La publication du décret élargissant les compétences des sages-femmes met décidément en évidence toute la misogynie et le sexisme dans lesquels baigne la profession de gynécologue obstétricien. Après la sortie désastreuse d’Elisabeth Paganelli sur son refus d’octroyer des arrêts maladie en cas d’IVG (voir ici), c’est l’ensemble des instances professionnelles des gynécologues et obstétriciens qui publie un communiqué de presse commun pour dénoncer les mesures gouvernementales qui « nuisent à la surveillance médicale des femmes ».
Sans surprise, ces médecins s’inscrivent dans la longue tradition patriarcale de dénigrement du métier de sage-femme, qui perdure depuis quatre siècles. En effet, la sortie du Moyen Âge a été marquée par une grande misogynie et une mainmise des institutions politiques et médicales sur le corps des femmes.[1] Les sages-femmes, qui étaient les alliées des femmes tout au long de leur vie affective, sexuelle et reproductive, se sont vues tour à tour exterminées durant la chasse aux sorcières par le clergé (masculin), interdites d’accès à la formation et l’enseignement par le pouvoir politique (masculin) et accusées d’être incompétentes, sales et dangereuses par les médecins (masculins). Les gynécologues et obstétriciens actuels, déjà impuissants à mettre en œuvre une médecine basée sur des preuves scientifiques et sur des recommandations médicales, sont bien sûr aveugles à toute mise en perspective historique de leur profession, et pensent certainement défendre une position en phase avec notre monde actuel.
Reprenons néanmoins leur communiqué de presse. Ils prétendent donc qu’octroyer de nouvelles compétences aux sages-femmes dans le cadre de la physiologie, entrainera « une perte de chances pour les femmes en raison d’un retard au diagnostic et à la mise en place d’un traitement adéquat ». Les femmes sont en danger de mort. Ni plus ni moins.
L’argumentation du communiqué pour arriver à cette conclusion est pour le moins nébuleuse, mais un long échange sur twitter avec le Syndicat des Gynécologues et Obstétriciens Libéraux (SGOL) m’a permis de mieux cerner le mode de pensée de ses auteurs.
Selon le SGOL, les sages-femmes seraient, malgré leurs cinq années d’études, inaptes à exercer la moindre compétence étant donné que, bien qu’elles soient spécialistes de la physiologie, elles sont incapables d’identifier les pathologies et donc de renvoyer aux obstétriciens les patientes qui en présenteraient. D’où le fameux danger pour l’ensemble des femmes, puisque leur passage entre les mains d’une sage-femme ne peut que retarder la prise en charge d’une complication.
Pour le dire plus simplement, les sages-femmes s’occupent des femmes en bonne santé, tandis que les gynécos s’occupent des maladies. Le SGOL prétend néanmoins que les sages-femmes sont si ignorantes qu’elles ne sont pas capables de faire la différence entre une femme en bonne santé et une femme malade, ni entre une grossesse normale et une grossesse morbide, ni entre un accouchement qui se déroule parfaitement et un accouchement qui tourne mal. Il est donc de salubrité publique que les sages-femmes n’aient plus accès au sexe des femmes, mais que cette fonction soit réservée aux gynécologues obstétriciens.
La discussion sur twitter a pourtant mis en évidence une autre réalité: ce sont les obstétriciens eux-mêmes qui sont incapables de faire la différence entre une situation saine et une maladie. A leurs yeux, la contraception, l’IVG, la fausse-couche, la grossesse et l’accouchement sont a priori pathologiques. Un frottis n’est pas un dépistage chez une patiente en bonne santé, mais un acte relatif à un cancer. La pose d’un stérilet n’est pas une façon d’améliorer la vie sexuelle de jeunes femmes pleines d’énergie, mais un risque de ne pas identifier une appendicite puisque les sages-femmes ignorent le contenu des utérus (sic). Un accouchement n’est pas l’action de mettre son enfant au monde, mais une « loterie » qui tue des mères et des bébés en quelques instants, les obstétriciens ignorant tout de la hiérarchie de risques et des signes précurseurs de complications.
Plus fondamentalement, les gynécologues considèrent qu’être une femme est, en soi, une maladie. Le titre de leur communiqué est révélateur puisqu’ils dénoncent les mesures gouvernementales qui « nuisent à la surveillance médicale des femmes ». Il ne s’agit donc pas de surveiller médicalement une pathologie, mais bien les femmes elles-mêmes.
Les faibles réactions des sages-femmes
Face à cette misogynie et ce mépris pour leur profession, les instances professionnelles des sages-femmes peinent à affirmer la spécificité de leur métier. Certes, chacune a publié un communiqué regrettant les propos de leurs confrères et rappelant la nécessaire collaboration entre les soignants. Néanmoins, la cacophonie régnant entre les sages-femmes hospitalières, les libérales et les accompagnantes d’accouchements à domicile, rend peu audible l’essence de leur profession auprès des femmes.
Les sages-femmes sont les gardiennes de la physiologie. Elles doivent se penser comme les alliées des femmes, en accompagnant par leur art et leur bienveillance toutes les étapes de la vie sexuelle et reproductive des femmes, depuis l’adolescence jusqu’à la ménopause. Ce sont elles qui comprennent qu’une adolescente souhaitant une contraception est en plein questionnement sur les prémices de sa vie sexuelle et affective. Ce sont elles qui recueillent sans jugement l’ambiguïté ou la détresse d’une femme demandant une IVG. Ce sont elles qui accompagnent dans la douleur une future mère qui vit une fausse-couche ou la naissance d’un bébé mort-né. Ce sont elles qui savent qu’un accouchement est une expérience extrême pour chaque femme, la renvoyant aux confins de son humanité, à la vie, à la mort, à ses aïeux, à son enfance, à son couple, à ses doutes, à ses fragilités, à son corps et à sa sexualité. Ce sont les sages-femmes qui comprennent qu’une femme n’est pas qu’un utérus, mais une personne à part entière, unique et au parcours de vie forcément exceptionnel. Ce sont elles qui, dans ce contexte de domination masculine, devraient donner aux femmes confiance en leurs capacités, et les encourager à se réapproprier leur puissance, leurs pouvoirs et leur liberté.
Malheureusement, bon nombre de sages-femmes s’envisagent d’abord comme des techniciennes, comme des « obstétriciennes light » se limitant à être les petites mains des institutions hospitalières. Elles tentent, de façon pathétique, de rassurer les gynécologues en reprenant à leur compte les discours de peur et de pathologie qu’ils projettent sur les femmes. Elles reproduisent, comme leurs confrères, les violences obstétricales inventées et pratiquées par les médecins au fil des siècles. Et, pire que tout, elles se montrent incapables de solidarité entre elles, notamment en pourchassant et excluant les sages-femmes aux services des mères souhaitant accoucher à domicile.
Entre les gynécologues obstétriciens qui considèrent les femmes comme leur chasse gardée et les sages-femmes incapables de se hisser à la hauteur de leur fonction, les femmes payent le prix fort de ce conflit entre les soignants.
Les futures mères subissent les risques d’une prise en charge défaillante en raison d’un défaut de collaboration entre sages-femmes et obstétriciens. Elles se voient priver de la liberté de mettre au monde leur enfant comme elles le souhaitent, en devant se conformer aux protocoles et diktats de professionnels défendant leurs propres intérêts. Elles sont contraintes de se soumettre sans broncher à la domination des soignants cherchant à se protéger les uns des autres.
Cette guerre séculaire qui oppose les médecins aux sages-femmes pourrait n’être qu’un conflit de corporations. Elle pourrait n’avoir que des conséquences limitées, si elle n’avait pas pour champ de bataille le corps des femmes.
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[1] Lire notamment Silvia Federici, « Caliban et la Sorcière », Entremonde, 2014 ; Barbara Ehrenreich et Deirdre English, « Sorcières, sages-femmes et infirmières : une histoire de femmes et de la médecine », 1973, remue-ménage 2005.
Merci ! Merci ! Et merci !!!
Nous sommes un certain nombre de sages-femmes (et de médecins aussi d’ailleurs) à essayer de faire réellement notre métier, plein et entier, dans l’unique but d’accompagner les femmes dans leur vie de femme. Mais que c’est parfois difficile et désespérant de devoir lutter contre le corporatisme et la misogynie, contre la bêtise et la couardise que se partagent allègrement les instances de ces 2 professions ainsi que nombre d’individus sur le terrain.
La réponse du conseil de l’ordre des sages femmes à ces attaques m’a laissé sans voix de colère. Elle indique qu’il est “attristé”. Attristé !!!! Avec une telle défense de notre profession, que faire ??? Je n’arrive pas à savoir si c’est un effet syndrome de Stockholm ou petits arrangements entre amis, mais c’est clairement déprimant…
Mon métier au quotidien me remplit de joie, les relations que j’ai avec mes patientes me permettent de modérer la déprime grandissante que m’inspirent ces attitudes qui, effectivement, font payer celles qui devraient être notre unique préoccupation. Et des billets comme les votre aussi.
Alors merci encore !
Merci pour ce billet. C’est effectivement tellement essentiel de rendre aux femmes leurs utérus et leurs grossesses… auxquels s’accrochent les gynécos à corps perdu. Merci.
Très bien résumé ! Je suis aussi outrée des communiquées des syndicats de gynécos que déçue des difficiles réponses de SF. Le point positif que j’entrevois tout de même est les nombreuses réactions qui ont eu lieu de part et d’autres suite aux différents communiqués. Feu de paille des réseaux sociaux ou réelle prise de conscience? A suivre…
ben quand même…
http://ansfl.org/actualites/mais-de-quoi-les-gynecologues-ont-ils-peur/
Tres belle analyse.
Merci !
Les syndicats de gynécologues ont-ils pensé au délai pour l’obtention d’un RDV comme d’un facteur de risque d’un diagnostique trop tardif ?
Les syndicats des gynécologues ne pensent pas.
Tout à fait Petit Poussin! Tous leurs rendez-vous pour suivi non pathologique seraient assurés par des SF on n’aurait pas à attendre 6 mois quand ça ne va pas… donc soit on a rendez-vous avec un.e gynéco que l’on sait maltraitant.e, soit on va aux urgences, ac la mm probabilité de tomber sur un.e malade et en bonus un fort probable laïus sur “la relative non gravité de notre état”, et quelques heures d’attente. Vu le nombre de gynécos dans ce pays, c’est vraiment du gros foutage de gueule. Et pdt ce tps là, bah on est perdues et on ne se fait pas soigner, et ce sont eux qui se plaignent !!!
Française résidente en Belgique, j’ai pu voir le gouffre existant entre les pratiques ici et en France. En Belgique : choix totalement libre de la méthode d’accouchement, la première chose qu’on te dit (gynéco compris) c’est : “c’est la mère qui décide, le médecin n’intervient dans le processus que lorsque il y a danger”. ça change radicalement les choses ! on peut être suivi par une sage-femme (ou pas), accoucher chez soi, avec le personnel hospitalier (génialissime), ou faire venir sa sage-femme sur le plateau hospitalier. Tout le personnel médical travaille ensemble et, même avec des complications pendant mon accouchement, la gynéco a été appelé quand cela était nécessaire et tout s’est bien passé ! Tout n’est pas rose bonbon évidemment : pour le suivi “normal”, je n’ai pas encore réussi à trouver de gynéco respectueux de ses patientes (mêmes problèmes qu’en France à ce niveau-là…). Ce qui signifie peut être que la Belgique connaît le même problème que la France au niveau de la mentalité des spécialistes : une approche médicalisée et irrespectueuse des patient(e)s dans la grande majorité des cas, qu’on a peut être pu résoudre ici et en seule néo-nat que par la plus grande implication des sages-femmes…
Joli texte, mais en réalité cette attitude des gynécos obstétricien (et d’ailleurs, rien n’est dit sur la proportion ni sur les échanges épistolaires avec les obstétricien/nne) vis-à-vis des sage femmes n’est qu’une particularité d’un groupe de médecins vis-à-vis de toutes les autres professions médicales, ceux dont le travail est le corps des femmes.
C’est le poids des idées rétrogrades et corporatistes du Conseil de l’Ordre qui sous-tend toute cette mentalité.
C’est l’affirmation de ces personnes qui, sous prétexte qu’elles ont fait x années d’études (comme dans de nombreuses autres professions, mais ce n’est jamais aussi important que les année de ces médecins) dénigrent d’autres professionnel-les qui prouvent qu’avec moins d’années, et une autre manière de faire, on peut aussi faire du bien aux patients.
C’est vrai pour tous les domaines médicaux, toutes les “spécialités”.
Comme la femme est réduite à une pondeuse, c’est très criant dans le cas des gynécos obstétriciens, mais ce n’est qu’un tout petit exemple dans l’océan du domaine médical.
En France, comme le soulignent d’autres, c’est très différent ailleurs.
Les gynécologues ont peur que les femmes ouvrent enfin les yeux et de ne plus pouvoir leur raconter leur salade et surtout perdre du fric.
Quand on va voir un gynécologue c’est à poil, tu l’a ferme, c’est moi le docteur.
Moi je n’y vais plus depuis la naissance de ma fille (elle va fêter ses 15 ans).
Alors merci pour votre article
Comme je te comprends ! Je hais aller les voir toujours méprisants, te posant des questions hyper intimes, te jugeant. Te jouant et respirant dans le sexe…le moins possible et angoissant la veille!
Hors sujet un peu mais la seule éducation sexuelle que j’ai reçu adolescente à l’ecole fût : ” attention aux infections transmissibles sexuellement, faut voir un genecologue régulièrement pour un PAPE test, et prenez la pilule ! ” . Pas d’émotions, pas de discussion sur la fécondité, le cycle naturel hormonal, le plaisir, l’orgasme… Que la médicalisation, la peur, le mépris vis-à -vis la sexualité des jeunes, pas de contre-poids à la porno. On envoit le message fort d’être performante toujours disponible pour le sexe, bien stérilisée, et désinfecté de l’autre, le reste on s’en fou ! Une autre forme de sexisme à mes yeux est de vacciner seulement les filles contre le VPH, c’est les gars qui leur donne mais on s’en fou, eux on les vaccine pas. Ça ne donne qu’un avant goût de ce que la société s’attend de toi comme femme dans ce domaine…
Je le dis sans que ce ne soit très loin dans mon passé puisque j’ai 23 ans .
C’est tout-à-fait hors sujet mais je ne peux m’empêcher de sursauter quand j’entends parler de vaccination contre le VPH. Pour avoir lu et relu les “études” sur ces vaccins, je peux vous garantir qu’ils devraient être interdits, aux femmes comme aux hommes !
j’ai refusé que mes filles soient vaccinées….mon médecin traitant me le fait payer dans le suivi de ma maladie professionnelle.
elle me dit qu’elle a vacciné ses filles, c’est bien contente pour vous mais moi non je ne veut pas car pas assez de recul puis surtout pas de cancer chez nous donc pas la peine de chercher le mal là où il n’y en a pas.
De l’arrogance pure et nette! Nous sommes au moyen-âge des accouchements, c’est incroyable comment notre mentalité a peu évoluée en ce domaine. Et ils s’enfoncent encore plus dans l’image négative de leur profession et n’apportent que de l’eau au moulin à nos revendications légitimes, qu’elle mauvaise stratégie de la part de cette association. Pire ils volent à contre sens en ce qui à trait l’accessibilité aux soins… augmentant le niveau de cynisme de la population. Je me redis mais je suis stupéfaite de voir à quel point les enjeux sont les mêmes, les mentalités très proches d’un pays à l’autre.
En espérant que lorsque ma fille sera enceinte elle trouvera mes expériences avec l’obstétrique complètement débiles et obsolètes.Qu ‘elle me dise :” c’était vraiment n’importe quoi dans ton temps”…À l’époque de l’ignorance sexiste, au moyen-âge…
Cher Louis,
Nous sommes vraiment sur la même longueur d’onde vous et moi☺! Effectivement c’est après avoir pris connaissance des études sur ce vaccin qu’à 15 ans j’ai refusé de le prendre alors que toutes mes copines se jetaient en bas du pont…je ne voulais pas ouvrir ce sujet car je ne veux pas passer pour une grano anti-vaccination puisque ce n’est pas mon cas. Mais celui-ci oui.
c’est drôle cette histoire d’appendicite, parce que justement je suis sortie de l’hôpital hier, après une appendicectomie en urgence. on me disait depuis huit mois que je faisais des kystes à l’ovaire, “on” étant les médecins, alors que je faisais des appendicites aiguës depuis huit mois, donc. c’est une élève sage-femme qui n’a pas démordu de ce qu’elle pensait, que je faisais une infection. du coup on m’a opérée, enceinte de cinq mois. j’aurais sans doute préféré qu’on me retire l’appendice avant, à la première crise, en fait, et ne pas risquer la vie de mon enfant ni une péritonite.
mais sincèrement, ma vie a changé depuis que je me fais suivre par une sage-femme.
Et pourtant, SF et obstétriciens sont capables de travailler de concert dans le respect des uns et des autres… et de leur patiente !
J’en ai fait l’expérience l’automne dernier : suivie dans une structure proche d’une maison de naissance par 3 SF (suivi global, salle dédiée dans les locaux de la clinique), j’ai rdv à 7 mois avec un obstétricien pour valider le projet. Manque de pot, on suspecte un retard de croissance, qui s’avèrera être juste un bébé de petit gabarit. Sauf que cela change la donne, je ne rentre plus dans les critères de la MDN car il faut plus de surveillance médicale, et probablement une péridurale. Devant ma mine déconfite, il s’empresse de m’expliquer qu’une crevette a plus de risque de mal supporter le travail, et donc plus de risque qu’il y ait extraction aux instruments : “on est pas des barbares, on fait pas ça à vif, il vaut mieux une péri que vous ne vouliez pas à la base plutôt qu’une générale qui vous fait manquer la naissance !” Et d’ajouter qu’en gros, on peut la poser, mais “l’activer” que si besoin.
J’ai halluciné parce que devant moi, j’avais un obstétricien qui m’encourageait dans mon projet de naissance physio et essayait de ménager la chèvre et le chou entre mes désirs et le cadre médical à respecter. Et évidemment, même chose du côté des SF (ils se sont réunis tous pour discutailler de mon cas).
Au final, je n’ai donc pas accouché à la MDN (pour des questions de sécurité/assurance) mais dans la maternité AVEC une de mes SF du suivi global. Je n’ai vu l’obstétricien que pour une visite de courtoisie le lendemain ou surlendemain de la naissance.
Je ne vis pas au pays des Bisounours, je sais très bien que ce n’est pas toujours (souvent ?) le cas, mais à l’heure où l’on ressent un tel clivage SF/Gynéco, j’avais juste envie de partager une belle histoire.
Désolé de jouer les rabat-joie mais tu t’es faite rouler comme beaucoup d’autres avant toi par les arguments bidon d’un gynobs qui semble ne pas aimer les MDN.
Ça fait vraiment plaisir à lire, Luce. Merci pour le partage. 🙂
Si ton accouchement t’a satisfait c’est l’essentiel. Mon commentaire était basé sur l’inutilité relative d’une prise en charge particulière des petits bébés (hors cas clinique avéré) et j’ai effectivement généralisé la théorie du moindre risque aux dépends des choix de la femme et supposé que le gynobs était orienté en ce sens et donc dans le sens du contrôle sur les MDN en mode risque, c.a.d. MDN ok si dans l’hôpital et tuti quanti. Si tel n’est pas le cas c’est super pour toi (merci de le recenser pour les autres).
Mes excuses concernant cette généralisation.
Une question récurrente, pourquoi tant de refus du changement de la part des médecins gynécologues-obstétriciens?
Est-ce parce qu’en tant que professionnel de santé, avoir une longue liste d’attente de patients est avantageux ? (et donc partager son “marché” d’actes avec des sage-femmes désavantageux?)
1) Possibilité de sélectionner (âge, sexe, religion, couleur de peau, culture, capacité à payer, sympas ….) ?
2) Plus grande liberté de pratique ? (Ben oui, le patient il a attendu 6 mois pour avoir rendez-vous, alors tout est permis : on fait caca sur l’information loyale et le consentement, on se torche avec l’alliance thérapeutique et l’humain : ta gueule, c’est magique! Rien que l’idée de devoir se retaper 6 mois d’attente, ça décourage hein…)
Est-ce parce que ces professionnels sont en souffrance ? Le burn-out des soignants est une réalité, il me semble (à vérifier) que celui-ci est sur le point d’être reconnu comme risque socio-professionnel pour les soignants… Une personne en souffrance au travail ne réfléchit plus, elle courbe le dos et attends que ça passe et cela se traduit souvent par un comportement maltraitant (qui fait d’ailleurs partie des critères diagnostiques du burn-out chez les soignants il me semble)… Est-ce leur cas ?
Quelle est la part entre le savoir et le savoir être dans ces études ? Car s’il est indéniable que des connaissances théoriques sont nécessaires, une réflexion sur le savoir être, sur le rapport humain, l’est tout autant, a fortiori quant on doit mettre les doigts dans l’intimité des gens…
Soit l’on est capable d’intégrer émotionnellement la gestion des rapports avec le patient, soit on le vit comme une violence, qui ne peut parfois être supportable qu’à condition de la renvoyer, la reproduire sur autrui, comme pour s’en débarrasser…
Ou bien doutent-ils en permanence de leurs compétences, au point de ne pouvoir souffrir de les voir questionnées ?
Car il me semble qu’on ne peut-être en mesure de discuter et critiquer des connaissances qu’à condition de les maîtriser parfaitement, sous peine de devoir se borner à plaquer des dogmes de façon routinière et systématique au lieu d’exercer la médecine…
Le refus de transdisciplinarité de nombreux de ces professionnels en gynécologie-obstétrique, et la violence faite aux familles qui en découle, serait-elle le dernier refuge de leur incompétence ?
Une patiente – qui sait lire.
C’est effectivement une drôle de revendication… mais de là à porter le sujet sur le terrain de la misogynie…
Chère Pastafarienne,
Je dirais toutes ces réponses ! Je crois que l’épuisement professionnel ( le dégoût de la gestion) car au Québec les gestionnaires ont le pouvoir médical et ne connaissent pas grand chose aux soins et dictent quoi faire. Ensuite il y a une aliénation profonde de plusieurs devant le protocole et ce qu’on leur apprend ( la médecine pharmaceutique ) et il y a aussi un sentiment de puissance qui est primordial pour eux, dans leur formation on leur apprend qui sont infaillibles qu’ils doivent êtrela crème de la crème, qu’ils ont une relation à l’échec démesurée. Enfin dans le reportage ” Les médecins pleurent aussi” ils parlaient de cela et disaient même que certains médecins se suicident pour une erreur médicale flagrante et causant des sévisses. Alors devant un accouchement qui s’est “bien” terminé il est évident que d’admettre leur faute est presque impossible…
Bon moi pour ma part je crois qu’il y a tout un lobby pharmaceutique et ils sont aussi payés à l’acte alors vaut mieux en faire plus.
http://medecine.umontreal.ca/nouvelles/les-medecins-pleurent-aussi/
http://ici.radio-canada.ca/emissions/le_15_18/2015-2016/chronique.asp?idChronique=401693 Je ne trouve malheureusement pas le lien pour écouter le documentaire car c’est sur une application de la chaîne de télévision
Ce sont les ” grandes traversées: Women’s power” qui m’ont mené ici.
J’ai lu tout ce billet ET les commentaires, débat riche et indispensable.
Merci.
Un aspect de la question est que le sexisme est l’effet d’un endoctrinement implanté aussi bien chez les femmes que chez les hommes, litéralement depuis la naissance, et par tous les aspects de la “société”. D’ailleurs (je retrouve pas la réf), la première définition du mot (par une femme), le disait explicitement. Dans la vie quotidienne, une femme moins conditionnée ou plus autonome se fait juger et remettre en place aussi bien par des femmes, qui se sentent agressées et agressent en retour, que par des hommes qui l’infantilisent ou l’humilient.
Enfin, c’est comme ça que je vois les choses.
En conséquence, pour espérer voir des femmes solidaires des autres, à moins que l'”éducation” ait été défaillante aux yeux de la norme, il faut qu’elles désapprennent, se désendoctrinent, ce qui est long, aléatoire, et dépend largement du milieu. Tout comme pour qu’un homme soit un vrai allié (et j’en suis pas encore là!).
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