Les violences obstétricales et la parole confisquée

La bienséance veut que lorsqu’une femme parle de son accouchement, elle n’évoque que certains faits précis, selon un schéma standardisé, de préférence dans la neutralité du langage médical. Dans une réunion de famille, il est de bon ton de ne citer que le type d’accouchement vécu (la voie vaginale ou la césarienne), de ne parler que de la douleur de préférence par le prisme de la péridurale, et de se limiter à mentionner la durée du travail. Il est en revanche déplacé pour une femme d’énumérer les piqûres et injections subies dans sa chair, ou de détailler le nombre de doigts et d’objets qui ont été introduits sans son vagin. De l’accouchement, l’entourage ne s’enquiert poliment que des éléments factuels n’appelant aucun débat, et jette un voile pudique sur toutes les atteintes au corps endurées par la jeune mère, étant entendu que, quelles que soient les souffrances infligées, elle ne peut être qu’heureuse à la vue de son bébé en bonne santé.

Lorsque les plus téméraires d’entre elles invoquent frontalement les actes médicaux imposés et les différentes formes de déshumanisation, il est très probable que leurs interlocuteurs réagissent par la minimisation, la justification, voire de l’agressivité, afin de voler au secours des praticiens et rappeler à quel point elles sont ignorantes et inconscientes face aux dangers auxquels elles ont échappé. Dans notre société, l’accouchement est perçu comme une activité très dangereuse. Il est admis que les médecins reçoivent des pouvoirs étendus sur le corps des femmes et le blanc-seing le plus absolu pour les actes qu’ils posent. Évoquer ce qui se passe réellement derrière la porte close de la salle d’accouchement revient dès lors à transgresser un véritable tabou.

Comme pour toutes les violences faites aux femmes, de puissants mécanismes de réduction au silence œuvrent pour faire taire les victimes et maintenir en place un système de domination masculine. A l’instar du viol, la dénonciation des violences obstétricales conduit à un renversement des responsabilités, en transformant la victime en coupable et l’agresseur en victime.

La honte et la culpabilité sont les sentiments que bon nombre de femmes ressentent à l’idée d’évoquer les atteintes à leur corps et à leur sexe, ce qui constitue un premier obstacle pour briser le silence.

L’incompréhension et le déni de l’entourage en est un deuxième. De nombreuses personnes ne peuvent pas imaginer qu’un médecin, dont la mission est de sauver des vies, puisse devenir un agresseur et faire subir les pires outrages à une femme donnant naissance. Exactement comme il est difficile de concevoir qu’un viol soit commis par un collègue exemplaire, un ami dévoué, un père de famille attentionné ou un étudiant bien sous tous rapports, alors même qu’ils représentent l’écrasante majorité des violeurs.

S’en suit une réaction des proches en forme de justification voire d’accusation, cherchant à donner raison à l’obstétricien qui serait le seul apte à juger de la nécessité d’un traitement, et dont les actions ne viseraient qu’à pallier les défaillances de la parturiente. Si une femme subit les assauts du monde médical sur son corps, c’est à cause de ses propres tares et de ses déficiences. En d’autres mots, c’est de sa faute. De la même façon qu’une rescapée d’un viol se voit accuser de l’avoir cherché, d’avoir provoqué l’homme par une tenue ou un comportement inappropriés.

Enfin, les personnes à qui la femme confie les violences subies peuvent définitivement la réduire au silence en lui reprochant son ingratitude envers le praticien qui lui a sauvé la vie ou celle de son enfant. D’agresseur, il devient la victime d’une patiente indigne et non reconnaissante, qui a l’outrecuidance de refuser de le remercier. Dans le cas du viol, des propos similaires visent à transformer le violeur en victime d’une affabulatrice, ou, de façon plus cruelle encore, à reprocher à la femme de ne pas avoir apprécié à sa juste valeur les honneurs sexuels qu’un homme lui a prodigué malgré son physique peu avantageux.

Si le viol est de plus en plus dénoncé, il n’en est pas encore de même pour les violences obstétricales, ce qui rend ces dernières encore plus difficilement audibles et donc dicibles. Pourtant, l’ampleur et la variété des atteintes aux droits humains dans les maternités ne pourront être prises en compte que si les mères se mettent à parler de leur accouchement, y compris en transgressant les règles de bienséance et de pudeur qui les emprisonnent dans le silence. Les témoignages sont dès lors capitaux.

Je reçois régulièrement des courriers de femmes me détaillant les douloureuses expériences qu’elles ont vécues en mettant leur enfant au monde. J’ai donc décidé d’en publier un avec l’autorisation de l’auteure. Voici celui d’Alice qui s’est vue imposer une césarienne contre sa volonté, puis qui s’est heurtée à l’incompréhension de son entourage. Elle a malgré tout persévéré en écrivant ce texte qu’elle a lu à sa famille et à ses amis.

« On a décidé pour moi. Au cas où l’accouchement se passerait mal. On allait me couper le ventre. Et l’utérus. La société a décidé pour moi. Alors au milieu de mon accouchement, alors que j’étais en train de donner vie à ma petite fille, on m’a droguée, on m’a rasée, on m’a piquée, on m’a coupée et en cinq minutes ma fille était née.

Quand je me suis réveillée complètement dans les vapes, on m’a présenté ma fille avec une mine réjouie. Tout le monde était d’accord pour utiliser mon corps comme ça. Les médecins qui ne savaient pas faire autre chose, les sages-femmes qui avaient perdu la main, mon mari apeuré par les médecins et persuadé qu’on allait mourir ma fille et moi, ma belle-mère pressée de voir la progéniture en bonne santé.

Il y avait 5% de chances que ça se passe mal a dit le docteur. On ne les prend pas. On préfère te couper le bide. C’est plus sûr, au cas où.

J’ai mal, j’ai mal au ventre. La cicatrice me tire. Mon ventre est ballonné au dessus de la cicatrice. La société m’a balafrée. La société m’a ouverte. La société m’a utilisée. Je n’ai plus de droits. Même pas celui de disposer de mon corps, même pas celui de respecter la nature humaine, ma nature, moi-même.

Mon mari m’a dit qu’il n’aurait pas aimé si j’avais repoussé les verdicts médicaux. Ma belle-mère non plus. Mais je ne dois pas me prendre pour une victime. Je devrais être contente, faire bonne mine, me réjouir.

Je me dis ce serait mieux de mourir. Mais je pense à mes enfants. Je me dis que je voudrais fuir, fuir avec eux, dans la nature, dans la forêt. Fuir, fuir, fuir loin de cette société qui me veut “du bien”…

Comment est-ce que je vais faire pour vivre maintenant qu’on m’a ouverte ? Maintenant qu’on m’a blessée ? Comment est-ce que je vais faire ? J’ai une marque comme un rappel, le rappel que mon corps n’est pas à moi. Comment je vais faire pour vivre tout en sachant que je ne m’appartiens pas ? Est-ce qu’on peut vivre sans sentir son ventre ? Je souffre. Personne ne comprend.

C’est du viol. C’est une mutilation “au cas où”. C’est un assaut. C’est du harcèlement. Personne ne comprend. Personne ne voit. C’est bien caché. “Ca ne se voit pas sous le maillot.” “Vous êtes en bonne santé.” C’est bien camouflé derrière une naissance. Comment est-ce que je vais faire pour vivre dans cette société ? Comment est-ce que je vais faire ?

Au secours ! Help ! Quelqu’un qui me comprenne ! Maman, maman. Elle me comprend, ma gentille maman… »

Entendre le témoignage accusateur d’une femme qui vient de mettre son enfant au monde n’est pas aisé tant il heurte l’image bienveillante du médecin et les représentations mentales de la dangerosité de l’accouchement. Il est souvent difficile pour l’interlocuteur, si compréhensif soit-il, de lui apporter une réponse qui ne soit pas une agression supplémentaire. La meilleure attitude consiste pourtant à recevoir ces paroles par une écoute empathique, puis à exprimer sa solidarité en affirmant avant toute autre considération : « oui, malheureusement, la violence obstétricale existe ».

 

Sources :
Muriel Salmona, « Violences sexuelles », Mémoire traumatique et victimologie, août 2010.

 

This entry was posted in Mon corps m'appartient and tagged , , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

47 Responses to Les violences obstétricales et la parole confisquée

  1. djeudjeu says:

    J’ai eu la grande chance d’avoir une naissance physiologique et respectée, mais mes entrailles se sont serrées à la lecture du témoignage d’Alice.
    On nous fait peur avec des phrases “pour une question de vie ou de mort” pour qu’on accepte que certaines choses nous soient faites – c’est du chantage, de la coercition, tout simplement
    Il faudrait qu’on ait toutes fait médecine pour se faire respecter?
    Pleins de courage pour les Alice qui se reconnaîtront directement à la lecture de ce texte

  2. Blandine says:

    Comme tjrs, quelle justesse et quelle véracité … malheureusement.

    je soutiens et écoute des mamans depuis plus de 12 ans.
    Combien m’ont dit “c’est la première fois qu’on ne me dit pas de relativiser / d’arrêter de m’écouter / de tourner la page / d’arrêter de ruminer / d’assumer mon rôle de mère / d’accepter que je suis mère …

    J’ai écouté des récits d’une violence hallucinante, avec des femmes qui ont vécu l’enfer, dans nos superbes maternités françaises.

    Il est très difficile de parler de cela … mais il FAUT en parler, encore et encore.

    Merci !

  3. Marion says:

    Ce billet résonne personnellement.
    J’ai eu la chance énorme d’avoir un accouchement relativement respecté, mais ma mère elle a subi les assauts de la violence obstétricale.
    Elle a une très grosse cicatrice verticale abdominale de l’ombilic au pubis, chéloïdienne, boursouflée, d’une bonne dizaine de centimètres. Avec le temps, les années et la prise de poids régulière due à l’âge les tissus plus profonds ont aussi formés des chéloïdes, ce qui lui a laissé 2 renflements bien distincts de chaque côté de cette longue balafre creuse, au milieu de son ventre.
    Peut être faudrait-il écrire ” plaie” au lieu de “cicatrice” tant l’aspect de sa cicatrice de césarienne est terrible.
    J’ai toujours connu ma mère comme ça, avec ce “ventre là”. Je ne voyais même pas toute petite qu’il s’agissait d’une cicatrice, c’était juste le ventre de ma mère.
    Et puis avec le temps et les années passant je l’ai entendu parfois se plaindre de ce “ventre là, avec ma cicatrice”, j’ai compris qu’elle était complexée terriblement par ce ventre, et cette cicatrice qui l’a déformé.
    Ma soeur et moi sommes nées dans les années 80, par césarienne. Bien sûr concernant ma mère ce n’était pas la technique actuelle, mais à partir de l’adolescence, sans pouvoir comprendre comment dans un hôpital public français un obstétricien entouré de personnel peut ainsi laisser comme cicatrice chirurgicale ce qui ressemble plus à une blessure de guerre, j’ai perçu ma mère comme un cobaye, sa personne, son ventre, son corps comme ayant été mutilé, par une volonté délibérée de la “marquer” et d’inscrire dans son corps haut et fort, et à jamais visible la marque d’une certaine domination et d’un certain pouvoir.

    Aujourd’hui les cicatrices de césarienne ne sont plus les même, les violence obstétricales comme dans le témoignage d’Alice, sont moins visibles, plus insidieuses.
    Oui “les violence obstétricales existent malheureusement”, depuis un moment, et heureusement, heureusement que ton blog est là et quel soulagement qu’on en parle et qu’on les nomme enfin

  4. Mushu1979 says:

    Combien de mes amies ont subi des violences obstétricales ?! Malheureusement, elles sont trop nombreuses… Et elles en gardent des séquelles… 🙁 Grâce à leurs témoignages, j’ai réfléchi longuement quant à mon accouchement et je me suis dirigée vers une maternité “amie des bébés”…

  5. Marie-Hélène Lahaye says:

    Merci à vous toutes pour vos commentaires, réflexions et témoignages.

  6. Lumalila says:

    Bonjour,
    il est vrai que le texte d’Alice est particulièrement beau, touchant et terrible. J’ai accouché de mon 1er enfant en maternité. Parce que je n’y avait pas vraiment réfléchit. Parce que “c’est comme ça”, non? le travail a duré une dizaine d’heures, plutôt bien géré jusqu’à ce qu’on décide de me percer la poche des eaux. Là bien sur, ça devient intenable, allongée sur le dos, toute emmêlée dans les fils de la perf de magnésium et du monitoring. Alors péridurale… puis un moment, rien ne va plus, on m’annonce une césarienne. Je m’effondre. On me rase, on me badigeonne le ventre… mais le médecin, dans un élan de générosité, va me laisser pousser pour voir si mon bébé descend. Je donne tout, je pousse comme une dingue et on lui ventouse le crâne pour le sortir. Le voila enfin, avec son cordon autour du cou. Puis tout poisseux dans mon cou, sous le regard ému de son papa. Je l’entend ensuite qui hurle dans la pièce d’à côté pendant qu’on me pose 3 points. Je suis vide, seule, j’ai froid et je suis fatiguée. Pas un mot n’est échangé. Et lui qui hurle à côté. On se retrouve enfin. On me le colle au sein en me pressant les tétons pour faire sortir du lait. Quand ensuite les copines me demanderont “L’accouchement s’est bien passé?” je répond que oui, sans trop y penser ni savoir pourquoi. Mais plus le temps passe, et plus je réalise ce que j’ai vécu, ce que l’on a vécu tous les 3 ce matin là. Pourtant dans les standards de l’accouchement, ça s’est bien passé! péridurale, sortie par voie basse, seulement 3 points, 3 jours de maternité. Pourquoi alors cela me laisse-t-il ce petit goût amer? A bien y réfléchir et au fil des mois, je me suis sentie infantilisée, dépossédée, inapte à mettre au monde seule, déboussolée par le balais des sages femmes, l’absence de communication et la main-mise sur mon corps, mon sexe, mon vagin, mon utérus. Mon bébé. Qui sont-ils pour me toucher ainsi? pour introduire en moi leurs mains gantées? pour éclairer ainsi la partie la plus intime et secrète de mon corps? et qui suis-je moi pour trouver cela normal? qu’est-ce qui provoque la banalisation de cette violence et comment peut-on imaginer un seul instant qu’elle soit justifiée?
    Avec le temps et après de longues discussions avec des amies et mon compagnon, je n’imaginai pas revivre une 2ème naissance comme celle-ci. A la seconde grossesse, j’ai été suivie par des sages femmes qui accouchent à domicile. J’ai été accompagnée, rassurée, entendue, respectée, convaincue que j’étais la plus à même d’exprimer ce qui se passait dans mon corps et de mettre au monde ce bébé. Sans même parler de l’immense bonheur d’avoir accouché dans mon salon, la manière dont j’ai pu vivre ma grossesse et mon accouchement rendent cette période de ma vie incroyablement forte, sereine, intense, heureuse.
    La manière dont les femmes réagissent lorsque l’on tente d’aborder de manière très intime notre accouchement est bien souvent terrible et déplacée. Il n’y a ni empathie ni soutient mais bien souvent des phrases assassines pour celle qui les entend “Bon heu, si t’as une césarienne, tu vas pas nous en faire des mois de déprime j’espère, parce qu’il faut pas exagérer non plus”. Je suis atterrée de constater à quel point les femmes sont manipulées, dépossédées, brutalisées sans même qu’elles se rendent compte des violences qu’elles subissent. Alors on parle, on débat, on écrit, on partage. J’espère que l’on sera de plus en plus nombreux à se rebeller contre ce fonctionnement qui détruit les femmes sans qu’on s’en rende compte, bien souvent même sans qu’elles s’aperçoivent en être victime.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Merci Lumalila pour ton beau témoignage.

      Ce que tu soulèves est en effet le noeud du problème: comment dénoncer la violence intrinsèque de pratiques qui correspondent à la norme ? Comment évoquer les souffrances infligées par des actes considérés comme normaux, voire bénéfiques pour les femmes ?

      On se retrouve avec la même chape de plomb et l’injonction au silence que les femmes excisées se voient imposer dans leur société considérant cette mutilation comme normale et souhaitable. Exactement comme il est difficile pour une femme d’évoquer la douleur des coups de son mari dans une société où la violence conjugale est acceptée.

  7. Ponsonnet Marie says:

    J’ai accouché de 3 filles en l’espace de 3 ans et demi. (il y a 43 ans)
    Les deux premiers accouchements ont été exécutés par des médecins homme, qui ont programmés à l’aide de piqûres en vue de ralentir pour l’un et d’accélérer pour l’autre. Le troisième avec une sage-femme qui a attendu sans intervention que ma fille arrive.
    Dans la nature, les animaux n’accouchent pas les pattes en l’air, les femmes des “pays sauvages” accouchent accroupies. La loi de la pesanteur fait que c’est sans violence.
    Les sages-femmes ont été écartées des dernières phases de l’accouchement au profit des médecins qui réalisent l’acte. Et les mères qu’avaient-elles à dire ? Il semble qu’il y ait plus de choix aujourd’hui et c’est tant mieux.
    Merci pour ces témoignages dans lesquels je me reconnais.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Je ne suis malheureusement pas sûre qu’il y ait plus de choix aujourd’hui. En France, les petites maternités ferment les unes après les autres (finie l’époque des années 70-80 où des parents et des sages-femmes créaient des lieux de naissance respectueux), les maisons de naissance n’existent toujours pas et l’accouchement à domicile devient de plus en plus difficile parce que les sages-femmes sont désormais dans l’illégalité à cause des assurances impayables.

      Échapper aux grosses maternités impersonnelles où les femmes ne sont qu’un objet dans une usine à la chaîne, devient de plus en plus un acte de résistance.

      • Zab says:

        Oh que oui, c’est un acte de résistance, et les sages-femmes de certaines maternités (grandes ou petites) sont maltraitantes aussi… Pour mes deux premiers accouchements j’ai été maltraitée essentiellement par des sages-femmes, pour le troisième j’ai eu la chance de tomber sur une sage-femme formidable avec qui nous avons pu vivre un accouchement dans la douceur.

  8. agba says:

    Merci pour cet article bouleversant. Il me renvoie à mon vécu: premier accouchement en 1984, dans un CHU en Suisse. Dinoprostone par oral pour terme soi-disant dépassé, trois heures après une infirmière revêche vient m’engueuler parce que j’appelle pour rien… eh non, cinq centimètres, donc jambes en l’air dans des étriers et ordre de tenir mes chevilles avec les mains… Deux heures après, ma fille réussit à naître dans cette position et on me dit: félicitations, vous avez bien collaboré (!). Second accouchement 18 mois plus tard, même hôpital, mais sur les conseils d’une amie je choisis une gynécologue cheffe de clinique, plutôt que le grand patron patriarcal. Je me dis, c’est une femme, elle comprendra mieux… Naissance plus ou moins provoquée par un test au Syntocinon (” c’est mieux de voir comment votre enfant supportera les contractions…”) et une étudiante sage-femme manifestement pas à sa place, posant des questions déplacées et enlevant avec un dégoût manifeste les alèses souillées. 1987, troisième enfant prévu le 12 juillet. Le 3 juillet, c’est la catastrophe. Lors du contrôle, à mon insu, la gynéco m’introduit ce qui était certainement un cpr de misoprostol et me demande de rester à l’hôpital ” voir si quelque chose se passe”. Je demande des explications, elle me permet de rentrer, mais je dois revenir même si de faibles douleurs apparaissent. Pas le temps de rejoindre la maison: sur l’autoroute, le ventre durcit, de plus en plus, la douleur apparaît. Trois quarts d’heure après, le souffle coupé, je suis de nouveau à l’hôpital et on me dit qu’on n’entend plus le coeur de mon enfant. Pas le temps de réaliser, agitation, précipitation, je suis percée de perfusions et de sondes partout. Tocolyse i/v, le coeur repart, le rapport le mentionne par la suite “en-dessous de 60 bpm” . On me laisse accoucher naturellement mais on n’appelle le père que juste avant la naissance. Il n’aura pas le temps d’arriver et m’en voudra de lui avoir fait “louper” la naissance alors qu’il avait “le droit” de voir naître son enfant. Ventilation au masque, Apgar bas, en néonatologie pour deux jours, orange foncé à cause de l’ictère, ma pauvre petite aura tout vécu. Problèmes de santé pour elle aujourd’hui, qui peuvent être dus à des suites de l’hypoxie au niveau des poumons, et pour moi 27 ans d’essais d’en parler, incompréhension de l’entourage – exactement tout ce que vous citez dans l’article. Seule lumière dans ce tunnel, une quatrième et parfaite petite fille née deux ans après, à la maison ( choix par défaut au départ, car je n’avais plus confiance en personne), accompagnée par une sage-femme respectueuse et discrète, merveilleux et mystique événement qui m’a permis de survivre…
    Merci pour ce blog et ces témoignages

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Merci pour ton témoignage à la fois très dur, mais tellement représentatif de la violence ordinaire infligée aux femmes qui mettent leur enfant au monde.

  9. Sen says:

    Bonjour, je voudrais répondre à Marion au sujet de la cicatrice de sa mère.

    Je ne sais pas où vous êtes né mais votre mère s’est faite charcuter ni plus, ni moins. Je suis née prématurément par césarienne* en 1980 et la cicatrice de ma mère ne ressemble pas du tout à ce que vous décrivez, elle correspond à celle des autres témoignages qui ne se voit pas. Celle de votre mère ressemble plus à ce que je connais de celle de ma grand-mère pratiquée entre 45 et 70 (je ne sais pas lequel de ses 5 accouchements a fini par une césarienne).

    *Opération pratiquée en urgence pour sauver la vie de ma mère et la mienne et non pas une de ces césariennes de confort pour accélérer un accouchement «trop long».

  10. Soizic says:

    Bonjour,

    je suis bouleversée par ces témoignages, les larmes aux yeux. J’ai moi-même accouché par césarienne il y a 3,5 ans. Rien que de l’écrire, je sens une boule dans mon ventre, ma gorge se serre, mes jambes flageolent, mon corps tremble.
    J’en ai peu parlé, parce qu’il “fallait passer à autre chose, ça va” on me disait. Et pourtant… Je suis restimulée dès que j’entends ou lis un témoignage de césarienne. Ça fait trois jours que, toute seule, dans ma voiture, chez moi, je m’adresse à haute voix au gynéco. Je lui crie ma colère, ma peur, son traitement inhumain. Je le revois entrer dans ma chambre quelques jours après, pour voir… “la cicatrice”. Il ne vient pas me voir moi, non, il vient voir “la cicatrice”. Il entre en short, avec ses lunettes de soleil sur la tête, comme s’il était en vacances. Il ne me regarde pas et regarde par la fenêtre pendant que la sage-femme me découvre. Il ne s’assoie pas à côté de moi pour me demander comment je vais. Si j’ai mal, comment je me sens. Ça ne l’intéresse pas, je n’existe pas. je suis de la chair. Pourquoi je ne lui ai pas dit qu’il n’était pas médecin? Pourquoi je ne lui ais pas dit qu’ouvrir et recoudre c’est le métier de boucher mais en aucun celui de médecin? Qu’il était peut-être un excellent boucher mais certainement pas un médecin. Parce qu’un médecin doit savoir faire des actes techniques certes, mais il doit aussi considérer la personne en face de lui. L’écouter, avoir de l’empathie, prendre soins d’elle.
    Je devais être heureuse, j’étais en bonne santé et mon bébé aussi. Mais qui s’est soucié de mon ressenti? Qui a bien voulu entendre que je me sentais incapable d’être mère parce qu’incapable d’avoir su mettre mon enfant au monde? Lorsque j’essayais d’en parler on me reprochais de me plaindre. on me disait qu’il fallait passer à autre chose maintenant. Qu’on était toutes les deux en bonne santé et c’était ça le plus important… Et oui pour les autres, ce que j’ai vécu n’avais pas d’importance. J’en faisais “tout un plat”… J’étais ingrate. Alors…je me suis tue.
    Aujourd’hui, je fais partie d’une association parentale d’entraide et d’information autour de la grossesse et la naissance au pays basque. Avec le bureau nous avons décidé d’organiser une conférence sur la violence obstétricale. Il nous semble nécessaire que les femmes puissent accoucher dans le respect et la bienveillance. Il nous semble essentiel de mettre fin au silence.
    Merci pour ce blog et ces témoignages qui viennent m’empêcher de continuer à me taire.

  11. Zab says:

    Je me demande dans quelle mesure le processus qui “protège” les violences obstétricales n’est pas le même que celui qui “protège” les violences conjugales. Il y a quelques chose d’inconcevable dans l’idée que quelqu’un qui par son rôle devrait être “de notre côté” (le conjoint, le médecin, la sage-femme) fasse preuve de violence envers celle dont il devrait prendre soin. D’où la difficulté à le dire, et à l’entendre.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Bien sûr, c’est la simple application du patriarcat qui permet aux hommes de dominer les femmes sur un principe très simple. On fait croire que les femmes risquent les pires dangers à tout moment, et doivent donc chercher la protection des hommes: leur père, leurs frères, leur mari, les médecins. En réalité, ce sont précisément ces hommes qui exercent la plus grande violence sur elles puisqu’ils doivent assurer leur domination. Et les femmes sont prises au piège parce qu’elles ont intégré qui si elles se passent de ces hommes, elles risquent encore plus gros.

  12. Marion says:

    Les témoignages sont bouleversants.
    Pour répondre à ta question Sen:
    ma mère a accouché dans une maternité publique d’un tout petit hôpital local, dans un département français rural, à 3h d’une grande ville, encore en activité aujourd’hui.
    J’avoue que je ne comprends pas comment elle a pu être ainsi “charcutée”. Un début d’explication peut être l’enclavement géographique et les conséquences de prise en charge qui en découlent.
    C’est une zone très rurale, dépeuplée et pour pallier au désert médical l’hôpital fait régulièrement appel à des médecins/des spécialistes non résidents qui restent en principe peu de temps et repartent lorsqu’ils ont trouvé quelque chose prés d’une grande ville ou d’un endroit plus attrayant. Je veux dire qu’il y a beaucoup de turn over et parfois devant le peu de candidats, l’hôpital n’est pas très regardant sur les compétences et expériences passées des médecins.
    Ma soeur a accouché dans la même maternité (déclenchement, péridurale qu’elle a dû quémander devant la douleur qu’elle ne pouvait gérer, pour, celle ci ne marchant pas, finir avec une rachianesthésie avec hypotension, épisiotomie etc) et quelques mois plus tard on apprend que l’anesthésiste qui l’a prise en charge s’est fait licencié par l’hôpital.
    En écrivant cela je ne peux pas m’empêcher de penser au cas terrible de la maternité d’Orthez .

    Marie-Hélène tu parles des fermetures des petites maternités, mais personellement je ne sais pas quoi en penser . C’est aussi un aspect réel qu’étant en manque de spécialistes elles emploient des praticiens qui soit ne restent pas, ce qui rend les suivis et projet de prises en charge difficiles, soit pour qui, c’est parfois “poste de dernière chance” avec des conséquences terribles.
    Si j’étais restée dans la région, je dois être honnête jamais je n’aurais voulu accouché dans cette petite structure.

    Il y autre chose qui me questionne, qu’est-ce qui fait que certaines perçoivent la violence faite aux femmes lors de nos accouchements et d’autres pas du tout, s’agit-il de sensibilités plus féministes que d’autres?
    Ma mère a été blessée, complexée toute sa vie mais elle n’a jamais vu ça comme quelque chose d’anormal pour lequel elle aurait eu de bonnes raisons de porter plainte ou du moins de demander des explications.
    Idem pour ma soeur. Et on quand on exprime/vit quelque chose d’un peu différent là dessus on est toujours “l’originale” contestataire.
    C’est dur de dire la violence, pourtant juste là.
    Vous allez me dire que ça découle du même processus du patriarcat?

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Concernant la fermeture des petites maternités, c’est une pratique typiquement française. Dans l’imaginaire jacobin français, l’idéal serait que toutes les femmes accouchent dans une immense maternité, située à Paris évidemment, où tous les obstétriciens pourraient s’enorgueillir de travailler dans le centre du monde. Alors forcément, pour un gynécologue qui a fait 10 d’études, aller travailler dans une petite maternité de province, c’est le purgatoire. Il fera tout pour retrouver son prestige dans une grande maternité.

      En revanche, si la médecine de proximité était valorisée, si les médecins considéraient leur profession comme profondément altruiste et au service de l’humanité, les petites maternités deviendraient un lieu où des équipes soudées, passionnées par leur profession, travailleraient dans le plaisir au service de tous . Cette course éperdue vers la centralisation comme réponse à tous les problèmes atteint ses limites. La sage-femme 10 Lunes vient d’ailleurs d’écrire un bon billet sur cette politique délibérée qui vise à fermer des petites maternités: http://10lunes.com/2015/01/quand-on-veut-noyer-son-chien/

      Quant à la prise de conscience des violences faites aux femmes au moment de l’accouchement, il y a plusieurs cas possibles:
      – la conscience d’avoir été maltraitée, mais une acceptation de ces violences perçues comme “nécessaires”. Le cas typiques des femmes qui expliquent que sans ces actes médicaux, elle et/ou son bébé seraient morts. C’est une façon de donner du sens aux violences pour pouvoir les accepter et continuer à vivre. Pourtant aucune violence ne sauve la vie de qui que ce soit. Mais il est évidemment difficile pour bon nombre d’entre elles d’entendre qu’elles ont été torturées pour rien.
      – la conscience diffuse d’avoir été maltraitée, mais l’acceptation de ces violences comme étant “normales”. Il y a des femmes qui ont un goût amer après l’accouchement, qui perçoivent bien qu’il y a bien eu quelque chose qui a cloché, mais à défaut d’information, elle développent une acceptation de cette violence sur le mode “il faut souffrir pour mettre son enfant au monde”, “il faut passer par là”. La vraie prise de conscience de ces violences se fait généralement lorsqu’elles apprennent les principes de la naissance respectée. Exactement comme des femmes excisées comprennent la violence qui leur a été infligée en rencontrant des femmes non excisées.

      Je ne pense pas que le fait d’être féministe permette une prise de conscience plus rapide des violences obstétricales. Il y a d’ailleurs beaucoup de féministes qui sont toujours dans la logique “l’obstétrique sauve les femmes d’une mort certaine, la médecine délivre les femmes du fardeau de leur corps”. Par contre, lorsqu’elles prennent conscience des violences obstétricales, les féministes peuvent plus facilement percevoir les fondement sexistes et patriarcaux de celles-ci.

    • Lenaïg says:

      Bonjour Marion,

      pour ma part je pense qu’il y a 2 raisons (principales) au fait que les femmes ne voient pas la torture :

      *premièrement elle refuse d’admettre la violence qu’elles ont subit pour ne pas avoir à l’affronter. C’est un mécanisme de défense normal. Qui plus est si elles s’en rendent compte elle auront du mal à trouver une oreille compatissante pour en parler, ce qui bloque un peu plus l’accès à la vérité ;

      *et deuxièmement cela vient de l’éducation. Alice Miller en parle très bien dans C’est pour ton bien. Les enfants sont (souvent) éduqués pour qu’ils écoutent la figure d’autorité (les parents). Ils ne peuvent pas les contredire même quand ils ont tort, ils n’ont aucun pouvoir sur eux alors qu’eux ont tout pouvoir sur les enfants, même celui de mort. Et les enfants n’ont surtout pas le droit de se rebeller contre ça. Le problème c’est que comme c’est intégré pendant l’enfance, il est quasiment impossible de s’en défaire une fois adulte. L’homme ou la femme reprend alors le schéma et obéit aveuglément à l’autorité (le personnel hospitalier ici) peut importe les violences subis et est incapable de s’en défendre (tout comme quand il était enfant il ne pouvait se défendre des coups de ses parents. Celui lui était également interdit).

      D’ailleurs je pense que tout parent/futur parent/ancien enfant devrait lire ce livre. Et une thérapie pendant la grossesse pourrait être bénéfique aussi. Ainsi que de se renseigner (parce qu’on ne fait pas tous médecine mais nous sommes aussi capable d’intégrer quelques notions). Cela pourrait limiter les violences (ou pas. Connaitre les dangers ne permet pas toujours de les éviter, mais au moins de s’y préparer).

      • Myriam says:

        Très intéressant ! Moi dans cet accouchement après coup j’ai effectivement eu l’impression que j’étais conditionnée à être obeissante et je me suis remise en question sur pleins de choses dans ma vie que je m’empêche de faire ou parfois que je fais à moitié, que je ne vais pas au bout de ce que je pense / veux. Ma conclusion fût qu’inconsciemment et consciemment je ne voulais pas inquiété ou déplaire à mes parents. Mes parents sont à leur façon contrôlant sans entrer dans les détails. Je suis partie à 18 ans et 1 mois de ma région isolée et de chez mes parents à 6h de route car j’etouffais. Mon accouchement me ramène à ce sentiment beaucoup.

        Je peux être dure avec moi-même mais si j’avais eu 30 ans au lieu de 22 au moment d’etre enceinte j’aurais été plus affirmée, moins la fille de mes parents, je crois.

        La phrase qui me vient en tête qui est le titre d’un livre par rapport à cette expérience c’est : Tremblez mais osez ! Chaque fois que j’ai appliqué cela à ma vie ça l’a fonctionné

  13. Bonjour Marie-Hélène
    Une amie vient de m’envoyer votre texte. Il me rejoint entièrement. Je comprends tellement les femmes qui sont victimes de violence obstétricale ! Il y a près de 30 ans de cela, j’ai écrit un livre sur l’accouchement vaginal après césarienne, non seulement pour que les femmes ayant précédemment eu une césarienne sachent que cette option, l’AVAC, existait, mais pour qu’elles ne soient pas traitées comme je l’avais été, y compris à la fin de mon AVAC, alors que mon bébé s’apprêtait à sortir et que l’ob-gyn me fit peur avec la possibilité qu’elle ait des lésions crâniennes si je poussais ‘trop longtemps’ (cela faisait 12 minutes que je poussais !). Et par la suite, j’ai commencé un doctorat sur la violence obstétricale, en 1997, pour le terminer par une thèse sur… l’humanisation de la naissance. À ce moment-là, il y a près de 20 ans, il était impensable de prononcer le mot ‘violence obstétricale’, y compris pour des féministes chercheures ou pour des hommes sensibles aux questions de genre. Mais je n’ai jamais arrêté d’être préoccupée par cette question. En 2002, je donnais d’ailleurs à Paris, dans le cadre d’une conférence organisée par Naissance et Citoyenneté (L’accouchement : quelle place pour les femmes ?), une présentation intitulée Les gestes obstétricaux violents (la transcription de cette présentation est dans le no 317 (juin 2003) de la revue pour sages-femmes Les Dossiers de l’Obstétrique) suite aux résultats préliminaires de mon étude doctorale. Et c’est au Brésil, en 2005, que j’ai aussi constaté une préoccupation du mouvement d’humanisation de la naissance, pour cette question. Il y a TELLEMENT de souffrance chez tant de femmes reliée à leur accouchement et à ce qu’elles y ont trop souvent subi. Mais, depuis 2010 en Amérique du Nord, la violence obstétricale a commencé à être dénoncée par USAID qui a produit un rapport sur la question, par l’Alliance du Ruban blanc pour une maternité sans risque, qui, avec la collaboration d’un comité international multidisciplinaire – dont je faisais partie – a élaboré et publié en 2012 la première charte internationale sur le manque de respect et la maltraitance durant l’accouchement : Respectful Maternity Care – the Universal Rights of Childbearing Women. Une version en français existe : Le respect dans les soins de maternité – les droits universels des femmes pendant la période périnatale, que l’on peut trouver sur le site de la White Ribbon Alliance for Safe Motherhood. Et en septembre dernier, c’est l’OMS qui prenait officiellement position, lors d’une réunion des Nations-Unies à New York, sur la prévention du manque de respect et de la maltraitance des femmes durant leur accouchement. J’ai traduit pour l’OMS cette prise de position. Et les recherches sur le sujet, qui ont commencé dans les années 2000, ont révélé – s’il y avait besoin que ce soit officiellement entériné par la recherche scientifique – l’existence de violence obstétricale un peu partout dans le monde, dans les établissements où les femmes donnent naissance. Et au Québec, j’ai participé à la première étude sur le sujet. Pour cette question extrêmement préoccupante, où les femmes ont beaucoup de difficulté à faire entendre leur voix, c’est heureusement encourageant. Nous en sommes au début d’une reconnaissance de cette forme de violence envers les femmes. Contrairement à il y a 20 ans, on ne peut plus la nier, puisque des organisations internationales respectées s’en préoccupent dorénavant et que d’autres études scientifiques viendront officiellement en ‘prouver’ l’existence. Pour terminer, permettez-moi de souligner que, dans mon livre sur l’AVAC, réédité pour la 3e fois en 2012, on trouve un chapitre entier sur l’impact émotionnel d’une césarienne (ou d’un accouchement vécu difficilement), dont une partie est consacrée à comment en ‘guérir’. Je l’ai personnellement vécu, cela peut être long et difficile, mais on peut y arriver, ce qui ne veut pas dire – loin de là – accepter la manière dont on a pu être traitées lorsqu’on accouchait. Au Québec, en 1980, eut lieu dans la plupart des régions du Québec un colloque qui attira 10 000 personnes, intitulé : Accoucher ou se faire accoucher. Malgré des changements positifs depuis, on en est encore là, dans trop d’établissements, ou avec encore trop d’intervenants, en 2015. Et je mentionne une dernière ressource : l’Initiative internationale pour la naissance MèrEnfant, que l’on peut trouver sur le site http://www.imbci.org dans 23 langues ! (axée sur le respect des femmes, le caractère physiologique et multidimensionnel d’accouchement, la non-séparation de la dyade mère-bébé, les pratiques fondées sur la recherche scientifique, etc.). Merci encore de votre texte ! En terminant, j’encourage chaque femme ayant vécu une souffrance lors de ses accouchements à éventuellement, si possible, transformer sa colère, sa rage, sa déception, sa tristesse, en militantisme dans les organisations comme le CIANE (qui avec l’AFAR, a fait un travail considérable pour dénoncer la violence obstétricale), Césarine, Avachance, etc., afin que que d’autres femmes ne subissent pas ce qu’elles ont subi. C’est parce que des femmes, des couples, et certains professionnels de la santé se sont regroupés que la question de la violence obstétricale a été mise au jour et dénoncée.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Bonjour Hélène (ça me fait évidemment plaisir quand des stars de la naissance respectée interviennent sur mon blog 😀 )

      Merci beaucoup pour toutes ces informations très pertinentes, et qui montrent à quel point la prise de conscience se fait à tout niveau.

  14. Juliette says:

    Je n’ai pas encore eu la joie de donner la vie, mais merci de prendre le temps d’informer les autres femmes des difficultés que nous sommes susceptibles de rencontrer.
    J’ai beau avoir 5 sœurs qui ont toutes eu des enfants, aucune encore ne m’avait parlé de ça.
    Merci de nous prévenir !

  15. Carine says:

    Bonjour,

    Je suis effarée par ces témoignages, et ce pour deux raisons:

    – La première est que ma sœur aînée à vécu un traumatisme important à la naissance de sa fille, née avec 6 jours de retard sur le terme. Un accouchement provoqué qui c’est terminé en césarienne d’urgence où elle a été endormie complètement, sans l’assurance que sa fille vivrait ou qu’elle même se réveillerait. Son mari et elle en ont gardé un souvenir atroce, et une déshumanisation de l’acte complet. Elle travaillait pourtant en tant qu’infirmière dans ce CHU! Mais ce qui m’a étonné, c’est qu’un mois avant la naissance de la petite, elle est venue me voir pour me poser de nombreuse questions sur la césarienne, ce qui pouvait se passer au cas ou. J’étais stupéfaite que personne, ni le médecin, ni la gynécologue, ni la sage-femme n’est pris le temps de lui en parler, ne fuse qu’un peu. Face à ses questions, ceux-ci s’exclamait qu’il n’y avait aucun risque, qu’elle n’allait pas les stresser par avance et que bon dieu, ils lui expliqueraient tout le jour même si par malheur cela devait arriver! Elle était donc resté sur l’idée qu’une césarienne serait nécessairement un malheur, un cauchemars pour elle et sa fille si cela devait se produire, et ce fut le cas le jour de la naissance.
    – L’autre raison, est en lien avec le fait qu’elle soit venue me voir moi pour ces renseignements. En effet, à l’age de 18 ans, j’ai découvert que suite à des malformations, je ne pourrais jamais faire d’accouchement par voie basse. Je ne vivrais les naissances de mes enfants que par césarienne programmée, avec un protocole médiale plus lourd pour éviter un risque d’hémorragie. Si sur le coup la nouvelle a été terrible pour moi, j’ai rapidement fait mon deuil (plus vite que ma maman qui avait mis au monde ses 4 enfants “naturellement” et était choquée que je ne puisse pas vivre “cet instant essentiel dans la vie d’une femme”). J’étais donc devenue la “référence” en matière d’accouchement ultra médicalisé. Et donc, bien qu’à l’époque je n’avais encore jamais été enceinte, ma sœur s’étais tournée vers moi pour ses questions. Et elle m’en a voulu que cela ne se soit pas passé exactement comme je lui avais dit (rachi-anesthésie, possibilité de la présence du papa etc.), et je m’en suis voulu aussi. Le hasard à voulu que je sois enceinte peu de temps après elle, et que mon fils se déclare avec 3 semaines d’avance, une semaine avant l’accouchement programmé. Malgré les risques, mon mari et moi avons eu un accouchement par césarienne de “rêve”, et je ne dis pas cela par bravade, je mesure la chance que nous avons eu : seule accouchée à ce moment là, l’équipe a été au petit soin pour nous, nous proposant même d’imprimer une photo de nous 3 que je pourrait emmener en salle de réveil et me permettant de faire la première tété dans la salle de réveil. Une cicatrisation parfaite et une chirurgienne qui venait me parler tout les jour pour savoir “si tout allait bien”.

    Alors bien sur les deux cas ne sont pas pareil, d’un coté j’avais eu 6 ans pour m’habituer au fait que je serais “ouverte” le jour de la naissance de mes enfants, ma sœur n’a eu que 3 minute entre le moment ou on lui a annoncé et celui ou on l’a endormie. Mais ce qui m’a frappé, c’est que 2 mois après la naissance de mon fils, ma deuxième sœur, enceinte de 6 mois, est aussi venue me parler césarienne, parce que le personnel médicale ne souhaitait pas répondre à ses questions! Cette fois ci, c’est à trois, avec deux expériences, une atroce et une fantastique, que nous avons pu parler. Et 2 mois et demi plus tard, elle accouchait elle aussi par césarienne, à cause d’un siège, mais en ayant eu toutes les cartes en mains et en gardant aussi un très bon souvenir de cet accouchement, même si ce n’était pas celui qu’elle avait rêvé.

    Je pense qu’il y a de la maltraitance dans certaine salle d’accouchement. Dans certaines salle d’opération aussi. Je pense aussi que malheureusement, il y a une par de “chance” et de “malchance” le jour ou nos enfants naissent, suivant le nombres de femmes qui accouchent ce jour là, les personnels qui sont présents, leur disponibilité et aussi leur apprentissage.
    On peut aussi se poser des questions sur les informations données aux patientes, qui donnent souvent une image idyllique de la naissance par voie basse et diabolise la césarienne (Comme le jour où j’ai demandé une préparation à la naissance et qu’on me la refusé sous prétexte que “vous n’allez pas beaucoup bosser ce jour là donc pas besoin!”), provoquant des peurs et des questions auxquels on ne répond pas pour ne pas “stresser” la patiente. J’ai toujours en mémoire une infirmière me disant qu’en fait, parce que je n’accouchais pas par voie basse, je ne donnais pas vraiment la “vie” à mes enfants, que c’étais le médecin qui fesait tout le travail. Comme si avoir porté cet enfant pendant 8 mois et s’en occuper ensuite était dérisoire…

    Ma sœur a été persuadé pendant des mois que son accouchement par césarienne allait l’empêcher de vivre un lien serein avec sa fille. C’est après la naissance de mon fils, et du fils de ma seconde sœur, en nous voyant épanouie avec nos enfants, qu’elle m’a dit commencer a “accepter” l’idée qu’elle n’a pas faillit en accouchant de cette façon. Accepter mais difficile de se pardonner.

  16. Alice says:

    Tout à coup je me sens beaucoup, beaucoup, beaucoup moins seule… Merci beaucoup. J’ai envoyé ce texte et celui du consentement à toute ma famille élargie car je préfère prévenir les femmes de ma famille que de savoir qu’elles subiront peut-être la même chose. C’est grave, il faut en parler, il faut prévenir.

  17. speedy says:

    Une grossesse parfaite, mais hors des normes puisque bébé annoncé “gros”. Le chef de service décide sans jamais me voir que ce sera un déclenchement à 38SA! Le gyneco se doit de justifier la décision du chef, “risque de dystocie”, “risque de mort foetale”, “on a eu un décès ce mois ci, on ne peut se permettre un autre”, “vous préférez la mort de votre enfant ou un déclenchement, un simple coup de pouce”. Ce jour là, on croit à sa bonne volonté. Aujourd’hui, je dis harcèlement moral.
    Le jour J, le déclenchement échoue, un jour, touchers vaginaux à répétition, la SF puis la stagiaire. A jeun, au cas où cela finirait en césarienne (mais non le déclenchement n’augmente pas le risque!). Le lendemain, le déclenchement échoue. La stagiaire fait les TV puis la SF en titre m’annonce qu’elle va aller un peu plus loin. Quand je hurle, elle s’arrête “un moment, puis recommence”. Médicalement cela s’appelle un décollement des membranes, moi je l’ai vécu comme un viol en présence et avec l’accord tacite de mon compagnon!
    Le troisième jour, toujours à jeun, le déclenchement est une torture morale pour moi, car je lis sur chaque visage, après chaque toucher vaginal que c’est un échec. Je suis un échec. A 17h (avant le départ en vacances du gyneco), la césarienne est décidée. Devant mes larmes, le gyneco nous laisse, mon homme et moi “réfléchir”, ce qui signifie pour lui “se soumettre”. Je rentre au bloc sans être entrée en travail, pour faire sortir un bébé qui n’était même pas à terme “parceque le déclenchement n’est pas anodin, il a pu faire courrir un risque à votre bébé”. Je n’ai pas su écrire les mots d’Alice, mais j’ai vécu cette boucherie.
    Je suis entrée en dépression, J’ai réclamé, j’ai témoigné, on m’a dit aussi “faut que tu passes à autre chose”. La SF m’a dit “ça m’embète de vous laisser partir comme cela”. Hé bien non, il ne faut pas laisser les choses en l’état! Je ne sais pas comment il faut faire, mais il faut au minimum le dire.
    Surtout qu’il y a des gynecos qui savent reconnaitre qu’un toucher vaginal ne se fait qu’avec l’accord d’une mère qui comprend son utilité, qui savent qu’une naissance à domicile est un choix qui se respecte et non pas une rébellion contre le système hospitalier qui doit être au service des hommes et des femmes et non pas les formater.

  18. Anne-Sophie says:

    Bonjour,

    Bravo pour cet article, merci de parler de ce sujet si révoltant.

    D’autant que l’étau se resserre et que nos choix de modes d’accouchement se réduisent : notre sage-femme, Krista, qui pratiquait les accouchements à domicile dans le respect des femmes, de leur intimité et de la beauté de ce que peut être une naissance quand on lui laisse la place de se dérouler naturellement, vient d’être radiée à vie sans qu’aucune plainte de patientes n’ait été enregistrée à son égard. Juste une attaque de l’ordre des sages-femmes régional qui veut faire sa loi et décider pour nous où et comment nous devrions accoucher.

    Krista se pourvoit en cassation pour tenter de faire annuler le jugement. Les détails sont là : http://comitesoutienkrista.wix.com/krista. Et elle n’est pas la seule…

    Choisir des solutions alternatives à l’accouchement en milieu hospitalier peut faire avancer le débat sur les violences obstétricales en montrant que d’autres pratiques sûres sont possibles, dans le respect de la mère et de l’enfant.

    Encore faudrait-il qu’on nous en laisse la possibilité…

  19. Anne says:

    Oui, la violence obstétricale existe. Je l’ai subie aussi. Il y a six ans, j’ai subi une césarienne pour mon premier accouchement en janvier 2009. Grossesse de rêve, la forme jusqu’au bout, je n’aurais jamais pensé à une telle issue. Les contractions on commencé le dimanche soir, j’ai passé une partie de la nuit à la maternité, puis on m’a dit de rentrer chez moi. Retour à la maternité le lundi dans l’après-midi et là ils m’ont gardé. Une petite perf de morphine car je souffrais trop, et j’ai donc pu dormir un peu. Je me sentais déjà très mal car à l’époque j’étais phobique de tout ce qui touchait de prés ou de loin au milieu hospitalier (piqûres, etc…). Puis j’ai passé la nuit à hanter les couloirs car je souffrais beaucoup, et je me faisais enguirlander par les sages-femmes, infirmières et aides-soignantes, qui ne m’ont d’ailleurs pas fait une vérification de la nuit. Le lendemain, ils ont enfin décidé de me descendre en salle de travail, et là, pas mieux. Je me suis fait engueuler pas l’anesthésiste parce que j’étais morte de peur. La péri a latéralisé. Ils ne voyaient pas mes contractions au monitoring externe, il a donc fallu le faire en interne. Puis rupture des membranes, perf’ d’ocytocine. Mais mon col est resté bloqué à 3 cm. Donc descente au bloc. Nouvelle engueulade de l’équipe parce que j’étais terrifiée (j’ai vraiment cru mourir de peur), et moqueries en tous genres. Puis pour la suite, aucune prise en charge de la douleur.
    Lors de la visite post accouchement avec mon gynéco de l’époque, il a minimisé mon mal-être.
    Le pire, c’est que suite à cela, un an après, j’ai développé une endométriose sévère dont on a nié la douleur, pourtant atroce (souffrir trois semaines par mois, ce n’est pas normal) durant trois ans. J’ai fini par être entendue, mais les lésions étaient très étendues et la chirurgie a été très lourde, avec des séquelles importantes.
    Et en juin dernier, surprise! Je suis enceinte, alors que nous avions perdu espoir avec mon mari. Je me suis donc empressée de prendre rendez-vous dans la maternité la plus physio de ma région. Mais lors de ce rendez-vous, il y a de ça un mois et demi, mon dossier leur a fait peur. Ils refusent de suivre mon accouchement. Je suis donc condamnée à retourner dans la maternité qui m’a mutilée il y a six ans. Sauf que je ne suis plus phobique, et que je suis bien décidée à ne pas me laisser faire.

  20. Evita says:

    Merci pour ce nouvel article qui résonne beaucoup en moi. J’ai aussi subi de la violence obstétricale, une violence inouïe que je n’avais jamais connue auparavant (du moins, pas consciemment) et qui plusieurs mois après me met toujours en rage. Comme Alice, j’ai voulu en parler, mais presque tout mon entourage relativisait. Seul mon conjoint, qui assistait à mon accouchement, a eu l’impression d’un viol de la part du médecin. Car je n’étais pas très consciente (une fatigue énorme), pas très consentante, mais je n’avais pas mon mot à dire : à priori il fallait faire vite, mais cela ne m’a jamais été expliqué, ni avant, ni après. (je précise : je n’ai pas eu de césarienne. Mais une pose d’ocytocyne, une péridurale non demandée, un épisiotomie non prévenue, un bébé sorti aux forceps, une épisiotomie recousue très sérrée, et jamais aucune explication, aucun mot pour dire ce qui allait arriver, ce qu’ils faisaient à mon corps, pas même un regard à partir du moment ou le médecin est entré en salle et a pris la place des sages femmes). Je pense que le pire, c’est aussi le sentiment de culpabilité qui nous prend : pourquoi n’ai-je pas dit non plus clairement ? Pourquoi n’ai-je pas exigé d’être informé ?

  21. cynthia says:

    bonjour,
    voici le lien facebook de l’observatoire des violences obstétricales crée par une sage femme afin que des témoignanges puissent être entendu et que l’on porte se document à l’état afin de donner du poid à notre lutte contre les violences faites aux femmes lors de leur accouchements, suivis, post accouchement…etc
    Merci pour l’article

    https://www.facebook.com/pages/Observatoire-Violence-Obst%C3%A9tricale-France/340669782803125?fref=ts

  22. Moelba says:

    J’ai aussi subi une violence obstétricale. D’une violence inouie pour moi, qui m’a fait pleurer presque chaque jour dans l’année qui a suivi mon accouchement.
    Premier bébé, en siege, cézarienne programmée. J’accepte, décidée a ne pas faire de fixation sur la maniere, tant que tout se passe bien. Au moins je serai consciente et le papa pourra également etre présent. Avant d’entrer au bloc, presque une heure avec l’anésthésiste pour que la péridurale soit efficace: j’avais juste un coté désensibilisé,a l’autre, aucun effet. AU bout de 50 minutes et plein de “bricolage” de la part de l’anesthésiste, l’autre coté commence également a etre endormi. Je me retrouve au bloc.
    Mon médecin (-chef, 10 ans que je le connaissais) arrive, coupe, introduit sa main et je ressens une douleur atroce. Je lui dis. Lui et toute l’équipe me répon: ce n’est pas possible. Il a introduit sa main dans mon ventre ouvert, bougé mes organes, sorti mon bébé, le tout alors que la péri n’avait pas bien fonctionné. Je leur ai dit trois fois d’arreter, ils ne m’ont pas cru et ont continué. Apres j’essayais juste de ne pas m’évanouir pour voir mon bébé. Nue sur une table, les poignets attachés, je demandais qu’on arrete et on a continué.
    Je disais sans cesse a mon mari, a moitié dans les vapes: Ils ne me croient pas, ils ne me croient pas. Ce fut le pire je crois. Soit ils ne m’ont pas crue, soit ils ne voulaient pas prendre du retard sur le planning de la journée…. Et pour couronner le tout, l’anesthésiste qui devait etre la seule a ce moment a savoir qu’elle avait raté la péri m’a dit pendant qu’on fouillait dans mon ventre: Vous appelez ca de la douleur? Qu’est-ce que vous auriez dit avec un accouchement par voie basse!

    J’ai pleuré presque tous les jours. Pendant un an, ou un an et demie. Mon entourage a pensé que j’exagérais. Heureusement ma relation a mon bébé n’en a pas souffert.

    Voila mon histoire, c’est la premiere fois que je la raconte, c’était il y a 4 ans.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Merci Moelba pour ce terrible témoignage.

      Ce n’est malheureusement pas la première fois que j’entends des témoignages de césarienne à vif. Soit parce que le personnel médical refuse d’entendre la femme, soit carrément pour la punir. Nous en sommes vraiment au stade de la torture ultime, et le pire étant le silence, voire l’acceptation sociale de ce phénomène.

      Il faut en parler pour que ça cesse. Courage.

  23. Lana says:

    Pour les détails, c’est une forme de pudeur, la pudeur est partout, une fille qui aurait été violée, on n’apprécierait pas non plus qu’elle nous explique par le menu comment ça s’est passé, etc, alors qu’on pense passer un bon moment. Pareil pour une femme qui aurait été battue. Je pense que c’est ça l’idée, “passer un bon moment”, tout le temps, ce qui n’est pas gai, qui touche trop à l’intime (au sens large), on préfère ne pas l’entendre, alors si en plus ça concerne le corps, n’en parlons pas.

    Personnellement, j’ai tout décrit à mes proches ( ce qui ne me ressemble pas, je suis extrêmement pudique, mais là je devais avoir besoin de parler), et je n’ai eu aucune mauvaise réaction, même quand je critiquais ça ou ça ou ça, ou râlais à cause de ça, etc. Je pense qu’il faut savoir choisir ses amis : avec la famille c’est autre chose mais, mes amis, je me doutais bien qu’ils ne seraient pas irrespectueux, mauvais, je les connais.

    J’ai chialé comme une madeleine quand j’ai appris pour la césarienne, mais par chance, je n’ai aucunement l’impression qu’il y a eu de l’abus dans mon cas. Au contraire, ça commençait à devenir urgent, dangereux, donc je les remercie. N’oublions pas que l’accouchement est un moment extrêmement particulier dans la vie d’une femme et qu’on peut être plus sensible que jamais. Les dépressions post-natales sont nombreuses, et elles ont moult raisons.

  24. Jessica says:

    J’ai connu les violences obstétricales à mes deux accouchements dans deux maternités différentes et ma famille réagit comme la plupart des personnes ici présente et m’agresse même quand j’ai le “malheur” d’en faire part.

    En bref: novembre 2010 premier bébé pas de déclenchement:

    _Allongée sur le dos avec monitoring non stop durant 4h. Interdiction de bouger, de me mettre sur le coté, de marcher, d’aller aux wc, de boire. Quand j’ai eu le malheur de me lever pour aller aux wc elle m’a agresser verbalement et m’a hurler dessus.
    _Harcelée toutes les 15 minutes durant les 4h pour que je prenne la péridurale que je refusais. On m’a donc menacée de césarienne pour je cite “n’importe quel prétexte”. J’ai donc eu la péridurale de force.
    _Alors que le travail avançait bien la sage femme a injecter sans mon consentement de l’ocytocine car “soit disant” les contractions étés moins présentes.
    _Ensuite la aussi sans mon consentement elle m’a percer la poche des eaux.
    _Au moment de pousser elle m’a strictement interdit de crier car je cite “ça la déconcentre”.
    _Elle a refuser que je fasse le peau à peau avec mon fils sans raison.
    _J’ai été recousue des 8 points de ma déchirure à vif car madame ne me croyait pas quand je disais que la péridurale ne faisait plus effet et la aussi interdiction de me plaindre pour ne pas la déconcentrée.

    Deuxième accouchement en octobre 2015 par déclenchement au tampon (2 fois le premier n’a pas marché).

    _Lors de la pose du premier sur un col à 1 doigt j’ai souffert le martyre car elle n’arrivait pas à trouver mon col. Je suis sûre qu’elle m’a fais un décollement des membranes car lors de la seconde pose je n’ai pas eu mal enfin très peu et mon col été pareil.
    _Le lendemain du premier déclenchement le gynéco de garde m’a traitée de mauvaise mère pour avoir demander à être déclenchée alors que lors de mon hospitalisation il été envisagé et que c’était quasiment sur que j’en aurais un.
    _Lors des deux déclenchements par tampon on ne me croyait pas que le spasfon ne faisait pas effet.
    _J’ai eu un travail extrêmement rapide et j’ai accoucher en salle de pré travail. Mais cela n’excuse pas la suite.
    _La sage femme m’a fais avec une violence inouïe un toucher du col sans me demander mon consentement juste elle m’a dit sèchement je dois vous examiner.
    _Ensuite j’ai été totalement dépossédée de mon accouchement.
    _Mes jambes ont étés mises avec une violence inouïe dans les étriers malgré que j’ai refuser et que j’ai dit que c’était MON DROIT.
    _Malgré mes refus comme j’ai enlever mes jambes j’ai été attachée à la jambe droite car si je m’obstinais à retirer mes jambes ma fille allait tomber.

    J’ai décider de porter plainte pour violences obstétricales, atteinte à mon intégrité physique, atteinte à ma dignité et viol (par rapport au tv)

  25. Myriam says:

    Bonjour Jessica !
    C’est désolant tout cela. J’ai aussi vécu de la violence à mon premier accouchement déclenche artificiellement aux hormones chimiques pour absolument rien alors que je voulais accoucher naturellement et vivre le travail à la maison. On m’a volé mon accouchement en m’emprisonnant et m’obligeant à la plus grande passivité. Juste avant hier je reecrivait dans mon journal ce qui s’est passé en me tenant aux faits et je realisait à quel point ça ressemble à un viol et une agression semblable à la torture. Moi aussi on m’a recousue sans anasthesiant et je me remémore ce moment tous les jours lorsque je suis aux toilettes et même parfois quand je fais l’amour…D’ailleurs j’ai l’impression que l’on a recousu n’importe comment et que l’on fait le point du mari… C’est dur de vivre les réactions des autres, mais je réalise que c’est de plus en plus connu et dénoncé. Tu sais cexqui fait réagir tu racontes ton récit et dit: faut vraiment avoir une mauvaise estime et pas de confiance en soi pour être contente et satisfaite de comment l’on m’a traité

    Des fois on me dit des conneries genre : ha mais au faite la prochaine fois faut seulement ne pas être provoqué et tu vas voir l’hôpital vont être correct…Non car ils sont irrespectueux point! Je ne remetterai plus jamais les pieds là pour accoucher à moins d’une nécessité réelle et inquiétante. Je me le promets.

  26. Myriam says:

    Et je rajouterais aussi qu’avec du recul que l’institue national de santé public du Québec avec leur cahier qu’ils donnent aux femmes “Comment élevé mon enfant de la grossesse à 2ans”, l’hôpital avec qui j’ai fait affaire te prépare à accepter des actes violents et intruisif. En banalisant, en memtionnant qu’il n’en font pas sans nécessité en les rendant beaucoup plus “inoffensifs” beaucoup plus gentils. C’est tres menteur meme et pour les plus réfractaires comme moi on nous fait préparer un plan de naissance pour te faire croire que tu as un pouvoir. Des fins manipulateurs! Des stratégies commerciales bref…

  27. Louis says:

    Une bonne définition du PDN serait Pour Duper les Naïfs, mais on le sait trop souvent après, quand le mal est fait.

  28. Marie-Hélène Lahaye says:

    Merci Jessica et Myriam pour vos témoignages.

    Ca me désespère de voir à quel point des femmes peuvent être violentées, de façon si gratuite, par du personnel hospitalier au moment où elles accomplissent quelque chose de si beau en mettant leur enfant au monde. Parfois je me dis que j’exagère dans mes propos, et puis arrive un témoignage de plus me rappelant que je suis toujours en-deçà de la réalité. Merci de témoigner. A force les choses changeront.

  29. Evita says:

    Moi et mon partenaire considérons que les interventions du médecin etaient celles d’un viol. Comme vous le dites dans votre article nos temoignages ont toujours été minimisés. nous ne pouvons pas porter plainte à la police. Nous avons vu l’équipe hospitalière mais rien n’y change. Que faire ?

    • Myriam says:

      C’est bien là le problème au Québec si le protocole a été respecté que tu n’as pas subi d’assaut physique permanent et grave je veux dire très grave, même si tu n’es pas invalide tu n’as pas de matière à poursuivre tu peux perdre ton temps à porter plainte auprès de l’établissement… Bon sinon à part de ça si tu es réellement invalide alors là il te faut les moyens financiers pour l’avocat, et ensuite dependament de ton revenu tu auras une indimnité. Par exemple si tu es retraitée , et donc ne travailles déjà plus tu n’auras presque rien. C’est donc dire que ta vie a une valeur diffetente en fonction de ton revenu . Pour ma part j’ai envoyé une lettre aux gestionnaires attitrés ( ceux qui ecrivent le protocole ) ils m’ont repondus ni plus ni moins que ma lettre était IRRECEVABLE ☺☺(c’est pas dans leur protocole à eux) . Écoute je ne suis pas juriste mais dans mon cas ce serait de prouver que je n’était pas consentante et que j’ai cédé et c’est compliqué à prouver.

      De mon côté mon idée serait décrire à une émission qui produit des reportages effectue des enquêtes et qu’ils devoilent ce qui arrive aux femmes enceintes. Selon moi, il faudrait creuser l’ aspect économique et s’il y a corruption avec une pharmaceutique, si l’on constate les honoraires faramineux des obstétriciens (payé à l’acte ici alors vaut mieux que l’accouchement se “complique “) . Les gens marchent avec l’argent. Et je pense que l’union fait la force il faut que les femmes (et les papas) on se regroupe.

      Mais bon Marie-Hélène aura sûrement une réponse meilleure que la mienne

  30. Lenaïg says:

    Bonjour Evita.
    J’ai rencontré le même soucis lors de mon premier accouchement.
    Je n’ai pas essayé de discuter avec l’équipe médicale, qui était très agressive et me prenait pour une débile (alors que je suis surdouée…). J’ai écrit à 4 reprises et me suis déplacée 1 fois pour consulter mon dossier médical, mais je n’ai toujours pas eu. Lors de ma dernière lettre, on m’a répondu que je devais arrêter de le demander car c’était considéré comme de l’abus, vu que lors de ma visite je n’avais même pas fait de photocopies. Puis j’ai reçu une facture pour les photocopies.
    J’ai porté plainte mais l’homme qui a pris ma déposition m’a demandé une demi-douzaine de fois si je comprenais bien que le médecin risquait beaucoup, et que de toute façon ce qui était arrivé était de ma faute, je n’avais qu’à faire comme on me dit. Il a modifié la plupart de mes réponses et a refusé de les corriger par la suite. Il a également trouvé suspect qu’il me faille plusieurs mois pour trouver le courage de porter plainte. J’ai appris plus tard que les gendarmes envoient également un commentaire avec la plainte. Pas étonnant qu’elle n’ai pas donné suite. Mon mari a contacté la police des polices pour signaler le comportement de cette personne, qui a rajouté à mon traumatisme. Également sans suite.
    Tant que les personnels soignants seront considérés comme des héros, les femmes enceintes comme des idiotes incapables de savoir ce qui est bon pour elles et les actes médicaux (même les plus dégradants) comme allant de soi, je pense que rien ne pourra changer.
    Si quelqu’un a une idée cependant, je suis preneuse.

  31. nathalie says:

    Bonjour,

    J’ai reçu des centaines de témoignages au sujet des violences obstétricales et malheureusement mon blog n’a pas assez de visibilité auprès des grands médias pour que tous soient utilisés. Je ne sais pas si vous avez des contacts mais vous pouvez voir l’article et les témoignages ici :
    http://lamarieeencolere.com/2017/01/maternite-maltraitance-medicale/

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Merci beaucoup pour tous ces témoignages !
      Ils sont essentiels pour mettre en lumière cette violence inadmissible.

  32. corinne says:

    Depuis 9 ans , la naissance de ma troisième fille je souffre , je fais des cauchemars. Fêter l’anniversaire de ma dernière fille est un calvaire.Je ne m’en occupe pas comme je le devrai et comme des deux autre.
    Il y a deux quand j’ai perdu mon travail suite à un burn-out provoqué par l’agression d’un collègue j’ai été suivi par une psychologue.
    Je lui ai parlé des choses traumatisantes qui me hantaient.Elle m’a dit qu’il fallait mettre un nom sur ce que j’avais vécu lors de mon accouchement …LE VIOL.
    Aujourd’hui qui peut m’aider ? Qui ?

    • Myriam says:

      Si vous raconter toute votre histoire vous ferait du bien allez-y vous êtes au bon endroit pour être comprise. J’ai eu un premier accouchement volé et traumatique, j’ai souvent eu l’impression d’avoir attendu un événement qui n’a jamais eu lieu car j’ai été déclenché. J’ai à sa première anniversaire eu une grande difficulté à fêté et être joyeuse, je l’ai volontairement fêté 5 jours plus tard. Cette année pour ses deux ans je n’ai pas pu fêter son anniversaire pour une raison bien particulière. Le hasard a voulu que ma deuxième fille soit née la même date qu’elle.☺ Ce blog a été un joyau pour moi, et m’impliquer toujours malgré une deuxième naissance fabuleuse donne un sens à ce chapitre de ma vie, la maternité. Bon courage

Leave a Reply to Moelba Cancel reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *