La parturiente et la marathonienne

Horned woman running, Tassili n’Ajjer (Algérie), pigment sur rocher 6.000-4.000 avant J.C.

Et si les marathoniens étaient traités comme des femmes enceintes ? Voici un texte de Rixa Freeze, extrait de son blog « Stand and deliver. Reflections on pregnancy, birth and mothering », qui fait ce parallèle étonnant et drôle pour démontrer toute l’absurdité à laquelle sont confrontées les femmes qui accouchent. Je vous reproduis son texte, traduit par Manon Wallenberger qui me l’a aimablement transmis pour publication.

La parturiente et la marathonienne

Avertissement : Si jamais quelqu’un a envie de poster un commentaire indigné pour dire qu’accoucher et courir un marathon ce n’est PAS la même chose, qu’il lise d’abord ceci. Évidemment que ce n’est pas pareil. Évidemment l’analogie ne fonctionne plus passé un certain stade. Je pense que la plus grande différence entre donner la vie et courir un marathon c’est qu’accoucher est quelque chose de que toute femme est capable de faire, alors que courir un marathon est, je l’admets, un sport d’endurance extrême. 

Je me suis souvent demandé pourquoi on n’aborde pas la grossesse, l’accouchement et la naissance comme s’il s’agissait de courir un marathon. Les femmes enceintes sont confrontées à tant de peurs et de propos alarmistes : « Votre bébé pourrait être trop gros ou trop petit. Vous pourriez être atteinte d’une toxémie. Vous prenez trop de poids ou pas assez. Vous pourriez mourir d’une hémorragie. Vous avez peut-être le pelvis trop étroit. La tête de votre bébé pourrait rester coincée. Il pourrait être en détresse grave. Vous ne saurez probablement pas gérer la douleur, donc il faudrait envisager la péridurale. On ne vous donnera pas de médaille pour avoir accouché de manière non médicalisée. De toute façon tout ce qui compte c’est d’avoir un bébé en bonne santé. » Et si nous abordions le marathon avec autant de pessimisme que nous le faisons lorsqu’il s’agit de l’enfantement ? Voici mon scenario imaginaire vécu par Anne, aspirante marathonienne.

Anne était assez en forme et capable de courir plusieurs kilomètres, à un rythme, certes, assez lent. Elle faisait du cross au lycée et aimait ça, même si elle était souvent une des dernières à franchir la ligne d’arrivée. Plusieurs amis qui avaient récemment couru des marathons lui en donnèrent l’idée : elle décida de s’y préparer.

Le passage en bibliothèque

Anne commença par se documenter sur la manière de réussir un marathon. Elle voulait trouver des calendriers d’entraînement, connaître les besoins nutritionnels des coureurs et avoir des conseils sur le choix des chaussures de course. Elle alla à la bibliothèque municipale qui avait une étagère pleine de livres portant tous sur les risques liés au  marathon. Les différentes blessures dont les coureurs étaient souvent victimes étaient traitées en détail, alors que les réussites n’étaient abordées que succinctement. Les livres vous prévenaient bien que courir le marathon peut certes vous procurer un sentiment de force mais que la plupart des gens ne sont ni capables de s’astreindre à l’entraînement nécessaire ni de terminer la course. Les livres insistaient également sur l’énorme souffrance physique que les coureurs enduraient. Anne savait que des blessures pouvaient arriver et même si elle trouvait cette information intéressante, elle préférait en savoir plus sur la façon de les éviter en s’entraînant correctement, en faisant des étirements ou en modifiant son régime alimentaire. Elle avait aussi plutôt envie de lire des livres qui la motiveraient en partant du principe qu’on pouvait y arriver, plutôt que l’inverse.

Elle se dit qu’il devait bien y avoir quelque part des informations plus utiles, donc elle prit une chaise et s’installa face à l’ordinateur de la bibliothèque. Elle s’échina sur des pages et des pages de résultats avant de tomber sur une communauté de coureuses, peu nombreuses mais sachant se faire entendre, qui avaient réussi leur course et l’évoquaient avec ravissement. Leurs récits parlaient dans leur ensemble de triomphe, de confiance en soi et d’euphorie. Elles parlaient des heures de préparation mentale et physique, des recherches poussées qu’elles avaient faites pour s’assurer d’être parfaitement en forme, et  pour trouver les moyens de prévenir les blessures classiques comme les fissures du tibia, ou les problèmes articulaires. Elles se soutenaient mutuellement lorsque l’une d’entre elles n’avait pas réussi à atteindre le temps qu’elle s’était fixée, ou lorsqu’un problème physique l’obligeait à s’arrêter en route. Elles s’encourageaient à mesure qu’approchait le jour de la course.

Anne accrocha son programme d’entraînement à plusieurs endroits de la maison afin de le voir tous les jours. Elle décida de rester positive, sachant que les meilleurs athlètes considèrent la préparation mentale aussi importante que l’entraînement physique.  Chaque jour elle consacra du temps à la méditation et à la visualisation. Elle imaginait ce qu’elle ressentirait sur la ligne de départ, en attendant le coup de pistolet du starter. Elle visualisait son cœur qui cognait dans sa poitrine, son sang qui fournissait de l’oxygène à ses muscles, son souffle mesuré et régulier. Elle se répétait des affirmations positives comme : « ce sera intense et parfois difficile, mais je sais que je peux le faire. »

L’entraînement

Quelques semaines plus tard, l’entraînement d’Anne se déroulait bien. Elle avait sauté quelques jours, mais la plupart du temps elle atteignait ses objectifs quotidiens. Même si courir était parfois ennuyeux et pénible, elle adorait les sensations que cela lui procurait après coup. Anne raconta à une amie qu’elle s’entraînait pour un marathon et fut surprise lorsque celle-ci lui raconta une foule de récits horribles sur des marathoniens qui souffraient à vie de leurs blessures, et même l’histoire d’un coureur qui avait bu tellement d’eau pendant la course qu’il en était mort. Anne répondit qu’elle s’était renseignée sur les blessures classiques ou plus rares, et qu’elle était sûre qu’elle pourrait soit les prévenir, soit se soigner toute seule, ou demander de l’aide si le cas était grave. Son amie lui dit : « mais comment peux-tu en être sure ? Tu pourrais mourir d’une attaque cardiaque pendant la course, tu n’aurais aucun moyen de le savoir avant que ça n’arrive. Ça ne vaut vraiment pas la peine de courir le risque. »

La famille d’Anne pensait qu’elle était folle. Ne devrait-elle pas employer son temps à une activité plus utile ? Et si quelque chose tournait mal ? Et si pendant la course elle avait trop mal et ne pouvait finir, comment se sentirait-elle ? Anne répondit à sa famille qu’elle s’était renseignée et que c’était une chose importante pour elle. Elle leur demanda soit de lui parler de sa future course de manière positive, soit de se taire.

Les médias et les publicités

Anne remarqua que les médias se concentraient toujours sur les récits à sensation de courses qui tournaient au drame. Lorsque des journaux télévisés couvraient un marathon, ils montraient des coureurs qui avançaient en boitillant avec des airs de morts-vivants. La plupart du temps, ils n’interviewaient que des coureurs ayant abandonné la course, leur accordant plusieurs minutes à l’antenne pour raconter leurs récits. Puis, comme à regret, ils donnaient 30 secondes à un coureur à la mine ravie, malgré la fatigue et la sueur. Bien sûr, une fois que ce coureur-là avait terminé son récit, le présentateur rappelait aux téléspectateurs que la plupart des gens sont incapables de courir un marathon et qu’il valait mieux faire taire ses espoirs. « Bon sang », pensa Anne. « Je connais pourtant plein de gens qui ont terminé la course sans mourir, se casser une jambe ou finir handicapés à vie. »

Sans qu’elle sache trop comment (peut-être lorsqu’elle avait commandé quelques paires de ses baskets préférées) des entreprises qui sponsorisent les marathoniens se procurèrent son adresse. Tous les jours ou presque, elle trouvait dans sa boîte aux lettres une nouvelle pub sur papier glacé pour « le marathon sans douleurs et sans efforts ». Le slogan d’une des entreprises était : « Nous faisons le boulot pour vous, il vous suffit d’être là pour la course ». Dans leur brochure Anne apprit que :

C’est un énorme travail de courir un marathon. La douleur est insoutenable. Les risques que représentent tant de kilomètres à parcourir sont nombreux. Pourquoi souffrir si vous pouvez le faire avec Indoltm ? Pour seulement 12 versements mensuels de 199 dollars vous pouvez terminer votre marathon confortablement et avec élégance dans notre véhicule motorisé breveté Indoltm . Notre chauffeur vous récupérera personnellement dès que vous aurez trop mal. Une fois installé dans le confort luxueux de votre siège-Couralaiztm, vous pourrez savourer le spectacle tandis qu’on vous conduit jusqu’à la ligne d’arrivée. Vous recevrez une photo gratuite vous représentant en train de franchir la ligne d’arrivée à pied. Boissons non inclues. Les coureurs devront s’acquitter d’une somme de 10 dollars par kilomètre parcouru à pied. Vous en êtes dispensé si vous prenez l’option Couralaiztm dans les 5 premiers km. Pour des raisons de responsabilité civile, l’option Couralaiz ne peut être souscrite ni pour les 4 premiers km ni après le 23ème.

Anne empilait ces publicités près de sa cheminée. Après ses longues courses du samedi, elle se faisait couler un bain bien chaud, allumait la cheminée et les jetait dans les flammes en observant les bords qui tournoyaient et se recroquevillaient. Elle imaginait ses peurs en train de fondre et de disparaître avec ces publicités luxueuses.

L’entraînement d’Anne se poursuivait. Elle aimait sentir son corps changer, voir ses cuisses se raffermir, sentir les articulations jouer entre chaque ensemble de muscles. Se préparer pour la course lui permit également de mieux apprécier une nourriture saine et nutritive. Son corps lui réclamait des protéines, des fruits frais, des légumes et des hydrates de carbone complexes. Elle mangeait des sucreries de temps en temps mais ne les appréciait plus autant qu’avant.

La fracture choisie

Plusieurs mois après avoir commencé son entraînement, Anne entendit parler avec inquiétude d’une nouvelle mode dans le monde du marathon : la fracture choisie (FC). Elle savait que les fractures liées au stress faisaient partie des blessures courantes dans le monde de la course, sans parler des fractures rares mais sévères liés à des chutes accidentelles. Apparemment certaines personnes vantaient un nouveau « traitement préventif » qui consistait à porter des moniteurs de fracture osseuse pendant la course. L’argument publicitaire pour ces moniteurs était qu’ils étaient censés prévenir la fracture avant qu’elle n’arrive. En utilisant les informations transmises par les moniteurs, des chirurgiens pouvaient alors choisir de casser l’os avec soin (pour s’assurer d’avoir une fracture nette et franche) et de le réparer dans un environnement sécurisé. Les moniteurs étaient assez lourds, et causaient parfois des chutes chez les coureurs, entraînant des blessures importantes. Pourtant, elles étaient LE nouveau must dans le monde de la course où on les présentait comme « le filet de sécurité du coureur ». Un chirurgien vantait cette technologie qui rendait les os des jambes  « plus solides que des neufs ». Le monde est-il devenu fou, se demanda Anne. L’idée que des gens pouvaient choisir de se faire casser des os avant même d’avoir un sérieux problème la dépassait complètement. Des flyers commençaient à arriver dans sa boîte aux lettres décrivant la FS. Anne ne put s’empêcher de sourire lorsqu’elle découvrit qu’une de ces entreprises s’appelait FCMQN : « fracture choisie, mieux que du neuf ».

La course

Alors que le jour de la course approchait, Anne était partagée entre la confiance et l’agitation. Elle savait qu’elle s’était bien préparée, mais elle n’avait encore jamais couru 42 km. Elle décida que si quelque chose tournait mal pendant la course et l’empêchait de finir, elle l’accepterait calmement, sachant qu’elle aurait fait tout ce qui était en son pouvoir pour réussir. Tous les jours, elle continuait à se projeter mentalement,  s’imaginant à quel point il serait valorisant de terminer la course. Celle-ci finissait dans une vallée où coulait une rivière. Anne y allait souvent nager et savait qu’elle se sentirait incroyablement bien dans l’eau fraîche après l’effort. Elle garda en tête cette image d’elle-même allongée sur le dos, flottant dans l’eau claire, le corps suspendu entre le ciel et l’eau.

Le jour de la course, Anne fut surprise de la foule pressée autour des tentes où s’inscrivaient les coureurs. Il y avait quasiment autant de sponsors que de coureurs. Elle parla avec un coureur expérimenté qui lui dit que cela ne s’améliorerait pas, même après le départ de la course. Elle verrait des motards rouler à côté des coureurs en leur demandant de dire à quel point ils souffraient, et s’ils voulaient abandonner. Sur le trajet, des spectateurs brandiraient des panneaux où on pourrait lire : « il n’est jamais trop tard pour abandonner ». « Ce n’est pas parce que tu finiras la course que tu auras une médaille ». « Lache ou crève ».

Alors qu’elles attendaient dans la file pour s’inscrire, une femme qui prenait aussi le départ et avait couru son premier marathon jusqu’au bout l’année précédente, lui donna un paquet. C’était un t-shirt avec le slogan : « Zone de non drogue ». « Tu vas en avoir besoin » lui dit-elle, « surtout autour du km 35 lorsque les sponsors te tendront des cachets de morphine. Ils savent qu’il vaut mieux laisser tomber ceux qui portent ce t-shirt, ou alors ils vont se faire ramasser et à l’occasion se prendre un coup de poing bien placé ». Anne fit un large sourire.

Tout en faisant ses étirements, elle se concentra, visualisa les différentes étapes de la course et se répéta ses mantras : « Je peux le faire. Je suis forte. Je suis prête ».

 

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26 Responses to La parturiente et la marathonienne

  1. Blandine says:

    Superbe, vraiment texte magnifique, et si juste !

  2. Aurore says:

    Excellent 🙂 l’analogie est très bien trouvée et le récit prenant ! Si il pouvait être aussi simple de repousser les “sponsors” qu’un tee-shirt je le prend sur le champ! 🙂

  3. Livredor says:

    L’analogie est bien trouvée!
    Il y a des parallèles même dans la réalité, si on prend la situation d’il ya 60 ans quand les marathons étaient interdits aux femmes parce que courir aussi longtemps était considéré trop dangereux pour les femmes, choses fragiles à protéger de tout effort difficile et incapables de finir une course aussi longue. Les préjugés restreignent à eux seuls bien des chances et possibilités!

  4. Alison says:

    J’adore, c’est exactement ce que j’avais dit à une amie qui voulait accoucher sans péri, son mec lui disait qu’elle n’y arriverait pas (sympa, c’est toujours bon de partir perdant et sans soutien). Je lui ai dit de me mettre sur haut-parleur et que ça revenait à lui dire avant un de ses marathons que lui n’y arriverait jamais… ça l’a calmé (misogyne de m%$).

  5. cma says:

    C’est tellement vrai !!!

    A une amie qui accouche prochainement et qui se sentait un peu seule au milieu de ce discours ambiant et qui cherchait visiblement un peu de réconfort et de rationalité, je me revois lui conseiller, outre la base documentaire indispensable (rapport de 97 de l’OMS sur l’accouchement normal, récommandation de 2005 du CNGOF sur l’épisiotomie, site du CIANE et bien sûr celui-ci) une paire de bouchons d’oreille pour se protéger de ce vacarme et un rouleau de scotch pour faire taire les boulets les plus lourdingues. Ustensiles qui conservent toute leur utilité après une fois bébé arrivé pour supporter la longue litanie de commentaires sur il a trop chaud / trop froid / faim /soif /trop mangé / fatigué /trop dormi et plus encore en cas d’allaitement avec un lait trop riche / trop pauvre / qui coule pas assez vite / tu lui en donne trop souvent et c’est normal cette couleur ?

    Dans la série encouragement et soutient aux parturiente, cela m’a également fait penser à une ancienne campagne publicitaire de Renault qui retraçait toutes les innovations du constructeur automobile agrémenté d’un lapidaire “ça ne marchera jamais”…

  6. ratier nathalie says:

    ce texte devrait etre lu par toutes les femmes sur le point d’accoucher…….. malheureusement je déplore que trop souvent bon nombre d’entre elles attendent une prise en charge de leur douleur! je fais partie des sages-femmes qui souhaitent voir évoluer les choses surtout en matière de l’hyper médicalisation de l’accouchement! les études ont montré que la dépense énergétique d’un utérus en travail correspondait à celle d’un coureur de marathon….. mais avant de parler des complications il faut dire en préambule que rien n’est possible si on démarre à jeûn, sans avoir dormi et bien sûr en oubliant de respirer!!!!!!! pour pratiquer la préparation à l’accouchement je remarque que peu de mes patientes s’entrainent avant……. comme si la péridurale et le syntocinon étaient nos seules réponses!

    • Maryline says:

      C’est quoi le syntocinon ?

      • Maryline says:

        Je ne vois pas bien comment on pourrait s’entraîner à supporter la douleur. Qu’est-ce qu’on serait sensées faire ? Se donner des grands coups de poing dans le ventre les jours d’avant pour voir si on gère correctement ? ou s’entraîner à avoir des contractions suffisamment efficaces pour ne pas recevoir de syntocinon…?????
        Pour la force, l’intensité, la douleur, le rythme et l’efficacité des contractions, c’est assez difficile de contrôler quoi que ce soit.
        Alors, là je vais commander une grosse contraction qui va me faire hurler de douleur mais qui va faire sortir mon bébé. Ah non, ça ne marche pas ??? Non, j’ai une grosse contraction qui me fait voir des étoiles en plein jour mais qui ne fait pas avancer mon bébé d’un iota. Zut alors…
        Oui, je sais, vous allez me répondre qu’on peut s’entraîner à souffler. Oui, je suis d’accord, je l’ai fait d’ailleurs, comme toutes les cruches qui suivent leurs cours de “préparation à la naissance” avec assiduité… Mais j’avais pas mal… C’est un peu comme si on apprenait à conduire sans avoir le volant entre les mains… Ce n’est pas très utile.

  7. Marie-Hélène Lahaye says:

    Merci pour vos commentaires. Ca me fait toujours plaisir de savoir que mes billets sont utiles.

  8. Muriel says:

    Tellement vrai! Quel beau texte! Merci! A faire lire aussi aux futurs papas!

  9. Ibrahime says:

    Bonjour
    J’adore votre blog car il y a beaucoup de choses tabous que vous osez dire directement ipermedicalisation de la femme enceinte, enfantilisation, non respect du choix de suivre ou pas des actes médicaux etc… Cependant je trouve que parfois vous faites une fixation sur la péridurale qui me semble être diabolisé alors que moi je trouve ca juste génial. J’ai tellemet souffert au tout ddébut des contractions et la peridurale a été une vraie delivrance pour moi. Ce n’est que seulement quand je l’ai eu que j’ai vraiment pu me concentrer sur le bébé les poussées etc… Je voulais juste dire que la péridurale ca peut egalement etre génial pour certaines femmes. La période “tu enfantera dans la douleur” est d’après moi dépassé. Merci d”avoir pris le gemps de me lire.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Je ne fais pas de fixation sur la péridurale. Jamais je n’ai dit qu’il fallait s’en passer. Je critique juste l’utilisation qui en est faite, notamment lorsqu’elle est utilisée avant tout pour diminuer le nombre de sages-femmes dans les services hospitaliers et appliquer un protocole unique à toutes les femmes pour augmenter la rotation des salles d’accouchement. Je critique également tous les mensonges qui circulent autour de la péridurale, qui est parfois présentée comme la panacée, et donc les effets secondaires sont tus.

      Le “tu enfanteras dans la douleur” (injonction faites par les hommes pour dominer les femmes) est remplacé par “tu prendras la péridurale, tu te tairas et tu accepteras tout ce qu’on fera à ton corps” (qui est une injonction patriarcale équivalente). On est loin du respect des femmes.

  10. Myriam says:

    Très bonne réflexion sur toutes les peurs et combien l’on dénigre nos capacités d’enfanté et nous coupe les ailes avant même que l’on est pu les déployer en vole. Et nous fait du chantage pour abandonner.

    J’adore le passage de la publicité qui parle de courrir un marathon sans “souffrir” et que l’on peut t’amener en voiture à la ligne d’arrivée. Ça démontre bien mon sentiment que j’éprouve vis-à-vis ce premier accouchement, de n’avoir rien fait ni même jamais accouché et de mettre retrouvé là à la “ligne d’arrivée” sans même avoir pu vivre et faire quoi que ce soit. Et les gens voyant “la photo ” et croyant au danger extrême de cet événement considère que tu as accompli quelque chose… En fait, faut rajouter qu’ils t’embarquent dans la voiture te rappelle ta faiblesse psychologique et t’écrase en examinant tout ton corps durant le trajet au cas où ce que tu auraiscouru t’aurais meurtrie. Et pratique des examens intruisifs douleureux et inutiles.

    J’aime aussi tous les sponsors qui veulent te faire abandonner, l’oncle de mon mari disait qu’un accouchement sans péridurale n’était ni plus ni moins que faire une chirurgie à vif comme dans le temps..?lol Et il demandait à mon mari de me convaincre de l’accepté ( chose qu’il n’a pas fait ). Bon et ayant eu droit à un éventail de violences obstétricales on m’a carrément dépossédé de mes moyens, en fait on ne m’a même pas laissé en usé alors je l’ai prise malheureusement. Et même mon mari inconscient encore de ce qui c’était produit il a même dit sur le coup que la péridurale était “magique “, on en rit un peu ironiquement, on essait lol.

    Une journée après la naissance l’oncle vient nous voir et il me dit:” Puis c’était pas si épouvantable que ça la péridurale.” Et moi encore inconsciente de tout ce qui c’était passé de répondre mal habilement que j’avais très mal au dos… en fait je voulais riposter mais j’étais simplement trop meurtrie pour bien répondre. Parfois je me demande si les gens peuvent savoir à quel point des remarques du genre peuvent être blessantes! Desolé de pleurnicher encore ça m’a fait penser à ces points particuliers.

  11. Jepasseparlà says:

    Une fois l’accouchement terminé la SF et mon gynéco m’ont tout de suite demandé si c’était vrai que donner la vie pouvais être comparé à un marathon. Je me rappelle très bien de ce moment et de leur curiosité.
    NON, NON et NON !!! Pitié ne comparer JAMAIS une femme qui vient d’accoucher avec un une marathonienne. C’est injuste envers les femmes qui accouchent. Car accoucher ça fait MAL et il n’y a aucune possibilité d’abandonner en cour de route. Aucune échappatoire
    Puis je me demande si cette métaphore a vraiment sa place dans un blog qui prône que l’accouchement c’est naturel et sans danger. Courir un marathon n’a rien de naturel et c’est dangereux. Le premier marathonien est mort vous savez. Et effectivement dans les magasines de courses à pied entre les pubs il y a bien des articles qui parlent des risques encourus. Qui sont bien réels ! Si pendant tout le trajet de la course on peut se faire aider par des secouristes c’est qu’il y besoin. Et ils ne sont pas là pour faire joli, hein ! Personne, vraiment personne n’est à l’abri d’un malaise. Et c’est pareil pour l’accouchement. Ça peut mal se passer. Et c’est normal. Nos corps ne sont pas invincibles.
    Bref je n’ai qu’un petit accouchement de rien du tout derrière moi et des dizaines de courses à pied (plusieurs semi et 2 marathons) et honnêtement un accouchement c’est plus long, plus éprouvant et vraiment douloureux. Et au lieu de manger une pizza et boire une bière on recommence un autre marathon : la maternité. 🙂

    • Maryline says:

      + 10000
      Après avoir accouché, j’ai tellement pris de choses dans la figure (j’avais demandé la péri, donc “échoué”), que j’avais des choses à me prouver (on devient carrément stupide, à force, mais vraiment, c’est dur tout ce qu’on peut se ramasser en pleine figure, comme quoi on a été faible, etc…).
      Moi qui ne suis pas très costaud physiquement, je me suis donc attaquée à planter les patates (défi lancé par mon chum par un jour de grand énervement).
      Quand j’ai senti que je n’en pouvais plus, mais alors vraiment plus, j’ai songé à m’arrêter. Et là, je me suis dis : “le jour où tu as accouché, tu n’as pas pu t’arrêter, alors que tu n’en pouvais plus. Alors n’arrête pas”. J’ai relevé le défi, mais j’ai eu du mal. C’est dur de ne pas s’arrêter quand on sent qu’on n’en peut plus, vraiment plus. J’ai quand même pris des petites pauses quand je sentais qu’il était temps, chose qu’on ne peut pas faire quand la contraction arrive, hein, même si on n’en peut plus. Mais bon, j’aurais eu l’air fine si je m’étais évanouie au beau milieu de mes patates.
      Concernant le second marathon : la maternité. C’est effectivement le second problème.
      Au lieu de reconnaître qu’on vient de faire bien pire qu’un marathon (même avec la péri je peux en témoigner), on nous dit que “ma petite dame, l’accouchement n’est pas une maladie”, et on nous force à se lever, à donner le bain, à changer les couches, à faire les nuits, alors qu’on n’est pas du tout remise. Le Bagne. Et quand on a le malheur d’émettre un “pourriez-vous m’aider s’il vous plaît, juste pour donner un biberon ce matin”, on se prend en pleine figure un “COMMENT ? Vous ne voulez pas NOURRIR VOTRE ENFANT ?” outré.
      J’en suis encore malade, et dégoûtée de ce séjour abominable en maternité, où en plus de nous laisser souffrir et nous épuiser à en mourir, on se permet de juger notre amour maternel.
      Je vais rajouter un point d’expérience personnelle : cette nuit, mon bébé a été malade, il a beaucoup pleuré, a très peu dormi, et nous non plus. Le papa a failli péter un câble. Papa n’a pas mis 26h pour accoucher dont 17h de douleurs de plus en plus atroces. Il n’est pas traumatisé. Papa n’a pas passé 3 nuits blanches d’affilée. Papa n’a passé qu’un seule nuit difficile. Et il est lessivé, et il a du mal à supporter la situation.
      Alors pourquoi est-ce que le personnel n’a jamais admis que j’avais besoin d’aide ? Au lieu de ça, j’ai entendu : “Ah mais si vous êtes si fatiguée, il va vous falloir une aide ménagère à la maison” (bah oui, le papa, qui vient d’accoucher, ne pourra certainement pas passer la serpillière, le pauvre !)
      “Ah non, la nuit, on ne peut pas du tout vous aider. On est en sous-effectif” (mais pour juger, il reste du monde). “la dame de la chambre à côté, elle n’a pas demandé la péridurale. Et pour un premier enfant. Elle, elle est FORTE !” (moi je suis faible). etc etc…

  12. Maryline says:

    PS : sur cette horripilante parabole du marathon : définitivement, on ne peut pas comparer une crampe ou des courbatures avec les douleurs de l’accouchement.
    Un accouchement, c’est comme si on avait allumé le feu à l’intérieur de votre ventre et c’est une douleur qui fait voir des étoiles en plein jour, donc rien mais alors rien à voir avec les douleurs du sport. Désolée pour les futures mamans qui s’apprêtaient à y aller la fleur au fusil, mais bon, il vaut mieux être prévenue AVANT qu’après, et si possible il vaudrait mieux être prévenue dès son plus jeune âge, bien en amont de la décision d’avoir un / des enfants. Bon, le hic, c’est que la Terre risquerait se dépeupler…
    En attendant, des enfants naissent, et les femmes sont les dindons de la farce de l’accouchement “sans douleur” et des époustouflants progrès de la médecine.

  13. Myriam says:

    Chère Maryline,
    Plus je lis vos témoignages et plus je me dis que vous avez été très mal accompagnée que l’on vous a blessé psychologiquement et ce je crois dès le départ, avant même que vous vous tordiez de douleur comme vous le décrivez. Vous savez, j’ai un peu déchirée la première fois et l’on m’a recousue sans anti-douleur et avec vitesse aucune délicatesse voir avec brutalité et on m’a trop recousue. Bref, malgré tout, ça très bien guérit et rapidement et pourtant même si ce n’est pas le pire moment de cet accouchement, c’est devenu une blessure. Bien entendu j’ai compris que c’était psychologique. C’était un complexe quelque chose qui me répugnait. J’ai compris qu’en fait, ce fût et c’était le symbole de toutes les humiliations et impuissance que j’ai subi. Est-ce possible que vous viviez très mal le ressenti émotionnel de cette douleur parce qu’elle est devenue un symbole d’une émotion négative très forte ?

    Ensuite, vous êtes une assidue du blog, vous venez clairement pour guérir quelque chose, vous revendiqué même l’éxistence des violences obstétricales. Au fil des lectures je comprends votre position et je vous assure qu’au départ ma position ressemblait à la vôtre je vous invite à remettre toute votre expérience en question.

    Je comprends la colère que vous éprouvez vis-à-vis votre mari. Le mien à l’hôpital ne participait pas, il s’est même endormi… au moins il m’a défendu pour la césarienne et je lui en suis infiniment reconnaissante. Moi aussi je me suis sentie abandonnée vraiment. Mais lors de la naissance à la maison, il était bien actif, présent calme me laissait gérer seule car c’était ce qui était mieux pour moi, il a nettoyé la salle de bain, ramasser le placenta m’a apporté du gâteau, s’est occupé de moi quand j’étais étourdie. Il a vraiment été un accompagnateur génial j’espère lui rendre un jour tous ses bons soins☺. Tout ça pour dire à la maternité ils ne savent pas où se mettre n’ont pas leur place sont mal-à-l’aise, tout comme nous d’ailleurs… Bien à vous

    • Maryline says:

      Bonjour Myriam,
      J’ai bien compris aussi que votre première expérience a été très douloureuse pour vous, à cause notamment de la péridurale et de cette impression que le corps médical vous domine. Et je vois que vous êtes vous aussi très très assidue sur ce blog et que ce n’est pas sans raison.
      Effectivement j’ai pu éprouver à un moment de la colère envers mon compagnon, jusqu’à ce que je prenne assez de recul pour me dire qu’il était aussi peu au courant que moi de ce que j’allais vivre, et que là est le vrai problème. Il n’a pas été préparé à son rôle de soutien malgré qu’il m’ait accompagnée à tous les cours de préparation à la naissance. Il ne savait pas que lors d’un accouchement, se sont la vie et la mort qui sont en jeu. On nous cache tellement cet aspect des choses… Cela reste assez tabou.
      Je souhaite éclaircir un point car je vois que malgré mon témoignage, ce n’est pas clair : je n’ai pas été blessée psychologiquement pendant l’accouchement en lui-même, j’ai seulement été livrée à moi-même. C’est après que j’ai reçu les blessures psychologiques dont je parle, par des personnels qui ne sont ni gynéco, ni médecin, ni SF pour la plupart.
      Autre point important : ce n’est pas le “ressenti émotionnel” de la douleur que j’ai mal vécu.
      C’est bien la douleur en elle-même.
      Et je ne comprends pas que l’on cherche à minimiser cette douleur, à la nier, à la cacher, à dire qu’elle ne nécessite pas de soulagement médical.
      Cela dépend de chaque accouchement, je connais une maman (une seule parmi toutes les mamans que je connais) par exemple, qui a refusé la péridurale, mais elle m’a dit clairement aussi qu’elle n’avait pas eu de douleurs insupportables et que l’accouchement n’a pas non plus duré plus de 10h en totalité. Je connais une autre maman qui n’a pas pu recevoir la péridurale parce qu’elle avait accouché trop vite, et elle m’a parlé d’une “épreuve terrible” (ce sont ses propres mots).
      Je ne viens pas pour guérir quelque chose. Je viens pour que “quelque chose” soit légitimé. Reconnu. Pour que ma parole soit prise en compte, au même titre que celles des mamans qui affirment qu’on peut accoucher sans péridurale, ou sans intervention médicale, comme vous le faites.
      Enfin je terminerais en disant que j’ai compris également que vous êtes contre l’hôpital dans son ensemble, je comprends très bien pourquoi y étant passée moi même, et pourtant je crois que le pire, ce serait de refuser totalement l’hôpital. Le mieux, ce serait que l’hôpital évolue. Je plaide plutôt pour une prise de conscience collective avant que d’autres mamans ne se détournent de l’hôpital parfois au péril de leur vie, pour ne pas y subir les violences que vous même évoquez.
      Bien cordialement

  14. Myriam says:

    Merci pour votre message j’étais absente du net quelque temps. Ce que je défends et oui cela fait partie de mon expérience personnelle c’est que bien souvent les obstétriciens pensant sauver la femme et son enfant sont en fait la cause du problème et on créé les complications et l’environnement anxiogène. C’est une conviction personnelle mais oui je crois que le meilleur endroit pour donner naissance c’est chez soi ou dans une maison de naissance. L’hôpital devrait être réservé aux cas pathologiques et à une minorité de femmes. En résumé

  15. Myriam says:

    Et je reviens ici pour apporter un soutien à celles qui viennent dénoncer ce qu’elles ont vécu, c’est le seul endroit où je me suis sentie comprise et appuyée. Quand je tombe sur vos témoignages je lis une femme qui souffre et même si je n’ai pas les mots exacts et que le contenu de la douleur de l’enfantement vous choque , je tiens juste à vous dire que mes intentions sont bonnes

    • Maryline says:

      Bonjour Myriam,
      Je ne doute pas que vos intentions soient bonnes. En revanche je ne suis pas forcément d’accord à 100% avec votre position. Voici en partie pourquoi : je serais assez d’accord pour dire que l’hôpital est plus anxiogène que chez soi ou même qu’une maison de naissance (bon après, ça dépend de chaque femme, personnellement, je n’aurais pas été très rassurée pour accoucher à la maison, et à moitié rassurée en maison de naissance).
      Beaucoup moins d’accord pour dire que l’hôpital devrait être réservé aux cas pathologiques. En effet, bien malheureusement, on ne peut jamais prévoir qui fera ou ne fera pas une hémorragie post-partum par exemple, et là si ça se produit, l’urgence est telle qu’il vaut mieux se trouver à l’hôpital.
      Une grossesse non pathologique n’est pas du tout la garantie d’un bon accouchement – et inversement d’ailleurs, sinon ce serait trop facile.
      D’autre part, je crois qu’en MDN on n’a pas l’accès à tous types d’analgésie, et notamment à une péridurale en cas de nécessité, et dire que l’hôpital devrait être réservé à une minorité de femmes, ça reviendrait dans ce cas à dire que la péridurale et certaines formes de soulagement de la douleur seraient réservées à une minorité de femmes. De mon point de vue, ce serait un vrai recul pour les droits des femmes, étant donné que l’anesthésie péridurale est pour l’instant la méthode la plus efficace pour ne pas ressentir de douleurs trop prononcées… Ce serait condamner beaucoup de femmes à d’atroces souffrances, et bien souvent contre leur gré, avec toutes les conséquences qui peuvent en découler.
      J’imaginerais plutôt dans l’idéal : si possible de débuter en Maison de naissance son accouchement, mais avec une maternité vraiment juste à côté en cas de besoin. Si tout se déroule bien, qu’on arrive à gérer, etc…, on reste en maison de naissance. Si on a besoin de la péridurale ou d’une intervention plus lourde, on passe côté hôpital pour terminer son accouchement.
      Accoucher chez soi ne me semble carrément pas une bonne idée, même si je suis d’accord, cela permettrait d’être mieux entourée qu’à l’hôpital, d’avoir tous ses repères familiers, d’être plus détendue, et de manger de bien meilleurs repas pour récupérer les jours suivants !!! Disons que psychologiquement, on se sent forcément mieux chez soi qu’à l’hôpital (après, tout dépend du type d’hôpital, de l’organisation, de la formation et de la sensibilité des personnels…).
      Je suis d’accord pour dire qu’il faut repenser l’hôpital en général et les maternités en particulier. Mais pas pour dire que l’accouchement ne doit pas être médicalisé, de manière générale. ça reste quand même un moment à risque…
      J’avoue que votre point de vue sur la médecine m’interroge et je pense qu’il est vraiment très nécessaire d’informer les femmes et de demander leur consentement sur les gestes pratiqués, du moins quand c’est possible. Je pense qu’un manque d’information sur un geste invasif et douloureux peut-être d’une grande violence par exemple.
      Je vous remercie pour votre message, je remercie moi aussi ce blog d’exister car ici, on peut échanger librement, sans tabou, et c’est très précieux.

  16. Myriam says:

    Bonjour Maryline,
    Je rajoute simplement que les sage-femmes sont formées poir prendre en charge une hémorragie en administrant directement de l’ocytocine de synthese et elles effectuent le transfert à l’hôpital.

    • Maryline says:

      Oui, mais pourquoi perdre du temps quand on peut en gagner ? Une hémorragie post partum, c’est plusieurs litres de sang en une minute, le temps du transfert, c’est un gros temps de perdu, et je doute qu’une sage-femme toute seule (ou un médecin, tout seul) soit à même de gérer cette urgence. Ceci dit, les femmes accouchant dans des petites unités en zone rurale ont ce problème de sécurité. Je l’ai découvert récemment, car là où j’ai accouché, l’équipe se résumait à une sage-femme seule pour tout l’étage, accompagnée d’une auxiliaire puéricultrice revêche et endormie (bon, à 2h du matin, on ne va pas lui jeter la pierre, à cette dame, mais……..).
      En cas d’urgence, le temps que le gynéco de garde soit prévenu, se frotte les yeux et enfile ses charentaises fourrées, j’y serais passée. Il n’y a pas eu d’Urgence, mais je ne peux pas m’empêcher d’y penser.
      Donc j’ai bien accouché dans une maternité, mais je n’avais pas plus de sécurité qu’en maison de naissance… Et ça me fait froid dans le dos.
      Là encore, un gros manque d’information et de gros mensonges avant l’accouchement : “rassurez-vous, nous sommes toute une équipe autour de vous”.
      Toute une équipe… 2 personnes, dont une seule réellement qualifiée pour pratiquer un accouchement (mon chum était plus utile que l’AP)… Franchement, si j’avais su ça avant, j’aurais choisi d’accoucher ailleurs. J’ai appris par la suite que cette maternité n’avait même pas les stocks nécessaires en cas d’hémorragie.
      Après, à chacune de voir les risques qu’elles sont prêtes à accepter.
      Personnellement, j’ai plutôt tendance à trouver que même si le milieu hospitalier gagnerait à entamer une profonde réflexion sur la relation médecins / patients et sur l’Ecoute du patient, etc… (qui éviterait par ailleurs de faire un certain nombre d’erreurs / négligences parfois dramatiques), je trouve très discutable d’encourager les parturientes à se passer des moyens médicaux.
      Un accouchement, ça peut virer au drame à tout moment, et quand la situation dégénère, l’utérus ne vous envoie pas un fax avant. Il faut en être bien consciente au moment de faire ses choix.
      Ce que je déplore le plus, c’est le manque crucial d’information des femmes. On n’a pas été capable par exemple de me dire “voilà, en termes de gestion de la douleur, il existe ça et ça, mais notre maternité ne le propose pas”, ou encore “notre maternité est en faveur de l’allaitement maternel et de l’accouchement naturel”.
      On ne m’a jamais informée que les prestations pouvaient être différentes entre deux maternités. Et moi, j’ai fait confiance….
      Maintenant, je sais, mais trop tard, que ce n’est pas (dans une certaine mesure) aux soignants de choisir à ma place mon mode d’accouchement et mon mode d’allaitement. Et pour autant, pour rien au monde je n’engagerais les femmes à vouloir accoucher comme autrefois. Il y avait de la perte au feu, je le sais notamment par mes parents (on a une grande différence d’âge, donc ils ont connu des cas de mortalité maternelle autour d’eux, dont on ne parle plus aujourd’hui).
      Je voudrais plutôt militer en faveur d’un hôpital repensé, humanisé, un hôpital dans lequel on injecte plus de moyens humains. Malheureusement, il nous faudrait un mécénat efficace, car l’argent public, il paraît qu’il n’y en a plus, et que les moyens vont plutôt encore se réduire.
      Peut-être qu’il serait possible de monter un site de financement participatif en faveur des maternités et hôpitaux de France ? Je n’ai pas cette compétence, mais je pense que ce serait bien plus utile qu’un blog de dénonciation…. Même si ce blog est déjà une belle initiative.
      Le débat est absolument nécessaire.

      • Maryline says:

        Et plus encore que des moyens financiers, tout ce qui peut favoriser le dialogue, par exemple, les retours d’expérience des mamans suite à l’accouchement, des re débriefings systématiques, mais pas pour les jeter à la poubelle après.
        Plutôt pour, côté soignants, se dire “bon ok, là cette maman, elle nous dit qu’on a fait une erreur, pour telle raison, elle a vécu tel geste de telle façon, pourquoi, qu’est-ce qu’on peut faire pour améliorer les choses ?”
        De mon côté, j’ai par exemple écrit à la maternité où j’ai accouché. J’ai dénoncé ce qui n’a pas été acceptable dans mon suivi (en espérant que ce qui m’est arrivé n’arrivera pas à d’autres pauvres nouvelles mamans), j’ai demandé à rencontrer la sage-femme chef pour en discuter, à re débriefer, et à faire partager mon vécu.
        Je pense que malheureusement, je vais attendre LONGTEMPS une réponse ou une prise de contact. Et c’est ainsi qu’on n’avance pas.

  17. Les femmes qui se trouvent soudainement dans une clinique pour un accouchement non prévu , seules savent ce que les autres mamans sont en train de rencontrer . Une femme brésilienne très pauvre n’arrive pas à payer les indemnités de l’hôpital ce qui lui cause un accouchement en salle d’attente ! Prière d’aider les femmes durant cette phase !

  18. Céline says:

    Moi j’ai trouvé très intéressant ce texte comparatif de la parturiente et de la marathonienne. J’imagine bien qu’il n’y a pas de comparaison au niveau de la douleur (j’ai couru des marathons, difficiles, mais je n’ai pas encore accouché) en effet.
    Par contre, j’envisage de me préparer à l’accouchement comme au marathon, avec conscience, rigueur et persévérance. Mais surtout, avec CONFIANCE en mes capacités à pouvoir le faire. Ce qui ne veut pas dire ne pas profiter des ravitaillements ou des encouragements des supporters 😉 Par contre, si on part en se disant que ça va être une expérience horrible qu’on n’est pas capable de gérer, ça se complique déjà dès les premiers mètres. Après, il y a des gens qui courent à pieds nus, d’autres avec un matériel de pointe, d’autres en prenant un anti-douleur avant le départ, certaines à jeun, à chacune son style quoi, pourquoi juger les unes ou les autres ?
    Bonne course à toutes celles qui ont déjà un dossard 😉

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