Des témoignages de violences obstétricales et du mépris des médecins

Jérôme Bosch, Le Jardin des Délices, l Enfer, Détail, 1480-1490

Jérôme Bosch, Le Jardin des Délices, l Enfer, Détail, 1480-1490

Il y a quelques jours, France Info dénonçait à son tour les violences obstétricales et me citant : « Césariennes à vif, épisiotomies imposées… Le grand tabou des violences durant l’accouchement ». Suite à cet article, de nombreuses femmes sont venues témoigner sur mon blog. Pour en facilité la lecture, j’ai rassemblé tous ces témoignages en un seul billet en les résumant en quelques mots. Ce même article de France Info a suscité par ailleurs beaucoup de mépris auprès de médecins, dont un florilège de réactions figure sous ces témoignages de femmes violentées.

Une jeune fille de 21 ans violée et incitée à la masturbation par son urologue : témoignage d’Alya

Une femme de 37 ans qui se voit proposer du botox contre ses rides par un gynécologue, suite à sa fausse-couche : témoignage de Mila

Une césarienne à vif : témoignage de Kimi

Maltraitances gynécologiques dès l’âge de 10 ans. Violences obstétricales pendant ses deux accouchements : témoignage de S

Viol avec une sonde endovaginale sur des douleurs liées à l’endométriose : témoignage d’Elimie

Violences obstétricales lors de ses deux accouchements. Le traumatisme est encore présent 35 ans plus tard : témoignage d’Emma Maza

Défaut d’empathie lors du décès de jumelles à la naissance, refus de présenter les petits corps dans leur petit pyjama : témoignage d’Arras

Encore une césarienne à vif : témoignage de Vic

A 18 ans, entièrement nue devant une gynécologue qui touche ses cuisses en commentant son poids, puis une mauvaise prescription de pilule : témoignage de Stéphanie

Humiliation et culpabilisation pendant l’accouchement, épisiotomie imposée,… : témoignage d’Anne

Infantilisation, défaut d’anesthésie, refus de croire la femme, ouverture du col en force manuellement : témoignage de Cyriane

Césarienne imposée en urgence au moment où la femme arrive à l’hôpital, sans la moindre explication : témoignage de Muller

Gynécologue qui dénonce une patiente de 17 ans à son père parce qu’elle n’est plus vierge: témoignage de LF

Remarques humiliantes sur la prise de poids pendant la grossesse. Après l’accouchement, le gynécologue soulève le drap et dit “tout va péter, vous ne serez jamais plus comme avant” : Suite du témoignage de LF

La gynécologue: “vous êtes une chochotte”, et se tournant vers son époux “encore une emmerdeuse avec son cul celle-là” : témoignage de Finet Michèle

Violence verbale pendant l’accouchement, gestes déplacés et forcés, douleur non prise en compte, actes violents et non expliqués,… : témoignage de Laurence

Déclenchement douloureux, péridurale mal dosée, forceps et épisiotomie sans explication. Puis 10 ans de coït douloureux : témoignage de JB

Premier rendez-vous chez une gynécologue pour une pilule: “ça sert à rien de venir me voir si vous êtes vierge. Qu’est ce que vous voulez que je fasse, hein ?”. Impact désastreux sur sa sexualité débutante : témoignage de Céline

Frottis imposé pour une prescription de pilule, malgré refus. Viol avec spéculum : deuxième partie du témoignage d’Alya

Examen gynécologique forcé sur une jeune fille de 19 ans, “Ça n’a jamais tué personne” : témoignage de Margaux

Sonde endovaginale enfoncée dans le vagin malgré refus et douleurs aiguës de la patiente. Puis viol avec violences supplémentaires : troisième partie du témoignage d’Alya

Accélération du travail par injection d’ocytocine augmentant la douleur, puis harcèlement de l’obstétricien pour faire une césarienne : témoignage d’Hélène

Gynécologue agressive et infantilisante face à une femme qui vit mal sa grossesse : témoignage de Sandra

Brutalité d’un médecin qui appuie sur le ventre 48 heures après une césarienne en prétendant que la vessie n’est pas pleine : témoignage d’Azellerie

Obligation d’examen gynécologique entièrement nue pour endométriose et torsion de l’ovaire, refus de traitement. Humiliation lors d’un examen chez un autre gynécologue, prescription d’une pilule rendant dépressive : témoignage de Myriam

Déclenchement, humiliation et agressivité de la sage-femme et de l’anesthésiste lors de la pause de la péridurale, abandon dans la solitude, interdiction de pousser à la fin de l’accouchement : témoignage de Muriel

Rupture artificielle de la poche des eaux, refus de mobilité, péridurale forcée, accouchement qui finit en césarienne : témoignage de Giros

Manque de politesse et humiliation lors de la première échographie : témoignage de Sabah

N’a jamais eu de bon gynécologue : témoignage de Magali

Les réactions des médecins

Alors que ces témoignages affluaient sur mon blog, les médecins dissertaient sur l’article de France Info dans le groupe facebook « Les médecins ne sont pas des pigeons » qui compte plus de 33.000 membres.

On y trouve le refus de croire les femmes :

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Le déni de la parole des femmes et le déni des brutalités médicales :

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Le mépris :

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L’ignorance des recommandations en matière d’épisiotomie. Pour rappel, l’épisiotomie ne prévient pas les déchirures, mais les aggravent. La seule raison justifiant de couper le vagin d’une femme est un état de souffrance fœtale nécessitant de faire naître en urgence un bébé déjà engagé (cf recommandations du CNGOF)  :

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Le dénigrement des femmes :

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Même des propos racistes :

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Une justification des ces violences par la culture d’établissement :

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Pour conclure, l’idée que quoi qu’ils fassent, quelles que soient les violences qu’ils infligent, les soignants sont heureux parce que les femmes les aiment :

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Si les violences obstétricales étaient exceptionnelles, si elles ne constituaient qu’une regrettable succession d’événements non contrôlés, les médecins s’insurgeraient contre ces pratiques. Ils clameraient à quel point elles sont anormales et devraient être combattues. Le fait qu’ils méprisent la parole des mères, se moquent des blessures infligées, justifient les gestes invasifs et douloureux, et raillent les femmes qui les dénoncent, prouve à quel point ces violences sont systémiques, communément acceptées et faisant intégralement partie de la pratique médicale.

 

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35 Responses to Des témoignages de violences obstétricales et du mépris des médecins

  1. Liliwed says:

    …ce cher monsieur Huet était en forme. Je n’ai pas rajouté mon témoignage car je n’en voyais pas la nécessité, ce sera peut-être plutôt pour Charlotte de France Culture ^^. J’ai plutôt donné le lien du Ciane, pour ceux qui envisagent de faire quelque chose, si ça peut les aider à se reconstruire.
    Mais les médecins (gynéco, psychiatre) que j’ai pu rencontrer depuis mon accouchement catastrophique me le disent, tristement, nous sommes nombreuses. Nombreuses à avoir subi les humiliations, l’anesthésie qui ne fonctionne pas sans que ce soit écouté ou corrigé, les forceps, la césa, les points à vif. Même la gynéco qui m’a accouchée et est revenue me voir ensuite (quelle bonne idée…), me l’a dit, elle n’a “aucun regrets sur les forceps, si ça avait été une césarienne, ça aurait été à vif” (magnifique)…Ou comment ne pas se remettre en question, c’est plus facile de mettre ça sur la fatalité ou la faute à pas de chance.

  2. maryam says:

    Les commentaires de ses médecins sont ignobles et n’ont fait que m’énerver du début à la fin ….

    pour moi le combat est ailleurs, il ne sert a rien de lutter contre les violences obstétricales car je considère que la maternité, l’enfantement de manière général et la médecine n’auraient jamais dû être mêlée. Il y’ a des domaines qu’on ne mélange pas ,par exemple : la religion et la politique , la médecine et la maternité, tout comme l’huile et l’eau ces domaines sont difficilement compatible.

    la médicalisation de l’accouchement engendrera uniquement, souffrance et traumatismes sur une femme qui plus est en bonne santé. Laissons l’hôpital aux malades et retournons vers les sages femmes libérales. Aidons ces dernières a être reconnues et protégées dans leurs fonctions , là et le vrai combat.

    Vous arrivez enceinte dans un hôpital , on vous considéra comme malade !!!!

    Aller à l’hôpital c’est implicitement exprimer un besoin d’aide et de secours, lorsqu’un médecin voit une femme enceinte , il se dit qu’on doit la sauver de quelque chose, que son accouchement sera forcément à haut risque .

    pour mettre fin aux violences obstétricales , les femmes doivent impérativement ne plus avoir peur de leur corps et de ce qu’il contient … A savoir leur bébé …

    sur ceux , je souhaite beaucoup d’amour a ses mamans qui ont souffert , qu’elles arrivent à trouver la force pour se réparer de toute ces violences….

    • Liz says:

      Certaines femmes ont besoin d’un accompagnement médicale de leur grossesse et je ne parle pas d’une grossesse à risque: simplement des femmes qui ont besoin d’être rassurées par la présence d’un médecin et/ou de toutes les machines/qui ont besoin d’être dirigées parce qu’elles ont peur de ne pas savoir faire/ qui ont besoin d’une péridurale car la douleur leur fait peur et ça bloque la dilatation….

      C’est le choix qu’il faut protéger, pas seulement les accouchements physiologique.

      Une collègue m’a raconté son accouchement qu’elle considère s’être parfaitement bien passé avec déclenchement, péridurale, TVs, 5 personnes dans la pièce (avec les étudiants) et épisio. =S oui bon bah elle l’as super bien vécu et à re-signé pour le 2d au même endroit. Ça la rassurait.

      Autre bataille et pas des moindres : il existe des femmes qui ne veulent pas accoucher par voix basse et c’est un vrai parcours du combattant pour elle que de trouver un médecin qui accepte de leur faire une césarienne. Caprice? Et quid de la femme violée pour qui “une césarienne de confort” c’est juste un BESOIN qui leur permet de garder le contrôle.

      Je suis d’accord sur le travail de fond à effectuer pour que les femmes n’aient plus peur. Mais à mon sens il ne s’agit pas de remplacer le diktat de l’hôpital par celui de la naissance à la maison.

      • maryam says:

        Bonjour Liz,

        Effectivement il y’ a certaines femmes qui ont besoin d’un suivi médical sans forcément être malade. Et ce choix et dirigé par la peur , peur de mourir , peur que l’utérus craque , et malheureusement la société continue à nourrir cette peur de la mort en couche … cette peur n’ait pas normal quand on sait que des accouchement orgasmique existe , ou que certaines accouchent pendant leur sommeil….

        Je suis entièrement d’accord quand tu parles de respect de choix , mais il faut être réaliste , à l’hôpital tu n’as pas le choix , tu vas dans structure hospitalière ou seul un vrai malade a normalement accès …

        Quant à celles qui souhaite une césarienne , ce choix est encore motivé par la peur de la mort en couche , ou autre idée farfelue véhiculée par la société … que la césarienne préserverait le périnée , ou encore qu’elle évite la souffrance .

        Je ne souhaites pas remplacer le diktat de l’accouchement hospitalier par celui de l’accouchement à domicile mais je pars d’un constat logique, l’hôpital c’est pour les malades, et il est clair qu’on ne va pas remettre en cause tout un protocole hospitalier pour une personne en bonne santé …. il faut qu’on assume nos choix , tu vas a l’hopital , tu seras considéré comme potentiellement fragile …. et je l’ai malheureusement appris à mes dépends …

        la médecine n’est qu’une , il n’ y a pas de médecine , pour malade et une autre pour les moins malade ….

        après peut être que je me trompe ….

        • Liz says:

          Pas seulement la peur de mort ou que ça craque pour la demande de césarienne : ma SF (libérale et qui fait des ADD) a aidé une femme à trouver un chirurgien qui accepte de lui faire une césarienne. Apparemment dans le publique le fait qu’elle ait été violée étant jeune et que donc elle ne voulait pas accoucher par voix basse n’était pas une raison suffisante pour accepter sa demande.

          Il y a aussi des gens qui préfèrent rester à l’hôpital quelques jours après la naissance du bébé, d’autres qui préfèrent rentrer chez elles.

          Quand j’étais enceinte (et même avant) et que je m’imaginais l’accouchement la douleur ne me faisait pas peur du tout, toute atteinte à ma pudeur par contre me mettait en état de panique monstre: j’ai donc bien entendu pas choisi l’hôpital ni pour le suivi ni pour le jour J. Mais il suffit de parler autour de soi pour voir que pour la plupart des gens n’ont pas du tout cette approche.

          En réalité une femme = des attentes différentes. Il faut donc bien sûr effacer les peurs irrationnelles dans l’imaginaire collectif, lutter pour avoir le droit d’accoucher chez soi, ou en plateau technique, ou en maison de naissance ou en “salle nature” ou à la maternité et même respecter le choix des femmes qui veulent pas accoucher par voix basse (quelle que soit la raison c’est pas à quelqu’un d’autre de juger de la pertinence de leur demande).

        • M.S. says:

          Bonjour Madame,
          J’ai trois enfants et si je n’avais pas accouché à l’hôpital je serais morte en couche dès la première fois. Pour autan, le comportement de la SF a été inacceptable, et je garde de cet épisode des souvenirs douloureux. Mais j’ai préféré accoucher les deux autres fois au même endroit, ils m’avaient sauvé la vie. Et les autres praticiens étaient plus bienveillants pour que ce soient les plus beaux jours de ma vie.
          Il ne faut pas généraliser, l’opportunité d’accoucher en milieu médicalisé permet aussi de belles réussites et cela permis aussi de faire baisser la mortalité tant maternelle qu’infantile.

          • Louis says:

            Au contraire, il faut généraliser car si le milieu médicalisé permet de belles réussites, sans prise de conscience de la nature des comportements de la majorité des soignants, les mentalités n’évolueront pas. Alors, oui, il y a des exceptions à la règle mais elles apparaissent là où la médicalisation est bénéfique et c’est là qu’il ne faut pas généraliser : une femme ou son enfant sauvé.e.s par la médicalisation, c’est rare, des vies détruites et des moments précieux gâchés, moins.

  3. scohy says:

    Les accouchements en norvège: une seule écho remboursée en milieu de grossesse et les autres payantes et très chères, pas de péri ou de la péri coupée à l’eau. Pas besoin de réserver sa place en mater, on arrive où on veut et quand on veut. Les gyneco sont quasiment absents, il n’y a que les sf. Allaitement à 99%.
    La bas, accoucher sans péri est normal et n’est pas du tout perçu comme rétrograde, bien au contraire….ET la norvège est number 1 en matière de qualité en suivi mater/accouchement/allaitement………… CQFD

  4. cma says:

    Personnellement mon accouchement s’est correctement passé. Parce que je suis ce qu’il est convenu d’appeler une notable locale et que mon Mari est lui-même médecin et qu’il m’a suivi dans mon choix d’un accouchement aussi physiologique que possible y compris en insistant lourdement auprès de ses confrères, quitte à se sentir mal à l’aise compte tenu des sacro-saintes règles de la confraternité. C’est à dire qu’on ne m’a pas collé une péridurale d’office dont je ne voulais pas et qu’il a fait en sorte que ma directive “pas d’épisiotomie, on laisse déchirer” soit respectée. Et que je puisse au moins accoucher sur le côté et pas en décubitus dorsal alors que j’étouffais allongée sur le dos. Il n’en demeure pas moins que pour en arriver à ce résultat, il a fallu en passer par des discussions pour le moins désagréables avec le gynécologue chargé de mon suivi. Je passe sur le sourire narquois quand j’ai annoncé que je ne voulais pas de péridurale parce que je trouvais cette technique contraignante et non dénuée d’effets négatifs. Quand nous avons abordé le sujet de l’épisiotomie il a d’emblé expliqué que cela protégeait des déchirures. Je lui ai rétorqué que non et qu’il avait à ce sujet une recommandation du CNGOF parfaitement claire et accessible sur internet sur ce sujet. Il a fait semblant de ne pas la connaître, pour finalement s’en rappeler 5 minutes plus tard en me disant que de toute façon cela ne comptait pas puique ce qu’elle n’était pas validé par la HAS. Je lui ai dit qu’au CHRU de Besançon le taux était de 1,65 %, il m’a répondu qu’en la matière il y avait “des écoles”. Lorsque je lui ai dit que je souhaitais choiris ma position pour accoucher, il m’a dit que je ferais ce que je voulais pendant les contractions mais qu’il faudrait bien “mettre les pieds dans les étriers” mais que je n’avais pas d’inquiétude à avoir, “ça ne dure que 10 minutes” alors que je venais de lui dire que la position allongée sur le dos m’étais particulièrement pénible (sensation d’étouffement pourtant bien connue). Mon mari a du insister pour que mon refus de l’épisiotomie et mon choix d’accoucher sur le côté soient inscrit dans mon dossier. Et là il a commencé à m’expliquer que des femmes mourraient en couche, j’ai coupé court à la conversation en lui disant que les chiffres français étaient loin d’être catastrophiques (tout en pensant très fort qu’au vu de la débauche de moyens que l’on y mettais il n’y avait pas franchement de quoi pavoiser). Il a également rajouté qu’il ne fallait pas trop en dire aux futures mamans, que c’était mieux pour elles. En sortant de ce rendez-vous il m’a demandé ce que j’avais comme problème avec l’épisiotomie, que les sages-femmes recousaient tout cela très bien. Comme j’ai dépassé la date de mon terme, lors de ma première visite de contrôle, il a tenté un décollement des membranes sans m’en parler avant. Très agréable, surtout quand il a fait un compte rendu de sa tentative à mon mari sur le ton du médecin qui parle au médecin, comme si je n’existais pas. Mon accouchement a été déclenché, une sage-femme m’a mis un monitoring pendant 2h00 en me demandant de ne pas bouger. A ce moment mon Mari a du s’absenter 1h00. Au bout de 2h00 la gynécologue de garde est venue et m’a dit qu’il fallait encore garder ce monitoring car bébé avait bougé et que l’enregistrement était discontinu (point que personne ne m’avait précisé ni encore moins montré comment remettre le monitoring pour l’enregistrement soir correct) alors que la position allongée commençait à être pénible. Comme la poche des eaux s’est rompue dès le début, la sage-femme m’a dit qu’il fallait rester allonger sinon je risquait une césarienne. Je lui ai dit que je prenais le risque et je me suis levée pour gérer mes contraction en faisant des étirements. Comme mon Mari était revenu elle n’a pas insisté et la gynécologue de garde est subitement devenue un peu plus humaine. Il a fallu répéter mes choix et mon Mari a insisté pour qu’ils soient respectés. La position allongé à largement ralenti le travail, j’ai eu du mal à pousser, la gynécologue de garde ce soir là à utilisé une ventouse. Elle m’a prévenu de cette intervention que j’ai acceptée mais au fond de moi j’aurais voulu me lever pour décoincer mes hanches et pouvoir accompagner mieux mes contractions et l’arrivée de Bébé. Ayant du déjà insister sur les points précédemment cités, je n’ai pas osé le demander. Même si les marques de la ventouses sur la tête de bébé ont disparues rapidement, je n’ai pas pu m’empêcher de culpabiliser en pensant que j’aurais pu épargner cela à mon enfant en me levant. Encore une fois même si mon accouchement est loin de me laisser un souvenir catastrophique à l’image de ce qu’on vécu certaines des femmes qui témoignent aujourd’hui, je garde en moi surtout l’impression d’être une privilégiée qui doit à sa position sociale et à celle de son mari d’avoir pu se faire un minimum respecter. Je garde le regret de ne pas avoir osé rester debout alors que mon corps tout entier me disait que la vraie position au moment de l’arrivée de Bébé était celle-là et pas une autre. Pour Bébé numéro 2 je me suis fait la promesse que les choses se passeraient à ma façon et que si cela ne convenait pas je n’hésiterait pas à faire des kilomètres pour trouver la maternité qui me corresponde, plus jamais je ne me ferai imposer un protocole qui va à ce point à l’encontre de la physiologie de l’accouchement. Et je ne tolèrerai plus jamais qu’un gynécologue m’impose ses choix personnels en matière d’épisiotomie, fut-ce lors d’une simple conversation, ce sera d’entrée l’interdiction sur la base de l’article 1111-4 du code de la santé publique compte tenu de l’absence de preuve scentifique sur ses prétendus “bienfait” avec mention de poursuite en cas de non respect de mes directives patients pour ne plus arriver à la maternité la trouille au ventre en me demandant si j’allais me faire découper le sexe en fonction de l’humeur et des croyances du médecin de garde à ce moment. Très honnêtement je ne comprend pas comment l’on peut prétendre faire un métier censé respecter et aider les femmes et au fond les mépriser à ce point. Je me suis rarement à ce point sentie réduite à l’état de morceau de viande à qui l’on demande de se soumettre pour des gestes infondés (monitoring continu, épisiotomie, même si encore une fois elle n’a pas été pratiquée et heureusement puisque je n’ai eu qu’une toute petite déchirure qui n’a même pas eu besoin d’être suturée) ou irrationnels (decubitus dorsal) ou non consenti (décollement des membranes). Pour bébé 2 je pose les conditions d’entrée ce que je n’ai pas osé faire pour bébé 1, angoissée que j’étais avec le discours ambiant du “ah oui pas de péri, vous verez bien”. Et je ne tolère plus rien qui ne soit pas en ligne avec le respect du à une femme qui accouche et/ou dénué de fondement scientifique.

    • claire says:

      Merci pour votre témoignage, j’aurais voulu avoir le même cran que vous, et avoir été épaulée aussi efficacement par mon conjoint. Souvent, nous arrivons à la maternité mal informées et même désinformées, accompagnées de personnes complètement soumises au corps médical.

    • maryam says:

      Ton témoignage est fort …. même avec un mari médecin , c’est le parcours du combattant pour accoucher humainement …. Bravo , je te félicite pour ta détermination , mais pourquoi pas accoucher avec ton mari à domicile pour le numéro 2 ??? c’est juste une suggestion et surtout pas un jugement ….

      • cma says:

        Maryam, j’avoue que accoucher à domicile, cela me démange. Mais si nous devions prendre cette option ce serait avec une sage-femme qui fait de l’AAD et non lui seul. Les soignants ont souvent du mal a avoir la distance nécessaire quand il s’agit de surveillance ou d’actes médicaux (même si une naissance est un phénomène physiologique normal, il s’agirait ici de la potentialité d’avoir à faire des actes pour être exacte) sur leur entourage, la dimension affective prenant le pas sur le détachement nécessaire au diagnostique et au soin. De plus nous n’avons pas le matériel dont sont équipées les sages-femmes qui font de l’AAD. Par contre je suis ravie d’avoir pu compter sur lui pour m’aider à gérer les contractions. Et je préfère aussi qu’il puisse vivre les naissances comme un Papa plutôt que comme un médecin. C’est son droit de voir Bébé arriver sereinement sans être obligé de jouer les garde-fous, et le fait que pour bébé2 je mette les choses au point en amont a aussi pour but de ne pas tout faire reposer sur lui.

        Claire, bien sincèrement je mesure la chance que j’ai d’avoir un conjoint qui soit médecin, je ne sais pas si nous aurions eu le même résultat en tant que “simples” futurs parents. Maintenant même en tant que médecin le jeu est difficile pour lui, s’opposer à un confrère n’est jamais bien évident. Sans me prendre pour une passionaria ou une militante, je me dis aussi que si nous dans ces conditions, nous n’avons pas le courage de faire bouger les lignes à notre échelle, qui pourra le faire ????

        Et quitte à me répéter, arriver en situation d’opposition forte vis à vis de professionnels en qui je suis censée avoir confiance a été pour moi parfaitement inconfortable. Cela entame très sérieusement la sérénité, biaise la relation avec le corps médical ce qui n’est clairement pas mon souhait de départ. Maintenant vu les comportements et les discours, j’en suis arrivée à ce schéma de méfiance voir de défiance, afin, et c’est un comble, de nous préserver bébé et moi.

  5. nourrg says:

    C’est effroyable de lire ces témoignages et les commentaires des médecins. Dans un premier mouvement, devant ce trop plein de violence ou d’absence de considération, on a évidemment envie de ne pas y croire, de remettre en cause ces témoignages. Mais pourquoi douter de la parole des femmes, refuser au final d’ouvrir les yeux ?
    Heureusement que la parole se libère et que certaines femmes décident de ne pas se résigner à “mon bébé va bien, alors je m’oublie”. Une de mes grandes questions c’est cette loterie dans les soins selon l’établissement dans lequel on accouche, ou encore selon le soignant. Pour changer cela, le classement des maternités devrait comprendre de nombreux critères et des analyses, pour que les femmes soient en mesure d’exiger les soins les plus respectueux. Bravo pour ce travail de mise en lumière d’un phénomène longtemps resté tabou, entre femmes.

  6. MR says:

    Bonjour,
    Je me permet de réagir après avoir lu de nombreux articles sur votre site, souvent bien documentés. J’ai été très choquée de vos propos. Je suis moi même interne en gynécologie obstétrique et je n’ai pas reconnu dans ma profession tout ce que vous décrivez. Il existe probablement de réelles mauvaises conduites de certains médecins et cest tout à fait inacceptable je vous rejoins la dessus. Je pense cependant qu’il faut arreter de généraliser. La plupart des gynecos exercent leur métier avec passion et en voulant le bien de leurs patientes, des dizaines d’heures par semaine sans compter les gardes. Avec la plupart des patientes cela se passe heureusement très bien mais ce ne sont pas ces patientes la qui viennent s’exprimer sur Internet car elles n’en ressentent pas le besoin. Arrêtez de véhiculer l’image du gynécologue odieux regardant sa montre en se demandant quand sa patiente va accoucher pour qu’il puisse enfin avoir la paix. Je ne peux pas décrire le privé, je ne connais pas assez mais dans le public ca ne se passe pas du tout comme ça. Je travaille dans un hôpital de niveau 3 ou on encourage au maximum l’accouchement voie basse, de faire un minimum d’episios, ou on discute tous ensemble des déclenchements et de leur necessite, et ou parfois nous réalisons des accouchements instrumentaux, quand c’est nécessaire. Il existe des salles physios et des cours de préparation. Le décollement de la poche des eaux est fait seulement avec accord de la patiente. Les sieges accouchent voie basse dans la mesure du possible. Les jumeaux aussi, certains triplés aussi. Nous utilisons le cytotec que pour les grossesses arrêtés avant 12 sa et pour les interruptions médicales de grossesse. Si vous connaissez d’autres moyens ( à part l’attente ce qui n’est pas tjrs accepté par les patientes) nous sommes preneurs. Nous travaillons en bonne entente avec les sf qui ne nous apprennent pas notre boulot et nous respectons le leur. Notre but n’est pas de violer ou brutaliser les patientes comme vous le laisser entendre, mais que leur prise en charge soit de qualité. Il se trouve que l’hôpital n’est pas une prison et que chacune est libre de consulter ailleurs si elle n’est pas satisfaite, ce qui sera tjrs le cas même pour un bon médecin. bon médecin qui, pour revenir à vos commentaires précédant n’est pas forcément quelqu’un de d’accord avec vous.
    Pour en revenir à tous vos articles sur l’accouchement on sent que vous n’avez jamais travaillé dans le milieu obstetrical. Vous pronez l’AAD, donnez l’impression aux femmes qu’on les inquiète trop et que la iatrogénie est responsable de tous leurs maux. Soit. Dans ce cas vous avez le devoir de les informer correctement sur les risques encourus qui ne sont pas factices comme vous le pensez. Bien sûr dans beaucoup de cas cela se passe bien, mais la encore vous n’êtes pas aux urgences pour accueillir certains drames qui, bien que rares, auraient pu être évités.. et vous n’avez jamais travaillé dans des pays en voie de developpement. Certaines hdd graves perdent 1L en quelques minutes, sans avoir eu de synto ou d’episios. Certaines ruptures utérines sont imprevisibles. Des bradycardies foetales ou ralentissements tardifs peuvent passer inaperçues sans monitoring. La procidence du cordon est rare mais quand c’est votre enfant c’est quand même bien dommage… pour votre info une cesa code rouge se fait en moins de 15 minutes en cas d’urgence vitale pour l’enfant. pas vraiment possible hors hospitalier…alors oui j’imagine bien que quand le gynéco débarque dans la salle d’accouchement à deux heures du matin après 10h de travail ce n’est pas ce dont on avait rêvé…mais c’est souvent parce que c’est nécessaire. alors oui nous aussi on aimerait que chaque accouchement se fasse dans une belle salle avec une sf dédiée etc… mais le système de santé français fait qu’il n’y a pas pour l’instant les moyens financiers de pouvoir faire ce type d’accompagnement à grande échelle..
    Voilà je ne sais pas si j’ai été claire car j’ai essayé de répondre à nombre de vos affirmations mais au moins c’est dit. A l’avenir essayez de nuancer vos propos ou mieux, allez faire un petit stage en maternité pour comprendre un petit peu l’envers du décor !

    • cma says:

      Madame,

      Dans les témoignages présents sur ce site, je ne vois pas de généralisation, et ayant moi-même témoigné je ne vous permets pas de me prêter cette intention. Mais oui je constate de ce que j’ai vécu que l’ensemble des personnels à qui j’ai eu à faire ce soir là est loin de la description idyllique faite dans votre message. Et je ne tolère pas que vous cherchiez à minimiser ce que j’ai vécu par ce biais. Et la tarte à la crème qui voudrais que ce type de comportement soit l’exception prend actuellement du plomb dans l’aile justement parce que des femmes commencent à témoigner et que la parole se libère. Et que derrière des accouchements où vous pensez que “tout va très bien pour la dame, la preuve elle ne se plaint pas” il y a potentiellement de la résignation. Bien plus que vous le croyez.

      Maintenant je ne pense pas que l’ensemble des gynécos soient des Dr Mengele en puissance mais je pense qu’il y a une culture professionnelle qui, sous couvert du “on va faire leur bien à leur place” justife beaucoup de choses. Et souvent tout et n’importe quoi. Vous appartenez tout de même à une profession qui a réussi ce tour de force qui consiste à faire croire que découper le sexe des femmes à un rôle protecteur et à systématiser cette pratique sans aucun fondement scientifique. Et encore plus fort, alors que les preuves s’accumulent sur l’inutilité dans au moins 95% des cas et la dangerosité de cette pratique les statistiques, quand elles sont accessibles, montrent, notamment sur les primipares, un niveau de pratique qui reste extrêmement élevé avec des discours qui la promeuvent qui perdurent aujourd’hui et ce malgré la recommandation du CNGOF de 2005. Et des conséquences psychiques et physiques niées ou minorées. Et très curieusement à part quelques maternités qui ont fait de la réduction de l’épisiotomie un véritable projet de service (CHRU de Clermont Ferrand, de Besançon), les seules qui ont des chiffres en baisse sont celles du réseau Aurore où l’ARS de Rhônes-Alpes a imposé la publication des taux. Avec des éléments de la sorte, comment voulez-vous que nous ayons confiance en vous ?

      Personne ici ne conteste votre engagement individuel. Mais force est de constater qu’entre des discours lénifiant de maternités idéales où l’on respecte les femmes (et dont on aimerait bien enfin savoir ou elles se trouvent !!!!) et la réalité du vécu d’un certain nombre d’entre nous il y a plus qu’un fossé. Par ailleurs, le choix des maternités est tout sauf illimité, dans ma ville de province il y a une clinique privée et un hopital avec des pratiques similaires puisque les praticiens interviennent à la fois dans le public et dans le privé. Dois-je faire 200 km au risque d’accoucher sur l’autoroute ?

      Et l’eternel argument des pays en développement et oui quand on n’est pas bon c’est tellement facile de se comparer au plus mauvais… non ce que je voudrais c’est plutrôt le modèle Norvégien (qui n’a rien d’un PVD pour votre information), qui favorise largement l’accouchement physiologique et a de bien meilleurs résultats que la France (je vous renvois à ce sujet aux études Européristat, sans appel). D’ailleurs au lieu de vouloir nous envoyer travailler dans un PVD, pourquoi ne profitez-vous pas de votre formation et du dispositif ERASMUS pour voir comment les choses se passent dans un des pays mieux classé que nous à Européristat ? Car franchement nos résultats, VOS résultats ne donnent pas matière à pavoiser quand on regarde le coût d’un accouchement en France, la débauche de moyens techniques qui va avec et le peu de satisfaction que nous sommes un certain nombre à remonter maintenant.

      Quand à l’argument d’autorité “venez faire un stage en maternité” je ne peux que vous retournez celui du “venez accoucher par chez moi sans préciser votre qualification” vous aussi vous comprendrez alors peut-être mon envers du décors à moi. Et à beaucoup d’entre nous.

      Maintenant et puisque vous faites au moins l’effort de venir lire nos témoignages, j’en déduit que vous n’êtes pas complètement insensible au sujet. Et en cela je ne peux que vous remercier. Dès lors pourquoi ne pas faire votre thèse de doctorat sur le vécu réel des femmes, c’est à dire avec un questionnaire neutre, non nominatif, abordant de réelles thématiques de satisfaction à remplir après être sortie de la maternité pour éviter toute crainte de rétorsion de la part du corps médical, et de proposer les solutions au regard des problématiques qui ne manquerons pas de sortir? A ce titre vous avez une enquête ouverte sur le site du CIANE sur le vécu des femmes sur leur accouchement.

      Soyez courageuse, soyez celle qui révolutionne les habitudes et soyez celle grâce à qui il fera enfin bon d’accoucher en France pour toutes. Fernand Lamaze avait en son temps fait évolué les pratiques, soyez notre Lamaze du 21ème Siècle. Relevez le défi Madame !!!

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      MR, je complète l’excellente réponse de cma sur quelques point:

      Vous dites “La plupart des gynecos exercent leur métier avec passion et en voulant le bien de leurs patientes, des dizaines d’heures par semaine sans compter les gardes.”

      Ce n’est pas parce qu’un gynéco est passionné par ce qu’il fait qu’il n’exerce pas de violence. Ce n’est pas parce qu’il veut le bien de ses patientes qu’il n’exerce pas de violence non plus. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la violence obstétricale est la norme dans les hôpitaux. Dès qu’on place une voie d’entrée dans le bras d’une parturiente en parfaite santé et dont le travail se déroule normalement, il y a violence, puisqu’il n’y a aucune justification médicale à enfoncer une grosse aiguille dans le bras d’une femme, surtout dans ce moment d’hyper sensibilité et de grande fragilité émotionnelle qu’est l’accouchement. Dès qu’on insiste pour qu’une parturiente se mette en position gynécologique, il y a violence obstétricale puisque cette position est moins confortable pour elle et n’est pas justifiée médicalement.

      Les violences sont même parfois supérieures lorsque qu’elles sont commises par des gynécos qui disent “je travaille avec passion et j’agis dans le bien des femmes” parce qu’ils sont moins aptes à poser un regard critique sur leurs pratiques.

      Quant aux femmes qui ne se plaignent pas, quelles démarches avez-vous entrepris pour rencontrer les jeunes mères quelques mois après leurs accouchement, pour faire un débriefing en profondeur de la façon dont elles ont vécu l’événement ? Combien de vos patientes ont vécu un baby blues, une dépression post-partum ou développé des syndromes de stress post-traumatique ? Combien d’entre elles souffrent encore de l’épisiotomie qui leur a été imposée ? Combien de femmes ont des difficultés d’attachement avec leur bébé ? Quel est le taux de satisfaction de leur accouchement ? Qu’est-ce qui est mis en place dans votre structure hospitalière pour accueillir les femmes qui n’ont pas été totalement satisfaite de leur accouchement ? Comment le service tout entier réagit-il si une femme se plaint après son accouchement ? Si vous n’avez jamais le moindre écho négatif de femmes, c’est peut-être parce que vous ne les écoutez pas.

      Quant à votre dernière phrase, c’est précisément parce que je sais ce qui se passe dans les services d’ostétrique que j’écris mon blog. La différence entre vous et moi, c’est que vous acceptez la façon dont l’Etat organise les accouchements, et donc ces violences infligées aux mères. Moi je la critique.

    • Cléo says:

      J’ai accouché deux fois et je suis convaincue d’être tombée sur du personnel bienveillant, j’ai accroché avec les SF et infirmières m’ayant accouché, avec l’anesthésiste qui m’a fait la péridurale pour mon premier accouchement.

      Mais que le personnel ait été bienveillant n’a pas empêché que j’ai une épisiotomie sans qu’on m’ait demandé mon consentement la première fois, et j’ai eu des relations sexuelles douloureuses pendant plusieurs mois, et les SF et kiné qui m’ont suivi par la suite ne semblaient pas considérer que mon périnée avait bien vécu la chose (la SF m’ayant dit après mon 2ème accouchement, sans épisiotomie cette fois, que mon périnée avait pris beaucoup moins cher cette fois-ci).

      Pour le deuxième accouchement, sans péridurale, la SF, bienveillante également, semblait tenir absolument à ce que je sois en position gynécologique, qui m’était extrêmement douloureuse. Il y a eu un moment où elle m’a plaqué sur la table gynéco. J’étais prise dans mes contractions mais cela m’a un peu choquée. N’étant pas capable de rester dans cette position, j’ai de nouveau bougé, et la SF a finalement accepté l’idée que j’accoucherais sur le côté, le bassin en l’air, l’instant d’après – une infirmière m’a tenu la jambe en l’air tout le reste de l’accouchement pour m’accompagner plutôt que me contraindre. On m’a également posé un cathéter alors que je ne voulais pas vraiment, j’ai fini par dire oui car ne pas le poser ne semblait pas dans les options du personnel… Et que j’avais des contractions et autre chose à faire que de me battre avec les gens qui étaient sensés accompagner mon accouchement. Lors de la pose j’avais précisé que je voulais savoir si on m’injectait quoique ce soit (vu que j’étais incapable de savoir quel cocktail savant on m’avait injecté au premier accouchement – j’avais essayé après coup de faire l’inventaire mais sans succès…), et il se trouve qu’ils ont mis du cyntocinon dans la perf sans m’en parler – j’ai été mise au courant après coup. Cette injection a été faite après la délivrance, moment où j’avais lu qu’il y avait une utilité prouvée, mais cela m’a un peu énervée de me dire que si j’avais dû avaler une pilule, on m’aurait mis au courant avant la prise de ce que je prenais.

      Croyez-vous que j’ai été me plaindre ? Non, j’étais heureuse (enfin, la deuxième fois au moins – la première mon bébé était en néo-nat, séparé de moi). L’accouchement, il y a le feu de l’action. Puis, il y a le peau à peau, la découverte du bébé, et on oublie un peu le reste. Puis, on ne revoit pas les SF qui vous ont accouché, celles en suite de couches ne sont pas les mêmes – et on ne m’a pas posé la question de comment s’était passé l’accouchement, s’il y aurait des choses à améliorer. Même, vu le trop-plein émotionnel du moment, je ne sais pas si je serais capable de faire un bilan à ce moment-là. Dans les deux cas, j’avais autre chose dans la tête les 2-3 jours de suite de couche. Les deux fois, j’avais apprécié les SF. Je n’ai pas eu l’impression que l’on souhaitait me faire violence, j’ai eu l’impression que l’on voulait mon bien.

      Le fait que mes volontés n’aient pas été respectées, ne serait-ce que momentanément, ou que mon consentement ne m’ait pas été demandé pour l’épisio, restent cependant des violences. Ces violences, à mon sens, ont été perpétrées par des gens qui n’avaient pas du tout conscience d’en faire – et qui auraient probablement fait autrement, auraient tenté de combattre leurs réflexes, s’ils en avaient eu conscience. En partie, c’est aussi la faute à leur formation, à leurs réflexes, à des rythmes infernaux auxquels ils sont soumis à l’hôpital, qui ne leur permettent pas de prendre le temps qu’il faudrait.

      L’accouchement, c’est comme un voyage pour aller à la destination de vos rêves : quelque part, le but, c’est de rencontrer son enfant, et l’accouchement, c’est le transport pour s’y rendre – il peut être désagréable ou non, il peut vous faire du mal ou non. Une fois le bébé dans les bras, une fois arrivées à destination, on profite de notre bébé, on profite de nos vacances : le voyage est vite derrière dans nos têtes, ou en tout cas ce n’est plus notre première préoccupation. Par ailleurs, nous sommes “préparées” à l’idée qu’on va douiller. Pour mon 1er accouchement, aux cours de préparation à la naissance, une femme a raconté son épisiotomie forcée – et pour la SF qui faisait le cours, cela n’était pas anormal, et cette femme racontait comment elle avait fini par comprendre et accepter – autant dire qu’au moment où j’ai subi la même chose, je n’ai même pas été étonnée. Et puis bon, il y a Eve, tu enfanteras dans la douleur, blablabla. Personne ne m’a jamais dit que l’accouchement était une partie de plaisir.

      Donc ne vous étonnez pas si vous n’avez pas de plaintes… C’est normal. Nous sommes prêtes à beaucoup accepter, et ce genre de blog nous permet de nous rendre compte que ce que l’on croyait “normal” ne l’est pas tant que ça…

    • Liliwed says:

      MR je ne complèterai que d’un point de vue très personnel, mais ayant accouché dans un établissement public (de région parisienne) ce que vous décrivez n’est pas non plus en phase avec ce qu’il s’y passe.
      J’ai eu affaire à une gynéco, sans doute hyper zélée et préoccupée par mon bien, et qui m’a donc fait un décollement de membranes (sans mon consentement, oups ! autant pour votre affirmation que c’est toujours avec…). Qui de toute façon, dans la foulée a décidé de me déclencher sur un motif discutable et non recensé dans les indications de l’HAS (pas assez d’activité foetale à son goût), lorsque le service était surchargé et que j’étais contre. Dans cette même démarche bienveillante, elle m’a imposé la péridurale en même temps que la rupture de la poche des eaux (ça n’allait pas assez vite…), rpise de cours et ayant peur de finir sans péridurale, je n’ai pas eu d’autre choix que d’accepter.
      Sauf que ça n’a jamais fonctionné et que cette même gynéco n’a pas tenu compte de l’inefficacité de cette péri 7 heures plus au moment de tourner la tête de mon bébé (ben oui, elle s’engage pas) et finalement de l’extraire aux forceps (inutiles d’ailleurs car les anomalies du rythme-modérées-se calmaient hors poussées). Le tout, donc à vif et tenue par l’équipe. Elle s’est défaussée en se rabattant sur l’incompétence de l’anesthésiste. Sauf qu’elle ne s’est jamais adapté au cours de tout ça et a suivi son super schéma pour éviter la césarienne (que j’aurais mieux vécu). Elle a explosé ses heures de garde pour mon accouchement et pense peut-être encore sérieusement avoir fait au mieux, sans jamais avoir été désagréable. Mais sans jamais m’avoir écoutée non plus, sauf quand je l’ai suppliée de sortir mon bébé qui bloquait aux épaules, car c’était vraiment plus soutenable.
      Pour clore ce magnifique bilan, elle était un peu ébranlée 6 semaines plus tard quand elle m’a vue pleurer quand on a refait le fil (forcément…) mais m’a accueillie par une blague. Elle m’a prescrit 10 séances de reeduc par biofeedback (qu’on a renouvelé) qui ont encore plus verrouillé mon périnée qui est en fait lésé et contracturé. Donc c’est reparti pour 20 séances de reeduc par massages maintenant grâce à une gynéco spécialisée.
      Mais à tout ça on ajoute les médocs, le psychiatre et sans doute l’EMDR, parce qu’en fait, c’était un viol (une femme qu’on tient à 3 pour lui mettre un truc en métal dans le vagin, gros scoop, c’est un viol et on le vit comme tel). Donc franchement, penchez vous sérieusement sur la question du vécu et des conséquences de vos interventions, car celles que vous énumérez tristement ne sont que techniques, et ne tiennent pas du tout compte du psychisme de vos patientes et de leurs éventuelles séquelles. Hors, si vous êtes soignants, cela devrait être justement au coeur de vos préoccupations, et pour nous, cela peut avoir des conséquences vraiment douloureusement durables…
      Si nous sommes aussi nombreuses à élever la voix, ça n’est pas pour rien, c’est parce qu’il y a un réel problème, c’est aussi simple que ça.

    • Vervaine says:

      Et pour compléter tout ce qui vient d’être dit, sachez que si, ce serait tout à fait possible et même ! couterait MOINS cher à la société d’encourager les accouchements physiologiques avec “une femme, une sage-femme”.

      Pour l’instant, les accouchements à domicile sont peu nombreux à vause du manque de SF. Celles-ci sont très largement influencées négativement contre cette pratique: contrôle de l’Ordre et surtout, impossibilité d’une assurance à prix correct, et aucune réaction de l’Etat à ce sujet. La SF qui m’a suivie est installée en libérale depuis 2 ans et dit refuser des patientes parce qu’elle a trop de demandes ! La demande existe, ce sont les conditions qui ne sont pas favorables. Les maisons de naissance, enfin autorisées, commencent elles-aussi à souffrir de leur succès!
      Donc oui, il serait tout à fait possible d’encourager les pratiques physio, ce qui laisseraient la place en maternité pour les grossesses et accouchements à risques, et rêvons un peu, pour des gynécos qui ne soient plus débordés…

    • wirard says:

      Le gynécologue qui m’a suivie pour ma première grossesse fait surement son métier avec passion. Deux heures de retard en moyenne pour chaque rdv, faut-il qu’il en prenne du temps avec chacune. Quand bien même mon propre rdv n’a jamais dépassé 15 minutes … Il est sûrement passionné, puisqu’il m’a promis une césarienne pour bassin trop étroit dès le premier rdv. Mais comme il m’a proposé de me mettre en travail naturellement, de dilater jusqu’à 7cm, et qu’on parte en césa à ce moment-là “pour que j’aie la montée de lait”, je l’ai trouvé vraiment super. Fallait-il qu’il aime son métier pour venir, le jour J, un dimanche, à 4h du matin, parce que voilà, ça y était, j’était dilatée à 6cm. Qu’il regarde entre mes cuisses et dise “Ha ! Mais ça s’est bien écarté tout ça, on va pouvoir tenter la voie basse !” Il devait sûrement être très fier de m’éviter la césarienne. Ne m’a pas demandé comment moi je pourrais le vivre, n’ayant pas fait de préparation à l’accouchement. N’a pas empêché la SF d’injecter 3 doses de syntho en 1h30, ni de me grimper sur le ventre afin de faire naître mon bébé plus vite. Il a même aidé un peu avec une épisiotomie. Parce que se réveiller un dimanche au milieu de la nuit pour constater qu’au final on sera inutile, ça doit foutre un peu les boules … Alors bon, épisio. Et puis révision utérine juste après la sortie du bébé aussi, tant qu’à faire, puisqu’il est là, autant qu’il soit utile. Même si je saigne très peu. Et puis on suture rapidement. Mais on prend quand même le temps de refaire UN HYMEN TOUT NEUF. On ne sait jamais, vu que je ne suis pas mariée, ça peut servir, un hymen de vierge, après un accouchement ! C’est certain, ce gynécologue est passionné par son travail. Il s’est quand même levé à 4h du mat’ un dimanche, juste pour moi, quoi ! Et moi, j’ai dit merci …

  7. Julie says:

    Je suis si abattue de lire que rien ne change et qu’on ne nous croit pas. J’ai accouché en 2007 : déclenchement, échec de péridurale, forceps et episiotomie à vif. L’episio a surdéchiré et j’ai eu une très grosse cicatrice. Suture à vif, la gynéco m’a expliqué que non c’était impossible je ne pouvais pas avoir mal. Je n’ai jamais bien récupéré. J’ai fait une dépression, je n’aurai jamais d’autre enfant, je souffre encore de séquelles morales et physiques. Pourquoi ne sommes-nous pas crues ?

    • Nathalie says:

      L’impression de lire mon expérience c bien triste et ça a gâché ma vie . Je suis prête à témoigner si on me le demande . Après 14 ans j’arrive à peine à en parler sans pleurer.

  8. emilie allibert says:

    Bonjour,

    Je me permets de venir témoigner à mon tour afin d’apporter ma toute petite pierre à l’édifice.
    D’abord, merci Madame Marie-Hélène Lahaye pour votre engagement et votre travail. Heureusement qu’il y a des personnes comme vous, prêtes à donner de leur personne et à prendre des coups pour défendre des idées et faire évoluer les mentalités et les pratiques dans tous les domaines. Et des coups j’ai pu constater que vous en receviez et pas des moindres. La question déclenche visiblement beaucoup d’hostilité.
    Je suis allée faire un tour sur le site des “médecins ne sont pas des pigeons” par curiosité. Comme j’ai été choquée de voir tous ces messages dignes de conversations de piliers de bars, écrits à la va vite, parfois franchement vulgaires et avançant des arguments totalement stupides de la part de personnes censées avoir une certaine éducation. J’ai particulièrement bien aimé le conseil d’aller faire un tour à Alep pour se dire que finalement chez nous ce n’était pas si mal. Ou mieux encore celui qui dit que sous Louis XIV 1 femme sur 2 mourrait en couches…Mais quelle blague ! D’où il sort ce chiffre ? Il y a des documents datant de cette époque qui permettent de le calculer ? 1 sur 2 ? Vraiment ? Je suis vétérinaire et je peux dire que le suivi de mes patientes lors de leur gestation et de leur mises-bas est proche de zéro et on est loin d’avoir 50% de mortalité, heureusement ! L’espèce humaine serait donc si fragile ? C’est juste un miracle que nous soyons encore là alors !
    Moi aussi je veux rapporter ce que j’ai vécu pour appuyer votre propos car plus on sera nombreuses à témoigner moins l’argument que nous sommes des exceptions ou des folles tiendra la route.
    Tout d’abord je voudrais appuyer la réponse de cma à MR quand elle indique que le choix du mode d’accouchement est très limité. Je suis confrontée au même problème car il n’y a personne qui pratique d’accouchement à domicile près de chez moi, la maison de naissance la plus proche est à plus d’une heure et il semblerait qu’il y ait peu de sage femme qui accompagne la grossesse jusqu’à l’accouchement inclus. Il ne me reste donc plus que la maternité “traditionnelle”. Ah si ! Je pourrai toujours aller accoucher dans mon jardin 😉 ou mieux, en pleine forêt un soir de pleine lune avec des louves pour m’assister. En plus ça tombe bien, on a réintroduit des meutes en France…Trèves de plaisanterie, voici mon histoire :
    Moi aussi lors de la visite de contrôle le jour de la DPA, la sage femme s’est permise de manipuler mon col (ce sont ses termes, je ne sais pas encore exactement ce qu’elle a fait mais je le découvrirai en demandant mon dossier médical) sans me demander mon avis au préalable et sans qu’aucun examen n’ait laissé supposer qu’il était nécessaire de précipiter l’accouchement. Et c’est bien dommage car si elle l’avait fait, je lui aurais dit non. D’abord parce que j’aurais préféré laisser une chance au déclenchement de se faire sans intervention extérieure et ensuite parce que je sortais juste d’une crise d’herpès. Crise que j’avais signalé à son début à la maternité mais qui n’a visiblement été notée nulle part. Si elle m’avait demandé mon consentement ou s’était simplement abstenue d’intervenir dans une grossesse parfaitement normale par ailleurs j’aurais peut-être évité la césarienne…
    J’ai commencé à avoir des contractions dans l’après-midi suite à cette visite de contrôle qui ont été d’emblé très rapprochées et je suis donc rapidement retournée à la maternité avec mon conjoint. Le temps d’arriver les contractions étaient devenues violentes et rapidement elles ne m’ont plus laisser aucun répit. Lors de l’examen à l’arrivée on m’a dit que le col était dilaté à 4cm et que j’avais droit à la péridurale. Je suis donc partie soulagée par cette perspective en salle d’accouchement en refusant le fauteuil roulant qu’on me proposait car la position assise m’était juste insupportable.
    On m’a alors à nouveau installée dans un siège en position semi allongée (j’ai demandé à être redressée) puis on m’a mis le monitoring. Je confirme que la simple “pression” de la sangle sur le ventre amplifie fortement la douleur. C’est simple j’avais l’impression d’être piétinée, broyée de l’intérieur par un troupeau d’éléphants et que mon estomac allait littéralement me sortir par la bouche. Le moindre contact physique était douloureux. Je prenais mon mal en patience en pensant au moment heureux où j’aurais enfin ma péridurale car je comprenais bien que l’anesthésiste n’avait pas que ma petite personne à s’occuper. J’ai attendu…longtemps, 1/2h, 3/4 d’h, je ne sais pas. Quand on souffre les minutes paraissent des heures. Pendant ce temps je repensais aux cours de préparation à l’accouchement et à toutes les techniques enseignées en me disant que ça ne servait pas à grand chose comme on nous clouait sur un fauteuil. Finalement quelqu’un est entré mais ce n’était pas l’anesthésiste. Cette personne m’a demandé si la fin de la grossesse s’était bien passée. Là mon conjoint m’a regardé avec insistance et je me suis entendue dire que j’avais terminé le traitement pour une récidive d’herpès la veille. Je savais que je signais pour les ennuis. Branle bas de combat, au moins 4 ou 5 personnes sont venues m’examiner puis après avoir conclu qu’il n’y avait aucune trace de lésion, l’une d’elle s’est penchée vers moi avec un air navré et m’a dit qu’on allait faire une césarienne. J’avais envie de refuser mais c’était juste impossible pour moi d’aligner 3 mots alors argumenter n’en parlons pas et je savais que je n’aurai pas le soutien de mon conjoint, on n’avait absolument pas penser à en discuter avant. J’ai donc acquiescé à contre cœur.
    J’ai alors été transférée sur un brancard (en décubitus dorsal bien sûr…) et emmenée en salle d’opération. Là une voix m’a ordonné de m’assoir sur la table. J’ai trouvé la force de dire que j’aurais besoin d’un coup de main pour me redresser (se relever juste à la force des abdominaux quand on est enceinte de 9 mois et en souffrance est assez compliqué) et là on m’a rétorqué (aboyé) que si je voulais mon anesthésie je devais faire un petit effort. De rage j’ai réussi à me relever et à m’assoir sur la table. Je me suis alors souvenue des instructions données pour la péridurale lors des cours de préparation à l’accouchement et de la visite chez l’anesthésiste et me suis mise au bord de la table, le dos bien rond…je suis du genre “bonne élève”. J’ai entendu qu’on me demandait de me repositionner mais j’avais beaucoup de mal à me concentrer sur le sens des mots tant la douleur me demandait toute mon attention. Repensant aux fameuses recommandations je me suis reculée encore pensant que c’était ça le problème. A nouveau sur un ton très agacé j’entends quelqu’un me répondre que “non ! pas en arrière ! vous ne voyez pas que vous êtes presque dans le trou !!! poussez-vous ! “….ben non, je ne vois pas, je n’entends pas…j’ai mal, c’est tout.
    Finalement on m’a fait la rachi anesthésie et en peu de temps la douleur a cessé et mon esprit a de nouveau pu s’attarder sur ce qui se passait autour de moi. J’ai alors eu le plaisir de constater la très mauvaise ambiance qui régnait au sein de l’équipe. Personne ne se gênait pour faire des reproches à voix haute du style “mais qui c’est qui a posé ces perfs, c’est tout emmêlé, c’est n’importe quoi !”. Heureusement je me souviens d’une soignante et de l’anesthésiste dont la bonne humeur m’a un peu réconforté. L’intervention s’est bien déroulée, on m’a très brièvement montré mon bébé avant de l’emmener. Je les ai rejoints lui et son père un peu plus tard. Il était en couveuse. C’est là que j’ai réellement pu le rencontrer. On a alors tenté la première mise au sein mais au bout de 30 secondes la personne présente a décrété que ça n’allait pas et a tendu un biberon à mon conjoint pour qu’il lui donne. J’ai alors regardé cette scène encore clouée sur mon lit par l’anesthésie et me suis dit que je me débrouillerai toute seule à l’abri des regards quand on serait remonté dans ma chambre. C’est ce que j’ai fait et mon enfant tétait très bien (merci à la leache league). Je ne m’étendrai pas sur le séjour en maternité où là encore j’ai été le témoin (la victime ?) des incohérences voire contradictions entre les directives/conseils des uns et des autres.
    Ce que je peux dire de tout ça c’est que en ce qui me concerne :
    je confirme l’état de grande vulnérabilité dans lequel je me suis trouvée, incapable de me “défendre” puisque je n’étais même pas capable de vraiment parler.
    Je confirme également que cette position gynécologique a été pour moi un calvaire supplémentaire à endurer.
    Je confirme que des actes peu douloureux d’ordinaire sont devenus de vraies tortures au moment de mon accouchement.
    Je confirme que j’aurais souhaité plus d’intimité, un suivi plus personnel (avoir affaire à des dizaines de personnes et jamais les mêmes a été très dérangeant pour moi). Moi aussi j’ai eu le sentiment d’être “un bout de viande”, d’être à la fois dérangée par une multitude de personnes mais finalement d’être seule, d’être mise sur la touche là où j’aurais dû être l’actrice principale.
    Pour conclure même si en mon for intérieur je reste persuadée que la césarienne était inutile et que si j’étais tombée sur une autre équipe je n’en aurais peut-être pas eu, ce n’est pas ce qui me met le plus en colère. Sans doute aurais-je pris la même décision à leur place. Ce ne sont pas non plus les petits couacs que j’ai pu rencontré comme la personne qui s’y est reprise à 4 fois pour me poser le cathéter qui m’ont heurtés. Je sais que la médecine est difficile, que c’est rarement tout noir ou tout blanc et qu’il y a rarement de décision évidente. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que cette césarienne je ne l’aurais sûrement jamais eu si on avait eu au départ le respect de me consulter avant d’intervenir sur ma grossesse. J’ai le sentiment avec le recul qu’au lieu d’avoir été aidée on a fait que me mettre des bâtons dans les roues, que beaucoup des pratiques dont j’ai été l’objet vont à l’encontre du déroulement physiologique de l’accouchement et que ça se serait probablement mieux passé seule chez moi sans intervention aucune. Et par dessus tout j’ai le sentiment d’avoir été négligée dans ma condition d’être humain.
    Comme je regrette de ne pas m’être autant renseignée sur l’accouchement que sur l’allaitement, de ne pas avoir fait les recherches que je fais aujourd’hui, d’avoir méprisé les “projets de naissance” que j’avais découvert sur les forums pensant que c’était des lubies de personnes qui pensaient qu’on organise un accouchement comme un mariage, de ne pas avoir su pleinement comprendre le message d’une amie qui m’avait conseillé de me montrer ferme vis à vis de l’équipe médicale pour rester actrice de mon accouchement. Comme ces mots me parlent maintenant.
    Oui, pour moi, j’ai vécu un évènement réellement traumatisant. Le fait que plus de 2 ans après, alors que je n’y pensais plus vraiment, être tombée par hasard sur ce blog a fait remonter en moi une colère aussi forte (si ce n’est plus) qu’au premier jour en est pour moi la preuve. Et ce n’est pas l’accouchement lui-même qui a été traumatisant pour moi mais bien l’environnement dans lequel il s’est passé. Je ne mets pas en cause les personnes mais bien le système. Car je reste persuadée que sauf quelques malades mentaux, tous les soignants ont la volonté de bien faire leur travail et d’aider les autres mais que c’est bien le système dans lequel ils baignent qui finit pour la plupart par leur ôter une part d’humanité, à les rendre aigris et les pousse à adopter de mauvaises pratiques en ne se posant plus trop de questions parce qu’elles sont trop douloureuses.
    Alors, mesdames messieurs les professionnels de santé, si vous lisez ces lignes, s’il vous plait, ne vous sentez pas agressés mais prenez les au sérieux et interrogez vous avec honnêteté sur vos pratiques. Et au lieu de nous combattre, ralliez vous à nous. C’est dans l’intérêt de tous.
    Merci à ceux qui auront pris la peine de me lire et encore merci à l’auteur du blog de m’avoir donné une fenêtre pour m’exprimer.

    Emilie

  9. Boyé says:

    Honte à la profession des médecins, je suis sage-femme et j’ai honte de mes collègues qui réagissent de la sorte.
    Je me suis longtemps battu pour le respect des femmes dans une maternité avec certain médecins qui étaient des “bouchers” on peut le dire puis j’en suis partie au bout de 15 ans dégoutée par l’institution qui ne fait pas grand chose contre ces gens là car il faut bien “remplir le planning des gardes”

    bref je pourrai encore en dire sur tout ce qui se passe à l’intérieur des maternités…
    Merci à Marie-hélène Lahaye que j’ai rencontrée lors d’un colloque cette semaine.
    Merci pour ce blog super et pour le combat que tu mènes.

  10. Dotchka says:

    Deux enfants, une première grossesse avec menaces d’accouchement puis grande prématurité de mon fils né à 6 mois. J’ai connu beaucoup de comportements, d’attitudes et mots violents de la part des médecins pendant ma grossesse. Dès le départ, les choses se sont mal passées. La généraliste qui m’envoie faire une Echo de datation et me voilà refoulée sans explication ou avec véhémence par tous les cabinets de radiologie ; je n’ai compris la raison que des années plus tard, ils pensaient que je voulaient une Echo de datation pour avorter. Finalement un cabinet me prends, et après une heure d’attente la secrétaire médicale me dirige dans une pièce plongée dans le noir en m’indiquant d’enlever ma culotte avant l’arrivée du Medecin. Heureusement que j’étais accompagnée de mon compagnon. J’ai rien dit, rien fait. La Medecin arrive et s’étonne de me voir habillée la sonde dans la main sur laquelle elle pose confiante de l’issu de la discussion un préservatif. Je lui rétorque mon refus de l’endo, s’ensuit un bras de fer, je lâche rien. Elle abandonne et réalise l’examen en appuyant très fortement sur mon ventre avec la sonde, je ne dis rien, je sers les dents, mon compagnon n’est intervenu à aucun moment. Je sais dès le départ que je serais seule dans ce combat. Elle indique sur son compte-rendu que j’ai refusé l’endo.
    Je m’inscris à la maternité qui ne réalise de suivi qu’à compter du 4ème mois, elle m’oriente vers une gynéco avec dépassement d’honoraires, son interne/remplaçante ne veut pas déclarer ma grossesse avant la limite de la CAF car selon elle je risque une fausse-couche, et qu’après c’est compliqué avec l’administration, je vous laisse apprécier toute la bienveillance de ses propos. Elle me prescrit le tri-test en m’invictivant sur la responsabilité qui m’incombe et qu’après il ne faudra pas se plaindre. Devant ce flot de paroles et d’invectives, je ne savais même de quoi il en retournait, faire ou pas faire, c’était pas clair, mais mon problème, pas le sien. J’ai fait. Quelques temps après, c’est la titulaire jamais rencontrée qui m’appelle catastrophée par les resultats, qu’il faut que je vienne tout de suite, il y a urgence sans m’en dire plus. Avec mon compagnon, nous posons un RTT et nous rendons au cabinet. Cette gynecologue nous explique alors que le taux est mauvais et que nous risquons d’avoir un trisomique, ensuite elle fait un calcul rapide et me précise qu’avec les calculs recombinés, le risque est largement diminué et qu’elle me déconseille l’amniocentèse, puis demande ce que nous voulons faire. Après le tsunami dans ta tête, la peur animale d’avoir un enfant handicapé, la prudence m’impose l’amniocentèse, mon compagnon suit les recommandations de la gynécologue. Elle me fait un courrier de recommandation pour la maternité, pour clôturer me demande ma carte vitale, 60 €.

    Dès le départ, cette grossesse a été rejetée par les médecins, personne ne voulait faire d’écho, ils pensaient que je ferais une fausse couche, que j’aurais un enfant trisomique. J’ai été placée dans une dynamique négative et malveillante qui a abouti après d’autres événements et comportements malveillants à la naissance de mon fils à 29 SA.

    Cette médecine est mortifère, je la combats de toutes mes forces et de toute mon âme de femme ignorée, maltraitée, blessée.

    À quand le changement ? Pour moi, c’est maintenant !!!!!

  11. Maman Goupil says:

    Je souhaiterai moi aussi vous faire part de mon témoignage.
    Les violences que nous avons subies, mon fils, mon mari et moi-même, ne sont certes pas aussi violentes que dans certains témoignages, mais cela reste une violence.
    Aujourd’hui encore, de nombreux cauchemars hantent mes nuits, et la perspective d’une future grossesse m’effraie au plus haut point, alors que je souhaitais tant avoir des bébés rapprochés.
    Tout commence dans une clinique privée du Sud de la France, chaudement recommandée par ma meilleure amie qui avait accouché là bas. J’y suis suivie pour ma grossesse, qui se passe à peu près bien. J’y rencontre un premier gynécologue, qui s’est révélé être une andouille de première. Très froid, il n’a pas échangé plus de 2 phrases lors des rendez-vous, et parmi elles, une me disais que je faisais du diabète gestationnel et qu’il fallait me mettre au régime. J’étais enceinte d’un mois. Sur les conseils de ma meilleure amie, je prends rendez-vous avec le gynécologue qui l’a suivi, toujours dans cette même clinique. Le feeling passe bien mieux.
    A cause de ma pathologie cardiaque, je bénéficie d’une échographie mensuelle, ce qui me ravit. C’était notre rendez-vous à nous, chaque mois, et nous l’attendions avec impatience à chaque fois. Les mois passèrent, sans aucune trace de diabète gestationnelle. Mon fils promettait d’être un grand gaillard, très dynamique, mais un peu mince. Rien d’alarmant. A la fin de ma grossesse, le gynécologue prescrit un monitoring tous les 2 jours, par sécurité, pour être sûr que tout aille bien.
    Puis arriva le dimanche 21 Août 2016.
    Un mois avant la date présumée d’accouchement. Des contractions assez violentes et régulières me font aller à la maternité. Hélas, mon gynécologue n’était pas là ce jour là, c’est un autre gynécologue qui s’est occupé de moi avec une sage femme. On constate que je n’ai plus de bouchon muqueux et suis dilatée à 3. On me met sous monitoring et l’on surveille. Je ne me dilaterai pas davantage ce jour là, et l’on me renvoie chez moi.
    J’avais entendu le personnel soignant dire que cela ne les arrangeait pas de me faire accoucher ce jour là, car il n’y avait que très peu de personnel. Dubitative, je me fie néanmoins à l’avis du gynécologue de garde. Quelques jours plus tard, un impression étrange me glace l’échine. Mon fils ne va pas bien. Je le sais, je le sens. J’en parle à la sage femme qui venait me faire les monitorings, qui me dit que pour elle tout va bien, le cœur va très bien, que cela pouvait attendre le rendez-vous avec mon gynécologue quelques jours plus tard. Là aussi, je lui fais confiance, et m’en remet à son jugement.
    Le 7 Septembre 2016, à 19h30.
    Arrive le rendez-vous avec mon gynécologue. Lors de l’échographie, nous discutions toujours, mon mari, présent à chacune des échographies, blaguait souvent avec lui. Mais là, pas un mot. Mon gynécologue me dit que mon fils a perdu du poids, qu’il n’est pas en très grande forme. Mon monde s’écroule. Il prend la décision de déclencher l’accouchement le lendemain, le 08 Septembre 2016.
    Et là, le cauchemar débute.
    La nuit se passe tant bien que mal. Le lendemain à 7h00, je suis en salle d’accouchement. Une sage femme un peu âgée s’occupe de nous.
    9h30
    On me perfuse à l’ocytocine et bien sûr on surveille attentivement le monitoring. Les contractions arrivent, vite, fortes, violentes, douloureuses. Je les gère tant bien que mal, pas un cris ne sortira de ma bouche. Un simple mot gentil de la part des sages femmes et des infirmières m’aurait aidé. Mais c’est à peine si l’on m’a adressé la parole. Seul mon mari, d’un soutient infaillible, est là pour m’aider dans cette épreuve.
    10h30
    Mon fils fait une petite détresse cardiaque. La sage femme me réponds que c’est normal, que tant que le cœur revient à la normale une fois la contraction passée, c’est que tout va bien. Je lui dit qu’il fallait envisager la césarienne, que mon fils est fatigué. Elle me réponds, presque moqueuse, que je suis une future maman inquiète, mais qu’elle sait ce qu’elle fait. Bon d’accord, après tout, c’est vous la pro.
    11h30.
    Nouvelle détresse cardiaque. Là aussi son cœur remonte. Je sens que mon fils est fatigué de tout ceci, il se bat, mais je sens sa détresse, comme s’il me suppliait de faire quelque chose. Je lui dit à nouveau d’envisager la césarienne, mon fils commence à aller mal ! Là aussi, nouveau mur. Il faut que j’arrête de me plaindre et que j’allais faire un accouchement par voie basse, pas de césarienne pour moi. Mon gynécologue est venu voir ce qu’il se passait, a observé, puis est parti, sans un mot.
    11h45.
    On décide de faire une péridurale. On fait sortir mon mari. J’étais dilatée à 6, et l’anesthésiste de me dire ” Et bien fallait la demander avant, là à quelques minutes près, je ne pouvais plus rien faire !” Comme si je pouvais moi-même savoir à combien mon col était dilatée. Cet abruti a du s’y reprendre à trois reprises, car dès qu’il me piquait, il atteignait à chaque fois mes vertèbres, m’occasionnant des douleurs immenses. Mes cris ramenèrent les autres sages-femmes, qui se mirent à 4 pour me maintenir de force pour pas que je me débatte. Il finira par me la poser, cette péridurale, non sans souffrance. Etant donné qu’il l’avait mal posé, il a fallu injecter une dose supplémentaire. Je m’inquiète pour mon fils.
    12h00.
    Nouvelle détresse cardiaque pour mon fils. Cette fois-ci, son cœur descendit, puis descendit encore, jusqu’à 40 battements minutes. Là, j’ai hurlé, le seul cri de mon accouchement ” Faîte une césarienne immédiatement!!” Mon gynécologue arrive, il était dans la pièce à côté, observe les sages femmes, et hurle ” Ca suffit les bêtises, l’acharnement ça va mais là au bloc, immédiatement !! “.
    Après un regard à mon mari, médusé et très inquiet, je me retrouve dans cette salle aux néons trop forts. Je m’excuse auprès du personnel soignant d’avoir crié ainsi. On me rétorque alors que je suis dans le top 10 des emmerdeuses. Choquée, je me suis arrêté de parler. On me passe ensuite une rachi anesthésie cette fois. Mon gynécologue entame la procédure, et j’ai senti … Mais je n’ai rien dit. Il fallait faire vite, sortir mon fils de là. Etait-il vivant ? Pitié dîtes moi si il est vivant. Je pense que l’adrénaline du moment, la peur, m’a permis de passer outre les douleurs de la césarienne. Je sentais l’incision, la lame froide sur ma chair, ses bras frôlant mes jambes, les courants d’air, faits par les sages femmes qui s’agitaient et passaient et repassaient à côté de nous. J’ai senti ses mains dans mes ventre. Je l’ai senti tirer, puis appuyer, pour tirer à nouveau. Et là je l’ai entendu. Un cri, LE cri. Puissant, si puissant. Je me suis mise à pleurer, de joie. Je remercie mon gynécologue et lui demande si je peux faire le peau à peau. Il me réponds qu’il veut bien, mais que pour l’instant, seule la tête était dehors, le reste de son corps étant toujours dans mon ventre. Il était très surpris que mon fils se soit mit à crier si vite, alors qu’il n’était pas encore entièrement sorti de mon ventre. Nous apprendrons plus tard pourquoi.
    On me met mon fils contre moi, et je pleure ce bébé que j’avais failli perdre. Je lui parle et lui dis que je suis désolée, que je ne voulais pas qu’il souffre dans mon ventre et que désormais ce ne serait plus qu’un mauvais souvenir. On embarque ensuite mon bébé pour les premiers soins, pendant que l’on me referme. Là, je me mets soudain à vomir, beaucoup de bile. Le contrecoup sans doute. Une sage femme dit à sa collègue ” Et merde là voilà qui dégueule maintenant”. Charmant. Elle me tend juste un essuie tout pour m’essuyer.
    J’apprendrai plus tard par mon mari, que lorsque l’on m’a emmené au bloc, 2 infirmières de bloc ont été mécontentes, car à cause de moi, il avait fallu faire une stérilisation de bloc non prévue, et que ça les embêtait, pour rester polie. J’apprendrai aussi qu’elles ont oublié mon mari en sale d’attente, et qu’elles ont effectué les premiers soins sans lui. Il a exigé, de sa douce voix, qu’elles les refassent devant lui. Elle s’exécutèrent, non sans râler. Il fit ensuite le peau à peau avec notre fils. Mon mari s’étonna de l’absence du bracelet. On lui dit qu’on lui mettra plus tard. Dès lors, il décidé de ne jamais quitter notre fils tant qu’il n’avait pas ce bracelet. Tout au long de la journée, nous n’avons eu de cesse de réclamer le bracelet. J’entendis le personnel soignant nous qualifier d’emmerdeurs avec ce “putain” de bracelet. Mon fils l’aura finalement, ce “putain” de bracelet, vers 23h30.
    La première nuit se passa bien, l’équipe de nuit ce soir là s’est avérée efficace et disponible. Les jours suivants en revanche … Aucune aide. Mon mari venait chaque jour, et allait donner le bain. Au premier bain, nous constatons une boule sur le pied de notre fils. en pressant dessus, du pus en sort … Ainsi qu’un morceau de compresse !! Pas fichues de faire les premiers soins convenablement. La puéricultrice était outrée. Nous soignons notre fils et le problème disparut dans les jours qui ont suivi.
    La troisième nuit, je leur ai confié mon fils, il fallait que je dorme, cela faisait 72h que je n’avais pas dormi, il me fallait au moins quelques heures. Dans la nuit, j’entendit un bébé pleurer. Je l’ai immédiatement reconnu, c’était mon bébé. J’ai appelé les infirmières, sans réponse. Je me suis levé, avec les effroyables douleurs liées à la césarienne, et j’ai commencé à traversé le long couloir. Là, une infirmière me croise, et, surprise, me ramène à ma chambre. Je demande alors comment va mon fils. On me réponds que c’est un emmerdeur et que ça fait 3 heures qu’il beugle comme un veau. Je demande à la récupérer immédiatement. On me dit que non, qu’il faut que je dorme, et je réponds d’un ton sec que je leur demandais de ramener mon fils auprès de moi immédiatement et de ne plus l’approcher. Je récupère mon fils qui s’arrête alors immédiatement de pleurer.
    Le lendemain, mon mari ne manque pas de faire le scandale du siècle. Moi, je décide de prendre le taureau par les cornes pour sortir plus vite. Je me suis mise debout très vite et ai rapidement pu être autonome, à grands coups d’anti douleurs. Je réclame du lait pour mon fils, car il avait consommé toutes les petites bouteilles à disposition. On me répondit non, que mon fils avait assez mangé, et qu’il fallait que j’en achète maintenant. Le sang de mon mari ne fit qu’un tour. Il leur ordonna d’aller chercher de quoi nourrir notre fils de 3 jours. Déjà que par leur faute notre fils avait failli y rester, maintenant ils veulent l’affamer? Car il a mangé déjà l’intégralité des petites bouteilles disponibles ? Il était fou furieux. Mon fils a bien eu son lait finalement.
    Mon gynécologue, ayant eu vent de la situation, arriva. Je n’avais rien contre lui, cela a sans doute été le seul à être à l’écoute et attentif. Il m’informe que les résultats de l’analyse du cordons étaient là. Mon fils était bien en souffrance, il n’y avait presque plus d’échanges, et il a survécu dans mon ventre en buvant le liquide amniotique. Pour lui, mon fils est un miraculé, car, selon lui toujours, à quelques heures près, j’accouchais d’un mort né. Manque de tact et de délicatesse certes, mais honnête. Il ne comprends pas pourquoi on ne m’a pas laissé accoucher le 21 Août. Nous non plus.
    Nous quittons la maternité l’après midi même, avec son autorisation, mon fils n’ayant fait que prendre du poids depuis sa naissance, et étant en pleine forme.
    Merci de m’avoir lu, c’est long, je sais, mais j’en avais besoin. 10 mois plus tard, j’éprouve toujours autant de difficultés à en parler. A cela, se mêle aussi l’incompréhension des proches. Qui ne sont pas compréhensifs. Facile de me dire de tourner la page, que maintenant mon fils va bien. Que ” Oh mais tu sais, c’est facile pour personne” ou encore ” Mais moi aussi j’ai galéré, mais sa va t’inquiète pas”. Alors oui, mon fils va bien, moi moralement moins. Cependant, cet accident nous a tous les 3 terriblement soudés. Mon fils, mon mari et moi sommes très proches, et sommes toujours attentifs les uns envers les autres.

  12. Theo says:

    Je trouve ça vraiment désolant la réaction des professionnels. Moi même j’ai eu une episiotomie lors de mon 1er accouchement: seul motif donné: “un coup de pousse” une péridurale mal posée, donc inefficace; fièvre 38°c et RAS pendant la grossesse
    Pour 2e accouchement: administration d’ocytocine et rupture de la poche des eaux= douleur terrible; pour la tranquillité de l’équipe de nuit.
    Les patients ne sont pas des objets ni des paquets de colis à livrer! Je confirme qu’il manque d’humanité et humilité dans cette spécialité, une bonne remise en question de la part des professionnels les aiderait à mieux prendre en charge les femmes. Merci

  13. Marie says:

    Je viens de terminer la lecture entière de cette page, c’est encore pire que ce que je m’imaginais. Je suis une jeune femme de 25 ans actuellement enceinte de mon premier bebe. J’ai 3 grandes soeurs qui ont accouchés avant moi. La seule ayant eu un accouchement douloureux mais sans traumatisme a accouché en Suede. Pour les deux autres ayant accouché en France ce fut la catastrophe autant physiologiquement que psychologiquement.

    Aujourd’hui le résultat et que je suis dans une situation ou j’ai très peur d’accoucher. Et non pas à cause de la peur des douleurs des contractions ou de l’expulsion , mais la peur de tout ces gestes imposés et normalisés en France: perfusion, péridurale, monitoring, épisiotomie, position des jambes dans les étriers…
    Une partie de moi aimerai accoucher chez moi en cachette à ma manière sans acharnement medical. Mais hélas la peur que mon bebe ait un problème me fera accoucher comme tout le monde en maternité.

    Je serai donc comme n’importe quelle femme enceinte réduite au stade de vagin ouvert a tant de centimètre avec un bebe à faire sortir et ce peut importe le moyen. Tout actes douloureux comme inutile sera justifier d’une manière ou d’une autre par le protocole d’accouchement tel que pratiqué en France. On dépasse de quelques jours le terme hop on déclenche, le travail va pas assez vite hop on met des hormones, bebe decent trop doucement hop aide instrumental, risque de déchirure hop on fait une épisiotomie par precaution…. mais c’est pour notre bien pardon !

    C’est peine perdu, me dire que je vais devoir me battre pour accoucher selon mes souhaits m’épuise deja, comme si l’accouchement n’était pas en soit assez épuisant il faut aussi une énergie folle pour faire entendre sa voie.

    D’ailleurs en soit ces souhaits se résument: A pas de déclenchement( décollement membranes, pas de stimulant caché dans la perfusion), pas d’épisiotomie ( j’accepte le risque d’une déchirure) la possibilité d’accoucher sur le cote et non en étoile de mer et enfin pas de stagiaire ou interne qui viendrai s’éduquer avec mon anatomie .

    Ces souhaits qui au final seront refusés en grande partie car le personnel de maternité n’a tout simplement pas le temps, ni la formation pour pouvoir s’adapter aux souhaits des femmes. En meme temps il faut les comprendre, la chambre 12 veux accouche comme ça, dans la 3 elle veux une césarienne, la 7 elle veux accoucher debout … LoL de quoi déboussoler une équipe médicale sous haute pression avec parfois des bébés a pronostic vital engagés du coup ça leur semble superficiel. De toutes façon ils sont saturés il y a souvent plusieurs accouchements en meme temps, ils leur semble impossible de faire du cas par cas et dans ce processus ils sont aussi les victimes d’un système qui les contrains à agir comme ça.
    Au mieux j’aurais un accouchement avec anesthésie avant la peri , sans épisiotomie et avec une équipe plus ou moins sympa.
    Au pire je serai charcuté , humilié, coupé a vif et/ou partirait en césarienne d’urgence.

    BREF J’ai pas envie de me battre ni de me trouve dans le scénario 2 , alors au risque de surprendre plus d’une j’aimerai demande une césarienne programme. ( Lol vous inquiétez pas cela me sera refusé aussi). Un VB tel que pratiquer de nos jours n’a rien de naturel , être sous peri quasi systématique, les jambes en l’air avec une équipe épuisée qui s’impatientera près a couper à mon insu, je n’appelle pas ça un accouchement naturel.
    Au final au moins la césarienne c’est accepté le fait que de nous jours les femmes n’accouchent plus mais ont les accouchent en sortant leur bebe d’une manière ou d’une autre.
    Le meilleur conseil que l’on peu donner à toute celle qui vont accoucher: préparez vous a l’horreur, le pire du pire : césarienne a vif , viol, ignorance de votre douleur. Soyez prête à subir la déshumanisation complete. Préparez vous et avec un peu de chance vous sortirez de votre accouchement en vous disant Ouf qu’une déchirure de 10 points 😀

    Et puis un jour peut être il y aura une prise de conscience et nos filles et petites filles n’auront plus jamais à imaginer le pire tel que nous devons le faire. Alors surtout parlez et dites touts en details. Ces barbaries ne resterons pas éternellement sous silence j’en suis sure !

  14. Geneviève says:

    Je connais personnellement des femmes violentées lors de leurs accouchements, mettant fin définitivement à leurs désirs d’agrandir leur famille, gardant les marques, donc les preuves, dans leurs corps.
    Et j’ai été ahurie d’entendre des pères traumatisés par les césariennes à vif de leurs épouses, en 1987, 1991,2001. l’une d’entre elles n’avait reçu aucun anesthésique, juste un peu de gaz dont je ne connais pas la nature. Difficile pour un mari d’être à l’aise dans sa vie de couple et désirer d’autres enfants après ce spectacle.
    Allez Messieurs, un peu de courage, soutenez vos femmes, ex femmes: témoignez aussi!

  15. MALET says:

    Bonjour,
    Interne en Gynécologie Obstétrique, je réalise mon travail de thèse sur la Violence Obstétricale. J’aurai souhaité prendre contact avec vous ( auteure du blog, ou autre responsable associative concernée) pour travailler le sujet avec un regard non médical.

    En vous remerciant,

    MALET Salomé

  16. sapristi says:

    J’ai fraîchement 32 ans quand j’apprends que je suis enceinte de jumelles. Deux petites filles qui allaient bientôt naître. Le suivi est très fréquent (échographie tous les quinze jours, prise de sang et suivi médical tous les mois). Les rendez-vous sont très nombreux et mon planning chargé. La sage-femme qui me suit est un rayon de soleil. Elle est enthousiaste et prend plaisir à me détailler toute l’anatomie de mes filles centimètre par centimètre. Nous savons d’ores et déjà que nos filles s’appelleront Jeanne et Lilie. Jeanne et Lilie ont chacune leur poche et leur placenta, ce sont des dizygotes. Elles bougent beaucoup, remuent dans mon ventre, je les sens bien et nous savons grâce aux échographies que Jeanne sera plus grande et plus forte que Lilie mais rien d’alarmant puisque Lilie reste malgré tout dans la courbe de croissance.
    La grossesse se passe médicalement bien (je dis médicalement car, il n’y pas eu de diabète, d’alitement prématuré dû à une quelconque perforation ou d’autres problèmes graves), j’ai eu quelques désagréments de femme enceinte c’est tout. L’état de grossesse ne me rend pas euphorique car au début j’ai des vomissements les premiers mois, puis rapidement le souffle court car les filles prennent vite de la place et elles oppriment ma cage thoracique. J’arrête donc le sport car je suis essoufflée dès le moindre petit effort. Enfin, l’œdème qui ne me rend guère plus mobile. Quand on me demande comment ça va, je réponds « très bien » mais je suis pressée qu’elles sortent pour retrouver mon corps d’avant.
    J’avais pour médecin traitant un homme que j’allais voir très rarement quand j’étais malade et quand c’était nécessaire car je ne voulais pas perdre de temps dans la salle d’attente et à chaque fois, il n’y a avait personne dans son cabinet. Cela m’arrangeait bien. Jusqu’au jour où…

    Lors de mon deuxième mois de grossesse, j’ai dû quitter mon travail sur l’heure de midi tant je vomissais et je ne tenais plus debout. Je suis professeur des écoles et une de mes collègues m’a « ordonné » avec plein de bienveillance de rentrer chez moi, m’assurant qu’elle prendrait ma classe en charge.
    Je suis donc allée chez mon médecin traitant pour lui demander de m’arrêter juste cet après-midi là en lui expliquant que j’avais quitté ma classe car je ne tenais plus debout. Ce spécimen a refusé en me disant qu’être enceinte n’était pas une maladie, qu’avant trois mois cela « ne comptait pas », que je pouvais faire du saut en parachute si je voulais et même que je « pouvais prendre une cuite de temps en temps », que cela n’aurait aucun impact sur le fœtus. Je suis rentrée scandalisée chez moi, j’ai appelé la directrice de mon école pour lui dire que je n’avais pas eu mon arrêt de travail et que je serais donc présente le lendemain.
    C’est donc le médecin du CHU où j’allais accoucher qui m’a suivie (jusqu’au sixième mois). Ce médecin m’annonce qu’on me déclencherait au bout de la 38ème semaine pour minimiser les risques. Je ne bronche pas, il est médecin, je fais confiance. C’est ma première grossesse, je ne suis pas en mesure de dire si cela me convient ou non. Il me dit aussi qu’il faudra faire une écho du bassin pour voir si un accouchement voie basse est possible.
    L’accouchement, je n’y pense pas trop, ou à vrai dire, je refuse d’y penser pour limiter les craintes. Je ne veux pas forcément savoir comment ça va se passer mais on me dit quand même que de toute façon, j’accoucherai au bloc au cas où il y aurait urgence pour pratiquer une césarienne. Cette idée me rassure car sortir un bébé j’imagine que c’est déjà un marathon, alors deux… L’avantage avec une césarienne, c’est qu’elles sont sorties en 15 minutes, donc moins de chances de rencontrer des problèmes.
    A chaque échographie, on me dit que mes filles vont bien, qu’elles grandissent et prennent du poids. A chaque fois que je prends rendez-vous pour la prochaine échographie, on me félicite d’arriver à ce stade là de la grossesse. Je ne me sens pas responsable de ces louanges mais je suis contente qu’elles restent dans mon ventre, chaque jour compte. C’est avec confiance que j’envisage la naissance de mes filles. A la fin du cinquième mois, Le docteur T. qui me suit depuis le début, m’annonce que désormais, ce serait en Suivi intensif de grossesse que je prendrai mes rendez-vous. Je trouve que ce suivi discontinu est regrettable, j’aurais préféré qu’il me suive jusqu’au bout mais bon, j’écoute et j’acquiesce. Le suivi reste le même : Doppler, échographie et examen du col tous les 15 jours du 6 ème au 8ème mois. De mon côté je parle souvent à mes filles, je leur dis qu’elles sont bien au chaud et qu’il faut qu’elles s’accrochent encore un peu avant de sortir. Je les sens très souvent avoir le hoquet dans mon ventre, c’est assez drôle…
    Côté bilan sanguin, je manque de fer donc on m’en prescrit mais rien d’inquiétant.
    Les semaines et les jours passent, puis le CHU me téléphone pour me dire que je serai déclenchée le mercredi 21 novembre et que je devais me rendre aux urgences maternité dès 8h30. Mon sac est déjà prêt depuis quelques semaines sachant que de nombreux jumeaux naissent prématurément, j’avais anticipé le coup. Je ne m’attendais pas à garder mes filles dans mon ventre jusqu’à 38 semaines et pourtant, c’est ce qu’il s’est passé. Mon compagnon et moi-même arrivons donc en salle d’accouchement, la seule qui n’a pas de fenêtre dans l’hôpital. Toutes les salles de travail ont un nom et celle où nous sommes s’appelle « Origine ». De toute façon, je sais que je finirai au bloc mais je suis là pour commencer le travail seulement. Là, on nous accueille très sympathiquement, on nous installe avec le sac énorme que nous avions préparé et je me mets sur le lit/fauteuil. On me pose une perfusion, il est 9 heures et j’ai le sourire : nos petites vont enfin voir le jour. Plus rien ne sera désormais comme avant. Je me dis qu’elles naîtront sans doute dans l’après-midi. Je sais qu’un premier accouchement et qui plus est, un déclenchement, c’est assez long. Peu de temps après, l’anesthésiste vient pour me poser la péridurale. Il me demande si j’ai des contractions. Je lui réponds que je n’en ai jamais eues que je ne sais pas ce que c’est. Il me répond avec humour que je ne vais pas tarder à les identifier. Je laisse le travail se faire.
    Toutes les heures, on vient m’examiner le col pour savoir à quel stade je suis dilatée. C’est très lent, mon col ne se dilate pas. J’ai très très soif. Problème : je n’ai pas le droit de boire. J’insiste et on me dit que j’ai le droit à un fond de verre toutes les heures. Je demande donc à mon cher et tendre de faire le service toutes les heures car la soif devient de plus en plus insupportable. Je guette l’heure et dès fois, je triche de 10 minutes, mon compagnon lève les yeux aux ciel quand je lui réclame de l’eau, je vois bien que ça l’exaspère et ça me met en colère. A chaque fois qu’on m’examine le col, ce n’est jamais la même personne. Au moins douze doigts différents sont entrés dans mon vagin. Les équipes changent et on me pose les mêmes questions :
    « c’est votre première grossesse ? » « Une fille, un garçon ? »
    Après 6 heures de travail, un sage femme fait le pari qu’elles sortiront à 19h00. Je mise à mon tour sur 20 h00 comme heure de fin.
    Les heures passent, minuit approche et je sais qu’elles ne naîtront pas le 21 comme prévu. Cela fait deux fois que j’ai envie d’uriner et qu’on veut me mettre une sonde. J’explique que ce n’est pas la peine car je me sens capable de contrôler mon périnée. On m’apporte une bassine du coup et j’y parviens malgré l’anesthésie. C’est très long, et je sens mes forces diminuer, 1 heure du matin, 2 heures du matin, 3 heures, 4 heures puis 5 heures. Mon col est dilaté à 10 cm enfin ! Je fais part de mes inquiétudes à mon compagnon en lui disant que je suis exténuée et que je ne sais pas si j’aurai la force pour pousser comme il faut.Il me dit que « tout ça, c’est dans la tête ». Ce n’était pas la réponse que je voulais entendre. J’ai peur car le rythme cardiaque d’un de mes bébés chute sur le monitoring. Je veux qu’on m’ouvre le ventre à ce moment là car je sais que ce sera rapide. Je suis persuadée que c’est ce que l’équipe décidera de faire. On m’emmène au bloc après 20 heures de travail. Toute une équipe d’hommes et de femmes sont présents dont un médecin que je ne connais pas, ce n’est pas le docteur T. qui m’a suivie mais une femme. On me demande de pousser, ce que je fais mais je ne fais pas comme il faut, je n’ai plus de forces. Je ne sais toujours pas quand j’ai des contractions, ce qui pose problème pour le moment où il faut pousser. C’est donc une sage femme qui surveille les contractions du monitoring et qui me dit quand bloquer ma respiration. Je pousse mais on me dit que mon utérus est « fainéant ». Je n’y arrive pas et je ne comprends pas qu’on n’envisage toujours pas la césarienne. Là, il faut qu’elles sortent, on me dit que l’on va « m’aider » en introduisant des spatules. La petite est bloquée au niveau du bassin supérieur, elle ne veut pas sortir. La médecin introduit les spatules. Je sens tout et je hurle. On me dit que je ne sens rien mais que ça « fait bizarre » parce que c’est une sensation que je ne connais pas. Je rétorque que j’ai mal et j’ai honte. Je pousse avec les spatules qui me déchirent le vagin et la Lilie sort à 5h40. On me la pose deux secondes sur moi, je suis sonnée et on l’embarque. Il faut que Jeanne sorte et j’ai très peur. La petite s’est retournée en siège pendant le travail. L’équipe peine donc à la sortir. Elle a le corps à l’extérieur et la tête coincée. On la retourne dans tous les sens et on tire dessus. Les images sont violentes et la méthode barbare. Je suis choquée. Elle finit par sortir et on l’embarque. Je pleure et je crie « je suis désolée, je suis désolée ». J’ai honte d’avoir eu mal, de n’avoir pas su pousser comme il fallait, d’avoir crié, d’avoir eu un utérus « fainéant », bref, d’avoir été moi. Mon compagnon part rejoindre les petites il est 5h45 du matin. Moi je dois rester au bloc car il faut encore expulser les deux placentas et me faire recoudre à vif après la déchirure. Cela prendra 1h30. Pendant ce temps, j’ai encore mal, on m’annonce que mes filles vont bien mais que Lilie a une blessure au niveau de la tête à cause des spatules et que Jeanne a le pied violet dû à l’extraction difficile. Bref, on me dit que je vais retourner dans ma chambre et bizarrement, je n’ai pas envie d’y aller tout de suite, j’ai besoin de pleurer et je ne veux pas qu’on me voit. Je demande à rester au bloc encore un peu mais au bout de deux minutes, on me ramène dans ma chambre. Là je découvre mes filles emmaillotées dans leur couverture contre leur papa. Elles sont fatiguées et dorment. Le papa est fatigué aussi. Moi, je voulais du repos, un temps de pose « émotionnelle » et physique mais on me met les petites au sein pour la tété, je n’en pouvait plus et j’avais envie de crier. Pas le temps de remettre mes esprits en place. Qui comprendra ça ? Que je ne pourrai jamais dire que ce jour sera le plus beau jour de ma vie ? J’ai pourtant la chance d’avoir deux merveilles qui vont bien aujourd’hui mais je suis traumatisée. L’accouchement a été trop violent et je ne me suis pas sentie écoutée, je n’ai entendu aucun mot gentil, réconfortant, bienveillant. C’est seulement après que l’on m’a dit « accoucher de jumeaux par voie basse, bravo ! », je n’en avait que faire de leur bravo, moi je voulais des encouragements, une main tenue avec de l’empathie et des mots qui font du bien. Bref, aujourd’hui mes petites vont avoir deux mois et elles sont magnifiques mais je pleure tous les matins en pensant à l’accouchement, je pleure en regardant des photos de moi, je ne supporte plus l’image que je renvoie et je dois tout reconstruire. Je me sens laide et fragile. Je suppose que tout ça s’estompera avec le temps, j’en ai parlé à deux ou trois personnes autour de moi car je sens qu’il faut que j’évacue. Je n’ai plus confiance aux médecins. Il y a une déshumanisation de ces gens là qu’on ne retrouve pas chez les infirmiers et les sage-femmes heureusement. Il faut savoir ce que l’on veut pour leur tenir tête mais comment le savoir quand on n’a jamais accouché ? Je n’aurai pas d’autres enfants, je le sais, donc pas d’autres occasions de revivre les choses différemment. Il va falloir que « j’accuse » le coup. Si cela avait été à refaire, j’aurais fait un projet d’accouchement dans lequel j’aurais demandé noir sur blanc une césarienne. Je sais que c’est la hantise de certaines femmes mais moi c’est ce que j’aurais voulu. J’aurais parlé en amont à mon compagnon de ce que j’attendais de lui à ce moment là. J’ai vécu mon accouchement comme un échec alors que mes deux enfants sont en vie et vont bien.

  17. ghizlane says:

    Très bel article bonne continuation.

  18. Madhur Matka says:

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