La mère et la putain dans la salle d’accouchement

L’opposition entre la mère et la putain est une invention de la société patriarcale qui a pour but de contrôler la sexualité des femmes et par là-même leur liberté en général. Chaque jeune fille, chaque femme, est tenue d’adopter un comportement qui la différencie d’une prostituée afin de se rendre respectable et espérer être respectée. L’idéal est de devenir mère, une mère dévouée corps et âme à son mari et à ses enfants, en mettant en veilleuse ses propres désirs et aspirations et en particulier ses propres désirs sexuels. Le Christianisme a bien compris cet règle patriarcale en plaçant deux femmes autour du Christ: Marie, une mère sans sexualité, et Marie-Madeleine, une prostituée sans enfant.

Les féministes ont abondamment combattu cette opposition mère-putain qui enferme toutes les femmes (et seulement les femmes) dans un ensemble d’injonctions souvent contradictoires: être disponible sexuellement sans en avoir l’air, être attirante sans être provocante, ne rien faire qui puisse ressembler au comportement d’une prostituée comme sortir la nuit, se promener seule dans l’espace public, avoir un intérêt pour l’argent ou pour le plaisir (voir Gail Pheterson, « Le prisme de la prostitution »). Certes, la situation des femmes a évolué ces cinquante dernières années. Elles ont acquis des libertés sexuelles et reproductives et une égalité en droit avec les hommes. Mais la dichotomie entre la mère et la putain est restée prégnante dans l’imaginaire collectif. Elle reste en tout cas totalement d’actualité dans les salles d’accouchement de nos maternités occidentales.

Un petit détour par la biologie permet de démontrer que l’accouchement est non seulement l’aboutissement d’un processus qui a débuté par la sexualité, mais a en soi des mécanismes similaires à l’activité sexuelle. Les organes concernés sont les mêmes: un vagin et un périnée qui se dilatent pour permettre le passage d’un autre corps, un utérus qui se contracte de façon certes plus intense mais semblable à un orgasme. Plus intéressant encore, les hormones qui entrent en jeu sont exactement les mêmes pendant une relation sexuelle et pendant un accouchement. L’ocytocine, aussi appelée populairement l’« hormone de l’amour », est l’hormone de l’éjection et de l’attachement. Une poussée d’ocytocine permet l’éjection du sperme, les contractions de l’utérus qui favorisent la progression des spermatozoïdes dans les voies génitales féminines, les contractions de l’utérus qui permettent l’expulsion du bébé puis du placenta et enfin l’éjection du lait lors de la tétée. L’ocytocine est aussi l’hormone de l’attachement et de l’amour. Elle permet parfois à deux amants d’un soir de tomber amoureux après une relation sexuelle. Lors de la phase d’expulsion du fœtus, la femme produit un pic d’ocytocine jamais atteint au cours de sa vie qui lui permet de s’attacher à son bébé dès la naissance. L’autre hormone qui entre en jeu est l’endorphine. C’est l’hormone du plaisir et de la récompense. C’est l’hormone qui plonge les amants dans un état de bien-être béat après leurs ébats, celle que les sportifs produisent en réaction à la douleur physique et qui leur apporte cette sensation de plénitude après l’effort. Et c’est bien sûr l’hormone indispensable pour les femmes en train d’accoucher pour atténuer voire supprimer la douleur des contractions. Cette conjonction de l’ocytocine et de l’endorphine à dose exceptionnelle dans le corps des femmes suite à l’accouchement explique l’état de douce euphorie, de délire planant, voir de bonheur extrême juste après la naissance de leur enfant.

De la même façon pour la relation sexuelle et pour l’accouchement, une autre hormone, l’adrénaline, s’oppose à l’ocytocine. L’adrénaline est produite par la peur. Elle est l’hormone de la fuite et du combat. Lorsque vous entendez en pleine nuit un voleur s’introduire dans votre maison, vous ressentez beaucoup d’émotions, mais aucunement l’envie de vous abandonner langoureusement aux caresses de votre partenaire. Dans le passé, la peur de tomber enceinte empêchait beaucoup de femmes d’atteindre un orgasme. Aujourd’hui encore, la peur de l’accouchement, la peur de la douleur, les angoisses liées à la naissance, la panique au moment des premiers signes de travail augmentent le taux d’adrénaline de la parturiente, ce qui complique dès le départ le processus.

Une autre source de stress et de peur provocant une hausse d’adrénaline dommageable à l’accouchement est l’ambiance anxiogène de beaucoup d’hôpitaux et les routines médicales non respectueuses de la mécanique fine du corps de la femme en train d’accoucher. Selon l’obstétricien Michel Odent, une parturiente est dans les conditions idéales pour libérer le bon cocktail hormonal lorsqu’elle se trouve dans un endroit où il fait chaud, dans la pénombre, où règne le silence ou une musique douce, où elle sait qu’elle ne sera pas dérangée, ni observée, et où elle sera libre de bouger comme elle le souhaite et émettre tous les sons et cris qu’elle veut. En d’autres termes, les femmes doivent pouvoir accoucher exactement dans les mêmes conditions que pour avoir une relation sexuelle. De plus, l’ocytocine et l’endorphine étant produit dans l’hypothalamus (le « cerveau reptilien »), il est important que leur néocortex (le cerveau du langage et de la raison) soit mis en veille. Au milieu d’une relation sexuelle, quand les deux amants sont plongés dans un grand moment de sensualité et s’abandonnent à une délicieuse volupté, l’ambiance est cassée si l’un demande brusquement à l’autre « que veux-tu manger demain soir ? ». La stimulation du néocortex par le langage, les questions et les demandes faisant appel à l’intellect perturbent le fonctionnement reptilien du corps. Exactement comme lorsque l’équipe médicale perturbe une femme en train d’accoucher en lui parlant de centimètres.

Aujourd’hui, dans nos hôpitaux, des pratiques aberrantes et transgressant le respect le plus élémentaire de l’être humain sont imposées aux femmes. Appliqués sur une relation sexuelle, les actuels routines et protocoles médicaux de l’accouchement donneraient la situation délirante suivante : le coït doit se pratiquer dans une salle d’opération, sous une lumière vive, au milieu de bruits de machine et de discussions techniques entre les membres du personnel médical ; la position des partenaires est la plus inconfortable qui soit, mais permet la meilleure observation pour l’équipe ; les partenaires sont reliés à des machines contrôlant leur rythmes cardiaques et autres variations physiologiques, les empêchant de bouger comme ils le souhaitent, une sirène retentissant dans la pièce chaque fois qu’un capteur est légèrement déplacé ; les amants se voient infliger des piqûres et injections diverses (généralement non explicitées) pour accélérer le travail ; à tout moment, des membres du personnel médical entrent dans la pièce pour observer et commenter la progression du coït, et s’inquiéter si la progression ne se fait pas selon le nombre de minutes précises correspondant à un schéma préétabli ; à intervalle régulier, tantôt un interne, tantôt un infirmier, tantôt un médecin accompagné de son stagiaire interrompt la relation pour vérifier la vigueur de l’érection et l’humidité vaginale ; et si un des amants, excédé par la situation, se permet une remarque un peu sèche à l’un des nombreux intervenants, il prend le risque d’une réponse désobligeante voire humiliante. Il est très probable que dans un tel contexte, la relation sexuelle échoue, sûrement même après avoir causé de la douleur. L’équipe médicale proposera alors l’insémination artificielle ou toute autre forme de procréation médicalement assistée. On trouvera par la suite moult obstétriciens expliquant la bouche en cœur à quel point la médecine a fait des progrès pour permettre à tant de couples ayant des difficultés à procréer d’avoir un enfant.

Pourquoi le monde médical, d’ordinaire si prompt à intégrer les dernières découvertes médicales dans ses protocoles de soin, est-il si réticent à appliquer aux accouchements ces données relatives au fonctionnement physiologique et hormonal pourtant connues depuis de nombreuses années et si simples à mettre en œuvre (intimité, respect, limitation maximale des interventions…)? Par simple habitude ? Pour des raisons pratiques de difficulté d’aménagement des locaux et d’organisation du personnel ? C’est difficilement imaginable quand on voit la rapidité avec laquelle les hôpitaux intègrent les dernières nouveautés en terme d’ingénierie médicale. Il est beaucoup plus probable que la remise en question des pratiques médicales autour de l’accouchement se heurte à des représentations très profondes de la femme qui accouche, tant pour le monde médical que pour la femme elle-même.

Sexualiser l’accouchement brouille le schéma fondamental qui dissocie la fonction d’amante et le rôle de mère. Mélanger sexe et naissance fait se superposer sur une même personne les figures de la femme honnête et de la prostituée. Considérer une femme en train d’accoucher avec le même tact et la même discrétion qu’une femme en train de se masturber relève du tabou le plus absolu.

Les féministes ont permis aux femmes d’accéder à une plus grande liberté notamment sexuelle, et un plus grande égalité avec les hommes en questionnant et en tentant d’abolir l’opposition entre la mère et la putain. Il est temps que ce combat soit aussi mené jusque dans les salles d’accouchement.

***

Pour accéder à la page principale et lire mes autres billets: Marie accouche là

This entry was posted in Mon corps m'appartient and tagged , , , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

45 Responses to La mère et la putain dans la salle d’accouchement

  1. Leraton says:

    Bonjour,
    Juste un mot pour vous remercier pour vos articles très justes… Merci de parler de ça, et aussi bien !
    J’ai accouché de mon deuxième enfant chez moi, et depuis à chaque fois qu’une femme me confie la manière dont elle a accouché à l’hôpital, je retombe de mon nuage.
    Cela me remplie de tristesse de savoir comment ça se passe en maternité la plupart du temps !
    Mais le fait que vous mettiez tout ça à la lumière du jour, aussi difficile soit-il, me donne de l’espoir. Bonne continuation, et que l’on continue à en parler !!!

  2. Blandine says:

    Magnifique réflexion pleine de sagesse !

  3. Djamel K says:

    Bonjour,
    Quel bel et instructif article. Je suis un homme de 66 ans et comprends seulement aujourd’hui pourquoi ma mère m’a tant aimé. Il iest vrai qu’elle avait accouché à la maison avec l’assistance d’une sage-femme amie. Merci de faire avancer les choses par vos articles.

  4. Marie-Hélène Lahaye says:

    Merci beaucoup pour vos messages 🙂

  5. Daniel Wagner says:

    J’aime beaucoup cet article. Tu parviens même – lorsque tu parles du coït en hôpital – à être extrêmement drôle en évoquant pourtant quelque chose de grave : l’emprise des “professionnels” de la santé.

  6. Catherine Allen Demers says:

    C’est plate de voir qu’il y a toujours du monde pour critiquer l’accouchement à l’hôpital de nos jours. Si une maman veut accoucher chez elle, libre à elle de le faire. Pour ma part, j’ai vécu trois beaux accouchements à l’hôpital. Et j’ai même pris une épidurale et je ne pense pas avoir manqué à mes devoirs de mère ou avoir gâché ces beaux moments avec l’épidurale. Et toute mère qui accouche à l’hôpital sans épidurale peut le faire dans la position qu’elle veut. Et oui! Mais pas avec l’épidurale, t’es gelée : faut que tu restes couchée c’est normal! Pis c’est pas pour que toute l’équipe ait une meilleure vue! Pis, je crois que je vais vous étonner : les médecins (et toute l’équipe médicale) veulent vraiment le bien de la mère et de l’enfant!

