« Comment définir la violence obstétricale ? » est une question qui m’est régulièrement posée. J’ai donc décidé de vous livrer l’état de mes réflexions sur cette violence particulière qui a lieu pendant la grossesse et l’accouchement.
La violence obstétricale est l’addition de deux types de violences : la violence institutionnelle et les violences basées sur le genre.
De nombreux auteurs ont décortiqué la violence institutionnelle produite dans les institutions de soin, d’éducation ou de rééducation, telles que les hôpitaux, les homes pour personnes âgées ou pour enfants ou encore les lieux d’accueil pour les personnes handicapées. Toute institution a tendance à fabriquer de la violence, notamment par la mise en place de procédures, de gestes techniques et d’organisation du service, qui surplombent voire annihilent les besoins fondamentaux des personnes qui y sont prises en charge. Il s’agit non seulement de violence physique ou verbale telles que la brutalité, la coercition et l’humiliation, mais également de « violence silencieuse », celle qui nie la personne, rend aveugle aux signaux de l’autre, procède à sa néantisation la plus totale.
La violence de genre, quant à elle, est un phénomène massif et spécifique qui touche les femmes parce qu’elles sont femmes. Elle est issue de rapports de force historiquement inégaux entre hommes et femmes, lesquels ont abouti à la domination et à la discrimination exercées par les premiers envers les secondes. Elle s’appuie également sur les stéréotypes de genre qui assignent des caractéristiques physiques et mentales différentes selon les sexes, justifiant un rôle prédéfini dans la société pour les hommes et pour les femmes. Il s’agit par exemple de l’idée que les hommes seraient forts, rationnels et responsables, tandis que les femmes seraient faibles, intuitives et futiles. L’organisation sociale s’appuyant sur ces stéréotypes crée une hiérarchie entre les rôles masculins et féminins, et permet notamment aux hommes de s’approprier les capacités productives et reproductives des femmes. La violence obstétricale qui s’exerce à ce moment précis qu’est la grossesse et l’accouchement, s’inscrit pleinement dans cette appropriation du corps et des capacités reproductives féminines. La pathologisation de phénomènes physiologiques normaux que sont la grossesse et l’accouchement est un moyen de soumettre les femmes aux médecins, et donc assurer un contrôle sociétal très puissant sur leur corps au moment où elles exercent leur capacité de reproduction.
La violence obstétricale, un concept né en Amérique latine
Le concept de violence obstétricale est apparu en Amérique latine, semble-t-il au début des années 2000. Une série de travaux scientifiques couplés à des démarches militantes ont mis en lumière les différentes formes de maltraitances que subissaient les femmes dans les maternités, et ont conduit le Venezuela, puis l’Argentine, à inscrire la violence obstétricale parmi les infractions pénales.
En 2007, le Venezuela a adopté la toute première loi de lutte contre les violences faites aux femmes dans laquelle figure la violence obstétricale qui est définie comme « l’appropriation du corps et du processus reproducteur des femmes par les personnes qui travaillent dans le domaine de la santé, appropriation qui se manifeste sous les formes suivantes : traitement déshumanisé, abus d’administration de médicaments et conversion de processus naturels en processus pathologiques. Cela entraîne pour les femmes une perte d’autonomie et de la capacité à décider en toute liberté de ce qui concerne leur propre corps et sexualité, affectant négativement leur qualité de vie ».
En 2009, l’Argentine s’est à son tour dotée d’une telle loi définissant la violence obstétricale comme « celle qu’exerce le personnel de santé sur le corps et les processus de reproduction des femmes, un traitement déshumanisé, l’abus de la médicalisation et la pathologisation des processus naturels ».
Dans les années suivantes, le terme de « violence obstétricale » s’est répandu dans le monde anglo-saxon et francophone. Bien qu’aucun autre État n’ait adopté une loi punissant la violence obstétricale, ce concept fait aujourd’hui l’objet de plus en plus d’études académiques et scientifiques.
Ma définition de la violence obstétricale
En tant que juriste, je considère que les définitions sud-américaines sont intéressantes, mais néanmoins difficilement applicables puisqu’elles appellent elles-mêmes des définitions supplémentaires. En effet, sur base de quels critères objectifs peut-on déterminer si un traitement est « déshumanisé » ? A partir de combien d’actes techniques considère-t-on qu’il y a « abus de médicalisation » ? Comment quantifier une « perte d’autonomie » de la parturiente ?
J’ai dès lors choisi de définir la violence obstétricale comme:
« tout comportement, acte, omission ou abstention commis par le personnel de santé, qui n’est pas justifié médicalement et/ou qui est effectué sans le consentement libre et éclairé de la femme enceinte ou de la parturiente. »
Cette définition contient quatre éléments constitutifs:
1. « tout comportement, acte, omission ou abstention » : cette énumération couvre l’ensemble des événements qui peuvent se produire dans une maternité ou lors d’une consultation. Il ne s’agit pas uniquement d’actes posés, mais aussi de l’attitude du personnel soignant, les mots déplacés qu’il utilise, le manque de respect, l’infantilisation de la femme, la violence psychologique en général. S’ajoutent l’omission et l’abstention qui visent l’absence de réaction ou d’acte face à une demande la parturiente, la négation de son ressenti, la non prise en compte de sa douleur ou de ses besoins ou souhaits particuliers.
2. « commis par le personnel de santé » : ces termes visent l’ensemble du personnel, donc pas seulement les obstétriciens, mais également les sages-femmes, médecins, infirmiers, pédiatre, anesthésistes, aides-soignants, etc.
3. « pas justifié médicalement » : il s’agit d’une référence à l’evidence based medecine (EBM), la médecine basée sur des preuves scientifiques, c’est à dire l’utilisation consciencieuse et judicieuse des meilleures données (preuves) actuelles de la recherche clinique dans la prise en charge personnalisée de chaque patient. Ces données proviennent d’études cliniques systématiques, telles que des essais contrôlés randomisés, des méta-analyses, éventuellement des études transversales ou de suivi bien construites. L’EBM est relativement récente dans notre médecine puisqu’elle date de la fin des années 90. Néanmoins, après plus de quinze ans d’existence, il est urgent qu’elle soit intégrée dans toutes les disciplines médicales, y compris en obstétrique. Cette référence à l’EBM permet donc de considérer que tout acte justifié non pas par des données scientifiques mais par des propos de type « c’est ce qu’on m’a appris pendant mes études », « c’est le protocole », « c’est pour faciliter l’organisation du service », « ça permet au gynécologue d’être plus confortablement installé, mieux voir ou mieux contrôler la situation », « ici, on ne prend aucun risque » tombe dans la définition de la violence obstétricale.
4. « le consentement libre et éclairé de la parturiente » : ces mots renvoient à la loi Kouchner. Toute atteinte au corps sans le consentement de la personne est une violence. Quand cette atteinte est faite au sexe, il s’agit même d’une agression sexuelle, voire d’un viol. Les termes « libre et éclairé » impliquent une information préalable de la part du professionnel, un dialogue entre le médecin et la future mère, un échange d’information pour que la parturiente puisse donner son consentement de façon lucide, et l’absence de toute pression, menace et autre procédé afin que le consentement soit libre.
J’ajoute « et/ou » dans la définition afin de couvrir l’ensemble des situations, notamment celle où un acte médicalement nécessaire est posé sans le consentement de la parturiente, ou un acte médicalement non nécessaire mais souhaité par la future mère lui est refusé.
Trucs et astuces pour identifier la violence obstétricale
Plus concrètement, pour déterminer si une situation relève de la violence obstétricale, je propose un truc très simple: transposer un acte qui a lieu dans une salle d’accouchement en dehors du contexte hospitalier. Si, dans la vie quotidienne, cet acte présente une forme de violence, il s’agit de violence obstétricale lorsqu’il est posé au moment d’un accouchement.
En voici quelques exemples.
Vous marchez dans la rue, quelqu’un s’approche de vous, vous fait une piqûre et vous injecte un produit. Il s’agit clairement de violence. Le fait que cette personne se fonde en justifications sur le mode « je suis médecin, je vois que vous n’allez pas bien, c’est pour vous soigner » ne change rien à la violence de la situation, puisque vous n’avez émis aucun consentement et vous ne savez même pas ce que contient la seringue. Dès lors, faire une injection d’ocytocine à une parturiente sans lui avoir expliqué l’intérêt du produit, ses avantages et ses inconvénients, et sans lui demander son accord préalable, est une situation de violence obstétricale.
Lorsqu’il fait 40°C, que vous avez extrêmement soif et que vous demandez un verre d’eau qui vous est refusé malgré vos supplications pendant des heures, c’est de la violence. Si cette situation se produit dans une salle d’accouchement, c’est de la violence obstétricale.
Dans certaines prisons, les femmes sont attachées à leur lit pendant qu’elles accouchent, ce qui constitue une autre forme de violence. Lorsqu’une femme est attachée à une table gynécologique alors qu’elle met son enfant au monde, il s’agit de violence obstétricale.
Forcer une personne à se maintenir dans une position inconfortable et douloureuse est de la violence. Donc imposer l’immobilité et la position gynécologique à une parturiente est une violence obstétricale.
Vous vous promenez dans la rue avec votre bébé, et on vous l’arrache pour le confier à un inconnu qui disparait avec lui, puis on refuse de vous le rendre pendant des heures. C’est de la violence. Un même geste pratiqué dans une salle d’accouchement est de la violence obstétricale.
Vous êtes installée à la terrasse d’un café, un quidam soulève votre robe et introduit deux doigts dans votre vagin. C’est de la violence sexuelle. Donc un toucher vaginal non consenti est de la violence obstétricale. Juridiquement, il s’agit même d’un viol.
La violence obstétricale est (malheureusement) la norme
Tous ces exemples sont d’une grande banalité dans la plupart des maternités. La violence obstétricale est en réalité la norme dans l’écrasante majorité des hôpitaux, tant les soignants font primer les protocoles sur l’accompagnement bienveillant des futures mères, voire sur les notions élémentaires de bon sens ou de politesse dans les rapports humains.
De nombreux témoignages font même état de violences supplémentaires, notamment d’actes douloureux infligés aux femmes tantôt volontairement, tantôt par exaspération ou fatigue du personnel hospitalier. Il s’agit notamment de césariennes à vif ou effectuées sans tenir compte d’un défaut de l’anesthésie, de révision utérine sans anesthésie générale ou de mutilation sexuelle telle que l’épisiotomie. Ces faits présentent une gravité encore plus grande que la violence obstétricale, en tombant dans la catégorie d’actes de torture ou de barbarie.
La violence obstétricale constitue une atteinte à l’intégrité physique et psychique des futures mères. Elle doit pleinement être reconnue parmi les violences faites aux femmes. Il est dès lors indispensable de mobiliser les moyens de lutte pour l’éradiquer et changer de fond en comble la façon dont les femmes sont (mal)traitées lorsqu’elles mettent leurs enfants au monde. En ce début du XXIème siècle, le respect des femmes qui sous-tend notre société égalitaire doit être mis en œuvre partout, dans toutes les sphères de la société. Y compris dans les hôpitaux.
Sources :
Laura F. Belli, « La violencia obstétrica: otra forma de violación a los derechos humanos / Obstetric violence: another form of Human Rights violation », Revista Redbioética/UNESCO, Año 4, 1 (7): 25-34, Enero – Junio 2013.
Lucas Bemben, « La violence institutionnelle », Repères éthiques, janvier-février-mars 2016.
M.C. Camacaro Cuevas, « Patologizando lo natural, naturalizando lo patológico? improntas de la praxis obstétrica », Revista venezolana de estudios de la mujer, ISSN-e 1316-3701Vol. 14, Nº. 32, pp. 147-162, 2009.
Sara Cohen Shabot, « Making Loud Bodies “Feminine”: A Feminist-Phenomenological Analysis of Obstetric Violence », Human Studies, A Journal for Philosophy and the Social Sciences, 9 octobre 2015.
Faneite, Josmery; Feo, Alejandra; Toro Merlo, Judith, « Grado de conocimiento de violencia obstétrica por el personal de salud / Degree of knowledge of obstetric violence by health personnel », Rev. obstet. ginecol. Venezuela; 72(1):4-12, mar. 2012.
Natalia Magnone Alemán, « Derechos sexuales y reproductivos en tensión: intervencionismo y violencia obstétrica », Departamento de Trabajo Social-FCS, 2011.
Camilla Pickles, « Eliminating abusive ‘care’, a criminal law response to obstetric violence in South Africa », Institue for security studies, SA Crime Quarterly No. 54, décembre 2015.
Herrera Vacaflor, Carlos Alejandro, « Obstetric Violence in Argentina: a Study on the Legal Effects of Medical Guidelines and Statutory Obligations for Improving the Quality of Maternal Health », these soutenue à l’Université de Toronto, novembre 2015.
Gilles Vidal, « Négation de l’autre et violence institutionnelle », Champ psy 1/2004 (no 33), p. 105-116.
Ley orgánica sobre el derecho de las mujeres a una vida Libre de violencia, 23 avril 2007, art. 51.
Ley de proteccion integral a las mujeres, 1er avril 2009, art. 6.
Merci pour ce billet, si juste et posé.
Peut être mentionner que le consentement libre et éclairé ne peut exister que sur la base d’une information honnête, loyale, compréhensible, et basée sur les dernières données de la science.
Certains soignants donnent une information biaisée pour orienter le consentement dans le sens qu’ils veulent …
Oui, tout à fait.
Bonjour,
C’est avec joie que je vous retrouve Marie – Hélène. J’attendais avec impatience votre nouveau post . Je pensais même être désinscrite de la news letter, ne voyant rien venir dans ma boite mail.
Merci pour ce pamphlet si juste et bien écris,
Je pense aussi que tant que la femme elle même ne se sera pas débarrassé de l’idée que la grossesse est dangereuse, voir une maladie , elle continuera d’aller a l’hôpital et se soumettra a ces protocoles contraignants , les violences continuerons …
Un travail de fond sur les peurs de la mort en couche ainsi que toutes les résistances mentales qui font que la femme ne se sentent pas en sécurité lorsqu’elle est enceinte doit être fait au plus vite et de manière planétaire ;
Il y’ a un super livre a ce sujet , Naissance et fantasmes de mort de Josette Fort.
C’est encore scandaleux de voir une femme apeuré par sa propre grossesse ou qui s’évanouit au moment de l’expulsion de son propre bébé. Tant que les femmes ne n’approprierons pas leur accouchement, rien ne sert de crier au scandale des violences obstétricales.
Merci Mariam. En effet, j’étais un peu débordée ces derniers mois. Mais je suis de retour 🙂
C’est sûr qu’il y a un travail à faire au niveau des représentations mentales et de l’empowerment des femmes. Mais je ne veux pas accuser une fois de plus les femmes d’être responsables de leur sort. Elles sont elles-mêmes soumises à de puissants mécanismes de domination (médecine, politique). Je préfère m’attaquer à ces mécanismes de domination qu’aux femmes elles-mêmes.
Je prends bonne note pour le livre. Merci.
Vous parlez d’EBM mais il faut faire très attention avec cette approche.
Prenons par exemple le cas de la césarienne.
– elle entraine une baisse de la natalité de 15 % minimum (entre les fausses couches plus ou moins précoces, les traumas trop importants pour prendre à nouveau le risque, les stérilisations plus ou moins accidentelles… ça fait 25 000 enfants par an qui auraient dû naître sans ça.)
– elle entraine un -presque- doublement de l’asthme et de l’obésité. C’est à terme plus de 8 000 morts par an (sans compter les millions d’heures de souffrances) attribuables via ces deux effets à la seule césarienne.
– elle entraine une énorme augmentation des troubles psy (dépressions, tocs, phobies…)
– elle entraine -bien trop souvent- une rupture des liens affectifs (pour l’enfant : délinquance, toxicomanie, conduites à risque, absence d’empathie…).
Quand on fait le bilan (provisoire) de la césarienne version EBM, il est évident que sur le long terme il vaut mieux tant pour le bien-être que pour la survie de l’espèce interdire purement et simplement cette pratique barbare.
C’est un des risques de la médecine basée sur les preuves : être contraire à l’éthique.
D’un autre côté, la recherche de preuves en gynécologie reste relative en termes de pratiques. Je m’explique : les questions qui se posent sont plutôt du genre “est-ce que l’utilisation de gants poudrés est plus indiquée que celle de gants lisses pour diminuer les adhérences post césarienne ?” Vu comme ça, on peut en faire longtemps de l’EBM.
C’est un autre risque de la médecine basée sur les preuves : se baser sur des preuves inutiles, inappropriées ou mauvaises !
Enfin, et ça peut paraître paradoxal, l’EBM est mue par un puissant mouvement d’uniformisation des soins qui n’a rien de philanthropique et qui s’il garde la même dynamique va finir de sceller au niveau mondial la dictature médicale, laquelle est actuellement un symbole de la soif de pouvoir absolu de l’homme sur l’Homme (et pour ce qui est de la natalité, sur la Femme). Cela explique d’ailleurs que l’EBM n’effleure même pas la gynécologie : elle y serait contre-productive en terme de maintien du pouvoir sur le corps des femmes.
P.S. : Un grand merci d’avoir repris la plume.
Merci Louis pour tes réflexions. Je ne vois pas l’EBM comme ça. L’EBM est avant tout la médecine basée non pas sur des dogmes, des rituels ou des habitudes, mais sur de la science. Donc sur le questionnement et la méthode scientifique.
Je suis frappée de constater que l’obstétrique est quasiment imperméable à la science. Quand les résultats de méta-études médicales démontrent que priver les parturientes de boisson et de nourriture a un impact négatif sur le déroulement de l’accouchement, le bon sens voudrait que dans les jours qui suivent ces résultats, on arrête de priver d’eau et de nourriture les femmes dans l’ensemble des maternités. Or on constate que 20 ans après les premières études sur ce sujet, les obstétriciens – totalement aveugles à ces résultats – continuent encore et toujours à assoiffer les parturientes. Pourquoi ? Parce qu’ils appliquent non pas la science, mais un dogme.
Concernant les césariennes, il y a 20 ans, les résultats des études scientifiques incitaient à diminuer à 15 % le taux de césarienne par pays. Il y a 2 ans, une méta-étude démontrait qu’il n’y avait aucun avantage en terme de santé publique lorsque le taux de césarienne était supérieur à 10%. Ca signifie donc qu’en France et en Belgique, une césarienne sur deux est inutile. Donc, sur base de l’EBM, tous les hôpitaux devraient réfléchir sur leurs pratiques pour réduire le taux de césarienne. Malheureusement, ce n’est pas le cas puisque le taux de césarienne reste à 20% en moyenne dans nos pays, et peut atteindre des taux délirants dans certains établissements hospitaliers.
Dans chacun de mes billets, je démontre la violence médicale pratiquée sur les femmes qui accouchent, en pointant l’inutilité de ces actes sur base des études scientifiques (que je cite chaque fois dans les sources). Donc sur base de l’EBM. Ces études scientifiques, et en particulier les études randomisées et contrôlées, sont accessibles pour tout le monde sur internet. Comment ce fait-il qu’elles ne constituent pas la référence pour l’ensemble des sages-femmes et obstétriciens ?
Bonjour à vous Marie et Louis,
Débat intéressant que celui de l’EBM !
A savoir que si l’on veut s’appuyer sur des études d’un bon niveau scientifique cela prend du temps et que forcément quand ça paraît …, on est déjà un wagon voir 2 en retard . Cela a néanmoins l’intérêt d’exister et de s’intéresser aussi à d’autres choses que le talcage des gants . Comme d’habitude tout dépend de ce que l’on en fait et nous sommes toujours confronté au dilemme permanent : intérêt public et intérêt personnel .
L’avantage des procédures c’est que quand ça doit aller vite on n’a pas besoin de réfléchir et ça fait gagner un temps parfois vital .
Le problème c’est qu’on oublie que quand on a le temps , on doit rester capable de réfléchir et réfléchir c’est s’engager car c’est risquer de se tromper aussi .
Je suis assez d’accord sur le risque de dictât que représentent les EBM et qui excluent le soignant du colloque singulier pour ce patient là ici et maintenant …. Vaste débat et merci d’y prendre part
Merci Michèle pour tes réflexions.
Le risque de l’EBM est en effet qu’il se substitue à la réflexion et devienne un nouvelle dictature. Cependant, je vois plus l’EBM comme base de discussion entre le soignant et le patient. Ce que j’aime dans l’EBM est précisément le questionnement scientifique, et donc la capacité à se poser des questions et à se remettre en question. Quand un patient vient avec une demande qui sort des protocoles, il est plus simple de réfléchir ensemble, patient et soignant, sur ce qui est le plus approprié en s’appuyant sur les résultats d’études scientifiques, plutôt que se trouver coincé par le “c’est comme ça parce que c’est le protocole. C’est à prendre ou à laisser”.
L’EBM ouvre donc un champ des possibles beaucoup plus grand que les protocoles et les routines (qui sont certes utiles en cas d’urgence, mais dans la situation d’accouchement bien accompagné, on est rarement dans une situation d’urgence qui empêche toute réflexion). L’EBM est en outre beaucoup plus démocratique car les résultats des méta-études sont disponibles sur internet. Il est plus facile pour un patient qui veut s’informer de trouver des arguments pour appuyer sa demande, plutôt qu’affronter des dogmes réservés aux seuls initiés qui les ont appris pendant leurs études de médecine. Et il est plus rassurant pour le soignant de sortir d’un protocole pour répondre à une demande s’il peut s’appuyer sur des résultats scientifiques plutôt que sur rien.
Comme vous le dites, l’EBM ouvre un champ des possibles plus grand que les protocoles de routine actuels.
Mais quand je vois ce qui se fait en général dans le champ des possibles actuel, la simple idée que les soignants se basent à l’avenir encore plus systématiquement sur des preuves (qui seront toutes protocolisées bien-sûr) et non plus sur ce qui reste de bon sens derrière le protocole me fait vraiment très peur !
Peur qu’une équipe de timbrés comme il en existe beaucoup fasse une meta-analyse de données foireuses (ça aussi ça ne manque pas) pour pondre une étude – sans doute suivie en masse- qui montre que toutes les femmes devront avoir une péridurale à X cm de dilatation parce que c’est le plus sûr (humainement ou pénalement ?).
Une médecine qui se fonde sur les preuves, qui est donc non individuelle, même avec les meilleures intentions du monde ne réussira jamais qu’à annihiler les sensations et sentiments humains et anéantir le peu qui reste de la vraie compétence médicale.
La raison est un bon conseiller mais un très mauvais maître !
L’obstétrique n’a pas besoin de preuves, elle a besoin d’un Nürnberg !
J’entends bien. Mais selon moi, la médecine basée sur les preuves médicales scientifiques est beaucoup plus individualisée que des protocoles qui s’imposent aveuglément parce qu’ils ont comme finalité première la bonne organisation du service.
Quand un médecin est confronté à une parturiente qui présente une particularité (que ce soit au niveau médical ou parce qu’elle a une demande particulière), il peut lui apporter une réponse individuelle sur base de “l’état de la recherche médicale dit que… Il me semble que votre situation est que… Que pensez-vous de cette solution…?”.
C’est ensuite beaucoup plus respectueux pour le patient que l’acte proposé soit basé sur des preuves médicales que sur un protocole qui vise à optimaliser l’organisation du service ou le financement de l’institution hospitalière.
Enfin, en matière d’accouchement, tout ce que je lis de l’EBM va dans le sens d’une réduction, voire d’une absence d’intervention médicale pour favoriser les accouchement. En d’autres termes, la naissance respectée est de plus en plus validée par la science pour ses bons résultats.
Il me semble judicieux d’ajouter au champ de la violence obstétricale celle qui est exercée durant les parcours de PMA. Les femmes y subissent le paternalisme extrême de nombreuses équipes et des examens excessivement nombreux et pénibles. La soumission demandée est totale au nom du “si vous voulez espérer avoir un enfant…”
Pour le reste je suis 100% d’accord avec votre approche et il est grand temps de secouer le monde médical et de réformer la façon de voir le rapport soignant-soigné.
En effet, je reçois aussi beaucoup de témoignages sur l’irrespect des femmes pendant le parcours de PMA. Ca mérite aussi un prochain billet.
Merci, merci pour tous ces mots tellement vrai.
En complément de mon billet, je vous informe que le Mexique s’est lui aussi doté d’une loi sanctionnant la violence obstétricale. https://www.elpartoesnuestro.es/blog/2014/06/16/mexico-tipifica-la-violencia-obstetrica
Contente de vous retrouver après cette petite absence!
Je réalise seulement à la lecture de cet article que le fait de retirer son bébé à la mère juste après l’accouchement, dans un accouchement normal qui n’a présenté aucun problème particulier s’entend, n’est pas du tout anodin. J’ai toujours trouvé ça douloureux pour la mère et à l’encontre des besoins du bébé qui sans a aucun doute plus besoin d’un contact direct avec sa mère que d’un quelconque examen, mais jamais réalisé que c’était une violence obstétricale! Merci infiniment pour cet article.
Merci Stern. Les femmes sont tellement habituées au comportement délétère du monde médical lors de l’accouchement qu’elles ont du mal à reconnaitre la violence. Mais petit à petit, à force d’en parler, on parvient à faire ouvrir les yeux.
Je crois que les femmes sont tellement habituées au comportement délétère du monde médical, qu’effectivement , il y a de grandes difficultés à reconnaitre la violence: fais ce que je te dis sauf “bien sûr, si tu veux mourir…”
Je parle en connaissance de cause: j’ai assigné l’APHP depuis un an maintenant et je m’en félicite.
L’AFAR (l’alliance francophone pour l’accouchement respecté) vient de publier une revue des publications internationales sur la violence obstétricale: http://afar.info/wp/docs/Bibliographie-violenceobs-2016.pdf
Il s’agit de la liste des publications scientifiques sur les violences obstétricales classées par thème, dans différents domaines de recherche, avec un résumé en français et un commentaire.
Document très utile pour toute personne intéressée par ce sujet pour des recherches plus poussées.
Merci pour cet article bien stylé et direct ! Il me semble que le premier moyen de lutte est (enfin”serait” car après 20 ans de militantisme je constate qu’on en est encore loin) l’information des femmes sur leur droit à dire non : Non vous ne me prenez pas mon bébé des bras, non vous ne l’emmenez pas la nuit, non je refuse tel et tel acte de “soin”, etc. Mais à la fois, une femme qui part accoucher ne part (généralement) pas en guerre … Pas simple quand deux mondes entrent en “collision”. Les dommages sont encore trop nombreux. Cordialement,
Oui, c’est exactement ça. Quand on accouche, on ne veut pas partir en guerre. Ce n’est pas facile d’armer les femmes en leur expliquant leurs droits. Je préfère les orienter vers des sages-femmes qui accompagnent les accouchements respectés.
Ceci dit, je suis convaincue que plus il y aura d’information disponible pour éclairer les femmes sur les conditions d’accouchement, plus elles seront critiques, et plus elles feront pression sur le monde médical.
Bonjour
Je tiens à vous féliciter et à vous remercier pour tout le travail que vous faites pour nous les femmes. Je vous rejoins dans tout ce que vous dites, vous osez dire ausdi tabou qu’elles soient les faits tel qu’ils sont. Surtout sans enrober de “douceur ” des actes que l on ne peut pas croire tant que nous ne l’avons pas vécu. C’est la même chose ici au Québec dans nos hôpitaux qui arrivent banalement tous les jours à des femmes qui accouchent et en reviennent avec des séquelles et des syndromes poste-traumatiques. Cette sur-médicalisation n apporte qu un sentiment d’incompétence, de frustration de tristesse de colère. Vraiment nous vivons l’amalgame de sentiments associés à un viol, une agression ou un deuil. Et à ses sentiments l’entourage nous répondre “mais toi et ton bébé allés bien” comme si je leur devais quelque chose. Ou encore on nous répond que c’est une dépression post-partum…post-accouchement plutôt..? J’étais en parfaite santé sans maux de grossesse avec un bébé qui impressionnait positivement les intervenants, en plus je n avais que 22 ans (l âge idéale physiquement parlant) , mais pourtant on m a provoqué, on ma directement administré de l’ocytocine et le ballonnet en même temps, on m a obligé à rester coucher pour le fameux monitoring en continue alors la péridurale c est imposée, là le travail n a pas avancé durant 3h on a voulu m envoyer en césarienne,j’étais paniquée en pleurs en crise mon amoureux a refuser pour moi je l ai remercié tellement et finalement 2h plus tard j étais ouverte à 10 et prête pour la poussee mais la cerise sur le sunday c est comment l on m a traité quand ma fille est née. Ils m’ont recousu à froid sans m’avertir trop serré, et m ont poussé si fort dans le ventre en même temps “pour me vider” que j ai eu l impression que mes organes allaient exploser. Et en post-partum pas mieux… bref j ai l impression de n’avoir jamais accouché je l ai vécu comme une prison et une agression je n en reviens toujours pas 10 mois plus tard. De quel crime etais-je accusé? D’être en retard , que mon bébé n’ étais pas mûr selon leur prédictions…c’est ridicule. Je n
Je n’ai jamais accouché tel que l’a dit l infirmière ils m ont vidé le ventre. Je me compare à un bout de tissu déchiré que l’on doit recoudre et une boîte de conserve que l’on doit ouvrir par le bas, sinon si ça ne marche pas on va éventrer pour la vider… Ça aurait été 100 fois mieux sans eux j’en suis convaincue. J’étais psychologiquement tellement prête a un accouchement naturel a supporter la douleur le plus longtemps possible à la maison. Je n’avais pas peur d’accoucher, j’avais peur d’eux, même avant cette expérience. Pour dire que malgré que tu ne veuilles pas de leurs interventions ils ne te respectent pas. J’ai plié aux pressions sociales de mon entourage car je voulais à la base accoucher dans une maison de naissance avec une sage-femme, mais également à leur liste d’attente longue de 8 mois et plus pour avoir une place.
Je leur ai envoyé une lettre polie et bien articulé aux gestionnaires en chef, je n ai eu le droit qu’à une seule réponse : votre lettre est irrecevable. J’ai voulu porter plainte impossible, ils ont respecté le protocole. Poursuivre en justice, trop cher pour moi, mais surtout je n ai subi aucune complications physiques…alors quelle bonne idée votre projet de loi! Dans ma lettre j expliquais en détails qu’ils n avaient pas mon consentement puisqu’ils ne me l ont jamais demandé, ne m ont pas expliqué le déroulement avant que je sois dans la salle et même là c’est le minmum, et surtout l on ne m’a jamais expliqué les risques. Ils procèdent comme s’il y avait une urgence. Sans compter leur soirée d’informations pour te mettre en confiance (te flouer complètement ) qui te fait plier à l’avance à leur pratique. Ils réussissent à te faire croire à leur supériorité, di bien qu’à la fin je me sentais condamnée à être provoqué.
Au final, il n’y a rien de pire que d avoir fait confiance avec des gens qui te veulent supposé du bien, mais qui au fond te font du mal…comment savoir réagir devant eux?
Merci Myriam pour ton témoignage.
Je rejoins Louis: rien n’est de ta faute ! Des centaines de milliers sont brutalisées dans les hôpitaux au moment où elles mettent leur enfant au monde. Tu es loin d’être la seule. C’est tout le système qui poussent les femmes vers les hôpitaux et le monde hospitalier qui veut les contrôler de la façon la plus extrême qu’il faut remettre en question.
” Au final, il n’y a rien de pire que d avoir fait confiance avec des gens qui te veulent supposé du bien, mais qui au fond te font du mal…”
CE N’EST PAS TA FAUTE !
Bonjour Louis,
Effectivement après longue réflexion , j’ai arrêté de m’en vouloir de ne pas avoir su dire affirmativement NON et même de m’être présentée le matin de ce monitoring… on m’a prise au dépourvu complètement et comment peux-t-on être contre un simple rendez-vous ou ta génécologue te dis que c’est simplement pour voir si le bébé va bien à 41sem +1j..? Je me suis pardonnée quelque temps plus tard même si je réalise maintenant que je n’ai rien à me pardonner…
Sans rentrer dans trop de détails sur ma vie, disons que mes deux parents travaillent dans la santé et qu’ils défendaient les biens-faits d’être à l’hôpital, ma mère particulièrement, moi je n’ etais pas d’accord et j’entendais des histoires de femmes qui avaient récemment accouché, mais eux m’affirmaient que non à l’hôpital on pouvait avoir un accouchement naturel…Disons que ce “complexe” de manque d’affirmation de moi-même est venu de ma mère qui m’a dit quelque temps plus tard “mais tu pouvais refuser, tu n’avais qu’à dire non, c’est toi qui voulait être déclenché “…comment ne pas se sentir comme une pauvre conne après ce commentaire ? Commentaire tout à fait faux , aberrant , absurde… Je ne comprends pas comment l’on peut être borné à ce point! Je sais que ça la touche quelque part dans son égaux ou je ne sais pas quoi exactement.
Bref c’est difficile ensuite d’avoir une bonne relation après tous ses commentaires sans entrer plus dans les détails.
Je ne connais pas votre situation précise et en plus je suis un homme (pas top pour parler de relations mère-fille) mais je peux parler de généralités puis de mon cas.
La plupart des gens lorsqu’ils adressent des reproches se les font in fine à eux-même, surtout dans le cadre familial.
Quand je lis « mais tu pouvais refuser, tu n’avais qu’à dire non, c’est toi qui voulait être déclenché « je comprends “il faut pour maintenir mes croyances que tu aies pu refuser ou que tu l’aies voulu, sinon, ça veut dire que c’est ma faute”. Cette position de culpabilité ou d’irresponsabilité (ce qui revient au même) vous en avez fait le tour depuis votre accouchement (contrairement à ce que j’avais interprété).
Maintenant, pour reprendre votre conclusion “comment savoir réagir devant eux ?”
Si quelqu’un trouve, je suis preneur !
Ce que j’expérimente de mon côté c’est donner un sens à ce vécu : ça m’a permis de…, j’ai compris que… (maigres consolations au début et je l’espère forces inextinguibles avec le temps), d’en chercher le sens profond pour retrouver la paix intérieure, et ensuite, construire dessus et éviter que l’expression de C.G. Jung “Tout ce qui ne remonte pas à la conscience revient sous forme de destin” ne me tombe encore sur le coin de la figure, parce que pour ce qui est de la conscience, c’est d’une sereine clarté, je ferai tout pour que ça n’arrive plus jamais (et si le déroulement des choses n’avait tenu qu’à ma conscience, je n’aurais pas même encombré mon esprit de ce genre de souvenirs). Je commence à comprendre à quel point il est important de se faire d’abord confiance à soi pour que faire confiance aux autres ait un sens et des conséquences heureuses.
Écrire ces lignes m’a libéré, MERCI.
“Il est important de se faire confiance d’abord pour que faire confiance aux autres est une conséquence heureuse”
Tout à fait, d’ ailleurs dans mon processus de pardon à moi-même c’est là que je suis rendue. C’est-à-dire que ce qui me blesse présentement de cette expérience c’est la sensation de ne pas avoir cru en mes valeurs, en ce que je crois après de nombreuses réflexions, de ne pas avoir respecté mes désirs et la femme que je suis. Si j’avais au moins fait des démarches auprès des sages-femmes, même si je n’avais pas eu une place, au moins je n’aurais pas cette sensation! Mais bon je comprends maintenant que je dois toujours avoir confiance en ce que je crois bon pour moi, même si je suis marginale, quitte à me tromper de temps à autre. Se tromper fait moins mal que se faire tromper..
Un truc pour réagir mieux, dans mon cas, après discussion avec ma psy, au moment où l’on ma dit : “tu seras déclenché avec balonnet et pitocin” et que j’ai senti un frisson de frayeur me traverser, c’est d’avoir désormais la présence d’esprit pour me dire et dire: “un instant svp” … est-ce que j’aurais été respecté ou pas c’est autre chose, ou m’aurais-t’on amadoué avec leurs salades pour faire peur? Mais bref ça peut aider cette réaction…
Je suis tout à fait d’accord avec l’enjeu féministe de l’accouchement médicalisé, mais je rajoute aussi à cela qu’il faudrait tout connaître à notre époque dans tous les domaines pour ne pas se faire arnaqué et se heurter aux rouages de la productivité et du profit à tout prix. Comment obstiner objectivement et facilement un médecin lors de son premier accouchement ?
Ça me rend cynique de constater que l’on ne peut même pas faire confiance à l’hôpital..
Une fois branché à leur “poison”, une fois le processus activé, une fois que ton corps est entre leurs mains qu’ils ont amorcé LEUR extraction du bébé, tu n’as aucun contrôle de la situation, alors tu ne sens même plus que tu as le moindre mots à dire, c’est de l’impuissance et de la vulnérabilité totale. C’est difficilement possible de dire non à ce moment, imaginez de répliquer à un argumentaire médical après cela et d’obtenir un respect…tu n’as qu’à collaborer car tu as mis ta vie entre leurs mains en plus…
Certes la prochaine fois j’accouche à la maison et je ne fais aucun compromis ! Peu importe comment ou que je doive payer je suis déterminer et je vais le faire ! Plus jamais à l’hôpital au non!!!
Un grand merci pour ce blog que je viens de découvrir hier, et dont j’ai déjà lu tous les articles depuis …
Personnellement, j’ai un rapport compliqué à l’hôpital et à la médecine : j’aime comprendre, je suis curieuse, et je vis très mal la condescendance, l’infantilisation que j’y rencontre à chaque fois. (J’ai été opérée 4 fois depuis mes 6 ans, plus quelques autres séjours pour paludisme etc ..). Je suis par ailleurs extrêmement sensible … cocktail explosif. Aujourd’hui, la seule, et j’insiste, chose qui me fait peur dans la perspective d’une future grossesse, c’est la violence obstétricale dont vous parlez si bien. Concrètement : qu’on use de ma vulnérabilité du moment pour me faire accepter des choses que je ne veux pas, qu’on m’emprisonne allongée sur le dos alors que je veux rester maitresse de l’acte au maximum, les TV bien sûr, le manque d’intimité, les néons braqués sur mon intimité, la peur d’inhiber mes réactions (cris, positions adoptés) si je ne me sens pas en confiance/ dans l’intimité.
Je ferais tout pour préparer mon accouchement dans des conditions qui me permettent d’en être l’actrice principale, en espérant trouver une maison de naissance près de chez moi, mais que puis-je faire, à l’échelle individuel, pour aider cette prise de conscience plus que nécessaire autour de moi ?
Je suis atterrée de constater la position majoritaire de la médecine en France dans ce domaine.
Je vais de ce pas partager votre blog avec mes amies, cousines.. j’aimerais pouvoir en faire plus, mais je ne dispose d’aucun temps pour m’engager dans des démarches associatives locales (et je vis actuellement à l’étranger), y a t’il d’autres possibilités d’actions ?
Merci pour votre travail salutaire,
Bonjour Madame,
Je suis psychologue en maternité et trouve votre définition des violences obstétricales très éclairante et aidante. Pour la citer (j’interviendrai dans un colloque en Suisse en novembre prochain sur la question de l’utérus, en temps de guerre et/ou de soin), je la met en référence à votre nom, ainsi que votre profession/formation (vous mentionnez être juriste, c’est bien cela)?
Merci par avance
Merci pour votre message. Oui, je suis juriste.
Bon colloque.
Merci pour votre travail qui fait avancer, réfléchir et se positionner.
Merci pour votre travail…
J’ai subi déclenchement-péridurale-episio-forceps, je suis aujourd’hui anéantie.
Epsio toujours douloureuse, descente d’organe (les 3 étages pour les connaisseurs).
J’ai 38 ans je me sens handicapée…
Jamais je n’aurais cru que le corps médical pourrait me faire autant de mal…
J’aurais du mieux me renseigner, je veux participer à mon niveau à ce mouvement sur le respect de l’accouchement. Que de souffrances infligées aux mères, aux pères et bien sûr aux bébés. Il faut que les choses changent! Merci encore.
Bonjour on m’a dit la même chose lorsque je suis intervenur ici pour la première fois : vous n’êtes coupable de rien! Ce qui est incroyable c’est qu’il faudrait arriver à l’hôpital armé jusqu’aux dents d’arguments et même là …. À ce que je sache le consentement ils s’en moquent régulièrement.
Je vous souhaite de réussir à vous remettre physiquement et psychiquement de cette expérience. C’est honteux vraiment ce qu’ils font et ils faut le dénoncer!
Oui, il faut le dénoncer. Mais l’avez-vous fait? Avez-vous porté plainte? Car ces braves gens on une peur bleue du procès (cela aussi je l’ai appris récemment): cela touche les deux seuls points auxquels ils sont sensibles: l’argent et leur ego.
J’ai eu furieusement l’impression d’être la seule à me battre concrètement: se plaindre ou s’agiter et ne rien faire, ne changera rien: ils s’en moquent. Agissons.
Porter plainte : avec quelles preuves ? Personnellement, j’ai demandé mon dossier médical, dans lesquels certains actes étaient passés sous silence et où on prétendait que j’avais consenti aux autres. C’est parole contre parole, et on sait que dans ce cas-là le doute ne profite pas à la “simple” patiente face au corps médical.
Merci pour votre témoignage.
Il ne faut surtout pas culpabiliser. Vous n’êtes en rien responsable de la violence qui vous a été infligée. Vous vous êtes juste comportée comme l’écrasante majorité des femmes qui se rendent à l’hôpital en faisant confiance aux médecins. Ce sont avant tout les médecins qui doivent se remettre en question. La seule chose que les femmes doivent faire, c’est la révolution.
Beaucoup de courage à vous. Le temps permet toujours de guérir, surtout lorsqu’on a pris conscience des raisons de sa douleur.
Bonjour ,
J’ai découvert par hasard ( partageFacebook) votre article et je souhaiterais soulever plusieurs points. En effet , les violences que vous évoquez ne sont pas seulement propre aux femmes , mais à la prise en charge du patient d’une manière globale aussi bien en milieu dit hospitalier qu’en médecine de ville . La médecine est devenue déshumanisée , robotisée, productive et avec la meilleure rentabilité possible : fautes aux instances politiques ( réduction des dépenses de santé de la Sécu), maintien d’un numérus clausus en fac de médecine d’où une diminution des effectifs de praticiens disponibles , à la mondialisation et lobby des laboratoires pharmaceutiques ( vendre tjs plus) et bien sûr les instances médicales et de leur corporatisme outrancier soutenu grâce aux accointances politiques de celles-ci. Le bureaucratisme est partout!
Le patient est devenu un client captif et c’est d’autant plus vrai dans le milieu hospitalier, car ne rêver pas quand un problème existe avec un patient son dossier le mentionne en conséquence voilà ce que pense ce même patient : comment vont-ils me prendre en charge la prochaine fois ? Vont-ils mettre en œuvre ts les moyens pour assurer ma survie ou finalement vont-ils seulement faire le strict minimum protocolaire sans trop se chauffer les méninges. Après tout du moment que le protocole est rempli , rares sont les confrères qui les contredirons en cas d’expertise.. Corporatisme oblige , le serment d’Hippocrate est surtt est serment d’hypocrite, ou chacun doit protéger les fesses de l’autre… Le médecin à 10 ans d’étude de médecine derrière lui , le patient (même très instruit) n’est qu’un numéro profane à prendre en charge et qui se doit de rester à sa place… La famille de ce patient sera traité de la même façon , aucune humanité pour quiconque. Si je me permet ces commentaires c’est que j’ai été témoin de agissements de ces personnes ” si intellectuellement supérieures” et cela à plusieurs reprises. Aujourd’hui je reste cliente captive malgré tout car qui n’a pas besoin un jour d’un médecin? Qui n’a pas besoin de médication? Qui sommes nous pour mettre en doute la parole de ces “Seigneurs”? Notre Corps ne nous appartient plus depuis longtemps : la loi sur le don d’organe en est la preuve il me semble. Peut être qu’une loi sur la violence obstétricales verra le jour mais ne rêvons pas sur sa mise en application… C’est le pot de terre contre le pot de fer. Le scandale sur la pilule a été un feu de paille et qui aujourd’hui s’en souci? Personne. Pourtant il existe toujours des décès et des séquelles pour les utilisatrices, les femmes ne seront jamais traités également des hommes. Surtout dans une société ou même des femmes spolient d’autres femmes.
Bonjour, je viens de consulter votre site et différents articles de Martin Winckler après avoir écouté une émission sur france culture sur la violence obstétricale. Je réalise aujourd’hui, 25 ans après mon premier accouchement la véritable aggression que j’ai subie. En effet, je n’ai jamais eu les éléments d’explication qui ont justifiés l’usage des forceps pratiqués pour aller chercher mon bébé sans qu’on n’ait pris soin de me demander mon avis, tout comme pour l’episiotomie forcée qui en a découlée. J’ai ensuite été recousue à vif et eu un hématome vulvaire qui a nécessité des soins et m’a handicapé plusieurs semaines après l’accouchement m’empêchant marcher tellement les douleurs étaient fortes. Pour autant, totalement soumise à l’autorité médicale, je n’ai jamais porté de regard critique sur ces faits avant ces lectures. Ce constat m’interroge beaucoup tout comme mon absence de jugement. Je ne les comprends pas vraiment. Je suis dans une véritable prise de conscience de cette maltraitance. D’autant que pour mon deuxième accouchement, j’ai subi un décollement de membrane effectué manuellement avec là encore une grande souffrance. Je passe sur le manque d’intimité et les injonctions humiliantes et aggressives à cesser de crier.. Merci de libérer les paroles, la pensée et le vécu. Mon souci à ce jour c’est de pouvoir échanger avec ma fille et ma belle fille de ce sujet pour qu’elles refusent de vivre ça, qu’elles puissent rester maitresses de leur corps et de leurs choix. Je devrais plutôt dire avec mes enfants car il me semble important que les hommes, les amants et les futurs pères soient associer à ce mouvement tant ils doivent pouvoir dénoncer eux aussi ces violences, les combattre, surtout dans ce moment où la femme peut vivre une certaine vulnérabilité. Je vous remercie sincèrement.
Valérie Curt
Bonjour,
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt vos témoignages sur les violences obstétricales. Il y a quelques éléments que je souhaite ajouter à la conversation:
-déclenchement à terme
“Le déclenchement vs l’absence d’intervention est associée à moins de décès périnataux et moins de césariennes. Certaines morbidités infantiles comme le syndrome d’inhalation du méconium étaient également en baisse avec une politique de déclenchement du travail après terme bien qu’aucune différence significative n’ait été observée dans le taux d’admission en UNSI.
Toutefois, le risque absolu de décès périnatal est faible. Les femmes devraient être correctement conseillées de manière à faire un choix éclairé entre un déclenchement programmé pour une grossesse au-delà du terme ou une surveillance sans déclenchement (ou déclenchement retardé).”
Source : http://www.cochrane.org/fr/CD004945/declenchement-du-travail-chez-les-femmes-avec-une-grossesse-normale-arrivant-a-terme-ou-au-dela-du-terme
-ocytocine et travail
“Chez les femmes présentant une progression ralentie du travail spontané, la comparaison entre le traitement par ocytocine et l’absence de traitement ou l’administration différée d’ocytocine n’a pas permis d’identifier de différence notable quant au nombre de césariennes pratiquées. Nous n’avons pas non plus détecté d’effets indésirables pour la mère ou le nouveau-né. L’administration d’ocytocine a été associée à une diminution d’environ deux heures de la durée de l’accouchement, ce qui peut être important pour certaines femmes. En revanche, si l’objectif principal de ce traitement est de réduire le taux de césariennes, les médecins et les sages-femmes doivent envisager d’autres pistes.”
Source: http://www.cochrane.org/fr/CD007123/effetutilisation-de-locytocine-pour-traiter-la-progression-ralentie-du-travail
-Intérêt de l’épisiotomie médiolatérale ou médiane
“Les politiques d’épisiotomie restrictive semblent apporter un certain nombre de bénéfices par rapport aux politiques d’épisiotomie systématique. Il y a moins de traumatismes périnéaux postérieurs, moins de sutures et moins de complications, aucune différence pour la plupart des critères de mesures de la douleur et le traumatisme vaginal ou périnéal sévère, mais il n’y a un risque accru de traumatisme périnéal antérieur avec l’épisiotomie restrictive.”
Source: http://www.cochrane.org/fr/CD000081/episiotomie-pour-laccouchement-par-voie-basse
En conclusion, tout est souvent affaire de bénéfice/risque en particulier en obstétrique. Il faut vraiment éviter les décisions dans l’urgence et disposer d’une réelle préparation à l’accouchement (qui fait encore grandement défaut ou bien se heurte à la difficile tache de vouloir anticiper les difficultés sans affoler). Je ne crois pas que beaucoup de femmes y gagneraient si la question était posée au moment de la procédure.
Imaginez “vous préférez que je fasse une incision latérale du plan postérieur de votre vagin ou de risquer une déchirure du plan antérieur avec possible fistule uretrovaginale et incontinence urinaire? Il faut se décider vite parce que dans 2 minutes on aura passé le stade du choix. Allez je vous laisse réfléchir et vous me dites ça.”
Pour ce qui est de la révision utérine qui consiste à récupérer manuellement des portions du placenta qui ne se sont pas spontanément décollés, c’est une procédure d’urgence qui permet à l’utérus de finir la contraction finale qui vient refermer l’ensemble des vaisseaux sanguins ouverts. Sans ce geste, la patiente continue à saigner et ça peut très vite devenir catastrophique. La révision utérine doit être faite si possible sous analgésie. Si on ne dispose pas de voie d’abord (pas de perfusion ou de péridurale) et que la patiente saigne la rage, ben on est dans la panade et on pare au plus pressé… Les femmes qui n’ont pas été prévenues de ce geste ont souvent du mal à le comprendre d’où un vécu traumatique. Par ailleurs, la patiente se rend rarement compte de ce qui se passe entre les genoux (à cause ou grâce à l’anesthésie mais aussi pour des raisons d’optique) et notamment des saignements qui sont indolores et parfois profus et ne comprend pas qu’un soignant vienne comme cela mettre sa main dans son utérus. Pour vous donner une idée, on nous dit en médecine de ne pas nous tourner lorsque l’on examine le placenta car le temps qu’on le fasse la patiente peut saigner beaucoup et lorsqu’on se retourne c’est Hiroshima.
Pour ce qui est des “césariennes sans anesthésie”, je crois qu’il s’agit d’une incompréhension courante quant à la rachianesthésie ou à la péridurale. Il arrive souvent que la sédation ne soit pas suffisamment profonde pour que la sensation (sensibilité superficielle) soit éteinte mais seulement la douleur (sensibilité thermo-algique). Une question fréquente que l’on pose lorsqu’une patiente se plaint c’est “vous sentez ou vous avez mal” ou bien “vous sentez que je mets de la bétadine mais est ce que c’est froid?”. Une césarienne sans anesthésie du tout ça donnerait à mon avis une boucherie sans nom (en gros on vous poignarde).
Pour ce qui est des touchers vaginaux sans consentement, le consensus est très clair sur ce point. C’est un viol. Pour ce qui est de certains tarés qui font encore une “expression abdominale”, le consensus est clair. C’est inutile et barbare.
Il y a encore beaucoup à faire pour rendre l’accouchement plus humain, pour faire en sorte que les femmes ne soient pas dépossédées de leur accouchement et qu’elles puissent le vivre sans s’exposer inutilement à des complications mais je pense que les soignants dans leur immense majorité ne sont pas les ennemis des femmes, seulement les victimes collatérales d’idées reçues désuètes, de logiques productivistes, d’une fatigue généralisée… Nous pouvons changer cela.
Ce qui me frappe dans votre message, c’est qu’à aucun moment, vous ne preniez en compte le point de vue et le ressenti des femmes. Pire, lorsque vous l’évoquez, c’est pour le disqualifier. Or, c’est précisément ce que je dénonce, et c’est précisément ce qui révolte toutes les femmes victimes de violence obstétricale.
Déclenchement:
Cochrane compare les décès, et constate que le risque absolu de décès périnatal est faible. L’étude ne prend pas en compte les autres effets du déclenchement sur le déroulement de l’accouchement, notamment la douleur qui implique une péridurale (péridurale dont un pourcentage de ratés se situe en 10% et 25%, et qui entraîne elle-même une médicalisation), le recours plus important à l’ocytocine (avec ses effets sur les risques de souffrance foetale et d’HPP), etc.
Mais surtout, Cochrane pointe que “Les expériences et les points de vue des femmes à propos de ces choix n’ont pas été correctement évalués.” C’est bien ça tout le problème. Une femme qui subit une pression pour un déclenchement, puis vit un accouchement hypermédicalisée, va voir dans tous ces gestes de la violence obstétricale et vivra mal cet événement.
Ocytocine:
Cochrane considère qu’il n’y a pas d’effet sur les césariennes, en revanche, de plus en plus d’études montrent que l’usage d’ocytocine est associée une augmentation des graves hémorragies du post-partum: “Oxytocin during labour appears to be an independent risk factor for severe PPH. ” http://bmjopen.bmj.com/content/1/2/e000514
Si on prend le point de vue de la femme, qu’est-ce qui est mieux ? Que son accouchement dure une heure ou deux en plus, où elle est accompagnée avec bienveillance, et elle peut vivre dans le bonheur l’arrivée de son enfant ? Ou que l’accouchement soit un peu plus rapide, mais qu’il se termine par une révision utérine à vif, voire une ablation de son utérus en urgence pour colmater une HPP sévère ? Laquelle de ces deux situations lui laissera le moins de séquelles à long terme ?
-Intérêt de l’épisiotomie médiolatérale ou médiane:
Il y a moins de déchirure légère avec une épisiotomie que sans. Certes. Mais qu’est-ce qui est mieux: une épisiotomie ou une déchirure ? Le dogme médical veut que c’est mieux de couper le vagin sur 5 cm que le laisser se déchirer sur 2 cm. Comme si l’épisiotomie n’était pas un traumatisme. Comme si une entaille de 5 cm était préférable à une entaille plus petite.
Le vécu des femmes montre pourtant qu’une déchirure est préférable à une épisiotomie, notamment au niveau de la vitesse de cicatrisation: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/1856765
Faire une épisiotomie pour éviter une déchirure ou préserver le périnée ne fait plus partie des recommandations médicales depuis au moins 2005 (voire recommandations du CNGOF: http://www.cngof.asso.fr/D_PAGES/PURPC_14.HTM ). La seule et unique raison qui peut justifier une épisiotomie, c’est la situation d’un bébé en souffrance foetale déjà engage dans les voies maternelles et qu’il faut sortir en urgence.
Révision utérine:
C’est souvent la conséquence de la gestion et de l'”optimisation” de l’accouchement: l’injection massive d’ocytocine qui est facteur d’HPP sévère. Une des méthodes pour permettre à des restes de placenta de s’extraire et pour prévenir une HPP est l’administration d’ocytocine APRES la naissance du bébé. Or, à cause de l’injection massive d’ocytocine pendant le travail, les capteurs sont saturés à la naissance et ne sont plus réceptifs à l’ocytocine indispensable qui aurait permis d’arrêter l’HPP. D’où cette violence de la révision utérine qui apparait comme seule solution.
De plus, l’ocytocine provoque des HPP sévères, des situations à l’Hirochima comme vous dites, et qui impliquent une révision utérine dans l’urgence. Lors d’accouchement physiologiques où les contractions ne sont pas accélérées chimiquement, les HPP sévères sont rarissimes. Donc les révisions utérines d’urgence sans anesthésie le sont également.
Césarienne à vif:
Vous prétendez qu’il s’agit d’une incompréhension des femmes (décidément qu’est-ce qu’elles sont idiotes les femmes). Pourtant, la littérature scientifique mentionne l’existence des césariennes à vif. Par exemple celui-ci qui date de 2016: http://dea.revuesonline.com/articles/lvdea/pdf/2016/02/lvdea292p61.pdf
Ou encore ce power point de l’université de Lyon: https://www.google.be/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=25&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwiyoc69y_jPAhWD2xoKHemvDOs4ChAWCFUwDg&url=http%3A%2F%2Fspiralconnect.univ-lyon1.fr%2Fspiral-files%2Fdownload%3Fmode%3Dinline%26data%3D6219857&usg=AFQjCNHSXnOdNHg7hl69Kj1qzHYr9lMAKw&sig2=YNi4gycmyB5NrL6vCD0YHA&bvm=bv.136593572,d.d2s
” En conclusion, tout est souvent affaire de bénéfice/risque en particulier en obstétrique.”
Tout le problème provient effectivement que l’obstétrique ne pense qu’en terme de bénéfices/risques, pas en prenant compte le point de vue des femmes, leurs souhaits et leur ressenti. De plus, l’obstétrique repose sur le dogme de l’inadéquation du corps féminin par rapport à l’accouchement, en considérant par défaut que l’accouchement est pathologique et problématique.
“mais je pense que les soignants dans leur immense majorité ne sont pas les ennemis des femmes, seulement les victimes collatérales d’idées reçues désuètes, de logiques productivistes, d’une fatigue généralisée… Nous pouvons changer cela.”
Je pense qu’en effet, l’écrasante majorité des soignants ne sont pas les ennemis des femmes. Ils appliquent juste des protocoles qu’il faut contester radicalement parce qu’ils sont, en soi, générateurs de violence. Pour changer cela – et je suis heureuse que vous le souhaitiez – la première chose à faire est de prendre en compte le ressenti de chaque femme et la considérer comme la personne la plus apte à mettre son enfant au monde.
Je suis d’accord avec cet article. Tout acte médical doit être expliquer à la patiente avant. Combien de patiente on subi des echo par voie endovaginale sans leur consentement, sans qu’on leur explique le but, les bénéfices et les raisons. “C’est comme ça, c’est le protocole.”
Une connaissance a accouché, il y a peu. On lui a posé une perfusion “Pourquoi?” c’est comme ça. On lui a injecté des produits, sans lui dire de quoi il s’agissait, mais “c’est le protocole”. On lui a donné des antibiotiques, encore et encore, “c’est comme ça, mieux vaut avoir une mycose récidivante que de prendre des risques”. Risques de quoi ? On ne sait pas, pas d’explication. Pour les toucher vaginaux, c’est comme ça, ça aussi c’est le protocole. Elle a failli avoir une césarienne “vous comprenez c’est trop long par voie basse. On a besoin de la salle pour d’autres patientes et puis, c’est plus facile pour nous.” C’est sûr, il faut faciliter la vie du corps médical, pas celui de la mère.
Est-ce que c’est trop demandé que d’expliquer chaque acte avant ? Est- ce trop long d’expliquer ce que l’on injecte à un patient ? Est-ce trop difficile d’attendre pour qu’un accouchement (sans complication) se fasse naturellement ? Quand une patiente refuse des actes médicaux elle se fait traiter de folle, de malade, on lui envoie un psy, parce qu’elle fait “une dépression”, parce qu’avoir le droit de dire non, c’est mal vu par le corps médical. Parce qu’une patiente ça doit obéir, fermer sa bouche et surtout ne pas se plaindre parce qu’elle a la chance d’accoucher dans un pays civiliser avec des médecins.
@Sandra ce à quoi je reponds simplement: vous avez absolument raison ! La meilleure façon de pouvoir bénéficier d’un accouchement respecté physiologique et sans médicalisation est de ne pas aller dans une maternité/ hôpital. Sinon que la chance soit vraiment avec toi! Parlant de chance par rapport aux pays dits “non-civilisés” je me questionne à savoir à quel point et quel niveau sommes-nous si chanceuses, surtout si on a un couple mère-enfant en parfaite santé….
bonjour. j’écris en ce moment un mémoire sur les violences obstétricales. et je m’étonnes de voir qu’il n’y a pas vraiment d’écris scientifique en la matière. encore moins de législations véritable, ni même de charte international ou déclarations malgré la gravité du phénomène. donc je m’adresse a vous pour voir si vous auriez des informations, documents scientifiques, loi ou projet de lois susceptible ( dans n’importe quel pays) de m’aider dans ma rédaction pour dénoncer ce phénomène. et aussi de ce qui est fait concretement pour resorber le phénomène, c’est à dire les mésure prise pour y mettre fin.
ps: je suis ivoirienne et mon thème est sur les violences obstétricales en cote d’ivoire. merci
Vous trouverez une revue de la littérature sur les violences obstétricales ici http://afar.info/2016/bibliographie-violence-obstetricale
Bonne continuation pour votre mémoire !
Article tres interesseant, merci.
Ma mere a eu quatre enfants en huit ans et sans devoiler sa vie intime, je sais d’apres ce qu’elle nous a raconte que ma naissance a ete la pire. Docteurs qui n’ecoutaient ni ne communiquaient pas, qui l’humiliaient en disant qu’elle ne poussait pas, qu’elle etait paresseuse, alors que la raison de ma sortie difficile etait mon cordon olombical trop court. Je suis la seule a ne pas avoir ete portee par elle d’abord mais par mon pere, qui a aide mon premier bain. Elle n’avait pas ses lunettes, sans lesquelles elle est tres myope, et elle peinait a demander ou j’etais car on ne lui a pas dit mon sexe. Par la suite, j’ai eu des regurgitements graves et frequents – trop frequents, je perds du poids. En reparlant au personnel de la maternite, ils se sont moques d’elle. Au bout de deux semaines, elle va finalement, a bout de nerfs avec mon frere, jaloux, de dix-huit mois et moi, chez un pediatre et eclate en sanglots. Diagnostic : non madame, vous n’etes pas folle, elle a le reflux.
Enfin je trouve interessant que je sois la seule a etre nee dans un hopital en France, et qu’elle affirme que le personnel des maternites Australiennes, Anglaises et Belges etaient polis, communicatifs et a l’ecoute.
Je m’interroge dans le “pas justifié médicalement” et “correctement informé”. Il se trouve que plusieurs de mes parents/amies travaillent en hôpital, et oui parfois (souvent) l’organisation du service fait que tel ou tel acte est pratiqué de manière irrespectueuse du patient. C’est valable d’ailleurs pour les horaires invraisemblables des repas ou de certains soins….
Bref, est-ce qu’il y a violence si un soignant dit clairement -et gentiment- à la mère/au couple “voilà, la péri, c’est votre choix, donc c’est comme vous voulez, mais moi j’ai 5 mamans à surveiller en même temps alors voilà, vous faites comme vous voulez mais si aucune de vous ne veux de péri, je ne vais tout simplement pas pouvoir faire mon travail”… ?
Ca laisse à la mère le choix, ça lui met aussi entre les mains toute la complexité de la réalité. Et les conditions d’organisation s’imposent à tous. On peut toujours protester contre la gestion comptable de l’hôpital, voire l’incompétence de la direction de l’établissement concerné (voire des deux), à l’heure H il y a des femmes en travail et du personnel soignant débordé, stressé, ce qui est aussi une source de risque pour la maman. Je crois que pour ma part je suis prête à entendre leurs besoins aussi. Je sais ce que c’est d’avoir une mère infirmière qui se décharge à la maison des problèmes organisationnels du boulot pour ne pas en punir ses patients qui n’y sont en effet pour rien, des amies en burn-out parce que leur métier de SF est insoutenable. Elles sont mes alliées pour ma santé, je suis aussi leurs alliées, y compris pour ma santé d’ailleurs (les erreurs médicales c’est souvent du à l’épuisement).
Je ne dis pas que je choisirai la péri pour cela mais j’estime être suffisamment adulte pour savoir tenir compte aussi de ce facteur dans la circonstance qui est celle du moment que personne ne choisit. Disons que dans ma balance bénéfice/inconvénient, déclencher un accouchement pour éviter que ça soit le WE, c’est non. Soulager un service en crise en acceptant la péri et le monitoring quand les gens qui me le disent sont respectueux, pourquoi pas.
Vous parlez d’EBM mais il faut faire très attention avec cette approche.
Prenons par exemple le cas de la césarienne.
– elle entraine une baisse de la natalité de 15 % minimum (entre les fausses couches plus ou moins précoces, les traumas trop importants pour prendre à nouveau le risque, les stérilisations plus ou moins accidentelles… ça fait 25 000 enfants par an qui auraient dû naître sans ça.)
– elle entraine un -presque- doublement de l’asthme et de l’obésité. C’est à terme
Merci pour cet article bien stylé et direct ! Il me semble que le premier moyen de lutte est (enfin »serait » car après 20 ans de militantisme je constate qu’on en est encore loin) l’information des femmes sur leur droit à dire non
Article tres interesseant, merci.
Ma mere a eu quatre enfants en huit ans et sans devoiler sa vie intime, je sais d’apres ce qu’elle nous a raconte que ma naissance a ete la pire. Docteurs qui n’ecoutaient ni ne communiquaient pas, qui l’humiliaient en disant qu’elle ne poussait pas, qu’elle etait paresseuse, alors que la raison de ma sortie difficile etait mon cordon olombical trop court.
Bonjour,
D’abord merci, un grand merci d’avoir écrit ces mots qui m’éclairent sur ma situation. Après discussion avec ma sage-femme et après avoir lu votre article je réalise que j’ai définitivement été victime de violence obstétricale et qu’aujourd’hui, 15 mois suivant l’évènement et à nouveau enceinte de 22 semaines je souffre d’un stress post-traumatique. Je dois aller chercher de l’aide et ce avant la fin de ma grossesse actuelle, je cherche du mieux que je peux, mais ne semble pas trouver l’aide approprié. Auriez-vous des ressources (au Québec) à me recommander? Des spécialistes qui s’y connaissent en violence obstétricale et/ou stress post-traumatique qui y sont liés.
Voila j’ai maintenant 70ans je suis née le 24 décembre 1948 J ai subi le 14 Mars 1968 une episiotomie totale pour la naissance de mon premier enfant Autant vous dire qu au jour d aujourd’hui huile je ne me serais pas laisse faire 3’420 kg avec toutes les soufrances que cela a pu m occasionnér Tant pour la cicatrisation et les souffrance dans ma vie sexuelle de couple car pour le 2eme enfant rebelote le 31 janvier 1969 une petite episiotomie pour 2,820kg Je pense et je espère que aujourd’hui cette pratique n existe plusieurs tout du moins en France en ce qui. concerne les episiotomies totales. Les. femmes doivent toujours combattre et se battre et dans tous le domaines Espérons de tout cœur voir un jour a la tête du gouvernement une femme de la trempe e MMe Weil. Simone.
Voici un autre définition, si ça peut aider. Je ne prétends pas qu’elle soit absolument meilleure, je le crois seulement. Je la justifie brièvement, mais à nouveau juste pour aider mieux, d’autant que je n’ai aucune compétence juridique (je hais ça, en fait). Le fond du problème selon moi est la définitionite aigüe, chronique, et pandémique dont est atteint l’Occident moderne. Nous ne sommes plus capables de penser ou d’étudier, d’apprendre ou de comprendre, nous remplaçons ça par de l’idée abstraite. Alors que les humains naturellement, surtout les tout-petits, le font si bien naturellement. Naturellement, les humains définissent très rarement (même purement un point de vocabulaire), ils font comprendre ou plutôt aident à comprendre, en expliquant ou décrivant, en incluant ou excluant, en montrant ou démontrant (au figuré, à l’esprit). Votre section “trucs” en est un bel exemple, nan ? Une définition est souvent très difficile à capter et pire à produire, parfois bien plus que le sens lui-même!, et est toujours bancale lorsqu’il s’agit d’un phénomène *concret*, réel ou non… comme dans ce cas-ci.
« tout comportement, acte, omission ou abstention commis par le personnel de santé, qui n’est pas justifié médicalement et/ou qui est effectué sans le consentement libre et éclairé de la femme enceinte ou de la parturiente »
==>
« Toute action, parole, ou comportement du personnel de santé, potentiellement nuisible physiquement ou moralement, qui n’est pas justifié médicalement ou souhaité par la patiente selon le principe d’un consentement libre et éclairé ; toute omission d’action, parole, ou comportement justifié médicalement ou souhaité par la patiente (selon ledit principe?). »
Justification brève :
1- Il faut quand même dire que c’est nuisible, non ? (ex: gestes ou paroles de soutien)
2- “et/ou” est inutile en langue naturelle (“ou” couvre les 2) (c’est juste en logique math.)
3- Je crois qu’il faudrait citer explicitement les comportements *moralement* blessants, d’autant qu’ils contribuent à imposer des actes bien physiques !
4- Il me semble plus clair de séparer actions et omissions, d’autant que la logique est inverse quant aux conditions comme on le voit dans cette version.
5- Y a-t-il vraiment une différence entre “omission” et “abstention” ? (à moins qu’en jargon légal…)
Les cas, pourtant bien réels, d’omissions d’actes souhaités par la patiente sont spécialement problématiques, il me semble :
~ Si on ajoute le consentement libre et éclairé, alors des demandes légitimes voire de bon sens peuvent être ignorées. (En quoi la demande d’un verre d’eau ou la présence d’une amie relève-t-elles d’un tel “consentement libre et éclairé”?)
~ Si on ne l’ajoute pas, ledit “consentement…”, le personnel peut “mentir” ou faire pression pour obtenir un faux consentement.
Merci pour votre définition.
Quel est pour vous la différence entre “potentiellement nuisible physiquement et moralement” et “non justifié médicalement” ?
Selon moi, en ajoutant le caractère de nuisibilité, c’est la porte ouverte à toutes les interprétations. Un acte médical inutile est en général clairement nuisible en soit. Tout acte pratiqué sur le corps d’une femme sans son consentement est également nuisible. Par exemple : un massage imposé alors que la femme ne le supporte pas. Seul le fait de passer outre son consentement suffit à montrer que cet acte est dommageable à la femme.
La différence entre abstention et omission : selon moi, dans l’omission, il y a une idée de négligence supplémentaire.
Exemple : une femme veut une péridurale.
L’omission, c’est de ne pas appeler l’anesthésiste parce qu’on est débordé.
L’absention, c’est lui dire “oui oui”, et finalement délibérément ne pas appeler l’anesthésiste.
Mais c’est vrai que la nuance est subtile. Mon but était de balayer tous les cas.
Quant à séparer les actions des omissions, je ne sais pas. Généralement, les deux vont ensemble : un médecin entre dans la salle et omet de dire bonjour, de se présenter et de proposer un acte médical à la femme qui accouche, puis il enchaîne avec en pratiquant une épisiotomie non justifiées et sans consentement.
Très bel article bonne continuation.
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