfant au monde et d’oublier l’essence-même de l’accueil d’un nouvel être.

Même s’il ne s’agit que d’une construction culturelle et sociale, la douleur est pourtant bien réelle chez beaucoup de femmes, et elle ne doit pas être niée par un condescendant « c’est dans votre tête ». L’exaltation de la souffrance assénée années après années, les croyances qu’elle a engendrées et la construction identitaire qu’elle implique, produisent une imprégnation dans le corps des femmes bien plus grande qu’une simple pensée rationnelle. Pour établir une comparaison, le spectateur qui va voir un film d’épouvante se prépare à avoir peur. Agrippé aux poignées de son siège, il anticipe une séquence effrayante suggérée par une musique et des images appropriées et voit son rythme cardiaque s’accélérer lorsque le suspense arrive à son comble. Même s’il sait rationnellement qu’il ne s’agit que de lumière projetée sur un écran, son corps sursaute réellement lorsque le monstre surgit. Depuis le réflexe de Pavlov jusqu’à l’effet placebo, la science a démontré l’influence du contexte extérieur sur la physiologie du corps, indépendamment de la raison ou de la volonté. Si l’environnement culturel et social peut pousser les femmes à avoir mal, il peut tout autant, en se modifiant, leur permettre de vivre sans ces tourments.

Fernand Lamaze et Grantly Dick-Read ont déjà fait une partie du chemin en permettant à des milliers de parturientes d’accoucher sans douleur par une préparation visant à déconstruire l’image culturelle d’accouchements douloureux et effrayants. Il est possible d’aller plus loin en combattant le principe-même de la douleur comme élément constitutif de l’identité féminine, et en la remplaçant par des valeurs positives. Pour lutter contre la représentation négative et honteuse des menstruations, les « célébrations du premier sang », ces cérémonies festives et symboliques marquant l’entrée d’une fille dans le monde des femmes, peuvent être organisées et encouragées. Afin d’éviter l’idée d’une sexualité désagréable chez les adolescentes, le mot « douleur » doit être banni des informations destinées aux jeunes filles, ou alors apposé de façon égalitaire entre les deux sexes, ce qui reflète de façon plus juste les maladresses et désagréments que peuvent aussi subir les garçons dans le feu de l’action. Quant aux maux pendant la grossesse, ils doivent être considérés non pas comme intrinsèques à cet état, mais comme des symptômes de tensions et d’anomalies à soulager.

Plus de 40 ans après la révolution sexuelle, le plaisir féminin doit enfin être pleinement réhabilité. Il faut promouvoir auprès des filles les délices des relations charnelles.  Il est indispensable de célébrer la force et la vigueur du corps des femmes, leur permettant de vivre intensément et d’explorer elles aussi le monde. Il est temps d’évoquer les sensations voluptueuses pendant la grossesse, la magie créatrice et joyeuse d’un ventre qui s’arrondit, la puissance et la sensualité de la naissance. Après des siècles de soumission, les femmes doivent s’émanciper des pénibles injonctions de genre. A la prescription patriarcale « tu enfanteras dans la douleur », substituons dès à présent le commandement libérateur « tu vivras un accouchement orgasmique ».

Sources :
Marianne Caron-Leulliez, Jocelyne George, « L’accouchement sans douleur: histoire d’une révolution oubliée », Les éditions de l’atelier, 2004.
Dorothy Fielding, Carole Bosanko, « Aspects psychosexuels des périodes menstruelles et prémenstruelles » dans Annabel Broome, Louise Wallace, « Psychologie et problèmes gynécologiques », Mardaga, 2013, pp. 283-323.
Françoise Héritier, « Masculin/Féminin II : dissoudre la hiérarchie », Odile Jacob, 2002.  
Michael Houseman, « Rituels contemporains de premières menstruations », Ethnologie française, 2010, pp. 57-66.
INPES, « Questions d’ado (amour –sexualité), livret pour les 15-18 ans », avril 2011.
Stephanie Pappas, « Naissance orgasmique : il serait possible d’avoir un orgasme pendant l’accouchement », Huffingtonpost, 4 juin 2013.
Stevens G., « Education sexuelle : je suis payée pour pervertir la jeunesse française », Le Nouvel Observateur/Rue 89, 16 février 2014.
Documentaire « Orgasmic birth, the best-kept secret ».
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20 Responses to Etre une femme, c’est avoir mal

