La césarienne, ou les femmes à la découpe

NievenijesuswebLa césarienne est l’exemple par excellence d’une technique médicale conçue au départ dans l’intérêt des mères et des bébés, et qui s’est aujourd’hui transformée en une arme de domination sur le corps des femmes.

Jusqu’à la seconde guerre mondiale, les médecins pouvaient poser la terrifiante question « faut-il sauver la femme ou l’enfant ? » lorsque l’issue d’un accouchement s’avérait fatale. Selon la réponse formulée, soit le fœtus était découpé et retiré en morceaux de l’utérus, soit le ventre de la femme était ouvert pour en extraire le bébé, ce qui se soldait généralement par le décès de celle-ci suite aux infections consécutives à l’opération. La découverte de la pénicilline va marquer le coup d’envoi d’une amélioration considérable de cette intervention. Dès l’après-guerre, l’utilisation des antibiotiques, les progrès liés à la transfusion sanguine et l’optimisation des techniques d’anesthésie vont propulser la césarienne parmi les traitements chirurgicaux presque banals.

Même si la césarienne est aujourd’hui une opération relativement sûre, elle n’est pas totalement exempte de dangers. En effet, elle multiplie par trois le risque de décès par rapport à un accouchement par voie vaginale, et augmente les probabilités de stérilité et d’accident pour l’avenir. Elle peut aussi entraîner des hématomes, des infections urinaires, des phlébites et des dommages aux organes et tissus avoisinants. Dans de rares cas, de graves hémorragies, des défauts de cicatrisation et des infections sévères nécessitent une réopération. De façon plus sournoise, bon nombre de femmes doivent faire face à des séquelles psychologiques, tel qu’un sentiment d’échec, le deuil d’un accouchement idéal, la perte de confiance dans les capacités de leur corps, voire une dépression comme c’est souvent le cas pour les autres opérations. Les jours qui suivent la naissance apportent leur lot de traumatismes supplémentaires puisqu’en plus de subir la douleur et les suites opératoires, les jeunes mères sont confinées dans une impuissance et une dépendance envers leur entourage au moment-même où l’arrivée d’un nouveau-né exige un réajustement complet de l’organisation de vie. Elles doivent endurer l’humiliation de demander de l’aide pour leur besoins les plus élémentaires et, comble de la situation, se trouvent dans l’incapacité de prendre seule leur bébé dans les bras et d’assurer librement les premiers maternages. Tout cela sur fond d’ambivalence des femmes à l’égard de leur cicatrice qui marquera leur ventre pour le reste de leur vie.

Au vu de ces conséquences, la prudence voudrait que la césarienne ne soit réservée qu’aux situations pathologiques et aux cas où la vie et la santé de la femme ou du bébé sont réellement en danger. Malheureusement, ces trente dernières années sont marquées par une explosion de ce mode d’accouchement. Aujourd’hui en France et en Belgique, 20% des femmes accouchent de cette façon, alors que l’Organisation mondiale pour la Santé estime qu’un taux de césarienne dépassant 15% signifie non seulement que des césariennes non médicalement justifiées sont pratiquées, mais que ce pourcentage important a un impact délétère sur la santé des femmes. Une étude de 2014 portant sur 19 pays occidentaux aboutit même à la conclusion qu’au delà de 10% de césariennes, aucune amélioration n’est démontrée sur le niveau de mortalité néonatale. En d’autres termes, une césarienne sur deux est inutile.

Sos 002Si le ratio bénéfices/risques de cette technique n’est pas évident pour les femmes en bonne santé, ses avantages sont néanmoins limpides pour les médecins.

Tout d’abord bon nombre d’obstétriciens, qui sont des chirurgiens n’ayant pour la plupart jamais vu le moindre accouchement naturel, ont un penchant plus marqué pour le maniement du bistouri que pour le soutien émotionnel d’une parturiente pendant de longues heures de travail.

De plus, des situations d’accouchement plus délicates, par exemple une naissance par le siège, ne font tout simplement plus partie de leur cursus académique, tant la césarienne est présentée comme la panacée, au détriment de la liberté de choix des femmes quant à la façon de mettre au monde leur enfant. Des médecins la pratiquent donc parce qu’ils ne savent pas faire autrement, et contribuent par la perpétuation de cette ignorance à la perte au fil du temps d’un savoir qui pourtant existe.

Cette opération est en outre très avantageuse à la fois sur le plan financier et en termes d’organisation du service. Alors qu’un accouchement par voie vaginale rapporte entre 3000 et 4000 euros à l’institution hospitalière, une césarienne permet généralement d’encaisser plus de 5000 euros. Cet intérêt économique est d’autant plus maximisé qu’une césarienne rentabilise pendant une demi-heure une salle d’opération avec obstétricien, anesthésiste, pédiatre et infirmière, de façon généralement planifiée, là où un accouchement par voie basse mobilise des heures durant une salle qu’il faut gérer en tenant compte de femmes ayant la désinvolture de débarquer à tout moment et de faire naître leur enfant y compris la nuit, le weekend et les jours fériés.

Enfin, certains gynécologues ont la césarienne facile en invoquant les risques médico-légaux. En extrayant chirurgicalement le bébé d’un utérus, ils peuvent démontrer qu’ils ont tout fait pour sauver la mère et l’enfant et éviter d’éventuelles poursuites judiciaires. En d’autres termes, ils se protègent de ces femmes dangereuses en balafrant leur ventre à titre préventif.

C’est toujours la faute des femmes

Bien sûr les praticiens mettent rarement en avant leurs propres intérêts, préférences et limitations pour proposer une césarienne, préférant se focaliser sur les défauts réels ou supposés de la femme.

La façon la plus simple pour certains gynécologues d’arriver à leurs fins consiste à imposer une césarienne à une femme qui en a déjà subie une pour une grossesse précédente. Malgré les recommandations de la Haute Autorité de Santé rappelant qu’un utérus cicatriciel, même après deux césariennes, n’est pas en soi une contre-indication à un accouchement par voie vaginale, il existe toujours des médecins adeptes du dogme « césarienne un jour, césarienne toujours ».

Lebebeetlamamanvontbien recadréUne autre méthode pour pousser les femmes à la césarienne consiste à leur reprocher d’avoir un bassin trop étroit par rapport à la taille de leur bébé. Pour parvenir à cette conclusion, il suffit d’une démonstration en deux temps. Premièrement, il est aisé d’estimer qu’un fœtus est trop gros, sur base d’une simple échographie et en reportant les mesures dans une des nombreuses formules disponibles et souvent aléatoires. Qu’importe si l’estimation varie de 700 grammes selon le mode de calcul choisi, et si, pour un poids estimé à 4kg200, le nouveau-né pèsera entre 3kg500 et 4kg900, il est toujours possible pour un acharné de la césarienne d’effrayer une future mère avec une potentielle macrosomie de son bébé. Dans un second temps, il s’agit de démontrer que cet enfant ne passera pas par le bassin de sa mère en prescrivant à la femme enceinte une pelvimétrie, c’est-à-dire une mesure de son bassin par radio, scanner ou IRM. Cette mesure est généralement effectuée en couchant la femme sur le dos avec les jambes tendues, c’est-à-dire dans la position où le bassin est le plus fermé. En d’autres termes, dans des conditions où il est tout simplement impossible d’accoucher. Le verdict incitant à une césarienne s’impose donc aisément de lui-même. Il faut également ajouter que dans leur grande ignorance de la physiologie, beaucoup d’obstétriciens ne savent même pas que le bassin n’est pas un os rigide formé d’une seule pièce, mais est constitué de plusieurs parties reliées entre elles par des ligaments, qui peuvent s’écarter selon les positions adoptées par la mère et sous l’effet du passage du bébé. Ainsi, beaucoup ignorent que le simple fait pour une parturiente de se mettre à quatre pattes pendant son accouchement permet à son bassin de s’élargir suffisamment pour éviter plus de 80% de dystocies des épaules. Comme les médecins préfèrent voir les femmes immobiles et couchées sur le dos, ils choisissent plus volontiers de leur découper le ventre en cas de soupçon de complications plutôt que les autoriser à mettre leur enfant au monde dans une position plus adéquate.

Je vois d’ici des médecins s’offusquer en expliquant que s’ils sont poussés à prescrire des césariennes, ils ne font que répondre à la demande des femmes elles-mêmes qui exigent ce mode d’accouchement, et qu’ils sont eux-mêmes victimes de ces divas frivoles réclamant cette technique par pur confort. Tout d’abord, même si la notion de bien-être est très personnelle, j’avoue avoir certaines difficultés à comprendre en quoi se faire découper sur 10 centimètres la chair, les muscles abdominaux et l’utérus apportent un quelconque confort. Ensuite les études relèvent que seule une très petite minorité de femmes, estimées entre 0,3 et 14 %, réclament une césarienne. De nombreuses raisons personnelles et sociétales sont invoquées pour cette demande, parmi lesquelles revient souvent la peur de l’accouchement. Plutôt qu’entendre ces craintes et y travailler, bon nombre d’obstétriciens, eux-mêmes enfermés dans leurs propres angoisses, préfèrent balayer les questionnements des futures mères et dégainer leur bistouri.

Il est dès lors regrettable qu’à l’heure où tous les autres domaines de la chirurgie sont marqués par une volonté de limiter les incisions au corps, notamment par l’utilisation de plus en plus importante de micro-caméras et de robotique fine, un acte aussi naturel qu’un accouchement continue à se voir appliquer, sans le moindre scrupule, des méthodes invasives et mutilantes datant des siècles derniers.

 Sources :

Association Césarine.

Lucie Bacon, Camille Legrand, « Quand l’accouchement devient un dangereux business », Lyon Capitale, 12 juin 2013.

Bruner JP, Drummond SB, Meenan AL, Gaskin IM, « All-fours maneuver for reducing shoulder dystocia during labor. », The Journal of Reproductive Medecine, mai 1998. 43(5):439-43.

Collège des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF), « Césarienne : conséquences et indications (2000) », recommandations pour la pratique clinique, dernière mise à jour 28 octobre 2013.

Collège des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF), « Fiches d’informations des patientes : césarienne programmée », dernière révision 2009.

Fondation Genevoise pour la formation et la recherche médicale, « Césariennes, Chapitre I Historique ».

Habiba M., Kaminski M., Da Frè M., Marsal K., Bleker O., Librero J., Grandjean H., Gratia P., Guaschino S., Heyl W., Taylor D., Cuttini M., « Caesarean section on request: a comparison of obstetricians’ attitudes in eight European countries », BJOG, juin 2006, 113(6):647-56.

Haute Autorité de Santé, « Indication de la césarienne programmée à terme », janvier 2012.

Kingdon C., Neilson J., Singleton V., Gyte G., Hart A., Gabbay M., Lavender T., « Choice and birth method: mixed-method study of caesarean delivery for maternal request. », BJOG, juin 2009. 116(7):886-95. doi: 10.1111/j.1471-0528.2009.02119.x. Epub 2009 Apr 22.

Macfarlane A., Blondel B., Mohangoo A., Cuttini M., Nijhuis J., Novak Z., Ólafsdóttir H., Zeitlin J., the Euro-Peristat Scientific Committee, « Wide differences in mode of delivery within Europe: risk-stratified analyses of aggregated routine data from the Euro-Peristat study », BJOG, 9 mars 2015. DOI: 10.1111/1471-0528.13284.

Mazzoni A., Althabe F., Liu NH, Bonotti AM, Gibbons L., Sánchez AJ, Belizán JM, « Women’s preference for caesarean section: a systematic review and meta-analysis of observational studies. », BJOG, mars 2011. 118(4):391-9. doi: 10.1111/j.1471-0528.2010.02793.x. Epub 2010 Dec 7.

McCourt C., Weaver J., Statham H., Beake S., Gamble J., Creedy DK., « Elective cesarean section and decision making: a critical review of the literature. », Birth, mars 2007. 34(1):65-79.

Mutualités libres, « Le coût hospitalier des accouchements en Belgique », novembre 2012.

OMS, UNICEF, FNUPA, « Lignes directrices pour la surveillance de la disponibilité et de l’utilisation des services obstétricaux », 1997, mise à jour « Surveillance des soins obstétricaux d’urgence », 2011, pp. 29 et suivantes.

Ye J, Betrán AP, Guerrero Vela M, Souza JP, Zhang J., « Searching for the optimal rate of medically necessary cesarean delivery », Birth, septembre 2014.

Outil de l’estimation du poids fœtal (EPF) d’après la biométrie fœtale obtenue par l’échographie et d’après les 20 formules les plus connues pour l’estimation du poids fœtal: calculatrice.

 

This entry was posted in Mon corps m'appartient and tagged , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

50 Responses to La césarienne, ou les femmes à la découpe

  1. Saphaëlle says:

    Je fais partie de celles qui ont fait un pied de nez à l’adage “Césarienne un jour….”.
    A part pour un danger avéré, j’ai refusé toute allusion à la césarienne que ça soit durant ma grossesse comme durant l’accouchement. J’ai cherché l’hôpital où l’on me respecterait le plus, le gynécologue le plus respectueux de la physiologie d’un accouchement et suivie à côté par une sage-femme AAD (l’AAD n’étant pas concevable pour moi, dû à un antécédent de pré-éclampsie et césarienne). Mon petit 2e est né par voie basse et j’en ai un très beau souvenir.

    Je te remercie pour cet article, comme toujours très bien rédigé et bien étayé, je le diffuse autour de moi 🙂

  2. Claire says:

    Je confirme le ‘faisons peur à la mère’…
    Suivi sur mes dernières semaines, discours alarmiste quant au poids de ma fille (estimée à 3,6 sur l’écho de 37+6, et 3,8 à 4 sur celle d’aujourd’hui -38+4), avec une chef de clinique annonçant que si elle suivait sa courbe de croissance, ce serait césarienne programmée au cours de la 39e semaine… En affirmant suivre les recommandations de la has (totalement faux, bien sûr, elle prenait mon cas comme celui d’une diabétique!)
    résultat nouvelle écho aujourd’hui avec le docteur habituel, discours très différent: déclenchement ou césarienne à prévoir si la petite ne s’est pas décidée le jour du terme complet! un même cas peut être jugé de manière tellement différente, même dans un même hôpital! Une amie m’a rapporté le cas également de deux césariennes programmées à cause du sur-poids de la mère… l’équipe refusait catégoriquement la voie basse uniquement à cause de son imc élevé (bébés de poids normal aux deux grossesses, pas d’hypertension, ni de diabète, ni de risque d’éclampsie…)
    .
    Je conseille aux personnes se voyant annoncer une césarienne dans leur maternité de vérifier le classement du lieu en question, et de ne pas hésiter à FUIR si leur taux dépasse les 15/20%!

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Excellente suggestion. On peut trouver la liste des maternités classées par pourcentage de césarienne ici: http://www.journaldesfemmes.com/maman/maternite/classement/maternites/accouchements_cesarienne

      • Lily says:

        Je pense que ce genre de classement est tout de même à prendre avec précaution : il me semble assez logique qu’une maternité comme le pôle Mère-Enfant de l’hôpital Necker (classé 10è avec un taux de 30%) qui reçoit un grand nombre de grossesses à risque, voire extrêmement difficiles, ait un taux de césariennes supérieur à une maternité de niveau 1 qui ne procéderait qu’à des accouchements suite à des grossesses “faciles”.
        Il est dommage que ce classement ne soit pas corrélé avec la typologie des grossesses suivies dans les établissements concernés, ou au moins l’indication du niveau de médicalisation de la maternité…

        • Marie says:

          C’est juste mais l’expérience montre aussi que à Necker les médecins ont vite fait de prescrire une césarienne à force de ne voir que des grossesses à risque.

          Ce qui soulève un autre point que ce blog abordera peut-être, la tendance des “petites maternités” à orienter très vite vers les plus grosses, en déclarant “à risque” une grossesse qui ne l’est pas. (vécu avec Necker justement). Cercle vicieux, car du coup le personnel de la petite maternité est peu confiant en lui-même, moins exercé à gérer certains difficultés, sa réputation locale en souffre et les mères s’orientent d’elles-mêmes vers le gros centre du coin. Y a plus qu’à fermer la mater pour activité insuffisante (mais on me souffle que c’est l’objectif…)

          Du coup la petite maternité a un taux assez bas de césa, par contre si on calculait son taux induit (= personnes que j’ai estimées abusivement “à risque” et expédié à Necker pour ne prendre aucun risque, et là-bas ils ont fait une césa en présentant un scénario catastrophe alors qu’il n’y avait absolument rien…).

    • Zab says:

      Je dirais même plus, il faut aussi consulter les taux de péridurale et fuir quand il y a des taux très hauts même si on souhaite la péridurale, parce qu’en général taux de péridurale très haut = taux d’accompagnement humain proche de zéro.

  3. Lilène says:

    Bravo pour cet article bien documenté. Je confirme : une deuxième césarienne n’est pas une fatalité. J’ai accouché une première fois par césarienne pour dystocie du col ; c’était en Afrique et les médecins ont tout fait avant d’en arriver là. Deuxième accouchement en France : là encore, dystocie du col et l’obstétricien a lui aussi tout fait pour éviter la césarienne, mais disposant de plus de moyens, il est parvenu à ses fins et j’ai accouché par voie basse. Petit détail qui pourrait bien expliquer pourquoi il s’est donné tant de mal : l’obstétricien est mon cousin…

  4. J’ai tellement d’amies qui entrent dans cette case. “le bébé ne serait pas passé, il était trop gros” “à la radio, il ne passe pas”… Moi-même, suite à un déclenchement pour ma première fille j’ai eu la menace du “si votre col ne s’ouvre pas plus vite, on passe au bloc dans une heure ” (sachant que j’ai accouché en tout et pour tout 5 heures pour un 1er bébé !). J’ai pourtant du mal à trouver comment expliquer à mes amies moins informées que moi sur le sujet qu’elles ne doivent pas croire à tout prix leur médecin, qu’elles doivent s’entourer de personnes bienveillantes et respectueuses… pas facile de faire évoluer les mentalités !

  5. Mathilde says:

    Lutter avec autant de radicalité contre la césarienne ne me semble pas une attitude très responsable. Et les hôpitaux qui veulent réduire leur taux d’accouchement par ce mode sont au moins aussi dangereux que ceux qui le pratiquent à outrance. J’ai accouché en 2002 d’un premier enfant qui n’avait aucune chance de passer par voie basse (petit bassin, gros bébé en siège). A terme +6 jours, après avoir perdu les eaux et passé 10 heures avec des contractions violentes mais parfaitement inutiles, le coeur du bébé a montré des signes de fatigue. La péridurale a été arrêtée. Une césarienne en urgence a finalement été décidée mais la péridurale n’avait pas repris son effet lors de l’opération… Tout s’est bien terminé mais ce fut un évènement très traumatisant. J’avais tenté d’alerter l’hôpital à la fin de la grossesse, conseillée par une amie gynécologue qui s’inquiétait, mais en vain… Il y avait à l’époque un grand intérêt des médias sur les pourcentages de césariennes programmées et l’hôpital voulait réduire ce chiffre, quitte à faire prendre des risques inconsidérés aux femmes comme aux bébés. Dix-huit mois plus tard, j’accouchais par voie basse de mon deuxième enfant. Quand c’est possible, c’est en effet la meilleure solution mais la césarienne sauve des vies. Et la programmer quand il est évident qu’il ne sera pas possible de faire autrement est un progrès que les technologies actuelles permettent. Le nier peut conduire à des aberrations également !

    • June says:

      Comme quoi, ce n’est pas tant la méthode qui pose problème, mais la volonté des hôpitaux à vouloir en utiliser une en particulier, ou à respecter un protocole figé. C’est bien triste que la médecine en arrive là.

  6. Mel says:

    Merci pour cet article très complet et ce point de vue. Je pense cependant qu’il est un peu limité sur certains aspects, je viens de vérifier, en cliquant sur le lien que vous donnez plus haut dans un commentaire : les 9 établissement où les taux sont les plus élevés sont des établissement privés (et donc à but lucratif), il serait peut-être souhaitable de faire la distinction dans votre article. (Le 10ème établissement étant Necker, c’est un peu à part, le 11ème, à L’Aigle : maternité de niveau 1 seulement dans un milieu très rural et loin de tout centre important, dans l’Orne… et ensuite, que des établissements privés à nouveau jusqu’au 25ème… après, j’ai arrêté de regardé).

    J’ai donc bien vérifié : j’ai accouché dans un hôpital pour lequel le taux est de 23%. Pour mon ainée, j’ai eu une césarienne d’urgence (après 24h de travail et le personnel ayant bien essayé de faire tout ce qui était possible avant) pour une réelle urgence vitale, une détresse fœtale importante… inévitable. Et pour la 2ème, très compliqué encore une fois, plus de 24h de travail, et un obstétricien qui a remonté ses manches, la ventouse qui a lâché 3 fois… le bloc était alerté, rien n’était sûr mais tout a été tenté et la césarienne finalement évitée.

    Je pense donc que le fond de cet article est très intéressant, merci, mais aussi que les généralités sont un peu vites tirées, cela évolue en plus, et comme le commentaire précédent, que vouloir à tout prix éviter une solution qui existe peut également être contraire à l’intérêt de la mère comme de l’enfant. Pourtant, oui, ma césarienne et ses complications, comme je les ai mal vécus !

  7. Marie-Hélène Lahaye says:

    Mathilde et Mel, mon propos n’est pas de lutter contre la césarienne à tout prix, mais d’éviter que des césariennes soient imposées à des femmes dans l’intérêt du médecin ou en raison des conséquences d’actes posés dans les hôpitaux.

    Quand je dis que, sur base des études, une césarienne sur deux est inutile en Belgique et en France, ça signifie à contrario qu’une sur deux est utile (entendez indispensable). Mon propos vise à mettre les femmes au cœur des décisions. Quand Mel dit, à juste titre, que certains hôpitaux maltraitent et mettent en danger des futures mères uniquement en poursuivant l’objectif de diminuer leur taux de césariennes, c’est tout aussi inadmissible qu’imposer des césariennes inutiles. Dans ce cas, c’est de nouveau l’intérêt de l’hôpital qui prime (taux de césarienne) sur l’intérêt des femmes à vivre leur accouchement dans d’excellentes conditions.

    De même, une femme qui souhaite une césarienne, qui en connait tous les avantages et les inconvénients, et qui choisit ce mode d’accouchement en toute connaissance de cause, doit pouvoir en bénéficier. Je soutiens entièrement sa démarche, puisqu’elle répond à l’intérêt premier de la future mère.

    Mon propos est radical puisqu’il s’attaque au pouvoir médical et qu’il veut inverser les choses en rendant le pouvoir aux femmes. Mais j’assume entièrement ma radicalité.

    • Midjie says:

      Vous n’avez pas idée à quel point la seconde partie de votre commentaire me soulage. Je lis votre blogue avec beaucoup d’attention depuis un certain temps et je m’interrogeais justement sur votre opinion au sujet des césariennes non médicalement justifiées. S’il m’est possible de vous contacter en privé, je pourrais vous raconter mon histoire en détails. Ce serait trop long de le faire ici.

  8. Evita says:

    La césarienne est aussi utilisée comme “menace” par le corps médical. Moi, pour me faire accepter la péridurale, on m’a dit qu’il y avait indication médicale à la péridurale car possibilité de césarienne.

  9. Mel says:

    Merci beaucoup pour votre réponse très claire et sans ambiguïté.
    Nos points de vue divergent par contre car je ne pense pas, contrairement à vous, qu’il soit normal qu’une femme puisse choisir une césarienne uniquement par convenance personnelle… (car la question de l’information préalable me semble alors être très facilement bien trop partiale, mais aussi pour des raisons de coût partagé par la société, et d’autres raisons encore…). Mais pour le reste, votre objectif est très louable à mes yeux.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Par exemple, certaines femmes ayant vécu des violences sexuelles (inceste, viol, etc) peuvent éprouver de terribles difficultés à envisager un accouchement par voie vaginale. Étant donné les sensations extrêmes qui surgissent à ce moment, il est probable que leur accouchement les renvoie aux abus qu’elles ont subis. Certaines sages-femmes attentives aux émotions des femmes pensent même que c’est une des causes de blocage et de complications de l’accouchement. Je trouve légitime que des femmes, même victimes d’abus sexuels, puissent vivre un bel accouchement en préférant une césarienne. Qui suis-je moi pour leur dire “non, non, pas de césarienne de convenance pour des raisons de coût pour la société, vous n’avez qu’à faire d’abord 20 ans de psychanalyse pour résoudre vos traumatismes” ?

      Ce n’est pas une règle absolue, évidemment. Toutes les femmes qui choisissent une césarienne n’ont pas été abusées sexuellement. Et toutes les femmes victimes de violence sexuelle ne choisissent pas la césarienne (certaines préférant se tourner vers la naissance respectée et l’accouchement à domicile, précisément pour se réapproprier leur corps). Mais chaque raison profonde pour laquelle une femme peut choisir une césarienne lui appartient et est respectable.

      • pétrolleuse says:

        “chaque raison profonde pour lesquelles une femme peut choisir une césarienne lui appartient et est respectable”.

        Merci ;). Je suis totalement, et entièrement d’accord avec vous. Je ne milite pas en faveur de la césarienne de convenance – une césarienne, j’en ai vécu une, je ne l’ai pas choisie, je l’ai très mal vécue et j’ai dû lutter pour vivre mon AVAC par la suite – mais je milite pour le respect des femmes et de leur choix.

        • Midjie says:

          Le milieu hospitalier (du moins au Québec) traite les demandes de césariennes comme un fléau qu’il faut éradiquer à tout prix, sans égard pour le dilemme moral que cela pose. Les médecins prétendent que les femmes primipares qui formulent de telles demandes ne savent pas. Elles ne savent pas ce que c’est un accouchement. Elles ne connaissent (et surtout ne comprennent pas) les risques d’une césarienne. Or, toute les femmes qui demandent une césarienne primaire ne le font pas par désinformation. Parfois, cette demande est l’aboutissement d’une longue réflexion où les pours et les contre ont bien été soupesés. Si procéder à une chirurgie qui n’est pas nécessaire pose problème sur le plan éthique, s’entêter à forcer ces femmes à accoucher pose problème sur le plan moral. Une telle attitude est paternaliste et particulièrement déshumanisante.

          Le terme employé – quand on parle de césarienne de confort – est lui-même réducteur, car je ne vois pas en quoi une chirurgie peut être confortable. Une fois, j’ai lu un article où la sage-femme parlait de césarienne d’évitement. Je trouve ce terme plus approprié. Les femmes qui désirent une césarienne souhaitent éviter les conséquences et les séquelles possibles (physiques, mais surtout psychologiques) d’une accouchement par voie vaginale. Elles veulent aussi éviter de subir les nombreux gestes invasifs qui vont de pair avec l’obstétrique.

          Dans mon cas, c’était un accouchement à domicile avec une sage-femme ou une césarienne à l’hôpital. Un scénario entre les deux n’était pas envisageable (croyez-moi, j’y avais longuement réfléchi). Bien entendu, je n’ai pas pu décider (et il n’y a pas de services de sage-femme dans ma municipalité). J’ai été victime d’abus de pouvoir et j’ai subi un traitement déshumanisé et infantilisant. Non seulement je devais accoucher, mais je n’aurais mon mot à dire sur absolument rien en cas de complications et je ne pouvais pas « trop » limiter le nombre d’examens vaginaux. Lorsqu’on n’a plus de droit de veto sur son propre corps, on perd son libre-arbitre et son sentiment d’autonomie.

          J’ai gardé des séquelles psychologiques de cet accouchement forcé qui ne peuvent faire autrement qu’affecter ma relation avec ma fille et avec mon conjoint. Ils le savaient pourtant. Je leur avais répété maintes et maintes fois que je ne pouvais vivre un accouchement dans de telles conditions sans en subir de séquelles. Il n’y avait pas d’indications médicales pour une césarienne, alors ça ne comptait pas.

          • Marie-Hélène Lahaye says:

            Merci pour votre témoignage. Il prouve une fois de plus que les décisions en matière d’accouchement sont prise par les médecins, dans leur propre intérêt, et pas par les femmes.

  10. Chatômette (@cha_matou) says:

    14 % ce n’est pas « très petit ». Peut-être était-ce 1,4 % ?

  11. Chatômette (@cha_matou) says:

    seule une très petite minorité de femmes, estimées entre 0,3 et 14 %, réclament une césarienne

    14 % ce n’est pas « très petit ». Peut-être était-ce 1,4 % ?

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Les études mentionnent bien 14% comme taux maximal de demandes de la part des femmes. J’ai écrit “très petite minorité” parce que ce n’est pas 40%, ni même 30%.

  12. June says:

    Merci beaucoup pour cet article très instructif! J’apprécie vraiment votre blog, c’est le seul que je connaisse qui aborde l’accouchement d’un point de vue féministe et c’est très intéressant.

  13. Chloé says:

    Merci pour cet article, et les commentaires sont tout aussi intéressants que le contenu de l’article.
    Je viens de me faire diagnostiquer un diabète gestationnel, et à lire sur internet divers trucs sur le sujet, j’ai terminé sur la page wikipédia sur la dystocie des épaules. J’ai lu avec effarement les diverses manoeuvres pour un accouchement avec dystocie des épaules, jusqu’à terminer par la plus belle : se retourner et se mettre à 4 pattes… Hier cela m’a pas mal soulagée de lire cela (mon mec m’objectant : oui mais sous péridurale… tu auras du mal !) et je m’étais dit qu’on “pourrait toujours demander à essayer” d’abord si on me proposait une césarienne pour cette raison !
    Un passage de l’article m’y a fait repenser 🙂

  14. Marina says:

    C’est le deuxième article que je lis de votre blog que je viens de découvrir… Je me retrouve totalement dans tout ce que vous dîtes. J’ai eu deux VB sur le dos, j’ai adoré mais pas autant que la naissance de ma dernière, et juste avant une césarienne pour cause de bébé en transversale. Alors j’ai beau me dire qu’elle se serait retournée, la nature étant bien faite, mais j’hésite avec l’autre fatalité : à 3kg940, et même avec un bassin de compétition (puisque mon fils, né quatre ans avant pesait plus de 4kg à la naissance), j’aurai toujours un doute… Et comme je dépassais le terme de 3 jours, le gynéco (homme) n’a pas cherché à comprendre, il a dit tout de go : césarienne pour demain matin, je me suis effondrée en larmes, mais lui passe son chemin et ne fait aucun cas de mon stress. Je n’ai pas discuté des conditions dans lesquelles bébé allait venir au monde, heureusement que le protocole de la maternité ne sépare pas la mère de l’enfant en salle de réveil.
    Bref, j’ai trouvé les conditions de cette césarienne très dégradantes pour moi : nudité, rasage, infantilisation, silence pendant l’opération, on ne m’a pas parlé sauf pour me dire de respirer, parce que j’avais oublié, le personnel parlait entre eux. Je n’étais qu’un morceau de viande.
    Pour me faire passer de la table dan un lit, j’avais froid et j’étais nue, heureusement UNE sage-femme a eu la délicatesse de me couvrir avec un drap, je lui ai dit merci, j’avais vraiment l’impression d’être sortie de mon corps.
    Les jours suivants, je n’ai pas pu m’occuper de bébé, je l’ai allaité quand même.

    Pour mon fils, je me rappelle que les SF m’infantilisaient beaucoup et à chaque occasion : on ne peut pas dormir avec bébé à côté de moi, dans mon lit -> risque de chute et d’étouffement. Il n’empêche que je suivais mon instinct et que j’ai fait comme j’ai voulu.

    Pour la naissance de ma dernière fille, parcours a été quelque peu chaotique. La cicatrice de la césarienne était mal placée et le risque de rupture utérine dans mon cas frôlait les 15% mais ce que le monde médical ne me disait pas, mais ça ne m’a pas empêché de le penser, c’est que ça me laissait 85% de chance d’accoucher naturellement. Tout ça aurait pu finir en césarienne si j’avais croisé les gynécos femmes de la maternité (l’une ayant fait la césarienne -de confort- à l’autre) et si je n’avais pas croisé UNE SF qui croyait en moi et en mes capacités d’accoucher naturellement. J’ai eu une naissance physiologique, dans la position que je voulais, dans la pénombre, avec 4 personnes autour de moi, dont mon conjoint.
    Le gynéco qui me suivait à l’époque et qui n’a plus voulu le faire après mon refus de subir la césarienne -trois semaines avant le terme- n’est pas passé me voir dans la chambre.

    Une femme est faite pour enfanter, dans la douleur certes mais enfanter quand même, douleur qui soit dit en passant est totalement oubliée et mise au rencart sitôt le bébé posé sur elle. J’ai lu un article très intéressant aussi d’Isabelle Challut intitulé “Rendons la maternité aux femmes” dans le magazine Néosanté, et j’étais totalement d’accord avec elle.

    Merci pour votre blog, je reviendrai 😉

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Merci Marina pour votre témoignage 🙂

    • Cecilia says:

      Votre témoignage m’a beaucoup émue. En arriver à un tel point de déshumanisation et de déconsidération de la femme à notre époque me met hors de moi. Je ne comprends pas comment nous en sommes encore là.

      Etre ainsi dépossédée de ce qui nous appartient au plus profond s’apparente pour moi à de la maltraitance.

      • Fanny says:

        Oui, le témoignage de Marina est prenant, et vraiment, ça me rend triste de lire ça et d’apprendre par là même que ce genre de pratiques froides et sans humanités existent bien.
        Le témoignage de Midjie m’a émue également

  15. Louis says:

    Ah, la césarienne !

    L’OMS nous dit qu’entre 5 et 10 % c’est bien.
    L’OMS dit aussi qu’au delà de 10 % d’épisiotomie c’est trop.
    D’ici quelques années/décennies, l’obstétrique commencera à reconnaître qu’un taux d’épisiotomie acceptable se situe entre 0 et 2 %. (si ça se faisait plus vite on s’apercevrait qu’il y a trop de monde à envoyer en prison.)
    Pour en revenir à la césarienne et estimer son taux optimal, il faut en regarder les indications strictes avant l’accouchement qui représentent 0,9 % des accouchements
    depuis la fin du rachitisme et les indications de césariennes d’urgence qui se situent peu ou prou au même niveau que celles des césariennes programmées.

    Au final, ce n’est pas la moitié des césariennes qui pourraient être évitées mais bien plus de 80% soit plus de 350 éventrations par jour en France…
    Repensez-y quand vous entendrez :
    -Mon bassin était trop petit (faux plus de 9 fois sur 10)
    -Le cœur de bébé faiblissait ( capteurs mal positionnés,mal lus, mal interprétés ou à cause de la position, la péri ou autre action iatrogène dans l’immense majorité des cas)
    -La dilatation stagnait depuis plus d’une heure (souvent un effet du stress )

    En réalité, et quoi qu’en pensent les gynécos, la césarienne c’est d’abord un business ignoble.

  16. Louis says:

    Pour valider ces chiffres empiriquement on peut remonter à la période où la césarienne était pratiquée pour 3 à 4 % des accouchements (années 60/70) et regarder l’apport de l’augmentation du recours à cette technique au fil du temps sur les indicateurs de mortalité/morbidité ; sans parler de l’effet global de la césarienne sur la natalité !

  17. Louis says:

    Je me permets de revenir sur ce sujet qui me tient à cœur.
    Lors de l’accouchement de ma femme, le gynécologue insistait lourdement pour lui faire subir une césarienne. Nous avions refusé en arguant que la santé de la mère et de l’enfant n’était pas en danger. Il a alors déplacé les capteurs du monitoring “pour améliorer le signal”. Je note que ceux-ci sont placés plus haut que précédemment, je les replace distraitement.
    Trente minutes plus tard, il rentre dans la chambre, l’air préoccupant, arguant que “ça ne rigole plus maintenant, votre bébé ne va pas bien !”. Je lui ai répondu qu’il savait aussi bien lire les relevés que moi et que mon enfant allait très bien. Il a alors regardé le tracé du monitoring et a eu l’air extrêmement surpris que celui-ci soit tout à fait normal. Il m’a regardé avec stupéfaction et une pointe d’inquiétude avant de repartir, silencieux.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Merci pour ton témoignage.

      L’objectif de l’écrasante majorité des praticiens est de faire naitre les bébés le plus rapidement possible, à la fois parce qu’ils ont peur et parce que ça permet de libérer la place pour les suivants.
      Peu importe les dégâts sur les femmes et les enfants, qu’ils balayent d’ailleurs d’un revers de la main par un “tant que la femme et l’enfant sont vivants”.

      Ce genre de manipulation fait partie des nombreuses techniques malhonnêtes pour effrayer les parents et les forcer à se soumettre aux actes médicaux.

    • Fanny says:

      C’est réellement honteux pour un médecin d’avoir une telle réaction, en revanche, j’ai beaucoup aimé la vôtre!

  18. Lana says:

    Je ne savais pas que les césariennes étaient parfois imposées, c’est vraiment honteux. Dans le pays où j’habite, 1 naissance sur 3 se fait par césarienne, je trouve ce chiffre ahurissant, mais je me demande s’il n’y a pas des décisions personnelles là-dedans (décisions que je ne comprends pas moi non plus).

    Ma fille est née par césarienne et j’en suis désolée. Dans mon cas, il n’y avait clairement pas le choix : le travail était bloqué depuis de longues heures (bien avant la péridurale, je restais désespérément bloquée à 4cm) et la vie de ma fille était en danger. Le pire, c’est que quand j’ai demandé “si ça allait pour elle” le médecin m’a répondu “je ne sais pas” en prenant une tête de déterrée (c’est la seule personne que je n’ai pas aimée durant mon accouchement). Ils parlaient tous entre eux d’un air paniqué, dans une langue qui n’est pas la mienne, que je parle, certes, mais que je ne comprenais plus avec la fatigue et le stress, c’était extrêmement angoissant. Je n’ai même pas perdu les eaux, et quand ils me les ont percées eux-mêmes, il n’y avait quasiment rien, donc je pense qu’il était effectivement plus que temps.

    L’opération a été un carnage, je hurlais, étais effrayée, et comme je claquais des dents par peur ils m’ont gardée un long moment en observation après, persuadés que j’avais de la fièvre (alors que j’avais bien insisté sur le “mais nonnnnn, je suis stressée c’est tout!”). J’imagine qu’un accouchement naturel doit faire mal, mais une césarienne n’est pas une partie de plaisir : on ne ressent peut-être pas la douleur, mais on “sent” ce qu’on nous fait, et c’est horrible de se sentir déchirée (et pour l’étape suivante, j’avais l’impression qu’on m’avait collé une ventouse géante dans les entrailles pour la tirer violemment ensuite, génial). Je n’ai vu ma fille que quelques secondes, dans les bras de son père (et encore, “vu” c’est un grand mot parce que sans lunettes, super). On m’avait dit qu’ils me rejoindraient un 1/4 d’heure plus tard, ça a duré 2H, 2H où je me demandais ce qu’il se passait, s’il y avait un problème. Et j’étais toute seule. Ça m’a permis de me reposer (mon ami m’a trouvée complètement changée en me retrouvant), mais c’était très difficile.

    La semaine suivante a été très difficile. Incapable de m’occuper de ma fille, de moi-même, ou tout simplement de marcher. J’ai croisé d’autres femmes à l’hôpital qui avaient subi une césarienne et j’étais “jalouse” car elles étaient dans un bien meilleur état alors que leurs enfants étaient nés 2 jours plus tard, je crois vraiment que je n’ai pas eu de chance. Je suis restée très longtemps à la maternité à cause de ça (6 jours), j’ai détesté cette dépendance.

    Par chance, je m’en suis vite remise. Au début je me sentais “nulle” de ne pas avoir réussi à accoucher, et puis je me suis fait une raison. Je suis toujours déçue de ne pas savoir “comment ça fait”, j’espère que si prochaine fois il y a, j’y arriverai (mais j’ai déjà peur de ne toujours pas savoir “comment ça fait”), mais ça va. Ma cicatrice est nickel, je ne suis pas d’accord sur vos propos à ce sujet, à moins que le chirurgien soit un boucher, il coupe juste au-dessus du pubis donc on ne voit rien (à moins peut-être d’être très très maigre et d’avoir le pubis épilé, parce qu’entre la petite “bosse” du ventre juste au-dessus et les poils en-dessous, je vous assure qu’on ne voit rien).

    Pour finir, je connais une femme qui a eu 5 césariennes et qui m’a dit que c’était un atout pour plus tard, par rapport au “décollement” de l’utérus (je ne sais pas exactement comment ça s’appelle). D’après elle (elle a plus de 70 ans), toutes ses amies ayant accouché normalement ont des problèmes avec ça, alors que celles qui ont eu des césariennes, nada. Il paraîtrait que c’est parce que l’opération permet de “repositionner” l’utérus qui s’affaisse avec l’âge, à voir si c’est vrai.

    • Lana says:

      Ah oui et en plus d’avoir été totalement dépendante les jours suivants, je souffrais le martyre, aussi. Le simple fait de “bouger” d’1cm dans mon lit me faisait terriblement mal (rire, éternuer, tousser, n’en parlons pas). J’ai été incapable de m’allonger sur le côté ou le dos pendant au moins 1 mois (si bien que je n’ai quasi rien pu faire au cours de gym à l’hôpital, contrairement à l’autre femme qui avait eu une césarienne…. 2 jours après moi). Donc “la césarienne de confort”, franchement je ne comprends pas. J’imagine que ça dépend des femmes et que j’ai vraiment eu très peu de chance, mais dans le doute, je ne comprends pas qu’on prenne le risque de devenir à moitié handicapée pendant des jours voire des semaines (j’ai été incapable de marcher pendant 2 jours, j’ai marché en mode “astronaute” pendant au moins 5 jours, j’ai marché d’une façon extrêmementttt lente pendant au moins 3 semaines (avec une peur atroce de me prendre un coup dans le ventre dans la cohue des transports en commun), et j’ai bien souffert globalement au ventre pendant 2 mois).

  19. Ailily says:

    Un petit témoignage pour la route :

    Je devais accoucher le 7 juillet. N’ayant pas trouvé de sage-femme qui pratiquent l’accouchement à domicile, je me suis résignée à aller à la maternité, pourvue d’un projet de naissance précis. Je vais donc à la rencontre de l’équipe, et je réclame à rencontrer des sages-femmes. L’un d’elles me prend en charge : charmante, très à l’écoute. A la vue de l’échographie, elle me parle de ce bébé un peu gros, qui doit faire 4kg2 selon les “prédictions”. Un gynéco s’en mêle.

    Je refuse le toucher vaginal, et donc la mesure du bassin avec les doigts : en cette fin de grossesse et avec le bébé un peu “gros”, je me méfie et préfère ne pas tenter de décollement de membrane impromptu. Je refuse également la radiopelvimétrie, persuadée de l’aberrance scientifique de cet examen autant que de ce qu’il constituera un levier pour m’imposer la volonté des médecins.

    Ni une ni deux, le gynécologue se met illico à me parler césarienne. Comme je refuse les examens, il ne veut même pas me faire tenter la voie basse. C’est un premier accouchement, et je sais ce que cela implique comme calvaire pour accoucher par voie basse si deuxième enfant il y a. Ce même gynéco me demande pourquoi je refuse la radio-pelvimétrie et, dans son arrogance infantilisante, ne m’écoute même pas. Trois fois j’ouvre la bouche pour lui apporter mes arguments, trois fois il m’éclate de rire au nez avant que j’aie formulé un seul mot.

    Je ne m’énerve pas. Je lui répète pour la quatrième fois, en réponse à sa quatrième question, que non, je n’ai pas de diabète gestationnel, que oui, j’ai fait leur satané HGPO (je passerai aussi sur cette expérience grotesque et sur la façon dont ça s’est passé).

    Je suis sortie de l’entretien, tétanisée. Quelques jours après, j’apprends que l’on refuse le monitoring en discontinu, et l’idée d’accoucher reliée à une machine me terrifie encore davantage.

    Fin de l’histoire : paniquée, je contacte en urgence une sage-femme AAD qui vient de loin. Un personne généralissime, qui accepte de me prendre en charge même si elle ne m’a pas suivi. Mon fils est né à domicile, 3 semaines en avance, parfaitement en forme. J’ai dû batailler, et je n’ai pas eu une fin de grossesse très sereine grâce à messieurs les médecins qui savent mieux que les femmes ce qu’elles vivent dans leur corps. Aujourd’hui encore je subis les conséquences de ce choix : l’hôpital de ma ville m’a traitée comme moins que rien lorsque je suis venue, quelques jours après l’accouchement, faire des examens pour le petit (Guthrie).

    Mais je ne regrette rien. Et surtout pas d’avoir refusé d’acouter ce gynéco pour qui la césarienne était un moyen simple et rapide de ne pas trop s’embêter avec la dame au bébé qui ne rentrait pas dans sa norme.

    • Laetitia says:

      Bravo Ailily!
      Au rayon infantilisant, j ai attendu 1H 30 pour ma péridurale lors de ma 1ere grossesse. Je tremblais tellement quand la fine équipe est arrivée ( anesthésiste + son assistante) qu il m ont hurlé d arrêter de trembler!
      Je me suis tournée pour leur dire en rugissant : laissez tomber si vous ne savez pas le faire! moi ici j essaie d accoucher! merci de ne pas me transformer en handicapée!.
      Vexés, ils ont réessayé et bizarrement ils ont réussis. Je me suis juré que pour une prochaine naissance je ne prendrais pas la péridurale. Humainement ils sont horribles.

  20. jacotin says:

    on na pas prvenus ma belle fille de ce fait etant au chomage comment va t elle faire pour payer 3500 euro?

  21. MULLER says:

    Je suis allée à l’hôpital, par ce que j’étais enceinte de 8 mois et j’avais un peu de fièvre 38°c et on m’a dit que je devais subir une césarienne en urgence dans le quart d’heure.
    J’ai dit oui. Cependant, on ne m’a jamais dit pourquoi! malgré mes questionnements.
    J’en garde un très mauvais souvenir.
    De ce fait, je pense que l’hôpital avait cruellement besoin d’argent!
    D’autant que tout le personnel y compris médical était extrêmement honteux de me croiser dans les couloirs. Une sorte de tendresse ou de compassion. Comme si j’avais été victime de je ne sais quoi??? Suite à cette épreuve inexpliquée, j’ai fait un baby blouse, et pourtant je n’étais pas comme ils disent une primipare!

  22. Estelle says:

    Pour compléter l’article (ou pour un autre), y’a-t-il matière à évoquer l’aberration de la faible proportion des césariennes extra-péritonéales par rapport au nombre de césariennes pratiquées sur notre territoire ?

    S’il est une violence faite aux femmes, c’est bien celle de connaître une technique moins douloureuse et nocive, plus respectueuse, mais qu’elle reste à la marge, parce que “c’est plus compliqué” (et former les personnels, c’est pas gratuit), que “ça risque d’inciter les femmes à demander des césariennes de confort (et donc ? n’est-ce pas à la femme de choisir son accouchement ?), enfin, on n’est pas rendues.

  23. Laetitia says:

    Bonjour,
    Je suis tombée sur votre article car je souhaitais des infos sur la césarienne en France.
    Ma naissance a été décidée par césarienne.
    Le docteur qui suivait ma mere en 1978 l a effrayée pour son 1er enfant, lui disant je cite :”qu ‘à huit mois j étais tete en bas mais présentait mon épaule, ce que je risquais de continuer à faire le jour de ma naissance. L ‘extraire serait plus sur.”
    C ‘est hallucinant cette manipulation par la peur ! Ma mère et moi n avons pas eu la possibilité de vivre cette naissance ensemble, par voie basse, naturellement.
    Je l ai appris à 30 ans, posant des questions en details à ma mere qui en avait honte. Elle a tellement souffert physiquement et psychologiquement la pauvre.
    Elle m a entendu pleurer, abrutie par l anesthésie, n a pu me prendre dans ses bras…
    Je cherche un groupe de parole sur cette souffrance là, je suis atterrée que la médecine parle de rentabilité dans le domaine des naissances. Il y a des domaines comme l education ou non, la rentabilité ne doit pas exister. Sinon le pire arrive!
    J ai eu 3 enfants par voie basse, j ‘étais fermement décidée à ce qu on me respecte.
    J ai chaque fois décris des bases claires avec les sages femmes en arrivant pour accoucher: pas de péridurale systématique, pas d ‘épisiotomie, de césarienne abusives !

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *