Interrogée par l’AMP sur les propos du Syndicat des Gynécologues et Obstétriciens de France (SYNGOF) refusant d’octroyer des arrêts de travail en cas d’IVG, la Ministre de la Santé et des Affaires sociales Marisol Touraine a déclaré que « la reconnaissance des compétences des sages-femmes, ce n’est pas l’affaiblissement de tel ou tel professionnel ».
« Je suis suffisamment saisie sur la question de l’accès aux soins, pour dire que nous avons besoin collectivement de gynécologues ». Elle a ajouté que la femme doit pouvoir choisir « en connaissance de cause » de voir un gynécologue ou une sage-femme.
Elle précise, concernant les arrêts de travail, que « ce ne sont pas des arrêts pris pour raisons médicales. S’il y a un problème médical, la sage-femme renvoie la patiente au médecin. L’arrêt de travail est prescrit en lien direct avec l’IVG, pour telle ou telle raison, mais ce n’est pas un enjeu médical », a-t-elle expliqué.
La Ministre de la Santé désavoue donc clairement le SYNGOF en affirmant l’importance de prescrire des arrêts de travail directement en lien avec l’IVG.
Son argument est néanmoins étrange lorsqu’elle précise que cet arrêt de travail n’est pas pris pour des raisons médicales. A partir du moment où une IVG est un acte médical, pratiqué selon une médication précise, encadré par des médecins ou des sages-femmes, selon des règles légales établies dans le Code de la Santé, comment peut-on considérer que les effets attendus et directs de cet acte ne soient pas médicaux ? Comment considérer que les abondants saignements, la perte de caillots, les crampes abdominales, les importantes douleurs, les éventuelles nausées et autres effets secondaires de ce traitement, ne soient pas considérés comme une « raison médicale » pour un congé maladie ? De même, pourquoi les impacts émotionnels et psychiques liés à ce moment si particulier des femmes, découlant directement la prise de ces substances abortives ne pourraient-ils pas être considérés de même ?
Cette question n’est peut-être que théorique, et il est probable que la Ministre utilise cet argument pour imposer les arrêts de travail suite à une IVG quelles que soient les conséquences physiques et psychiques de l’acte sur chaque patiente, afin couper court à toute considération déniant aux sages-femmes leur nouvelle compétence pour en prescrire.
Il est de toute évidence rassurant que Marisol Touraine se place du côté des femmes en matière d’arrêt de travail et du côté des sages-femmes dans l’extension et la reconnaissance de leurs compétences professionnelles.
Espérons que la Ministre défende enfin l’ensemble des droits sexuels et reproductifs des femmes, en ce compris leur liberté de choisir les conditions d’accouchement, et notamment l’accouchement à domicile. Souhaitons qu’elle poursuive la reconnaissance de l’ensemble des compétences des sages-femmes, y compris de celles qui accompagnent les naissances à la maison, en réglant enfin la question de leur assurance professionnelle.
“S’il y a un problème médical, la sage-femme renvoie la patiente au médecin”.
Spécial dédicace à la Touraine, visiblement au point sur les compétences des médecins dans le domaine de formation des SF.
Un petit plus sur le style : Aller chez, aller au, si peu de différences.
Pour le “renvoi” il vient tout seul.
De ce que j’en lis, elle a tout simplement nié l’utilité d’un arrêt pour raisons médicales et sous-entendu avec plus de brio que le Syngof que les SF sont incompétentes, que les IVG n’ont pas à entrainer d’arrêt sauf pour telle ou telle obscure raison discrétionnaire ( soit elle ne sait rien des raisons soit celles-ci ne sont pas dicibles pour elle, peu importe) et que les femmes sont des objets.
Qu’on se rassure, les paroles de Madame Touraine valent celles de Madame Bachelot en son temps.
Ces joutes corporatistes suivies d’une prise de position ambiguë et très politicienne de notre ministre de tutelle sont affligeantes.
Il est clair ,pour ceux qui les pratiquent ( c’est mon cas en centre de planification ) , que l’arrêt de travail pour IVG est directement
lié à l’état de santé de la femme qui y a recours ( que ce soit pour raisons physiques ou psycho-sociales) . Utiliser ce recours à l’arrêt de travail IVG à des fins autres que la qualité de prise en charge des femmes (en etat de détresse le plus souvent) demandant l’ivg est tout simplement lamentable. Prendre en charge une IVG est une tâche qui demande compétence, compassion , disponibilité et respect , que ceux ou celles qui n’en sont pas capables laissent ce rôle à d’autres.
erreur de langage, elle aurait dû dire “pour raisons pathologiques”.
les sages femmes sont déjà autorisées à prescrire 2 semaines d’arrêt de travail pendant la grossesse, dans le cadre d’une grossesse non pathologique (la prescription des 2 semaines de congé pour grossesse pathologique = indemnisé comme la maternité étant réservé aux médecins) alors ce n’est pas choquant. Il est logique qu’elles soient autorisées à prescrire un arrêt de travail pour IVG si cela est justifié même s’il n’y a pas de complication.
Marianne, médecin ayant accouché en maison de naissance.