L’instrumentalisation de l’homme pendant l’accouchement de sa compagne

Dans les années 1970, un vent égalitaire a poussé les futurs pères à assister à la naissance de leur enfant et à investir les salles d’accouchement. L’ambiance était à la révolution amoureuse, à la destruction du modèle patriarcal et à la contestation de l’ordre établi. Bien que largement soutenu, ce nouveau rôle des hommes n’a jamais été questionné ni analysé en profondeur. Dans l’imaginaire collectif, il suffit pour un homme d’offrir sa main à sa compagne qui accouche et lui permettre de broyer ses phalanges pour rencontrer l’idéal d’amour et d’égalité au sein du couple. C’est malheureusement sans compter sur l’organisation misogyne des hôpitaux et les fondements sexistes de l’obstétrique, source de violences parfois extrême contre parturientes, et qui instrumentalise les futurs pères dans un rôle empreint de domination masculine.

 

Traditionnellement, l’accouchement était une affaire de femmes. Un rituel spécifique était destiné aux maris, que ce soit une prise en charge par les autres hommes de la communauté, comme par exemple trouver du réconfort au café du village, ou une assignation à une tâche particulière, telle que faire bouillir de l’eau dont personne n’a jamais pu expliquer l’utilité. Suite à mai soixante-huit, les futurs pères ont été tolérés dans les salles d’accouchement, à la condition expresse qu’ils se fassent discrets et ne gênent en rien l’équipe médicale seule apte à extraire l’enfant de l’utérus de sa mère.

 

Les hommes se sont alors retrouvés tout penauds entre les machines et la table d’accouchement, abandonnés à leur sort, cherchant leur place à tâtons, intimidés tant pas le ballet médical rôdé que par la portée émotionnelle de l’événement. Ces hommes, héritiers d’une culture patriarcale glorifiant la puissance du père, sont alors réduits au rôle de témoin passif devant leur compagne subissant le déroulement invasif des protocoles médicaux et les aléas de l’organisation du service. Ils sont tenus d’assister sans broncher au spectacle de leur femme au corps entravé, à la chair malmenée par des injections et mutilations, et au sexe exposé à la vue de tous et touché par des mains d’inconnus. Pour peu que leur épouse ait l’outrecuidance de ne pas respecter le schéma d’accouchement préétabli,  par exemple en ayant un col d’utérus ne se dilatant pas à la vitesse réglementaire d’un centimètre par heure, ils observent désarmés toute la violence obstétricale déferler sur l’anatomie de leur bienaimée. A l’instant même où ces hommes s’apprêtent à acquérir la qualité de père et toute la force que la société confère à ce rôle, ils sont réduits par le corps médical à un état d’impuissance qu’ils n’ont probablement jamais vécu.

 

Cette contradiction entre le rôle dominant et actif assigné à l’homme par la société et l’état de passivité imposée par le monde médical au moment de l’accouchement peut entraîner des dommages physiques et psychologiques chez les nouveaux pères. L’obstétricien Michel ODENT, l’inventeur de l’accouchement dans l’eau, observe des attitudes de fuite chez certains hommes durant la période qui suit la naissance de leur enfant, tel qu’un voyage impromptu, un investissement extrême dans leur travail ou un refuge dans des jeux vidéos. Il constate chez d’autres de soudains problèmes de santé comme une rage de dent, un lumbago ou une colique néphrétique. Tant de phénomènes qui, répétés chez de nombreux hommes, ressemblent à une version masculine de la dépression post-partum.

 

L’équipe médicale, qui pratique des violences inutiles et parfois extrêmes envers les femmes durant leur accouchement, va parfois jusqu’à instrumentaliser les futurs pères en vue d’obtenir une soumission totale de leur compagne.

 

La péridurale imposée aux femmes en est un exemple. Cette analgésie est un outil formidable lorsqu’elle est utilisée à bon escient, mais elle doit être questionnée lorsqu’elle devient un instrument de domination. De nombreuses femmes ont le souhait d’accoucher sans péridurale pour une série de raisons murement réfléchies (voir mon billet « Péridurale, liberté totale »). Ce choix se heurte souvent à l’incompréhension de l’équipe médicale engluée dans ses protocoles,  préférant des parturientes immobiles et silencieuses sur lesquels pratiquer un maximum de gestes obstétricaux par un minimum de personnel. De nombreux témoignages de femmes dénoncent diverses pressions du corps médical pour qu’elles se soumettent à cette technique.  Alors que la logique de couple voudrait que l’homme soutienne son épouse dans cette épreuve et fasse respecter ses choix, il est très fréquent que le futur père lui-même participe au concert de pressions pour imposer la péridurale. Les confidences de sages-femmes révèlent d’ailleurs que cette analgésie est souvent demandée en premier lieu par le mari. En effet, l’homme, relégué au statut de témoin impuissant face aux gestes violents des praticiens, éprouve un malaise insupportable en observant en plus sa femme pousser des cris et se tordre le corps dans des positions incongrues. Il est alors tenté d’abandonner sa passivité, de reprendre le rôle de décideur que la société exige de lui, et de donner des ordres, n’importe lesquels, pouvant le sortir de ce malaise et de cette impuissance. La péridurale, imposée à l’épouse, devient dès lors un instrument de domination, qui, réduisant la femme au silence et à la passivité, assure à la fois l’organisation optimale du service hospitalier et le confort du futur père.

 

Parfois, l’instrumentalisation de l’homme par l’équipe médicale est encore plus directe. C’est le cas lorsque les femmes exercent leur esprit critique par rapport aux actes médicaux qui leur sont imposés plus par routine que par nécessité. Il se peut en effet qu’elles soient bien informées des effets délétères des protocoles hospitaliers sur le bon déroulement de l’accouchement, ou qu’elles suivent au plus près leur intuition et les indications de leur corps permettant de mener à bien la naissance de leur enfant. Cette attitude active, revendicatrice et indépendante de femmes heurte les conceptions sexistes de l’obstétrique qui s’est construite sur l’exigence de soumission totale au médecin directement héritée du XVIIIème siècle. Un rapport de force va alors s’établir, dans lequel l’équipe médicale cherchera par tous les moyens à imposer des protocoles hospitaliers à la femme. Dans ce combat, l’homme est parfois utilisé comme arme par les praticiens qui sollicitent son aide pour « faire entendre raison à sa compagne ». Il est mis à contribution pour chercher les mots et les gestes qui pourraient faire comprendre à sa femme, cette écervelée, cet être dénué de raison, ce que l’équipe médicale ne parvient pas à lui communiquer. Le futur père, qui juste là souffrait dans sa situation de témoin impuissant, hésite rarement à adopter ce rôle actif qui lui est offert clé-sur-porte. Il mettra alors tout son cœur, sous les applaudissements du corps médical, à contraindre sa femme à la soumission.

 

Vers l’émancipation des futurs pères

Pour sortir de cet état d’impuissance intenable ou de tentation de domination masculine, il est possible de repenser la place et le rôle du père dans une perspective égalitaire.

 

Tout d’abord une évidence : la présence du père n’est pas obligatoire. Elle peut même parfois gêner la naissance, en particulier lorsque le mari communique un stress paralysant à sa compagne ou quand le degré d’intimité dans le couple n’est pas suffisant ce qui peut inhiber la parturiente. L’égalité dans le couple n’impose pas une présence fusionnelle de tous les instants. L’égalité exige surtout une relation basée sur le respect et le dialogue. La présence du mari aux côtés de son épouse doit être un acte de liberté pour l’homme et pour la femme.

 

Lorsque sa présence est décidée, le futur père peut être très actif en prodiguant soins, massages et soutien à sa compagne. Contrairement à ce que la médecine vous faire croire, accoucher n’est ni une maladie, ni une succession de dangers mortels, ni un acte chirurgical à réaliser par un professionnel sur une femme réduite à son utérus. L’accouchement est au contraire un ensemble de réflexes qui permet à tout mammifère, donc aussi à la femme, d’expulser son petit hors de son corps. Sans l’aide de personne. La physiologie qui entre en jeu est très proche de celle qui prévaut lors d’une relation sexuelle (voir mon billet « La mère et la putain dans la salle d’accouchement ») et il n’est pas inconcevable de considérer l’accouchement comme l’aboutissement ultime d’un coït amoureux. L’homme, accompagné d’une sage-femme complice, peut dès lors jouer un rôle important en créant une ambiance chaleureuse et paisible autour de sa compagne, en partageant avec elle douceur et sensualité, et en se mettant à son service pour répondre à ses désirs dans ce moment si particulier et intense de leur histoire de couple.

 

L’homme peut aussi choisir de ne rien faire. S’abandonner à une passivité délibérée. Se contenter d’apporter une présence sereine et bienveillante auprès de son amoureuse, en démontrant part là toute la confiance qu’il porte dans ses capacités intrinsèques à mettre au monde leur enfant.

 

Il ne s’agit pas ici d’une inversion des rôles décrétée par un sursaut d’idéologie castratrice où l’homme serait réduit à l’état de servant auprès d’une femme toute puissante. Il s’agit surtout pour les maris de trouver au mieux leur place dans le contexte si particulier d’un accouchement, où, par le fait-même de la biologie, les hommes et les femmes ont à ce moment précis une fonction différente.

 

Bien sûr, permettre aux hommes de devenir de tels acteurs exige un lieu d’accouchement pouvant garantir toute l’intimité requise et une bienveillance absolue envers la parturiente. C’est ce qui pousse généralement les femmes et les couples à opter pour un accouchement à domicile, une maison de naissance ou une maternité autorisant l’accès à son plateau technique aux sages-femmes libérales s’inscrivant dans cette démarche respectueuse.

 

Si l’accouchement devait avoir lieu dans un hôpital classique, dont le fonctionnement repose sur une misogynie d’un autre âge, le futur père peut alors adopter le rôle patriarcal bien connu de tout partisan d’une société sexiste : celui de défenseur de la femme et de l’enfant. Il aura alors tout le loisir de jouer au gendarme en éjectant de la pièce les personnes non indispensables ; en requérant chuchotement, tact et respect de chaque intervenant ; en exigeant toutes les informations permettant de poser un choix éclairé pour chaque acte médical ; en s’assurant que rien ni personne n’entrave le confort, le bien-être et la sécurité de son épouse. Ici non plus, il ne s’agit pas de se complaire dans un rôle traditionnel masculin en singeant les allures dominatrices du mâle alpha. Il s’agit surtout de protéger une personne, non pas en raison de sa prétendue faiblesse liée à son sexe, mais parce qu’au moment précis de l’accouchement, elle se trouve dans une situation de vulnérabilité extrême.

 

La révolution de mai soixante-huit a eu un idéal d’amour et d’égalité qui a encouragé les maris à assister à la naissance de leur enfant, en bousculant la société patriarcale de l’époque. Cet esprit révolutionnaire est encore très utile pour contester l’ordre établi. Celui en vigueur dans les hôpitaux.

 

Sources :
Bernard BEL, « Le rôle du père dans un accouchement non-médicalisé », témoignage sur Portail Naissances, 2000.
Michel ODENT, « La naissance à l’âge des plastiques », éditions du Hêtre, 2013.
Michel ODENT, « Is the participation of the father at birth dangerous? », Midwifery Today, issue 51, 1999.

 

 

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33 Responses to L’instrumentalisation de l’homme pendant l’accouchement de sa compagne

  1. Maya says:

    Merci pour ce texte.

    J’aimerais apporter mon témoignage, pour notre deuxième naissance après un premier accouchement catastrophique (euh pardon normal ) en maternité, nous avions décider d’accoucher à la maison. Le déroulement des choses a fait que bébé est arrivé avant la sage femme. De mon point de vue, mon mari a été extrêmement présent et m’a énormément soutenu. De son point de vue, il m’a laissé tranquille et n’a pas été beaucoup là. La liberté de pouvoir aller et venir, d’être présent ou non dans la pièce (par exemple, il est sorti au moment de la couture de ma déchirure …), de vaquer à ses occupations a fait qu’il ne s’est pas senti “prisonnier”.

  2. pétrolleuse says:

    “intimidés […] par le balai médical” Ô_o Le balai ou le ballet? 🙂 Sinon, super article, comme d’hab’. Juste un poil caricatural dans le paragraphe sur “l’hôpital classique, dont le fonctionnement repose sur une misogynie d’un autre âge”. On peut très bien accoucher dans un gros “niveau 3” et ne pas forcément être infantilisée ou brutalisée par une équipe soumise à une idéologie patriarcale. J’y ai donné naissance à deux reprises et mon cher et tendre n’a pas eu besoin de bomber le torse pour protéger sa moitié. J’ai plutôt le souvenir d’une relation basée sur le respect et le dialogue avec les sages-femmes et les gynécos qui travaillaient eux-même main dans la main.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Oups, merci pour la relecture attentive 🙂 Je corrige.

      Bien sûr que mes billets sont un poil caricatural. Je dirais même qu’ils sont carrément caricaturaux. Mais ils ont pour but de provoquer la réflexion et les réactions. Ce que tu décris devrait tout simplement être la norme absolue dans la totalité des hôpitaux. Ce n’est malheureusement pas le cas.

      Et puis, le but de mon billet est de réfléchir sur la place du futur père au moment de l’accouchement. Je trouve que cette place est peu interrogée. J’y ai donc apporté ma contribution.

      • pétrolleuse says:

        Personnellement, je trouve qu’on peut faire confiance à l’intelligence du lecteur et provoquer des réactions tout en faisant preuve de nuance et ne ne simplifiant pas à l’extrême, même lorsqu’on s’inscrit dans une logique de dénonciation. Il y a des médecins respectueux des femmes, il y a des hôpitaux qui ne sont pas des lieux de torture mais tu fais trop souvent des amalgames, et, en plus de ne pas rendre compte de la réalité, c’est injuste pour tous ceux qui font bien leur travail. De plus, le risque de la caricature, c’est de susciter du scepticisme face aux situations qu’on dénonce (“c’est pas vrai, ça ne peut pas être aussi horrible qu’elle le dit”) et finalement du rejet. Ton blog a une VRAIE raison d’être mais, en adoptant ce ton excessif, tu ne fais que prêcher à des convaincues. Dans ces conditions, il y a peu de chances que cela contribue à modifier le système…

        • Marie-Hélène Lahaye says:

          J’entends tes critiques, et je vais essayer d’en tenir compte.

          Tout n’est pas aussi noirs dans tous les hôpitaux, certes. Mais il y a peu d’hôpitaux où règnent un respect absolu. Même pour les accouchements qui se sont déroulés à merveille, avec une équipe médicale géniale, il est rare qu’à aucun moment il n’y ait eu un couac, un membre de l’équipe qui ait eu une parole indélicate, un geste médical imposé, un refus de réponse claire et précise à une question posée.

          Je remarque souvent que les femmes se contentent de peu. A partir du moment où elles n’ont pas trop souffert, que le bébé va bien et qu’elles n’ont pas trop de séquelles, que certains membres de l’équipe ont été gentils avec elles, elles sont contentes. Elles ne considèrent pas grave qu’une sage-femme ou un médecin lui ait tenu des propos un peu secs (alors qu’elles ne l’auraient pas accepté venant de son boulanger ou de l’employé de poste). Elles ne voient pas le problème d’avoir subi quelques touchers vaginaux un peu douloureux et surtout inutiles (“c’est pour la bonne cause”). Elles acceptent docilement des ordres incongrus comme une position inconfortable imposée ou l’interdiction de boire (“c’est le médecin qui sait”). Et finalement, elles sortent toute heureuses de l’hôpital avec leur nouveau-né, en ignorant tout de l’effet cascade des actes médicaux liés aux angoisses des praticiens, qui a transformé leur accouchement en une successions d’interventions (injection d’ocytocine, péridurale, poussées dirigées, pour se terminer par une épisiotomie et forceps) au nom d’un “c’est normal, il faut passer par là, mais tout le monde était gentil”.

          Même moi qui ai accouché dans des conditions idéales, dans un hôpital réputé pour son humanité, avec une sage-femme libérale extraordinaire, dans une salle-nature confortable, entourée d’une équipe aux petits soins, j’ai eu des mots violents avec l’obstétricienne de service avant l’accouchement (qui refusait de m’expliquer ce qu’elle voyait sur le monitoring au nom d’un “je ne vais quand même pas donner un cours de monitoring”, ce à quoi j’ai répondu “mais si, je vous écoute” suffisamment assertif pour qu’elle s’exécute). Puis après la naissance, avec le pédiatre de l’hôpital qui a dans un premier temps refusé de nous donner l’autorisation de sortie (oui, une “autorisation de sortie”, comme dans une prison…) parce que mon bébé avait soi-disant perdu trop de poids, sans donner d’explication, de conseils, ni rien. Ça s’est terminé par une engueulade mémorable dans la chambre d’hôpital. Il se fait que mon compagnon et moi avons les ressources éducatives, sociales et culturelles suffisantes pour ne pas être impressionnés par un médecin et que, après la première déstabilisation liés à ses propos, nous avons pu lui tenir tête. Mais qu’en est-il pour la majorité des femmes et des couples ? Quelques semaines plus tard, pendant mes séances de rééducation, j’étais dans un groupe de jeunes mamans dont une était dans une situation dramatique parce que le pédiatre a exigé qu’elle reste finalement 10 jours de plus à l’hôpital pour cette même raison de prise de poids insuffisante, et qu’elle devait payer une facture de plusieurs milliers d’euros non pris en charge par son assurance. Quand je lui ai demandé ce qu’ils avaient fait à l’hôpital pour permettre à son bébé une reprise de poids, elle m’a répondu “rien, aucun conseil, chaque jour ils m’ont dit que je devais rester plus longtemps, je ne savais même pas pourquoi”. Alors, effectivement, il n’y a pas de torture dans cette situation. Mais il y a clairement des abus de pouvoir totalement inadmissibles.

          • Anne says:

            Aha, l’autorisation de sortie…

            Ma maman, lorsqu’elle a accouché de ma sœur, a carrément organisé le kidnapping de son bébé par le père de l’enfant. Elle avait accouché super rapidement, il n’y avait aucun problème, c’était en pleine période des fêtes et elle se faisait chier comme un rat mort à l’hôpital. Donc elle a décidé de rentrer a la maison, ce que l’équipe médicale voyait d’un très mauvais oeil. Comme elle a une volonté sur laquelle on pourrait plier des barres de fer, elle a répondu qu’elle faisait une “sortie exigée contre avis médical” et puis basta. Ce à quoi on lui a répondu qu’elle pouvait partir “mais que l’enfant reste”. Elle a ricané en désignant le berceau vide “L’enfant ? Mais il est déjà parti.” En effet, mon père était passé prendre le couffin de ma sœur et était reparti avec elle sous le bras sans qu’on ne lui pose la moindre question sur ce bébé tout frai pondu avec lequel il sortait. Je suppose que c’est ce qui a dissuadé l’hôpital de mettre à exécution leur menace de “suites” (comprendre “représailles” ?) : s’ils avaient de tels raisons médicalement fondées de ne pas laisser la mère et l’enfant repartir ensemble, difficile d’expliquer pourquoi celui-ci était aussi peu surveillé ou pourquoi on sortait de leurs couloirs comme d’un moulin.

            Cela dit, je ne raconte pas du tout cette histoire dans le but de me gausser de celle qui reste à l’hôpital parce qu’on leur dit de leur faire sans leur donner de raison. Ma mère a une volonté vraiment peu commune, même face à une autorité quelconque, même diminuée par la fatigue, l’effort ou la douleur. Mais pour une femme de cet acabit, combien se rangent à l’avis de l’autorité ?

            Au passage, cette anecdote peut aussi inspirer d’autres couples ? Quel rôle pour le mari ? Faire évader sa femme et son moufflet, pardi !

          • Marie-Hélène Lahaye says:

            Ah ah ah, excellent ! Anne, tu m’as bien fait rire avec ton témoignage. 🙂

  3. Mathilde says:

    Merci pour ce passage :” L’homme peut aussi choisir de ne rien faire. S’abandonner à une passivité délibérée. Se contenter d’apporter une présence sereine et bienveillante auprès de son amoureuse, en démontrant part là toute la confiance qu’il porte dans ses capacités intrinsèques à mettre au monde leur enfant.”
    J’ai eu la chance d’avoir cet homme là près de moi pour la naissance de notre fils et je n’avais jamais vu les choses sous cet angle. Je me disais juste qu’il avait été transparent pendant l’accouchement, et que j’aurais préféré avoir une femme, une doula ou ma mère, qui m’auraient accompagnée de façon plus proche. Car j’ai accouché quasiment toute seule, le sage femme (un homme) étant désagréable et froid, me laissant à mon accouchement naturel, il avait dû trop lire Michel Odent, il appliquait ses idées mais sans la dimension humaine, et je me dis que c’est dommage que personne ne m’ai conseillé de choisir une femme pour m’accompagner, je n’avais pas le choix, c’était “le rôle du père”, alors que je crois que on doit avoir au moins une femme près de soi quand on accouche, surtout pour la première fois.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Comme tu le dis, la dimension humaine est primordiale. Et c’est généralement ce qui manque dans les accouchements médicalisés. Cette dimension humaine (qu’on peut aussi traduire par empathie ou soutien émotionnel) est même encore plus indispensable que tout geste technique.

      Est-ce nécessairement une femme qui peut apporter cette dimension humaine ? Je ne suis pas certaine. De même que je ne suis pas certaine qu’il est indispensable que ce soit une femme qui a elle-même accouché (ma sage-femme par exemple n’avait jamais accouché, mais avait à la fois cette dimension humaine et une grande discrétion, ce que j’ai apprécié). Je pense que le critère principal est de s’assurer que le courant passe bien entre la femme qui accouche et sa sage-femme (qu’elle soit homme ou femme). D’où l’intérêt du suivi préalable de la grossesse par la sage-femme qui sera présente à l’accouchement. Il est tout aussi indispensable qu’il y ait un dialogue au sein du couple pour exprimer ce qu’on attend l’un de l’autre.

      • Mathilde says:

        Ce que je voulais surtout dire par rapport à la place du père c’est qu’on nous donne comme norme de devoir être accompagnée par le père, et je ne sais pas si c’est si normal que ça. Mon mari a eu toute sa place dès la naissance, il a même pu passer toutes les nuits nous, ce qui a été essentiel pour moi, mais pendant l’accouchement, il a eu cette place de présence bienveillante, qui était importante aussi, mais il n’a pas pu combler le manque du soutien qui aurait dû être apporté par une femme. Par rapport à la présence d’une femme : à l’instant où le sage femme est entré dans ma chambre, avec les poils qui sortaient de son torse, j’ai trouvé ça bizarre. Et c’est bien pour un accouchement non médicalisé que j’ai manqué de dimension humaine, émotionnelle et empathique. Je pense que oui, une femme qui n’a pas encore eu d’enfant peut donner ce soutien, j’en ai rencontré une qui m’a aidée à me remettre de mon accouchement et qui était exceptionnelle sans avoir eu d’enfant, mais elle est femme et elle a un corps de femme. On ne peut pas dire qu’un homme égale une femme, un homme n’est pas une femme, et le contact d’un homme n’a pas le même sens que le contact d’une femme, il n’y a pas la proximité du sexe. L’accouchement, je pense que c’est viscéralement féminin, et qu’il faut au moins une femme pour accompagner une femme dans la tempête de l’accouchement. Après je me trompe peut-être, je ne suis certainement pas tombé sur le bon sage femme, homme ou femme, mais j’ai cette intuition quand même et je ne réaccoucherai jamais sans femme ni le souhaite à personne (une femme avec qui le courant passe évidemment, toutes les sages femmes-femmes ne sont pas non plus compétentes niveau empathie!) Mais ça s’écarte du sujet, désolée !

        • Marie-Hélène Lahaye says:

          J’avoue que je n’ai pas un avis arrêté sur la question de la présence masculine exclusive autour de la femme qui accouche. Mais ton témoignage est très précieux.

          En tant que féministe qui déconstruit les stéréotypes de genre, je défends le principe (vérifié par ailleurs) que faire preuve d’empathie et avoir la capacité d’apporter un soutien émotionnel n’est pas réservé exclusivement à un sexe. Il y a des hommes plein d’émotion, capables d’apporter énormément de soutien à toute personne fragilisée, tout comme il y a des femmes infectes et tyranniques, incapables de la moindre empathie. Donc je ne suis pas a priori opposée à l’idée que des sages-femmes hommes puissent faire un boulot formidable, ni que des sages-femmes femmes puissent être de vraies plaies pour la profession.

          Là où tu as tout à fait raison, c’est sur le fait de se poser la question individuellement sur la présence masculine. Il est en effet très judicieux qu’une femme se pose sérieusement la question si elle se sentira totalement à l’aise en accouchant entre deux hommes. Et là, ça dépend effectivement du ressenti individuel (qui est fondamental par rapport à l’accouchement).

          • Mathilde says:

            Je suis tout à fait d’accord avec toi que la capacité d’apporter de l’empathie et un soutien émotionnel ne dépend pas du sexe de la personne. J’ai par exemple un gynéco homme beaucoup plus doux et gentil que la femme qui me suivait avant. Mais l’accouchement, c’est encore autre chose, de très à part dans la vie, à l’extrême et au paroxysme du ressenti (un accouchement naturel bien sûr…), au fin fond de la féminité, touchant à ce que vit la femme depuis la nuit des temps. Je serais très interessée d’avoir des témoignages de femmes ayant accouché comme moi sans femme à ses côtés pour connaitre leur ressenti ! En tous cas merci pour tes articles et tes réponses toujours constructives !

  4. CWD says:

    Merci pour ce billet, je suis votre blog avec plaisir depuis quelques semaines déjà et j’avoue que je suis choquée par de nombreuses anecdotes que j’ai pu y lire (billets et commentaires).
    Je n’ai moi-même jamais accouché, mais je m’intéresse de façon plus globale aux violences faites aux femmes, dont le corps médical est loin d’être exempt.
    Juste une remarque cependant, j’ai noté plusieurs fois les termes “mari” ou “épouse” qui sont peut-être à revoir, dans la mesure où les naissances hors mariage font désormais parti des moeurs (et c’est tant mieux !).

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Oui, bien sûr. En fait, c’est juste pour une question de fluidité de style et éviter les répétitions de “compagnon/compagne” ou “homme/femme” à tout bout de champ. Je me suis posé la question de l’utilisation des mots “mari/épouse” pour ces mêmes raisons, et j’ai choisi de les utiliser chaque fois que je faisais référence au contexte des années 1970, en me disant qu’à cette époque-là, l’écrasante majorité des couples étaient mariés. Mais bon, ça vaut ce que ça vaut…

      • Mathilde says:

        je viens d’écrire “mon mari” dans mon commentaire mais nous n’avons pas les liens du mariage, c’est aussi moins lourd et distant que “mon compagnon” ou familier que “mon chéri”…

  5. Hélène says:

    Merci pour ces articles, un peu caricaturaux mais pas tant que ça. Ils provoquent en tout cas chez moi, une réflexion et une mise en perspective que je n’osais pas–plus?, avoir.
    J’ai eu un premier accouchement finalement bien, pas aimé mon déclenchement mais je l’avais accepté en toute connaissance de cause. Accompagnée et suivie en salle de naissance par une consoeur formidable qui a été à mon écoute, suivi mon désir de ne pas avoir de péridurale (j’ai flanché mais c’était de ma faute, elle m’a aidée au mieux). Une consoeur avec qui j’ai essayé des positions bizarres avec une barre, un drap, une galette, le ballon avec le reste… pour finalement retourner sur le ballon posé au sol parce que c’était là où j’étais le mieux. Accompagnée de ma meilleure amie (maman solo oblige) qui était transparente sans l’être: je savais qu’elle était là, bienveillante, prête à me soutenir si et quand j’en avais besoin. J’ai eu un accouchement que je souhaite à tout le monde: dans l’intimité avec des personnes en qui j’avais confiance, que je connaissais, que j’appréciais, qui me faisaient confiance sans avoir les yeux sur l’horloge (exemple:”bon on va vous aider parce que là ça fait trop longtemps que vous poussez” tellement entendu cette phrase, beurk!) sauf pour noter l’heure de naissance de ma princesse. Des personnes qui ont su respecter instinctivement mon besoin d’être plutôt seule jusqu’au moment fatidique, qui m’ont entourée quand j’en ai eu besoin sans que je demande quoi que ce soit…

    Maintenant, au début d’une deuxième grossesse avec un conjoint cette fois-ci, oui je me pose des questions: comment vais-je réagir à sa présence lorsque le travail aura commencé? Comment et même est-ce que je vais le laisser m’aider? Est-ce qu’il souhaite vraiment être là pendant le travail ou c’est juste une nouvelle pression sociétale mise sur ses épaules? Est-ce que je ne préfèrerai pas plutôt une présence féminine à mes côtés? Bref, il me reste quelques mois pour me et le préparer à cette nouvelle aventure et aux différentes possibilités (y compris celle où je lui demande de sortir de la salle).

    En tout cas merci pour ces articles, et continuez!

  6. docteurdu16 says:

    Bonjour,
    En tant que médecin et père ayant assisté aux trois accouchements de mes enfants, je voudrais souligner combien l’accouchement médicalisé ou non est impudique par essence et combien certaines femmes de ma patientèle n’osent pas dire qu’elles ne veulent pas que leur mari (compagnon) y assiste car elles pensent qu’elles sont dans un état d’infériorité, de douleur, de “laideur”, et soumises à un événement, certes naturel, mais peu valorisant d’un point de vue strictement esthétique.
    Il y aurait beaucoup de choses à dire et je vous conseille, si vous ne l’avez déjà fait, de lire le blog de Marc Girard et son livre sur la brutalisation du corps féminin en médecine. http://www.rolandsimion.org/spip.php?article291
    Bonne journée.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      En effet, j’ai écris un billet sur les injonctions à la beauté jusque dans l’accouchement, “accouche sois belle et tais-toi”: http://marieaccouchela.blog.lemonde.fr/2013/09/30/accouche-sois-belle-et-tais-toi/

      J’ai aussi lu le livre de Marc Girard. Le contenu est très intéressant, mais malheureusement je le trouve assez mal écrit (un style lourd, des raisonnements qu’on a du mal à suivre, des éléments très importants mis en notes en bas de page tandis que le texte se perd en digressions hors sujet, des allusions à des choses et événements non explicités…). Bref, j’ai été très déçue. Il aurait mieux valu que ce livre fasse l’objet d’une relecture approfondie par une personne extérieure (espérons que ce soit le cas pour une prochaine édition).

      • Violette says:

        Bonjour,
        “Il aurait mieux valu que ce livre fasse l’objet d’une relecture approfondie par une personne extérieure (espérons que ce soit le cas pour une prochaine édition).”
        Vous, peut-être ?… Dans ce cas, il vous manque encore beaucoup d’instruction – et, plus encore, Le Désintéressement.
        “La présomption est-elle venue ? Alors viendra le déshonneur ; mais la sagesse est avec les modestes.” (Proverbe)
        Bonne soirée.

  7. Marie-Hélène Lahaye says:

    Un billet qui contribue à la réflexion sur la place des hommes pendant l’accouchement: “Un père blogueur refuse qu’un sage-femme touche «la chatte à sa femme». La preuve que la domination masculine va se nicher jusque dans l’utérus des femmes.”
    http://www.slate.fr/france/84887/hommes-sage-femmes-hommes

    Même si je suis d’accord avec cet article lorsqu’il critique l’appropriation par l’homme du corps de sa compagne, je suis en désaccord avec une partie du contenu:
    – contrairement à ce qui est mentionné, un accouchement est un acte éminemment sexuel, et je suis donc méfiante quand on cherche à désexualiser cet acte pour le rendre conforme aux prescrits médicaux et l’adapter aux protocoles de l’équipe médicale ;
    – toute la question tourne autour du toucher vaginal qui rend l’homme si mal à l’aise, mais à aucun moment n’est interrogé la pertinence de ce toucher vaginal (dont la médecine occidentale use et abuse, et qui non seulement peut être très mal vécu, mais peut également avoir un effet délétère sur l’accouchement).

  8. Myriam says:

    Bonjour à vous,
    excellente réflexion, je suis à ma première grossesse, je suis beaucoup du genre à réfléchir au delà des apparences surtout à ce qui à trait toutes les normes préétablies par notre société.
    Votre texte m’a beaucoup fait réfléchir sur le rôle que je souhaite que mon mari est durant l’accouchement, certes pour moi et c’est très personnel, je souhaite sa présence durant le travail pour me rassurer, me supporter ( je vais seulement aller à l’hôpital lorsque j’aurais des contraction aux trois minutes où serait très ouverte), mais rendu à l’hôpital, je ne sais plus… Je ne souhaite pas non plus lui mettre de la pression et je peux très bien comprendre qu’il ne veule pas voir la descente du bébé, de me voir ensanglanter etc. Peut-être me regarder dans les yeux à ses moments, mais s’il n’a pas envie d’y être bien à lui. Nous avons une belle complicité et intimité, il est aussi du genre pas nerveux et je pense qu’il respecterait mes volontés, mais c’est certainement très important qu’il se prépare en lisant sur le sujet.

    Je ne souhaitais pas à la base accoucher à l’hôpital, je crois que le cadre médical ne ferais que me stresser pour rien, je préférais la sage femme à la maison ou en maison d’accouchement. Disons que le jugement des autre autour ( tu serais mieux à l’hôpital s’il y a complication) mais également le manque de places au Québec et la liste d’attente pour voir une sage-femme, m’ont fait abandonner ce projet…

    Je commence mon sixième mois de grossesse, et je lis sur le sujet de plus en plus regarde des accouchements à l’hôpital et à domicile, et je regrette un peu de ne pas avoir tenu tête, comme je le fais toujours habituellement… Au moins je suis à une hôpital très bien réputé pour l’accouchement, et je vais inscrire dans mon plan de naissance tout ce que je ne désire pas, mon mari est très d’accord avec ce que je pense sur ces actes médicaux, lui aussi également trouve que ça aurait été bien d’accoucher à la maison.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Bonjour Myriam,

      Concernant le rôle de ton mari, est qu’il ait pu travailler sur ses peurs. Beaucoup de problèmes et violences proviennent du fait que les hommes ont toutes les peurs de l’accouchement véhiculées par la société et auront du mal à développer une attitude sereine et bienveillante au moment de l’accouchement.

      Je te conseille aussi de ne pas d’enfermer dans un plan pré-établi sur le rôle de ton compagnon. Si tu prends l’option d’une naissance respectée, donc en essayant de vivre les choses pleinement, sans nécessairement avoir recours à la péridurale, tu vas vivre des émotions extrêmes et qui vont évoluer au fur et à mesure de la progression du travail. Il y a des moments où tu voudras peut-être qu’il te masse le dos pour te soulager, puis 30 secondes après, tu ne supporteras plus qu’il te touche. Il y a des moments où tu voudras l’avoir dans tes bras et d’autres où tu ne supporteras pas sa présence. Le mieux est de se laisser guider par ce que tu ressens.

      L’essentiel pour que ça se passe au mieux, c’est d’en avoir parlé avant. Il doit bien être conscient que tu vivras une expérience très intense et que la meilleure chose qu’il puisse t’offrir, c’est d’être discrètement à ton service.

      Je te souhaite de vivre une belle rencontre avec ton petit.

  9. Louis says:

    En tant que jeune papa,
    je dois dire que j’ai été effaré de l’infantilisation (pauvres enfants ! ) de ma femme lors de son accouchement.
    J’ai pour ma part subi un tiraillement horrible entre la nécessité de la soutenir dans la sérénité et la colère impuissante d’entendre des “vous risquez…” et autres “c’est le protocole” destinés à la désorienter et à lui faire perdre confiance pour qu’elle souffre et se soumette.
    Heureusement, nous avions préparé ce moment et les choses étaient claires :
    Je ne serai probablement pas en mesure de t’apporter tout le soutien dont tu as besoin (pour moi c’est une évidence) mais je me tiens à ta disposition la plus totale et inconditionnelle.
    Tu sais ce que tu veux et je ferai tout pour que ce soit respecté si tu n’en as plus la force.
    Au final après plusieurs tentatives d’instrumentalisation/chantage nous nous sommes fait menacer et harceler, nous avons vu notre pdn (celui dont on nous a dit “votre projet ? aucun souci, ça nous va” ) réduit à néant.
    Le souvenir que je garderai de la naissance de notre fille est un immense vide rempli de désespoir.
    Vide d’humanité, détresse des corps, des cœurs.
    Beaucoup de progrès restent à faire pour que la naissance des petits humains devienne aussi respectueuse que ce qu’elle l’est dans l’élevage industriel.
    Quand au rôle du père lors de l’accouchement, le bon sens le plus élémentaire veut que ce soit celui que la mère désire le jour J ni plus ni moins !

  10. Pierre Leuret says:

    Bonjour et merci pour ce blog.

    Je suis comme toi assez sensible à l’intouchabilité de la fonction médicale. J’ai par exemple assisté impuissant à la mise en CMP de mineures (ça touche pas trop les gars) sans consultation de leur opinion (sans vraiment demander à la mère non plus…). Je suis aussi futur papa et je me pose pas mal de question sur mon positionnement vis à vis de certaine pratiques. Ma femme souhaite éviter toute médicalisation, pas de péridurale, pas de déclencheurs d’accouchement… Je la soutient bien entendu dans ses choix mais je sais que face aux sage femmes (qui ont tout de même une certaine légitimité, ne serait-ce que celle de l’expérience), je peux me laisser convaincre d’expliquer à ma femme qu’il faut leur faire confiance, que c’est pour son bien..etc

    On s’est pas mal renseigné, et heureusement les médias ne véhiculent pas une infâme propagande capitaliste pour la consommation de drogues et la mutilation des femmes. Si, si , même la télé.

    Je pense qu’il vaut mieux faire preuve d’un peu de détachement vis à vis de tout ça. Un vagin c’est juste un vagin, et l’accouchement c’est mécanique. Je ne pense pas pouvoir en faire un merveilleux moment d’intimité avec ma femme… et ne pas se disputer avec le corps médical évitera de créer une ambiance de merde où tout le monde sera tendu pour pas grand chose…

    Je vous raconterai comme ça se passe.

    • Zab says:

      Et votre épouse, qu’en pense-t-elle ? Aurait-elle besoin d’un soutien (le vôtre ou celui de quelqu’un d’autre) pour faire respecter ses souhaits et son corps si c’était nécessaire ?

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Je réagis sur ceci : “Un vagin c’est juste un vagin, et l’accouchement c’est mécanique. ”

      C’est précisément cette conception des choses (défendue par le monde médical) qui produit toute cette violence sur le corps des femmes.

      Non, un vagin, ce n’est pas juste un vagin, mais une partie très sensible du corps d’une personne. Le jour où les femmes ne seront plus réduites à leur vagin et considérées comme des personnes à part entière, le niveau de violence à leur égard diminuera.

      Ensuite, non, un accouchement n’est pas uniquement mécanique. Il y a énormément de facteurs émotionnels, psychiques, chimiques qui entrent en jeu. Pour que la mécanique se passe bien, il faut que l’ensemble de ces autres aspects soient rencontré.

      Un accouchement est un acte éminemment sexuel. Réduire l’accouchement à juste un organe et un truc mécanique entraine forcément des complications et donc des actes médicaux en cascade. C’est comme dire “une relation sexuelle, c’est juste un pénis, un vagin, et c’est mécanique”. Ca ne correspond évidemment pas à la réalité physiologique qui implique un minimum de conditions émotionnelles, psychiques, chimiques (et un environnement favorable) pour provoquer et maintenir une érection, et avoir une relation sexuelle donnant du plaisir.

    • Sylvie says:

      Cher Pierre,
      Je suis ingénieure, la seule de ma promo car je suis déjà bien au delà de l’âge de mettre au monde des bébé, et j’aime la mécanique profondément. Mais si mon mari m’aurait sorti ne serait ce qu’une fois “Un vagin c’est juste un vagin, et l’accouchement c’est mécanique” il aurait vite changé de statut. Quelqu’un qui pense comme ça ne serait immédiatement plus à mes côté. Ni pour l’accouchement ni pour le reste de ma vie.

  11. Annick de Lamotte says:

    Les deux choses les plus importantes que je voudrais dire aux hommes (ou aux femmes) qui accompagnent leurs femmes pendant l’accouchement:
    – 1. Soyez simplement l’amant de votre femme, ni plus, ni moins. Vous connaissez votre langue intime à tous les deux, vous savez ce qu’elle aime, vous ne lui demandez pas tout le temps ce dont elle a envie mais vous êtes prêt à ce qu’elle vous dise ce qu’elle n’aime pas, vous prenez soin de vous, c’est vous deux qui créez votre relation à ce moment-là, avec beaucoup d’intimité ou pas trop, avec des mots ou pas trop. Vous n’êtes sans doute pas son coach médical. Chacun sert quelque chose qui est plus grand que soi.
    – 2. Votre femme reste pendant toute la durée de son accouchement en pleine possession de ses facultés mentales et intellectuelles, même si sa conduite vous paraît paradoxale ou inexplicable. Il n’est jamais nécessaire que vous vous mettiez du côté du personnel soignant pour la « raisonner », ou pour la maintenir de force dans une certaine position. Je ne parle pas ici évidemment des cas extrêmes où la femme est évanouie et ne peut donc faire part de sa volonté. Une jolie histoire pour illustrer ceci Un couple a accouché de son premier enfant à domicile. Pour l’accouchement gémellaire qui suit, le couple décide d’aller à l’hôpital. La sage-femme présente ne parvient pas à capter les bruits fœtaux des deux bébés parce que la femme est à quatre pattes et ne veut pas changer de position. La sage-femme enjoint le mari de raisonner sa femme, parce qu’ »il y va de la sécurité des enfants ». Le mari a répondu » Si ma femme choisit cette position, j’ai la confiance absolue que c’est aussi la meilleure position pour nos bébés. » Simple, logique et clair. La femme pouvait continuer son travail tranquillement.

    Et bien entendu: parlez en beaucoup pendant la grossesse!

  12. “Les deux choses les plus importantes que je voudrais dire aux hommes qui accompagnent leurs femmes pendant l’accouchement:
    Soyez simplement l’amant de votre femme, ni plus, ni moins. “

  13. sleeve says:

    ah moi je n’ai pas pu assister à l’accouchement, même quand l’infirmière m’a tendu le bébé j’avais peur de le faire tomber.
    Les femmes sont vraiment courageuses et ne ce n’est pas pour rien que c’est à elle qu’est confiée cette grande mission de donner la vie.

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