L’accouchement est politique. Je ne cesse de le répéter depuis des années.
Persuadée que les lieux de pouvoirs sont les meilleurs leviers pour faire changer les choses, je me présente aux élections du 26 mai, sur la liste Ecolo, à la 48ème place sur la liste régionale bruxelloise.
C’est l’occasion d’inscrire l’accouchement à l’agenda politique pour la prochaine législature.
Voici le contenu du programme Ecolo :
« Mise en place d’une approche genrée de la santé depuis la prévention, la promotion jusqu’aux soins. Les soins spécifiques liés à la maternité nécessitent également des approches techniques et relationnelles bien plus respectueuses que ce qui se pratique trop souvent aujourd’hui : surmédicalisation des grossesses et des accouchements sans problème, techniques trop invasives et dépossession de la femme enceinte de ses capacités de choix et d’interaction.
Nous voulons une politique de bienveillance obstétricale ! »
Si je devais concrétiser ce programme, voici les principales mesures que je mettrais en œuvre. Elles s’inspirent des revendications de la Plateforme pour une naissance respectée et des rencontres citoyennes qui l’ont alimentée, ainsi que de nombreuses discussions avec des militantes, des sages-femmes (notamment de l’Union professionnelles des sages-femmes belges) et des obstétricien·nes engagé·es pour le changement. Elles ont également été validées par Muriel Gerkens, ancienne présidente de la Commission Santé du parlement fédéral, et par Magali Plovie, députée bruxelloise Ecolo en charge de ces questions.
1. Une vraie liberté de choix pour les femmes
Beaucoup de femmes ne disposent que d’une information limitée sur la grossesse et l’accouchement. La seule voie qui leur semble être proposée est de se rendre chez leur gynécologue, de lui faire confiance et d’accoucher dans la maternité où il ou elle travaille. Peu d’entre elles connaissent la physiologie de l’accouchement. Et peu d’entre elles sont conscientes de toutes les options qui s’offrent à elles concernant les conditions d’accouchement. Après la naissance, certaines se rendent compte que d’autres possibilités auraient été plus satisfaisantes et auraient été mieux en phase avec leurs aspirations. Les premières mesures à prendre consistent à assurer une vraie liberté de choix pour les femmes, ce qui passe par :
1.1. un soutien effectif et pérenne aux structures alternatives d’accouchement à l’intérieur et en dehors des hôpitaux, tels que les maisons de naissance, les initiatives comme le Cocon à Erasme, l’accès aux plateaux techniques pour les sages-femmes libérales et la possibilité d’accoucher à domicile. Chaque femme doit avoir accès au mode d’accouchement qui lui convient le mieux.
1.2. l’information objective et systématique toutes les femmes enceintes, dès la confirmation d’une grossesse qu’elles désirent mener à terme, sur les différentes possibilités qui s’offrent à elles pour le suivi prénatal (sages-femmes hospitalières ou libérales, gynécologues et médecins généralistes) et pour le type de lieu d’accouchement en Belgique (maternité, plateau technique avec une sage-femme libérale, maison de naissance, domicile). Les femmes doivent également être informées de leurs droits en tant que patientes. Cette information peut par exemple être concrétisée par une plaquette distribuée par l’ensemble des intervenants au cours d’une grossesse, par un site web officiel des pouvoirs publics et par une ligne téléphonique officielle.
1.3. l’inclusion dans les animations EVRAS dans les écoles (Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle) des contenus relatifs à ces différentes possibilités et au déroulement d’un accouchement physiologique, pour informer les jeunes dès leur adolescence.
1.4. une attention particulière aux femmes enceintes en situation d’exil ne maîtrisant pas une des langues nationales et aux femmes en grande précarité qui sont souvent les moins informées de leurs droits et les plus vulnérables (recours à un traducteur, dépliants explicatifs en plusieurs langues,…).
2. Un soutien des femmes après l’arrivée du bébé
Notre pays a mis en place de nombreuses mesures visant la santé des femmes pendant leur grossesse et leur accouchement, ce qui constitue un progrès à conserver. Après la naissance, les femmes se trouvent pourtant souvent seules dans cette phase cruciale des suites de couche et des premiers moments de vie de leur nouveau-né. Entre 1% et 6% des femmes développent un syndrome de stress post-traumatique suite à leur accouchement. Entre 15% et 20 % tombent en dépression post-partum. Elles sont encore plus nombreuses à être confrontées à des difficultés maternelles.
Une vraie politique de soutien à la parentalité doit être mise en place. Elle passe notamment par :
2.1. la garantie d’un congé de maternité complet. Aujourd’hui, une femme qui tombe malade en fin de grossesse voit ses jours de maladie déduits de son congé de maternité, même si cette maladie n’a rien à voir avec sa grossesse. Cette règle doit être supprimée.
2.2. un allongement du congé de paternité, pour qu’il soit de même durée que le congé de maternité. La même règle sera évidemment appliquée à l’autre parent pour les couples homosexuels.
2.3. un soutien accru aux sages-femmes qui assurent les visites en post-partum, et mise en place d’un soutien fluide entre l’hôpital et la maison (cf chapitres accompagnement global de la grossesse et revalorisation du métier de sage-femme).
2.4. la mise en place d’un système d’aides familiales formées accessibles à toutes les femmes durant les deux premiers mois du post-partum (l’équivalent du kraamzorg existant en Flandre et aux Pays-Bas).
2.5. la promotion de séances collectives de préparation à l’accouchement et de remises en forme après l’accouchement, avec comme objectif de favoriser la constitution de réseaux de jeunes mères pour lutter contre l’isolement. La promotion de séances de préparation à l’accouchement et à la parentalité destinés aux pères.
3. La sage-femme comme professionnelle de première ligne
Etre une femme n’est pas une maladie. La contraception, l’IVG, la fausse couche, la grossesse, l’accouchement, la ménopause ne sont pas des pathologies. La prévention et le dépistage visent à préserver la bonne santé. Il est aberrant que tous les actes liés à ces événements soient du ressort d’un ou une spécialiste de la pathologie qu’est le ou la gynécologue obstétricien.ne. Le/la sage-femme, gardien.ne de la physiologie, doit devenir le/la professionnel.le de première ligne dans l’accompagnement des femmes tout au long de leur vie sexuelle et reproductive.
Pour ce faire, il y a lieu de :
3.1. augmenter les revenus des sages-femmes, y compris des sages-femmes libérales. Les sages-femmes doivent pouvoir vivre décemment de leur profession. Les barèmes doivent être adaptés au travail réellement effectué, de façon non discriminatoire. Il n’est par exemple pas normal qu’une sage-femme qui a accompagné une femme en travail toute une nuit pendant 12 heures, ne soit pas payée parce qu’il y a eu un transfert de dernière minute et que l’expulsion a été effectuée par un.e obstétricien.ne.
3.2. élargir les compétences des sages-femmes au suivi gynécologique de base : consultation pré-conceptionnelle des adolescentes, prescription de contraception, pose de dispositifs intra-utérins (stérilets), pratique des IVG, dépistages, accompagnement de la ménopause, etc, en plus de leurs compétences relatives à la grossesse, à l’accouchement et au post-partum.
3.3. transformer les études de sage-femme en un master en maïeutique : allonger les études pour ancrer la connaissance de la physiologie et intégrer les nouvelles compétences. Un master permet en outre de développer l’evidence based medicine et la recherche en maïeutique.
4. L’accompagnement global de la naissance doit devenir la norme
Il faut mettre fin à la succession de nombreux.ses soignant·es à laquelle les femmes sont confrontées dès qu’elles sont enceintes, ce qui complique un suivi personnalisé. Accoucher est un acte intime et souvent exceptionnel. Il est anormal de devoir le faire devant des inconnus, et d’espérer « bien tomber » lorsqu’on se rend à la maternité. L’accompagnement global de la naissance doit devenir la norme : une femme est accompagnée par une petite équipe de 3 ou 4 sages-femmes tout au long de sa grossesse, son accouchement et ses suites de couche. L’accompagnement global se fait soit en libéral (avec choix du lieu d’accouchement : à domicile, en maison de naissance, en plateau technique d’un hôpital), soit au sein d’une maternité. La mise en place d’un accompagnement global de la naissance implique :
4.1. le principe « une femme / une sage-femme » pendant l’accouchement : un accompagnement one-to-one où un.e sage-femme est entièrement dédié.e à la femme qui accouche et qu’elle connait. Son but est de préserver la physiologie et d’accompagner la parturiente dans ses choix. L’accompagnement one-to-one diminue le nombre d’actes médicaux et augmente la satisfaction des femmes.
4.2. la mise en place d’un financement par « trajet de soin » : une enveloppe globale par femme qui couvre l’ensemble de la grossesse, de l’accouchement et des soins du post-partum. Ce système évite les inégalités d’accès aux soins pour les femmes, et les discriminations entre soignant.es selon les jours de leurs interventions.
5. Une lutte contre les actes médicaux inutiles
La plupart des femmes qui accouchent subissent un grand nombre d’actes médicaux inutiles. La Belgique fait partie des pays où il y a un record de déclenchements (28,7 % des accouchements ont été déclenchés en Région bruxelloise en 2016, et 31 % en Wallonie). L’épisiotomie reste un acte très fréquent (45,9 % pour les Bruxelloises qui accouchent pour la première fois par voie vaginale). Le taux de césarienne tourne toujours autour de 20 % en Belgique, soit deux fois plus que ce que recommande l’OMS. A contrario, seuls 38,7% des accouchements ont eu lieu sans intervention obstétricale en Région Bruxelloise (source : CEPIP). Lutter contre ces actes médicaux inutiles peut passer par les mesures suivantes :
5.1. la publication annuelle des taux d’actes médicaux par hôpital. Les chiffres de chaque maternité relatifs à l’induction (déclenchement), l’optimisation de l’accouchement (notamment utilisation d’ocytocine), l’épisiotomie, la césarienne, etc, sont connus de l’INAMI et du CEPIP. Ils doivent être mis à disposition du public.
5.2. La mise en place d’une formation de base et de formations continues des médecins et des sages-femmes leur permettant d’être à jour concernant les recommandations médicales.
5.3. une réforme du financement des hôpitaux qui encourage le respect de la physiologie et de la bientraitance obstétricale, la mise en place de l’accompagnement global de la naissance, l’accès au plateau technique pour les sages-femmes libérales, et la diminution des actes médicaux. A ce titre, le principe du supplément d’honoraire lié aux chambres individuelles sera supprimé (de nombreux indices montre que ce mécanisme engendre une inflation d’actes médicaux, et ce mécanisme peut s’avérer financièrement très lourd pour les patientes dépourvues d’une assurance hospitalisation).
6. La bientraitance obstétricale doit être encouragée
Lutter contre les maltraitances gynécologiques et les violences obstétricale implique de développer une attitude et des pratiques de bienveillance. Cela passe par les actions suivantes :
6.1. l’intégration de la bientraitance dans le cursus académique des futur.es soignant.es, ainsi que dans leur formation continue.
6.2. l’intervention de patients experts dans le parcours académique des futur.es soignant.es, notamment pour une meilleure prise en compte de l’expertise des patient.es et de leur ressenti.
6.3. une lutte effective contre le sexisme et les violences durant les études de médecine et de maïeutique. Il est difficile d’être bientraitant avec les patient·es lorsque l’ont est soi-même maltraité·e durant sa formation.
6.4. le renforcement des cours sur les droits des patients et leurs interactions avec la responsabilité professionnelle. Ces aspects juridiques sont peu maitrisés par les soignant.es, notamment les aspects concernant le droit à l’information et au consentement libre et éclairé pour chaque acte médical.
6.5. l’organisation régulière d’enquêtes de satisfaction des femmes suite à leur accouchement. Ces enquêtes incluront des questions sur les actes pratiqués (y compris les actes fortement déconseillés tels que l’expression abdominale), des questions sur le respect des droits du patient (droit à l’information et recherche du consentement pour tout acte médical) et prendront en compte des femmes ayant accouché dans des périodes différentes (mesure de la satisfaction à long terme et des éventuelles séquelles).
7. Mise en place d’un Conseil supérieur de déontologie et d’une instance de plaintes pluridisciplinaire
Beaucoup de soignants ont peur des aspects médico-légaux de leurs professions et justifient des actes médicaux inutiles pour se protéger d’éventuelles plaintes de patientes. Les patientes victimes de violences obstétricales sont, au contraire, confrontées à l’absence de possibilité de recours effectif contre les soignants et à l’impossibilité de se faire entendre. Il existe des sages-femmes et médecins dont les pratiques dangereuses sont connues de la profession, mais contre lesquels il est très difficile d’agir. Des futur.es médecins ou sages-femmes sont parfois forcé.es d’effectuer pendant leurs stages des actes contraires aux recommandations et à la loi, sans qu’ils et elles puissent les dénoncer. Les tribunaux ordinaires ne sont pas outillés pour répondre aux situations problématiques dépourvues de faute médicale flagrante, et les ordres professionnels (lorsqu’ils existent, ce qui n’est pas le cas pour les sages-femmes de Belgique) peinent à convaincre les patientes de leur neutralité.
Une solution consiste donc à mettre en place :
7.1. un Conseil supérieur de Déontologie des professions de soin de santé. Il remplacera les actuels ordres des médecins et des pharmaciens, en incluant toutes les professions médicales reconnues. Sa fonction ne sera plus cantonnée au respect de l’honneur et de la dignité de la profession. Elle sera élargie à ce que la société est en droit d’attendre d’un tel regroupement professionnel : avant tout une déontologie, une qualité de soin optimale, un respect de l’usager et la qualité des relations entre professionnels, patients et institutions. Cette proposition fait déjà l’objet d’une large consensus au sein de la profession. Il ne faut plus qu’une volonté politique pour la mettre en oeuvre (voir la proposition de loi Ecolo sur le sujet).
7.2. une instance de plaintes pluridisciplinaire qui sera créée au sein de ce Conseil supérieur de Déontologie. Son but serait de recueillir les plaintes concernant des pratiques non conformes aux recommandations médicales, ou dommageables pour les patientes, dans le but d’une amélioration constance des pratiques. Cette instance serait composée de représentant des différentes disciplines médicales, de représentants des patient.es et de juristes. Les soignant.es, les futur.es soignant.es et la patient.es pourraient introduire une plainte. Le traitement de ces plaintes aurait comme but premier d’améliorer les pratiques professionnelles, en proposant des solutions concrètes pour plus de bienveillance obstétricale (meilleure organisation, obligation de suivre une formation de mise à jour des recommandations médicale, etc).
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Il ne s’agit pas d’une liste de promesses électorales, mais d’une vision de ce que doit être une politique d’accouchement en Belgique. Ces propositions servent de base de discussion avec l’ensemble des acteurs et actrices concernés par la naissance. Leur mise en œuvre dépendra également des rapports de force entre les partis à l’issue des élections. Je suis bien évidemment ouverte à toutes les suggestions et propositions et je me ferai un grand plaisir d’échanger avec vous sur ce sujet.
Bien sûr, je porterai les autres propositions d’Ecolo : pour une société exempte de discriminations et de violences faites aux femmes, pour une politique ambitieuse en faveur de la protection de l’environnement et du climat, pour une fiscalité juste, etc. Bref, une société meilleure, inclusive et tournée vers l’avenir.
Voici le programme complet d’écolo.
Bravo, vous avez tout mon soutien, à défaut de mon vote (je réside en France).
J’en profite pour vous remercier pour votre blog et votre livre, que j’ai lu attentivement pendant mon congé maternité l’année dernière. Vous explorez une dimension du féminisme que j’avais eu le tort de laisser de côté jusqu’alors.
J’ai eu la chance de bénéficier de deux sages femmes formidables de la maternité des Bluets, qui m’ont écoutée et respectée du début jusqu’à la fin, mais j’ai vraiment pris conscience de la vulnérabilité de toute femme en situation d’accoucher dans une maternité lambda.
J’ai déjà témoigné par écrit, et une femme à Bruxelles qui défend cette cause, attire l’attention cela ne serait pas de trop ! mais attention de ne pas traumatiser ces messieurs ! A Grasse (AM) France, une maman a perdu son bébé, parce qu’on n’a pas voulu la faire accoucher durant le week end ; vivant le vendredi le samedi, et le dimanche , le lundi matin il est né mort (31 octobre 2018). Depuis elle ne s’en remet pas , sans parler de la présentation d’un enfant mort habillé, l’enterrement : une torture ! On va trop loin, pour bien faire dans le deuil, mais le principal serait de faire naitre le bébé. Donner des informations c’est bien, mais agir c’est mieux : une mére dans la situation de la parturiente, n’a pas forcément besoin de comprendre ce qu’on doit lui faire sur le moment (et de donner son accord) elle n’est pas en capacité, et cela ajoute à la peur ! mais qu’on lui dise après ce qu’on lui a fait c’est la moindre des choses ! Il a fallu que j’attende ces dernières années pour comprendre les gestes de mes accohchements ! et je ne connaissais pas mon corps avant internet, pourtant j’ai fait des études supérieures et je lis beaucoup !
peut être aussi changer le terme “congé de maternité/paternité” parce que ce n’est pas un congé et ce terme renvoie au grand publique que les femmes et hommes sont en congé…
En effet. Le terme “arrêt maladie” ne me convient pas non plus puisqu’avoir un enfant n’est pas une maladie. Il faut trouver autre chose.
Arrêt Maternité ?!
Temps d’accueil (valable aussi bien pour papa que maman) ?
Autre suggestion : après mon expérience personnelle de l’accouchement, j’observe que la plupart des questions viennent après quelques temps. J’ai alors été choquée de voir que le compte rendu de l’hôpital soit si succin et donc ne réponde à aucune de mes questions : aucun nom des soignants présents (je ne connais pas le nom du gyneco de garde qui s’est occupé de moi), aucune mention des interventions médicales (le résumé se contente de spontané, voie basse sans aide, péridurale, aucune mention des décollement, poche des eaux percée, sondes, ocytocyne, révision utérine…) et pas d’info sur les interventions sur bébé (cordon coupé direct, vit K, etc. ? ). Je pense que ça aiderait beaucoup à diminuer la nébulosité et la défiance si les interventions étaient 1. reconnues, 2. du coup discutables, 3. transparentes donc peut être plus prudentes ? Voila, je sais que ce n’est pas de votre responsabilité aujourd’hui mais peut-être aurez-vous l’occasion de l’ajouter aux propositions ou recommandations à l’avenir ? Merci pour votre travail
Merci pour votre suggestion très pertinente.
Pause bébé 🙂
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