C’est la rentrée. En quelques jours d’intervalle, deux présidents d’instance représentative de la profession de gynécologue obstétricien en France ont tenu dans les médias des propos hostiles à l’interruption volontaire de grossesse.
Le 4 septembre, Israël Nisand, Président du Collège national des Gynécologues et Obstétriciens français (CNGOF), donnait dans le quotidien La Croix la réplique à Véronique Séhier, coprésidente du Planning familial, à la question « La baisse du nombre d’IVG doit-elle devenir un objectif de santé publique ? ». Il y déclarait : « Prévenir l’IVG vaut mieux que de la faire ». Il ajoutait que « de très nombreux collègues gynécologues sont sur la même longueur d’onde : la meilleure IVG est celle que l’on a réussi à prévenir. »
Israël Nisand semble une fois de plus ignorer la réalité de vie des femmes. Les études montrent que près des trois quarts des IVG sont demandées par des femmes qui sont sous contraception.[1] En outre, les femmes assument quasiment à elles seules la charge de la contraception. Ce sont en effet elles qui prennent la pilule ou se font poser un DIU, en allant le plus souvent seules au rendez-vous médicaux pour l’obtenir, et en portant à elles seules la charge mentale qui y est liée.
L’IVG fait partie de la réalité de la vie sexuelle et reproductive d’un très grand nombre de femmes, puisque 200 000 IVG sont pratiquées chaque année en France. Malheureusement, l’IVG est toujours présentée comme un acte honteux, problématique, comme la preuve que les femmes seraient écervelées, ignorantes ou irresponsables, comme un acte qu’il faut combattre, dont il faut diminuer le nombre. Même si l’IVG n’est une partie de plaisir et est en général un acte douloureux tant physiquement qu’émotionnellement, il doit être considéré comme quelque chose de banal et de normal. Tout doit être mis en place pour qu’il soit facilité et entouré de bienveillance.
Or beaucoup de femmes doivent subir un parcours du combattant pour avorter, notamment parce que bon nombre de médecins défendent à corps et à cri leur « clause de conscience » pour ne pas en faire.
Quand Israël Nisand déclare qu’il vaut mieux prévenir les IVG plutôt que les faire, c’est une pression de plus sur les femmes et une fragilisation supplémentaire du droit à l’IVG.
Rappelons qu’il est déjà critiqué par le Planning Familial depuis plusieurs années parce que 95 % des IVG pratiquées dans son service ont lieu de façon médicamenteuse pour 50% de moyenne ailleurs. Y compris pour des IVG après 9 semaines, ce qui est hors recommandation de la HAS. Il justifie ses pratiques en affirmant que « l’anesthésie générale lors de l’IVG chirurgicale ‘crée un blanc traumatisant’ ». Il est regrettable qu’il use une fois de plus de cette psychologie de comptoir pour nier tout libre arbitre des femmes. (voir l’article Droit des femmes. IVG médicamenteuse contre IVG chirurgicale ?). Quelques années plus tôt, il s’était également illustré en s’opposant fermement à l’allongement du délai pour l’IVG l’égale portée par Martine Aubry lorsqu’elle était Ministre de l’Emploi et de la Solidarité (voir l’article La nouvelle bataille de l’IVG).
Le président du syndicat des gynécologues est anti-IVG
Quelques jours après les propos d’Israël Nisand dans la presse, c’est au tour de Bertrand de Rochambeau, président du SYNGOF, le principal syndicat des gynécologues, de déclarer sur TF1 qu’il ne pratiquait plus d’IVG : « Les choses auxquelles je ne crois pas, je ne les fais plus. Nous ne sommes pas là pour retirer des vies » en soutenant qu’une IVG est un homicide.
« Nous ne sommes pas là pour retirer des vies. »
Le docteur Bertrand De Rochambeau est président du syndicat des gynécologues et il refuse de pratiquer des IVG. Il a accepté de répondre à @valentineoberti.#Quotidien pic.twitter.com/hXu78bEDEi
— Quotidien (@Qofficiel) September 11, 2018
La séquence complète de l’émission se trouve ici.
Il s’agit ici non pas de nuances, mais de propos lourds et directs contre l’IVG, alors que pour la première fois en France, un hôpital public de la Sarthe n’a plus pratiqué d’IVG pendant 9 mois en raison du fait que la majorité des gynécologues obstétriciens de cet établissement ont fait valoir leur « clause de conscience » pour ne pas en pratiquer.
Le SYNGOF s’était déjà fait remarquer par des attaques anti-IVG, par la voix de sa Secrétaire générale Elisabeth Paganelli. En 2016, elle a déclaré refuser d’octroyer un arrêt de travail aux femmes qui avortent, en les incitant à pratiquer une IVG un jour férié ou de poser un arrêt de travail (voir mes billets De la misogynie du Syndicat des Gynécologues et Obstétriciens de France et IVG un jour férié: le syndicat des gynécos s’enfonce encore plus).
Pour l’abrogation de la clause de conscience
On peut s’interroger sur les motivations réelles d’une personne qui se destine à la gynécologie obstétrique tout en ayant des convictions qui dénient aux femmes le libre choix de mener ou pas une grossesse à terme, c’est-à-dire le droit de disposer de leur propre corps.
Tolèrerait-on qu’un anesthésiste invoque une clause de conscience pour refuser de poser une péridurale à une femme qui accouche, sous prétexte qu’il adhèrerait à l’injonction biblique « tu enfanteras dans la douleur » ?
Tolérerait-on qu’un chirurgien invoque une clause de conscience pour refuser une transfusion sanguine pour des raisons religieuses ?
Tolérerait-on qu’un médecin invoque une clause de conscience pour refuser d’examiner une femme sous prétexte que sa culture le lui interdirait ?
L’IVG doit être un acte de base, faisant partie de l’ensemble des actes que les gynécologues obstétriciens sont amenés à poser dans l’exercice de leur profession, tout comme l’est la prescription d’une contraception, le suivi d’une grossesse pathologique et la prise en charge de complications de l’accouchement. Etre anti-IVG est incompatible avec la profession de gynécologue obstétricien. Toute personne est libre de ses opinions, et donc libre d’être opposée à l’IVG, mais dans ce cas, elle ne devient pas gynécologue obstétricien.
Aujourd’hui la loi permet permet pourtant, grâce à la clause de conscience réaffirmée dans la loi légalisant l’avortement, à un anti-IVG d’exercer le métier de gynécologue obstétricien. Elle lui permet donc de mettre en difficulté toutes ses patientes qui font appel à lui pour un avortement, et d’affirmer en toute arrogance des positions hostiles à l’IVG dans les médias sous prétexte de « la loi est de son côté ». Pour préserver l’accès effectif des femmes à l’IVG, il est donc nécessaire d’abroger cette clause de conscience spécifique à l’IVG.
Une pétition vient d’être lancée en ce sens : Retrait de la clause de conscience pour les IVG
Heureusement, il existe des médecins qui défendent avec conviction le droit à l’avortement. C’est le cas de Baptiste Beaulieu qui, entre ces deux prises de position des représentants de la profession de gynécologue obstétricien, a posté une vidéo dans laquelle il explique de façon brillante et sensible comment le droit à l’IVG sauve la vie des femmes.
Combien de Liliana Herrera ? – Alors Voilà de Baptiste Beaulieu
"Aujourd'hui je veux vous parler du visage de Liliana Herrera, une Argentine de 22 ans morte cet été d'une septicémie suite à un avortement clandestin.Pourquoi clandestin ? Parce que le projet de loi visant à légaliser le libre accès à l’avortement a été rejeté par le Sénat argentin."Combien de Liliana Herrera ? – Alors Voilà de Baptiste Beaulieu
Publiée par France Inter sur Lundi 10 septembre 2018
[1] 72% des IVG concernent des femmes sous contraception
Le débat sur la clause de conscience me semble intéressant mais inefficace pour le moment. Personne n’acceptera jamais qu’elle fonctionne au cas par cas, non pour l’IVG, oui pour l’euthanasie ou inversement.
En revanche, que des médecins, représentants élus d’un syndicat de la spécialité gynéco tiennent des propos que contredit la LOI et qui s’opposent aux droits des femmes me semble anti-constitutionnel et illégal.
Par exemple, tenir des propos racistes en public est interdit et le contrevenant peut être sanctionné. Ne sommes-nous pas dans un cas similaire ?
Donc je précise ma question; quels sont les recours légaux dont les associations ou les personnes peuvent disposer dans ce cas ?
Non, il existe déjà une clause de conscience générale qui permet à tout soignant de refuser un acte médical. C’est largement suffisant pour garantir l’éthique médicale. Il faut supprimer la clause de conscience spécifique à l’IVG. Il n’y a pas de “fonctionnement dans les deux sens”. Toute personne a le droit d’être anti-IVG, mais alors elle ne choisit pas comme profession d’accompagner les femmes dans tous les aspects de leur vie sexuelle et reproductive.
Pour l’instant, il n’y a pas de recours légaux contre les anti-IVG. En Belgique, surtout pas vu que l’IVG est toujours dans le code pénal. En France, il existe un déli d’entrave à l’IVG qui permet notamment de poursuivre les anti-IVG qui mettent en ligne de fausses pages d’information pour inciter les femmes à ne pas avorter. Ce qui coince légalement, c’est précisément cette clause de conscience écrite en toutes lettres dans la loi sur l’IVG.
Bonjour,
J’ai voulu signer la pétition et en cliquant sur le lien, je suis tombée sur un rappel sur le site du conseil national des médecins qui rappelle ce qu’est la clause de conscience des praticiens. Est-ce que vous pourriez nous remettre le lien ? Je me sens concernée et en danger par cette clause de conscience. Je veux donc absolument signer cette pétition.
Zut, je me suis trompée de lien. Voilà, c’est corrigé.
Merci pour l’info.
Toutes les copines ayant avorté ont très mal vécu l’après, l’ont regretté et ont su qu’elles devraient vivre avec ça sur le coeur toute leur vie …alors qu’elles étaient hyper décidées et sûres d’elle ..rien n’est fait en amont pour les aider, les conseiller, leur poser les bonnes questions. ON deculpabiise les femmes en apparence en disant que c’est génial , nos grands mères ne pouvaient pas etc etc mais dans les faits, la réalité émotionnelle est traumatisante, c’est clairement un fait pour beaucoup de femmes.
si j’étais médecin, je ne pourrais jamais avorter des femmes et si on m’y forcait, je préférerais rendre mon diplôme plutôt que de le faire. C’est un droit normal pour les médecins et heureusement qu’il existe.
ce serait comme forcer un éducateur canin à tuer de ses mains un chien de la spa qui ne trouve pas famille..tout le monde serait choqué si on le forcait mais on est pas choqué si un médecin refuse d’avorter une femme …. perso je comprends pas trop..
Pour moi, il ne faut pas empêcher une femme d’avorter si elle a envie mais ça ne sert à rien de lui vendre l’avortement comme une banalité car ce n’est pas le cas… ni la pousser à le faire en lui vendant une vie qui sera de toute façon meilleure sans cet enfant …
Je suis d’accord, je suis à fond pour la liberté, mais l’avortement me choque profondément, c’est une véritable tragédie d’en arriver là.
Je ne suis pas pour l’interdir bien sûr, tant qu’il y a des femmes décidées à faire ce choix et des médecins pour pratiquer ces actes, c’est entré dans les moeurs donc j’essaye de m’ouvrir, d’être tolérante…
Je ne ressens pas de colère contre les femmes qui en arrivent là, juste de la tristesse, c’est juste tellement triste…
J’aimerais moi-aussi que çà ne soit pas banalisé, qu’on fasse tout pour les éviter, dans le sens tout faire pour faciliter la vie des mamans, soutenir les femmes qui ne veulent pas en arriver là…
Je comprends le travail de Marie-Hélène et sa défense de la liberté, du pouvoir des femmes sur leur corps, mais pour moi aider les femmes avec une grossesse imprévue non-désirée ce serait plutôt tout faire pour leur éviter de maltraiter leur corps et leur coeur…
J’ai fait 2 ANAs, je suis pour la liberté absolue, j’ai le pouvoir sur mon corps, sur ma vie, je sais qu’aucune contraception n’est sûre à 100% et que toutes relations sexuelles peut entraîner la venue d’un enfant.
Jamais je ne laisserai mon entourage ou la société me dire que de se faire arracher les tripes, arrêter une vie humaine est normal.
Maintenant oui à la liberté, je préfèrerais juste que l’accent soit mis sur comment aider les femmes (et les hommes) à s’aimer, à se respecter et à accepter le cours de la vie.
Et au niveau politique soutenir d’avantage les ménages, les mères célibataires, les mères adolescentes, pour que les femmes aient réellement le choix, puisque souvent l’avortement est choisi par manque de moyens ou de soutien familial.
Mon point de vue rejoint celui de Jeanine Parvati Baker, pour la “conscious conception”, le lâcher prise face à la vie, la confiance et la connaissance de soi…
C’est bien beau de parler des femmes, de les accompagner (dans une grossesse qu’elle ne désirait pas au point, pour les 3/4 d’entre elles, d’avoir recours à un moyen de contraception qui n’a pas fonctionné) mais un enfant ça ne se fait pas tout seul n’est-ce pas? Pourquoi les femmes seules, qui doivent déjà porter dans la très grande majorité des cas la responsabilité de la contraception sur leurs épaules, devraient également ensuite assumer un enfant qu’elles n’ont pas choisi d’avoir? Et le géniteur, s’est-il préoccupé lui de contraception? Si c’était lui qui était enceint accidentellement, on lui proposerait de “l’accompagner”? D’où c’est acceptable ce poids énorme d’un enfant non désiré, pour la mère comme pour l’enfant, avec un tel déséquilibre entre le deux personnes à l’origine de la conception? Après si l’objectif c’est de “forcer” les deux parents à s’occuper de l’enfant de manière équitable, ça va être coton à encadrer, et vraiment c’est un beau projet de vie pour tous les gens impliqués!
C’est drôle comme tout le monde brandit le “regret” en cas d’avortement, de stérilisation volontaire, comme quoi on finira un jour par regretter de NE PAS avoir mené une grossesse à terme.
Ensuite, il y a toujours ce même “regret de celles qui donnent naissance sous X ou confient à l’adoption.
Mais pourquoi personne ne parle jamais des regret possible D’AVOIR GARDÉ l’enfant ? Vous voyez, l’enfant qui n’as pas demandé à être là, mais qui devra subir toute sa vie le fait d’être né, et de ne pas avoir été voulu, et de ne pas être aimé, et d’être un fardeau pour sa mère …
Bonjour,
Je condamne fortement les propos du Dr. De Rochambeau, et les postures de ses collègues sus-cités de façon générale. Ils n’ont aucune logique, sur aucun mode de raisonnement, et dénote d’une carence extrême en aptitude réflexives, déontologique, épidémiologique et humaine.
Et en même temps, futur médecin, je me demande si l’abrogation de la clause de conscience est pertinente dans ce(s) combat(s). Je crois que la clause de conscience présente un intérêt, bien qu’actuellement, elle soit complètement dévoyée de son essence même. Vous le soulignez dans un de vos commentaires plus haut en terme de clause de conscience spécifique à l’IVG. C’est dommage de ne pas plus le faire apparaitre, ou de ne pas demander à ce que les médecins soient formés, une bonne fois pour toute, à toutes ces choses trop mises de côté pendant leur cursus, c’est à dire, l’humain, l’éthique, la déontologie, la réflexion, la psychologie, etc.
Je développe un peu par ici : https://littherapeute.wordpress.com/2018/09/13/clause-sans-conscience/
Je comprends votre combat. J’ai toutefois un peu peur qu’on s’acharne sur un symptôme au lieu de traiter la cause…
Bien à vous,
La clause de conscience liée à l’IVG est une façon de légitimer le droit pour un gynécologue obstétricien d’être anti-IVG. Pour moi, il est inconcevable qu’un médecin qui choisit cette spécialité soit anti-IVG.
On n’admet pas que des militants anti-IVG se postent à l’entrée des hôpitaux pour faire obstacle à des femmes qui s’y rendent pour avorter. Pourquoi faut-il accepter que des anti-IVG soit à l’intérieur de l’hôpital, dans le cabinet médical où la femme se rend pour avorter ?
Dans l’exemple que tu cites dans ton billet, il y a celui de la femme médecin qui cherche à avoir un enfant et fait plusieurs fausses couches. Dans ces conditions, c’est trop difficile pour elle de pratiquer une IVG. C’est tout à fait compréhensible. C’est précisément la raison d’être de la clause de conscience générale que tous les médecins ont pour tout acte. Donc cette situation particulière sera toujours possible suite à l’abrogation de la clause de conscience spécifique à l’IVG.
Comment décrypter le discours du Dr Rochambeau, ou Docteur MOI JE.
MOI JE c’est ainsi en effet que commence son discours, MOI JE fais mon métier avec mes tripes, MOI JE me lève la nuit, bref MOI JE suis au dessus du reste du monde, le Dr Rochambeau est l’archétype du médecin gynécologue à qui on a fait croire qu’il faisait partie d’une élite. Continuons : MOI JE fais des opérations difficiles, là le Dr Rochambeau se dévoile un peu plus, ce qu’il nous dit en réalité, c’est qu’un grand chirurgien comme lui ne va pas s’abaisser à faire une opération aussi simple qu’une IVG. Et là nous touchons peut-être le fond du problème, car beaucoup de gynécologues s’abritent comme le Dr Rochambeau derrière la close de conscience pour ne pas faire une intervention qui prend sur leur temps et qui ne les valorise pas. Je l’ai constaté tout au long de ma carrière. Voilà pourquoi notre Dr MOI JE protège sa conscience si pure.
Dans la ville où j’exerçait ce sont des médecins généralistes qui font les IVG médicales et chirurgicales. C’est au pouvoirs publics, aux ARS de créer les conditions qui permettent de mettre en place une offre territoriales des IVG.
Merci de faire partie des médecins qui condamnent les propos de Bertrand de Rochambeau, et qui agissent en faveur des femmes.
He bien Madame Lahaye, j’ai laissé tout à l’heure un commentaire sur votre article et vous l’avez supprimé. Contribuant pour la 1è fois à ce blog, je ne m’attendais pas à cette censure. Pourtant ce que j’écrivais est le résultat de mon vécu, rien de plus. Ayant experimenté 1 avortement à 17 ans et 6 enfantements ensuite dont 4 à domicile, je m’étonnais que l’on considère l’embryon comme non humain. Pour moi, avorter est tuer, et il n’est question d’incriminer personne. On le fait parce qu’on sent qu’on doit le faire, et il n’y a rien à ajouter. Quelle est l’utilité de se voiler la face ? Mais assumons la responsabilité de notre geste, sachant que le père ne l’assume peut-être pas. Voilà, j’ai remis ce commentaire pour que vous sachiez que je m’étonne que vous l’ayez suprimé. Il n’est peut-être pas conforme à votre idéologie, mais il a le mérite de correspondre au vécu d’une femme. Si vous le supprimez encore je me désabonnerai, car ce sera trop de dogmatisme. Bien à vous.
Je n’ai rien supprimé.
J’ai constaté que le système supprimait automatiquement certains messages. Je n’ai jamais compris pourquoi. Je vais voir si je le retrouve dans les archives.
Je n’ai pas réussi à le faire réapparaitre malgré plusieurs manipulations. Je l’ai donc recopié un peu plus bas.
Désolée.
… Du coup, cela fait 2 articles ! Peut-être un peu trop ? Vous pourriez supprimer celui de 21h53, si vous voulez.
Merci, en tout cas. Bien à vous.
Les “femmes traumatisées”, les “véritables tragédies”, il faut arrêter, les femmes sont traumatisées pour de multiples autres raisons dont ces mêmes personnes n’ont que faire. Personne n’a dit que l’avortement c’était “génial” (dixit un commentaire plus haut), pour certaines c’est douloureux, triste, et même traumatisant, pour d’autres c’est un soulagement et la possibilité de ne pas subir les conséquences un accident de contraception imputable à DEUX personnes. C’est donc un progrès pour la liberté des femmes à disposer de leur corps.
Je vous invite à consulter ce blog, qui laisse la parole à de nombreuses femmes qui ne sont pas traumatisées mais maîtresses de leur destin:
http://blog.jevaisbienmerci.net/
Entièrement d’accord !
Voici le commentaire de Rose Anahakan (je n’arrive pas à comprendre pourquoi le système le considère comme “indésirable”).
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Beau jour,
j’ai lu dans un article publié (peut-être sur le HuffPost, je ne me souviens plus bien) à propos de l’intervention de cet homme président du syndicat des gynécologues : « une majorité de femmes ne considère pas l’embryon comme un être humain »… donc se sentent moins responsables d’en avorter. Je ne dis surtout pas « coupables », entendez bien s’il vous plaît.
L’idée que l’on ne considère pas un être vivant – qu’il ait 10 minutes d’âge ou soit près de naître – comme un être humain m’étonne. Bien sûr, il n’est pas question de « péché », « faute » ou autre « crime » dans ce que je dis, évacuons ces relents culpabilisants. Mais enfin, en interrompant une grossesse, ne mettons-nous pas fin à la vie d’un être ? J’en parle d’autant plus calmement que j’avortai jadis, et enfantai aussi – à la maison.
L’idée est : pourrions-nous envisager de simplement assumer ? Si nous prenons la décision d’avorter, c’est parce que nous sommes conscientes que ce ne sera pas possible, que l’enfant que nous portons n’aura pas les meilleures conditions de vie en arrivant, et nous non plus (ou d’autres raisons bien sûr). Donc pourquoi ne pas reconnaître que nous interrompons une vie, quelque soit le moment où nous agissons ? Ne serait-ce pas plus conscient et plus libre, finalement ?
C’est ce qu’il me semble, vu mon passé et l’état de ma réflexion. Si d’autres désirent dialoguer à ce sujet, n’hésitez pas. Chaleureuse âmitié à toutes et tous?
L’idée que l’on ne considère pas un être vivant – qu’il ait 10 minutes d’âge ou soit près de naître – comme un être humain m’étonne moi aussi.
bonjour,
Il y a peu de temps j’ai pris conscience que j’avais subie une IVG sans anesthésie.
j’aimerai porter plainte. Mais je ne sais pas très bien par où commencer mes démarches…
Quelles sont les procédures à suivre? J’ai aussi entendu dire qu’il y a avait peu de chance que ma plainte aboutisse et soit reconnue…Est ce vrai?
Peut on prendre un avocat et aller jusqu’en justice pour faire entendre et reconnaitre cette violence? merci
Bonjour, la première chose à faire est de demander votre dossier médical auprès de l’hôpital où vous avez eu votre IVG.
Ensuite, envoyez un courrier recommandé pour demander des explications à l’hôpital et au soignant sur les raisons de l’absence d’anesthésie.
Sur base des éléments que vous recevrez, vous pouvez, si vous le souhaitez, intenter une action en justice.
Merci beaucoup pour votre réponse et attention.
je vais contacter l’hopital pour avoir mon dossier.
Il est fort probable que les médecins nient les faits. Lors de l’entretien post IVG j’avais évoqué la douleur physique violente , sans même soupconner alors que je n’avais pas été anesthésiée, et la réaction du médecin a été assez abrupte, elle s’était sentie accusée, m’a culpabilisée en retour et m’affirmait que j’avais été bien anesthésiée, ce que je ne remettais pas du tout en cause sur le moment, loin de moi l’idée que je n’avais pas été anesthésiée, juste j’avais besoin d’exprimer ce que j’avais traversé et questionnais l’intensité de la douleur… Il y a 2 mois lorsque j’ai du subir une intervention concernant une fracture sur l’auriculaire, et que le chiurgien a facilité l’opération en utilisant du gaz hilarant, j’ai alors compris, par comparaison que lors de mon IVG le gaz hilarant n’a jamais fonctionné.
je pense vraiment intenter une action en justice, quelque soit la base des éléments que je reçois de la part de l’hopital.
Comment faire pour trouver un “bon” avocat qui est au fait de ces violences chiurgicales et qui a envie de défendre cette cause?
Avez vous une personne à me conseiller?
La Fondation des Femmes a un réseau de juristes et d’avocates dont certaines se spécialisent dans les violences obstétricales. Je vous invite à les contacter. https://fondationdesfemmes.org/une-force-juridique/
je suis gynécologue-obstétricien à la retraite depuis 6 mois, j’ai pratiqué des IVG toute ma vie professionnelle, médicamenteuse ou par aspiration, sous AG ou sous AL selon le choix des patientes ; j’ai toujours considéré que cela faisait partie de ma pratique. je reconnais également ne pas avoir toujours respecté la législation en laissant tomber rapidement les 7 consultations d’une IVG. je connais certains médecins qui imposaient l’anesthésie locale y compris pour une primigeste mineure….
je me levais la nuit pour “sauver des vies” comme dit Rochambeau qui a dit une belle ânerie. ces médecins qui refusent les ivg essaient de faire croire que l’avortement “criminel” avait été inventé par la loi Veil.
Merci à vous de défendre l’essence du métier de gynécologue obstétricien qui est l’accompagnement des femmes dans leur santé sexuelle et reproductive.
Ce que vous faites devrait tout simplement être la norme.
j’ai regretté de ne pas avoir pu discuter avec vous à Lille en décembre.
Dommage.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir insisté pour entrer dans le colloque et m’adresser aux professionnels.
Une prochaine fois alors, avec grand plaisir.
merci!
Supprimer la clause conscience pour l’IVG ne me semble pas la situation ideal , imaginez ce faire opérer par une personne qui le fait sous contrainte.
Il se peut qu’il ne soit pas doux dans ces pratiques, impose une anesthésie local au lieu de general, ait des mots peut scrupuleux , soit moins sensible au traitement de la douleurs post opératoire.
Je me sentirais personnellement pas à l’aise avec un médecin qui pratique l’IVG par contrainte, autant aller chez un confrere qui lui nous traitera bien.
Personne ne contraindra de médecin à pratiquer d’IVG puisqu’il existe une clause générale de conscience.
L’intérêt de supprimer la clause de conscience spécifique à l’IVG est de rendre cet acte banal pour toute personne qui choisit la gynécologie, et donc évitera d’attirer les anti-IVG dans cette profession.
Personnellement, je comprends toujours pas pourquoi des gens contre l’IVG choisissent le seul métier où il faut pratiquer des IVG.
Donner la possibilité de recourir à l’IVG initialement pour éviter les affres des avortements clandestins tout en le prévenant en mettant l’accent sur la contraception… voilà bien là l’esprit qui a motivé la Loi Veil. Ainsi Simone Veil considérait d’avantage la légalisation de l’IVG comme un “moindre mal” plutôt que comme un droit absolu à disposer de son propre corps. Il suffit d’écouter ses propos de l’époque ou les interviews données plus tard. C’est toujours également la vision du Conseil européen des droit de l’Homme qui ne reconnait aucun droit fondamental à l’IVG… parce que précisément il s’agit d’une dérogation au principe du droit à la vie qui est contenu dans son préambule! Non désolé l’accès à l’avortement même si je considère que c’est un bien précieux et que les gens font bien ce qu’ils veulent n’est pas un moyen de contraception “comme les autres” tant au niveau du fond que de la forme…et des potentielles conséquences qui ne sont pas néant. Or il suffit d’aller sur le site de “Fil santé jeunes” pour lire que bien qu’il soit précieux…l’IVG n’est pas un moyen de contraception et le défendre comme tel est non seulement malhonnête mais aussi empreint d’une forme d’idéologie qui tord l’esprit de la Loi originelle. Par ailleurs la Loi votée 40 ans après la loi Veil si elle reconnait premièrement un droit à l’IVG stipule dans une seconde partie que tous les moyens doivent-être mis en oeuvre pour PREVENIR (ce qui est une contradiction soit dit en passant absolue parce que je ne vois pas l’utilité de prévenir un droit). De nombreuses recherches scientifiques FACTUELLES tant en France qu’au Royaume Uni ont par ailleurs montré que bien loin de se tarir, un recours à l’IVG à la fois stable et un recours répété de 35% étaient observable… ce qui est assez paradoxal puisque au niveau choix de contraceptifs nous n’en sommes plus à la capote masculine ou à l’unique plaquette de pilule de première génération d’il y a 50 ans. Par ailleurs ce n’est absolument plus la même configuration du couple, ainsi somme nous passé d’une période extrême où l’Homme dominait la femme et se soulageait pendant que la femme devait “fermer sa gueule” et gérer les suites…à une autre période extrême où la femme serait une sorte d’être retranché de l’Humanité commune jouissant uniquement de libertés et de droits au mépris d’une réelle (et donc non factice) égalité Commune (avec un grand “C”). Par ailleurs vous dites que la femme prend seule la décision d’une contraception et en substance doit tout porter sur ses épaules (c’est à la fois vrai et faux, là encore nous ne sommes plus il y a 50 ans) mais même si c’était totalement vrai à la rigueur (et suivant vôtre logique) je ne vois même pourquoi l’homme s’impliquerait puisque toute décision ne concerne in fine que la femme et que la conception n’est visiblement pas une affaire qui se fait à deux… ce qui est d’une contradiction absolue! Pour conclure quand ledit gynéco-obs réaffirme la légalité et la légitimité à l’IVG tout en précisant que la contraception est toujours préférable au recours du premier, non seulement il est parfaitement raccord avec le préambule de la Déclaration Européenne des Droits de l’Homme qui reconnait aussi le Droit à la vie (l’IvG n’étant qu’une mesure dérogatoire à ce principe) mais aussi avec le serment d’Hippocrate. Il se place par ailleurs avant tout dans une vision de santé publique et de prévention et c’est là parfaitement normal puisque l’IVG même si c’est un droit est aussi si ce n’est un problème au moins une question de santé publique ne serait-ce que par les choix qu’il impose à la femme, son côté non anodin (qu’il soit médicamenteux ou chirurgical), son coût pour la collectivité, et son fond et sa forme radicalement opposés “aux modes de contraception classiques”. Seulement si on entend bcp parler d’IVG, on entend peu parler de contraception…alors même que dans l’esprit de la Loi Veil ça devrait être le contraire!
Ainsi vous faite un procès d’intention au Professeur qui n’est d’ailleurs pas anti-IVG…mais qui disons est un peu plus dans la nuance et dans une considération bien plus complexe du problème que vous ne l’êtes. Ce qui vous différencie avec Lui c’est que quand il parle de ses constats sur le terrain, il les connait parfaitement car il pratique et suit les femmes… pas vous jusqu’à preuve du contraire…ou alors il faut faire gynéco-obs’
Ainsi puisque “science sans conscience n’est que ruine de l’âme” prendre une position “médiane” (favorable tout en en agissant et formulant des recommandations avec tact et mesure) est parfaitement contraire à la simple position idéologique qui agit par certitude, ignore tout et juge de façon lointaine. L’Ethique au contraire repose sur le Droit, la philosophie et une expérience du terrain suffisamment large pour pouvoir juger en conscience et prendre des décisions qui soient à la fois justes et moralement acceptables! Voilà c’est tout…
Ah non j’oubliais pour la clause de conscience, celle-ci a été souhaitée et voulue précisément par Simone Veil qui y était attachée et l’a réaffirmé de nombreuses fois par la suite… en donnant l’obligation cependant à un médecin qui ne pratique pas l’IVG de renvoyer la femme vers un confrère qui la pratique. Concrètement il sera difficile de l’interdire dans la mesure où la dimension dérogatoire de l’IVG contenue dans le Droit tant européen, qu’international mais aussi la formulation du Droit à la vie dans les codes de déontologie et les Serments ont leur importance…
Qu’on soit bien d’accord ce qui me questionne et me pose problème ici c’est l’approche que l’on a de la chose, davantage que le choix compréhensible que font les femmes et qui doivent trouver face à elles des gens bienveillants, n’étant pas dans le jugement et qui les écoutent (se questionner et reconnaître un droit n’étant pas antagoniste!). Pour ma part en tout cas, je pense qu’il est plus pertinent de se positionner sur une vision de prévention et de santé publique (et de mettre le paquet à ce niveau),qui puissent agir sur les déterminants de santé en intégrant une vision globale de santé plutôt que de toujours valoriser des solutions de surface qui ne changent absolument rien au fond… Et aussi agir en faveur d’une Egalité scrupuleuse qui en appelle non seulement au droits mais aussi aux responsabilités de tous et toutes.
Joli sophisme de l’appel à une autorité, l’étaler sur plusieurs messages est une sacré performance.
Consacrer autant de temps à l’écoute des femmes vous aurait sans doute permis de nous épargner tous ces clichés bien sexistes.
Quels que soient les jugements moraux que l’on puisse porter sur nos choix, nous sommes libres et nos corps et nos vies nous appartiennent. Merci à MHL d’y contribuer 🙂