  1. Flo says:

    J’aime beaucoup ce billet. Il y a pas longtemps j’ai eu envie de commencer un projet d’éducation sexuelle sur youtube. J’ai fait trois vidéos (que j’ai pas postées) et je me suis rendue compte qu’au lieu de parler librement de sexualité comme c’était mon projet, j’avais choisi de parler des “problèmes ” (absence de désir, règles douloureuses). Je crois que je vais reprendre ça. Bien sûr il faut parler des problèmes, mais il faut aussi parler de ce qui se passe bien, de ce qui est cool.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Oui tout à fait.
      C’est exactement le même piège que bon nombre de livres sur la grossesse et l’accouchement. Ils parlent surtout des problèmes, des pathologies, des risques et des solutions. Mais très rares sont ceux qui décrivent simplement une grossesse et un accouchement normal.

      • spir says:

        Ben oui, la grossesse, l’accouchement, et de + en + la sexualité, sont litéralement kidnappées par la médecine, sans parler de la psychiatrie… Donc n’importe quel source d’info, article ou ouvrage adopte d’abord et surtout cette perspective-là, pathologique.

        On en oublie que toutes ces choses sont naturelles et (ainsi) bonnes en soi et bonnes à vivre.

  2. Bonjour,
    merci beaucoup pour cet article… justement, je me prépare pour une conférence prochaine et je trouve vos informations très pertinentes. Les femmes ont tellement engrangé d’informations dévalorisantes et limitantes à leur sujet.
    Une question qui vous donnera peut-être envie de mettre de l’eau au moulin:
    “Être une femme, c’est mal ?”
    C’est ce que je suis en train d’explorer ; )
    Au plaisir de vous lire

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Pour moi, c’est toute la question des injonctions de genre.
      “Etre une femme, c’est mal?” Mais qu’est-ce qu’être une femme ? Etre une femme, c’est mâle ?

  3. Herrade says:

    Ma mère m’avait prévenue longtemps avant que les règles étaient douloureuses, voire très douloureuses… Ce fut effectivement le cas pendant des années pour années pour moi… Je me demande si sa mère et sa grand-mère n’avaient pas dit la même chose à leur fille… J’ai comme l’impression que c’est de famille… Mais que c’est d’abord un conditionnement !
    J’ai choisi de ne pas parler des douleurs des règles à ma fille aînée qui les a depuis deux ans et elle ne s’en est jamais plainte… Je lui ai plutôt parlé des règles en termes positifs, m’inspirant largement de Stella & le Cercle des Femmes de Maïtie Trélaün et elle les vit très bien…
    http://www.education-joyeuse.com/2012/08/stella-et-le-cercle-des-femmes-livre.html

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Je suis moi aussi persuadée qu’il y a un conditionnement à la douleur. L’autre jour une amie me parlait de sa fille adolescente qui se plaignait des inconvénients et douleurs des règles. Tout ce qu’elle lui a répondu, c’est “bah oui, c’est comme ça, toutes les femmes ont ça”. C’est un apprentissage à la résignation.

      Merci pour le lien. Le livre m’a l’air bien intéressant.

  4. pétrolleuse says:

    “Tu vivras un accouchement orgasmique”, un commandement libérateur? Et si c’est pas le cas, si, malgré tout, on en a bavé comme jamais, on doit considérer son accouchement comme un échec? Culpabilisant, non? A mes yeux, cette injonction, qui ne fait qu’en remplacer une autre, c’est juste une nouvelle forme de pression exercée sur les femmes: l’accouchement, comme l’allaitement, comme les relations sexuelles, ça doit forcément être le pied intégral et on doit obligatoirement y trouver l’épanouissement, car, si ce n’est pas le cas, c’est qu’on a forcément raté quelque chose, quelque part… Article très intéressant mais pas du tout d’accord avec sa conclusion…

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      La conclusion est provocatrice.

      C’est exactement la même question que par rapport à la sexualité. Promouvoir le plaisir féminin, n’est-ce pas une injonction culpabilisante pour les femmes qui n’y arrivent pas ? Le “jouissez sans entraves” de la révolution sexuelle, n’est-ce pas un commandement qui remplace d’autres obligations ? Tous les discours sur l’orgasme, n’est-ce pas une pression à la performance sur les gens qui ne sont pas intéressés ?

      On peut bien sûr critiquer ces injonctions, mais elles ont permis de faire bouger les lignes, et de faire reconnaître l’importance du plaisir et de la liberté sexuelle des femmes.

      Le jour où dans l’imaginaire collectif, l’accouchement sera d’abord associé à du plaisir et non plus à de la douleur, la situation des femmes sera grandement améliorée.

  5. mariejo says:

    les bonnes questions sont posées dans cet article! En effet tellement d’êtres s’enferment dans les vieilles cristallisations et “vérités” de toujours… Je ne sais quel vent il soufflait en mon coeur quand en 1979, je décidai seule d’accoucher chez Michel Odent, avec une sage-femme, de ne pas subir trop d’examens, de considérer qu’accoucher c’est un moment particulier dont il faut vivre toutes les facettes, parce que je ne recommencerai pas tous les jours, etc…Mais, c’est la même chose que choisir de penser que notre corps peut se régénérer si je respecte ses lois de fonctionnement! les lois du cosmos dont je fais partie!
    Arrêter de se soumettre au groupe et venir au coeur de soi écouter ce qui vibre, ce qui compte pour soi et, à ce moment-là, il nous est donné tout ce qu’il faut pour le vivre !
    Se redresser dans sa beauté de femme et choisir sa vie! avec humilité, patience et gratitude certes! merci!

  6. Marie-Hélène Lahaye says:

    En complément de mon billet, il faut arrêter de dire “être une femme, c’est avoir mal” (en considérant que le mal est intrinsèque à la féminité), mais considérer qu’avoir mal est un symptôme d’une maladie à soigner. Par exemple, lorsqu’il s’agit d’endométriose qui peut toucher 10% des femmes. Une petite explication (BD à l’appui) ici: http://vidberg.blog.lemonde.fr/2014/03/13/lendometriose-une-maladie-meconnue-qui-touche-1-femme-sur-10/

    • Anne says:

      Et malheureusement, lorsque l’on souffre de cette pathologie, combien de temps avant d’être enfin prise au sérieux. Justement parce que: “Madame, c’est normal de souffrir quand on a ses règles!”. On finit soi-même par croire que cette douleur n’est pas dans ses tripes mais dans sa tête. Mais, non, souffrir 3 semaines sur quatre, je ne pense pas que ce soit normal. Souffrir à en perdre l’appétit et le sommeil, ça ne peut pas être dans la tête. Et à force de laisser traîner, lorsque la prise en charge est enfin lancée, en ce qui me concerne il a fallu une chirurgie lourde et mutilante. Vous avez raison, la douleur ne se justifie jamais et ne doit surtout pas se banaliser au seul argument que l’on doit souffrir quand on est une femme.

  7. Marjory Stewart Baxter says:

    Très bon billet !
    Je suis étudiante sage femme et c’est une dimension dont il faut avoir connaissance quand on fait ce métier, puisque nous sommes les premières à pouvoir essayer de changer la donne et combattre “l’éducation à la douleur”.
    Merci de me donner à réfléchir, et de remettre en question ce que j’apprends à l’école.

  8. Caminibar says:

    Un serpent (sournois, le serpent) soufle à Eve de cueillir une pomme, et Eve, je vous le donne en mille, cueille la pomme.
    Malheur, Eve à refusé la jouissance sans effort du jardin d’Eden, la punition est sans appel, Adam gagnera son pain à la sueur de son front, Eve enfantera dans la douleur. Chacun son job quoi. Le mot travail, d’ailleurs, tire son origine du latin tripalium, qui signifie objet de torture, souffrance.
    Quand on parle d’accouchement, on dit que la femme est en travail, c’est dire si elle va morfler la pauvre, et bibliquement, c’est carrément la double punition, parce que oui, les femmes travaillent pour gagner leur pain quotidien.
    2000 ans que ça dure… faire changer les mentalités s’annonce difficile, mais pas impossible. Lorsque j’aborderai ces questions avec ma fille, j’espère être assez lucide et courageuse pour lutter contre ces dictats et ce sera en parti grâce à vous. Merci.

  9. Finlandaise1 says:

    Merci pour ce blog !
    Il fait désormais partie de mes favoris. Même si je ne suis pas 100% d’accord avec tout, le sujet est intéressant. J’ai quatre enfants, et à chaque maternité, j’ai vécu cette infantilisation paternaliste comme quelque chose d’insupportable. Une fois c’est allé carrément jusqu’à l’agression sexuelle, et mon blog est consacré à l’aventure judiciaire qui n’est toujours pas terminée.
    Au plaisir de vous lire !

  10. spir says:

    Je veux juste évoquer un sujet non pas connexe, mais au coeur du vôtre à mon avis : le corps, son usage et son vécu sont des produits du dressage ou du conditionnement que l’on nomme drôlement “éducation” (constructivisme). Tout comme les genres, et c’est évidemment lié. C’est culturel, si on doit appeler ça une culture.

    Nous sommes tous corporellement débiles, litéralement : anormalement incapables ; notre éducation est corporellement débilitante, tout comme elle l’est émotionnellement, moralement… Ma perspective vient en partie du fait que j’ai pratiqué nombre d’activités physiques qui au contraire développent l’habilté corporelle (aussi en désapprenant les schémas débiles), mais j’ai fini par m’en apercevoir en remarquant à quel point certains peuples “usent” de leurs corps différemment. Les japonais à l’échelle du globe, et les allemands ou les anglais en Europe, se disent parfois très disciplinés : ça se voit justement dans leurs corps, comme s’ils étaient (plus) handicapés. Plus une “éducation” est efficace, contrôlante et oppressive, plus les corps sont débiles. Les gens plus sains dans leurs corps viennent de cultures soi-disant moins avancées, y compris chez nous d’origine immigrée ; il y a aussi un sacré hiatus nord/sud.

    Or notre éducation occidentale l’est de plus en plus, oppressive. Même ma génération (+ 50 ans) était bien plus libre : on voyait par exemple des enfants jouer dehors partout et tout le temps. Cela engendre des personnes qui vivent mal (dans) leur corps, en usent mal, sont saturées de freins et blocages, de compensations et schémas “faux”, etc. Des personnes au pire coupées de leur corps, qui vivent dans leur tête, voire ne vivent pas du tout, même les expériences les plus physiques comme la danse, le sexe… l’accouchement.

    Comment vivre un accouchement sain et naturel, à partir de là ? Il faudrait désapprendre ou plutôt se “dédresser”, et réapprendre le corps autrement, naturellement. Je crois que celles qui tentent ça, surtout à la maison, sont justement la minorité la mieux dans leur corps ; et aussi la plus autonome moralement, ce qui tned à aller ensemble à mon avis. Moi-même, je ne suis pas sûr, si j’étais une femme, que je pourrais accoucher bien, sans parler d’orgasme, quoique. Ma sexualité passe par des phase, plus ou moins bonnes, par exemple (mais je suis aussi cyclothymique), ce qui pê veut dire que si la naissance arrivait au mauvais moment…

    Les femmes sont plus contrôlées (surveillées et dominées) dans leurs corps que les hommes, n’est-ce pas ? (et la difficulté à jouir plus présente chez elles ?)

    (J’espère que c’est pigeable par des gens non déjà sensibilisés à tout ça : dites-moi.)

  11. Samia says:

    Très, très intéressant ce sujet sur la douleur réel mais très emplifie culturellement, intégrés par les femmes elles même, sujet que je vais creuser,sa me parle énormément.
    Merci

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