Dès qu’une femme enceinte évoque l’idée d’accoucher en dehors d’un hôpital, une armée de personnes bien pensantes, à commencer par des gynécologues-obstétriciens, s’empressent d’évoquer tous les malheurs pouvant subvenir pendant la naissance pour la dissuader de son entreprise. Usant du mythe de l’accouchement qui dérape en quelques secondes, les soignants vont s’acharner à énoncer une litanie de complications possibles, généralement en des termes médicaux abscons, ayant pour but de terroriser la future mère et la remettre dans le droit chemin de la soumission au monde médical.
S’en suit généralement un échange au cours duquel la femme, souvent très bien informée, détaille la façon dont elle a anticipé les différents risques, son accompagnement par une sage-femme expérimentée, les signes à surveiller, les gestes de premiers secours, les modalités de son éventuel transfert vers une maternité. Arrive alors invariablement la question ultime vociférée par des médecins épouvantés cherchant à clore définitivement le débat: « Et que faites-vous en cas de procidence du cordon ? »
Eh bien, parlons de la procidence du cordon.
Il s’agit de la situation où le cordon ombilical passe le col de l’utérus et descend dans le vagin avant le fœtus. Le cordon se trouve alors comprimé entre les os du bassin maternel et le crâne du bébé, ce qui empêche les échanges entre le placenta et le petit, notamment son oxygénation. C’est une complication très grave, puisque s’en suit une souffrance fœtale aigüe pouvant entrainer rapidement la mort du bébé. Une césarienne en urgence est nécessaire pour sauver l’enfant, ou une extraction rapide notamment par forceps ou ventouse si ce dernier est déjà engagé dans les voies maternelles.
La procidence du cordon est rare
La procidence du cordon est certes grave, mais rare. Entre 1 et 2 cas se produisent sur 1000 naissances.
Lorsque l’on examine en détail les facteurs de risques, la probabilité d’être confrontée à cette complication en maison de naissance ou à domicile est bien plus faible. En effet, les chiffres des hôpitaux montrent qu’il y a eu procidence du cordon en cas de présentation en siège (40 %), pour des bébés prématurés (30 %) et pour des jumeaux (20 %).
Une grossesse à terme où le bébé a la tête en bas, c’est-à-dire celle pour laquelle l’accouchement à domicile n’est pas exclu, ne représente plus que 10 % des cas de cette complication. Les risques pour cette catégorie d’accouchement tournent donc autour de 1 et 2 pour 10.000 naissances.
Certains facteurs de risque peuvent être identifiés avant l’accouchement, comme un trop plein de liquide amniotique (hydramnios) ou un placenta fixé sur le col de l’utérus (placenta prævia). Ces situations ne représentent néanmoins qu’un faible pourcentage de cette complication.
En revanche, la moitié des procidences du cordon sont causées par des manœuvres obstétricales. C’est le cas de la rupture artificielle de la poche des eaux qui représente 42 % des situations. D’autres actes tels que le fait de retourner le bébé par des manipulations du ventre de la mère (version) ou l’utilisation d’un ballonnet introduit dans le col de l’utérus pour déclencher l’accouchement, sont cités parmi les causes de cette complication. Ces actes ne sont pratiqués ni en maison de naissance, ni à domicile. La probabilité de cette complication tombe donc à 1 à 2 pour 20.000 naissances pour les femmes accouchant en dehors de l’hôpital.
Je me suis demandé si la mobilité de la femme pendant l’accouchement avait un impact positif ou négatif sur les risques de procidence du cordon. En effet, qu’en est-il si la mère est immobilisée sur le dos, le bas de son corps engourdi par une péridurale, ses contractions artificiellement activées par de l’ocytocine de synthèse, et qu’elle est sommée de « pousser » horizontalement son bébé en contractant ses abdominaux sur les ordres d’une sage-femme ? Le résultat est-il différent si la femme est libre de ses mouvements, peut adopter les positions les plus confortables en fonction de ce que lui dicte son corps et laisser son utérus se contracter le plus naturellement possible ?
J’ai beau retourner toute la littérature scientifique et examiner les résultats des hôpitaux, je n’ai pas trouvé de réponse à mon interrogation. Il est vrai que dans l’écrasante majorité des maternités, les femmes ne sont pas encouragées à bouger, encore moins à adopter librement des positions saugrenues. Il est donc difficile pour les chercheurs d’étudier une quelconque corrélation entre ces modes d’accouchement et la fréquence de procidence du cordon.
Et quand la procidence du cordon survient ?
Bien que le risque de procidence du cordon soit très faible, surtout à domicile ou en maison de naissance, qu’en est-il des chances de survie du bébé lorsque cette complication survient ? Contrairement à ce que les médecins veulent faire croire, tous les bébés ne meurent pas à domicile et tous ne sont pas sauvés à l’hôpital.
Lorsque cette complication est détectée à domicile, une technique utilisée par la sage-femme consiste à repousser le bébé et le cordon dans l’utérus et à organiser un transfert en urgence vers l’hôpital pour une césarienne. Pour éviter que le cordon descende à nouveau dans le vagin, la mère adopte une position où le col de son utérus est en haut, par exemple se mettant à quatre pattes, les fesses en l’air et les épaules au sol. Afin d’augmenter les chances que le cordon reste dans la cavité utérine jusqu’à la salle d’opération, la sage-femme peut placer sa main dans le vagin pour obturer le col. Cette pratique est appuyée par la littérature scientifique. Aucune statistique sur les taux de survie des bébés n’est malheureusement disponible, mais les témoignages de parents et de sages-femmes confrontés aux très exceptionnels cas de procidence du cordon montrent que cette technique a permis de sauver l’enfant et que ce dernier était en bonne santé.
Lorsque la procidence du cordon se produit à l’hôpital, les chances de survie des bébés ne sont pas totales. Entre 6% et 10 % d’entre eux décèdent. Les études ne mentionnent pas les raisons des décès ni les facteurs aggravants, si ce n’est qu’elles pointent un risque de plus en plus grand en fonction du retard de prise en charge. Ces retards sont eux-mêmes souvent liés à l’organisation des hôpitaux, où des sages-femmes débordées courent d’une parturiente à l’autre, en abandonnant à leur sort des futures mères pendant de longues périodes, en les observant à distance à travers des appareillages, puis, lorsqu’un voyant vire au rouge, en organisant un branle-bas de combat pour faire face à une urgence non anticipée.
A partir du moment où la moitié des procidences du cordon sont directement causées par des actes inutiles posés par des médecins, et que l’organisation de hôpitaux n’offre pas un accompagnement individuel des futures mères permettant de réagir à un stade précoce de complication, il n’est pas si évident que, même pour une complication très grave, l’accouchement à domicile ou en maison de naissance soit plus risqué.
Quoi qu’il en soit, quel que soit le niveau de risque, et malgré l’érection par les obstétriciens de la procidence du cordon en un point Godwin pour terroriser les futures mères, c’est à la femme que revient in fine la décision de déterminer au lieu où elle se sent le plus en sécurité pour mettre son enfant au monde.
Sources :
Alouini S., Mesnard L., Megier P., Lemaire B., Coly S., Desroches A., « Procidence du cordon : prise en charge obstétricale et conséquences néonatales », Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, vol. 39, n° 6, pp. 471-477, octobre 2010.
Bush M. MD, Eddleman K. MD, Belogolovkin V. MD, « Umbilical Cord Prolapse », UpToDate, 29 janvier 2016.
Miot S., Riethmuller D., Martin A., Sautière J.-L., Schaal J.-P., Maillet R., « La procidence du cordon : facteurs de risque et conséquences néonatales. À propos d’une série de 57 cas », Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, vol. 34, n° 3-C1, pp. 289-290, mai 2005.
Gannard Pechin E., Ramanah R., Cossa S., Mulin B., Maillet R., Riethmuller D., « La procidence du cordon, état des lieux des 23 dernières années au CHU de Besançon », 4 novembre 2010.
The Royal College of Obstetricians and Gynaecologists, « Umbilical Cord Prolapse », Green-top Guidelines n° 50, novembre 2014.
Sharon T. Phelan MD, Bradley D. Holbrook MD, « Umbilical cord prolapse. A plan for an ob emergency », Contemporary OB/GYN, 1er septembre 2013.
Johanne Fournier, « Décès d’un nouveau-né à l’hôpital: le drame aurait pu être évité », Le Soleil, 26 septembre 2012.
Xavier Hurtevent, « Accouchement difficile : une amende requise contre le CHU Toulouse », La Dépêche, 30 juin 2015.
Très bon texte encore une fois, documenté et s’appuyant sur des sources scientifiques (contrairement aux dires des gynécos 😉 ).
J’en suis exactement à ce point de discussion où les peurs de mes proches remontent face à mon projet de plus en plus proche d’ADD. Et si, et si….
Donc merci, j’aurai un argument de plus !
L’autre point Godwin est, il me semble, l’hémorragie du post-partum. Peut-être plus évoqué par les pères/proches que les médecins mais ça reste à voir. As-tu déjà fait un article à ce sujet?
Encore merci !
Merci pour tes compliments 🙂
Je n’ai pas écrit un article entier consacré à l’hémorragie du post-partum, mais je l’évoque ici: http://marieaccouchela.blog.lemonde.fr/2015/03/18/le-mythe-de-laccouchement-qui-derape-en-quelques-secondes/
En général, l’HPP est moins grave que la procidence du cordon.
Déjà, elle se produit moins à domicile puisqu’il n’y a pas tous les actes médicaux qui en augmentent le risque (dont l’injection d’ocytocine de synthèse pour accélérer les contraction). Ensuite, il y a une façon simple pour les sages-femmes de ralentir une HPP le temps du transfert qui consiste à faire une piqure d’ocytocine (après l’accouchement justement), pour contracter l’utérus le temps du transfert.
Bel accouchement !
oui, ça c’est ce que je me tue à répéter: la majorité des complications surviennent moins à domicile qu’à l’hôpital !
Bonjour,
Il faudrait préciser que ce qui augmente le risque de procidence du cordon, c’est dans 30% des cas des gestes obstétricaux : version manuelle externe, rupture artificielle de poche en travail sur bb haut …
une amie a vécu une procidence du cordon dans une VRAIE maison de naissance au Quebec (ce qui n’existe pas en france), suite à une rupture spontanée de poche.
les sf s’en sont rendu compte rapidement, lui ont expliqué, l’ont fait allongé, une sf a refoulé le cordon (en s’excusant de devoir mettre ses doigts dans le vagin), transfert …
quand ils sont arrivés à la mat, la maman poussait, et le bb est né tranquillement par voie basse.
Oui, je l’ai explicité dans l’article. Les chiffres dans les études scientifiques montent même à 50 % des cas liés à des gestes obstétricaux.
Très bon article qui m’intéresse au plus haut point! En effet, mon premier frère est né avec une procidence du cordon. Il a survécu mais est mort d’une MSN 9 mois plus tard. Ma mère comme moi avons toutes les deux eux les mêmes types d’accouchements: rupture spontanée de la poche des eaux avant tout début de travail. Je suis l’ainée et je suis née avec 5 semaines d’avance, ma fille ainée avec 7 semaines d’avance. Pour ma fille on a dû renoncer à l’AAD compte tenue de la prématurité mais ma sage femme a pu nous accompagner en plateauu technique. Pour le 2ème je voulais vraiment un AAD et ma crainte, et celle de ma mère qui était horrifiée par ce projet d’AAD, était bien évidement la procidence du cordon compte tenue de la prématurité de mon ainée et de la rupture de la poche des eaux avant la mise en travail. Pour mon frère la procidence du cordon n’a pas été causée par des gestes médicaux mais très probablement par la rupture de la poche des eaux en début de travail et la prématurité (4 semaines) ce qui peut bien évidement arriver en AAd, d’où ma crainte. Ma sage femme m’a néanmoins rassurée et je n’y ai pas du tout penser pendant l’accouchement (en AAd) qui s’est très bien passée! Pourtant les deux mêmes facteurs de risques que pour mon frère : rupture spontanée de la poche des eaux avant mise en travail + prématurité de 4 semaines. Je te remercie beaucoup pour ton éclairage. Un article sur des déroulements identiques d’accouchement de mère en fille m’intéresserait beaucoup !
Merci pour ton témoignage. 🙂
Concernant ta dernière remarque, je me suis posée la question du déroulement identique de l’accouchement entre mère et fille lorsque j’étais moi-même enceinte. A ce moment-là, je n’avais pas les connaissances actuelles sur l’accouchement et j’étais une “femme enceinte lambda” qui avait une confiance aveugle en sa gynéco. J’ai donc posé la question à ma gynéco qui, évidemment, n’avait pas de réponse à ma question saugrenue.
Après avoir moi-même accouché, une certaine évidence s’est imposée: les conditions d’accouchement influencent bien plus l’accouchement que l’hérédité. Pour parvenir à tirer des conclusions acceptables sur une éventuelle similitude entre les accouchements des mères et des filles, il faudrait qu’elles aient accouché dans des conditions identiques, sans subir la moindre influence de l’extérieur. C’est quasiment impossible. Il faudrait un large échantillon de femmes qui ont accouché de façon respectée de mère en fille.
Et quand j’ajoute à ça le fait que pour une même femme, un accouchement peut être très différent du précédent, il me semble impossible d’arriver à tirer la moindre hypothèse.
En revanche, ce qui peut influencer, c’est la façon dont la mère parle de son/ses accouchements à sa fille. Selon qu’elle transmet une image positive ou négative de son expérience, elle peut peser sur la perception que ça fille en aura. Pour autant que ça fille ne remettent pas en question la vision de sa mère en s’abreuvant de témoignages d’autres femmes.
Bref, tout ça me semble compliqué.
Merci pour cette article très intéressant ! Oui ça peut arriver mais ce sont des cas rares comme il est si bien mentionné. J’imagine que lora
Lorsque cet événement arrive il marque la mère ce qui traumatise l’entourage et ne fait qu’empirer la réalité ! J’adore ton passage où tu mentionne le droit chemin de la soumissions médicale ☺ . N’etant pas enceinte ni remis encore de comment je n’ai été qu un accessoire durant mon propre accouchement auquel j’aurais dû être l’ actrice principal, si j écoute mon coeur je ne veux personne à mon futur accouchement! Mais ma tête me dit bien que c’est mieux avec quelqu’un de confiance. C’est difficile après cette expérience d’avoir confiance , très dur.
Ps désolé pour ce double post j’éprouve parfois des problèmes avec le site mobile du blog…
Oui, c’est ça, il faut arriver à trouver la perle rare pour être accompagnée pour son accouchement. La plupart des femmes se dirigent vers l’accouchement respecté après avoir vécu une mauvaise expérience lors de leur premier accouchement.
Mais reprends des forces. C’est la meilleure chose que tu peux faire pour l’instant, d’autant qu’il n’y a aucune urgence 🙂
Bonjour,
Merci pour cet article. Je suis sage-femme et j’ai déjà vécu une vraie Procidence du cordon qui s’est terminée en césarienne à cause d’un déclenchement avant terme avec rupture artificielle de la poche des eaux par le gynécologue sur un col à peine ouvert et un bébé haut. Cela faisait partie de son protocole lors d un déclenchement. Ma collègue et moi avons refusé de rompre la poche de cette femme, le gynécologique l’a donc fait lui même en râlant. La Procidence et la césarienne ont suivi. J’ai du courir à côté du brancard avec effectivement ma main dans le vagin de cette future maman. Le bébé va bien.
J’ai vécu aussi une latérocidence du cordon. Contrairement à la Procidence où le cordon passe devant la tete du bébé, et peut être palpable, là le cordon s’est coincé sur le côté de la tête. C’était en maison de naissance, pas en France, sur un accouchement spontanné. La femme était à dilatation complète, un deuxième bébé. Son bébé était encore haut de part la forme de son bassin.
La poche s est rompue spontannément, et comme à chaque fois apres cet événement ma collègue et moi avons écouté le coeur du bébé dans la foulée. Le rythme a beaucoup ralentit,
Nous avons fait ce que vous racontez dans votre article, c’est à dire : 1. Expliquer à la maman ce qui se passe, 2. Lui demander de mettre ses fesses en l’air et refouler le bébé avec notre main 3. Lui suggérer de rester continuellement en contact mental avec son bébé 4. Tenter de rassurer son conjoint qui avait vraiment peur.
C’est quand l’ambulance est arrivée que ça s est compliqué car ils voulaient qu’elle descende les escaliers debout ou allongée sur le dos sur le brancard. Nous avons perdu du temps à ce niveau là.
Arrivée à la maternité, qui était à 5min, le bébé était un peu descendu, la force de la maman qui voulait sauver son bébé et des forceps l’ont aidé à naître en une poussée. Elle a pu éviter une césarienne. Le bébé va bien.
Je ne raconte pas ça piur faire peur, mais pour montrer que quelque soit le lieu de naissance, on ne peut pas tout éviter. Par contre si l’on accepte que l’on fasse n’importe quoi sur son corps on va au devant des complications.
Maud
Merci Maud pour ton témoignage. Il est très utile.
Une fois de plus, je suis frappée par les dégâts que peuvent causer les équipes de secours, essentiellement en raison de leur ignorance crasse de la physiologie de l’accouchement. Je suis de plus en plus convaincue que si un accouchement inopiné se produit à la maison, il vaut mieux appeler un médecin de famille ou une sage-femme libérale inconnue, voire même un vétérinaire, plutôt que l’ambulance ou les pompiers.
Et je suis convaincue qu’en cas d’AAD et de transfert même en urgence, il est préférable d’aller à l’hôpital en voiture plutôt qu’attendre l’ambulance, et risquer tous les gestes dangereux qui seront posés. Je pense que la meilleure chose à faire est de conduire vite, même en excès de vitesse si nécessaire, en mettant ses quatre clignotants allumés. Si on tombe sur des flics, il est très probable qu’ils escortent la voiture avec leur sirène jusqu’à l’hôpital plutôt que prendre le risque de tuer la mère ou le bébé en arrêtant le conducteur pour lui coller une amende.
“il vaut mieux appeler un médecin de famille ou une sage-femme libérale inconnue, voire même un vétérinaire, plutôt que l’ambulance ou les pompiers”.
Les pompiers arrivent plus vite !
(et si tout va bien, ne sont vraiment pas intrusifs).
Ils arrivent plus vite mais toujours moins que si on part directement aux urgences et ils ne sont -sauf exception- pas assez compétents, ils prennent donc le temps de réveiller un généraliste, ce qui revient à poireauter un peu plus => pas bonne idée.
J’ai testé il y a onze jours exactement, et je suppose que ça dépend sur quelle équipe on tombe, mais je vous garantis que :
– comme ça se passait bien, ils ont laissé faire
– ils ne m’ont pas déplacée (à ma demande), alors que ça aurait été vachement plus pratique pour eux (ils devaient m’enjamber bien souvent, et aller de contorsionner dans les toilettes entre la cuvette et mes jambes pour accueillir le bébé puis récupérer le placenta
– ils m’ont proposé plein de fois une couverture pour mon ventre, mais ont respecté mon refus
– m’ont laissé le choix du lieu de la délivrance (en me proposant les deux options : maison ou hosto, et en soulignant que JE choisissais). J’ai choisi la maison, et ils ont attendu, en prévoyant de dépasser de quelques minutes les 30 minutes réglementaires de leur protocole (sans non plus exagérer, mais ils étaient cool, quoi) si c’était nécessaire. J’ai dû mettre 20 à 25 minutes, en fin de compte, et sans stress vu qu’ils m’avaient promis de la marge si besoin.
– ont négocié pour moi l’hôpital de notre choix (celui où j’avais choisi d’accoucher)
– avaient le matériel pour aspirer les voies respiratoires de mon bébé, mais ne l’ont pas fait car ils ont vu et dit que ce n’était pas nécessaire.
Je n’aurais pas eu le temps d’aller aux urgences (à quelques minutes près su on prend le trajet, auxquelles il aurait fallu rajouter le temps de me traîner jusqu’à notre voiture. Et je crois qu’il valait mieux que mon mari ne prenne pas le volant, vu l’état dans lequel il était !). Quand on a composé le 15, du reste, ce n’était pas parce que je pensais que ça irait si vite, mais tout simplement parce que j’avais si mal que descendre les escaliers et marcher jusqu’à la voiture était mission impossible.
En attendant les pompiers, mon mari a au moins pu me “soulager” (faiblement, mais c’est toujours bon à prendre) en tenant mes jambes d’une manière qui réduisait un tout petit peu la douleur…
… et c’était lui le 1er soulagé d’entendre la sirène.
Les pompiers ont vu que la tête était sortie, et ils n’ont touché à rien (juste récupéré mon fils à la sortie, clampé le cordon, vérifié que tout le monde allait bien, et effectivement appelé le médecin, avec quelques difficultés).
En gros, c’était un accouchement respecté. Merci les pompiers. 🙂
Ces chiffres sont très intéressants, ils donnent un taux de séquelles de l’ordre de 1/100 000.
Ce qui correspond à un chouia près aux risques de décès lorsqu’on va à la maternité en voiture si celle-ci est à plus de deux kilomètres… (aller-retour pour trois personnes, 10 morts par million de km parcouru ; sans prendre en compte l’état émotionnel et la vitesse…).
Il faut desserrer le cordon de Louis.
Louis :
En France, 9,6 tués par milliards de km parcourus (par exemple : https://fr.wikipedia.org/wiki/Accident_de_la_route_en_Europe).
Il faut donc que la maternité soit à 173 km, ce qui n’est pas commun, pour avoir une chance sur 100 000 qu’il y ait un tué dans un aller-retour s’il y a trois occupants dans la voiture.
A noter aussi, que sur la base de 13 000 accidents domestiques par an, la parturiente court le même risque si elle reste 18 jours chez elle.
En résumé il n’y a aucun sens à faire des comparaisons entre les formules d’accouchement sur un seul critère, encore moins quand on raconte des âneries.
Bien vu :
On part de chiffres bidons (i.e. ici un facteur 10 au niveau des études sur l’occurrence des procidences que l’on multiplie par une variation nébuleuse du taux d’événements graves (laquelle atteint facilement un facteur 100 selon la compétence du soignant) VS un facteur 1000 pour les décès sur la route.
On fait une comparaison alakhon : genre AAD/hôpital vu sous l’angle de la procidence VS AAD/hôpital vu sous l’angle du risque routier.
On en tire une conclusion qui n’a rien à voir avec la choucroute et qui est illogique au possible : genre le risque de procidence interdit l’AAD VS le risque d’accident de la route interdit l’hôpital.
Ensuite on se demande s’il est plus fûté de dire que l’accouchement à l’hôpital est dangereux à cause du trajet ou de dire que l’AAD est dangereux à cause de la procidence.
Le déclenchement restant un des facteurs principaux de procidence, l’ironie serait de conclure que plus on est loin de la maternité, mieux on se porte…
P.S. : un chouia, c’est pour moi tout ce qui se situe en deçà de 0.5/1000.
“l’ironie serait de conclure que plus on est loin de la maternité, mieux on se porte…”
En fait ,plus on se renseigne sur le sujet, plus on écoute/lit des témoignages, plus on constate la façon de penser des obstétriciens disons que c’est au contraire inquiétant d’être dans un hôpital. C’est très paradoxal en effet, ils sont censé être une sécurité…
Je t’envoie un article absolument scandaleux ! Pas concret peut-être mais seulement que cette idée est lancée il ne lui reste qu’à germer… avec de mégas hôpitaux tel que le CHUM , les coupures de personnel soignant ce ne serait pas surprenant qu’on viennent à déclencher tous les accouchements à 39sem.
http://www.mamaneprouvette.com/2016/07/provoquer-le-travail-pour-toutes-les.html?m=1
Ps désolé de mon cynisme…
http://francais.medscape.com/voirarticle/3601622#vp_2
désolé de partager ton cynisme.
La fin de votre commentaire a une résonnance malheureusement prophétique 8 ans plus tard : “l’étude French Arrive” conseille maintenant de déclencher les grossesses physios à 39 semaines…
Oui, en même temps, il eût été surprenant que l’interventionnisme obstétrical ne s’attaque pas à tout.
Pourquoi devrais-je avoir pleinement confiance en une structure hospitalière anonyme non sécurisante affectivement pour une mère qui se prépare à mettre au monde son enfant plutôt qu’en une sage femme avec laquelle j’ai construit un lien ? Oui j’accepte une prise de risque quel que soit l’endroit mais la confiance dans les compétences de ma sage femme je n’en ai jamais douté. Quelle force de caractère pour exercer cette mission. Elle connait parfaitement son métier car elle se sait seule si urgence il y a, procidence du cordon ou non. Je n’accepte plus d’être culpabilisée par les peurs d’autrui. Mon plus bel accouchement fut à la maison bien évidemment puisqu’il n’y avait pas de maison de naissance dans les environs proches. Ce fut littéralement merveilleux et respectueux….
Scoop, je vais citer la bible (et vous laisser apprécier l’humour de la situation) :
“Tu accoucheras dans la douleur”
…. Mais en fait depuis des siècles on se plante d’interprétation !
La douleur ne provient pas de l’accouchement en lui même, mais du fait de devoir affronter tous les préjugés sur la naissance, du fait de devoir se battre pour que soient respectés nos choix, du fait de devoir entendre à chaque fois “tu pourras pas….” alors que si tu peux ! La douleur c’est les tentatives de culpabilisation à base de procidence du cordon, d’hémorragie post-partum, de trucs machins arrivés à Germaine la cousine…
Pourquoi faut-il que tout péon aléatoire soit plus expert en accouchement que la femme enceinte ?
Grâce à vous, toutes les fois où le sujet de l’accouchement a fait l’objet d’une discussion, j’ai eu les arguments permettant aux gens de sortir de leurs préjugés pour aller vers une réflexion basée sur des faits. Votre travail est utile, merci 🙂
@ Pasta Farienne
Pour rester dans le domaine biblique, la douleur c’est aussi celle de porter l’avenir de l’Humanité et d’être méprisée, celle de souffrir la vaine violence de ce monde, celle de la conscience corporelle face aux faux-semblants d’un cérémonial négationniste convenu. En même temps, ce genre de souci n’arrive que quand on tombe sous la coupe de l’animal du caducée.
Bonjour Louis,
Vous semblez avoir beaucoup de documentation sur le sujet, je sais que ce n’était pas le sujet de l’article mais en auriez-vous sur l’ hypotyroïdie gestationnelle? C’est à dire celles qui ont une glande en parfaite santé mais qui au premier trimestre était un tout petit peu en bas de leur norme sévère…très sévère! En post-partum j’ai vu un étudiant il m’a dit qu’il n’y avait pas de preuves concluantes que ça changeait vraiment quelque chose de daire un traitement aux syndroides , je suis persuadée qu’il n’est pas allé au bout de sa pensée et qu’il trouvait cela inutile et interventionniste. Avez-vous quelque chose à ce sujet ?
Syntroïde! Desolé
C’est drôle, on a eu ce “souci” dans le suivi… Pour nous ce fut traitement maison.
Pour les publis :
http://online.liebertpub.com/doi/abs/10.1089/thy.2005.15.54?journalCode=thy
En cas de grossesse et d’hypothyroïdie : faire l’effort de verbaliser les émotions que l’on croit impossibles à exprimer (stimuler la neurohypophyse) manger du poisson et basta (sauf grosse hypothyroïdie)
Ce médicament a des chances non négligeables d’être prescrit à vie sur un trouble bénin et transitoire !
Merci pour l’article ! En fait ma glande est en parfaite santé. Il fallait que le taux d’hormones qui la stimule soit bas selon eux 2.5 , alors que j’étais à 3.1 et 3mois plus tard en post-partum elle était toujours à 3 et là on m’a dit c’est une glande en parfaite santé… en temps normal l’hypothiroidie c’est à partir de 8 à 5 on se questionne mais enceinte ils sont “maniaques”. Et leur théorie c’est que ma glande ne repondait pas à la stimulation du bébé…mais comment peuvent-ils en avoir la certitude? Ils ne connaissent pas grand chose sur le métabolisme encore et nous sommes toutes différentes. Et si au contraire mon hypophyse envoyait autant d’hormone pour qu’elle soit sur-stimulée ? Et c’était peut-être passagé dû à un stress ? Heureusement je n’ai pas eu besoin de m’abonner à vie à la médication. Jee questionne sur la pertinence de prendre ce traitement ( très léger sans effet secondaires) la prochaine fois et je penche plutôt vers le non. C’est un nouvel examen et facultatif d’une institution à l’autre…
Ils n’en savent rien du tout (sauf à effectuer des examens complémentaires qui ne sont presque jamais prescrits) c’est juste que quelque part dans leur tête se balade l’idée selon laquelle les femmes ne peuvent pas pourvoir aux besoins d’un fœtus en s’adaptant naturellement : elles sont déficientes et il faut intervenir. C’est le même genre d’âneries que la complémentation systématique en calcium, fer, vitamine D et autres passé un seuil qui ne veut rien dire. Sous prétexte que ça ne fait de mal à personne (ce qui est faux) et que c’est vraiment utile à certaines (ce qui est vrai) ils se permettent de l’imposer de manière prophylactique. Ils extrapolent sans preuves tangibles de possibles effets secondaires graves (fausse couche, pré-éclampsie, retard mental, HRP, prématurité…) sur la base des hypothyroïdies sévères qui sont connues pour les causer.
Très léger et sans effet secondaire => inutile. C’est une évidence pharmacologique.
Emilie est responsable d’un restaurant. C’est une bosseuse. Elle a 35 ans . Partie de rien, elle est fière de son parcours professionnel. Son travail est tout pour elle. Elle vient me voir parce qu’elle saigne . Des règles bizarres douloureuses pas normales. Elle souffre beaucoup et c’est la seule raison qui l’a amené à venir me voir. Elle n’est pas du genre à se plaindre. L’examen gynécologique confirme mon inquiétude : très probable grossesse extra utérine. Il faut aller à l’hôpital tout de suite en urgence. Refus absolu. Il n’y a que le travail qui compte,elle veut aller au travail et d’ailleurs il est impossible qu’elle soit enceinte. Bon, je suis très ennuyée .Il n’y a aucun espace de négociation pour l’hôpital,mais peut être un espace pour la prise de sang, elle accepte. J’hésite, mais je rajoute le test de grossesse . Je ne lui en parle pas et elle ne réagit pas .A ce moment précis je sais bien que je suis sur un fil entre le consentement libre et éclairé et le risque vital . Je suis assez sûre de mon diagnostic de grossesse extra utérine déjà assez avancée, mais le refus si brutal s’apparente à du déni. Habituellement les dénis de grossesse ne posent qu’un problème psychologique, les grossesses non suivies , quand elles sont normales se terminent par un accouchement surprise qui lève le déni Mais son déni de grossesse lui fait courir un risque vital imminent. Je lui prescris donc sa prise de sang, avec son test de grossesse, je ne le lui précise pas, elle ne dit rien, et elle va au laboratoire. Peut être a-t-elle lu l’ordonnance et commencé à reconnaître la possibilité de grossesse (Commencement de la levée du déni ) ? Peut être n’a-t-elle rien regardé et s’est-elle seulement pressée pour reprendre le travail ? Le test revient très fortement positif . Compte tenu du risque vital et du déni, je lui téléphone, elle ne répond pas, je l’imagine déjà exsangue, gisant dans son appartement, je me déplace chez elle, il est déjà 20 heures.
Je suis tout de suite surprise de trouver, sur l’interphone de la tour HLM , 2 noms. Dans cette tour vivent des personnes précaires mais aussi de nombreux jeunes couples qui achèteront une maison quand ils se seront un peu enrichi. Elle vivrait en couple ? Alors pourquoi ce déni ?
Je sonne, un homme m’ouvre( peut-être celui dont le nom est marqué sur l’interphone , peut-être un autre ) . J’entre et je pose ma saccoche.
« Je voudrais parler à Emilie »
Je demande à l’homme de nous laisser et je ferme moi même la porte du séjour, mais il revient par une autre porte et elle le laisse faire. Il est 20 h 15, je renonce à m’isoler avec elle. Je lui explique qu’elle est enceinte et en danger de mort : ce soir, cette nuit, demain, je ne sais pas . Finalement la présence de l’homme me sert de témoin. Il est ( devant moi ) très gentil , très attentif, très bienveillant. J’aurais préféré la voir seule, la convaincre de sortir de son déni, de prendre soin d’elle, de ne pas mourir.
Elle est allée à l’hôpital, elle a été opérée , je ne l’ai jamais revue.
Voilà, j’ai fait la prise de sang à Emilie sans le lui dire, je l’ai prévenue qu’elle était enceinte, devant témoin. Ce n’est pas ce que j’aurais voulu pour elle, mais encore maintenant, je ne pense pas que j’avais d’autre solution pour l’empêcher de mourir ce jour là.
La médecine générale : les gens comme ils sont
Votre témoignage est très révélateur de la toute puissance que s’octroient les médecins. Je suppose que vous le postez ici suite à la discussion sur twitter où de nombreux médecins tentaient de justifier pourquoi ils passaient outre le consentement des patients “pour leur sauver la vie malgré eux”.
En lisant votre descriptions des faits, je suis surprise de voir avec quelle désinvolture vous diagnostiquez une grossesse extra-utérine. Vous n’avez à ce stade ni prise de sang, ni test de grossesse, ni échographie décelant un embryon dans les trompes ou ailleurs dans l’abdomen. Juste un examen gynécologique. Et vous avez d’ailleurs besoin d’une prise de sang pour confirmer la grossesse…
Votre patiente saigne et a de très légères douleurs au ventre. Pour vous, il n’y a qu’une seule et unique raison: la grossesse extra-utérine. Très étrange que vous n’évoquiez nulle part une cause de saignement beaucoup plus fréquente et plausible: la fausse couche (qui, pour le coup, ne présente pas de risque mortel).
Vous en faites part à votre patiente, et elle se raidit. Pour vous, c’est simple: elle est dans le déni. C’est vrai quoi, voilà une patiente un peu conne à qui on annonce qu’elle va mourir parce qu’elle est enceinte, qui se fige et qui n’obtempère pas illico aux injonctions de son médecin. Bizarre, hein. Forcément, c’est un déni. Affaire réglée.
Le déni est un phénomène très complexe, très subtil, qui se construit sur la durée, qui implique des mécanismes d’ajustement progressif, et qui ne peut pas être décelé en 3 minutes. Mais soit, puisque vous êtes capable de diagnostiquer une grossesse extra-utérine en quelques instants, sans prise de sang et sans échographie, vous avez certainement une boule de cristal qui diagnostique instantanément le déni de grossesse (pour une grossesse dont vous n’êtes pas certaine vous-même à ce stade).
Je ne relève pas le passage où vous jugez le lieu de vie de cette pauvre femme digne de Zola, persuadée qu’elle vit seule dans un lieu sordide, et que vous allez retrouver baignant dans son sang. Pauvre médecin qui sort de son beau quartier et qui découvre la réalité normale… Et là, surprise, non seulement elle n’est pas encore morte (malgré ce qu’a dit votre boule de cristal), et elle vit même en couple avec un homme charmant. Ça alors !
Bref, vous la persuadez qu’elle est enceinte et qu’elle va mourir. Aux urgences, vite vite. Et vous rentrez satisfaite chez vous, convaincue que vous avez sauvé la vie d’une patiente un peu conne (pardon, dans le déni) en lui ayant imposé une prise de sang contre sa volonté et en ayant piétiné son consentement. Et hop, la loi Kouchner aux orties, elle fait rien qu’à tuer des gens.
Et bien, voyez-vous, à ce stade, j’aurais vraiment envie d’entendre la version de votre patiente.
Prenons juste une hypothèse: et si votre patiente était une femme normale, douée de discernement et de raison, capable de prendre des décisions librement consenties ? Et si elle était simplement en couple avec un homme charmant et qu’ils avaient décidé d’avoir un enfant ? Dingue comme hypothèse, mais tentons quand même d’élaborer un autre scénario sur base de vos propos.
Imaginons…
Elle a 35 ans et cherche à avoir un enfant. Bonne nouvelle, retard de règles, test de grossesse positif. Malheureusement, un peu plus tard apparaissent des pertes de sang et des douleurs au ventre. Elle se rend chez le médecin très inquiète, le moral au plus bas, émotionnellement ébranlée par l’idée d’une grossesse qui démarre mal, et peut-être même désespérée à l’idée qu’à 35 ans, ça peut ne plus fonctionner. Peut-être préfère-t-elle dans un premier temps ne pas croire à sa grossesse. Juste espérer une bonne nouvelle malgré tout. De quoi a-t-elle besoin ? Avant tout d’un soutien émotionnel, d’une oreille attentionnée qui peut entendre son mal-être, d’une personne qui lui pose la main sur l’épaule pour la rassurer et lui montrer un peu d’empathie.
Au lieu de ça, elle se retrouve les jambes écartées pour un examen gynécologique, et se voit annoncer qu’elle va mourir. Comme ça, paf: “vous êtes probablement enceinte, c’est quasi sûr que c’est une grossesse extra-utérine, vous aller mourir si on ne fait rien, il faut que vous alliez en urgence à l’hôpital”.
La femme comprend que tous ses espoirs sont perdus et surtout qu’elle n’obtiendra aucun soutien émotionnel de son médecin. Elle se rétracte, préfère le silence plutôt qu’aggraver la situation en exposant ses sentiments et ses émotions, et accepte du bout des lèvres une prise de sang, juste pour mettre fin à la torture.
Elle pleure en sortant de votre cabinet.
Elle rentre chez elle, fait part à son compagnon du rendez-vous désastreux qu’elle a eu avec vous. Il la rassure, la console et lui promet d’être à ses cotés pour tous les autres rendez-vous médicaux.
Vous débarquez chez elle avec le résultat de la prise de sang. Comme prévu, son compagnon fait tout pour être auprès d’elle. Toujours aucune mention de fausse couche, qui peut pourtant laisser des marquages équivalents à une grossesse extra-utérine dans une analyse de sang. Elle va mourir, c’est sûr.
Alors le couple se rend à l’hôpital. On procède à des examens plus sérieux. Echographie avec du matériel de pointe, aucune trace d’un début d’embryon ailleurs que dans l’utérus. En revanche il se confirme qu’il s’agit d’une fausse couche et on procède à une aspiration.
Le couple peste contre cette femme médecin incapable de la moindre bienveillance, qui profère des menaces de mort sur base d’un mauvais diagnostique. La femme décide de ne plus jamais aller la voir. C’est pour ça que vous ne l’avez jamais revue…
Quelle est la bonne version ? Je ne sais pas. Mais je trouve essentiel d’entendre aussi la version des patients et pas uniquement celle du médecin avant de juger quoi que ce soit, et surtout de justifier de passer outre la loi Kouchner et le principe du consentement libre et éclairé du patient.
Petit rappel : la loi (Kouchner en l’occurrence) est faite pour l’intérêt de tous. Elle OBLIGE les soignants à fournir une information complète et impartiale pour que les patients fassent des choix libres et éclairés. Le soignant est AINSI déchargé de la responsabilité des conséquences des choix du patient.
Exemple concret : Votre patiente refuse d’entendre qu’elle fait une grossesse extra-utérine, au lieu de lui dire que vous prescrivez des analyses pour vérifier, vous ne mouftez pas. Elle ne cherche (comme tout-un-chacun) pas à vérifier le détail des analyses demandées. Elle décide, persuadée qu’il n’y a pas de risque imminent -vu que la grossesse extra utérine qui vous faisait peur a été écartée (qui ne dit mot consent)-, de rentrer chez elle et de prendre double dose d’aspirine pour faire passer la douleur puis un bon somnifère millésimé puisque ça s’arrange pas. Son concubin travaille en déplacement : vous et vos analyses resterez devant la porte.
P.S. : J’ai été cet homme “devant vous” aimable et attentif, et vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point il est déplacé de votre part de vous introduire dans l’intimité de vos patient(e)s comme si votre place y était plus naturelle que celle de leur entourage.
Alors oui, le Monsieur avait seulement l’air gentil, ce qu’il y avait derrière, c’est probablement qu’il était révolté de votre comportement irrespectueux et indélicat.
“P.S. : J’ai été cet homme « devant vous » aimable et attentif…….qu’il était révolté de votre comportement irrespectueux et indélicat.”
C’est effectivement incroyable comment nous sommes polis, courtois , je dirais même conditionné à être soumis devant “l’autorité médicale” … ça doit être très profond comme “norme socio-culturelle “. L’analyse de Marie-Hélène démontre aussi à quel point un (e) patient(e) est intimidée devant un médecin . J’ai lu le commentaire et ça m’a fait vraiment rire et plaisir!
Choc, déni, marchandage, résignation : Elle est rapide votre patiente, dommage que vous lui ayez menti.
Il y 38 ans j’ai été victime d’une procidence de cordon
Branle bas de combat autour de moi tout le monde s’agite on cherche le chirurgien pour une
Césarienne dite d’urgence ???
La sage retenant la tête de mon bébé n’en pouvait plus, la suite je ne l’ai pas vu, furtivement on me présente mon enfant l’espace d’une minute
Plusieurs jours après j’app Que mon fils avait été réanimé, était entre la vie et la mort douloureuse épreuve
Il est vivant lourdement handicapé moteur cérébral 38 ans … une bombe à retardement pour toute la famille
Ma grossesse s’était Très bien passée
Pourquoi ???
Avec une sage retenant la tête de mon bébé
Bonjour,
Je viens de vivre un accouchement cauchemardesque pour procidence du cordon. 20h de travail rupture spontanée de la poche des eaux mais césarienne en urgence code rouge, le bras de la sage femme dans le vagin tentant de repousser la tête du bébé malgré les contractions. L’impression de mourrir de douleurs… l’installation, l’endormissement, le réveil, les nausées, bébé en peau à peau avec papa. Il allait bien et c’est tout ce qui compte.
Je remercie la sage femme d’avoir pris la bonne décision. C’est un accouchement « volé » autant pour le papa que la maman. Mais j’avais confiance en l’équipe médicale. Maintenant il faut se remettre de tout ça, se lever et marcher. Ça pique, ça brûle, c’est douloureux, l’impression d’etre passée sous un 33 tonnes. Merci pour votre article complet.
Bonjour,
J’ai fait une latéroincidence du cordon suite à une perte des eaux spontanée à l’hôpital (après 8h d’accouchement qui avait plutôt bien débuté). Le rythme cardiaque du bébé a chuté d’un coup, tout s’est joué en 15 minutes, malgré les sages-femmes qui se relayaient dans mon vagin pour repousser la tête du bébé, il a fallu passer au bloc pour césarienne d’urgence. Tout s’est bien passé, le bébé va bien. Mais je pense que ça se serait passé autrement si je n’avais pas accouché à l’hôpital.
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