Pourquoi même des soignants respectueux font parfois taire les femmes

Lori Markman, scream’n, huile sur toile, 2001.

Ces derniers mois ont été marqués par une visibilité accrue des dénonciations de violences obstétricales dans l’espace médiatique et au sein d’associations. Si l’on peut se réjouir de cette prise de parole publique contre les maltraitances pendant l’accouchement, il est néanmoins surprenant d’assister à des tentatives de faire taire les femmes de la part de soignants engagés dans des pratiques respectueuses de la naissance.

Des manifestations de cette tendance ont lieu sur les réseaux sociaux, notamment dans des groupes de lutte contre les violences obstétricales. Parfois des mères violentées y racontent leur calvaire avec une douleur encore très prégnante et beaucoup colère contre le monde médical. En réponse, il arrive que des sages-femmes les rappellent à l’ordre en exigeant d’elles nuances, absence de généralisation et respect pour les soignants. L’attitude de ces sages-femmes est paradoxale puisqu’elles sont conscientes en participant à ces groupes des dégâts de la médicalisation de l’accouchement, et qu’elles proposent pour la plupart un accompagnement respectueux de la naissance. S’en suivent alors des échanges houleux, où les femmes déjà fragilisées sont une fois de plus contrôlées par des soignantes, et où les sages-femmes se sentent visées par les propos qui pourtant ne les concernent pas.

Un deuxième exemple a eu lieu lors du colloque « Gynécologie et féminisme: cause commune ? » organisée par l’Université de Femmes le 16 mars dernier à Bruxelles. J’y participais à une table ronde aux côtés d’une sage-femme, d’une intervenante dans un planning familial et de deux gynécologues-obstétriciens. Ces derniers avaient pour particularité d’être à la pointe du respect des mères et des bébés dans un des plus gros hôpitaux du pays. Leur mot d’ordre était d’être positifs, de montrer qu’il existait des bonnes pratiques et de mettre en lumière tout ce qui se faisait de bien. Malgré les appels de la salle rappelant l’étendue des violences pendant l’accouchement et le caractère exceptionnel de ces deux médecins non représentatifs de la profession, ils ont maintenu leur position consistant à ne parler que des expériences encourageantes sur l’air de tout très va bien Madame la Marquise.

Dans un contexte féministe, cette attitude consistant à ne vouloir parler que des bonnes pratiques est problématique dans la mesure où elle nie les violences faites aux femmes. En effet, comment dénoncer les viols en ne donnant que des exemples d’hommes qui respectent en toutes circonstances le consentement des femmes ? Comment dévoiler l’étendue des violences conjugales en ne mettant en lumière que des couples égalitaires et complices dans lesquels aucun coup n’est jamais donné ? Comment aborder les discriminations salariales en ne regardant que les quelques entreprises qui rémunèrent à égalité les hommes et les femmes ? Comment dénoncer la spirale de pauvreté dans laquelle s’enfoncent beaucoup de mères seules avec enfants, en n’interrogeant que des stars fraîchement divorcées ayant les moyens de payer personnel et nounou pour leur permettre de poursuivre leur carrière ? En ne se focalisant que sur des exemples positifs, le risque est grand de tordre la réalité au point d’occulter le vécu de bon nombre de femmes, et de clore le sujet avant même de pouvoir l’aborder.

Si présenter des exemples de bonnes pratiques par rapport à l’accouchement est important pour démontrer que des alternatives existent et pour donner une bouffée d’oxygène aux personnes aspirant à un monde meilleur, cette attitude ne doit pas servir à faire taire les critiques envers le monde médical. Au moment où les voix s’élèvent pour dénoncer les violences obstétricales, il est malvenu que des gynécologues, si bienveillants soient-ils, tentent de les réduire au silence pour donner une bonne image de la profession.

Le mansplaining des soignants

Un troisième exemple a eu lieu deux jours plus tard. Le colloque « Levons le tabou des violences gynécologiques et obstétricales » s’est déroulé le 18 mars à Paris, notamment avec Martin Winckler et Mélanie Déchalotte.

Un des tweets envoyés depuis la salle relatait les propos de Clara De Bort : « les cours de préparation à l’accouchement sont des cours de conditionnement à la violence obstétricale ». S’en est suivi une série de messages de sages-femmes offusquées, réagissant sur le mode « pas tous », et reprochant à l’auteure de ces propos son manque de nuances. Des échanges assez durs se sont poursuivis sur la toile le lendemain. J’ai moi-même décidé d’y prendre part lorsqu’une des sages-femmes a demandé à Clara de Bort ce qu’elle faisait pour faire changer les choses à part aboyer.

Certes, les sages-femmes qui proposent des pratiques respectueuses peuvent se sentir heurtées par une dénonciation sans nuance des violences contre les parturientes. Néanmoins, l’attitude consistant à réagir dès qu’une nuance fait défaut dans les propos d’une femme, appartient au registre de la domination.

On retrouve, en effet, ce phénomène dans beaucoup de combats féministes. Par exemple, lorsque des féministes dénoncent la culture du viol, c’est-à-dire le système de domination patriarcale qui encourage cette violence par une quasi-impunité des violeurs, des hommes s’insurgent à coup de « pas moi ». Ils sont sincèrement blessés par l’idée qu’ils puissent être considérés comme des violeurs. S’en suit de longs échanges dont la caractéristique est de débattre du ressenti de ces hommes plutôt que de la violence physique réelle subie par les femmes. En d’autres termes, il s’agit d’une façon subtile de faire taire les femmes, de maintenir le silence sur les viols, en détournant le débat sur la bonne façon pour les féministes de ne pas heurter les hommes. Ce phénomène est tellement courant qu’il a été baptisé mansplaining, la contraction de man et explaining, parfois traduit par mecsplication. En débattant du ressenti des sages-femmes suite à une phrase malheureuse, le vrai sujet a été occulté alors que venait de se tenir à Paris la toute première conférence sur le thème des violences obstétricales.

J’ai énormément d’estime pour les sages-femmes et les (rares) obstétriciens qui remettent les pratiques en question, qui sont du côté des femmes et qui développent des alternatives à l’accouchement standardisé qui broient tant de parturientes. Bon nombre de ces soignants alimentent d’ailleurs mes réflexions en attirant mon attention sur certaines pratiques ou en me transmettant des études et des informations, ce dont je les remercie. Je souhaite néanmoins, par ce billet, pointer ce mécanisme de domination subtile qui perdure, consistant pour les soignants à contrôler malgré tout la parole des femmes.

Les militantes contre les violences obstétricales et les soignants respectueux ont un intérêt commun à changer le système actuel. Les militantes ont comme rôle de dénoncer les maltraitances contre les femmes enceintes et les parturientes. Les sages-femmes et les médecins respectueux peuvent, quant à eux, se placer en modèle et en guide pour l’ensemble de la profession.

 

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33 Responses to Pourquoi même des soignants respectueux font parfois taire les femmes

  1. cma says:

    Bonjour Marié Hélène,

    Merci pour ce billet qui replace bien les choses. Un aspect me paraît également très pesant dans cette problématique des VO, ce sont les règles imposées par la sacro-sainte confraternité, notamment la disposition “Les médecins doivent entretenir entre eux des rapports de bonne confraternité ” (article R.4127-56 du code de la santé publique) qui à l’origine est pleine de bon sens y compris vis à vis des patients et est malheureusement dévoyée en “je me tais et je ne dis rien même si je sais que le confrère déconne à plein tube” . Pour avoir échangé avec ma sage-femme sur les soignants dont il fallait se méfier dans la clinique ou j’accouchais, il était clair qu’elle savait qui étaient les maltraitants et qui étaient les respectueux. Même dans le secret de la consultation, elle ne m’a donné que des indices pour les identifier. Alors que tout le monde sait qui fait quoi dans ce petit milieu. Il faudra un jour aussi en finir avec ce secret de polichinel et que les soignants respectueux osent dire les choses et dénoncer ceux qui dérivent. Et pas seulement après coup avec les trops entendus “ah ben il vous à pas raté ma brave dame”. Parce que ces règles telles qu’elles sont appliquées aujourd’hui ne servent qu’à protéger les mauvais, au détriment des soignants respectueux et des patients.

  2. 10lunes says:

    Je crois avoir été la première çà réagir à ce tweet, justement parce que j’avais prévu de suivre le LT de cette soirée. Car oui, le sujet m’intéresse, et non, je ne me voile pas la face et ne considère pas que les VO soient inexistantes ou même anecdotiques.
    Si la formulation avait été “les cours de préparation à l’accouchement sont PARFOIS, PEUVENT ETRE des cours de conditionnement à la violence obstétricale”, je n’aurais pas réagi parce que c’est vrai. Mais je refuse de voir généraliser à toute une profession les dérives d’une partie.
    La caricature est contre productive car elle aide chacun à se draper dans sa dignité de soignants offensé pour refuser de voir ce qu’il pourrait faire évoluer.
    Les causes sont multiples, les remises en cause douloureuses, les évolutions lentes.
    Je m’entête à penser que ce combat doit se mener ensemble.

    • Marie-Hélène Lahaye says:

      Dommage que malgré les explications données dans mon billet, tu ne comprennes pas qu’en exigeant une reformulation, tu cherches à contrôler la parole des femmes. Donc exercer une domination.

      Effectivement, je m’entête à penser que ce débat doit se mener ensemble. La levée de bouclier d’une série de sages-femmes suite à un simple tweet a consterné pas mal de militantes.

    • Vivie says:

      Je trouve vos propos LAMENTABLES.
      On parle de personnes victimes de violences, PAS DE VOUS. Vous n’êtes pas le nombril de l’obstétrique, ce sont les mères et les enfants qui le sont! Je suis moi même infirmière puer, je sais bien que des soignants font de leur mieux pour respecter les patients dans un système ultra violent qui broie tout le monde, mais l’immense majorité ne l’est pas.
      L’immense majorité des préparations à la naissance sont des préparations aux VO. Ce n’est pas parce que 3 ou 4 SF tentent d’éviter cela (sans y arriver la plupart du temps vu le système!) que tout va bien.
      Quand je reçois 10 élèves en même temps (je suis IDE en lycée) je ne peux pas bien faire mon boulot. J”en suis consciente et ce n’est pas parce que je souris aux élèves et que je leur parle gentiment que mon boulot est bien fait. Beaucoup de mes collègues sont en milieu scolaire pensant avoir trouvé la planque (ce qui n’est absolument pas le cas), et ce n’est pas parce que moi j’essaye de faire de mon mieux que mes collègues ne sont pas irrespectueuses! La reconnaissance vient des patients, à nous de nous battre pour faire évoluer nos conditions de travail, ce n’est pas le rôle des patients.
      Vos propos démontrent parfaitement ce que Marie Hélène veut démontrer, dénoncez vos collègues, le système, pas les victimes. Sinon vous êtes vous aussi un bourreau.

  3. pétrolleuse says:

    Plus je m’intéresse à ce sujet des violences obstétricales et plus je vois le parallèle qu’on peut établir avec le combat féministe. Notamment parce que cette lutte contre les VO est clairement une branche de ce dernier. Et oui, on y retrouve exactement les mêmes tentatives de silenciation des femmes de la part de celleux qui se sentent ciblé.e.s et qui s’en offusquent parce que, non, “pas moi”: minimisation des actes qui sont posés, mansplaining, tone policing (“ne sois pas si agressive, ça dessert ta cause”), etc. Au risque de me répéter, il s’agit de dénoncer tout un système, le système médical, le processus de formation de ses membres, sa mentalité et non de déplorer la “dérive” malheureuse d’une partie de ses membres, ces fameuses “brebis galeuses” qui feraient honte au corps médical tout entier. De la même manière qu’on cherche à dénoncer le système patriarcal et non la misogynie de quelques-uns. Et de la même manière qu’un homme qui se proclame féministe cherche à se dédouaner à peu de frais de sa responsabilité dans le fait que ce système perdure – parce que, bien qu’il s’en défende, il en reste largement bénéficiaire, du fait de tous les privilèges que cela lui octroie – je pense que ce sont les femmes et non les soignant.e.s qui doivent être à la pointe de ce combat et que ces dernier.e.s n’ont pas à les “patroniser” (pardon pour l’anglicisme) et à leur dire comment le mener de manière efficace. Ils peuvent à la limite être des sympathisants de leur cause mais certainement pas se substituer à elles. Parce qu’on a assez attendu, que les violences faites aux femmes, aux mères sont toujours d’une cruelle actualité, et qu’on refuse d’attendre encore plus longtemps, et de demander gentiment – et avec le sourire s’il vous plaît – ce auquel on a droit. Donc, merci, Marie-Hélène, pour cet article.

  4. Myriam says:

    Ça remets bien en perspective le débat, j’étais la première étonnée par des réactions de praticiens habituellement de notre côté sur Twitter.

    Personnellement, je n’ai pas trouvé ce tweet déplacé je le trouve même bien lancé même s’il est provocateur légèrement. Lors de ma première grossesse c’est pourtant exactement ce que j’ai ressenti après coup! Je me prépare très différemment à ce deuxième bébé en m’informant puis en faisant un travail sur moi-même psychologique pour être réellement maitre de cet événement puis avec des méthodes de sophrologie pour mieux savoir me maîtriser, puis j’avoue que parfois je suis déçue ou contrariée de certains discours qui prônent d’accepter de ne pas avoir le plein contrôle de plutôt se “préparer à l’imprévu”. L’on mentionne parfois des témoignages de femmes: “J’ai eu tout ce que je ne voulais pas mais je suis tout de même contente” . Si ce n’est pas du conditionnement je me demande ce que c’est…je trouve ça limite revoltant et de la part de oui spécialistes militants. En fait, comme le mentionne CMA, il y a une culture de s’appuyer entre collègues, puis je trouve cela dommage que de nombreux soignants et spécialistes du côté des femmes n’osent pas aller “trop loin” rester dans le politiquement correct. Je crois que ça stérilise le sujet car en fait les violences obstétricales sont totalement répugnantes et inacceptables. Oui félicitons ce qui est bien, 59% de femmes respectées en maison de naissance ou à domicile c’est bien mais je crois que ça devrait être mieux, cela questionne sur les engrenages et les protocoles dans lequel ces sages-femmes baignent et sont prises malgré elles. Et comme cliente tu regardes cette statistique et en vient à la conclusion 41% de chance malgré tout d’être irrespectée , c’est élevé!
    En qui peut-on avoir confiance ?

    N’oublions pas que normalement il y a deux acteurs dans une naissance la mère et l’enfant…

  5. pétrolleuse says:

    Et pour prolonger mon commentaire précédent, j’aimerais rajouter que ça me fait aussi penser à la question de la non-mixité souhaitée par une partie des féministes dans leur lutte. Quand des soignants prétendent vouloir être associés à la lutte contre les violences obstétricales, on peut être certaine qu’une bonne partie de la discussion va consister à les rassurer et à leur rappeler que, non, non, ils ne sont pas visés par les critiques qui sont adressées à certains de leur collègues et que, oui, oui, on leur est pleinement reconnaissante d’être respectueux et de ne pas avoir recours aux pratiques révoltantes que l’on dénonce, en oubliant du coup quel était le véritable objectif du débat. Mais non, on est pas là pour distribuer des cookies, mais bien, avant tout pour prendre la défense des femmes et les armer (oui, les armer!) contre ces pratiques. Et ça m’a rappelé ce billet publié par Crêpe georgette sur son blog, dont je cite ici un extrait:

    “Il y a quelques jours donc, une femme s’est plainte d’avoir été agressée sexuellement à Nuit debout à Paris {…] Suite à ce témoignage d’autres femmes sont intervenues pour témoigner de la même expérience à Nuit debout.
    Et, aussitôt, comme à chaque fois (COMME A CHAQUE FOIS) un homme est intervenu pour dire qu’il n’avait pas constaté ce genre de comportements et que ca n’était pas l’esprit de Nuit debout […] Les femmes agressées ont donc remis en place cet homme. S’en est donc suivie une longue conversation que j’ai suivie silencieusement. Comme toujours, ont complètement été mis de côté les agressions faites à ces femmes parce qu’il fallait se recentrer sur les sentiments que ressentait ce garçon qui se sentait blessé et vexé qu’on ne lui ai pas dit les choses poliment. C’est à chaque fois stupéfiant pour moi et tellement blessant ; une femme parle de son viol et de son agression mais elle devrait encore se préoccuper des sentiments des hommes qui écoutent. Ce qui devient le plus important n’est pas le fait de trouver un moyen de mettre fin aux agressions et au viol mais de ne pas blesser les hommes qui écoutent. Cet homme n’a pas eu de parole de soutien ou de réconfort face à ces femmes, il n’a pas souhaité en savoir plus sur la place des femmes dans l’espace public, comme elles le vivent et comment les hommes les y accueillent. Il a juste eu besoin qu’on lui dise qu’il était gentil. Cette indifférence là face à ce qu’avaient subi les femmes était d’une grande violence à lire. Pour lui, comme pour tant d’autres, ce qui était choquant n’est pas que des femmes soient agressées mais qu’elles soient agressives. […] Une grande partie des hommes qui lira ce texte va d’ailleurs discuter de “généralités que je fais” qui “les blesse” et “les amalgame” et pas du sexisme.”

    http://www.crepegeorgette.com/2016/04/21/non-mixite/

    Tout ça pour dire qu’on n’est pas là pour distribuer des médailles à celleux qui font bien leur boulot, parce que tout simplement, cela devrait être la NORME. Mais on en est bien loin. Et ya beaucoup plus urgent. Vous pouvez choisir de prendre le train en marche – mais ce n’est pas vous qui le conduirez – ou rester sur le quai de la gare.

    • cma says:

      Bonjour Pétrolleuse,

      concernant les soignant/e/s repectueu/ses/x, je pense qu’il méritent tout de même notre soutien quand bien même ils devraient être la norme. Parce que lutter de l’intérieur contre un système n’a rien d’évident, donc c’est une forme de courage à saluer, notamment au vu du contexte (difficulté à trouver des postes) pour les SF. Et puis de façon très intéressée parce que cela permet de dire, de montrer et de citer les exemples de ce qu’il est possible de faire à ceux et celles qui s’entête dans ce système destructeur (aaahhh la tête de mon très cher GO quand je lui ai dit que le taux d’épisiotomie à Besançon frisait les 1% sur une maternité d’un grade plus élevée que la sienne avec des indicateurs sur la santé des Mamans et des Bébés au moins aussi bons que les siens, du bonheur en barre). Et puis d’une façon générale quand quelqu’un fait bien son travail, qu’est-ce que coûte un merci ou un compliment, alors qu’il conforte la personne qui le reçoit dans son choix de bien faire les choses, non ?

  6. Loyhel says:

    Ce que vous dites me rappelle la polémique au début de la page facebook “paye ton gynéco” qui dénonce les violences gynécologiques et obstrétricales.
    La page avait un post “not all soignant-e-s suite à des plaintes indécentes de praticiennes comme quoi les victimes généralisaient etc.
    Les personnes derrière la page semblaiet vouloir ménager la chèvre et le chhou.
    Cette pulication a été supprimée , la page facebook a changé d’opinion vu que maintenannt le not all soignants n’est plus toléré.
    Donc si je résume bien, sur une page où on recueille les TEMOIGNAGES de VICTIMES de VIOLENCES GYNECOLOGIQUES, des soignant-e-s ont cru bon faire du Not all soignants.

  7. Patricia Perrenoud says:

    Merci beaucoup pour ce billet et les commentaires. Je trouve également très délicat que des soignant.e.s soient sur des groupes FB et des discussions créés par des femmes et destinés soit à dénoncer les VO, soit à renforcer certaines visions de la naissance. Je ne dirais pas que c’est incompatible (j’irais moins loin que Pétrolleuse donc), mais que cela demande de savoir “se tenir” pour ne pas occuper trop de place, pour ne pas “patroniser” et pour être dans l’écoute et l’humilité. Et c’est pas gagné d’avance.
    Ceci dit, je trouve aussi nécessaire qu’il y ait des espaces de discussion sans soignant.e.s. Surtout dans le cadre de la naissance où circule cette idée que nous devrions presque être partout (la préparation, les consult…. la rééducation) et avec cette propension à nous mêler de tout (le devenir parents, la sexualité…) ….
    Après, de mon point de vue de SF (enseignante dans une école), je crois qu’une partie de la lutte mérite collaboration et surtout un engagement des soignant.e.s. Car s’il existe de plus en plus de femmes (enfin j’espère) qui parviennent à dire leur préférences et leurs besoins, pour d’autres ce n’est pas simple du tout, pour tout une série de raisons. Et c’est pour cela, pour les femmes et les familles vulnérabilisées par les politiques sociales notamment, que cette lutte devrait être pensée à plusieurs et notamment avec la collaboration de chercheurs en sciences sociales. Car les femmes issues des classes moyennes, voire moyennes sup’, ne sont pas toujours au fait des situations de femmes vivant dans des circonstances plus dures. Et le respect ou le soin, dans ces situations-là, doit parfois prendre d’autres formes (en relation avec la sécurité matérielle au retour à domicile p.ex.).
    Après, le fait d’avoir accompagné des dizaines de naissances donne aussi à savoir aux soignant.e.s, notamment en ce qui concerne la diversité des déroulements de naissances. Cette expérience, je crois qu’elle peut être utile dans les débats. Mais c’est évidemment difficile, car si l’on a travaillé dans un milieu interventionniste, notre expérience est entachée de sur-médicalisation et de technicisation, d’où une difficulté inhérente à faire la part des choses. Je crois que ce biais-là, s’il ne peut être complètement contourné, loin de là, n’empêche pas de contribuer au débat. A certains moments. Sans faire l’autruche, ni le paon, ni le surikat qui défend sa tribu.
    Pour la préparation à la naissance, j’ai bien aimé le pavé dans la mare ! Les articles d’Irène Maffi ou d’Edmée Baillif dans ce livre: http://www.bsnpress.com/accompagner-la-naissance/ vont aussi dans ce sens (les articles sont aussi sur Cairn si jamais pas trop cher). Avoir plus de voix de femmes sur leur expérience de la PAN serait vraiment utile pour, a minima, faire évoluer cette pratique.

  8. Hélène Goninet says:

    Je relève “Oui félicitons ce qui est bien, 59% de femmes respectées en maison de naissance ou à domicile c’est bien “…..je ne sais pas d’où ces chiffres sortent….mais dans mon étude, j’ai eu justement 100 % de femmes qui se sentaient respectées en accouchant à domicile….et en maison de naissance, ce doit être proche!

    Car effectivement; 59 % de femmes qui se sentent respectées, ce n’est pas bien du tout, et je trouve ça même lamentable ..car c’est 41% de femmes qui ne se sentent pas respectées!!! alors en institution!!!!

  9. Adèle says:

    Que de soulagement à la lecture de ce billet ! Merci beaucoup, Marie-Hélène.

    Je rejoins Pétrolleuse et je pense qu’elle a complété admirablement le propos en soulignant une dérive du combat pour la naissance respectée : celui de la “patronisation” des femmes par les soignants. Dans ce combat où la mère devrait être le sujet, l’on finit par mêler droits des femmes et droits des soignants, parfois aux détriments des premières.

    Comment des soignants respectueux font parfois taire les femmes ? Outre l’indignation contre la généralisation à coup de “not all”, il y a parfois aussi l’idée que les soignants respectueux ne commettent pas d’erreur. Ou qu’une femme n’a pas le droit de se sentir blessée par ces soignants parce que, quand même, ils sont globalement très respectueux. Toute dénonciation d’une irrégularité, toute remarque, est perçue comme manque de respect pour le soignant ou manque de gratitude pour les efforts fournis. Et l’on ne manque pas de le faire remarquer à celle qui s’est exprimée. Ce sont là aussi des tentatives de réduire les femmes au silence.
    Et puis, parfois, ce sont les mères elles-mêmes qui font taire les autres mères, prenant la défense soignants contre la mère ingrate.

    Par ailleurs, que faire lorsque la violence provient d’un soignant officiellement respectueux ? Que faire lorsque la violence provient d’un soignant intégré dans un groupe de discussion ? Quelle meilleure défense et quelle meilleure arme pour un soignant qui a fauté que de s’intégrer dans la lutte pour le respect de la naissance…

    Enfin, je voudrais revenir sur un passage du second paragraphe : “…où les sages-femmes se sentent visées par les propos qui ne les concernent pourtant pas”. Il me semble qu’il faudrait nuancer : ce ne sont pas les sages-femmes dans leur ensemble mais “des” sages-femmes et les propos ne les concernent pas “forcément” (mais parfois oui et les femmes doivent avoir le droit aussi à s’exprimer sur les violences commises par des sages-femmes).

  10. lenversdudescorps says:

    bonjour
    merci pour cet article trés pertinent; on retrouve cette demande de “non-dénonciation” ou bien une dénonciation suffisamment prudente, édulcorée, tempérée, modérée pour être recevable, dans bien d’autres cas: la raison invoquée est qu’ il ne faut ni généraliser, ni stigmatiser, ni jeter le doute …ou alors on vous dit que ça ne sert à rien.
    Et je souscris totalement à: rassurer les non-maltraitants n’est pas le but ni surtout la priorité!
    Post Scriptum: puis-je faire remarquer que les réponses abusent un peu des abréviations? VO, FB, PAN,GO, LT, IDE, des fois c’est pas évident

  11. Marie-Hélène Lahaye says:

    Merci à vous toutes pour vos commentaires et vos réflexions, avec lesquelles je suis entièrement d’accord. Elles complètent mon billet de façon très pertinente.

  12. Linou says:

    A la lecture de ce billet et des commentaires, je suis assez partagée.
    Il y a quelque temps, j’aurais été entièrement d’accord avec, mais plus je découvre la Communication NonViolente (ou communication consciente) et tout ce qu’elle implique, ainsi que les 4 accords toltèques, plus mon regard change.
    J’ai l’impression que beaucoup de gens (moi y compris 😉 ) ont eu tellement l’habitude (par l’éducation, l’école, la société…) qu’on leur fasse des reproches, qu’ils ont beaucoup de mal à écouter d’autres personnes sans se sentir visés et y voir des reproches.
    Du coup, j’ai l’impression, d’un côté, que les personnes qui réagissent aux généralisations ont du mal à prendre assez de recul pour mettre de côté leur ressenti et écouter la colère et la peur des femmes maltraitées et sont dans l’attaque. Et d’un autre côté, que les personnes qui ne veulent parler que des bonnes pratiques ont du mal aussi à écouter sans se sentir visés et sont dans la fuite.
    D’après ce que je découvre de la CNV, ces personnes auraient besoin de se donner de l’empathie à elles-mêmes pour écouter en elles ce qui réagit aussi fortement, avant de pouvoir en accorder aux autres (aux femmes victimes de violences obstétricales dans le cas de cet article).
    Je suis entièrement d’accord avec le fait que réagir aux généralisations détourne le débat des violences faites aux femmes au ressenti des personnes en face.
    Mais je pense que la violence est présente des deux côtés, même si elle n’est pas du tout du même ordre. Je pense par contre qu’il peut être utile d’en prendre conscience pour désamorcer les conflits.
    En effet, je pense que les généralisations, les jugements et les interprétations (“tentent de réduire au silence”, “une fois de plus contrôlées”…) sont une forme de violence verbale et ne servent pas la cause de celles et ceux qui dénoncent les violences obstétricales, car ils ne permettent pas de faire entendre le message étant donné que les personnes en face peuvent se braquer.
    Je pense aussi que ce genre de dynamique dans les relations humaines est présente partout et pas seulement dans les combats féministes.
    D’un autre côté, je suis bien consciente qu’il peut être très difficile de faire entendre notre souffrance si les personnes en face y voient des reproches. Et surtout quand on s’adresse à plusieurs personnes à la fois, donc d’autant plus dans un billet sur Internet ou dans une conférence.
    Voilà, c’est seulement mon point de vue du moment. Qu’en pensez-vous ?

    • Mag says:

      Plus j’entends parler de Communication Non violente, moins j’ai l’impression de comprendre de quoi il s’agit exactement. En effet, elle est souvent présentée du côté de celui qui communique son malaise et à qui on demande donc de trouver le moyen de faire passer le message sans blesser l’autre. Et bien moi, ça me fait penser au tone policing… Parce qu’effectivement, ce serait pas mal d’apprendre aux gens à entendre la colère, point. Je dis souvent à mes enfants, “je suis en colère, je l’exprime. Entendez la, parce qu’elle est légitime, ne vous en déplaise”. Et bien ça doit pas être CNV du tout, mais crotte!

      • Malka says:

        Je rejoins Mag sur le sujet. Êtes-vous sérieusement en train de lancer des injonctions à des victimes de violences pour qu’ils/elles le disent “gentiment” ? Et la violence de votre discours blâmant, on en parle ?
        Non, la véhémence ne desserre pas la cause. Ce qui desserre la cause, ce sont les gens comme vous qui appliquent une police du ton, en oubliant que les violences premières et graves sont appliquées par les dominants. Et vous OSEZ demander aux dominé(e)s d’être “gentils” ? Mais pour qui vous prenez vous ?

      • Zab says:

        La colère fait partie intégrante de la vie, ET de la CNV. Dans le cas des violences obstétricales, on peut parfaitement dire par exemple “Je suis en colère, parce que j’ai besoin de respect, et de sécurité”.

        • Zab says:

          Ah, et aussi (esprit d’escalier bonjour) : la communication consciente et non-violente est une démarche personnelle, objet d’un choix : par définition l’imposer comme mode de communication à quelqu’un d’autre est une violence. 🙂

      • Emma Maza says:

        D’accord avec cela, car la colére est une émotion noble aussi, même si elle ne doit pas aller jusqu’à la violence,mais la colére exprime aussi une souffrance, qui doit être sortie, si on ne veut pas être étouffé. le politiquement correct, l’empathie on connait, on peut comprendre le mec de mauvaise foi, le faineant, le voleur, le mec qui fait mal son boulot, jusqu’à un certain point ; la violence de la femme qui accouche qu’on fait taire, qu’on maltraite pour son bien, et surtout celui du service en regard de la souffrance ce la soignante qui peut pas faire le sien pour des raisons xy….

    • Loyhel says:

      Je pense que si les soignant-e-s ont “besoin de se donner de l’empathie à elleux même”, il y a d’autres solutions que de silencier les victimes.
      Ce n’est pas à nous à gérer ces problèmes là dont nous ne somes pas responsables.
      Je ne sais pas, il existe des solutions comme voir un-e psy.

  13. Linou says:

    J’ai voulu parler de la CNV ici car j’y ai pensé en lisant l’article et les commentaires.
    Je suis révoltée par toutes les formes de violence, et particulièrement par les violences médicales et obstétricales, car j’ai beaucoup de mal à accepter le fait que je risque d’en subir un jour, dû au fait que concernant la santé et la maternité, je n’aurai pas forcément le choix du personnel de santé qui s’occupera de moi, ni des lois qui s’appliquent.
    C’est pour ça que je dévore ce blog ainsi que celui de Martin Winckler, car ils me permettent de me sentir plus outillée et plus sûre de moi pour faire face le jour où ça arrivera.
    Je suis toujours étonnée quand des gens ne sont pas autant révoltés que moi par certaines injustices et violences. Et je me suis rendu compte que dans ces cas-là, un discours qui leur paraît agressif peut faire fuir certaines personnes qui vont se détourner du débat ou minimiser le ressenti de la personne qui s’exprime. J’ai eu le cas avec une amie qui avait mal reçue le discours d’une militante féministe, alors que moi je ressentais la même colère que la militante et recevait bien ses paroles.
    En essayant de comprendre (mais sans excuser !) pourquoi les violences existent et aussi pourquoi il est si difficile de les dénoncer, j’ai découvert les accords toltèques et la CNV et ça m’a beaucoup parlé.
    Par contre, j’ai du mal à accepter que ça prenne autant de temps, vu qu’il s’agit d’un travail sur soi, qu’il faut déconstruire plein de croyances sur lesquelles on s’est bâti et qu’on ne peut pas forcer les autres à le faire aussi.
    Mais je suis de plus en plus convaincue que ça marche (ça reste mon point de vue).
    Du coup, je n’impose rien, je ne propose pas de solution, je ne détiens pas la vérité.
    Pour répondre à Mag, je trouve ça logique que la CNV soit souvent présentée du côté de la personne qui communique son malaise, car c’est elle qui veut faire passer un message. Mais si c’était quelqu’un qui râle contre les dénonciations, j’aurais aussi envie de lui présenter.
    Je suis totalement d’accord avec Loyhel, silencier les victimes n’est pas une solution et ce n’est pas à nous de gérer les problèmes des soignant-e-s maltraitant-e-s. Ce serait à eux de gérer leurs propres ressentis, mais pour ça, il faudrait qu’ils aient envie de se remettre en question et on ne peut pas les forcer ou le faire à leur place. On ne peut que se changer soi-même, même si j’aimerais beaucoup que tout le monde le fasse et que ça prenne moins de temps ! 🙂
    Et on aura beau choisir ses mots, on n’est pas responsable et on ne peut pas décider comment ils seront entendus par les autres. Donc il y aura toujours un risque d’être mal compris et jugé.
    Concernant la CNV, ça ne consiste pas à être gentil, car la “gentillesse” peut aussi être une forme de fuite et de non respect de soi-même.
    Si vous aimez lire et que ça vous intéresse, je vous conseille “Cessez d’être gentil, soyez vrai !” de Thomas d’Ansembourg, “Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)” et “Les ressources insoupçonnées de la colère” de Marshall B. Rosenberg
    (Désolée pour le pavé…)

    • Marine says:

      Merci pour ce bel esprit dont vous faites preuve. Je pense aussi que la question n’est pas de crier plus fort sa souffrance, mais de mieux l’exprimer pour qu’elle soit entendue… Crier fort inciter à faire baisser le volume tandis que parler posément de son vécu (sa colère…) invite à l’écoute et la bienveillance.

      Quant à la question du soutien du personnel soignant, je trouverais intéressant de savoir combien de temps après leurs accouchements les femmes en souffrance expriment avoir ressenti de la colère, des sentiments de honte/peur/angoisse. Très souvent, les patientes acceptent tout avec le sourire et sont satisfaites sur le moment de ce qui leur est proposé mais à posteriori, évoquent des souvenirs douloureux. Je rêve d’une meilleure communication qui permettrait aux soignants d’accompagner la patiente (et son entourage) dès le jour J… et non pas de guérir des blessures !

      • Linou says:

        D’après ce que j’en comprends, la CNV ne consiste pas forcément à parler posément, surtout quand on est en colère et/ou qu’on souffre.
        C’est sûr que les messages ont plus de chances d’être entendus quand on est serein. Mais si on est en colère, on peut apprendre à l’exprimer sans porter de jugements, interprétations, généralisations sur l’autre et la situation. C’est surtout ça qui me semble important.
        Concernant les patientes qui acceptent tout avec le sourire sur le moment et réalisent plus tard leur souffrance, je pense qu’effectivement ça existe. Mais d’après les témoignages que j’ai pu lire, comme sur le site “Mon corps, mon bébé, mon accouchement”, il y a aussi des femmes qui savent ce qu’elles veulent et ne veulent pas et dont le choix (et surtout le NON) n’est pas respecté lors de leur accouchement. Dans ces cas-là, ça me semble normal qu’elles soient en colère et ne puissent pas l’exprimer posément.

  14. Myriam says:

    @highlighter je suis d’accord que ce n’est pas très scientifique mais en lisant des témoignages de femmes qui avaient choisies la maison de naissance ou à domicile, sur le blog 1000 témoignages pour une naissance respectée par exemple, en s’informant auprès de celles que l’on rencontre, j’avoue que ces chiffres me semblent plutôt réalistes… En tout cas, au Québec il est clair qu’elles ont un protocole à suivre également et il y a parfois des transferts discutables puis c’est souvent en mettant les pieds à l’hôpital que tout dérape. Pour ce qui est du 8% à l’hôpital je n’en doute pas un instant qu’une naissance et femme respectée est l’exception. Bon ce sont des données quantitatives qui devraient plutôt être prises comme qualitatives à mon sens.

  15. Jeanne says:

    Je ne suis pas soignante, simple mère de famille. Mais le “coup” de la domination me semble être un raccourci un peu facile. Lorsqu’une sage-femme m’a gratifiée d’un douloureux et humiliant décollement de membranes, je n’ai pas cherché à faire porter le chapeau à ses collègues. Monter les gens les uns contre les autres, je ne suis pas certaine que ça mène bien loin.
    Quoiqu’il en soit, merci d’aborder ce sujet des violences obstétricales avec autant de ferveur et de conviction. On peut avoir des sensibilités différentes et chercher à avancer dans la même direction… Donc bravo pour l’ensemble de ton travail !

  16. Dotchka says:

    Je fais le lien entre preparation à l’accouchement et préparation aux violences obstétricales.
    Ça me rappelle cette visite de la maternité de Trousseau en 2013, durant laquelle la cadre SF aux airs d’Helene de Générés a conditionné les couples présents au protocole érigé en dogme. La visite n’en était pas une mais bien un conditionnement. Seule une chambre a pu être visité mais pas de salle d’accouchement. Pourquoi ? Ce n’est pas autorisé par le protocole. Alors que la demande était unanime et réaliste puisque la maternité voisine le propose et que j’ai pu en visiter une. Nous étions près de 40 personnes à écouter ses imprécations. Nous avons été seulement 2 femmes à oser poser une question, taux d’episiotomie, positions d’accouchement, auxquelles elle a refusé de répondre, prétextant son ignorance, perdant patience et jugeant la question inutile, car nous n’avions pas besoin de savoir. Cette femme a savamment entretenu la peur de l’inconnu, histoire de ne pas avoir de volonté le jour de l’accouchement. Je ne suis pas restée dans cette maternité. J’ai préféré changer. Ma décision était unique, je suis une exception. De part mon attitude tres indépendante et volontaire, j’ai bénéficié de l’aide et de la bienveillance des SF des 2 établissements.

    Ce que vous denonçez se retrouve dans tout schéma d’aide. Chaque aidant/soignant a sa vision des choses et veut l’imposer au soigné. Le probleme c’est que les femmes sont rabaissées au rang de mineur, résumées à un état de faiblesse, réduites à leur etat de grossesse. Tout est une question d’appréciation du soignant et du soigné. Si les femmes etaient moins soumises, les soignants seraient moins dogmatiques. Il y a encore beaucoup à faire !!!!

  17. says:

    Je crois qu’il existe de bonnes solutions quand la grossesse n’est pas diagnostiquée “à risque”, les bonnes personnes sont là pour nous aider, on les reconnaît tout de suite quand on est enceinte:
    En 1998 = J’ai eu la chance de voir dès le 1er rendez-vous conventionnel (vers 3 mois) que l’hôpital Boucicaut, 15e arrdt. à Paris, où il était ADMINISTRATIVEMENT PRÉVU que j’accouche, n’était pas le bon endroit pour moi. Les femmes enceintes faisaient la queue debout pour leur visite règlementaire, nous étions plus de vingt personnes à attendre sans une chaise car les autres étaient occupées, les WC étaient bouchés, tagués et moisis au plafond, le toubib flippant, on m’avait déjà avertie que je ne pouvais pas savoir qui allait suivre l’accouchement car cela dépendait des heures de relève (un accouchement qui dure trop = deux équipes) … Là, il y avait un panneau avec des annonces (aide à l’assouplissement, gymnastique et respiration pour femmes enceintes pris en charge par la sécu) j’y ai trouvé la sage femme sur laquelle j’ai tout misé tellement j’avais peur d’accoucher là (les récits d’horreur existaient déjà)…
    Elle s’appelait Christine André, j’imagine qu’elle est maintenant à la retraite. J’ai alors pu annuler mon inscription à l’hôpital (on en avait le droit) et avec elle j’ai pu réserver une chambre dans une clinique privée où elle exerçait en profession libérale même si je suis passée pour une marginale, je m’en foutais. C’est elle qui m’a rassurée sur le fait qu’une femme est normalement construite pour accoucher et non pas faite pour mourir sur place le jour J (j’étais terrorisée par l’accouchement) ni être sous perfusion etc… Elle m’a expliqué qu’en Afrique, en Allemagne, aux USA …, des femmes accouchent debout plutôt que sur une table car c’est la position normale pour faire descendre le bébé (désolée pour la comparaisons mais imaginez être constipée et devoir rester allongée pour faire vos besoins!). Elle m’a aussi informée = si on s’entraîne régulièrement en lisant accroupie, talons au sol et ventre entre les jambes pendant les 6 mois restant = le périnée est suffisamment souple pour éviter l’épisiotomie et la déchirure des tissus… qu’on peut aussi choisir sa position d’accouchement! Le jour J, (j’étais à terme), c’est aussi elle qui m’a permis d’aller dîner à 21h alors que j’avais perdu les eaux à 18h, ce que n’aurait jamais permis un hôpital conventionnel… Elle savait à la taille d’ouverture que je n’accoucherais pas avant le lendemain, qu’il me faudrait prendre des forces parce qu’un accouchement normal ce n’est pas un problème médical mais un “acte de mammifère” … Avec des proches nous sommes allés manger dans le quartier et on s’est raconté des blagues = ça m’a détendue. Le “travail” a commencé seulement le lendemain matin et personne n’a provoqué l’accouchement. À midi, après des bains chauds (il y avait une baignoire) de grandes discussions avec elle (présente depuis 5h du matin) j’étais fatiguée parce que je marchais en rond depuis des heures dans la pièce pour faire descendre le bébé…ça tirait pas mal sur le ventre mais supportable…Alors je me suis penchée en avant sur un lit disposé pour ça et quand elle m’a dit “go” j’ai pris ma respiration pour pousser de toute mes forces en une seule fois pour éviter que ma fille reste coincée au passage (j’avais peur de ça) …et ma fille est sortie en une seule fois. Alors oui, c’est douloureux, surtout bizarre… mais plus OK lorsqu’on maîtrise nos gestes et que l’ambiance est paisible…il n’y a pas eu de chichi à souffler en haletant,en criant et je ne sais quoi d’autre de machines qui bipent partout (se souvenir du film Little Big Man). J’ai pu payer cette sage-femme (sous contrat et factures) parce que son tarif correspondait à ce que la CAF versait mensuellement aux femmes enceintes pendant la grossesse. La clinique privée était gratuite pendant les 3 jours conventionnels pris en charge par la Sécu (lorsqu’il n’y a pas d’intervention médicale ni anesthésie)…et comme je voulais allaiter on m’a laissée tranquille avec mon bébé et puis c’est elle qui m’a tout expliqué (je ne savais pas du tout m’occuper d’un bébé). Juste après l’accouchement, je suis retournée à pied (accompagnée de la sage femme et du père de l’enfant) dans ma chambre depuis la salle d’accouchement, en portant ma fille…pas un instant j’ai eu l’impression d’être malade ni d’avoir eu besoin de soins. Par contre, un entourage responsable et rassurant oui. Elle m’a dit que c’était un accouchement de rêve = je veux bien la croire après tout ce que je lis et entends là-dessus ici et ailleurs.
    Son intervention ne s’est pas arrêtée là , elle m’a encore rendu visite à domicile ensuite (inclus dans son forfait-prix)… Je crois qu’aujourd’hui les maisons de naissance font ce boulot, je recommande à chacune de suivre son instinct… pour toutes ces choses, nous sommes des femmes pas du bétail, personne n’a le droit de nous obliger à quoi que ce soit!

  18. Léa says:

    Réagir en termes de “pas tous” et de “nuancez vos propos SVP” n’est pas un réflexe de domination mais au contraire un réflexe de protection. Les gens n’aiment pas les généralisations abusives parce qu’ils se sentent visés par une accusation injuste qui nie leur travail, et surtout impacte objectivement leur pratique relationnelle.

    Dire “les GO sont auteurs de violences obstétricales”, cela veut dire que le GO qui se décarcasse dans sa structure pour éradiquer la violence (et y parvient généralement) va voir ses patientes, leurs familles, le regarder comme un potentiel agresseur alors que non seulement il ne l’est pas mais en plus il est conscient du problème. Il y a présomption de culpabilité jusqu’à ce que le GO prouve sa non-dangerosité.
    Dire “certains (beaucoup) de GO sont dans la violence obstétricale”, ça veut dire que vous conditionnez les personnes à aborder leur GO avec une confiance mêlée de vigilance, ce qui est quand même assez différent. Il y a présomption d’innocence.

    Dire “ne vous sentez pas concernés, si vous ne le faites pas, ça ne parle pas de vous”. Ben si, ça parle de moi parce que je porte la même étiquette professionnelle que mes confrères violents et que les patients voient l’étiquette avant l’individu (c’est une réalité objective : on prend contact avec “un gynéco” avant de prendre contact la fois suivante avec “son gynéco, Mr/Mme X…”). Il ne savent pas que “ça ne parle pas de moi” puisque vous laissez entendre qu’ils sont “tous pareils”.

    Il y a aussi le phénomène (étudié par ailleurs par Harendt) sur la “monstruosité” comme processus psychologique de défense contre une réalité d’appartenance collective choquante. Je suis un Humain, je suis quelqu’un de bien, et voilà que quelqu’un d’autre a commis l’abomination. Alors je dis que c’est un Monstre (variante : une brebis galeuse, une exception… tout sauf “un médecin”), je lui dénie cette qualité d’Humain que nous avons en commun afin de ne pas devoir me confronter à la possibilité que moi aussi je puisse commettre de tels actes, il n’est pas comme moi et donc je ne suis pas comme lui.

  19. spir says:

    J’aime beaucoup ce que dit Pétrolleuse plus haut (ses 2 commentaires). Mais je rejoins aussi “cma” qui lui répond. Elle ne propose pas de laisser s’exonérer de responsabilité ou de câliner les soignant(e)s qui sont pas si méchant(e)s (ce qui serait du “soignantsplaining”). Elle propose, si je pige bien, de raconter les pratiques et vécus (sans doute très durs parfois) de celles et ceux qui se battent contre ces horreurs ou arrivent à faire les choses autrement. On évoque souvent les cas des quelques maternités bienveillantes en pays francophone, on parle parfois vite fait de pratiques étrangères incomparables avec les nôtres, mais il n’y a presque jamais de description, d’explication, de justification de ces pratiques, et encore moins de témoignages de celles et ceux qui les vivent ; et je parle autant des soignants que des mères (dommage que les nouveaux-nés ne parlent pas!).

    Ce serait, comme le dit Léa, une grande aide ne serait-ce qu’informative pour les futures mères ; et une source d’inspiration pour les soignant(e)s mais aussi une aide si ils ou elles doivent lutter contre hiérarchie, collègues, protocoles, rentabilité… (Situation à comparer avec la minorité d’enseignants encore vivants ou sains moralement.)

  20. Sarah says:

    “Par exemple, lorsque des féministes dénoncent la culture du viol, c’est-à-dire le système de domination patriarcale qui encourage cette violence par une quasi-impunité des violeurs, des hommes s’insurgent à coup de « pas moi ». Ils sont sincèrement blessés par l’idée qu’ils puissent être considérés comme des violeurs. S’en suit de longs échanges dont la caractéristique est de débattre du ressenti de ces hommes plutôt que de la violence physique réelle subie par les femmes. En d’autres termes, il s’agit d’une façon subtile de faire taire les femmes, de maintenir le silence sur les viols, en détournant le débat sur la bonne façon pour les féministes de ne pas heurter les hommes.”

    Mais c’est tellement ça, vous avez tout dit !
    Ça m’agace à un point, je constate ça chez 95% des hommes malheureusement…

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