    • Poulpy says:

      Juste pour info, en France on est en train de remettre sérieusement en question le droit des femmes à accoucher chez elles. Et sans péridurale on peut bouger certes, sauf si on nous impose une perf et un monito en continu qui limitent les mouvements comme ce fut mon cas. J’avais le droit de bouger mais seulement sur mon lit, impossible de se lever car la machine à monito était d’un coté et la perf de l’autre, les fils de chaque appareil n’étant pas assez longs pour descendre d’un coté ou de l’autre du lit.
      Et une fois la péri posée (quelques heures plus tard), j’ai pu continuer à bouger (toujours sur le lit). Donc non, y’a aucune obligation à rester sur le dos avec la péri.

      • Marie-Hélène Lahaye says:

        Ou bien les femmes sont immobilisées par la péridurale, ou bien elle le sont par les autres appareils, voire elles sont carrément attachées à la table d’accouchement. Question de sécurité nous disent les médecins. Mais de quoi ont-ils peur ? Qu’au milieu d’un accouchement, un femme décide de s’enfuir avec la caisse enregistreuse de l’hôpital? 😉

    • Caroline says:

      Et pourquoi est ce que les femmes ayant accouché en milieu hospitalier passent en mode agressives dès qu’un article écrit et explique ce qu’il se passe réellement en salle de naissance dans 95% des cas ?
      L’important reste le ressenti de la maman et c’est super si vous avez très bien vécu vos accouchements, et heureusement que vous vous sentez bonne mère. On n’est pas meilleure mère car on a choisi de donner naissance chez soi et fort heureusement, ça ne se mesure pas par cela.
      Il faut accepter de lire des vérités sur ce qu’il se passe réellement dans la physiologie d’un accouchement et sur les aberrations que fait vivre le corps médical aux femmes.
      Il faut également savoir entendre les traumatismes vécus par nombreuses femmes lors de leurs accouchements, et ce, toujours liés au lobby médical.
      C’est une réalité et il est important, d’une part d’en prendre pleinement conscience, d’autre part, d’essayer de changer cela.

    • céline says:

      Tant mieux pour vous si votre accouchement en hopital s’est bien passé. Pour ma part, j’ai été attachée au lit par le monitoring puis laissée en plan pendant des heures, l’infirmière ne revenant que pour m’engueuler (le terme est juste) lorsque, me tordant de douleur dans la pire position qui soit pour supporter une contraction, je faisais bouger le monitoring. Durant l’accouchement, on m’a traitée de menteuse (quand je disais les larmes aux yeux que la péridurale ne fonctionnait pas), de comédienne (quand je hurlais ma douleur malgré la péridurale), de fainéante (quand, trop épuisée pour pousser encore, j’ai sangloté au lieu d’obéir). J’ai subi une épisiotomie et une expression vaginale sans consentement, sans même un mot. Je ne veux pas croire que tout cela ait été fait “pour mon bien” ou pour celui de mon bébé. J’ai juste été traitée comme une petite fille prise en faute par une équipe médicale furieuse de devoir me faire accoucher de nuit en plein weekend.

  7. nelly says:

    Papier très juste et très bien écrit aussi. Je ne connaissais pas votre blog et je vais le lire attentivement désormais 🙂 (le nôtre s’appelle le Marie-Couche-Toi-Là gang, c’est drôle non ? La mère et la putain, encore et toujours… :-)). Bonne journée. Nelly

  8. bisous says:

    après un déclenchement non justifié et travail qui n’avançait plus..
    accouchement par césarienne sous anesthésie générale sans même me prévenir qu’on allait m’endormir en entier..
    un bébé que je ne découvre que 4h après sa naissance..
    une frustration et une souffrance morale inimaginable…
    ces instants tellement attendus, volés…
    moi seule dans ma chambre avec mes douleurs physiques et psychiques..
    tellement de souffrance, de haine, de regrets..

  9. Marie-Hélène Lahaye says:

    Nelly, bien vu 🙂

    Bisous, ton témoignage est tout bonnement révoltant. J’ai déjà entendu tellement de choses sur la façon dont le corps médical a sabordé des accouchements. Mais parfois c’est encore pire que ce qu’on peut imaginer. Beaucoup de courage à toi.

  10. Caroline says:

    Je voulais vous féliciter pour vos très bons articles, toujours d’une belle écriture et très bien expliqués. Tout est merveilleusement bien argumenté avec toujours un peu d’humour bien employé. Merci pour votre engagement pour les femmes !

  11. Helena says:

    Une amie vient de m’envoyer le lien vers votre dernier article… et j’ai parcouru tout le blog… J’ADORE! Toujours très bien écrit, finement observé, bien documenté… et j’ai ri toute seule devant mon écran.
    Je fais un témoignage “transversal”, en commençant par citer votre article sur la péridurale:
    “Pendant l’accouchement, l’homme occupe une position très délicate.”
    Et comment! J’avoue que je suis très contente d’avoir été à ma place, et pas à la sienne lors des naissances de nos deux filles…
    Même si finalement, pour nous, l’accouchement à domicile lui a permis de venir me rejoindre dans la piscine d’accouchement, et d’avoir suffisamment d’intimité pour me masser le périnée et le sacrum… Pour moi, “l’homme’ était non seulement indispensable pour transformer la douleur en plaisir (j’adore la façon que tu as d’expliquer simplement les réaction hormonales de plaisir et de souffrance), mais en plus sa place était évidente, et il était actif. Je pense que pour son attachement à lui vis-à-vis des filles, notre expérience était constructive… Et plus, il n’a pas stressé, il n’a pas eu peur…
    Finalement, la naissance est la finalité de l’amour… tout ne devrait être qu’amour… et plaisir… dans le passage de l’utérus à l’air (en passant par l’eau, chez nous)…
    Je suis sûre que certaines équipe hospitalières sont merveilleuses. Le problème, pour moi, c’était qu’on ne pouvait pas être sûrs de l’équipe sur laquelle on allait tomber… Et risquer de se voir manquer de respect dans un moment aussi intime, c’est dommage!… et dangereux!

    • Helena says:

      Je vais même plus loin… Si on veut que l’homme ait une place de père (et donc d’homme de ménage, de lessive, de vaisselle, de changement de couches, d’habillage le matin pour l’école, etc…) autant que nous avons une place au foyer, il est urgent qu’il ne soit plus relégué au rang d’observateur gêné (voir gênant!) lors de l’accouchement!
      Pour qu’il ait envie de s’occuper de ses enfants, il faut qu’il fasse son attachement comme la mère. Bon, certains père d’adoption héroïques me font dire des conneries… mais être actif à l’accouchement, je suis sûre que ça aide pour la suite!

  12. Marie-Hélène Lahaye says:

    Merci Caroline 🙂

    Helena, entièrement d’accord avec toi. L’accouchement doit être un moment d’amour et de bonheur (j’en parlerai dans un prochain billet). Idem pour la place de l’homme. Je suis contre la présence du père à tout prix (liberté totale pour la mère comme pour le père), mais il est vrai que lors d’accouchement naturel, il y a beaucoup plus de place et d’implication pour le père. Moi aussi j’ai vécu un accouchement naturel tout en douceur, ce qui me rend d’autant plus révoltée face à la violence dans laquelle la majorité des femmes accouchent. Mon homme a été très impliqué et a également vécu un grand moment de bonheur. Et depuis, il suit de près ce qui se passe sur ce blog 😉

  13. Claire says:

    Merci pour cet article, très juste et intéressant.
    Avant de vous lire, j’avais écrit une nouvelle inspirée d’un vieux conte populaire qui parle d’accouchement, de putain et de mère. J’espère qu’elle vous plaira.
    http://atoutespages.canalblog.com/archives/2013/10/01/28128041.html

  14. Marie-Hélène Lahaye says:

    Claire, très beau texte. Mystérieux à souhait. A décoder petit à petit…

  15. aurelie says:

    la 1ere chose qui me vient en lisant cet article, c’est que si on doit respecter la meme situation pour l’accouchement que lors du coit…alors chaque femme devrait accoucher seule avec son mari ds le noir et la tranquillité……….pas sur que beaucoup soient d’accord en fin de compte…
    je suis sage femme en france….chaque patiente que je suis est libre d’avoir l’accouchement qu’elle souhaite, elle n’a jamais le monito en continu si elle veut marcher ou je me debrouille pr qu’elle puisse bouger avec celui ci…je ne met pas de perf au bout de son catheter afin de supprimer un “fil a la pate”…et elle accouche ds la position qu’elles veulent meme par terre si il le faut……..
    pour ma part, seul le bien etre de l’enfant et de la mere compte…si ttes les conditions de securité sotn respectées, on peut malgré tout avoir un accT comme on le veut……
    pour autant….j’ai plutot l’impression que les femmes souhaitent cette aide, et sont rassurée par notre presence….elles sont peu a refuser la peri….et la “medicalisation”,je crois qu’il faut arreter de diaboliser l’hopital car on peut parfaitement y faire de belles choses ds le respect des souhaits de chaque femme.
    NB: j’ai accouchée 2 fois a l’hopital, 2 fois ds la position que je voulais, 2 fois ds la penombre, et sans perf a mon bras…….
    je n’ai qu’un conseil…au lieu de diaboliser……DIALOGUEZ…vous verrez que TRES SVT cela marche!

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      En effet, l’accouchement dans la pénombre, la tranquillité et l’intimité devraient être les règles de base absolues pour tous les accouchements. Le rôle de la sage-femme doit être de s’insérer avec discrétion et tact dans cette ambiance. C’est ce que les études récentes prônent, en observant les mécanismes hormonaux et physiologiques en jeu. Lire par exemple Michel Odent.

      Cette ambiance intime et chaleureuse est à l’antipode de ce qui se passe dans la plupart des hôpitaux. Là où je commence à critiquer le fonctionnement des hôpitaux, c’est parce que la plupart d’entre eux, si pas l’écrasante majorité, ne mettent pas encore en œuvre les résultats de ces études, et continuent à forcer les femmes à accoucher sur le dos, au milieu du bruit de machines, avec des perfusions dans les bras, un spot en pleine figure et le va-et-vient bruyant du personnel médical.

      Quant à mon style, je refuse en tant que féministe à me soumettre aux injonctions de genre qui veut qu’une femme ne puisse pas affirmer avec force ses opinions, mais doive dialoguer en étant douce, patiente et gentille. On fait croire aux femmes que cette attitude discrète marche souvent. C’est malheureusement un leurre.

    • CWD says:

      « pour autant….j’ai plutot l’impression que les femmes souhaitent cette aide, et sont rassurée par notre presence….elles sont peu a refuser la peri….et la « medicalisation »,je crois qu’il faut arreter de diaboliser l’hopital car on peut parfaitement y faire de belles choses ds le respect des souhaits de chaque femme. »

      Personnellement, j’ai l’impression que c’est justement la médicalisation de la grossesse et de l’accouchement de bout en bout peuvent impressionner, voire effrayer les femmes, et leur laisser l’impression qu’elles n’ont pas vraiment le choix. On laisse à penser que tous ces protocoles sont “normaux”, indispensables, et qu’une femme qui s’y oppose mettra délibérément la vie de son enfant en jeu…
      Les femmes souhaitent peut-être cette aide justement parce qu’elles ne sont pas informées sur les alternatives, qui sont souvent dévalorisées (voir à ce sujet cet abominable entretien dans Charlie hebdo http://www.charliehebdo.fr/news/-entretien-odile-buisson-sante-femmes-annees-cinquante-808.html, qui dénigre les femmes en général, et plus encore celles qui souhaitent s’orienter vers un accouchement physiologique).

      • CWD says:

        (entretien réalisé avec Odile Buisson, gynécologue ayant manifestement un problème aussi avec les sages-femmes)

      • Marie-Hélène Lahaye says:

        C’est vrai que je suis assez critique par rapport aux propos d’Odile Buisson. Au départ je l’aimais bien parce qu’elle fait partie des personnes qui ont identifié l’anatomie du clitoris. Mais je dois avouer que ses sorties contre les sages-femmes et sa négation complète du processus d’accouchement physiologique me la rendent maintenant antipathique. En fait, elle est dans la droite ligne de l’idéologie patriarcale et sexiste de l’obstétrique qui est en vigueur depuis son origine au 18ème siècle. Pour elle, les femmes ne trouvent leur salut que dans la médecine, et doivent s’y soumettre corps et âme. Elle ne comprend pas l’importance des aspects émotionnels de l’accouchement. Elle zappe complètement l’idée qu’une femme puisse ressentir de la puissance, de la force, du plaisir (oui, du plaisir…), voire même un orgasme pendant l’accouchement. Selon elle, toutes les femmes doivent être anesthésiées, et surtout ne rien ressentir. C’est très paradoxal pour une personne intéressée par l’anatomie du clitoris, cet organe exclusivement dédié au plaisir. Mais en fait, elle ne fait que répéter les considérations misogynes de l’obstétrique existant depuis deux siècles, voire même la chasse aux sorcières qui visait les sages-femmes à la fin du moyen-âge (dans un autre article, elle parlait d’ “étincelles de diablerie” en ce qui concernait le travail des sages-femmes).

        • CWD says:

          C’est assez paradoxal parce qu’elle défend un modèle patriarcal, en prétendant défendre l’émancipation des femmes.
          L’émancipation se trouve dans le choix, et non dans la contrainte…
          Un accouchement physiologique choisi, un allaitement prolongé assumé, n’ont rien d’anti-féministe.
          Cette dame semble penser que les femmes qui ne pensent pas comme elle sont nécessairement soumises ou irréfléchies…

          Des réponses, notamment de sages-femmes, ont été apportées suite à cet entretien. C’est un peu long mais certains propos sont très intéressants : http://www.charliehebdo.fr/news/droit-de-reponse-odile-buisson-809.html

          Merci encore pour votre article passionnant, et bonne journée.

  16. So says:

    J’aime beaucoup la teneur de vos articles, mais je ne comprends pas le lien avec cette idéologie “féministe” qui, pour moi, ignore voire méprise beaucoup du mystère du Féminin (sans doute à cause du référencement systématique au Masculin). Je trouve que “l’égalité”, “la liberté sexuelle” sont des “idées”-vitrines sans réelle force de vie. En effet, ce à quoi nous aspirons, c’est à “l’équité”, et pour cela il nous faut nous positionner seulement face à nous-mêmes et en aucun cas face aux hommes, sinon on leur pique des droits dont on n’a pas forcément besoin (être chef, agir, avoir une carrière professionnelle, faire du sport,…) ; plutôt qu’à la “liberté sexuelle” nous aspirons à une sexualité épanouie, et je ne vois pas comment une revendication sociétale de “liberté sexuelle” peut répondre à ce besoin! ce sont pour la plupart des questions personnelles, conjugales ou familiales. On a répondu au besoin de liberté sexuelle par la pilule contraceptive, aujourd’hui, nos corps sont infestés d’hormones artificielles à des niveaux que nos corps ne produisent pas naturellement, provoquant à plus ou moins long terme des cancers, et dans tous les cas, une ignorance et une incompétence à vivre notre corps lamentables. La pilule contraceptive pour homme existe, mais eux n’accepteraient pas de telles perturbations physiologiques, et les recherches dans ce domaine ont été abandonnées… Les incohérences, les ambivalences dans l’idéologie “féministe” soixante-huitarde nuisent plus qu’elles n’aident le combat pour la reconnaissance des femmes et du Féminin.. Aspirer à une sexualité épanouie n’implique absolument pas la prostitution car la prostitution c’est une disponibilité constante, une rétribution pour service, qq orgasmes rarissimes,… Or, je crois malheureusement, au final, que c’est ce qui se passe pour beaucoup de femme-mère… Donc plutôt que “la mère et la putain”, vous auriez peut-être voulu dire “la mère jouisseuse”? 😉

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Il n’y a pas une “idéologie féministe”. Il y a de nombreux courants féministes, y compris les féministes essentialistes qui prônent l’idée que les femmes ont une nature différente de celle des hommes et doivent être respectées pour cela (je ne suis pas essentialiste, et je trouve que cette théorie a non seulement des limites mais nie la liberté individuelle des femmes).

      Il y a néanmoins un chose sur laquelle l’ensemble des féministes s’accordent depuis au moins le 19ème siècle, c’est l’idée que les femmes et les hommes doivent avoir des droits égaux. Personnellement, je fais partie des féministes qui considèrent que toute femme, comme tout homme, est un individu à part entière (on notera que le mot “individu” n’existe pas au féminin, c’est dire si cette notion est étrangère au patriarcat), qui mérite le respect en tant qu’être humain, et qui est capable de faire des choix librement consentis. Mon analyse, c’est que toutes les transgressions, agressions, violences, humiliations subies par les femmes dans les salles d’accouchement ont pour origine une domination masculine sur le corps des femmes. Une domination masculine tant physique (les hommes ont dominé la médecine et l’obstétrique pendant 400 ans, et ce n’est que tout récemment qu’il y a des médecins et gynécos femmes – dont beaucoup reproduisent les violences masculines puisque ce sont elles qui sont enseignées dans les facultés), que symbolique (tous les stéréotypes de genre envoyés aux femmes sur le fait qu’elles sont faibles, idiotes, incapables, versatiles, enfantines, mues exclusivement pas leurs hormones, etc).

      Quant à la liberté sexuelle, à mes yeux, c’est une fois de plus une question de liberté individuelle. Chaque femme doit être libre de faire ce qu’elle veut de son corps et de son sexe. Que ce soit pour des relations sans lendemain, pour du plaisir, pour de l’argent, pour de la jouissance épanouie, etc. En d’autres termes, tout ce qui n’est pas admis dans le patriarcat en tant que modèle organisant le contrôle des femmes par les hommes.

      Mon blog nait d’une démarche féministe parce que je considère que la façon dont les femmes sont (mal)traitées pendant leur accouchement relève pleinement d’une question féministe. La traiter sous l’angle du “mystère féminin” n’apporte rien pour lutter contre les violences faites aux femmes. Voire ça encourage ces violences en légitimant l’action des médecins contre ces femmes dont on ne comprend rien, en moitié sauvage, et qui présentent des dangers pour leur bébé.

    • lenvers says:

      à SO
      “Aspirer à une sexualité épanouie n’implique absolument pas la prostitution car la prostitution c’est une disponibilité constante, une rétribution pour service, qq orgasmes rarissimes”
      quelle confusion et méconnaissance du sujet!
      vous mélangez vie personnelle (affective et sexuelle)et vie professionnelle (service sexuel rétribué); imaginez un autre cas: le gynéco qui regarde et examine des vagins toute la journée n’a ni désir ni orgasme (ou bien il est taré), et il est payé pour ses actes médicaux, mais il a une vie sexuelle hors de son cabinet, et va surement regarder et toucher autrement et avec désir le soir après le boulot une femme qu’il aime; pourquoi les putes ne ferait-elles pas pareil? Et les acteurs/actrices qui jouent la passion amoureuse ou des scènes de sexe? même chose, il y a boulot et vie perso. La différence c’est la reconnaissance sociale pour certaines prestations et la honte pour d’autres.
      Personne n’a jamais dit que la prostitution avait pour but une vie sexuelle épanouie, c’est une activité professionnelle, un peu mal vue certes, y compris par nombre de féministes, et socialement réprimée.

      sur la pilule, il ne s’agit pas de dire que c’est tout bon ou tout mauvais, ça dépend. Cependant il me semble que c’est plus globalement l’accès à la contraception qui a été un pas absolument majeur pour que les femmes soient enfin libres sexuellement; c’est LE tournant le plus important vers l’égalité en la matière, mais on le leur fait bien payer!
      ensuite chacune ses choix, c’est ça qui compte.

  17. Bonjour,
    Je découvre votre blog.
    Merci pour cet article très intéressant et bien écrit.
    Qu’il puisse y avoir une forme de “domination masculine” à l’œuvre dans les salles d’accouchement, c’est très possible et votre analyse est intéressante.
    Mais je crois qu’il ne faut pas oublier une logique financière et déshumanisante indépendamment du sexisme (rémunération des praticiens “à l’acte”, d’où la fréquence des épisiotomies pas forcément nécessaires, lobbyisme pour faire acheter du matériel coûteux aux hôpitaux, matériel qu’il est ensuite nécessaire d’amortir, d’où la mise en place de procédures dans lesquels les humain(e)s (y compris celles qui accouchent) doivent entrer bon gré mal gré….
    Mais il y a sûrement un peu des deux au final
    Un petit extrait des Monthy Pythons sur le thème :
    https://www.youtube.com/watch?v=NcHdF1eHhgc
    Bises!

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Oui, bien sûr qu’il y a des intérêts financiers dans les hôpitaux qui ajoutent de la violence en transformant les femmes qui accouchent en objets d’une chaîne de production à la façon de Ford.

      Mais pour moi, ce n’est qu’une des conséquences de la domination masculine qui est en oeuvre depuis la fin du Moyen age: tout d’abord par l’appropriation par les hommes du savoir des sages-femmes et plus globalement par la déqualification des femmes (la grande époque de la chasse aux sorcières), puis à partir du 18ème siècle, par la mainmise de l’Etat sur le corps des femmes avec un objectif d’augmentation de la natalité (avec son apogée au 20ème siècle notamment avec les lois condamnant de plus en plus fort la contraception et l’avortement).

      La médicalisation de l’accouchement provient de là. La médicalisation à outrance telle que nous la connaissons aujourd’hui n’a pu se faire que parce qu’il y a eu une campagne massive organisée par les Etats pour pousser les femmes dans les hôpitaux.

      Aujourd’hui, l’argument financier a ses limites. Un accouchement à domicile coûte à l’Etat 600 euros. Un accouchement à l’hôpital, 2500 euros. Une césarienne 4000 euros. L’Etat a donc un intérêt financier direct à promouvoir l’accouchement à domicile, à lutter contre les actes médicaux inutiles et à tout faire pour diminuer le taux de césarienne. Or, il ne le fait pas. Pourquoi ? Parce que l’Etat continue à pousser les femmes vers les hôpitaux, exactement comme il y a 2 siècles, sur base d’une idéologie de contrôle du corps des femmes pour des raisons de natalités (alors que le lien entre contrôle des femmes et statistiques périnatales n’est pas évident).

  18. lorene says:

    Bonjour,

    Très bel article. Juste, sensible, factuel!
    Je me permets de mettre un lien youtube d’une vidéo reprenant tous vos propos (peut être la connaissez-vous d’ailleurs, car elle date de 2015): https://www.youtube.com/watch?v=72oyhUHgvhs

    Merci pour tous vos mots

  19. pony says:

    j’ai eu la chance d’avoir un bel accouchement , avec une équipe réduite ( 2 pers )qui s’est occupée de moi de mon arrivée jusqu’à la naissance , où chaque geste était expliqué et chaque questions posées avaient une réponse douce mais expliqué. malgres tout cela et la bonne ambiance régnant j’ai tout de meme mal vécu le fait d’etre branché de toute part , les machines qui bipent pour un rien et nous inquiète mais c’est surtout le retour dans ma chambre et les gestes médicaux de suite de couches qui m’ont gaché mon séjour . les « massages «  du ventre pour voir si l’utérus se remet devant plusieurs personne le tout avec une brutalité des gestes , les hochement de têtes et les remarques désobligeante quand je leur disaient que c’était douloureux , les TV dans ma chambre tjrs pour voir si l’utérus se remet devant l’inspectrice de l’hygiène et la porte de ma chambre grande ouverte et les discours moralisateur sur le fait que je ne veuille pas allaiter le tout en se sentant obligé de se justifier car ayant un traitement médicamenteux passant dans le lait maternel il n’est pas possible d’allaiter . merci pour vos articles qui je l’espère feront bouger les choses et surtout permettent au femme de sortir du silence et qui leur permet de mettre des mots sur ce qu’elles ont vécu sans etre traiter de folle ou de lunatique !

  20. Carotte says:

    Pour mon premier enfant, nous étions suivis par une sage-femme en accompagnement global (mais soyons honnête, ça a un coût). C’est donc elle qui nous a accouchés, sur plateau technique (ce qui ma foi était bien rassurant). Nous avons eu droit à cette ambiance tamisée, de la musique douce que nous avions apportée, un ballon pour me soulager et faire avancer le travail naturellement, pas de pose de cathéter (et ça, c’est un point extrêmement important pour moi, étant une grande phobique des aiguilles) et seulement une personne (une jeune stagiaire sf, la nôtre étant occupée avec un autre accouchement, elle nous a rejoints juste au bon moment). Bref, tout s’est passé merveilleusement, je n’ai même pas pensé à demandé une péridurale, parce que l’ambiance et la douceur se prêtaient bien à la gestion de la douleur. Jusqu’à l’expulsion. C’est là que notre sf m’a imposée d’être couchée sur le côté gauche (position plus physiologique selon elle, mais pas celle que j’aurais choisie), a percé la poche des eaux sans nous demandé notre avis, puis a pratiqué une épisiotomie sans me demander mon avis (en me disant par la suite qu’elle ne me l’avait pas dit pour ne pas que je panique, ce à quoi j’ai répondu que je n’étais pas débile et que je m’étais bien rendue compte de ce qu’elle me faisait au moment où elle le faisait). Je lui en veux pour ça, et je m’en veux beaucoup à moi-meme. Malgré tout, je garde une belle image de la rencontre avec ma fille, parce que j’ai eu ce sentiment de l’accompagner et de l’accueillir en douceur. J’aurais aimé que mon dernier accouchement se déroule de la même manière, mais nous avions changé de région et aucune sage-femme ne pratique l’accompagnement global ici. J’ai donc accouché au CHU, et j’ai naïvement cru que rédiger un projet de naissance validé par l’équipe médicale serait suffisant… Ce que je retiens de mon dernier accouchement, ce sont des actes non désirés, non expliqués, c’est l’impression d’être un morceau de viande, c’est un total non accompagnement. C’est beaucoup de colère. Et ma fille va avoir 3 ans…

  21. saré says:

    je découvre tout ceci 13ans après mon accouchement (le seul d’ailleurs je n’ai pas eu d’autres enfants, accoucher m’angoisse) et je réalise que ce que j’avais pris pour des faiblesses de ma part viennent de violences non justifies lors de l’accouchement. J’ai pleuré pendant des mois après l’accouchement, on ne vous dit, on ne vous explique rien et évidemment l’épisiotomie (sans reeducation du périnée).
    merci de mettre en lumière tout cela.
    bonne continuation

  22. Gaelle says:

    https://m.youtube.com/watch?v=72oyhUHgvhs

    Un petit film de 7 minutes qui illustre exactement votre comparaison entre “coït médicalement assisté” et accouchement médicalisé.

    Pour le fait que “si on dialogue on obtient ce qu’on veut quand on accouche”, tel que dit plus haut, j’aimerais beaucoup que ce soit le cas partout et c’est formidable si ça l’est parfois, mais non malheureusement, c’est très très très loin d’être le cas en hôpital.
    Très certainement la faute à “pas assez de temps”, “pas l’habitude de faire ainsi” plus que par une réelle volonté d’imposer ses pratiques à la future mère pour la plupart des personnels, mais quand même les faits sont là.
    La sage-femme qui m’a assistée pour la naissance de mon second enfant était prise de surdité profonde quand je lui disais que je ne me sentais pas du tout à l’aise à l’idée d’accoucher à plat dos pieds dans les étriers. J’ai pourtant renouvelé plusieurs fois mon propos, avec beaucoup de douceur (malgré la douleur des contractions) pour ne pas la brusquer, la vexer, qu’elle pense que “je savais mieux qu’elle” ou que sais-je. Je n’ai rien exigé non plus. J’ai juste plusieurs fois poliment dit que vraiment, la position gynéco pour l’expulsion, je ne me sentais pas à l’aise du tout, j’aimerais faire autrement. Le silence le plus complet m’a répondu à chaque fois…

    J’en ai parlé après à ma sage-femme libérale (en ville). Elle m’a expliqué que l’écrasante majorité de ses collègues n’étaient pas formées à une autre position que celle là et que c’est dur et stressant de perdre tous ses repères quand la mère est positionnée différemment. Ok, ça (même si je le regrette) je peux très bien l’entendre et le comprendre ! Si la sage-femme de l’hôpital m’avait simplement répondu : “désolée je ne suis pas à l’aise avec une autre position, pour vous aider au mieux je préférerais vraiment que vous restiez en position gyneco s’il vous plaît”, mais j’aurais parfaitement compris ! Et apprécié sa réponse simple et franche. Et aurais certainement accepté sans soucis de me plier à cette contrainte. Là son mutisme a été très désagréable à vivre.

  23. Dotchka says:

    Formidable démonstration

  24. Alexandra says:

    Je suis cadre sage-femme dans une maternité qui fait 1700 naissances par an. Je suis triste moi aussi de voir à quel point notre système dysfonctionne. Effectivement, il y a un grand écart entre l’envie des sages-femmes de pouvoir accompagner une seule et même patiente et la réalité du terrain. Ce 31 décembre 14 naissances en 24h pour 3 sages-femmes en continue. Tout est dit ! Nous avons en nos murs également une maison de naissance. Effectivement quelle différence dans l’accompagnement ! Mais pour faire tourner cette maison de naissance trop peu de moyens encore attribués par l’état et les filles ont du mal à joindre les 2 bouts. Ne pensez pas que nous ne rêvons pas nous aussi à plus d’accouchements physiologiques. Nous sommes souvent toutes mères également et avons mis au monde dans ces mêmes conditions , gynécologues-obstétriciennes, auxiliaires de puériculture…mais les coupes budgétaires et le toujours plus sont obligés de nous en faire oublier l’humain. Je suis triste moi aussi, mes collègues également. On œuvre comme on peut comme des colibris chacune de nos côtés et croyez vraiment qu’on donne à chaque instant le meillleur de nous meme mais dans un contexte qui nous limite tellement. On rêve devant le blog de “Karine la sage femme” en espérant qu’un jour on pourra accompagner les femmes de la même façon. Un énorme merci à vous d’essayer d’amorcer cette merveilleuse et indispensable révolution.

  25. Van Robaeys says:

    Merci.

    Merci d’ouvrir mes yeux, de m’apprendre ce que l’on ne m’a jamais appris, de dire ce qui n’est jamais dit.

    Grâce à toi je n’ai plus peur de la grossesse, de l’accouchement, d’être une femme, d’avoir du plaisir ou de ne pas en vouloir.

    A 27 ans je me sent enfin libre d’être une femme avec tous ce qui va avec. Je n’ai plus honte de mes règles, je n’ai plus peur de mon utérus. Et celui-ci, j’apprends enfin à le connaître, à le comprendre, à le ressentir et à l’aimer.

    Merci.

    Une femme reconnaissante.

  26. Sylvie says:

    J’ai sorti ma sœur du ventre de ma mère, j’avais 14 ans et le médecin, à l’hôpital, avait fait l’Afrique. Il m’a dit “tu as l’air d’avoir du cran, toi” et m’a guidée tout au long de la naissance.
    10 ans plus tard, j’ai accouché comme ma mère, à l’hôpital. Accouchement long et compliqué. Mais je l’ai vécu extrêmement bien, et comme dans les deux suivants, j’ai ressenti du plaisir au moins autant que de la douleur. Je suis toujours saisie quand je raconte cela à d’autres femmes car je n’ai rencontré personne ayant le même vécu. Merci donc, je me sens moins seule.

  27. Roger Ouillon says:

    Sur ce passage:Sur une relation sexuelle, les actuels routines et protocoles médicaux de l’accouchement donneraient la situation délirante suivante : le coït doit se pratiquer dans une salle d’opération, sous une lumière vive, au milieu de bruits de machine et de discussions techniques entre les membres du personnel médical ; la position des partenaires est la plus inconfortable qui soit, mais permet la meilleure observation pour l’équipe ; les partenaires sont reliés à des machines contrôlant leur rythmes cardiaques et autres variations physiologiques, les empêchant de bouger comme ils le souhaitent, une sirène retentissant dans la pièce chaque fois qu’un capteur est légèrement déplacé ; les amants se voient infliger des piqûres et injections diverses (généralement non explicitées) pour accélérer le travail ; à tout moment, des membres du personnel médical entrent dans la pièce pour observer et commenter la progression du coït, et s’inquiéter si la progression ne se fait pas selon le nombre de minutes précises correspondant à un schéma préétabli ; à intervalle régulier, tantôt un interne, tantôt un infirmier, tantôt un médecin accompagné de son stagiaire interrompt la relation pour vérifier la vigueur de l’érection et l’humidité vaginale ; et si un des amants, excédé par la situation, se permet une remarque un peu sèche à l’un des nombreux intervenants, il prend le risque d’une réponse désobligeante voire humiliante. Il est très probable que dans un tel contexte, la relation sexuelle échoue, sûrement même après avoir causé de la douleur.
    RASSURER MOI ! La fertilité d’un couple n’est pas vérifié de cette manière. Après tout ce que votre site a révélé, et qui effraie le père de deux filles. J’en viens a me demander,
    si le corps médical n’est pas devenu notre ennemie.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *