Le vagin non sexuel

PassexuelEnfoncer les doigts dans un vagin serait parfois un geste non-sexuel. La récente polémique sur les touchers vaginaux sur patientes endormies pratiqués par des étudiants au bloc opératoire a mis en lumière la conception des gynécologues sur les actes qu’ils posent sur le corps des femmes. Sur les réseaux sociaux, beaucoup de médecins et d’étudiants se sont offusqués lorsque la loi sur le consentement des patients leur était brandie, et lorsqu’il leur était rappelé que l’introduction par surprise de doigts dans le vagin était assimilable à un viol. Pour toute défense, ils ont levé les yeux au ciel en affirmant qu’un toucher vaginal n’avait rien de sexuel, certains jugeant même utile de préciser qu’ils n’y prenaient aucun plaisir.

En tant que juriste, je ne peux m’empêcher de rappeler la législation. La loi Kouchner impose depuis 2002 qu’ « aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment ».

Le toucher vaginal étant un acte médical, il doit faire l’objet d’un consentement préalable de la patiente. Si cette dernière est endormie, elle doit tout simplement avoir exprimé son consentement avant l’anesthésie. Au cas où un étudiant se trouverait dans une salle d’opération et se verrait inviter à introduire ses doigts dans un vagin, la première chose attendue de sa part est qu’il s’assure de l’accord préalable de la patiente sur le geste qu’il s’apprête à poser. Aucun document particulier n’est nécessaire, respecter la loi n’exige qu’une question banale de type « Madame, seriez-vous d’accord pour que l’étudiant untel soit présent dans la salle d’opération et puisse pratiquer tel acte à titre de formation ? ». Contrairement à ce que les médecins prétendent, aucune référence ne doit être faite à une quelconque « non-sexualité » de l’acte. Il ne s’agit que de la reconnaissance dans la patiente d’une adulte douée de discernement et de raison, et capable de poser un choix librement consenti.

La loi sur le viol est également très claire. Le Code pénal français définit ce crime comme :

« tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise »

Le fait d’attendre que la patiente soit endormie pour pratiquer un toucher vaginal peut aisément être assimilé à de la surprise. La loi belge sur le viol est encore plus précise puisqu’elle inclut la question du consentement en définissant le viol en ces termes :

« tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit et par quelque moyen que ce soit, commis sur une personne qui n’y consent pas »

Qu’il soit présent derrière la notion de menace, contrainte ou surprise ou qu’il soit clairement énoncé dans la loi, le non-consentement de la victime est l’élément-clé qui définit le viol. Introduire des doigts dans un vagin est une pénétration sexuelle. Le faire sans l’accord de la patiente est donc un crime. Malgré ce que certains médecins affirment, le plaisir n’est pas un élément constitutif du viol. Il serait en effet trop simple pour un violeur de déclarer « je n’ai pas ressenti de plaisir, Monsieur le Juge. Ce n’est donc pas un viol ».

Il est surprenant qu’après tant d’années d’études, des médecins ne soient pas capables de mettre en œuvre des notions aussi élémentaires, pourtant à la portée de simple quidams.

Circulez, il n’y a rien de sexuel.

Ce qui m’a malgré tout le plus interpelée dans cette polémique, ce n’est pas tant leur ignorance du droit, mais l’insistance des gynécologues à affirmer que les touchers vaginaux n’avaient rien de sexuel. Cette affirmation est non seulement fausse, mais constitue en plus une domination patriarcale sur le corps des femmes.

Jardinsecret-2Premièrement, affirmer qu’un toucher vaginal n’a rien de sexuel consiste à imposer le point de vue du médecin à la femme. Pour ceux qui peinent à imaginer la scène, représentez-vous une femme dénudée, au sexe bien en vue, couchée sur le dos, les jambes écartées, entre lesquelles se trouve un gynécologue, qui lui, en étant entièrement vêtu, lui enfonce deux doigts dans le vagin. Il ne faut pas posséder de grands diplômes pour comprendre que si le praticien ne perçoit peut-être pas le caractère sexuel de son geste, la femme, qui ressent pleinement la pénétration dans la partie la plus intime de son corps, qui n’utilise ses organes génitaux quasiment exclusivement qu’à des fins sexuelles, qui consulte un professionnel de la santé pour obtenir une contraception ou dans le cadre d’un projet ou d’un suivi de grossesse, c’est-à-dire en lien direct avec ses entreprises charnelles, doit faire d’immenses contorsions mentales pour effacer de ce geste toute connotation sexuelle.

Ensuite, les médecins sont, contrairement à ce qu’ils prétendent, très ambigus sur le caractère sexuel de ces actes. J’ai lancé sur twitter l’idée que puisque les touchers vaginaux et rectaux seraient anodins et n’auraient aucun caractère sexuel, les étudiants en médecine pourraient s’entraîner à cette pratique entre eux, exactement comme le font bon nombre d’autres professionnels tels que les coiffeurs, les kinésithérapeutes ou les ostéopathes. J’avoue ne pas avoir suscité un enthousiasme délirant. Les futurs gynécologues se sont au contraire empêtrés dans moult circonvolutions pour expliquer à quel point cet entraînement serait inutile, percevant très bien l’humiliation que constituerait le fait de se déculotter devant leurs condisciples et se faire inspecter les orifices intimes dans une ambiance potache. Un médecin bien à la hauteur de son titre a également repoussé ma suggestion en affirmant « ne pas être la même personne devant un patient et devant un confrère ». En outre, bon nombre de praticiens ont réagi à l’affaire des touchers vaginaux sur patientes endormies en parlant de fantasmes ou de pudibonderie, c’est-à-dire en usant d’un vocabulaire qui renvoie à un imaginaire sexuel. Enfin, les médecins sont éminemment conscients du caractère transgressif de cet acte puisque certains d’entre eux vont jusqu’à l’utiliser comme rite de passage d’introduction à la confrérie médicale.

Plus que tout, nier le caractère sexuel des actes médicaux qui touchent aux organes génitaux des femmes consiste à désexualiser l’accouchement et est la source même des violences médicales commises dans les hôpitaux. Dans un billet précédent « la mère et la putain dans la salle d’accouchement », je démontrais qu’en mobilisant les mêmes organes et hormones, l’accouchement était l’aboutissement d’une union charnelle et présentait de grandes similitudes avec cet acte. Lorsque toutes les conditions favorables sont réunies, des femmes vont même jusqu’à vivre un accouchement orgasmique. De façon plus prosaïque, certains hôpitaux américains encourageraient la masturbation comme analgésique permettant d’apaiser les douleurs des contractions. Quoi qu’il en soit, percevoir une future mère qui accouche comme une femme en train de vivre une relation sexuelle inciterait toute personne étrangère à ne s’approcher d’elle qu’avec infiniment de tact, ne transgresser son intimité qu’en cas de nécessité absolue et ne l’aborder qu’avec une bienveillance inconditionnelle. C’est précisément dans cette philosophie que certaines sages-femmes accompagnant des naissances respectées conçoivent leur relation avec les parturientes.

En revanche, en affirmant haut et fort le caractère prétendument non sexuel des actes gynécologiques, les obstétriciens imposent leur propre vision de ce que doit être la sexualité des femmes. Plus grave encore, ils déshumanisent les futures mères pour les réduire à un objet dont ils peuvent disposer à leur guise et transforment les organes génitaux féminins en une partie de corps aseptisé sur lequel ils peuvent poser sans limite tout geste médical. En désexualisant le vagin, la médecine met en place les prémices physiques et les conditions morales de la violence obstétricale.

Sources :

Baptiste Beaulieu, « Le stakhaniviste du toucher vaginal », blog Alors Voilà, 26 novembre 2012.

Damien Mascret, « L’orgasme pendant l’accouchement existe bien », Le Figaro, 5 juin 2013.

Thierry Postel, « Naissance et jouissance : mise en évidence de l’existence d’un orgasme obstétrical » (Childbirth climax: The revealing of obstetrical orgasm), Sexologies, Volume 22, Issue 4, October-December 2013, Pages e89-e92.

Bérénice Rocfort-Giovanni, « Touchers vaginaux sur patientes endormies : “C’est de la médecine, on n’est pas dans un fantasme de viol !” », L’Obs, 3 février 2015.

Alexandre Vigneault, « Sexe, grossesse et accouchement, se masturber en accouchant », La Presse.

This entry was posted in Mon corps m'appartient and tagged , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

28 Responses to Le vagin non sexuel

  1. Laura Chaumont says:

    Une fois encore, merci d’alimenter nos réflexions.
    Je suis, comme toujours, assez d’accord avec toi, si pas totalement.
    Belle journée,
    Laura

  2. Virginie says:

    Bonjour, j’adhère totalement à ce billet, juste un point, pour moi il s’ ‘ agit plutôt d’un viol par contrainte que par surprise, endormie, ou même nue sur une table gynécologique, il est difficile pour la femme de se soustraire à un acte que le médecin estime nécessaire et anodin voire obligatoire. Elle n’a pas les dispositions mentales nécessaires à ce moment là pour refuser un acte qu’on lui impose par la routine.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Je parlais du viol “par surprise” en me référant à la situation du toucher vaginal sur patiente endormie au bloc opératoire.

      Effectivement, un toucher vaginal non consenti, mais auquel il faut se soumettre par exemple pour obtenir une pilule contraceptive peut être considéré comme un viol par contrainte.

  3. La sorcière says:

    Effectivement, “j’ai pas pris de plaisir, donc c’est pas sexuel”, c’est assez lamentable. C’est même assez suspect quand on se défend en arguant un truc un peu à coté de la plaque. Genre on leur avait pas posé la question, mais ils veulent nous expliquer comment eux se sentent pendant le TV.
    En général, on estime un tord à la hauteur de ce que ça fait à la victime, pas à l’agresseur. Si on cambriole une maison, on se fiche de si on avait l’impression de faire un truc foufou, ce qui compte c’est la valeur de ce qu’on a dérobé, les dégats qu’on a fait, etc.

  4. Eudes says:

    Le toucher vaginal est-il vraiment si anodin, sans aucun risque médical ? Blessure, traumatisme, contamination, allergie de contact, etc… pourquoi cet aspect du sujet n’est-il jamais abordé ? Il me semble qu’on essaie d’enlever non seulement le caractère sexuel de l’acte, mais aussi carrément le caractère médical de l’acte.

  5. En réalité, le problème pour moi n’est pas dans le fait que ce geste soit sexuel. Il est dans l’absence de consentement.
    Je me fiche que la pénétration soit faite dans mon sexe ou dans mes oreilles. Et je n’ai rien à faire non plus de savoir si le médecin y prenne du plaisir ou pas. Le problème est que le geste soit non consentie.

    Et en se défendant sur l’aspect sexuel, les médecins ne font que chercher à minimiser l’impact des gestes pratiqués sans le consentement quels que soit ces gestes, ce qui ne conduit qu’à énerver encore plus les patients qui les subissent.

  6. Ailily says:

    Merci beaucoup pour ce nouveau billet !

    J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt ce sujet, déjà présent sur la toile (en lisant le billet “Tu sauras jamais” sur le blog “Sous la blouse”, disponible à cette adresse : http://sous-la-blouse.blogspot.fr/2011/06/tu-sauras-jamais.html) et ressorti suite à un billet sur un autre blog. Et j’ai du même coup atterri sur des forums d’étudiants en médecine. Ce qui m’a frappée, surtout, c’est que ce genre d’argumentaire (“on ne prend pas plaisir”, “ce n’est pas sexuel”, etc) était pratiqué par la même tranche de personne. Attention, je ne mets pas tous les individus de sexe masculin dans le même panier. Batiste Beaulieu, Martin Winckler, Borée, ou même plein d’hommes que je connais ou non et qui sont soucieux des droits de la femme et du respect de celle-ci m’inspirent le plus grand respect.

    Mais il n’empêche que. Souvent, quand je constate une incompréhension et un grand manque d’empathie vis-à-vis de ce sujet, les personnes qui l’expriment sont pratiquement toutes de sexe masculin. Les étudiantEs en médecines qui réagissaient sur le forum sur lequel j’étais tombée étaient les première à s’insurger. Manifestement, c’est vraiment trop dur pour certain de se mettre à la place des autres. Et effectivement, renverser la vapeur et proposer des touchers rectaux à ces mêmes malotrus semble poser problème…

    Par rapport également à ce que vous dites sur le fait d’imposer le point de vue du médecin à la femme, je voulais rebondir sur le même terrain : une phrase que j’entends souvent quand je parle de mon relationnel à la médecine, et qui me fait très souvent bondir :

    “Le médecin s’en fiche, il en a vu d’autre, tu n’as qu’à mettre ta pudeur de côté”.

    A chaque fois, j’hésite à rire, pleurer ou me mettre en colère. Mais zut quoi. Nous on n’est pas médecin, et si eux voient des sexes plus souvent que moi, je ne vois pas au nom de quoi je devrais mettre ma gène de côté. Je respecte son expertise, mais c’est au médecin s’adapter au patient, pas l’inverse. Dans cet axe, j’avais également beaucoup lu sur la position d’examen gynécologique. Je crois que c’est Borée qui parle de ses tentatives d’examens à l’anglaise. Au début je n’étais pas convaincue, et après réflexion, ça change tout en fait : on n’est plus dans une position d’acte sexuel, on n’est plus exposée, comme mise à disposition.

    On a encore du boulot dans la remise en cause des actes médicaux pratiqués sur le sexe féminin…

  7. BELO Marion says:

    Qu’ils s’entraînent entre étudiants pour les TV et TR puisqu’ils n’ont “rien de sexuel”!! Excellente idée!! malheureusement mal reçue… En plus de violer le respect des patientes concernées (et les violer tout court) ils n’ont vraiment aucune ouverture d’esprit, aucune ouverture de….. leur corps…!!!! J’aurai aimé voir leur tête à l’idée de se prêter entre eux leurs orifices…. Mdrr

  8. Marion says:

    Très bon billet qui replace bien les choses dans leur contexte, hein bon parce que si le vagin n’est pas sexuel alors on se demande bien ce qui l’est. Jolis dessins en plus 🙂

    C’est aussi très vrai ce que dis Eudes également, en plus de nier complètement le caractère sexuel de ce geste, on (les médecins) ne parle même pas 1) de la pertinence diagnostique, médicale de cet examen, 2) de la iatrogénie du geste ….??? On marche sur la tête..
    Mon expérience strictement personnelle c’est que ça a l’air très culturel dans les pays latins. Au Danemark où j’ai vécu une grossesse sans aucun touchers vaginaux, lorsqu’on questionne les soignants sur l’absence de cet examen (la française conditionnée qui croit que c’est ABSOLUMENT nécessaire pour être en santé), ils répondent simplement que cela n’apporte pas plus d’informations que ce que livre la femme à l’entretien et tant qu’elle est asymptomatique.
    Après c’est vrai aussi que les grossesses normales ne sont gérées que par les sages-femmes donc pas de gynécos moins de TV, je ne sais pas si l’équation est juste?
    Mais en Belgique, c ‘est plutôt à l’anglo saxon sur la fréquence des TV ou bien comme en France?

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      En Belgique, c’est comme toujours un peu entre les deux. Il y a plein de gynécologues obnubilés par les touchers vaginaux comme en France, tandis que d’autres, suivant l’influence anglo-saxonne ou plus nordique, n’en pratiquent pas. Tout l’art étant évidemment de tester les gynécologues jusqu’à ce qu’on tombe sur le bon.

  9. daria says:

    Tout à fait d’accord.. c’est pas sexuel…le vagin c’est un organe quoi déjà ?
    Le truc du «on n’y prend pas de plaisir» (encore heureux j’ai envie de dire mais quel rapport, moi dans mon job j agrafe souvent des liasses de feuilles je me suis jamais demandé si j’y prenais plaisir, bref) ; c’est surtout ultra puant car ca revient à dire (je l’ai même lu quasi mot pour mot sur un blog d’étudiants médecins) «si vous croyez que ca nous amuse de mettre des doigts dans vos vieux vagins dégueu», genre c’est pas assez honteux d’être offerte comme un poulet, il faut en plus qu’un ait

  10. daria says:

    Arg je disais il faut en plus qu’on ait honte, nous avec nos saletés (les femelles c’est sale toit le monde le sait) d’obliger le pauvre docteur à mettre les doigts dans le caca….

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      C’est clair que c’est un exemple supplémentaire de la misogynie qui règne dans le monde médical. Le sexe des femmes, c’est sale et effrayant. Une sage-femme racontait sur twitter qu’un “jeu initiateur” lors d’un week-end d’intégration d’étudiants consistait à effectuer des touchers vaginaux dans une boîte bricolée et contenant des matières dégoûtantes.

  11. MissNiet says:

    Autant on comprend l’intérêt d’un TV dans le cadre de le visualisation d’une lésion (je dis peut être des conneries mais pour des condylomes ça peut se justifier) ou des TR (cancers de la prostate me semble). Mais ces examens sur des personnes saines ne se justifient pas donc c’est forcément un abus de pouvoir.
    Un examen doit être pratiqué s’il est légitimé par un besoin explicité au patient. On ne fait pas passé une IRM pour une migraine, ben c’est pareil. C’est parce que l’acte ne coûte rien aux soignants qu’il est banalisé et autant répandu.

    J’adore l’idée de s’exercer les uns sur les autres qui curieusement n’est pas mise en place alors qu’il serait très simple de mettre une salle à disposition des étudiants par petits groupes. Après le “problème” que je vois de cet aspect c’est que parfois on peut avoir un diagnostique sur quelqu’un d’asymptomatique ou se sachant malade et ne souhaitant pas s’y exposer…

  12. Adelver says:

    Oui bon mollo avec l’idée de les faire s’exercer les uns sur les autres . N’oubliez pas que les étudiantes en médecine n’ont pas forcément envie qu’on leur mette la pression dans ce sens là . Je sais qu’à la base c’est proposé comme une boutade pour montrer le caractère incongru des justifications du corps médical mais j’ai vu de-ci de là cette idée être avancée très sérieusement. Je ne veux pas particulièrement que les étudiants en médecine subissent ce genre d’actes au nom de leur formation.
    Sinon parfaitement d’accord avec l’article . On est évidemment dans un abus de type patriarcal , dans un fantasme de toute puissance cocottant dans une soupe de misogynie et de mépris . Bien sur ce genre de cocktail entraine : déni, mauvaise foi, arguments sur-réalistes , raisonnement par l’absurde . IL faudra quelques condamnations avant que ça change et ça ne changera pas parce-que c’est juste ou respectueux des patientes, ça changera parce-qu’ils auront peur d’être condamnés .

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Je ne sais pas si l’idée que les futurs gynécos s’entrainent entre eux est si incongrue. Leur métier consistera précisément à avoir accès aux organes génitaux de leurs patientes. Quel pourrait être meilleur apprentissage du respect des patientes que d’avoir, pendant sa formation, pris la place des patientes ? Ça demande bien sûr une révolution mentale dans la profession que d’organiser ces séances en petit groupe, dans un respect mutuel, dans une bienveillance constante et avec tout le tact et la prudence requise. Mais la révolution pour que les femmes soient respectées est précisément ce que je veux.

  13. MissNiet says:

    C’est plus qu’un problème de bienveillance d’organiser des examens sur les étudiants entre eux.

    J’ai bossé dans des labos de recherche qui travaillent sur l’humain et la règle est de ne jamais s’utiliser comme contrôle car si on trouve un problème pas encore détecté on peut s’exposer à des traitements ou des examens inutiles puisque l’anormalité est asymptomatique.

    Je pense que ce principe s’applique à plus forte raison chez les médecins. Éviter l’auto à diagnostique. Et comme je l’ai dit certain-e-s peuvent avoir des choses qu’ils ne souhaitent pas rendre publiques auprès de leurs collègues. On peut penser aux personnes transsexuelles, ou bien à une malformation, des soucis de santé antérieurs ou actuels…

    Donc je comprend le besoin de pratiquer sur les patients et non sur eux même mais pas au détriment de leur consentement 😉

  14. Fire says:

    Il me semble que les étudiants en médecine s’entraînent déjà les uns sur les autres pour certains actes alors ils pourraient très bien étendre leur entraînement dans la zone génitale et rectale. Finalement c’est eux qui font preuve de pudibonderie dans cette affaire.

  15. Fire says:

    Mais cela dit, faudrait-il que les médecins demandent un consentement pour absolument tous les actes médicaux réalisés lors d’une intervention chirurgicale ?

  16. MissNiet says:

    @Fire : selon les actes pour lesquels ils s’entraînent l’enjeu diffère. Une prise de sang non suivie d’analyses est anodine. Tapoter le genou pour s’entrainer à faire les réflexes n’est pas non plus alarmant.

    Disons que les médecins en formation ont la possibilité de pratiquer entre eux s’ils en sont d’accord, de là à l’imposer j’ai souligné les problèmes éthiques qui s’y opposent.

    Quant à la demande de consentement, elle ne doit pas tout concerné, tacitement le patient accepte les actes dans leur ensemble y compris ceux entrepris en cas de complications. Par contre la présence d’un étudiant devrait être signalée et soumise au patient. Le détail aussi devrait être donné, si l’étudiant observe, examine ou intervient la perception du patient n’est pas la même.

    Je me souviens d’une eco passée dans un labo. J’arrive et le soignant m’annonce qu’un stagiaire sera présent. Ce n’était même pas une demande mais un fait. Bon moi je m’en fiche mais clairement si j’avais du m’y opposer ça aurait été compliqué puisque le médecin m’a informé et non pas demandé. Cet étudiant a donc eu connaissance de mon identité et de ma pathologie sans que je sache précisément qui il était et sans qu’on me demande proprement si j’en étais d’accord. Encore une fois, dans le fond je m’en cogne et au contraire j’aime la présence des étudiants car le praticien est obligé de détailler ce qu’il cherche et voit 😉 Mais je me mets à la place de quelqu’un qui ne souhaite pas s’ouvrir et à la difficulté de contester la présence d’un étudiant. Ce n’est pas normal.
    La seule fois où mon consentement a été pleinement obtenu c’était à l’esf où la jeune infirmière s’est présentée et m’a demandé si j’acceptais d’être son premier prélèvement. Déjà deux personnes avaient refusé…

  17. Eliette says:

    Je vous remercie infiniment pour ce très bon article ainsi que pour tous ceux que vous publiez sur votre blog. Y a-t-il un moyen de vous contacter personnellement?

  18. Lana says:

    Pour moi, tout cela n’a strictement rien de sexuel et ce serait le contraire qui me ferait me sentir “objet”. A partir du moment où ça ne me fait rien, ça n’est pas sexuel (un peu comme pour un toucher rectal, je doute que les adeptes de la sodomie, hommes comme femmes, apprécient cette visite médicale?), et pour ceux d’en face, il faudrait vraiment qu’ils soient plus que tordus pour trouver du plaisir dans une situation aussi aseptisée.

    Néanmoins, je suis plus que d’accord : à chacun son ressenti et on n’a pas à imposer la façon de voir des médecins à tous. Qu’ils n’aient pas envie de pratiquer entre eux, je le comprends (si j’avais un ami gynéco, je n’irais clairement pas chez lui, le connaître me gênerait), mais qu’ils se contentent du consentement des patientes et tout ira bien. La réaction de certains d’entre eux est à vomir!

  19. Augustissime says:

    Sur la nécessite du consentement, je vous rejoins.

    Sur le caractère sexuel des examens gynécologiques, moins. Forcément quand on examine le vagin et le col de l’utérus d’une patiente, on touche à des organes sexuels, mais cela relève de la tautologie. En revanche, un examen médical normal n’a pas de finalité sexuelle dans le sens où il ne vise pas la satisfaction sexuelle de celui ou de celle qui le pratique. On voit bien la nuance : si lors d’un examen consenti le médecin commence à donner un mouvement de va et vient à ses doigts, la finalité du geste aura changé de nature. On sera passé d’un examen médical à un viol, de mon point de vue, du vôtre aussi peut-être et je pense du point de vue de la plupart des tribunaux suivant la jurisprudence actuelle.

    La confusion que vous entretenez entre finalité sexuelle et organe sexuel contribue à entretenir votre interprétation erronée de ce qu’est le viol. Vous commencez par écrire “Le faire sans l’accord de la patiente est donc un crime.” D’après quoi ? Votre lecture personnelle du code pénal ? Il ne suffit pas de l’écrire avec un ton assuré pour que ce soit vrai. Non, un geste à finalité médicale n’est aujourd’hui, suivant une jurisprudence constante, pas un viol. Je vous invite à vous faire expliquer tout cela par un juriste.

    “Il est surprenant qu’après tant d’années d’études, des médecins ne soient pas capables de mettre en œuvre des notions aussi élémentaires, pourtant à la portée de simple quidams.”
    Et il est surprenant qu’après plusieurs billets sur le sujet vous n’ayez toujours pas compris que les critères de pénétration sexuelle et de non-consentement ne suffisent pas pour que le crime de viol soit constitué. Cf. mes autres commentaires.

    Quant à votre démonstration sur le fait que les médecins ne s’examinent pas entre eux, elle ne vaut pas tripette. Les psy ne se font pas des thérapies entre confrères en se racontant leur enfance et leurs soucis sentimentaux dans tous les sens. Les médecins ne se mettent pas en sous-vêtements devant leurs collègues comme leurs patients le font devant eux. Les notaires ne se communiquent pas leurs patrimoines, les banquiers ne se donnent pas leurs relevés de compte entre eux.

    Il s’agit là d’intimité.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      1. Je suis juriste.
      2. L’élément constitutif du viol est l’absence de consentement. Le va-et-vient dans le vagin n’est pas un élément constitutif du viol. La pénétration suffit.
      3. Vous réagissez à tous mes billets qui évoquent le viol, et uniquement à ceux-là. Que cherchez-vous au juste ?

  20. Augustissime says:

    1 et 2 – Vous êtes juriste ? Alors c’est encore plus impardonnable d’affirmer de manière péremptoire que “ceci est un viol”, “ceci n’est pas un viol”, en faisant une lecture étroite et personnelle de la loi et en affirmant que votre lecture EST la vérité. Lisez par exemple cet article d’un avocat qui rappelle la jurisprudence en la matière : http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:6uBfQNqcKJEJ:www.jim.fr/medecin/actualites/pro_societe/e-docs/salle_de_garde_examens_sur_patientes_endormies_le_medecin_est_il_considere_par_la_loi_comme_un_violeur_en_puissance__150260/document_jim_plus.phtml%3Freagir%3D1+&cd=2&hl=fr&ct=clnk&gl=fr

    3 – Je prends la peine de réagir à certains de vos billets (pas forcément sur le viol, cf. affaire Cottrez) parce que je suis féministe et que vous l’êtes aussi. J’ai donc de la sympathie pour certains de vos combats. Mais quand je vois que vous basculez dans une compréhension du monde qui ferait des femmes des victimes presque par essence, je vous apporte un autre point de vue. Parce que quand vous voyez dans un phénomène de manière excessive (et parfois délirante) une démonstration de la domination patriarcale masculine abusant du corps de la femme, soumis et violé, je trouve que vous êtes contre-productive.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Je suis moi-même très surprise qu’en tant que juriste, vous me citiez le simple avis d’un avocat en prétendant qu’il s’agit de la vérité. Vous auriez été plus crédible en me citant les arrêts de cassation par exemple, y compris dans toutes les subtilités de l’application de cette notion d”intention sexuelle” qui vous est si chère.

      Je reprends donc la définition du viol dans le code pénal: “tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise “. Les éléments constitutifs sont les suivants:
      – pénétration sexuelle
      – de quelque nature que ce soit (donc pas uniquement avec le sexe – conception classique du viol – mais également avec tout objet ou autre partie du corps)
      – commis sur autrui
      – par violence, contrainte, menace ou surprise.

      Un toucher vaginal sans consentement tombe totalement dans cette définition.

      La jurisprudence n’est pas la loi. Certes, une partie de la jurisprudence considère qu’il faut une “intention sexuelle” pour qualifier un viol comme tel. C’est très problématique. Le viol devient dès lors le seul crime dont la qualification dépend (selon les juges) de l’intention totalement subjective que lui en donne l’auteur. En tant que féministe, je combats cette restriction à la loi, précisément parce qu’il s’agit d’une entorse aux principes du droit pénal. En regardant minutieusement la jurisprudence sur le viol, on en arrive à des aberrations. Par exemple, deux affaires similaires ont eu lieu où un groupe de personnes malintentionnées ont enfoncé un bâton dans l’anus d’une victime. Dans un cas, c’était juste un bâton, dans l’autre, il y avait un préservatif sur le bâton. Les juges ont considéré que dans le premier cas, il n’y avait pas viol. En revanche, dans le second, le préservatif sur le bâton démontrait une “intention sexuelle” et ont donc qualifié l’acte de viol.

      En tant que féministe, je conteste radicalement cette restriction de la loi, surtout basée sur une notion aussi subjective de l'”intention sexuelle” (par exemple quelqu’un me vole mes bottes. Si c’était parce qu’il a besoin de se chausser, on dira que c’est un vol, mais si c’est parce que c’est un fétichiste qui fantasme sur mes bottes, on dira que c’est une agression sexuelle ? c’est totalement absurde d’invoquer une “intention sexuelle” pour qualifier un crime, là où le droit pénal s’en tient avant tout aux actes). Je plaide pour que la jurisprudence dans ce domaine évolue en se conformant à une application stricte et littérale de la loi. Exactement comme elle a évolué sur les autres forme de viol, comme le viol conjugal.

      En revanche, j’ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi, en tant que féministe, vous défendiez une vision ancienne du viol, en considérant par exemple que le viol conjugal ne doit pas être poursuivi et qu’un homme qui avoue ouvertement imposer des relations sexuelles à sa femme malgré ses refus ne doit rien se voir reprocher (cf affaire Cottrez).

      Enfin, je ne vois pas en quoi je considère les femmes comme des “victimes par essence”. Effectivement, le monde médical est marqué par une domination patriarcale masculine qui s’impose sur le corps de femmes. Il suffit de voir les nombreux témoignages de femmes en ce sens, l’Histoire de la médecine, les déclarations de bon nombre de médecins qui considère le corps de leurs patients comme un simple matériaux et s’indignent lorsqu’on leur rappelle qu’ils doivent demander leur accord pour accéder à leur corps. Je suis assez surprise qu’en tant que féministe, vous ne voyiez pas ces rapports de domination.

      Mais qu’importe, personne ne vous oblige à lire mon blog, ni à vous intéresser aux violences que subissent les femmes qui accouchent, si vous estimez que ce je vois cette question de manière délirante.

  21. Augustissime says:

    Non je ne suis pas juriste, mais pas totalement ignare en la matière non plus. Votre réponse m’apparaît plus conforme à la réalité de ce que sont aujourd’hui la loi et la jurisprudence.

    Pour autant, je ne partage pas votre analyse sur la question de l’intention sexuelle. Vous avez sans doute des diplômes de droit que je n’ai pas, mais il me semble bien que le droit pénal ne s’en tient pas “aux actes”. Par exemple si vous tuez un commentateur de votre blog après lui avoir asséné des coups de clavier, on se demandera si vous aviez l’intention de donner la mort, la qualification pénale n’étant pas la même suivant la réponse apportée à cette question (violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner versus meurtre). Il ne me paraît pas illogique que le raisonnement soit le même dans le cas d’une pénétration non consentie.

    Surtout je ne vois pas trop en quoi ce combat est féministe. Le problème en matière de viol est avant tout celui de la poursuite effective des auteurs (et celui de la preuve du non-consentement) – dans la très grande majorité des cas la pénétration se fait avec un instrument qui ne laisse pas de doute sur l’intention. Vous battez-vous donc sur le bon front ?

    Je n’ai jamais dit que le viol conjugal ne devait pas être poursuivi. Au contraire, je trouve que l’époque pas si lointaine où le divorce était interdit et le viol conjugal était permis créait des situations particulièrement odieuses, une femme pouvant être ramenée de force par la police au domicile de son mari qui pouvait la violer librement. Je n’ai donc pas écrit ça mais en revanche j’ai écrit et je maintiens qu’il ne suffit pas qu’une femme prétende être violée par son mari pour que ce dernier soit automatiquement coupable. Les commentaires en ce sens sur votre blog (et votre billet aussi dans une certaine mesure) m’ont particulièrement choqué. D’autant plus que Madame Cottrez a non seulement tué ses enfants, mais a prétendu lors de son procès avoir été violée par son père avant d’avouer avoir menti, ce qui n’en fait pas la personne la plus fiable qui soit ! La propension à la croire sans se poser aucune question me semble fouler aux pieds la présomption d’innocence et relever d’une absence d’objectivité qui à certains moments peut approcher ce que j’appelle un “délire”.

    Quant aux rapports des médecins avec leurs patients, vous parlez notamment des “déclarations de bon nombre de médecins qui considère le corps de leurs patients comme un simple matériaux et s’indignent lorsqu’on leur rappelle qu’ils doivent demander leur accord pour accéder à leur corps. ” Vous n’avez pas utilisé le féminin et vous avez eu raison : cela s’applique tout autant aux patients hommes qu’aux femmes. C’est bien le problème : ce que vous voyez comme la marque d’une domination patriarcale est souvent la marque d’une domination médicale sur une viande asexuée. Bien sûr les femmes subissent dans certains cas une double peine, mais vous gagneriez à mieux faire la part des choses.

    Je me permets de vous faire remarquer que votre réponse est nettement plus précise et pondérée que votre billet, ce qui montre l’intérêt de vous commenter 😉 Et rassurez-vous si votre blog n’avait aucun intérêt je n’y aurais pas usé mon clavier.

Leave a Reply to Marie-Hélène Lahaye Cancel reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *