Non, les femmes ne se sont pas battues pour accoucher à l’hôpital

Parmi les idées reçues qui circulent sur l’accouchement, il y a celle qui consiste à croire qu’accoucher en sécurité à l’hôpital serait le résultat d’une longue lutte des femmes. Et incidemment, que mes critiques sur la façon dont les femmes sont traitées dans les maternités serait une remise en question d’avancées féministes, ce qui serait pour le moins fâcheux pour la féministe que je suis.

Un petit détour par l’Histoire démontre pourtant que les femmes ne se sont jamais battues pour mettre leur enfant au monde à l’hôpital, et que les féministes ne se sont d’ailleurs jamais réellement intéressées à la question de l’accouchement.

Prenons une date au hasard : 1663. Cette année-là, Louise de la Vallière, alors maîtresse de Louis XIV, s’apprête à mettre au monde le premier enfant issu de leur relation illégitime. Le Roi, connu pour ses frasques sexuelles et mondaines, convainc son médecin-chirurgien, François Mauriceau, d’installer son amante couchée sur le dos afin qu’il puisse assister à la naissance en étant caché derrière une tenture. Cinq ans plus tard, Mauriceau publie le très influent « Traité des Maladies des Femmes Grosses et de celles qui sont accouchées » prônant cette position gynécologique. Cet ouvrage sera traduit dans plusieurs langues dont en anglais par le médecin britannique Hugh Chamberlen, l’héritier direct du forceps inventé par son père. Dès cet instant, l’alliance entre la douloureuse position d’exhibition et l’agressif instrument d’extraction scelle le sort des femmes occidentales qui vont se voir imposer ce mode d’accouchement pendant plusieurs siècles.

A cette époque, les femmes accouchaient à la maison. Les aristocrates et les bourgeoises recevaient les soins de leur médecin ou d’un chirurgien, tandis que les femmes de basse condition sociale étaient assistées par une sage-femme ou une matrone issue de leur milieu. Seules les femmes n’ayant pas de toit accouchaient à l’hôpital. Il s’agissait principalement de petites bonnes ayant subi les assauts sexuels de leur patron ou d’autres membres masculins de la maisonnée, renvoyées parce qu’elles étaient enceintes, s’apprêtant à mettre au monde un enfant illégitime et à assumer le stigmate de la fille-mère. Ces hôpitaux étaient des mouroirs puisque la théorie microbienne n’avait pas encore été découverte. La croyance selon laquelle les maladies mortelles telle que la fièvre puerpérale étaient dues à l’air vicié, encourageait les médecins à ouvrir les fenêtres plutôt qu’à se laver les mains. Comme ces hôpitaux étaient souvent liés à des universités, ces petites bonnes servaient accessoirement de cobayes pour les chirurgiens développant un nombre impressionnant de modèles de forceps, et étaient souvent réduites à des mannequins d’entraînement pour les étudiants accoucheurs apprenant le maniement de ces instruments.

Dès la moitié du 18ème siècle, le pouvoir politique, qui rappelons-le était exclusivement masculin, a encouragé la création de centres d’accouchement et soutenu la profession de chirurgien-accoucheur appartenant à l’élite sociale au détriment des sages-femmes considérées comme incultes (elles étaient, en effet, privées d’enseignement par ce même pouvoir politique en raison du fait qu’elles étaient des femmes). Le but était moins humanitaire que basé sur la conviction qu’une population nombreuse et en bonne santé constituait la base de la puissance des États sur le plan économique, fiscal et militaire. Il s’agissait du coup d’envoi de la politique nataliste qui a perduré jusqu’au 20ème siècle. Les femmes étaient priées de ne plus mourir en couche pour le bien du Royaume.

Si les femmes ont jusque-là docilement accouché selon les normes édictées par la société fortement patriarcale, un tournant semble s’opérer dans les pays anglo-saxons. Au 19ème siècle sont découvertes différentes substances anesthésiantes testées avec une certaine efficacité sur des parturientes. En 1853, le reine Victoria demande à accoucher sous chloroforme pour son huitième enfant, créant ainsi la mode de « l’accouchement à la reine ». En Angleterre et aux États-Unis, les femmes se mobilisent pour avoir accès à ces anesthésiques, faisant pression sur leurs médecins qui se voient obligés de répondre à cette demande au risque de perdre leur clientèle, et inscrivant cette lutte dans le mouvement des suffragettes. Les femmes du continent européen n’ont pas pris part à ce combat, continuant à accoucher sagement à la place qui leur était assignée et selon la méthode qui leur était imposée. Pour bénéficier d’une réduction de leurs souffrances, elles devront encore attendre un homme, Fernand Lamaze, qui ramènera d’URSS la technique de l’ « accouchement sans douleur » en 1951.

A la fin du 19ème siècle, Louis Pasteur jette les bases de la théorie microbienne et, au plus fort de la période hygiéniste caractéristique de cette époque, les hôpitaux sont désinfectés et les règles d’asepsie y sont développées. Au tournant du 20ème siècle, le taux de natalité est au plus bas. Les guerres, les famines et les épidémies menacent le renouvellement des populations et les pouvoirs publics se lancent tambours battants dans une politique nataliste de grande envergure. L’avortement est banni. La contraception est interdite, et les personnes en faisant la promotion sont condamnées. Les femmes sont incitées à accoucher dans les hôpitaux présentés comme le lieu le plus sûr pour donner naissance. Le contrôle du ventre des femmes devient un enjeu politique majeur. Il s’agit de repeupler les États pour leur garantir un essor économique et reconstituer les réserves de chair à canon en vue des guerres suivantes. A ce moment-là, les femmes sont toujours exclues du pouvoir politique à défaut de disposer du droit de vote.

Malgré les efforts des autorités publiques, les hôpitaux peinent à attirer les futures mères, puisqu’en 1929 seuls 20 % des accouchements y ont lieu en France. Beaucoup d’entre elles hésitent, en effet, à se priver du soutien de la communauté de femmes investissant leur domicile dès les premières contractions, pour se retrouver en travail dans une salle commune, au milieu d’une quinzaine de parturientes abandonnées à elles-mêmes, hurlant de douleur, infantilisées par une infirmière débordée. Beaucoup d’entre elles ont du mal à abandonner le confort et l’intimité de leur foyer, pour attendre dans la souffrance que l’obstétricien les désigne afin d’être transportées dans la salle d’accouchement où elles risquent de se voir appliquer les instruments en vue d’accélérer l’extraction de leur enfant.

L’Europe fasciste et nazie des années trente va encore renforcer la politique nataliste en instaurant une glorification de la maternité. Tout est bon pour pousser les femmes à procréer : fête des mères, assurance maternité, allocations familiales, allocation de la mère au foyer; en renforçant toujours la chasse aux contraceptifs et à l’avortement, et en poussant de plus en plus les parturientes vers les hôpitaux. Ceci ne concerne évidemment que les femmes appartenant à la bonne race. Au même moment, les autres femmes se voient contraintes à des avortements obligatoires, des stérilisations forcées, jusqu’à ce qu’elles soient finalement exterminées. En France toujours, entre 1930 et 1950, la proportion d’accouchements à l’hôpital passe de 20 à 50 %.

1949. Simone de Beauvoir publie « Le Deuxième Sexe », le coup de tonnerre féministe, la bible qui lancera le mouvement de libération des femmes et écornera cette politique nataliste. Beauvoir y fait une magistrale description de la condition des femmes et plaide brillamment en faveur de l’émancipation féminine par le contrôle des naissances, en défendant le droit à la contraception et à l’avortement. Elle n’aborde pourtant le sujet de l’accouchement que du bout des doigts, n’y consacrant que quelques paragraphes essentiellement de nature descriptive, insistant sur la diversité de réaction des femmes face à cet événement et sur le rôle de la médecine dans la réduction de la mortalité. Bien sûr, elle soutient les techniques médicales de réduction de la douleur. Elle dit notamment que « les méthodes de l’anesthésie sont en train de démentir l’affirmation biblique “tu enfanteras dans la douleur”; couramment utilisées en Amérique, elles commencent à se répandre en France; en mars 1949, un décret vient de les rendre obligatoires en Angleterre ». Il ne s’agit pas d’une lutte, ni même d’une revendication. Seulement de la conviction tranquille que la médecine mettra cette technique à la disposition des Françaises. Pour Beauvoir, l’accouchement n’est pas une question féministe.

Dans les années 1960-1970, les féministes remportent le bras de fer qui les opposent aux partisans de la politique nataliste en gagnant successivement le droit à la contraception et le droit à l’avortement. Les femmes obtiennent la libre disposition de leur corps et l’accès à la même liberté sexuelle que les hommes. A ce moment, après la longue incitation des pouvoirs publics, l’accouchement à l’hôpital devient la norme. Dans cet élan d’égalité et d’amour qui règne chez les jeunes couples issus de 1968, la seule chose que les femmes parviennent à imposer à l’équipe médicale est la présence de leur mari à leur côté au moment où elles donnent naissance.

L’encre de ces lois issues des conquêtes féministes est à peine sèche que la péridurale fait son entrée dans les salles d’accouchement. Sans effort et sans combat, tant l’unanimité est grande autour de cette technique. Les femmes ne souffrent plus pendant les contractions. Les praticiens gagnent en confort, en ne tarissant pas d’éloge sur cette invention qui leur permet dorénavant de travailler non plus dans les cris, mais dans des salles où les femmes sont immobiles et silencieuses.

Les féministes poursuivent leur lutte pour obtenir l’égalité en droit entre les sexes, pour déconstruire le genre, pour faire reconnaître dans tous les domaines de la société les femmes comme des adultes à part entière. Partout. Sauf dans les hôpitaux d’où sortent toujours des femmes meurtries au corps et à l’âme, après avoir été réduite à un ventre dont on a extrait un bébé, après avoir subi les méthodes d’accouchement humiliantes et violentes toujours en vigueur depuis au moins trois siècles et que la péridurale parvient difficilement à masquer.

Alors, en ce début du 21ème siècle, on peut se mettre à rêver. Et si les femmes n’étaient plus réduites à leur sexe ou à leur utérus, mais considérées comme des êtres humains doués de raison et de discernement, capables de poser des choix librement consenti ? Y compris pour leur accouchement ? Chaque femme reprendrait alors pleinement possession de son corps, non seulement au moment de la conception, mais durant toute sa grossesse jusqu’à la naissance de son enfant. La question qu’elle se poserait ne serait plus « dans quel hôpital je vais accoucher ? », mais « quel accouchement je veux ? ». Elle choisirait librement, en fonction de ses convictions et de sa personnalité, entre toutes les méthodes qui seraient mises à sa disposition : accouchement à domicile, en maison de naissance, en plateau technique accompagnée d’une sage-femme libérale, à la maternité ou dans tout autre lieu qui lui convient le mieux. Si elle choisissait d’accoucher à l’hôpital, que ce soit pour des raisons médicales, pour avoir accès à la péridurale ou parce que la médicalisation la rassure, elle y serait traitée avec le plus grand respect. Dans tous les cas, les sages-femmes, obstétriciens et professionnels de la santé se mettraient, en toute humilité, au service de la femme qui accouche, en faisant preuve d’une bienveillance inconditionnelle et d’un soutien indéfectible, en respectant ses désirs et ses volontés, en perturbant le moins possible le processus biologique de la naissance, en ne posant aucun acte qui ne soit pas indispensable, et en n’assurant qu’une observation discrète pour pouvoir réagir, toujours en accord et dialogue avec la femme, en cas de complication.

Replacer les femmes au cœur du processus demande de revoir complètement la façon dont la société considère la naissance. Permettre aux femmes de se réapproprier leur corps au moment où elle donnent la vie implique un renversement complet des rapports de force. Rendre les femmes maîtres de leur accouchement exige ni plus ni moins une révolution. Car depuis 400 ans les femmes accouchent comme les hommes leur disent de le faire.

***

Sources :

Marianne CARON-LEULLIEZ, Jocelyne GEORGE, « L’accouchement sans douleur, Histoire d’une  révolution oubliée », Les Editions de l’Atelier, p. 17.

Françoise COLIN, « Femmes et Fascismes, sous la direction de Rita Thalmann, éd.Tierce ; Bertenthal, When biology became destiny, Montly review Press ; L’Allemagne nazie et le génocide juif, éd. Gallimard », Les cahiers du GRIF, vol. 35, 1987, p. 121-123.

Marie-France MOREL, « Histoire de la douleur dans l’accouchement », Réalités en gynécologie obstétrique n° 67, janvier 2002, p. 31-34 et dans le n° 71, mai 2002, p. 42-46.

Marie-France MOREL, « Histoire de la naissance en France (XVIIe-XXe siècle) » , adsp n° 61 ∕ 62 décembre 2007 – mars 2008, p. 22-28.

Paul-André ROSENTAL, « Politique familiale et natalité en France : un siècle de mutations d’une question sociétale » , Santé, société et solidarité, Vol. 9, 2010, p. 17-25.

Anne SALLES, « Politiques familiales et fécondité en Allemagne aux XIXe et XXe siècles », Santé, société et solidarité, Vol. 9, 2010, p. 149-154.

Jürgen SCHLUMBOHM, « Comment l’obstétrique est devenue une science, La maternité de l’université de Göttingen, 1751-1830 », Actes de la recherche en sciences sociales 3/2002 (n°143), p. 18-30.

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38 Responses to Non, les femmes ne se sont pas battues pour accoucher à l’hôpital

  1. Eolia Disler says:

    Ohlala… J’ai fait des études d’Histoire, je connaissais certains faits décrits dans cet article. Mais de lire les causes et les conséquences sur l’accouchement des femmes en France (et en Europe), ça m’a fait froid dans le dos. Merci pour tous ces articles, documentés, qui permettent de mieux comprendre la situation de l’accouchement (et de la maternité en général) et de se poser des questions et ainsi chercher la réponse la plus adaptée à chaque femme.

  2. pétrolleuse says:

    J’ai aussi fait des études d’Histoire et il y a, dans ce texte, des raccourcis pour le moins… surprenants. Je m’appuie sur deux exemples:
    – “Au tournant du 20ème siècle, le taux de natalité est au plus bas. Les guerres, les famines et les épidémies menacent le renouvellement des populations et les pouvoirs publics se lancent tambours battants dans une politique nataliste de grande envergure.” Vous parlez ici de l’Europe, ou de la France uniquement? Parce que l’Europe a, au contraire, connu une véritable explosion démographique au cours du XIXème siècle (transition démographique). Et si le taux de natalité est en baisse au tournant du XXème siècle, ce n’est pas à cause des facteurs que vous citez (guerres, épidémies, famines, qui sont alors en très net recul, par rapport aux siècles précédents) mais bien à cause de changements de comportement chez les populations, qui commencent à essayer de contrôler leur fécondité . La France a connu une évolution démographique un peu particulière, principalement à cause de l’influence des thèses malthusianistes qui ont entraîné une baisse plus précoce du taux de natalité.
    – “Au même moment, les autres femmes se voient contraintes à des avortements obligatoires, des stérilisations forcées, jusqu’à ce qu’elles soient finalement exterminées.” Un peu rapide encore une fois. Vous faites ici clairement allusion à la situation des femmes juives en Allemagne mais, à la lecture, on a le sentiment que vous l’extrapolez à l’Europe tout entière, ce qui n’est pas très rigoureux.

    Votre Histoire de la maternité à travers les âges en Europe est très clairement orientée et uniquement vue à travers le prisme du féminisme, ce qui n’est pas forcément toujours pertinent. Et j’en reviens finalement au titre de votre article “Non, les femmes ne se sont pas battues pour accoucher à l’hôpital”. Cela signifie-t-il pour autant que les femmes ne devraient pas accoucher à l’hôpital, qui, à vos yeux, est synonyme d’oppression patriarcale? J’ose un parallèle pour bien me faire comprendre: des femmes se sont, au contraire, battues pour le droit à la contraception et, tout particulièrement la pilule. Cela signifie-t-il qu’aujourd’hui, nous devrions toutes opter pour la pilule? Non, bien sûr. Arrêtez de diaboliser l’hôpital, car cela est contre-productif et vous ne faites que renforcer l’accusation de sectarisme qui pèse sur celles qui défendent l’AAD ou les MDN. Le féminisme, c’est pas l’hôpital, c’est pas l’AAD, c’est pas les MDN, c’est la LIBERTE DE CHOIX.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Je viens d’ajouter les différentes sources.

      Concernant la baisse de fécondité fin 19ème, début 20ème, certaines sources pointent les différentes guerres (dont celles de 1870 et 1914), d’autres sources confirment qu’il y a bien eu des famines au 19ème siècle liées à l’essor de la révolution industrielle qui a vidé les campagnes (d’où des vagues de rachitisme et d’anémie). Et parmi les épidémies du 19ème siècle, il y a notamment eu le choléra. Ceci dit, ce n’est pas en contradiction avec la volonté de contrôle des naissances. Le but de mon propos est d’insister sur la politique nataliste mise en place à ce moment-là.

      Oui, les femmes juives sont soumises à des stérilisations forcées (principalement en Allemagne dans les années 30), puis sont exterminées (à l’échelle de l’Europe). J’ai hésité à mettre cette phrase. Mais si j’avais tû ces exterminations sous la période nazie en parlant que de la fête des mères, on me l’aurait aussi reproché… 😉

      Bien sûr que mon billet est totalement orienté sous le prisme du féminisme. Je le dis dès l’introduction. Je démontre que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ni les féministes ni les femmes ne se sont pas battues pour accoucher dans les hôpitaux.

      Concernant tes accusations de diabolisation de l’hôpital, je te renvoie à mon avant-dernier paragraphe que je recopie ici:
      ” Chaque femme reprendrait alors pleinement possession de son corps, non seulement au moment de la conception, mais durant toute sa grossesse jusqu’à la naissance de son enfant. La question qu’elle se poserait ne serait plus « dans quel hôpital je vais accoucher ? », mais « quel accouchement je veux ? ». Elle choisirait librement, en fonction de ses convictions et de sa personnalité, entre toutes les méthodes qui seraient mises à sa disposition : accouchement à domicile, en maison de naissance, en plateau technique accompagnée d’une sage-femme libérale, à la maternité ou dans tout autre lieu qui lui convient le mieux. Si elle choisissait d’accoucher à l’hôpital, que ce soit pour des raisons médicales, pour avoir accès à la péridurale ou parce que la médicalisation la rassure, elle y serait traitée avec le plus grand respect. Dans tous les cas, les sages-femmes, obstétriciens et professionnels de la santé de se mettraient, en toute humilité, au service de la femme qui accouche, en faisant preuve d’une bienveillance inconditionnelle et d’un soutien indéfectible, en respectant ses désirs et ses volontés, en perturbant le moins possible le processus de la naissance, en ne posant aucun acte qui ne serait pas indispensable, et en n’assurant qu’une observation discrète pour pouvoir réagir, toujours en accord et dialogue avec la femme, en cas de complication.”

    • Je me demande qui oriente le plus son commentaire !
      Il est bien évident qu’entre 1870 et 1920 l’Europe dans son entièreté a vu sa population “fondre” de près de 30 % entre les guerres (1870-71 et la 1ère guerre mondiale : environ 30 millions de morts cumulés directes et indirectes en Europe pour ces deux guerres), les épidémies (grippe espagnole, variole, pour ne citer que ces deux épidémies, ont fait plus de 30 millions de morts, toujours en Europe), et les famines (révolte de la pomme de terre en irlande par exemple : 5 millions de morts minimum), les révolutions (russe par exemple, près de 10 millions de mort jusqu’au années 20, entre la transition politique et la famine).
      Faites donc le calcul par rapport à la population à l’époque ! On en est juste pour ces quelques exemples à plus de 75 millions de mort en 50 ans !!!!
      Je ne sais donc pas où vous allez chercher vos exemples, mais ceux-ci ne me semblent pas très fiables, et pour le coup très orientés !
      A orientée, orientée et demie semblerait-il !
      Coeurdialement

    • Philippe Marga says:

      Merci pour ce recadrage bien venu, me semble t il.

  3. Super intéressant, merci pour cet article !
    Je n’imaginais pas tout ça…

  4. Lisa says:

    Comme toujours, super intéressant !

  5. Maryline says:

    Très bel article !! Merci !! Je diffuse ! Cet assertion comme quoi “les femmes se sont battues pour accoucher à l’hôpital” me gonflait depuis un moment… Et je ne voyais pas, de toute façon, pourquoi sous prétexte qu’elles s’étaient battues pour cela je serais dans l’obligation de le subir…
    Libérons nos ventres!! 🙂
    Bonne soirée !!

  6. Anne says:

    Marie-Hélène,
    Je te suis à fond sur la dénonciation de la violence ordinaire en milieu hospitalier de nos jours, je te suis à fond sur la question du respect et la plupart de ce que tu as dit/analysé dans tes premiers papiers. Mais j’ai, depuis quelques temps, des réticences, au niveau de l’argumentation. Je trouve que tu es un peu trop rapide parfois dans tes raisonnements, ce qui, à terme, peut desservir tes propos, qu’encore une fois je trouve très stimulants et justes.
    D’abord sur l’argument du “naturel”, la personne tout entière est un construit social, tu ne peux tirer d’un fait physiologique une généralisation à tout l’être humain, ça c’est du positivisme pur et dur, et point n’est besoin de nous étendre sur les ravages encore vivaces du positivisme.
    Si on remplace tes termes par d’autres et qu’on ne garde que la matrice du raisonnement, ça donne : chier est un acte physiologique naturel et constipée ou non, je sais exactement ce qui est bon pour moi. C’est évidemment faux. Donc ne nous égarons pas dans des raisonnements fondés sur le “naturel”, tes propos n’ont pas besoin de ce type d’argument.
    Pour ce qui est de l’histoire, je suis d’accord avec l’intervention précédente : des raccourcis et du coup un grossissement qui, à mon sens, est contre-productif.
    Jeter un pavé dans la mare oui, systématiquement le bébé avec l’eau du bain non.
    Des tas de médecins aux XVIII, XIXe et XXe siècles n’étaient pas les instruments passifs d’une politique d’Etat engagée dans un “natalisme” hyper-cynique dont les femmes auraient été les victimes collatérales.
    Le ventre des femmes a toujours été contrôlé, bien sûr et de mainte façon mais tes descriptions trop généralisantes de la “chaleur” et “tranquillité” du foyer avant l’irruption de l’hôpital dans le processus de l’accouchement sont naïves et/ou un peu flippantes.
    “Le soutien de la communauté de femmes investissant leur domicile” : quel est cet âge d’or ? A mon sens, tu idéalises : les femmes aussi contrôlaient les femmes (qui, si on est une féministe à mon sens, peuvent être des connards comme les autres, là aussi est l’égalité). Là tu essentialises à mon sens les femmes.
    “Beaucoup d’entre elles ont du mal à abandonner le confort et l’intimité de leur foyer” : quel confort, quelle intimité? A mon sens, tu projettes !
    Bon, sinon, très contente de te lire et à bientôt !

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Anne,

      Mon propos dans ce billet n’est pas de parler de la nature ni de la physiologie de l’accouchement. Mon propos est uniquement de démontrer que les femmes ne se sont pas battues pour accoucher d’une façon ou d’une autre (en l’occurrence à l’hôpital parce que c’est généralement ce qu’on dit au café du commerce). J’ai voulu démontrer que l’accouchement tel qu’il est pratiqué aujourd’hui dans les hôpitaux est le fruit de 400 ans d’Histoire qui mêle politique et médecine, les deux étant jusqu’à très récemment exclusivement aux mains des hommes.

      Un tas de médecins des XVIII, XIX et XXème siècle n’étaient pas les instruments passifs d’une politique. Justement non, ils étaient précisément les instruments actifs de cette politique. En résumant 400 ans de l’Histoire de l’obstétrique et l’Histoire de la politique nataliste en quelques paragraphes, il faut faire des choix et ne pas entrer dans tous les détails de chaque obstétricien dont certains individuellement ont tenter de faire un maximum de bonnes choses. Mais il est clair qu’il y avait une accointance entre les obstétriciens (qui appartenaient aux classes aisées, contrairement aux sages-femmes) et les décideurs politiques (qui appartenaient à la même classe) pour déposséder les sages-femmes de savoir-faire et les éloigner des pratiques autour de l’accouchement. Cette accointance entre obstétriciens et politique perdure encore aujourd’hui dans la définition de la politique autour de la naissance. Pourquoi les maisons de naissance gérées exclusivement par les sages-femmes sont-elles toujours interdites en France ? Pour cette raison.

      Quant au passage de mon billet concernant l’accouchement à domicile, dans une des sources, il est expliqué à quel point les femmes se trouvaient seules dans les hôpitaux fin 19ème/début 20ème siècle. Personne ne pouvait les accompagner pour des raisons d’hygiène, et elles se trouvaient à la merci des infirmières et praticiens. Alors effectivement il ne faut pas enjoliver la situation des accouchements à domicile au 19ème siècle, mais cette même source expliquait qu’à ce moment-là, un point positif était que la femme qui accouchait était au centre de l’attention et mobilisait une communauté autour d’elle. Ça se passait dans leur maison, et si c’était des bourgeoises, dans l’intimité de leur chambre, et pas dans une salle commune avec 15 autres femmes inconnues qui hurlent.

      Voilà pour les précisions 🙂

      • Alexandrine Agostini says:

        …et pour répondre à “« Beaucoup d’entre elles ont du mal à abandonner le confort et l’intimité de leur foyer » : quel confort, quelle intimité? A mon sens, tu projettes !” Après un premier accouchement naturel quoiqu’en milieu hospitalier je me suis mise à faire des recherches sur l’accouchement à la maison, histoire d’être bien documentée, aussi par les mères elles-mêmes et pouvoir choisir d’accoucher ou pas chez moi la seconde fois. Tous, je dis bien tous les témoignages, approximativement une cinquantaine, sur internet ou de vive voix, m’ont, oui absolument convaincue, entre autre du confort et de l’intimité de mon foyer! (mais est-ce un pléonasme?!) et encore une fois, oui, ma féministe fulmine de si peu pouvoir CHOISIR. le lieu, la manière et la compagnie! merci encore pour votre article et vos réponses. au plaisir

  7. Aurore says:

    Bel article – je suis d’avis de ceux qui mettent en avant certains raccourcis historiques (même si je comprends bien que vous avez choisi une orientation particulière pour votre article… c’est à regret que je l’ai lu comme un article fermé et à sens unique.)

    Personnellement, j’ai eu 2 accouchements en clinique où la mère est au centre du système … Le premier a été une horreur car trop douloureux, bébé coincé dans le bassin et les suites logiques. Le deuxième : un bonheur sans nom. La technique de la péridurale s’étant améliorée et mon dossier (4 ans après) étant toujours en archive, avec une bonne écoute des professionnels (des hommes pour la plupart comme quoi … on peut être homme et humain : vous voyez un raccourci qu’on pourrait faire de votre article : à vous lire … l’état, l’homme instrumentalise uniquement la femme – je sais que ce n est pas ce que vous vouliez écrire mais je l’ai compris par les commentaires…)
    Bref, mon deuxieme bébé m’a réconciliée avec la maternité (et non je n’en veux pas d autres)

    Ici, nos cliniques travaillent avec une association pour les mamans, dirigée par une spécialiste de l’allaitement et de l’accompagnement de la femme : gynécologues, anesthésiste, médecins généralistes, sages femmes, ostéopathe, kiné, psychologue, conseillère familiale et j’en passe sûrement sous silence, travaillent de concert autour du patient / de la mère. Chacun étant au courtant des suivis et des questionnements de la maman… C’est un mode de fonctionnement idéal pour moi. Je tenais à en parler. Car, loin d être contre l’AAD … je me sens bien loin de ces femmes qui le prônent avec autant de ferveur que vous. Je me sens dépassée … et désappointée par temps de violence… Alors qu’à la base, je pense que le problème ne se situe même pas pour les femmes, pour l’accouchement ou l’allaitement… il se situe au niveau de l’humain, de l’individu et de la place qu’on lui donne dans notre société. Nos rapports à l’humain, notre besoin d’être ensemble tout en revendiquant une individualité croissante. Le poids du financier et de la rentabilité etc… Nous sommes les victimes d’une société que nous ou nos ancêtres ont construits. Ce n’est que mon opinion bien entendu, ma manière de le vivre.

    Je pense simplement, que nous devrions redonner de la valeur à l’humain. Si nous voulons sincèrement que la société laisse une place à notre partie humaine (sentiment, sensibilité, convictions), il faudrait déjà lui redonner de la valeur. Et dans ce cas : les femmes enceintes, allaitantes tout comme les malades du cancer, du sida ou autres pathologies lourdes ainsi que les handicapés … pourraient aussi avoir droit au respect de leur sensibilité, bénéficier d’une écoute … être au cœur du système. C’est tout un monde à faire évoluer…

    Mais merci pour cet article ! Vraiment. Vous avez l’art de diffuser vos idées.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Tu as entièrement raison. Quand on parle de déshumanisation dans les hôpitaux, ça a l’air un peu bateau-gnangnan, mais cette déshumanisation induit des violences extrêmes du fait qu’on ne reconnait plus l’humanité intrinsèque de la personne.

  8. Anne says:

    Marie-Hélène,

    Je comprends tes propos, je les comprends bien même (discuter ce que tu avances ne s’origine pas forcément dans une mécompréhension de ce que tu dis).
    Je dis juste : certaines argumentations trop “approximatives” les desservent, ce qui est bien dommage.
    Mon message est : je suis 100% d’accord avec toi mais fais attention à tes arguments : il faut être irréprochable quand on convoque (et de plus publiquement) certains faits ou raisonnements.
    Donc l’argument de la nature ne tient pas la route (on ne va pas refaire l’histoire des idées depuis au moins le XVIIIe siècle ici…).
    Au niveau historique, attention aux raccourcis.
    Et, encore une fois, pointer la nécessité de certaines nuances pour servir ton propos n’est pas une conséquence de l’incompréhension de celui-ci mais au contraire une aide qui va dans ton sens…
    Anne

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      J’entends bien, Anne, mais je ne comprends toujours pas où tu vois que j’invoque la nature dans ce billet. Je ne parle que d’Histoire politique.

  9. Anne says:

    Ce n’était pas dans ce billet mais dans les premiers – et je parlais d’argumentation en général !

  10. Madalaine says:

    Merci pour cet éclairant article ! Un article qu’on a “plaisir” (façon de parler , car cela démontre tout le mal fait et tout ce qu’il reste à défaire) , à lire , envie de partager et de transmettre à ses enfants. Je partage de suite avec ma grande jeune fille , voilà qui me parait important, tout simplement.

  11. coco cinelle says:

    Bonjour,

    Toujour une lecture interessante, comme dans les autres coms, j’ai tiqué sur cette phrase: “Ceci ne concerne évidemment que les femmes appartenant à la bonne race. Au même moment, les autres femmes se voient contraintes à des avortements obligatoires, des stérilisations forcées, jusqu’à ce qu’elles soient finalement exterminées.”

    Je me demandais de quoi tu parlais au juste, j’avais meme pas fait le rapport aux femmes juives sous le régime nazi… c’est dire si j’étais perdue.(merci aux commentatrices).

    Ce qui m’interpelle, c’est que d’une part je suis d’accord avec tes idées et avec ce que tu partages, et d’autre part, je sais déjà que même si on montre ça à certaines femmes, elles n’en auront que faire. L’endoctrinement est tel au quotidien sur ce que nous devons faire de notre corps et de nos vies que le libre arbitre est une utopie totale, surtout quant à l’accouchement qui est tellement rabaissé et confiné à une epreuve tellement douloureuse à passer.

    Du coup, je me demande…lutter…oui, mais pour quoi au juste? Certaines femmes (pour ne pas dire une majorité) n’ont pas envie d’en savoir plus, pas envie de se prendre en main, pas envie de choisir. L’absence de choix, la main-mise sur leur ventre et leur façon d’accoucher…ça les rassure.

    Combien de femmes voudraient changer la façon dont on accouche aujourd’hui?
    Ou plutôt: combien de femmes voudraient changer leur façon de voir l’accouchement aujourd’hui?

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      C’est vrai que les stérilisations et avortements forcés sur les femmes juives dans l’Allemagne nazie sont des faits peu connus (en tout cas bien moins que les autres horreurs de ce régime). J’aurais peut-être dû mieux l’expliciter.

      En ce qui concerne les femmes qui se contentent de ce qu’elles ont et ne veulent pas changer, c’est le propre de tous les combats. C’est toujours une minorité agissante qui a obtenu les changements profitables à tous, dans tous les domaines. C’est une minorité de suffragettes qui a obtenu le droit de vote pour l’ensemble des femmes, y compris pour les nombreuses femmes qui étaient contre le droit de vote. C’est une minorité de féministes qui ont obtenu le droit à l’avortement et à la contraception, même si on trouve aujourd’hui encore des femmes qui sont contre le droit à l’avortement. C’est une minorité de la population qui a soutenu l’abolition de la peine de mort, même si aujourd’hui elle est admise par presque tout le monde.

      Je ne m’inquiète donc pas du nombre. L’essentiel est de diffuser les idées. C’est le but de mon blog. Chaque personne y puise ce qu’elle veut, que ce soit à titre strictement personnel ou dans un but militant plus large. Et si une minorité parvient à se mobiliser pour plus de respect des femmes pendant leur accouchement, le combat est en bonne voie pour être gagné. 🙂

  12. Fanny says:

    Ça fait un bout de temps que cet article est en ligne mais je ne le découvre qu’aujourd’hui et je n’ai qu’un mot : bravo!

  13. Marie-Line says:

    Un GRAND MERCI pour toutes ces précisions, je fais parti d’un groupe pour l’AAD, je transmet. Cela pourra faire son chemin et aider des femmes à imposer leur VÉRITABLE choix. Merci encore

  14. Defachelle says:

    Il n’y a pas eu que les femmes juives stérilisées pendant la guerre…les tziganes,les déficients mentaux eux aussi ont subit la barbarie nazi…

  15. Ju says:

    A mon sens, comme a priori au sens de Simone de Beauvoir, la “lutte” autour des “conditions d’accouchement” n’est pas tant une affaire de féminisme que de respect de la vie.
    Le féminisme prône l’égalité des genres, la nature prône le contraire (l’accouchement est bien la manière naturelle chez les humains de mettre un enfant au monde, c’est difficile de parler d’accouchement sans parler de nature dont il est une expression directe). Si elle avait voulu les hommes et les femmes égaux, les hommes mettraient eux aussi des bébés au monde… Or, la nature semble plutôt opter pour la complémentarité des genres. J’ai adoré le commentaire sur le respect de l’humain qui, je crois, soulève le vrai problème.
    Si l’accouchement est ce qu’il est actuellement en France, c’est avant tout par soucis économique. Il y a des médecins (anesth, gynéco…) dans les hôpitaux et cliniques, appuyés par les nombreux médecins présents à l’assemblée nationale (ainsi que par le ministre… Pardon; par Madame LA Ministre de la Santé) qui en retirent un confortable niveau de vie. Leurs maisons ne seraient pas les mêmes s’ils ne médicalisaient que les accouchements pour lesquels c’est indiqué (soit 2 ou 3/10 environ, et encore, de quel degré de médicalisation parle-t-on?). Et le marché de la naissance attire aussi l’industrie pharmaceutique qui ne va pas cracher sur les bénéfices potentiels qu’offrent 700 000 parturientes tous les ans. Médicaliser un accouchement, ça demande plein de médicaments, de matériel à usage unique et d’appareils très chers.
    L’endoctrinement de la population (hommes et femmes), le fait d’induire la peur dans les esprits avant de leur présenter LA solution pour vivre en toute sécurité (ainsi que l’adoption de lois restrictives adoptées en la matière pour garantir cette sécurité) fait largement ses preuves puisque 99% des accouchements aujourd’hui ont lieu en structure hospitalière en France.
    On ne dit pas en revanche que les français, malgré l’arsenal de dispositifs médicaux qu’ils s’acharnent à déployer ou du moins à maintenir opérationnels pour chaque accouchement sont parmi les plus mauvais élèves européens en la matière. Car oui, on engendre la pathologie et les complications là où elles n’existaient pas avant que les portes de la maternité ne soient franchies.
    Voilà comment je me retrouve en salle de naissance face à une étonnante quantité de “patientes consommatrices” aux accouchements compliqués (ah oui, au fait, je suis sage-femme, ou plutôt maïeuticien pour celles et ceux qui sont interpellés par le fait que ce titre puisse être porté par un homme) qui râlent parce que la péridurale n’arrive pas assez vite pendant que je m’acharne à faire en sorte et à attendre que toutes les conditions soient réunies pour qu’elles puissent en bénéficier sans effets néfastes sur leur travail, leur vie ou sur celle de leur enfant à naître. Rien d’autre ne compte pour elles: elles sont persuadées de ne pas pouvoir accoucher sans.
    Elles sont heureuses d’être monitorées, scopées, perfusées, examinées car elles savent qu’après tout ça, l’anesthésiste viendra poser “la péri”. Mieux encore, elles veulent que ce soit fait au plus vite. Pas le temps de bavarder entre 2 contractions, il faut que je m’active pour répondre sans délai à leur besoin de péridurale. S’il est encore trop tôt pour envisager cette méthode d’analgésie, il arrive qu’elles m’en veuillent, qu’elles me reprochent de ne pas faire avancer les choses tout en restant hermétiques à toutes les alternatives que je peux leur proposer en attendant. Certaines vont jusqu’à demander une césarienne (au moins elles n’auront plus à gérer quoi que ce soit quitte à se faire ouvrir en 2 par un bistouri). D’autres souhaiteraient une césarienne de convenance avant le début du travail justement pour se désinvestir de l’acte de donner la vie parce que ça leur semble trop dur, que cela marquera leur périnée…
    De temps en temps, j’ai une patiente (qui souvent devient une amie de quelques jours) qui vient non pas pour se faire accoucher mais pour accoucher elle même. Alors seulement je peux m’adonner à ma passion pour l’art maïeutique (que des personnes beaucoup plus érudites que moi et au fait de l’oeuvre de Socrate sauront définir plus justement) et l’exercer pleinement; ce qui ne signifie pas pour autant que je ne dois pas user de quelques artifices médicaux pour l’accompagner par moment.
    “Laisser les femmes imposer leur véritable choix”: j’ai déjà entendu ça quelque part et malheureusement ces propos entraînaient des dérives. Souvent celles qui le revendiquent font l’amalgame entre l’accouchement rêvé et la réalité du moment. A juste titre elles éprouvent de la méfiance à l’égard des professionnels qui les entourent, qui veulent leur voler leur accouchement. Elles ont tendance à refuser puis retarder des actes nécessaires. Elles ont raison d’être méfiantes car dans certains cas c’est parfaitement justifié mais elles ne se rendent pas compte que bien des fois la situation craint un max! Elles sont tellement focalisées sur ce qu’elles veulent vivre qu’elles en occultent ce qu’elles vivent réellement.
    La question se pose alors: “comment savoir si on peut avoir confiance? Qui ai-je face à moi? Travaille-t-il pour le bien de ma famille et de moi même ou veut-il seulement aller dormir plus tôt?” Vu le modèle de prise en charge actuel, il est difficile de trouver la réponse autrement que par l’instinct car quand quelque chose dérape vraiment en terme d’accouchement, on ne pense pas, on parle peu et on agit. Pas le temps de faire autre chose sans risquer des pertes humaines ou du moins un état de santé très altéré.
    Le problème serait différent si sage-femme accoucheur et femme se rencontraient avant les dernières heures de la grossesse, histoire de faire connaissance d’établir une relation de confiance, de permettre à la femme d’exprimer sa personnalité, ses envies, angoisses, croyances, opinions, le degré de risque accepté… et à la (au) sage-femme de lui mijoter un accompagnement pour elle et elle seule (bref d’un point de vue de maïeuticien, créer une oeuvre d’art unique inspirée et conçue par et pour sa protégée).
    J’adorerai travailler ainsi mais les gens pour qui vous votez ne l’entendent pas de cette manière. Par contre ils (et elles) sont médecins, ils (et elles) sont entourés par de puissants lobbies (bayer, aventis, braun, arrow…). Ils préfèrent faire allégeance à ceux qui financent ou médiatisent leur campagne et l’électorat ne leur met pas la pression à ce niveau. Du coup, au lieu d’être la norme, les maisons de naissance, les sages-femmes libérales ayant accès à un plateau technique, les AAD, les suivis de grossesse par des sages-femmes ne sont que des expériences marginales et marginalisées (en France, je précise). Et que ceux qui positivent, qui affirment que ces alternatives sont en plein développement nous disent combien des 7 ou 800 000 naissances annuelles sont concernées par ces types d’accompagnement. Combien le seront dans 10 ans alors que toutes les maternités à taille humaine ferment les unes après les autres pour fusionner avec des centres qui totalisent 4000 accouchements par an ou plus et ce au nom de la “sécurité” et de la rentabilité. N’oublions pas que cela fait moins de plateaux techniques et aussi moins de maisons de naissances potentielles puisque ces dernières ce doivent d’être rattachées à une structure hospitalière (en France).
    Je ne sais pas si la faute vient de 400 ans d’histoire (que l’on interprète comme on veut), du capitalisme ou des 2, mais la solution se trouve sans doute dans la valeur que l’on veut bien donner à la vie, à son respect et à la définition que l’on veut bien donner de l’Humain. Un jour hommes et femmes réunis se lèveront peut être pour indiquer à leurs élus qu’ils sont plus que de la viande bonne à engraisser des porte-feuilles. Ils leur diront peut être qu’une Femme n’est pas née pour accoucher dans un enchevêtrement de fils électriques et de tubulures, qu’un enfant ne naît pas dans une salle blanche à l’éclairage éblouissant et à la clim réglée sur 20°. Lorsqu’une minorité pensante arrivera à éveiller les consciences de la majorité, ce jour pourra arriver. Merci Marie-Hélène de travailler dans ce sens.
    En attendant ce jour, je vais continuer à bricoler pour adoucir les angles, rendre les choses “moins pires”, répondre au mieux aux attentes de mes patientes malgré les contraintes médico-légales qui nous sont opposées… Et si ce jour prend trop de temps à venir, alors, à bout de souffle, je parcourrai le monde à la recherche d’une société ou d’une petite communauté au sein de laquelle je pourrai exercer l’esprit libre, en phase avec mes convictions, dans le respect de la vie et de celles qui mettent au monde notre avenir.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Merci Ju pour ton long témoignage.
      En effet, il y a des intérêts financiers derrière cette domination médicale. Mais ils n’expliquent pas tout. Au niveau politique et au niveau du budget de la sécurité sociale, il y aurait un grand intérêt à ce que l’accouchement soit démédicalisé (un AAD coûte en moyenne 600 euros, alors qu’un accouchement à l’hopital monte facilement à 300 euros). Pourquoi les hommes et femmes politiques n’agissent pas dans ce domaine pour protéger les femmes contre les médecins ? Parce qu’ils adhèrent eux aussi aux fondements sexistes de l’obstétrique, à savoir que les femmes sont incompétentes pour accoucher et qu’il faut les mettre sous contrôle du corps médical.

      Cette mise sous tutelle des parturientes date du 18ème siècle, à une époque où le pouvoir politique s’inquiétait de la baisse de natalité. C’est donc beaucoup plus ancien que les lobbies pharmaceutiques actuels.

      En tout cas, merci de résister en tant que sage-femme. Tu montres par ton engagement qu’un autre monde est possible.

      • Vervaine says:

        plutôt 3000 € pour un accouchent en hôpital je dirais… 😉

        • Marie-Hélène Lahaye says:

          En effet, il manquait un zéro. Merci d’avoir relevé la coquille 🙂

          • joelle says:

            L’acte “accouchement” remboursé par la caisse d’assurance maternité est exactement le même quelque soit le lieu. Par contre la “location” d’un plateau technique, la mise à disposition du “personnel soignant” (Aide-puericutrice, infirmière, sage femme, obstétricien, anesthésiste, pédiatre, etc…) et non soignant (technicien de surface, informaticien, gestionnaire, comptable, etc…) ajouté aux frais d’hôtellerie” font grimper la note quand la naissance se passe en structure

      • Nina says:

        Article hyper intéressant, et brillant commentaire!
        Je fais des recherches pour l’écriture d’un billet et je me suis intéressée à ce qu’il se passe en france. N’y vivant plus, je ne m’étais jamais trop renseignée au niveau législatif sur les AAD. Je découvre par la même occasion ce blog, mine d’informations qui ne font qu’accroitre ma révolte et mon engagement.

        Voyageant en amérique latine depuis 3 ans, j’ai pu rencontrer des dizaines de femmes et de couples ayant donné naissance à domicile. Une de mes tantes est sage femme au brésil dans une maternité pratiquant des accouchements humanistes et qui possède également une équipe de sages femmes à domicile. Au Brésil la césarienne est pratiquée dans +80 % des accouchements en milieu hospitalier privé et dans 40% des accouchements dans le public. La plupart de convenance et programmées, inutiles. Cette maternité fait donc figure de modèle!
        En ce moment je suis au mexique où beaucoup de doulas pratiquent. Parmi la communauté voyageuse, énormément de femmes accouchent naturellement, à la maison. Le.a conjoint.e est présent.e, reçoit son enfant, l’acte est autre. Parfois accompagnée.e.s de sages femmes, ou de doulas, j’ai également rencontré beaucoup de femmes qui accouchent sans une professionnelle à leur côté, simplement entourées de leur conjoint et famille. A leur écoute.

        “Replacer les femmes au cœur du processus demande de revoir complètement la façon dont la société considère la naissance. Permettre aux femmes de se réapproprier leur corps au moment où elle donnent la vie implique un renversement complet des rapports de force. Rendre les femmes maîtres de leur accouchement exige ni plus ni moins une révolution. Car depuis 400 ans les femmes accouchent comme les hommes leur disent de le faire.”

        Ce dernier paragraphe est d’une justesse. L’accouchement EST un enjeu que les féministes doivent embrasser!

  16. Icare, à toutes les sauces. says:

    Point de vue intéressent, j’ai apprécié lire l’article mais les références historique ou plutôt leurs interprétations me laisse perplexe.

    Il me semble qu’en France, la Transition Démographique a commencée entre la fin du 18ème-milieu 19ème, peu après la première Révolution Française.
    Le contrôle des naissances, par le Clergé est passé à l’Etat Civile et a favoriser la mutation d’un modèle familiale.
    La référence aux traitement des femmes juives n’est pas appropriée et prête à l’amalgame. La politique eugéniste Allemande qui a conduit à un holocauste n’est en rien l’expression d’une politique patriarcale européenne, allemande ou française.

    Quel est le sujet de l’article, une idée reçue , l’hôpital, les politiques de santé publique……….. L’homme ?

    Un accouchement à domicile comme alternative à l’hôpital est pourtant un véritable sujet connu des personnels de santé et des patients. Une solution et des contraintes, qu’il faut réfléchir pour éviter tous risques.

    Comment le rendre accessible ? Et comment minimiser les risques.

    Il est dommage de réduire le sujet à une lutte des genres

  17. Fargier philippe says:

    J’ai 75ans obstétricien depuis presque 50 ans j’ai assisté à l’evolution fulgurante des techniques obstétricales synto, monitorings ,péridurales ,échographies, pHmétrie cela m’a dans un premier temps enthousiasmé d’autant que ma vocation a été déclenché par mon père , généraliste, qui appelé en urgence après un accouchement à domicile , pour une hémorragie de la délivrance est revenu de sa visite catastrophé car la patiente était décédée Pour moi cela était inconcevable qu’après un accouchement normal un femme pouvait mourir . J’ai donc vécu dans un premier temps dans l’euphorie de l’accouchement dirigé, controlé, ect .L’apparition de la péridurale a été pour moi une première raison de questionnement : bien que tout à fait d’accord avec la possibilité d’une péridurale pour tous j’ai été frappé par le fait que beaucoup de femmes ne venait plus accoucher mais venait pour qu’on les accouchent l’accouchement n’étant plus spontané mais dirigé avec une utilisation presque systématique du syntocinon .70% des femmes qui accouchent en France reçoivent des ocytociques/Seules devraient en bénéficier 20% qui ont des dystocies dynamiques .On ne peut nier l’utilité des péridurales ni celui dans certains cas du syntocinon , ni celui du monitoring comme on ne peut nier l’intérêt du portable ou d’Internet mais c’est bien l’utilisation que l’on en fait qui est criticable .L’idée des maisons de naissance m’a paru une alternative intéressante mais prêt d’un lieu qui a permettrait d’assurer l ‘urgence Et c’est la où votre extrémiste me choque on ne peut nier les risques de l’accouchement tout court ni celui à domicile Les 2 publications que vous affichez ne pèse pas lourd avec des centaines de publications prouvant le contraire . Je reconnais que ces risques sont bien plus faibles dans l’accouchement à domicile que dans l’accouchement en milieu hospitalier mais il existe ce n’est pas de la peur qui me fait dire cela mais des faits .C’est votre extrémisme qui me fait peur , extrémisme que je ressent dans cette nouvelle génération d’accoucheurs ( milieu de plus en plus féminisé et c’est très bien) ou l’on nie le caractère naturel de l’accouchement (serions nous là s’il en était autrement ) et ou tout est protocolisé, avec des recommandations comme si l’on avait à prendre en charge des N° et non des êtres humains . Nous aimons tous notre métier(savez vous que quand j’ai réussi mon internat de LYON beaucoup de mes patrons m’ont dit “si tu es habile fait de la chirurgie , si tu est très intelligent fait de la médecine et si tu es con fait de l’obstétrique”) passionnément, au lieu de nous diviser sur des sujets ou tout le monde a des arguments valables trouvons la solution ensemble qui assure sécurité , intimité, épanouissement de ces mamans pour que leur accouchement reste un moment inoubliable

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Merci pour votre commentaire.

      Il faut que j’écrive un billet sur cette accusation d’extrémisme. C’est très intéressant parce qu’elle est apparue tout récemment.
      Jusqu’à présent, les gens qui critiquaient mes travaux m’attaquaient soit sur ma légitimité (qui suis-je à critiquer la “médecine qui sauve des vies” moi qui je suis qu’une femme ?), soit sur les dangers que je représenterais en donnant des informations aux femmes sur ce qui se passe vraiment dans les hôpitaux (la Connaissance est dangereuse, surtout pour les femmes).

      Depuis quelques semaines, apparait l’accusation d’extrémisme sur le mode “oui, d’accord, il y a plein de dérives dans les hôpitaux. Oui d’accord, il y a des femmes qui y subissent des violences extrêmes. Oui, d’accord, il faut plus respecter les femmes qui accouchent. MAIS il ne faut pas être extrémiste”. En d’autres mots, il ne faut pas changer fondamentalement la façon dont notre société gère les accouchements, mais faire quelques petites adaptations à la marge. En d’autres termes, ne pas condamner la violence des soignants, ne pas interroger l’absurdité des protocoles, ne pas questionner les conditions d’accouchement, mais ajouter une baignoire et un ballon dans les salles d’accouchement et enterrer la question par un simple “regardez, on respecte maintenant les femmes”.

      Je note l’évolution intéressante puisque nous sommes passés du déni à celui de la reconnaissance d’un problème.

    • Myriam says:

      Bonjour Monsieur Fargier,
      Je trouve votre commentaire très intéressant. J’ai posté un commentaire qui allait dans ce sens hier. Je trouve ça très pertinent d’entendre un médecin reconnaître l’absurdité des protocoles etc. Ça me fait un grand plaisir de le lire, je crois sincèrement que nous devrions faire équipe tous ensemble, mais je suis du même avis que Marie-Hélène ce doit être un changement réel, une refonte en profondeur de cet établissement selon moi et que ce soit le respect, la liberté d’actes et d’expression et l’élimination de la majorité des interventions medicales. Et un réaménagement complet en milieu de vie, loin d’être un lieu hospitalier comme si j’allais subir une opération ou traitée pour un cancer.

      Pour la radicalisation, je peux comprendre votre point de vu, mais ce qui est évident c’est que la façon dont on traite les femmes à l’hôpital renforce notre “extrémistes”. D’ailleurs je vous avoue sincèrement que dans la colère très forte j’ai été une période que j’ai même nié tout simplement votre utilité auprès de cas pathologique. Mais je pense sincèrement que l’auteure est une femme très raisonnable, qui nuance bien ses propos d’ailleurs parfois je trouvais qu’elle n’allait pas assez loin. Vous savez, en fait ce que l’on dénonce en gros c’est un changement de mentalité, car en gros beaucoup d’études, et en observant l’histoire entdémystifie l’accouchement, je réalise qu’il y a beaucoup de croyances et de mythes. J’ai étudié un peu en anthropologie, je dirais que c’est un rituel d’agressivité, un genre de rites d’initiation, qui tantôt surtout religieux s’est fait remplacer par le nouveau paradigme de la société : la science. Et en fait ce n’est pas de la science mais plutôt du protocole et du productiviste, mais bon on le vend comme de la science. Je rajoute aussi que c’est également un traumatisme social, qui nous est resté, oui c’est vrai des femmes mourraient en couches, mais quand on regarde de plus près les causes des décès, l’on realise que les maladies de l’époque la mauvaise aseptie etc agravaient les chiffres. Oui il y a des cas qui nécessitent des soins , c’est vrai, mais je crois que ce passé explique le catastrophisme et que l’accouchement est vu comme quelque chose de pathologique. Le résultat devient alors une surmédicalisation.

      Je pense qu’en deconstruisant cette conception on devient plus cohérent. Et bon faut dire que même si tout se passe bien, accoucher reste quand même une expérience intense, ça marque les esprits.

      Oui la sécurité des femmes doit être un priorité c’est dans l’intérêt collectif. Je dirais que les accouchements à domicile doivent être possibles et pas accueillis négativement. Vous savez pour moi, la sécurité, est tellement quelque chose qui va de soi lors de cet événement, mais il me semble que le respect de l’intégrité physique et psychologique et que la liberté de répondre à ses besoins durant cet instant vont de soi également. Je ne pensais jamais avoir à me battre pour toutes ces choses qui vont tellement de soi..? Je ne comprends pas que à cause de l’arrogance de la médecine, un dilemme risque de se poser dans mon esprit, entre certaine sécurité et être respecté. Vous savez j’ai tellement été mal traité que peu importe si j’ai accès à une sage-femme ou pas, je préfère prendre le risque…

      Sincèrement Myriam

  18. Vervaine says:

    Millions de mercis pour ce post que j’aurais rêvé d’écrire ! (si j’arrivais à trouver l’énergie et le temps pour les recherches biblio). Un point historique salutaire pour apporter de l’eau au moulin de certaines polémiques…

  19. Euh, pardon ? says:

    « Vous faites ici clairement allusion à la situation des femmes juives en Allemagne mais, à la lecture, on a le sentiment que vous l’extrapolez à l’Europe tout entière, ce qui n’est pas très rigoureux. »
    « La politique eugéniste Allemande qui a conduit à un holocauste n’est en rien l’expression d’une politique patriarcale européenne, allemande ou française. »

    Euh non, les stérilisations forcées des femmes ne se limitent certainement pas à l’Allemagne nazie.

  20. Dotchka says:

    Une fois de plus vous énoncez des faits d’une évidence telle que cela devrait sauter aux yeux de la plupart des femmes, professionnels et toute personne humaine.
    Oui, la maternité d’aujourd’hui est le fruit d’une construction sociale, qui s’appuie sur l’evolution medicale et technologique.
    Ce qui m’attriste encore aujourd’hui est le peu d’analyse et de réflexion des femmes toutes générations confondues qui justifient souvent les violences subies par un “c’est comme ça” voire un silence qui en dit long. Mais l’éducation, je devrais dire le formatage inconscient des femmes de notre societe leur impose la négation de leur ressentis, l’émotion c’est mal (femmes hystériques). Et surtout la dépossession de leur corps au profit du corpus social et medical.
    Quant aux médecins, ils sont eux-mêmes formatés et instrumentalisés dans cette pratique. Ce qui m’attriste, c’est que des cerveaux si bien faits, c’est pour ça qu’on les recrute, n’ai pas une once de recul, meme apres des décennies de pratiques. D’ailleurs si on regarde leur positionnement dans le corps social, il est plus proche du haut que du bas de la pyramide. Alors pourquoi remettre en question les valeurs d’une societe qui les adore, les place sur un pied d’estale. Moi, si j’étais Medecin, je refuserais cette pression infernale subit pendant les etudes qui annihile toute réflexion sur les pratiques enseignées, les soins donnés. Enfin, n’oublions pas le corporatisme influent qui détruit la carrière et évince toute brebis qui s’égarerait.

  21. Elen Capucine says:

    J’avoue ne pas avoir lu tous les commentaires. Il est donc possible que quelqu’un ait​ déjà relevé l’absence d’Angélique Marguerite Le Boursier du Coudray dans cet article. Cette sage femme du 18ème siècle a en effet parcouru la France pendant 23 ans afin de former des sage-femmes compétentes. Ceci à la demande du roi Louis XV afin de baisser la mortalité materno-infantile alors élevée. Juste pour rappeler qu’il n’y a pas eu que les médecins accoucheurs qui ont été mis à contribution.

    Ceci dit, je suis moi-même​ sage femme et bien que trouvant barbares les conditions d’accouchement dans la plupart des établissements que j’ai visités en Europe, et ayant écrit mon mémoire sur les politiques de santé relatives au lieu d’accouchement et leurs origines historiques, culturelles et législatives en France et au Royaume-Uni, je dois tout de même ajouter que j’ai connaissance de nombreuses femmes, notamment ma grand mère, qui ont vécu la transition entre accouchement à domicile et accouchement hospitalier comme une véritable amélioration. Bon, à l’époque elles restaient 10 jours en maternité et pour certaines c’était le seul moment où elles pouvaient se reposer de leurs rôles de mère-femme au foyer.

    Tout ça pour dire, tout est question de perspective et, tant que les femmes sont accueilles et traitée humainement là où elles accouchent, il est essentiel qu’elles aient le choix de leur lieu d’accouchement. Celui-ci restant, il est vrai, assez pauvre en France par les temps qui courent…

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